Il est certain que si le contenu délirant des actuels bulletins internes du CCI sur sa nouvelle « crise morale » étaient restés cachés, cela aurait pu laisser croire que cette secte mondialiste - qui affiche des textes souvent d’excellentes qualités dans l’analyse de la crise capitaliste et comme dénonciation des mystifications des partis officiels – était digne de confiance voire d’estime pour la masse des prolétaires qui ont besoin d’organismes politiques fixant perspectives et alternative au monde actuel croupissant et sanglant[1]. Or, sous le vernis radical se cache une dictature de secte, un fonctionnement destructeur. Depuis une dizaine d’années le « courant communiste international » n’est plus un fleuve de bonnes intentions prolétariennes mais un ruisseau boueux qui n’a nul besoin de méchants « mouchards » externes pour s’autodétruire. Ces errements répétitifs de secte ont tout pour dégoûter tout prolétaire conscient de s’organiser, alors que l’organisation des masses exploitées est plus que jamais un impératif pour prétendre briser un jour une bourgeoisie mondiale caracolante, elle-même solidement organisée en multiples sectes solidifiées par la corruption et les obligations mutuelles. Les organisations qui apparaîtront demain chez les prolétaires en lutte organismes de type social ou/et politique rejetteront comme la peste ces fonctionnements de secte à procès continus, à exclusion rituelle, à insultes lassantes. Si la police m’avait fait parvenir un tel docu, je l’en aurais remerciée au nom du prolétariat.[2]
Le CCI était déjà mourant depuis le milieu des années
1990. Toute sa décadence est décrite dans mon histoire du maximalisme (toujours
disponible)[3] et qui, avec la longue compil des
réunions de l’organe central par l’ex-FICCI (actuel GIGC qui donne des aigreurs
d’estomac aux policiers actuels du CCI) pourra permettre aux historiens du
futur de démêler les causes réelles d’une histoire de la folie révolutionnaire.
Je n’ai pas la prétention d’avoir été celui qui
a vraiment identifié la pente fatale en 1996. Il ne faut pas confondre syndrome
et symptôme. Tout au long de son histoire ce groupe internationaliste a connu
des syndromes destructeurs des tentatives de destruction par des individus
louches (phénomène aussi ancien que le mouvement ouvrier) mais est venu le
temps du repli sur soi – la chute de l’espoir de l’insurrection rapide du
prolétariat mondial – qui a donné lieu à des symptômes internes bizarres. Du
fait qu’elle cherchait à se refuser à toute dissolution, vu son inanité
historique provisoire, l’organisation développa des maladies auto-immunes…
Pour donner au lecteur une approximation de la
lente décomposition voici quelques
extraits de mon « Histoire du maximalisme »[4]. Et enfin mon texte de l’an
2000 : La peur du bide, où je me moquais déjà des deux clans, l’un
anarchiste et l’autre marxiste fossilisé. Ce texte n’a pas perdu son actualité.
On en est là. Et c’est bien lamentable.
PETER PAN ET FEE CLOCHETTE AVRIL
« C’est
là qu’intervient un phénomène qui échappa à tous : la paranoïa. Je perdis
ensuite pied progressivement. Il n’était plus question de libre discussion, de
confrontations fraternelles des points de vue, de libre discussion politique de
sujets généraux. Le moindre désaccord, la petite remarque anodine, une remarque
qui se croyait insignifiante vous valait la correction par cinq, six
procureurs. Le doute ne s’est-il pas ainsi instillé dans la tête du
camarade ? Le camarade ne révèle-t-il pas qu’il n’est pas profondément
convaincu des orientations que l’organisation s’est donnée et que la classe lui
a confié ? Ultérieurement d’autres seront poussés à démissionner comme
moi-même (en 1996). La secte ne laisse aucune porte de sortie honorable à
celui, non pas qui se dit d’accord (trop facile) mais qui ne fait pas son mea culpa
permanent, qui ne se livre pas aux verges de la « saine auto-critique
marxiste » (relire « Autocritique » de E.Morin). Cette
destruction sans fin par les petits tortionnaires « purificateurs »
veut se passer du minimum d’humanité contenu pourtant encore sous le règne de
la bourgeoisie. Oublié le précepte des débuts de l’organisation à la fin des
années 1970 comme le psalmodiait Judith Allen : « Nous sommes fermes
avec les principes mais souples avec les individus ». L’inverse prévalait
avec la léninification accélérée. Mais est-ce que je n’exprime pas finalement
ici le même discours que les Chénier et Juan McIver ? Est-ce que je ne
suis pas en train de donner raison aux aventuriers « démocrates »,
« phallocrates » et « louchocrates » ?
Le
sociologue Erwin Goffman expliquait que dans le jeu social, il faut toujours
laisser une porte de sortie honorable à celui qui a perdu. Le vaincu, dans ces
conditions ne perd pas complètement la face et peut garder une
« présentation de soi » qui n’est pas totalement disqualifiée alors même que ni lui-même ni ses comparses
ne sont complètement dupes. En revanche, les réactions de celui que l’on
enfonce dans son échec sont imprévisibles et peuvent être incontrôlables. Les
assauts des procureurs, parmi lesquels il y avait de futurs membres de la
fraction « interne » de 2003, pas encore dans la charrette en route
vers la guillotine place de la Concorde[5][5], étaient
comparables aux diatribes du « vieux » contre les
« réservistes » dans les années 1980. Ils pouvaient se revendiquer
d’un cynisme, hystérique mais pas historique…
DU
COUPLE A LA HORDE
Avec
l’exclusion d’une nouvelle charrette en 2002-2003, d’autres histoires
réapparaissaient concernant le couple diabolique Peter Pan et Clochette Avril.
La horde militante va prendre pourtant sa défense grotesque. Guerre des
« deux roses » d’un nouveau théâtre élisabéthain ? Ce couple
aurait été en crise permanente, prenant en otage de façon constante
l’organisation pour régler ses différents familiaux. Les « voleurs »,
les « amis de Jonas », les « gangsters », de la dite
fraction interne[6] du
CCI, qui dénoncèrent courageusement et sans faiblir les nouveaux Torquemada et autres
Iago, s’ils nous livrent des détails fastidieux et agaçants, ne comprirent pas
vraiment les raisons de leur expulsion évidente. Allait-on ainsi de la horde au
parti ? S’agissait-il seulement de la la prise de pouvoir d’un
couple du Disneylandesque CCI? Dans leur historique-fleuve des intempéries
de l’organe central en 2003, ils émettent pourtant l’idée que le cas de la
sorcière Louise/Avril/Clochette n’est pas la cause profonde de la crise du CCI
– « elle n’en est qu’une dimension » - mais alors quelle est la
raison fondamentale de cette crise ?
Le CCI
n’est pas le seul groupe politique à avoir connu des « problèmes de
couple » dans l’histoire du mouvement révolutionnaire. Il avait déjà eu
affaire au couple d’opérette militante Prénat/DN et au couple trioliste
Raoul/Jigi/Dominique. Mais n’en rajoutons pas, c’est déjà assez compliqué.
Certes, le phénomène de complicité de couple a toujours existé en politique.
Les citoyens élisent un président de République, pas sa femme, pourtant elle
est de fait cogérante de la fonction. Les rôles de Mesdames Chirac et Ceausescu
ont toujours été sousestimés mais elles eurent aussi le pouvoir partagé.
Monique Avril, la conquérante du chef reconnu implicitement par tous, est un
cas particulier. Raisonneuse comme une infirmière psychiatrique et dotée d’un
solide caractère, elle était dotée des éléments psychologiques et d’une
capacité à pomper tout ce qu’elle ignorait en histoire et en politique par
l’écoute des discours des autres ; une capacité commune avec l’autre flic supposé,
« Jigi » (ou « Gigi » la gonflette). Lors du combat de 1993
contre le clan pavillon, Peter disait souvent : « A travers Avril
c’est moi qu’on attaque », confirmant qu’il avait été complètement aspiré
par sa fée Clochette. Une telle situation de dépendance affective brise toute
individualité dans sa capacité à raisonner de façon indépendante. Peter Pan
avait toujours été très dépendant à l’âge adulte du lien avec sa mère, laquelle
ne supportait pas sa bru, puis il avait retrouvé un père en Marc Chirik,
ensuite il ne lui restait plus que sa compagne de militantisme, à la fois mère
et amante, et conseillère politique.
