LA CLASSE OUVRIERE EN VACANCES REGARDE LE TOUR DE FRANCE DES LICENCIEMENTS
La classe ouvrière a bien laissé passer deux guerres mondiales, elle peut encore plus sereinement regarder passer les charrettes de licenciements. Elle peut attendre les consignes syndicales pour la rentrée d’automne, comme les élections cantonales l’année prochaine.
La classe ouvrière bâfre sur le bord des routes, applaudit les coureurs dopés. Les enfants de la classe ouvrière se battent pour attraper un porte-clés ou le bidon usagé d’un homme-sandwich. La classe ouvrière a branché la télé portative, écran plasma, sur la batterie du camping-car et peut continuer à suivre Fort Boyard, même s’il pleut des cordes sur Châtellerault.
Allongé sur son transat un vacancier prolétaire (syndiqué et vacciné contre la grippe porcine) pouvait lire début juillet la description d’une mise en scène syndicale pour la télé des campings :
« Pour la fête nationale, ils auraient pu faire sauter l’usine. Ils ont décidé d’attendre un peu. Quinze jours de rab, «mais pas un de plus», prévient un délégué syndical du sous-traitant automobile New Fabris, basé à Châtellerault, dans la Vienne. Deux semaines de plus pour que le gouvernement et les donneurs d’ordre - Renault et PSA - trouvent 30 000 euros pour chacun des 366 salariés licenciés suite à la liquidation de l’entreprise, prononcée le 16 juin. Sinon, «on fait tout péter», rigole un ex-employé, en montrant aux journalistes les bouteilles de gaz disséminées tout autour du bâtiment. New Fabris, un plan social de plus, que les salariés concernés ont décidé de médiatiser, pour «ne pas crever en silence», explique l’un d’eux. Un plan social dramatisé, qui n’enlève rien à la douleur vécue par les employés, et qui interroge sur les rapports entre grosses entreprises et sous-traitants, entre salariés d’en haut et petites mains d’en bas.(…) En attendant, la mise en scène est parfaite. Enlevées des chariots élévateurs, les bombonnes de gaz ont été placées en hauteur, à l’entrée de l’usine, et vaguement reliées à un fil, qui lui-même… pend dans le vide. De belles images pour les télés et photographes, venus en masse depuis dimanche, jour où l’AFP a relaté leur nouvel ultimatum. «On ne comprend pas vraiment, car depuis deux semaines déjà, on menace de tout faire sauter, et c’est seulement maintenant que la presse débarque», s’étonne Guy Eyermann, délégué syndical CGT, qui s’interrompt pour répondre au téléphone à un journaliste britannique ». Des vraies vedettes nos bonzes de la « propagande par le fait » !
SOUS-TRAITANCE SOCIALE, NOUVELLE THEORIE SYNDICALE
En matière de spécificité régionale, corporative et industrielle les syndicalistes de vrais sociologues de base, comme l’explique le journaliste, qui poursuit l’analyse du cas des « New Fabris » : « Ce mélange des frontières, entre deux sociétés effectivement distinctes, entre de gros constructeurs automobiles et leur sous-traitant, fait rejaillir chez les salariés un sentiment de «sous-traitance sociale». «Quand des grosses boîtes licencient, ou seulement même usent du chômage partiel, les caméras sont tout de suite là, explique Patrick, de Force Ouvrière. Mais pour nous, il faut une menace d’explosion pour crever l’écran médiatique». Les «petits» PSE, et surtout les licenciements personnels, sont pourtant les plus nombreux. Et si les CDD et autres intérimaires restent encore silencieux, cette crise, en dehors des gros plans sociaux médiatisés, touche avant tout les plus précaires et les salariés des sous-traitants. Ce qui n’empêche pas le sentiment d’appartenance à l’entreprise. «Esquinter les machines, c’est pas dans notre habitude», dit un salarié de New Fabris. (…) « La menace - très virtuelle - d’explosion, tout comme la destruction symbolique de machines obsolètes, révèle ainsi un rapport quasi patrimonial à l’outil de travail. Entre actionnaires-comète et salariés «qui ont tout donné, en travaillant les week-ends et la nuit pendant des années», comme le souligne Dominique Duval, délégué FO, à qui appartient l’entreprise ? C’est aussi une des questions soulevées par la crise d’une économie qui a peut-être atteint les limites de sa financiarisation. «Cette boîte, c’est notre vie, c’est tout pour nous, plus encore que pour l’actionnaire, dit Christian, 38 ans d’ancienneté. En la fermant, c’est finalement nous qu’ils tuent.»
