Le FN en
tête d’une élection nationale pas du tout nationale ! Le paradoxe a
échappé à la plupart des commentateurs et politiciens « attristés ». L’intéressant
site Atlantico (hélas payant désormais) avait publié plusieurs jours avant
l’imaginaire « vague bleu marine », propre à enfiévrer anarchistes
apolitiques, staliniens mélenchonisés et lycéens manipulés - le titre
suivant : « Tous aux abris ! Pourquoi le traitement médiatique
d’un FN en tête des Européennes sera bien pire à supporter que les résultats
eux-mêmes ». L’Elysée et les principaux journalistes savaient déjà à peu
près l’ampleur du « choc » d’un présumé « 21 avril
européen » et cela n’a pas tardé et n’est pas prêt de cesser le
« scandale électoral » pouvant servir à détourner les regards des
promesses et de la vacuité du gouvernement Hollande-Valls.
Mais
chassez le naturel, il revient au galop. Ces fiers politiciens ne supportent
jamais de prendre une claque électorale même s’ils s’attendent aux effets
pervers du régime de la démocratie représentative (cadenassée par le scrutin
majoritaire). Le scrutin majoritaire est le nec plus ultra de la tricherie
électorale démocratique bourgeoise, laquelle fonctionne grâce aux généreux dessous de table à coups de "big millions" du FN à l'UMP et au PS. Il apparaît franchement ridicule avec la
disproportion de la représentation du FN à l’Europe bureaucratique comparée à
la présence d’une seule députée nationale au Palais Bourbon. Ce ridicule fût
tout de suite tutoyé par un des plus fins politiques, Vincent Placé, qui en
appela à légitimer au plus vite la proportionnelle (promesse n°48 du catalogue
électoral hollandais) qui, effectivement, permettrait aux dits extrêmes d’avoir
leur représentation réelle en termes de masse d’électeurs.[1]. Placé
n’est pas tant inquiet d’une présence du FN dans la rue, ni spécialement d’une
meilleure représentation du lobby écologiste, que de la nécessité d’entretenir
une présence du FN comme utile distraction face à l’ennui et au
désintéressement (= perte totale d’intérêt de la part des prolétaires) que
génère la vie politique de la société bourgeoise ! Les plus idiots, les figurants
Szafran et Cie, le comédien J.Weber etc prônent une institution du vote
obligatoire comme chez les nazis et les staliniens, pour mettre au pas cette
masse d’abstentionnistes... complice du FN !
Restons
au niveau primaire de la perversité électorale dite représentative. Il fallait
voir les mines allongées lors de la soirée électorale plus distrayante que
d’habitude par ce qu’elle véhiculait de fantasmes éculés ; on peut
supposer tout de même que la consigne toujours de rigueur au niveau
comportemental chez ces partis oligarchiques (comme le FN d’ailleurs) avait
été : faites-tout pour apparaître comme victimes… des électeurs ingrats et
stupides mais ne leur crachez pas dessus ! Le dépit des rigides incontrôlables
comme Mélanchon ne pouvait être écarté, ce dernier, suffocant, au bord de la
crise de nerfs contre ces abrutis d’électeurs quitta le plateau sans demander
ses restes.
L’utilité
de la « victoire » d’un FN en pôle position assez minable apparut
naturellement comme le meilleur cache-sexe de l’abstention massive en Europe
(plus de 60% !) ; elle permit de gloser sur la « crise du
politique », de se lamenter sur le sempiternel constat des violences de Madame
la crise et de son frère adultérin le chômage. Elle permit de déplorer les
bisbilles dans les divers partis officiels dont tout le monde se fiche. Et tous
les politiciens en chœur de nous assurer que la principale leçon de ce
« séisme », de ce nouvel « avertissement » n’est autre que
« leur responsabilité » (sic) de présenter « une nouvelle façon
de faire de la politique », sans les virer eux les occupants parasites
éternels des bons postes officiels, réservés et préservés évidemment[2]. Il est
vrai qu’ils sont tous déjà « élus » à leur naissance.
La
dramaturgie atteignait son comble lorsque les correspondants étrangers -
servant d’ordinaire à couper la parole sur le plateau à quiconque tente de
développer son point de vue – répercutèrent l’horreur : « nos voisins
nous regardent avec effroi ! »… la France violée par la vague brune
devenue honte de l’Europe et du monde. Imaginez le mal que cela pouvait faire
dans le cerveau fragile des anars, des syndicalistes et des étudiants !
Au lieu
de traiter du phénomène massif de l’abstention, on resta rivé sur les 25% du FN
et sur la montée des fantasmes… nullement sur le repli national craintif que
reflètent ces résultats européens[3].
En
réalité 25% FN sur 40% d’électeurs cela ne fait que 10%, et donc 8% pour l’UMP
et un peu plus de 5% pour le PS ! Pas de quoi pavoiser ni pour les
« fédéraux » ni pour les « nationaux ». Le FN n’est ni le
premier parti de France ni majoritaire dans les urnes, hier comme demain ;
il obtient même moins de voix qu’à la présidentielle. En vérité, trop bien mis
en selle par les médias (sur recommandation gouvernementale) le FN reste un
parti marginal de la bourgeoisie. Faiblement implanté malgré quelques bastions
municipaux fragiles (la bourgeoisie lui a laissé rogner les pires villes ingérables
de la désindustrialisation) ; il ne
dispose pas du maillage serré des flics politiques départementaux et régionaux
des PS et UMP et n’est toujours pas une force politique crédible.