Avril s’est toujours comportée comme une éminence grise, Clochette
jalouse, ne parlant jamais en public mais glissant ses petits mots fourmillant
d’étoiles jaunes. Elle savait jouer à la fausse neutralité du couple de bande
dessinée, par exemple en critiquant certaines positions de Peter en section de
Paris juste au moment où étaient présents les délégués internationaux pour le
congrès proche. J’avais eu l’occasion de constater les dégâts chez Peter ;
assis à côté de lui je le sentais encaisser, et il prenait sur lui de ne pas
répondre. Dans la hiérarchie d’entreprise, formellement, les couples sont
bannis aux mêmes niveaux hiérarchiques, parce qu’ils signifient « double
pouvoir » ; en réalité ils se reforment à l’insu des actionnaires et
des délégués syndicaux, quand ce n’est pas la principale déléguée qui couche
avec le patron. Le cas le plus célèbre de couple à problème en politique est celui
de Louis Althusser et sa femme. Cette dernière était connue pour avoir un
caractère fort et Althusser pour sa fragilité. Sommé par la direction du PCF de
rompre avec sa femme, Althusser choisit de rompre avec le PCF puis plus tard de
zigouiller celle-ci, pour des raisons qui ne sont probablement pas politiques.
Le cas de Peter est inverse, sommé en quelques sortes par un Jonas excédé - qui
ne faisait que résumer ce que nous étions une dizaine à penser depuis des
années, d’identifier comme nuisible sa bonne femme - Peter choisit de manœuvrer
pour virer la plupart des fondateurs membres de l’organe central, appliquant
ainsi sa maxime de 1993 : à travers ma Clochette, c’est moi qu’on
attaque ! En plus il était vraiment attaqué pour son vieux laxisme intellectuel
connu depuis les débuts : articles en retard, retard aux réunions, etc.
Défauts courants qui furent traduits dans la langue paranoïaque : manœuvre
de flic infiltré et tentatives de destruction de l’organisation. De
l’organisation ou du couple diabolique et de sa horde? Etait-ce vraiment
une prise de pouvoir par un couple maléfique disneydantesque?
DE LA FIN DU DEBAT-COMBAT DE 1993-1996 A
L'EXPLOSION DE LA CRISE AU 14e CONGRES DU CCI (SEPTEMBRE 2001) . L’analyse
de la FI-CCI ou la fraction interne face aux accusations torrentielles :
« Ultime
précision : « Ce travail, cet Historique, a été ensuite lu et discuté
par 4 des anciens membres du SI. 4 sur 6. Même si écrit par un militant, cet
historique est le fruit d'un travail collectif. Les camarades Olivier, Michel
et Juan ont directement participé à son élaboration. Nous l'avons fait lire
aussi au camarade Jonas – démissionnaire mais toujours membre de
l'organisation. Les 4 camarades de l'ancien SI sont tous d'accord avec ce
texte, la réalité de ce qui s'est passé, et les conclusions générales qui en
sont tirées. Ils sont d'accord avec la démarche et le contenu ».
Les
problèmes de ces camarades « tendancieux » ont commencé dans une
ambiance d’agence matrimoniale, le CCI étant l’agence, le couple Peter Pan et
Clochette Avril posant leurs différents au cours des réunions du SI
(secrétariat international) occupant « jusqu’à 30 à 40% de ces
réunions ». Il ne nous est pas précisé si le couple faisait désormais
partie de cette même commission[7], Clochette étant
montée sur le bras viril de Peter Pan, auquel cas nous n’aurions eu en effet
qu’une reproduction du népotisme du clan pavillon raoulesque. Le
scénario-vérité a pris pour prolégomènes le départ de Raoul au 12e
congrès du CCI en avril 1996. Etait-ce une manière de compte à rebours, involontaire
hommage au plus jeune fondateur de RI-France? Le tout est que Peter, le mari
d’Avril/Clochette, est de plus en plus en retard aux réunions. N’est-ce pas
volontaire de sa part pour ne pas se mêler des discussions, ou parce que ça
radote sempiternellement? Ou qu’on n’y discute plus de politique ?
Peter n’aurait-il pas été lassé de ces salades comme je le fus moi aussi ?
Surtout qu’il y a toujours un zèbre pour renchérir, et d’autres pour surenchérir.
Voici l’an 1997, Peter manifeste une absence de « discipline
sociale » dans la vie quotidienne, familiale et militante, et plus
drôle : « A partir d'avril (sic !), Peter va invoquer aussi, à
côté des "excuses" classiques, la nécessité d'aider sa fille à faire
les devoirs pour justifier ses retards ». Le bâtard du couple perturbé,
Bruno fera des siennes au cours de l’année 1998 (contestation du SE envers le
SI), comprenez que Peter, se sentant isolé au SI, fait agir « Capitaine
Bruno » (le pitt bull du couple) depuis la place forte du SE de RI. On
apprend qu’il y aurait trop long à dire. Stupeur : « En vacances à
l'été 99, le couple Peter-Louise explose. C'est l'apogée de la crise du couple
qui atteint là son paroxysme après des années de déterioration continue comme
le montre la période antérieure ». Louise Clochette « pousse à ce que
l'organisation fasse pression contre Peter en participant à son chantage à la
séparation ». Pauvre fraction, il ne faut jamais se mêler des bisbilles
d’un couple. La preuve, mère organisation, cette marâtre, les accuse d'avoir voulu
la séparation du couple contre l'avis de Peter et de Louise. Le pauvre Peter
Pan avait découché trois jours dans la caverne du brave Olivier pourtant et
Louise Clochette éplorée a reconnu devant le SI avoir fait une politique de
« pression sur son compagnon » en l’absence des alligators. C’est
beau l’amour. Le confident du couple, le Capitaine Bruno sort son crochet pour
dénoncer les briseurs de ménage du SI et en saisit un seul dans le tas, le plus
petit – ni méchant ni futur Staline plutôt sergent chef - qui fût toujours du
genre apparatchik parpaillot, le blondinet Michel. A chaque dépendance de
l’agence matrimoniale, SI, SE, BI, CE, le torchon brûle entre le couple, le
confident et les voisins indélicats qui s’étaient mêlés de ce qui ne les regardait
pas. Tout s’apaise à l’été 99, le couple coule à nouveau des jours heureux.
Malheureusement voilà fée Clochette Avril qui entre en crise seule. Elle boude
d’abord et tous les regards sont tournés vers elle au 14e congrès de
RI qui porte pourtant son nom « avril 2000 », à la fin duquel, le
confident salace, le Capitaine Bruno, aboie après toute la compagnie et laisse
transpirer qu’il y a un chef génial « militant-fil-rouge »… (une
hérésie pour la GCF). Il est rétrogradé cependant lieutenant par la fraction de
Clochette, qui a toujours besoin d’un camarade avec ceinturon. Aux bouderies de
Clochette succèdent des « retraits-offensifs ». On disserte sur les
« cadavres dans les placards en section de Paris » quand Peter
soi-même préside les réunions de section de Paris, laquelle ne contient plus
que les membres de l’organe souverain et trois ou quatre futurs liquéfiés. On
imagine cette section qui avait compté jusqu’à quarante membres et qui était
présidée par de jeunes équipes, réduite comme peau de chagrin avec un Peter Pan
rétréci en grandeur réelle à cette banale et bureaucratique fonction de
président de séance d’une vulgaire section locale. Peter ne laisse pas la
parole à qui veut critiquer Louise Clochette Avril, ce qui est bien normal car
c’est son épouse adorée. Elle se fait d’ailleurs porter pâle mais en chuchotant
à l’oreille de son prince bien-aimé que le CCI est « stalinien ».
Elle dit une chose un jour puis le contraire le lendemain. Elle ne se gêne
point pour retourner les accusations qu’on lui a adressées, comme un gant et en
vous faisant l’effet que c’est elle qui l’a affirmé la première. Vous imaginez
comment Peter Pan est affaibli au bout d’un an de ce traitement cyclothymique
par une professionnelle ? Les vieux matelots éclopés de la fraction ne
peuvent plus suivre, pour tout dire ils chavirent. Elle est bien finie la belle
époque où jeunes étudiants ou cadres sup pouvaient faire durer les séances des
organes souverains jusque tard dans la nuit :
« Les
réunions du SI deviennent de plus en plus longues et tardives. La plupart du
temps, Peter arrive en retard, de plus en plus en retard, parfois même il
s'absente pour "garder" sa fille âgée de 16 ans. Il fait donc traîner
les réunions tard soit en posant à la fin de l'ordre du jour un nouveau problème
aigu – par exemple une publication de texte de Louise pour le
bulletin -, soit en revenant encore et encore à la charge sur une question
où il est minoritaire. Les membres du SI, dont la plupart a plus de 50 ans, se
fatiguent plus vite qu'avant d'autant qu'à l'exception de Peter qui a le
privilège de pouvoir arriver vers 11h ou midi à son travail - en fait
quand il veut - les autres sont obligés de respecter des horaires stricts.
