Quai de la racaille à Aubervilliers: le tagueur "insoumis" n'a pas eu le temps de finir. |
« Une
opposition sans frein sombrerait dans la platitude. Les entraves
l'obligent à être spirituelle , et c'est là un très grand
avantage ». Goethe
Jeudi 22
gare ! Grève nationale des énergéticiens (ex EDF mais
néanmoins toujours EDF), « journée entreprises mortes »1.
Cela ne vous rappelle-t-il pas des souvenirs du temps passé ?2
Les médias ne vous ont pas informé ? Si si c'est la corpo EDF
qui ouvre le défilé post-bals électoraux. On va voir ce qu'on va
voir, du reste quelques coupures de jus ! C'est à dire pas
grand chose ; la grève corpo a du bon, comme me l'ont confirmé
mes ex-collègues musulmans, il n'est pas proscrit de faire grève
durant le ramadan. Bonne chose que la religion n'interfère pas sur
le « terrain de classe » (étant un vieux révolutionnaire
je m'excuse auprès des jeunes prolétaires incultes d'user de ce
langage ringard, deux fois désolé car ils ne trouveront pas la
définition sur wikipédia ni dans le guide illustré du petit
syndicaliste3).
Gageons que
le « tribun de la gauche radicale » Mélenchon et le
« dormeur debout » Ruffin seront invités à trôner en
début de défilé parisien4.
Y aura-t-il un rajeunissement syndical par après ? Une
macronisation juvénile du syndicalisme, voire aussi juvénale que le
profil politique de la nouvelle majorité si minoritaire (elle n'est
élue que par 16% des électeurs inscrits). Allons-nous assister à
un renouvellement des avant-gardes et cadres syndicaux pour les
nouvelles balades syndicales « en marche » ? De
jeunes permanents viendront-ils aux « marches syndicales »
remplacer les vieux coucous inertes qui tapent le carton dans les
locaux aristos pendant que les ouailles défilent avec pétards et
calicots ? Remplaceront-ils le pastaga ouvrier par le joint
bobo ?
Le permanent
syndical demandera-t-il à être désormais rétribué au SMIC et
révocable s'il ment une seule fois à l'AG des syndiqués ?
Des
inquiétudes planent sur l'aura du syndicalisme made in France. Bien
qu'ultra minoritaire dans le privé et très planqué dans le public,
le personnel syndical se fait des cheveux blancs au propre comme au
figuré. Pensez l'ignoble nouvel occupant de l'Elysée, prévoyant
d'imposer des négos et les licenciements branche par branche, ne
va-t-il pas dessécher totalement le discours syndical corpo à
vocation nationale ? Quand, naguère tout gréviste stalinien ou
trotskien se prenait pour l'hydre de la révolution, comme le bon
Lénine le leur avait suggéré, persuadé qu'il était au fond du
plus petit bled de son entreprise riquiqui qu'il était à
l'avant-garde de la grève générale5.
Voire insurrectionnelle si la FA et les bordiguistes fournissent les
armes.
N'allons pas
trop vite pour les marches syndicales à venir, ou même la remise en
marche d'un syndicalisme si atone pendant les cycles électoraux, les
lampions de l'olympisme électoral franchouillard patriotique ne sont
pas complètement éteints. Je n'avais pas bien compris, dans mon
article précédent, l'intérêt des DJ des médias de nous barber au
terme de l'ultime semaine électorale avec cette antique affaire
Grégory ; la réponse était fournie pourtant dans ces curieux
commentaires prévoyant si bien une nouvelle forte abstention :
elle était encouragée: le fait divers, celui-là ou un autre, FAIT DIVERSION ! Mais oui et je dirai même diversion
sponsorisée. Vous avez la mémoire bien courte ! bien longtemps
avant la révolution macronesque, dans notre pays médiéval
sous-libéral tous les abbés et prélats de la gauche profonde nous
promettaient l'enfer et nos fesses rougies au fer incandescent :
s'abstenir c'était favoriser le diabolique FN ! Las, avec nos
brillants formateurs d'opinion : que nenni ! L'abstention
s'avérait un dopage très positif pour la « révolution
macronesque en marche », permettant une victoire odieusement
majoritaire avec une minorité de connards d'électeurs du futur
dictateur destructeur de toute loi humaine du travail !