L’ex-représentante des patrons L. Parisot était là pour le réaffirmer. La
gonflette des médias et de BFM (la télé de Sarko et Copé) sur le nouveau
« premier parti de France » se casse en deux sur l’intentionnalité
des électeurs eux-mêmes. Le vote FN reste un vote « protestataire ».
Ils n’ont pas tant voté contre l’Europe, ni contre l’élite européenne obscure
ni contre un chômage « européen » – la plupart savent bien comme
madame Parisot qu’un ensemble européen peut être plus vaillant économiquement
face au géant chinois et aux Etats Unis – que pour un problème d’identité.
Il faut
d’abord dire un mot sur la supputation scandaleuse du Figaro concernant la
composition imaginaire des électeurs du FN[4]. Comme à
chaque fois ce torchon de la finance nous concocte un sondage maison qui assure
que ce sont les jeunes et les chômeurs qui votent FN. Or l’électorat du FN est
surtout composé de vieux de la région Provence Côte d’Azur (la plupart cachent leur vote comme une honte), d’électeurs «radicalisés » de l’UMP et de jeunes du 62, pas
chômeurs, souvent ouvriers et aussi chauvins que bornés du ch’nord. Pas besoin
de sondage, les dernières municipales ont réaffirmé cet « ancrage »
qui n’est ni une garantie de longévité ni de force du FN[5]. Les télévisions n'arrêtent pas de marteler que les ouvriers en général ont voté Le Pen, en se basant sur du vent.
Le vote
FN aux européennes, c’est bien connu, est inutile sauf aux médias. Les
électeurs savent bien qu’il ne s’agit pas d’un vote utile, mais futile, pour
faire chier les grands partis autistes. Même présents par dizaines au Parlement
de Strasbourg, les clowns FN regarderont passer les plats et feront comme les
Le Pen, père et fille, jamais présents. C’est bien de connerie pure dont je
parlais concernant le type qui va voter pour ce parti oligarchique marginal car
des dizaines d’autres parasites politiques vont être payés aux frais de la
princesse à rien foutre, sauf à plastronner avec le mandat honorifique de
député européen, avec la bonne mine d’employé de Préfecture du petit Florian
Philippot.
Pour
parfaire le trouble du spectateur antifa, à la suite du Nouvel Obs, chacun de
voir dans la « victoire » du FN « la poussée des extrêmes en
Europe ». L’amalgame bat son plein ensuite. Grosse frayeur pour la Perfide
Albion où l’UKIP arriverait en tête avec 29% ! Il est pourtant simplement
« eurosceptique » et considère le FN comme antisémite. Le FPÖ en
Autriche avoisine les 20%, mais avec l’abstention cela masque sa dégringolade
électorale récente. Le parti populiste du Danemark ferait 27% est-ce une
majorité d’électeurs « racistes », « europhobes »[6] ou
« eurosceptiques », on ne nous le dit pas. En Grèce « Aube
Dorée » (ouvertement facho) fait 9% mais n’arrive pas à la cheville du
parti d’extrême gauche dominant, tout en lui servant de faire valoir. Aux
Pays-Bas (on ne dit plus Hollande), le parti anti-islam chute à 12%,
probablement à cause de l’attentat antisémite à Bruxelles ; en Belgique
90% de votants mais vote obligatoire comme dans n’importe quelle
« démocratie populaire » - truc belge - sinon les séparatistes
feraient la différence. En Pologne l’extrême droite antisémite fait 7% mais
c’est dans les gènes électoraux. Tout cela va servir à nourrir le cerveau
faible de nos gauchistes de gouvernement et de nos modernes ploum-ploum anars
sur une montée prévisible et résistible du fâchisme ! L’alerteur de
Neuilly-Montparnasse Joffrin donne le la aux hebdos gauchistes en déplorant la
« vague nationaliste »[7]. En
réalité lorsque la crise de la misère est vraiment là – et c’est du grand classique
en 1917 comme en 1936 – en Grèce par exemple, c’est l’extrême gauche du capital
qui se retrouve en tête des élections – le Syrisa (modèle pieux du FdG et des
trotskiens) – et n’en reste pas moins inutile et figurative, pas du tout
insurrectionnaliste![8]
PROBLEME
D’IDENTITE ET IMMIGRATION OU IMPORTATION DE BESOINS ?
Ce qui
est formidable c’est que toute la soirée télévisée s’est déroulée dans des
raisonnements et vaticinations sur des résultats de sondage, les chiffres réels
n’étant fournis qu’en fin de soirée et au cas par cas. Franchement il n’y avait
pas besoin d’organiser de telles élections puisque l’ « on » savait
déjà tout du découpage millimétré de la masse électorale !