Enfin, outre Jonas qui est atteint d'une grave maladie, Michel et Olivier ont
subi des opérations chirurgicales durant toute cette période qui les ont aussi
affaiblis. Elise, institutrice, se lève à 7h. et a un travail fatigant. Quant à
Juan, après 25 ans de travail de nuit dans un centre de tri postal, il se lève
à 5h du matin. Inutile de dire que tous ont aussi des charges
familiales ».
LE DRAME ELISABETHAIN DE LA FRACTION
INTERNE DU CCI
« Un bon film n'est rien sans un bon méchant ». Alfred Hitchcock
La longue
investigation notariale du Charles Dickens de la fraction conclut :
« Quelque que soit sa nature
véritable (malade psychologique, aventurière, agent d’une quelconque officine
de la bourgeoisie infiltré dans l’organisation, etc...) dont nous n'aurons sans
doute jamais l'explication, ce qui est sûr, c'est que Louise, ex-Avril, n'a
rien à faire dans une organisation communiste au même titre que Simon dont elle
partage en partie l’itinéraire. Un parallèle étroit les unit, malgré leur
apparente opposition finale en 1993, tant avant leur adhésion au CCI que durant
leur parcours au sein du CCI. Louise présente les mêmes
"caractéristiques" et le même type d'histoire personnelle avant et
après son adhésion au CCI. Les deux laissent beaucoup de zones d'ombre sur leur
passé - avant d'intégrer le CCI - sur lesquelles ils restent toujours
très vagues ». Deux flics, nous
ont-ils déjà dit ? Sans doute mais dont l’action n’a pu être favorisée que
par « l’affaiblissement théorique, politique, organisationnel du
CCI ». D’explication véritable et argumentée point. Louise Clochette est
un malheur tombé sur le CCI, une véritable fée carabosse, se dit le lecteur
éploré à cet endroit du scénario linéaire et de moins en moins fertile en
rebondissements, même si les rôles sont strictement répartis : « Michel
(présenté par la suite comme le guru manipulateur et revanchard), d'Olivier
(membre de la "secte fanatique aux méthodes nazis"), de Juan (le
voyou violent, hargneux et qui a failli devenir L'Agent provocateur), et de
Jonas (présenté finalement, et après bien des vicissitudes, comme L'Agent
provocateur) ».
Nous
reprenons pied dans cet incroyable imbroglio où des voisins indélicats se sont
mêlés des affaires d’un couple un peu particulier lorsque le directeur de
l’agence (la commission d’investigation) avec le bedeau Krespel livre ses
résultats basés sur la découverte de la jalousie, hé ! cette vieille
passion humaine qui pousse au crime : « … la CI a déjà développé en
son sein l'analyse que les quatre membres du SI sont jaloux de Peter,
revanchards, envieux de son brillant et de ses capacités théorico-politiques,
et qu'ils veulent lui faire la peau ». La main sur le cœur et l’autre bras
levé au ciel, déclamant dignement tel Orson Welles, Peter Pan se mue en
Othello :
«Othello.-
Voyez comme ces goujats traitent ma compagne ! Voyez combien ils éjaculent
de calomnies contre notre dévouement de couple à l’orgasme que le prolétariat
nous a confié !
Jonas.- Oh ! Prenez garde, monseigneur, à la
jalousie ! Non pas pour l’adorable Avril mais pour ce monstre aux yeux
verts, bossue à 36 carats, qui produit l’aliment dont il se nourrit ! Ce
cocu vit en joie qui, certain de son sort, n’aime pas celle qui le
trompe ; mais, oh ! Quelles damnées minutes il compte, celui qui
raffole, mais doute, celui qui soupçonne, mais aime éperdument !
Bruno Iago[8].- Ô que
c’est honteux ! Je demande la damnation du félon Juan et la crucifixion du
paria Jonas ! Aglaé et Sarah seront tondues !
Desdémone Clochette.- Le militant qui est content est
riche ; et riche à foison ; mais le militantisme sans organisation
est plus pauvre que l’hiver pour celui qui craint toujours de devenir petit
bourgeois. Cieux cléments, préservez de la jalousie les âmes de toute ma
tribu et de mon mari! O j’ai vécu le calvaire et l’enfer pendant des siècles
à cause de ces manants mal embouchés du SI…
Othello.- Allons ! À quel propos ceci ?
Crois-tu que j’irais me faire une vie de jalousie, pour suivre incessamment
tous tes changements de lune à la remorque des nouveaux soupçons des
félons du SI? Non ! Pour moi, être dans le doute, c’est être
résolu…Échange-moi contre un bouc, le jour où j’occuperai mon âme de ces
soupçons exagérés et creux qu’implique ta conjecture. On ne me rendra pas
jaloux en disant que ma femme est jolie, friande, aime la compagnie, a le parler
libre, chante, joue et danse bien avec ses traînées lumineuses ! Là où est
la vertu, ce sont autant de vertus nouvelles. Ce n’est pas non plus la
faiblesse de mes propres mérites qui me fera concevoir la moindre crainte, le
moindre doute sur sa fidélité, car elle avait des yeux, et elle m’a
choisi !... Non, Iago-Bruno ! Avant de douter, je veux voir. Après le
doute, la preuve ! Et, après la preuve, mon parti est pris : adieu à
la fois la fraction et la jalousie ![9]
Bruno Iago.- J’en suis charmé ; car je suis
autorisé maintenant à vous montrer mon affection et mon dévouement pour vous
avec moins de réserve. Donc, puisque j’y suis tenu, recevez de moi cette
confidence…Je ne parle pas encore de preuve…Veillez sur votre femme, observez-la
bien avec Krespel Eulenspiegel, portez vos regards sans jalousie comme sans
sécurité ; je ne voudrais pas que votre franche et noble nature fût
victime de sa générosité même… Veillez-y ! Je connais bien les mœurs de
notre confrérie. À Venise, les femmes laissent voir au ciel les fredaines
qu’elles n’osent pas montrer à leurs maris; et, pour elles, le cas de la tenir
cachée.
Othello.- Est-ce là ton avis ?
Bruno Iago.- Elle a trompé son père en vous épousant;
et c’est quand elle semblait trembler et craindre vos regards qu’elle les
aimait le plus[10].
Othello.- C’est vrai.
Jonas.- Eh bien ! Concluez alors…. Votre grue à
36 carats est légèrement encline à l’embonpoint et
habillée d’une feuille taillée très court. Elle parle le langage des fées, un
tintement argentin et lorsqu’elle pleure, parce que les fées aussi peuvent
pleurer, elle émet des notes
plaintives. Desdémone Clochette est une personne
pleine de qualités mais aussi pleine de défauts. Elle est romantique et a bon
coeur, elle n’est pas foncièrement méchante encore qu’à certains moments, elle
peut se montrer jalouse et haineuse. Elle est vaniteuse aussi, dévergondée et
impolie. Elle est si petite qu’elle n’a de place que pour un seul sentiment à
la fois. Elle est brillante, elle zèbre l’obscurité de traînées lumineuses.
Elle ne s’éteint que lorsqu’elle s’endort mais ne peut dormir que si elle a
réellement sommeil. Elle est rapide et pudique. Elle libère du pollen des fées
qui permet de s’envoler. Comme toutes les fées, elle est assommante. Elle se
mêle tout le temps des affaires des autres et tient difficilement en place.
Ciel mais les chevaliers Michel Po et Stanley, le gnafron sous-off et le jeune
gnafron bureaucrate, nous quittent déjà !». Clochette-la-rétameuse vous
perdra aussi !
LA PEUR DU
BIDE
En 2000 j’appelais le CCI « Eglise de
marxologie » en m’adressant à ses autres défroqués tout en me démarquant
de cette cuvée « intello-conseilliste ».
A propos de la brochure à retardement d’un modeste
cercle de discussion de Paris : « Que ne pas faire ? »
(juin 2000)
Chers camarades défroqués,
J’ai lu avec
attention votre « réflexion critique sur une expérience
traumatisante : l’évolution d’une organisation révolutionnaire en secte
paranoïaque », et pris connaissance de votre bilan du XXe siècle.
J’ai compati au maigre constat de votre
« pensée collective qui a ouvert plus de questions qu’elle n’en a
résolu ». Je n’ai pas oublié les délires de la bolchévisation des années
1990 du CCI et de son égérie Suzanne Avril. J’ai cessé de me poser des questions
sur pourquoi l’esprit policier dénoncé à l’extérieur a finalement triomphé à
l’intérieur avec la milice centrale bolchévisée. Je m’en fiche. Il n’y a rien à
redresser quand on est devenu extérieur à ce genre de machin.