On ne nous dit pas la fonction syndicale du dernier aliéné qui vient de parler : il est syndiqué CGT, pense que la vie ouvrière est « dans la boite » et veut être enterré « dans la boite ».
ET L’EXPLOSION DE LA SOLIDARITE ?
Je m’insère dans les flux d’internautes avec cette remarque :
« Que font les syndicats de Renault et PSA, leurs bonzes bronzent au soleil?
Après que les pompiers sociaux Chérèque et Thibault et Mailly aient préventivement bien mouillé le terrain social par deux barnums "grève générale d'un jour et sans lendemain", on a droit au spectacle désolant d'ouvriers isolés et jetés au désespoir. C'est pas ce cinéma de menace à la bonbonne de gaz - imaginé sans doute par un syndicaliste de base borné - qui va fournir la solution. Ce qui intéresse les journalistes payés par le pouvoir sent toujours la merde! Nous sommes conviés cet été à être les spectateurs de notre propre déchéance dans un scénario "spectaculaire" mais pas plus subversif qu'une manif bastille-république ou vice-versa! La vraie solidarité entre travailleurs doit passer par-dessus le dos des complices syndicaux du gouvernement. Bien joué bonzes et ministres pour la période vacancière! Si vos coups continuent à pleuvoir: rendez-vous en octobre! »
Cette remarque est très vite noyée dans les délires des uns et des autres à la queue leu leu, sans qu’aucune synthèse ne vienne rationaliser cette débauche d’avis. Là est le secret de la démocratie parlementaire et journalistique : 1. Vous avez le droit de tout dire et même n’importe quoi pourvu que cela alimente le flot des colonnes informatiques que plus personne ne lit au-delà de trois messages ; 2. Si le sujet est délicat, c’est fermé aux commentaires (dans la mesure où cela relève du domaine d’Etat, de campagne de bourrage comme pour l’affaire Fofana, dont la relance sert à inventer une fausse nouvelle affaire Dreyfus).
CONSTERNANT
Le flot des commentaires révèle le niveau de crétinisme rarement atteint par la classe ouvrière en vacances, sans compter le nombre de neuneus impubères qui expriment tant d’insanités que cela vient noyer toute discussion sérieuse. Une variété de stalinien nationaliste me répond que les « syndicats ne sont pas si cons que je crois… qu’ils sont bien conscients que la menace des explosifs est stupide et… va desservir les manifs ultérieures… qu'on a du mal à investir en France à cause de Sarko...". Je ne peux répondre à cet imbécile avec le système filtré de Libé-totalitaire. Or, les syndicats sont les inventeurs de cette stratégie qui vise à isoler et défaire un peu plus les ouvriers ! (cf. vous venez de le lire exactement décrit par le plumitif de Libé).
Un autre propose l’exemple lamentable de LIP : on produit, on se vend, on se fait virer au bout du compte et seuls sont recasés les chefs syndicaux !
Celui-là propose une unité des sous-traitants des « contis » aux « news fabris » !
On en est bien marri et tout confis !
Même en période révolutionnaire, chers lecteurs, ne vous attendez ni à une discussion démocratique, ni intelligente ni révolutionnaire sur la Toile. La Toile a la particularité de favoriser la lâcheté individuelle, la bêtise individuelle, les diarrhées intellectuelles, etc.
Or, en AG, cela est impossible, une assemblée de prolétaires coupe court très vite aux éventuels délires, sans compter que les impubères restent à l’entrée ou font profil bas.
LE POUVOIR NE NOUS LAISSE POUR L’INSTANT QUE LA VIOLENCE DE RUE ET L’EXPRESSION DESORDONNEE DANS L’OCEAN INCONSISTANT DU WEB
LE WEB EST UNE TACHE DE SANG INTELLECTUELLE QU’AUCUNE MER DU MONDE NE POURRAIT LAVER
(ben oui je fais un peu de poésie en période estivale comme d’autres regardent pisser Contador)