A chaque
soirée électorale, les sondeurs continuent de sonder en temps réel, on ne sait
jamais qui, ni comment, ni avec quelle méthode – beaucoup partent à la poubelle
sans voir la lucarne télévisée s’ils sont trop troublants. Alors que le
justiciable Copé déclarait que le « peuple de France avait manifesté une
grande colère », que la girouette Bayrou sermonnait sur la
« décomposition de la politique », un sondage « chez les
électeurs du FN » nous apprenait que la question principale de leur vote
avait été l’immigration. Disparu le sondage le reste de la soirée sous
l’avalanche des élucubrations sempiternelles sur la crise, les impôts de
Hollande, le chômage et la difficulté des fins de mois (le Valls affligeant dans
son costume trop large de matelot qui s’accroche au navire qui coule[9]).
La vérité
est bien encore une fois le souci à propos de l’immigration, souci contrarié ou
sanctionné comme préoccupation « raciste » ou « idée du
FN » par tout l’appareil politique bourgeois des élites aux bénévoles
gauchistes et anarchistes. Il est vrai que comme tel le concept d’immigration
en général favorise un moralisme en général aussi des maîtres à obéir de la
pensée unique antiraciste. On peut y mettre tout et n’importe quoi. Le racisme
étant une hydre de Lerne dont on a beau coupé les têtes qui repoussent sans
cesse, l’immigration serait sa nourriture et sa forfaiture. Beaucoup
d’électeurs, et pas des plus brillants – quoique la situation d’électeur ne le
soit guère – confondent tout : voyoucratie des
« jeunes »…« suédois » et misère des clandestins, compétition
sur le lieu de travail et surexploitation des sans-papiers, liberté de
circulation et explosion des vols "roumains" à la campagne, exhibition arrogante du folklore musulman, assimilation de ce même folklore au terrorisme, etc.
Dans la
confusion régnante une chose est certaine la bourgeoisie « éclairée »
de France et d’Europe ne cache pas sa faim de la « préférence immigrée » ;
ce n’est pas pour une meilleure application des droits de l’homme que les
frontières européennes s’ouvrent grandes mais pour faire entrer un maximum de
prolétaires soumis et exploitables sans merci pour sauver l’Europe de la crise.
Cette bourgeoisie est foncièrement contre toute « préférence
nationale » à l’embauche. Ce qui fait bien rire les Américains lesquels
fonctionnent sur la base de la préférence nationale, et sont donc des alliés de
la famille Le Pen !
Cependant
s’appuyer sur cette histoire de préférence nationale n’est pas un cadeau
américain car revient aussi à diviser la classe ouvrière d’une façon classique
et à voiler la continuité du filtrage de l’immigration. Préférence nationale ou
pas, les prolétaires continueront à subir le poids de la crise bourgeoise, et
cette propagande de la part du FN en France est une saloperie de plus pour
diviser – certes plus efficace électoralement que les radotages de la gauche
caviar sur la fée croissance – mais tout aussi impuissante et fabulatrice en réalité
face aux exigences du Capital partout pour exploiter toujours plus les millions
de prolétaires de toutes races et nations. Il y avait de l’enflure à la
Ségolène Royal et des vapeurs aristocratiques à la NKM lorsque la fille Le Pen,
complètement auto-mystifiée patriote déclara en lisant le texte du BP
oligarchique : « Les français veulent maîtriser leur destin ».
Plus gnangnan tu accouches d’une souris verte.
Mais elle
a glissé un élément qui échappa à ses moralistes officiels « que les
français soient servis les premiers », et cela concerne une autre
dimension de la « préférence nationale » que tous les politiciens
professionnels et les bénévoles gauchistes font mine d’ignorer, et qui ne
concerne plus simplement le lieu de travail. Là elle est perçue non seulement
par ses vieux électeurs mais par un grand nombre d’abstentionnistes qui n’ont
pas envie d’apporter crédit à cette engeance.
La France
généreuse – qui plaît tant aux bobos irréalistes et loin des tâches ingrates –
avatar de l’Europe glamour pratique largement le favoritisme immigré, de façon
suffisamment perceptible par le citoyen de merde pour qu’il ne puisse ni s’en
plaindre ni se faire écouter. Je vais prendre un des multiples exemples que mon
questionnaire aux gens des services sociaux me fournit. Cela se passe dans un
collège de Saint Quentin. L’an dernier était « l’année
pakistanaise », cette année est « l’année syrienne », noms
qu’attribuent les employés suivant la vague d’immigrés dominante. Donc cette
année une dame parlant fort bien français mais avec un accent, se pointe au
service d’inscription du lycée.
-
Je suis venue pour inscrire mes
deux neveux.
-
Origine ?
-
Syrie.
-
Domicile ?
-
Ils sont encore dans l’avion.
-
Est-ce qu’ils parlent
français ?
-
Pas du tout.
-
Madame nous ne pouvons pas
prendre en compte cette inscription, elle n’est pas valide, il faut pouvoir
répondre positivement à un certain nombre de tests…
La femme
part alors dans une crise d’hystérie et promet de remuer ciel et terre car,
dit-elle, je devais disposer dès demain d’une inscription conforme de mes
neveux au collège et des allocations familiales qui vont avec ![10]
Devant
des centaines de guichets en Préfecture, au siège de la CAF, aux commissariats,
etc., se reproduisent de telles scènes. Voilà pourquoi le FN est
« compris » même des abstentionnistes et pourquoi votre fille est
muette. En fait ce n’est pas simplement un problème d’identité ce favoritisme
des allocs à la demande, c’est une indignation face à une provocation
journalière à toute existence – non en soi nationale – mais à tout individu qui
est obligé de se conformer aux obligations patronales et de régler impôts et
taxes avant d’exiger… sécurité sociale et minimum vital alors que d’autres
(étrangers certes)… sans histoire locale ancienne, sans justificatifs autres
que paperassiers… peuvent l’obtenir ! Le quidam n’en veut donc pas à
l’étranger mais à l’Etat qui permet cette inégalité de traitement, au nom de …
l’antiracisme et des droits de l’homme. Ce n’est même plus de concurrence entre
ouvriers qu’il est question, mais de bafouer les uns contre les autres.