Je vous ai trouvé bien timorés concernant ces
mêmes délires. La victime principale de « l’esprit de parti », Raoul
(le fondateur ou l’élixir de jeunesse du vieux Marc au milieu des
soixantehuitards) est bien trop gentil sur les exigences léninistes des
« membres des organes centraux » à son égard. Raoul a été roulé dans
la boue, traité comme moins que rien. Raoul n’avait pas le droit de prendre des
notes à l’organe central pour assurer sa défense car il était soupçonné de les
montrer à l’affreux JJ. Raoul n’était plus un exemple de rigueur politique mais
il avait un défaut : la prétention au leadership. Derrière le gourou JJ se
cachait un autre gourou : Raoul.
Déterminés à contrer cette ambition, les maîtres du
moment eurent pour argument principal que l’absolution de Raoul du péché clanique
était envisageable mais dans la mesure où il s’engageait à rompre avec sa
compagne SK, histrionne manipulée par son ex l’affreux franc-maçon JJ. C’était
la meilleure tactique pour séparer Raoul de ses troupes. C’est dans son intérêt
qu’il était accablé, questionné des nuits entières.
Althusser sommé de quitter son épouse par l’instance
centrale du PCF avait refusé et s’était vengé en ralliant le maoïsme. Quand la
secte ou le parti exige une telle séparation, un homme viril ne cède pas. Raoul
donna des bâtons pour se faire battre aux cyniques bureaucrates marxologues.
Raoul, plus fidèle en amour et en amitié qu’en politique, ne céda pourtant pas
(l’échine d’un homme peut longtemps endurer les pires vexations) et par
conséquent les sévices intellectuels du CCI à son égard n’eurent une fin que
lorsqu’il se décida à écrire une deuxième lettre de démission (ils avaient
réussi à lui faire manger la première). Laquelle démission n’était pas reconnue
( la personne n’existe pas sous le régime du collectif marxologique) car, face
aux membres dispersés, l’organe central ne pouvait apparaître comme ayant
cautionné le départ de l’inconciliable Raoul. Les bras du CCI restent donc
éternellement ouverts à Raoul alors que les bras de ce dernier lui en sont
tombés.
Tout cela n’intéresse plus personne et apparaît
si ridicule que le CCI a retiré sa brochure paranoïaque de la vente.
J’ai noté que la justice du CCI était
« pire que celle de la bourgeoisie » et que les injures proférées à
l’encontre du pauvre Raoul étaient « de type stalinien » et que face
au « complot universel » dont le CCI s’est dit victime, vous
avez tout autant subi ses « traquenards » et « menaces de toutes
sortes ». Vous avez quitté cette « maison d’aliénés, sans
concertation, déboussolés, écoeurés ». C’est vrai. Le CCI est devenu
« inutile à l’émancipation du prolétariat », dites-vous, ce que je
partage (le prolétariat n’a pas besoin de nouveaux petits chefs du CCI ou de
LO), mais je m’interroge sur votre conclusion introductive « la forme, c’est le fond qui remonte à
la surface » ?
Incontestablement, votre brochure « Que ne
pas faire ? » est de la belle ouvrage : efforts notables pour
sortir de la langue de bois propagandiste, efforts de lisibilité, illustrations
qui éclairent les propos (parfois avec humour) comme les manuels d’histoire de
seconde littéraire. Bel emballage et pas de question tabou. La forme de
l’emballage peut-elle vraiment abuser sur l’absence de fond et une démarche
modernisatrice en surface ? C’est ce à quoi je vais m’efforcer de répondre
selon mon point de vue, et je ne prétends parler ni au nom du prolétariat ni au
nom de la bourgeoisie.
Peut-on
quitter un navire et nager vers une autre rive sans risque ?
En général tous les défroqués du parti stalinien pour
prendre un exemple connu par le citoyen lambda, rejoignent la démocratie
bourgeoise en poussant des cris d’orfraie contre le
« totalitarisme communiste», tout comme les ex-membres des sectes
dénoncent la « manipulation » dont ils auraient été les victimes non
consentantes. Il y a une singulière propension dans votre témoignage tardif (la
rupture ou la mise au ban de l’organisation dénoncée datant de 4 à 5 ans) à
montrer ses mains blanches. Le « mal » c’est le CCI. Les horreurs
sectaires subies surtout par l’auteur n°1 de la brochure, Raoul, ne seraient
que le fait d’un groupe « en décadence ». Le groupe incriminé est
vraiment stupide, il n’a pas discerné « le décalage de ses schémas
d’analyse primitifs par rapport à l’évolution réelle de la situation au long
des années 80 ». Le CCI a été l’artisan de sa propre décadence parce que
les termes de l’élaboration de la théorie ne se posaient qu’en comportements
suivistes par rapport aux « textes d’orientation préparés et concoctés par
les organes centraux ». Fascinant totalitarisme du CCI! Les camarades
divergents se voyaient dénier jusqu’au droit d’être admis en divergence. Les
successives tendances et divergences ont été injustement brimées jusqu’à cette
affreuse caricature du débat de 1993-1996 « amplification caricaturale de
la dispute autour de la tendance P.I. »[11] . Tout cela était accepté bon an
mal an par tous, majoritaires comme minoritaires, chacun savait[12] qu’il fallait se plier à la
discipline pour offrir un point de vue de groupe et non un éventail de
carnaval, ou ce catalogue de questions façon « Science et vie » du
cercle raoulien. Rien de choquant à l’idée de discipline, la bourgeoisie en
face s’effondrerait en un rien de temps si elle ne défendait pas sa discipline
dans ses partis, ses armées, et ses syndicats. La discipline ne vaut pas en
elle-même mais en ce qu’elle suppose un but, une passion commune et un respect
mutuel. Votre cercle raoulien a raison sur un point dans ce galimatias new
look : le CCI a perdu tout contact avec la masse ouvrière (bien que ses
rapports antérieurs aient été aussi épais que le papier rizla) et, déphasé par
rapport à une réalité qui fait mentir ses schémas, il n’avait plus pour
ressource que de régler des comptes disciplinaires avec ses vilains canards
anarchistes et ses petits bourgeois enseignants et cadres supérieur en
concurrence pour le monopole du saint-esprit marxologique en matière
organisationnelle. Et j’ajoute une autre raison, plus fondamentale :
l’absence d’ennemi extérieur.
Les gens de ma génération se rappellent le sketch de
Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. Thibault campe un magicien contrarié par un
spectateur qui ne cesse de l’interrompre en criant « y a un
truc » ! Il invite ce spectateur à monter sur scène. Roger Pierre
monte. Le magicien entreprend de découper sa cravate et pendant toute cette
démonstration, Roger Pierre ne cesse de pouffer et de dire « y a un
truc ». Fin du sketch, Jean-Marc Thibault déclare, comminatoire :
« y a pas de truc ! » laissant Roger Pierre consterné. La
bourgeoisie actuelle se fiche pas mal des « militants
révolutionnaires », ne leur fait aucune publicité, ne leur occasionne
aucun martyr. Il n’y a pas un « truc » en 1996 mais clairement une
action de minage du milieu ultra-gauche avec l’idéologie de la Shoah (qui est
passée au-dessus de la tête du CCI, qui a pourtant souvent justement dénoncé la
version classique de l’antifascisme, et du cercle raoulien). Le CCI a été comme
une souris affolée dans sa cage et qui se cogne la tête contre le grillage. Le
CCI est resté dans sa cage. Personne ne va lui en vouloir pour cet
auto-enfermement. Toute secte, veuve d’un ennemi déclaré, ne peut que se
flageller en psalmodiant les plus vieux refrains des textes sacrés et en
attendant le miracle.