Lors de son
premier commentaire à la fin du carnaval, l'austère Edouard
Philippe, ci-devant premier ministre avec son maintien raide de
caporal chef, avec ses boutons de manchettes sophistiqués aux trois
couleurs patriotiques et qui ravissent les pigistes de l'OBS, fit peu
de cas de cette abstention. En réalité il s'en branlait comme de
ses premiers boutons de manchette. Bof, pensait-il : « aux
States ils gouvernent à chaque fois avec plus de la moitié de la
population qui s'abstient ! Et puis les abstentionnistes, ces
couillons, ils n'ont qu'à la fermer... »
Pauvres cons
d'abstentionnistes, plus que l'électeur lambda n'est-ce pas ?
ne les voilà-t-il pas « récup » à leur tour par le
Lénine du pauvre, le Robespierre des « gens », le
dompteur du tigre de papier PCF : ce sacré tribun patriotique
du peuple, le Mélenchon qu'est allé fout' la pâtée à
Menucci-la volaille socialo, bien plumée à Marseille ! A défaut d'avoir pu
éradiquer la blondasse raciste des alcooliques du nord.
Plus
majoritaire en fait que les minorités macronesques, interrompant
sans vergogne le bla-bla des chefs de plateaux de BFM, le grand homme
- « tribun de la gauche radicale » - devenu enfin député
en costard simplement mao (sans cravate macroneque ni boutons
louis-philippard) éleva la voix pour expliquer l'engagement civique,
voire grévegénéraliste, de « notre peuple » :
« L’abstention écrasante
qui s’est exprimée aujourd’hui a une signification politique
offensive », « notre
peuple est entré dans une forme de grève générale civique ».
Laissons un journaliste compléter : « Pour le tribun de
la gauche radicale, la « majorité
boursouflée » de la formation
d’Emmanuel Macron n’a pas « la
légitimité pour perpétrer le coup d’Etat social qui était en
prévision ». Et d’appeler le
président de la République à organiser un référendum sur sa
réforme du droit du travail ». Le « tribun du peuple »
ajouta qu'il postulait désormais pour précéder toutes les manifs
avec le drapeau tricolore : « Le
peuple français (…)
nous a désignés pour dorénavant porter devant le fanal du
combat ». C'est
en effet le mandat qu'il a reçu des millions d'abstentionnistes.
De
drôles d'insoumis : Dom Quixote de la Mélencha et Sancho Ruffa
A son QG de
campagne de la « France insoumise », au bled de
Flixecourt, en contrebas de l'A16 près d’Amiens, François Ruffin,
dit Ruffa, roi des bobos parisiens et père putatif des « nuits
debout », s’est félicité de sa victoire députationnelle
« par et pour le peuple »
avant d'engager ses spectateurs benêts, sous les applaudissements, à
« partir en manif » (le régime
antidiabétique parfait pour joggeur gauchiste).
« Si on veut que le pays change, ça
s’est passé un peu dans les urnes aujourd’hui mais ça va se
passer dans la rue demain », a averti
les puissants le nouveau député ou le nouveau député qui en a
ainsi avisé les puissants.
Il y a du
fakir dans la trajectoire de Sancho Pença dit Ruffa, voire de la
magie vu ses trois promesses « révolutionnaires » de
campagne électorale bourgeoise ; la première : toucher le
Smic (1.480,27 euros brut), soit près de cinq fois moins que ses
collègues qui gagneront 7.185,60 euros brut par mois (sans compter
tous ceux qui ont été étendus sur matelas Dunlopillo et
continueront à percevoir la même alloc chômage de député durant
trois ans seulement les pauvres. Il n'est pas dit s'il reversera la
différence au FdeG (qui pompe ses élus comme le PCF de naguère,
cf. bisbilles à Grenoble) et qu'on lui laissera les reverser à de
quelconques « œuvres charitables » ; la bonté
obséquieuse a des limites que Dom Mélenchon ne saurait tolérer !
Deuxième :
avoir un mandat révocable ! Bien bien... disent les spectateurs
anarchistes épatés, les yeux brillants des images de la démocratie
communarde !6
Et Sancho ajouta : "Si 25% des inscrits de ma
circonscription souhaitent que je dégage, eh ben je m'en irais."
Petit problème, comment Sancho pourra-t-il retrouver ses électeurs
qui en principe votent sous le sceau du secret isoloir en tant que
« gens » (comme dit Dom Mélenchon), voire les réunir ce
qui serait les balancer à la police macronesque ? Sans compter
que ses opposants (du candidat battu) sont sûrs de le révoquer
puisqu'ils sont déjà plus de 34% !
Troisième :
à propos de la réserve parlementaire, que le projet de loi de
moralisation de la vie publique prévoit de supprimer, il a prévenu
que si elle était conservée, il la ferait "gérer par un jury
populaire tiré au sort" :"Ce sont des dizaines voire
une centaine de militants qui ont arpenté les villes, les villages
et qui, au porte-à-porte, sont allés arracher les gens, non pas au
vote Macron puisqu'on savait que, dans le coin, les gens ne voulaient
pas de ça, mais simplement sont allés les arracher à l'abstention,
à la résignation, à l'écœurement", a-t-il expliqué.