De plus,
le gouvernement PS a donné des verges pour se faire battre à la veille des
élections. L’affaire Merah, qui symbolise le terrorisme criminel et accompagne les
infos distillées sur les ados « qui partent pour le djihad »,
n’allait pas contribuer à diminuer le « laxisme » de gauche sur
l’islam et les fantasmes qui vont avec. Comme l’a remarqué le brave Juppé, à la
veillée électorale, ressortir la proposition de droit de vote aux étrangers
avait tout pour plaire au FN.
IMMIGRATION UN PROBLEME ANCIEN
L’immigration
était un problème aussi au XIXème siècle, mais plus liée au phénomène des
« jaunes », et secondaire au niveau de l’intégration sociale ;
il est vrai que les colonisés n’imposaient pas leurs mosquées[11]. Voici
ce que la Seconde Internationale disait avec précaution. Le congrès de la
IIème Internationale à Stuttgart en 1907 déclarait : «Le congrès reconnaît les difficultés
qui dans de nombreux cas tombent sur le prolétariat dans un pays qui est à
un stade supérieur de développement capitaliste, à la suite de l'immigration massive de travailleurs non
organisés habitués à un niveau de
vie plus bas et des pays avec une prédominance
de culture agraire et agricole,
ainsi que les dangers qui découlent pour elle en raison d'une forme spécifique de l'immigration. Cependant, le congrès
ne croit pas qu’il faudrait empêcher des
nations ou des races particulières de l'immigration
- ce qui est également condamnable du point de vue de la solidarité
prolétarienne – et que cela
serait un moyen approprié de
lutte contre ces problèmes ».
Quelle était cette « forme spécifique de l’immigration »
qui posait problème à la IIème Internationale ? Max y répondait dans une
interview du 12 août 1871 :
« RL :
Et quelle est la nature de l’aide ?
Karl Marx : pour donner un exemple,
l'une des formes les plus courantes du mouvement pour l'émancipation, ce sont
les grèves. Autrefois quand une
grève avait eu lieu dans un pays, elle pouvait être défaite par l'importation d'ouvriers d'un autre. L' internationale
a presque fait cesser de tout cela. Elle reçoit les informations sur la grève
prévue, les propage auprès de ses membres , qui voient tout de suite que pour
eux le siège de la lutte doit être interdit localement. Les maîtres sont donc
laissés seuls avec leurs hommes de main. Dans la plupart des cas, les hommes
ont besoin d'une autre aide que cela. Leurs propres adhésion ou ceux des
sociétés auxquelles ils sont affiliés plus immédiatement leur fournissent des
fonds , mais doivent aussi lever la pression sur eux devenue trop lourde et la
grève être une de celles que l'association approuve , leurs besoins sont
satisfaits par la bourse commune . Par ces moyens, une grève des fabricants de
cigares à Barcelone a été victorieuse l'autre jour . Ils ne pouvaient pas
gagner d’un simple point de vue pécuniaire,
ils pouvaient facilement perdre . Laissez -nous résumer cela en un mot .
Les classes ouvrières restent pauvres au milieu de l'augmentation de la
richesse, misérables au milieu de l'augmentation du luxe. » (« Interview
with Karl Marx On the Importation of Labour »).
Le
problème de l’immigration dix-neuviémiste restait donc circonscrit au lieu de
travail. A notre époque – si la religion d’immigré a aussi atteint l’intérieur
du lieu de travail – la problématique s’est répandue à l’extérieur. Et personne
– même prétendus héritiers de Marx – ne se hasardent à fournir une réflexion
sur les « nouveaux problèmes spécifiques » de l’immigration ou plutôt
de certaines formes d’immigration. Grace à cette carence et lâcheté, le FN
pourra continuer à prospérer, le gouvernement à gouverner, les gauchistes à
s’agiter, les abstentionnistes à s’abstenir, les sans-papiers à crever dans leur
coin, et les chômeurs les plus bêtes à cultiver une haine recuite et
fantasmatique.
LES
ELECTEURS DU FN EXPRIMENT-T-IL UN DEGOUT DE CLASSE DU MEPRIS POLITIQUE DES
LAQUAIS POLITIQUES ?