Pour comprendre l’avanie organisationnelle de la micro-secte
ultra-gauche, le cercle raoulien se débat désespérément dans les eaux de
naguère, il « rembobine le fil du temps » jusqu’à l’après-68 et la
délimitation d’avec les contestataires à la Bérard (impatient contre cette
masse ouvrière revendicativiste) et remonte le courant même jusqu’à Martov en
Russie (1903). Lénine, terrible patineur, avait attaqué la « personnalité
humaine » de Martov son ami de jeunesse (« argumentation
antipersonnelle », on en frémit). Le cercle de Paris voudrait nous
embobiner à nouveau sur les « affinités personnelles » qu’il n’y
réussirait pas autant en prétendant refuser désormais toute langue de bois. Les
garanties en politique de ces moralisateurs seraient-elles d’indéfectibles
amitiés, les affinités électives et autres sornettes qui fondent le bourrage
des urnes bourgeoises, les délits d’initiés et autres prévarications de la
démocratie occidentale ? Prompt à faire la morale, le « cercle de
Paris » oublie benoîtement le rôle joué par ses protagonistes dans l’esprit
de clan. Comme les anarcho-conseillistes bon teint, Raoul aime les réputations
« personnelles ». Il aime par-dessus tout qu’on admire sa
« personne ». La « personnalité humaine » concerne Raoul,
lui-même. Les autres, il s’en fiche. Ce qui importe c’est sa « personnalité
humaine ». Le bourgeois dénonce dans le « totalitarisme
communiste », la fin de la « personnalité humaine », mais cette
personnalité humaine n’est pas celle du prolétaire en général mais celle du
maître, du manager, et accessoirement de l’intellectuel, du larbin de service
qui pense, contrairement à l’impulsive masse moutonnière. Raoul est un produit
du CCI où la considération humaine ne prévaut qu’en fonction de votre degré de
« discipline » et de louanges versés à l’organe central. Raoul
n’était plus un alter-ego et encore moins un « égaux » !
Un fondateur révolutionnaire comme Raoul aimait bien
« donner des leçons » à l’époque où il était encore un notable écouté
et humainement considéré. Sorti du monastère, Raoul peut retrouver sa
« dimension humaine », donner à nouveau ses leçons et réviser
l’histoire à sa façon sans être contredit.
Le navire est en perdition, mais la nage en eaux
troubles ne garantit pas la survie.
La hausse
tendancielle du taux de rancune :
Raoul se révèle plus qu’il ne se réveille. Avec
son cercle d’amis, de femmes et de soeurs, Raoul montre du doigt le CCI qui ne
reconnaît pas s’être trompé avec ses «années de vérité », et autre
« cours à la révolution ». Le problème n’est pas que le CCI ne
reconnaisse pas s’être trompé - toute secte est infaillible, à commencer par
L.O. et sa guenon Laguillier - mais que le CCI soit incapable de prendre en
compte comment Marx et Lénine ont reconnu et corrigé leurs erreurs ! On ne
peut certes pas trouver dans ce cercle une connaissance approfondie de
l’histoire du mouvement ouvrier et du mouvement marxiste, d’autant que ces
cadres planqués proviennent tous de
l’ardent CCI où la connaissance du militant moyen et supérieur est limitée à la
lecture superficielle de Libération et de Lutte Ouvrière; de plus la secte
mondiale oblige à lire tant de textes répétitifs internes traduits de
l’original sans originalité et mobilise la ruche organisationnelle à un tel
point activiste qu’il est impossible à la plupart de se documenter par
eux-mêmes et de découvrir des ouvrages sérieux d’historiens. Ce sont des
ignorantins qui prétendent transmettre des leçons d’histoire
« prolétarienne » au commun des passants quand celui-ci ne les
confond pas, en offrant son obole charitable, avec ces pauvres vendeurs de journaux,
chômeurs roumains.
J’ai déjà répondu en décembre 1997 à la
problématique de Raoul et à son persécuteur le CCI[13] (). Ni Raoul ni le CCI n’ont
répondu. Pourquoi ? Parce qu’ils ne peuvent pas répondre. Et pourquoi ne
peuvent-ils pas répondre ? Le CCI n’est pas simplement sur un nuage, il
est hors de la réalité. Il sermonne. Il vaticine. Il radote. Il éructe contre
le capitalisme. Il conchie la bourgeoisie de droite et de gauche. Il sanctifie
les martyrs communistes des années 30 près du cours de tennis comme le Pape
évoque les saints persécutés au bord de sa piscine privée.
Le cercle de Paris, clone de Raoul, ventriloque du
jeune fondateur de RI, ne se situe pas du point de vue du mouvement ouvrier sur
les questions des organisations, comme je le soulignais dans mon texte de déc
97. Il veut recoller les scissions ou exclusions déguisées successives face à
la « lutte des places » dans la hiérarchie organisationnelle. Il
prétend dénoncer l’esprit policier duquel il a été complice et une élite
« bolchévique » dont il a été longtemps (même ambivalent) le
porte-parole. Le cercle informe le quidam que les « belles années »
sont passées et qu’une « rupture dialectique » a eu lieu produisant
un « glissement vers la conception léninienne »,
« hypertrophiant le centralisme et les questions de discipline ». On
ne peut se défaire de l’idée que les défroqués du cercle chargent la barque.
Toutes ces choses sont éminemment condamnables, mais que dire de la conception
du « militantisme intégral de Raoul » chef historique déchu où
l’on doit pouvoir « tout dire en politique à sa femme et à l’amant de sa
femme »? (un peu comme le maire de Paris Jean Tibéri et sa mémère). Il n’y
a rien de pire que les couples en politique !
Raoul nous rejoue son rôle de rassembleur des mécontents
successifs, il est le « fédérateur des intellectuels en perdition »
disais-je en 1997 : « il roule pour une secte-cénacle d’intellectuels
libérés rassemblant tous les déçus du CCI à chaque étape où ils en sont
sortis », et, sans pudeur (mais c’est parce qu’il est en colère) il essaie
de blanchir le gauchiste aventurier Chénier en noircissant le tableau de la
récupération du matériel et en mentant (aucune violence n’a été exercée).
Le cercle, ce porte-voix de Raoul, affirme que
le CCI est tombé dans un délire activiste dans ses «années de vérité »
(1980-1990) mais pourquoi ne nous parle-t-il pas des emballements activistes de
Zorro Raoul pour les événements au Portugal en 1975 et à la seule ville de
Vitoria en Espagne en 1976 ? Raoul, masqué, tenant à s’arroger la
représentativité du prolétariat ressort ses pathétiques appels à la grève
corporative d’Air France en 1996 pour faire oublier la guerre de clans. Il n’y
avait pas eu besoin de la cape et de l’épée de Raoul pour se rendre compte sur
place des limites d’une banale grève corporative par d’autres militants.
Raoul a toujours été en divergence. Cela n’est
pas une qualité. Il a toujours défendu son point de vue, comme le petit
commerçant défend sa boutique. Raoul est l’expression du petit-bourgeois
soixantehuitard, fort en gueule mais accomodant, généreux même dans son
aveuglement, mais bonne poire grave ! Il peut servir à quiconque pour
ridiculiser le mouvement. Caméléon il était, caméléon il reste. Raoul est une
figure de la petite bourgeoisie moderne. Il veut et il veut pas. Il ramène tout
à lui et il crie au totalitarisme dès qu’on conteste son
« libre-arbitre ». Dans les années 30 un partie importante de la
petite bourgeoisie était fasciste, depuis trente ans, une partie importante de
la petite bourgeoisie est soixante-huitarde. On dira que cela vaut mieux que
d’être fasciste. Mais, sur le fond, cela ne change rien à l’affaire. La petite
bourgeoisie ne pourra jamais être le guide de la classe ouvrière . Elle
est trop imbue d’elle-même. La petite bourgeoisie passe son temps à s’imaginer
à la tête des événements. La petite bourgeoisie n’a pas de projet, elle va dans
le sens du vent. Raoul rêvait au prolétariat dans les années de plomb
(1968-1980) puis il a commencé à déchanter, comme ses amis Michel Pidi, et les
universitaires de la FECCI (dont il défendait l’approfondissement dans le
bide), quand les choses se sont avérées plus compliquées, plus dispendieuses,
plus étalées dans le temps. Il subissait jadis le charme moderniste de Bérard
sans l’avouer puis il a trouvé que la révolution tardait à se déclencher. Il en
a conclu excédé que les ouvriers ont besoin d’une solide saignée comme en 14
pour se bouger le cul. Depuis il attend, ruminant les vacheries des
inquisiteurs du CCI. Puis il s’est penché avec circonspection sur le bilan du
XXe siècle avec la collaboration de ses derniers admirateurs.
La rancune
est mauvaise conseillère
Après tant de ruptures successives, voici une
rupture par force de camarades poussés à bout qui prétendent élaborer a posteriori
une nouvelle vision du monde. Pourquoi, confrontés à la fossilisation
bolchévique du CCI, en viennent-ils à remettre en cause des axes marxistes de
compréhension du capitalisme : sa décadence, l’impérialisme et le danger
prolétarien jusqu’à la fin du XXe siècle ? Ils font la confusion entre la
façon de fonctionner sectaire et hiérarchisée du CCI et des positions générales
qui ne sont pas la propriété du CCI. Lorsqu’ils étaient encore membres du CCI
il n’y avait pourtant pas meilleurs défenseurs de ces analyses comme armes pour
combattre la bourgeoisie, pas l’ombre non plus d’un désaccord sur la limitation
des marchés et le ralentissement des forces productives. Le contenu des repas
de la maison-mère était-il si monacal qu’il faille se précipiter à l’extérieur
vers des théories moins frugales ? La clarté extérieure a-t-elle été
soudaine au point d’illuminer l’ombre de la militance qui les aveuglait ?