Certes le
PS gouvernementeur tombe en dessous des 14%, pire que Rocard en 1994, mais ce
n’est pas grave, personne ne va lui ravir le pouvoir pour les trois ans qui lui
reste, vu l’état lamentable du seul challenger UMP. La continuation de la
diabolisation du FN est justement l’intérêt de cette « victoire »
pour les prochaines élections hexagonales, la rivalité PS/UMP étant de peu
d’intérêt désormais. Il ne s’agit pas non plus de tripartisme mais de la
floraison aléatoire de combinaisons multipartis qui permettront de continuer à
fractionner l’opinion mieux que l’ancienne rivalité PS/UMP. Le laquais Joffrin
tire la sonnette du prince, il faut parler aux gens pas aux « marchés »
et insuffler une dosette de patriotisme : « Le choc est terrible. Sera-t-il
salutaire ? La responsabilité, comme il est normal, incombe aux
responsables. L’Europe doit réagir en menant une politique qui parle aux
peuples plus qu’aux marchés ; le gouvernement doit s’attacher sans relâche
aux réformes qu’il a promises, tout en épargnant autant qu’il le peut la peine
des classes populaires ; le président doit incarner cette voie difficile
et donner, par le verbe et l’action, un sens aux efforts qu’il demande. La
classe dirigeante française, finalement, doit retrouver un minimum de sens
civique pour relancer une économie engluée dans la stagnation et retrouver un
semblant de patriotisme. On dira que c’est beaucoup demander. Certes. Mais sans
ces changements radicaux, le score du FN ne
peut qu’augmenter… ». Basta ! Alors que le prolétariat ne peut
s’exprimer en tant que tel qu’au moment des révolutions, les électeurs du FN
exprimeraient-ils en cautionnant cette baudruche oligarchique une désespérance,
même médiatisée et tordue, de la domination actuelle ? Christophe Boullaud
d’Atlantico, répond là aussi superbement :
« Assimiler le FN au parti de la désespérance
parait plutôt rapide et simpliste. En effet, les gens vraiment désespérés ou marginalisés au sens strict du terme ne
vont sans doute pas beaucoup voter, ils font plutôt partie des
abstentionnistes permanents qui ne participent pas à la vie électorale du pays,
parce qu'ils sont trop en marge de la société française ou du monde du travail
pour le faire. Pour voter, il faut disposer d'un minimum de ressources
sociales. Au contraire, comme tous les partis d'ailleurs, le FN mobilise des
électeurs qui ont encore envie d'aller voter, donc qui croient que cela sert à
quelque chose, qui ne sont pas désespérés ou marginalisés au sens strict du
terme, qui ont encore quelque chose à défendre, qui veulent que leur voix
compte. Pour les européennes, ce constat me parait encore plus flagrant
dans la mesure où cette élection n’attire pas justement pas beaucoup les
électeurs de manière générale: il faut avoir beaucoup d’espoir(s) dans la tête
pour aller voter, y compris FN ».
Il aurait pu ajouter : et autant d’illusions que les électeurs de
gauche pour leurs propres chevaux de bataille politicienne. Non le FN ne
représente ni ne clarifie le malaise du prolétariat face à la situation qui lui
est imposée. Il représente le repli national craintif d’une couche d’électeurs
coincés du bonnet, sans classe d’appartenance définie, mélange de vieux
poujadistes et de poignées de jeunes écervelés, plus déstructurés que laissés
pour compte. Leur focalisation sur l’immigration est plus pathologique que
raisonnée, mais cela ne signifie pas que ce sentiment ne provienne pas d’une
partie de la réalité, comme celle que perçoit l’immense majorité des
prolétaires muets, pour l’instant, face aux guichets, à l’approche des mosquées
qui génèrent tout un tas de trafic dont les grosses camionnettes sans vitrage
garées le long ne sont pas faites pour rassurer le passant quant à la tolérance
religieuse qui sait, elle parler à tous les « marchés ».
UN
SEISME PAS MAUVAIS POUR CERTAINS
La
diabolisation du barnum oligarchique de la lignée Le Pen continuera comme un
bulldozer sans réponse aucune aux problèmes réels du quotidien, avec le mépris
du gauchisme au pouvoir, le mépris des maximalistes jamais au pouvoir, etc.
Cette
élection a fait des heureux. Merckel d’abord, que Sarko prétendait traiter
d’égal à égal dans son courrier pré-électoral, elle n’a ni besoin du petit
Hollande ni du petit Sarkozy pour diriger l’Europe. Poutine est hyper content, il
pourra continuer à diviser les européistes. Quant à Washington, on se tape de
la tempête dans un verre d’eau français, même plein de vinasse, cela ne devrait
pas trop gêner le TTIP, traité de libre échange où les USA imposent leur
« préférence impérialiste » et savent se faire pardonner le viol de
la vie privée européenne par le NSA.
Concluons
du point de vue de l’émancipation qui semble bien éloignée aujourd’hui.
Marx
voyait le maintien provisoire des nations dans un cadre plus large, progressiste,
pas leur dissolution en lamentations et mascarades religieuses, patchwork de
tolérances arriérées. La marche de l’histoire procédait pour Marx et Engels
d’une unification du globe vers une existence planétaire de l’espèce
humaine : « vers une histoire universelle qui prend le pas sur
l’existence et l’histoire locales » sans détruire les spécificités
culturelles ni imposer une langue universelle. Le Manifeste communiste
précisait : « Lorsque l’antagonisme des classes, à l’intérieur des
nations, aura disparu, l’hostilité de nation à nation disparaîtra ». Les
gauchistes vous traduiront ce couplet par « lorsque l’antagonisme avec
l’immigration disparaîtra » Valls « lorsque le sursaut républicain
nous unira à vos côtés », Besancenot « Lorsque tous les immigrés du
monde se tiendront par la main », le parti bordiguiste « lorsque tous
les ouvriers ne seront plus racistes », etc. Les nations ne sont vouées à
disparaître que chez Staline et Hitler et nos démagogues gauchistes et
ultra-gauchistes modernes (et leur droit des nations à s’exploser
d’elles-mêmes). En effet par contre le Manifeste de 1848 trace encore la voie,
c’est après l’affrontement entre les classes au profit de la victoire du
prolétariat que tout pourra être réenvisagé, réfléchi, proposé par les êtres humains
libérés du carcan capitaliste. Il n’y aura pas vraiment « table rase »
comme le dit une chanson un peu ringarde, comme cette volonté des anars fachos
à la Sorbonne en 68 de vouloir détruire tous les tableaux de maître « pour
en finir avec le passé » (et que je
combattis même si on me traita de bourgeois). L’ouverture totale des frontières
ne veut pas dire la suppression de cultures ancestrales ni un nivellement
vestimentaire maoïste !
Comme je
l’ai écrit dans mon avant-dernier article, l’œcuménisme immigrationniste dominant
ne marche pas et reste sous la table à chaque élection faut pas parler de la
corde dans la maison d’un pendu. Du coup jamais on n’a autant utilisé les
histoires de « souveraineté nationale » que depuis la chute de la
maison stalinienne, parce que dans la crise mondiale la bourgeoisie ne peut
illusionner sur des solutions locales, régionales archaïques, mais a encore
besoin de « l’esprit national » pour dissoudre et embourber toute
réelle conscience de classe du prolétariat rétif à toutes les arriérations
régionalistes et communautaristes dont on lui fait subir tous les accoutrements
et prérogatives juridiques. Cette paradoxale addition d’un patriotisme
économique rêvé et du fourre-tout immigrationniste, si elle sert à paralyser
toute unité du prolétariat, ne se résoudra qu’au cours d’un prochain clash
social simultané. Les prolétaires ne vont pas palabrer entre eux de mosquées,
de femmes voilées ou du nombre de joueurs noirs dans l’équipe nationale de
foot. On va rester longtemps au niveau des pâquerettes à brouter ce qu’on nous
donne à voir et à pester contre le voisin d’à côté. Pauvre France.
Pour la fine
bouche décernons la médaille d’imbécilité à deux zigotos :
-
L’ex
premier commis Ayrault : « l’Europe doit changer », qui nous
rappelle un célèbre dramaturge allemand : si le peuple ne vote pas comme
il faut, il faut changer de peuple !
-
Le
dissident H.Gaino, ex premier cire-pompe sarkozien a refusé de dire pour qui il
avait voté c’est comme moi lorsque je vais aux toilettes je ne vous dis jamais
la couleur du pq dont j’ai fait usage.
ANNEXE :
LE TEXTE DE 1907
1907 Stuttgart Conference 2nd International
The congress declares:
The immigration and emigration of workers are
phenomena that are just as inseparable from the essence of capitalism as
unemployment, overproduction and workers’ underconsumption. They are often a
way of reducing the workers’ participation in the production process and on
occasion assume abnormal proportions as a result of political, religious and
national persecution.
The congress does not seek a remedy to the potentially
impending consequences for the workers from immigration and emigration in any
economic or political exclusionary rules, because these are fruitless and
reactionary by nature. This is particularly true of a restriction on the
movement and the exclusion of foreign nationalities or races.
Instead, the congress declares it to be the duty of
organised labour to resist the depression of its living standards that often
occurs in the wake of the mass import of unorganised labour. In addition the
congress declares it to be the duty of organised labour to prevent the import
and export of strike-breakers. The congress recognises the difficulties which
in many cases fall upon the proletariat in a country that is at a higher stage
of capitalist development, as a result of the mass immigration of unorganised
workers accustomed to lower living standards and from countries with a
predominantly agrarian and agricultural culture, as well as the dangers that
arise for it as a result of a specific form of immigration. However, congress
does not believe that preventing particular nations or races from immigrating -
something that is also reprehensible from the point of view of proletarian
solidarity - is a suitable means of fighting these problems. It therefore
recommends the following measures:
I. For the country of immigration
1. A ban on the export and import of those workers who
have agreed on a contract that deprives them of the free disposal over their
labour-power and wages.
2. Statutory protection of workers by shortening the
working day, introducing a minimum wage rate, abolishing the sweat system and
regulating home working
3. Abolition of all restrictions which prevent certain
nationalities or races from staying in a country or which exclude them from the
social, political and economic rights of the natives or impede them in
exercising those rights. Extensive measures to facilitate naturalisation.
4. In so doing, the following principles should
generally apply in the trade unions of all countries:
(a) unrestricted access of immigrant workers to the
trade unions of all countries
(b) facilitating access by setting reasonable
admission fees
(c) the ability to change from the trade union of one
country to another for free, upon the fulfilment of all liabilities in the
previous union
(d) striving to establish an international trade union
cartel, which will make it possible to implement these principles and needs
internationally.
5. Support for trade union organisations in those
countries from which immigration primarily stems.
II. For the country of origin
1. The liveliest trade union agitation.
2. Education of the workers and the public on the true
state of the working conditions in the country of origin.
3. An active agreement of the trade unions with the
unions in the country of immigration for the purpose of a common approach
towards the matter of immigration and emigration.