Certes trois ou quatre années d’une mentalité de
caserne et de flicage léniniste des militants ne pouvaient favoriser une
réflexion sereine ni sur les enjeux mondiaux ni sur l’état du capitalisme ni en
faveur d’un bilan raisonné du XXe siècle. Le groupe ne pouvait que s’arc-bouter
sur ses principales idées-force confondues avec les principes de base. Il
suffit d’ailleurs de jeter un œil sur ce qui est publié encore aujourd’hui.
C’est toujours la même chose, les mêmes radotages. La certitude de retrouver
les mêmes vieilleries depuis vingt ans dispense d’une lecture attentive. Ce
sont des Témoins de Jéhovah de la marxologie. Ils sont une poignée élitaire à
pouvoir envisager d’être sauvée de la décomposition sur l’arche de Marc Chirik.
Il paraît qu’ils auront même bientôt leur place à Eurodisneyland près du Space
mountain dans la CCI Valley.
La démarche du cercle raoulien n’est pas aussi
sereine qu’elle veut bien le laisser paraître. En prétendant s’élever
« au-delà du problème de la crise du CCI » et s’interroger sur
l’appréciation du siècle écoulé par les révolutionnaires, comme s’il y avait une
cassure et qu’on se trouve dans un autre monde, le cercle accomplit une
vengeance. Il ne l’avoue pas mais il en prend la tangente inévitablement à la
manière des intellectuels de « Perspective Internationaliste »,
manière de défi aux « bureaucrates du CCI » pour montrer qu’ils sont
adultes et n’ont plus besoin de la théorie-maison. Pour se venger de l’espoir
communiste fané ou de leurs illusions perdues ou souillées, ces anciens
militants en viennent à découvrir une « dynamique du capitalisme au XXe
siècle ». Ils s’aperçoivent qu’il n’y avait pas de crise économique à la
veille de 1914 mais qui a jamais prétendu le contraire ? Puis avec des
citations tronquées de Rosa Luxembourg, on nous apprend que depuis 1914 les
possibilités de développement du capitalisme sont immenses.
Quelques photos pour illustrer l’esprit de veilleur de
nuit du CCI alternent avec des encarts sur les taux de croissance mondiale. Les
chiffres sont toujours sujets à caution et ne permettent pas de prendre en
compte toute la réalité. On aurait pu nous donner les chiffres des profits des
bourgeoisies américaine, britannique et allemande de 1939 à 1945, on y voit là
aussi des chiffres colossaux. Cela peut-il permettre d’assurer :
« On peut dire sur ce point que, au sortir
de la Seconde Guerre mondiale, c’est une bourgeoisie adulte et désormais plus
consciente de ses intérêts, des nécessités réelles de son système ainsi que des
rouages de l’accumulation qui émerge (…) Le nazisme, de ce point de vue, est
caricatural en ce qui concerne le retard de la conscience bourgeoisie sur le
propre développement effectif de son système et de ses nécessités
modernes ».
Qu’est-ce que cette notion de bourgeoisie
adulte ? Une excuse de plus à la barbarie ! La bourgeoisie aurait été
infantile au cours des deux carnages mondiaux, plus dus à des phénomènes
d’arriération hérités du XIXe siècle, reprise de la théorie fumeuse d’Arno
Mayer et de son recopieur Bitot. Comment expliquez-vous alors le nazisme ?
Comme un accident (version alliée) ? Comme une caricature arriérée
(version Bitot) ? Et le stalinisme ? Comme un simple passage arriéré
du capitalisme d’Etat ?
Le cercle raoulien est allé chercher ses arguments
chez Mattick et Pierre Souyri, autrement dit chez les partisans de la baisse
tendancielle du taux de profit. Vieille polémique où ceux-ci imaginaient encore
de beaux jours au capitalisme sans nier sa barbarie actuelle. Cette propension
à aligner des colonnes de chiffres froids m’a toujours paru dérisoire. Ces
chiffres révèlent que l’humanité est beaucoup plus nombreuse qu’avant, donc que
les profits sont décuplés, que la surproduction concerne autant les denrées
détruites que les armes et les tanks, quand des sous-marins nucléaires russes
sont transformés en musée. Mais que vaut la simple comparaison avec le XIXe
siècle sachant les millions de morts des deux carnages mondiaux, les millions
de morts des guerres locales, de la famine, du Sida ? Allez jusqu’au bout
de ce raisonnement économiste et dites comme les bourgeois que ces morts, s’ils
avaient vécu, auraient gêné le capitalisme et fait monter le chômage !
Ce listage des chiffres, à la place d’une
argumentation, montre que n’importe quel ancien militant peut raisonner en
monstrueux économiste. La période de reconstruction a dépassé en ampleur les
taux d’avant-guerre ! Et alors ? Nos économistes se fichent pas mal
de rappeler que cette reconstruction s’est faite sur le dos de la classe
ouvrière, sur un nombre faramineux d’accidents du travail : la silicose
n’a jamais autant décimé les mineurs en France par exemple que sous la
« militarisation du travail » des ministres staliniens. Le salaire
moyen des ouvriers en Europe et en Russie était dérisoire jusqu’à la fin des
années 60. Après la crise de 1975, le chômage est devenu un phénomène massif
dans les pays développés. On peut saluer la reprise des « 30
glorieuses » (à la Jean Fourastié) par le cercle raoulien, mais ces années
n’ont jamais été glorieuses pour la classe ouvrière. Le développement massif de
l’immigration dans des conditions d’exploitation odieuses peut permettre de
magnifiques taux de production mais en quoi est-ce progressif pour
l’humanité ?
Même sans guerre mondiale, le capitalisme a continué à
mener de multiples guerres locales pas toujours déterminantes pour ouvrir des
débouchés aux puissances dominantes. Mais le « dynamique
capitalisme » du cercle raoulien a continué à porter en son sein la dynamite
de la guerre. Les deux nouveautés théoriques avancées par le cercle d’une fin
de l’impérialisme depuis 1945 et d’une quasi-disparition de l’Etat-nation
prêtent tout simplement à sourire.
Un argument classique est dressé contre l’idée de
décadence capitaliste : « ce n’est qu’une vue de l’esprit d’oser
affirmer que le XXe siècle n’a pas produit d’innovations scientifiques
cruciales » (p.51). Qui a jamais dit cela ? Marx a dit quelque part
que, même dans leur phase décadente, les sociétés antérieures continuent à faire
de beaux tableaux et des progrès ; savez-vous que les grandes découvertes
scientifiques des Euclide, Archimède ou Hiérophile ont lieu au moment de la
décadence grecque ? Les découvertes scientifiques les plus importantes de
l’humanité ont même sans doute été faites au cours de ce siècle le plus
criminel de l’histoire. Cela infirme-t-il la notion de décadence ? Marx,
encore lui, fut horrifié par les atrocités de la guerre de Crimée, et pourtant
le capitalisme était encore ascendant : « De nos jours, chaque chose
paraît grosse de son contraire (…) Toutes nos inventions et tous nos progrès
paraissent conduire à un seul résultat : doter de vie et d’intelligence
les forces matérielles et rabaisser la vie humaine à l’état de force brute (…)
L’évolution des forces productives a été aussi formidable que sont
prémonitoires les symptômes de déclin dépassant de loin les horreurs rapportées
des derniers temps de l’Empire romain ».
La théorie de la radioactivité est une superbe théorie
qui a servi concrètement à Hiroshima et à Tchernobyl ! Le laser est une
merveilleuse invention pour tuer depuis les satellites. La télévision est un
excellent bourreur de crâne. L’informatique est une puissante machine pour
développer le chômage et un flicage big brother totalitaire de la société. On
pourrait lister ainsi d’autres grandes découvertes du XXe siècle, mais il faut
aussi préciser que ces découvertes ont été menées à bien empiriquement au
moment des guerres mondiales. La pénicilline découverte en 1929 par Fleming
avait pour but de limiter le nombre de blessés qui mourraient si vite en 1914,
« pour mieux les renvoyer au front grâce à la Croix rouge »
(Trotsky). La recherche capitaliste est d’abord militaire, quel progrès ?