4. Since the emigration of labour is often
artificially stimulated by railway and steamship companies, by land speculators
and other bogus outfits, and by issuing false and scurrilous promises to the
workers, the congress demands:
l The monitoring of the shipping agencies, the
emigration bureaus, and potentially legal or administrative measures against
them to prevent emigration being abused in the interests of such capitalist
enterprises.
III
Reorganisation of the transport sector, especially
ships; the appointment of inspectors with disciplinary powers, recruited from
the ranks of unionised workers in the country of origin and the country of
immigration, to oversee regulations; welfare for newly arrived immigrants, so
that they do not fall prey to exploitation by the parasites of capital from the
outset.
Since the transport of migrants can only be
statutorily regulated on an international level, the congress commissions the
International Socialist Bureato develop proposals to reorganise these matters,
in which the furnishin gs and the
equipment of ships must be standardised, as well as the minimum amount of
airspace for every migrant. Particular emphasis should be placed on individual
migrants arranging their passage directly with the company, without the
intervention of any intermediate contractor.
These proposals shall be passed on to the party
leaderships for the purposes of legislative application and for propaganda” l
[1] En réalité, si la
proportionnelle s’appliquait à l’Assemblée nationale actuelle, on se
retrouverait avec 56 députés EELV + FdG et 85 du FN ! Encore plus
d’abrutis politiques inutiles à supporter !
[2] Deux personnages intelligents
seulement au cours de la soirée bidonnée. Hubert Védrine, solide huile de la
bourgeoisie internationale, souligna que le plus grave reste le taux faramineux
d’abstention, que le fédéralisme ne marche pas ; nullement étonné du
résultat il ajouta « il faut sortir du mépris ». Luc Ferry,
pro-Europe, livra une réflexion intéressante, jamais approfondie nulle
part : « on n’a jamais réussi à reconnaître que le lieu d’exercice de
la démocratie restait la nation » et « en termes de solidarité
(sécurité sociale et éducation nationale) la facture reste nationale »
Plus tard un autre observateur intelligent dit : « que peuvent faire
mutuellement un ouvrier italien, un employé allemand et un électeur français
dans cette Europe cloisonnée »…Je réponds : tant que domine la
bourgeoisie « représentative » : rien !
[3] Pauvre justification pour les caciques éplorés
du PS gouvernementeur, l’Ukraine : « où la démocratie s’est
exprimée ». En réalité si le roi du cacao, l’oligarque corrompu Porochenko
a été élu parce que… déjà corrompu en réalité l’enthousiasme populaire pour
cette élection partielle, après le coup d’Etat US, a été nul ; Timochenko
est allée se rhabiller après avoir abandonné sa fausse tresse de paysanne
slave.
[4] Exemple de sondage truqué,
exagérations et fabrications incluses: « « L'analyse d'Eric Bonnet, directeur
d’études politiques à BVA. "La victoire du FN engendre la défaite de
l’UMP".Sans surprise, c'est chez les jeunes et les
catégories populaires que le Front
national fait ses
meilleurs scores. De ce point de vue, les élections européennes de dimanche
confirment les tendances
observées au fil des scrutins des dernières années. Chez les
moins de 35 ans, le parti de Marine Le Pen
obtient 30 % des voix, soit 5 points de plus que son score moyen à l'échelle
nationale, selon Ipsos-Steria.
Il peut d'autant plus se prévaloir d'être un parti « jeune » qu'il obtient chez les plus âgés un
résultat inférieur à son résultat global : 21% des plus de 60 ans ont voté
dimanche pour le FN. A l'inverse, l'UMP apparaît
plus que jamais comme le parti des seniors : il obtient 25 % des suffrages chez
les plus de 60 ans, soit 5 points de plus que son score national. Seulement 15%
des moins de 30 ans ont apporté leurs voix au PS ce 25 mai. Pour François Hollande, qui
avait promis en 2012 de faire de la jeunesse la « priorité » de son
quinquennat, c'est un sérieux camouflet. Au sein de l'électorat populaire, le
parti d'extrême droite fait un tabac
(sic !). Dimanche, 38 % des employés et 43 % des ouvriers lui
ont apporté leurs suffrages (sans blagues, pas les artisans ni les maîtres
d’hôtel ?). La gauche, sur ce qui constitue historiquement son cœur de cible,
est laminée : seulement 8% des ouvriers et 16% des employés ont voté PS aux
européennes. Contrairement à ses espérances, le Front de gauche ne
bénéficie pas de la déception suscitée au sein de cet électorat par la gauche
de gouvernement : seuls 5% des employés et 8% des ouvriers ont voté, dimanche,
pour le mouvement de Jean-Luc
Mélenchon ». Or, facile à décrédibiliser le sondage fabriqué,
qu’en pensent le secteur majoritaire des plus de 60% d’abstentionnistes ?
Un sondage pourrait-il nous le dire ?
[5] Les deux couches qui participent le plus aux
élections sont au niveau national : les vieux et les diplômés bobos. Le
Front de Gauche, avec son chauvinisme de clocher antiraciste, avec la même
idéologie de base que le PS et les gauchistes (tendance angélique et mystique)
ne ramasse comme les écolos, que la couche en rétrécissement des bobos
diplômés. Les ouvriers français se sentent étrangers à ce langage dépassé et
irréel et aussi les immigrés qui, lorsqu’ils ont le droit de vote, préfèrent
voter massivement Ennahda.