La recherche militaire se base sur le meilleur moyen de « faire exploser
des poitrines à vingt kilomètres à la ronde » (Churchill) à trouver des
gaz efficaces pour tuer d’un coup des milliers de gens. La torture des otages
juifs par les savants allemands a finalement servi à l’Etat américain pour mettre
au point des combinaisons d’aviateurs permettant de résister au froid
lorsqu’ils chutent en mer ! Idem pour les recherches de l’Unité 731 au
Japon sur des otages américains ou chinois, dont les expérimentations
tortionnaires ont été récupérées par les USA.
Vive le progrès ! Vive la dynamique du
capitalisme au XXe siècle !
A quoi mène
le combat anti-léniniste du chef historique déchu ?
Dans mon texte « Une secte dans la
secte » (Un débat entre esquinteurs et esquintés), j’ai rappelé comment
pendant deux décennies avaient cohabité dans le CCI une vision anarchiste de la
révolution et une autre favorable au marxisme classique. Quand le marxisme du
CCI est devenu du léninisme réchauffé, la mouvance anarchisante n’avait plus
d’oxygène pour subsister. Le monolithisme a horreur de l’expression de
divergences, fussent-elles mineures et la moindre allusion à la faillibilité
des organes centraux est intolérable. C’est ainsi dans les sectes, cela n’est
pas le cas dans le mouvement ouvrier vivant. Votre cercle raoulien connaît
assez l’histoire de la révolution russe pour rappeler qu’en effet Lénine est
passé à plusieurs reprises au-dessus du conservatisme de l’organe central en
s’appuyant sur la base. L’histoire lui a donné raison, mais cela signifie-t-il
que tout organe centralisé est mauvais ? Assurément c’est ce qu’il ressort
de la démonstration appuyée sur le bon Lénine anarchiste qui décide à la place
des bureaucrates, ce Lénine aimé des conseillistes et du cercle raoulien.
Mais Stop à la révolution dès qu’il est question de la
prise du pouvoir par le parti. Dès lors le mauvais Lénine reprend le dessus. Je
n’ai ni le temps ni la place d’insister sur le sujet, mais cela suppose un
débat plus ample et moins simpliste que de s’accommoder avec des parties de la
révolution ou des moments privilégiés sans observer l’ensemble du problème.
Cela nous renvoie à la perception de la classe
ouvrière par ce cercle raoulien. Curieuse perception qui nous décrit une
« fureur chauvine manifestée par une grande partie de la classe ouvrière
au tout début de la guerre » et qui explique l’accident russe comme dû aux
« particularités de la Russie »[14. Si le mouvement ouvrier a échoué
dans la phase de guerres et de révolutions du XXe siècle, on sait désormais que
c’est la faute « à l’immaturité du prolétariat ». Vieille idée
syndicaliste, on affirme depuis des lustres dans ce milieu là que les ouvriers
font leur propre tort eux-mêmes. Au passage sont reprises deux idées piquées au
CCI de la belle époque, la guerre ne favorise pas la révolution et la paix
sépare les ouvriers entre ceux des pays vainqueurs et ceux des pays vaincus.
C’est alors que le petit bourgeois pointe à nouveau son nez, et montre sa
suffisance et son ignorance crasse de l’histoire réelle de la lutte de
classe : « La façon politique de penser de la classe ouvrière la
laisse toujours pénétrée d’un esprit de possibilisme et d’adaptation à la
légalité bourgeoise »[15]. Ce mépris de parvenu aux positions
révolutionnaires nous rappelle trop ce couple de cuistres anciens militants, et
amis de Raoul, exhibant sur le bord des cortèges ouvriers de 1995, la pancarte
« abandonnez vos stupides luttes économiques ».
Cette affirmation arrogante est enveloppée et suivie
par une longue tirade sur la force manœuvrière de la social-démocratie, mais ne
peut cacher le mépris évident pour la classe ouvrière en Europe au début du XXe
siècle insuffisamment débarrassée de l’idéologie nationaliste. Nos
intellectuels ultra-gauches se prennent comme les clercs classiques au moment
de l’Affaire Dreyfus ou des Front populaires pour des éveilleurs de ces ignares
d’ouvriers. S’ils connaissaient un peu mieux l’histoire en général, ils
verraient la trouille qui s’empare de la bourgeoisie mondiale dès 1915-1916, et
comment pour conjurer la menace la bourgeoisie n’ira pas de main morte en
Allemagne d’abord, partout en Europe dans les années 30 (arrestation de
milliers de militants à la veille de 1939), recours à la réaction fasciste,
etc. Même pendant le carnage de 39-45, Hitler, Staline et Churchill gardent en
tête « la façon de penser dangereuse » du prolétariat et se guident
sur ses possibles réactions pour terminer à nouveau la guerre, tant bien que
mal. Les années 60 et 70 où les gens de ce cercle s’enthousiasmèrent pour la
classe ouvrière qui leur enseigna à combattre la légalité bourgeoise, n’ont pas
été un mirage. Les années 80 et 90, dominées par les événements de politique
impérialiste ont fait passer au second plan l’action de la classe ouvrière
mais, il faut le souligner, par un effort monumental sur les plans idéologiques
et sociaux de la bourgeoisie pour contrôler la situation. La classe ouvrière
n’a pas disparu ni sa « façon de penser ». Le système dit mondialisé
(= occidentalisé et dont le centre économique reste l’Europe et les USA) ne
cesse de montrer qu’aucune des grandes questions de société n’est résolue,
qu’il est aussi fragile que décadent. De nombreuses questions passionnantes
sont posées dans les incertitudes et les ambivalences de la période actuelle.
Le XXe siècle n’est pas fini et les réponses sur « quoi
faire ? » et « comment ? » ne pourront être trouvées
dans le cadre du cercle raoulien ni dans le CCI.
Cordialement,
Pierre Hempel (30 juin 2000)
EPILOGUE: A LA RACINE DE TOUTE DICTATURE INHUMAINE...
Désormais les querelles entre la secte CCI et sa dernière fraction contestatrice - si elles resteront byzantines pour le commun des lecteurs et des électeurs - ne doivent pas cacher le sens de l'étouffement progressif interne de la secte: l'exercice de la dictature d'un couple en vase clos prolégomène à ce que devrait subir la société si ces gens prenaient le pouvoir (cf. meilleure illustration dans "Le meilleur des mondes" de AldousHuxley). Cette volonté de détruire toute altérité, de détruire celui qui pense autrement est non seulement typique des hitlériens et des staliniens, mais c'est exactement comme cela que fonctionne la démocratie totalitaire bourgeoise. Prenons simplement l'angle de la pensée d'Etat obligatoire - le communautarisme antiraciste qui dissout les classes - tout critique, tout impénitent, est sommé de se justifier indéfiniment mais reste soupçonné et doit sans cesse rendre des comptes. A défaut d'être éradiqué physiquement, l'opposant ou le "douteux" doutant doit être enfermé dans ce qui relève de son propre mental; les admonestations des camarades sponsorisés juristes d'occasion deviennent en quelque sorte la camisole chimique pour isoler l'impétrant d'un monde extérieur capitaliste qui l'aliène en lui faisant douter de l'organisation, entité qui cache simplement le pouvoir du couple dirigeant lequel n'a de cesse de détruire constamment les linéaments de l'utopie organisationnelle en menaçant de détruire l'autre - celui qui "se rend compte" - soit en le poussant vers l'hôpital psy soit dans les poubelles des renégats "petits bourgeois" des départs ou ruptures félonnes. La fraction GIGC - qui a compilé les tares du CCI mais demeure sur un terrain économiste sur son blog - reste elle-même marquée par ce fonctionnement autiste; plusieurs lecteurs, avant leur unification avec les canadiens, m'avaient fait part de leur étonnement qu'il n'y ait pas de réponse à leurs courriers et que des questions restent sans réponse (frilosité et culte de la clandestinité).
En tout cas l'éradication permanente de toute contestation dans la secte CCI est absolument un rejet du marxisme, car basé sur la même logique liquidationniste que l'antisémite aveugle Eugen Dühring, si bien dénoncé de son vivant par Marx et Engels; la philosophie de Dühring se résumait à ceci: "faire disparaître, dans son ensemble le type d'homme qui pose problème". Pogrome? Non, mais le gazage n'est pas loin.
EPILOGUE: A LA RACINE DE TOUTE DICTATURE INHUMAINE...
Désormais les querelles entre la secte CCI et sa dernière fraction contestatrice - si elles resteront byzantines pour le commun des lecteurs et des électeurs - ne doivent pas cacher le sens de l'étouffement progressif interne de la secte: l'exercice de la dictature d'un couple en vase clos prolégomène à ce que devrait subir la société si ces gens prenaient le pouvoir (cf. meilleure illustration dans "Le meilleur des mondes" de AldousHuxley). Cette volonté de détruire toute altérité, de détruire celui qui pense autrement est non seulement typique des hitlériens et des staliniens, mais c'est exactement comme cela que fonctionne la démocratie totalitaire bourgeoise. Prenons simplement l'angle de la pensée d'Etat obligatoire - le communautarisme antiraciste qui dissout les classes - tout critique, tout impénitent, est sommé de se justifier indéfiniment mais reste soupçonné et doit sans cesse rendre des comptes. A défaut d'être éradiqué physiquement, l'opposant ou le "douteux" doutant doit être enfermé dans ce qui relève de son propre mental; les admonestations des camarades sponsorisés juristes d'occasion deviennent en quelque sorte la camisole chimique pour isoler l'impétrant d'un monde extérieur capitaliste qui l'aliène en lui faisant douter de l'organisation, entité qui cache simplement le pouvoir du couple dirigeant lequel n'a de cesse de détruire constamment les linéaments de l'utopie organisationnelle en menaçant de détruire l'autre - celui qui "se rend compte" - soit en le poussant vers l'hôpital psy soit dans les poubelles des renégats "petits bourgeois" des départs ou ruptures félonnes. La fraction GIGC - qui a compilé les tares du CCI mais demeure sur un terrain économiste sur son blog - reste elle-même marquée par ce fonctionnement autiste; plusieurs lecteurs, avant leur unification avec les canadiens, m'avaient fait part de leur étonnement qu'il n'y ait pas de réponse à leurs courriers et que des questions restent sans réponse (frilosité et culte de la clandestinité).
En tout cas l'éradication permanente de toute contestation dans la secte CCI est absolument un rejet du marxisme, car basé sur la même logique liquidationniste que l'antisémite aveugle Eugen Dühring, si bien dénoncé de son vivant par Marx et Engels; la philosophie de Dühring se résumait à ceci: "faire disparaître, dans son ensemble le type d'homme qui pose problème". Pogrome? Non, mais le gazage n'est pas loin.
« Certes les consciences ont leurs cloisons
intérieures, que certains d’entre nous se montrent particulièrement habiles à
élever. Gustave Lenôtre s’étonnait inlassablement de trouver parmi les
terroristes tant d’excellents pères de famille. Même si nos grands
révolutionnaires avaient été les authentiques buveurs de sang dont la peinture
chatouillait si agréablement un public douillettement embourgeoisé, cette
stupeur n’en persisterait pas moins à trahir une psychologie assez courte. Que d’hommes mènent,
sur trois ou quatre plans différents, plusieurs vies qu’ils souhaitent
distinctes et parviennent quelquefois à maintenir telles. De là cependant, à
nier l’unité foncière du moi et les constantes interpénétrations de ses
diverses attitudes, il y a loin ».
Marc Bloch
(1941)
[1]dont les aléas des machineries
impérialistes en Ukraine, la secte Boko Haram et l’instauration de la charia au
Brunei ne sont que des épiphénomènes.
[2] Face aux régimes dictatoriaux qui croient tout
étouffer, personne n’étouffe plus la vérité dans un monde devenu transparent.
Même ceux qui ont été souvent parmi les meilleurs défenseurs du système (grands
flics ou caciques politiciens) craquent
et envoient au Canard ou à Médiapart des révélations « internes »,
c’est le phénomène Wikileaks qui n’épargne donc pas le milieu maximaliste. Même
les néo-staliniens sont à poil désormais. Il reste possible, selon moi, que ce
soit des larves actuelles du CCI (militants réduits à l’état de larves pour ne
pas perdre une place honorifique ou une réputation de suivisme
« discipliné » et « confiant » aveugle dans l’orga !
[3] CHAPITRE 11 :LE TOURNANT OBSCUR DU CCI. La crise la plus dangereuse dans l’histoire
du CCI. La dégradation du tissu organisationnel. Un nouveau Staline ?
L’esprit de secte selon l’apostat R.Victor. Les enfants de Charlemagne se
battent pour une boulangerie en faillite. Un parasite peut en cacher un autre,
hyper-parasite. Le clan pavillon et Que ne pas faire ? Du couple à la
horde. Que deviennent les apostats de la première charrette ? Perinde ac
cadaver. La proto-histoire du CCI qui se donne le vertige. Le succès des
prévisions du CCI. L’exclusion de trop ? Genèse du drame élisabéthain de
la fraction « interne » du CCI. On dit qu’ils ont la rage. Le jeu de
la bourgeoisie. Un vieil exemple de folie groupale. La F.I. et le C.C.I.
QUEUSSI-QUEUMI. Quelques critères du fonctionnement sectaire et définition de
la paranoïa. Enquête sur le capitalisme décadent.
[4] Publié en 2009, présenté à une réunion à Paris de
plusieurs vieux coucous désenchantés du militantisme où seul, le représentant
du CCI Len Black, refusa de l’acheter, malgré pour insistance pour information,
arguant que cela « risquait de le démoraliser » ! L’esprit de
secte, après l’esprit de clan, est donc : j’entends pas, je vois pas,
j’écoute pas !
[5]
Futurs « voleurs » et «mouchards de l’ex-FICCI » rebaptisés
fraction « infraction »… par les policiers officiels du CCI !
(leur nom actuel : GIGC ou « petit avorton » du CCI)
[6] Caractérisée comme « Pavillon bis »,
assimilation inappropriée et sans humour typique de la horde aboyant au profit
du couple shakespearien, avec le premier « Pavillon » de la famille
Raoul/Jigi., On me permettra de considérer que la fraction était aussi un peu paranoïaque
de s’obstiner à s’appeler « fraction interne ». Irresponsable surtout
pour les nerfs de la hiérarchie rétrécie des Capitaine Crochet et Pat Hibulaire
du CCI, borgnes et avec des bottes à Francis Lalanne. Imaginez-vous l’angoisse
du seul œil valide des « dirigeants » du CCI : qui est membre de
la fraction interne ? Levez le doigt ! Où sont-ils les chevaliers de
Troie complices des exclus qui vivent tels des « parasites » en notre
sein, violant les statuts qui pourtant n’excluent pas de se comporter en
« infiltrés » ? Cela a de quoi rendre fou, n’est-ce pas ?
N’est-ce pas typique des individus parasitaires qui bossent pour la
bourgeoisie ?
(Avec le communiqué aux lecteurs cru mai
14, la même terreur interne du « mouchard infiltré » doit servir de
ciment aux derniers sectateurs mais reste pondérée par une imaginaire
espionnite informatique policière – les flics se branlent de surveiller ces
cons surtout dangereux pour eux-mêmes) – au cas le plus probable où le mouchard
interne serait introuvable.
(8) Bruno Iago se trouve aujourd'hui à son tour parmi les pestiférés internes et a été rétrogradé en province.
[11]« Perspective internationaliste », de brillants petits bourgeois qui
avaient usé leur fond de culotte sur les bancs de l’université et qui
n’aimaient pas trop se mêler aux « luttes syndicalistes » au nom
de leur abstraite « perpective internationaliste »; ils organisent
encore périodiquement des réunions de cercle qui tournent en rond et rabâchent
leur commune déception que la révolution n’ait pas encore eu lieu et que le CCI
les ai si longtemps abusés .
[12][ Le groupe
politique n’est pas un libre cercle de discussion et le mouvement ouvrier n’a
pas attendu Lénine pour le constater ; poussée à son comble l’unicité de
la centralisation organisationnelle a toujours tendance à nier l’altérité
[13] Une secte dans la secte, texte reproduit dans
« L’organisation eggrégore », juin 1998.
[14][De quoi faire rugir toutes les générations mortes qui
ont clairement vues l’explosion russe comme épiphénomène de l’ensemble des
contractions et contradictions mondiales du capitalisme.
[15] Impuissant à comprendre la situation actuelle, votre
cercle renvoie la balle aux ouvriers, et avec culot (après avoir dit que le
prolétariat était immature au début du siècle, en un raccourci anarchisant,
leur demande de mieux mesurer l'insupportable : « Le capitalisme est
né dans la boue et le sang, cela rend plus ardu pour la classe porteuse de la
nouvelle société de percevoir l’absurdité de tels rapports de production, de
mesurer avec conscience le seuil de l’insupportable » (p.69). Encore une
vision extérieure, très léniniste, dans l’espoir du « réveil prolétarien »
une fois débarrassé de son inconscience du supportable !