[6] Variété d’islamophobes !
[7]
« La
France, homme malade de l’Europe… Jusqu’ici, on employait cette expression pour
caractériser – de manière polémique – la situation économique du pays. Depuis
le résultat de ce dimanche, elle désigne aussi sa situation politique. La vague
nationaliste qui frappe le continent trouve dans notre pays, avec le Front
national, son expression la plus agressive.
C’est un parti anti-européen, anti-immigration, décidé à rétablir la
peine de mort, qui veut déchirer les traités sur le droit d’asile, rejeter les
accords de Schengen sur la libre circulation et fermer les frontières qui vient
d’arriver en tête d’un scrutin national. Cet événement considérable macule
d’une tache brune la réputation de la France dans le monde ; il jette une
lumière crue sur la santé de notre société ». Et sur l’indigence
politique du futur licencié de l’OBS,
membre des cercles francs-macs les plus puants.
[8]
Inutile parce qu’il ne peut pas trouver d’alliés pour gouverner laissant ainsi
l’électeur gauchiste bredouille comme d’ordinaire. Lire l’excellent texte de
Christophe Boullaud sur Atlantico sur le mythe du revival facho : « Les diagnostics
qu'on peut voir ici ou là selon lesquels les bons résultats du FN aux
municipales et maintenant aux européennes témoigneraient d'un retour du
fascisme que ce parti incarnerait sont erronés. Si l'on ne peut nier que ce
parti se situe à l'extrême droite de l'échiquier politique français,
l'utilisation du terme de fascisme à propos du FN ne correspond pas à
grand-chose. La victoire mutilée dont se plaignaient les fascistes italiens de
1919-1922, les aspirations à la grandeur impériale de l'Italie dans les années
1930, l'antisémitisme d'Etat de l'Italie d'après 1938, les rancœurs des
combattants de la cause perdue de la République de Salo (1943-45), qu'est-ce
que cela a à voir avec le FN français des années 2010 ? Pas grand-chose, sinon
la flamme du symbole du FN qui s'inspire de celle des néo-fascistes du
"Mouvement social italien" (MSI) des années 1946-1995. Plus
généralement, les conditions historiques qui ont produit le phénomène fasciste
au sens large en Europe entre 1890 et 1940 et qui n'a pas épargné la France
n'ont rien à voir avec la situation de l'Europe d'aujourd'hui, en particulier
parce que le fascisme historique se conçoit entre autres comme une
contre-attaque contre un mouvement ouvrier alors sur la pente ascendante,
mouvement organisé par les syndicats de la classe ouvrière, les socialistes et
les communistes. Aujourd'hui, le FN prétend venir au secours des classes
populaires, des ouvriers, des petits, des sans-grades, comme aurait dit
Jean-Marie Le Pen, alors même que ces derniers voient leur poids politique
diminuer d'année en année dans la société française et européenne en voie de
désindustrialisation. L'ambiance est pour le moins un peu différente.
Hénin-Beaumont en 1936 n'est pas Hénin-Beaumont en 2014. Pour ne pas parler de
l'idéalisme nationaliste d'alors, dont les échos d'aujourd'hui font plutôt pâle
figure ».
[9] Il nous ressortit avec les radotages hollandiens sur la
croissance (excroissance du discours socialo impuissant au pouvoir) les mêmes
banalités misérables que le CCI : « le rejet de l’autre n’est
pas la solution », prenant lui aussi comme les bobos ultra-gauches, les
prolétaires pour des cons à moraliser… philosophiquement.
[10] Si elle avait été d’une bonne
famille libanaise, il lui eût suffi de téléphoner au clan Chirac pour obtenir
dès le lendemain les allocations familiales dûes automatiquement à tout
étranger « en famille » (ah la bonne grosse Leonarda , chérie des
lycéens gauchistes, qui promet de revenir avec le pater sous un faux
nom !) arrivant en France , quoique
cette source de revenu soit interdite
pour tout français ou immigré paupérisé ou endetté et seul !
[11] L’immigration concerne alors les mutations sur
le lieu de travail, voici ce qu’en dit Marx dans Das Kapital :
« Des
circonstances particulières favorisent l'accumulation tantôt dans telle branche
d'industrie, tantôt dans telle autre. Dès que les profits y dépassent le taux
moyen, des capitaux additionnels sont fortement attirés, la demande de travail
s'en ressent, devient plus vive et fait monter les salaires. Leur hausse attire
une plus grande partie de la classe salariée à la branche privilégiée, jusqu'à
ce que celle-ci soit saturée de force ouvrière, mais, comme l'affluence des
candidats continue, le salaire retombe bientôt à son niveau ordinaire ou
descend plus bas encore. Alors l'immigration des ouvriers va non seulement
cesser, mais faire place à leur émigration en d'autres branches d'industrie. Là
l'économiste se flatte d'avoir surpris le mouvement social sur le fait. Il voit
de ses propres yeux que l'accumulation du capital produit une hausse des
salaires, cette hausse une augmentation des ouvriers, cette augmentation une
baisse des salaires, et celle-ci enfin une diminution des ouvriers. »
(Marx Le Capital livre premier)