S'agira-t-il
de corps populaires « patriotique », milices armées
façon Mao ou LO ? Des escouades de militants bobo-gauchistes
voire islamo-gauchistes vont-ils aller incendier la résidence
secondaire de tel salaud de réserviste parlementaire ? Les "gardes rouges" ruffinesques ne vont-elles pas se retourner contre leur (pauvre) petit fakir s'ils s'aperçoivent que malgré un salaire de député au SMIC il dispose d'une réserve "artistique" de scénariste en plus d'un discret revenu d'intermittent des "gens" du spectacle (en tous genres)?
Le derviche Sancho Ruffa
ne va-t-il pas griller la politesse à Dom Mélenchon ? Tant
l'exorde journalistique est boursoufflée : « Son entrée
à l'Assemblée nationale pourrait (déjà) avoir des airs de petite
révolution. François Ruffin, emblématique journaliste et
documentariste césarisé pour son très remarqué "Merci
patron ! ", a été élu dimanche député
de la 1ère circonscription de la Somme, avec 56% des voix.
Vous voyez
combien Goethe avait raison dans mon exergue, Mélenchon et Ruffin,
bien que ultra-minoritaires, salués comme « grandes gueules »
vont servir à légitimer une assemblée pas du tout légitime et
tenter de réinventer la courroie de transmission syndicale7, comme Sancho le susurre à moustache CGT et Poutou
NPA :"Si on ne trouve pas des voix pour porter nos paroles
à l'intérieur de l'Assemblée nationale, si c'est un bloc
monolithique qui avance avec ses lois, sûr de soi, dominant, eh
bien, c'est à l'extérieur de l'Assemblée nationale » que ça
se passera."
C'est pas
gagné l'impact et la durée de ce parti morpion « France
insoumise ». Le free lance Ruffin risque d'avoir une carrière
aussi brève que le Tapie, il refuse déjà de cotiser et a pas signé
la charte d'engagements prévoyant, entre autres, la discipline de
vote. Fier à bras, Sancho a confirmé qu'il voterait "en (son)
âme et conscience, en toute indépendance, c'est ce que j'ai assuré
aux électeurs". "Je pense qu'il n'y a pas besoin de
discipline quand on est d'accord sur l'essentiel". Caméléon à
tout faire ou girouette sans avenir, Ruffin n'est pas fini. Il ne va
pas longtemps bluffer « les gens » comme il en a tant
bluffé avec son journal provincial bourré d'infos erronées ou
inventées.
La politique
bourgeoise est usée mais ses comédiens politiques sont très mités.
NOTES
1http://cgtparis.fr/spip.php?article3067
2Par
exemple les successives et invariantes misérables « villes
mortes », et les « JA » secteur par secteur ?
3Ou
alors tapez : terrain de classe et ajoutez « révolution
internationale », vous verrez que le terme est très usité
par le groupe CCI et qu'il signifie : les grèves, les
manifestations ouvrières, les réunions (rares ou disparues) de
quelques minorités politiques maximalistes... voire, mais au niveau héroïque, les lieux investis
par le prolétariat lorsqu'il fait la révolution, ce qui fait que
le terrain de classe devient les places publiques, les avenues, le
palais de Tauride, l'institut Smolny, etc. Demain après la prise
d'armes l'actuel parlement en bord de Seine (qu'on nous promet torride avec les potes de Dom Mélenchon), le parc du Luxembourg, le dôme du Conseil économique et social, etc.
4Depuis
la disparition des grands clowns du PCF, dans les boites frappées
de fermeture sauvage, on se contente d'attirer l'attention des
médias en laissant venir parader (ou en les démarchant) des
figurants de moindre envergure parlementaire : les Besancenot,
Poutou, Arthaud et Mélenchon, quoique ce dernier soit en passe
d'être starisé à défaut d'être stylisé comme le fût le
mémorable Marchais, dont la gouaille était certes moins cultivée
que le vieux trotskien recyclé socialo et « porte-parole des
gens ». Mais si comique.
5Il
vient de sortir un bon petit livre d'une jeunette sur l'histoire du
grand soir, que j'ai déjà signalé dans la colonne de droite de ce
blog ; malheureusement, malgré une étude très documenté la
jeune auteure est incapable de nous expliquer d'où vient
originellement cette formule « grand soir » qui est
généralement accolée à ce grand mythe foireux de « grève
général »... pour le jour J ou R de la révolution.
6L'éligibilité/révocabilité
immédiate est un acquis de toutes les grandes révolutions
prolétariennes, Sancho le sait mais se moque du monde et surtout du
prolétariat, il n'est qu'une variante de poseur d'estrade bourgeois
qui veut embobiner les gens (pour reprendre le terme de son chef de
tribu) : « Moi je vous propose d'être le porte-parole
des petits et des moyens contre les gros. Il faut aller voter parce
que les riches, eux, ils oublient jamais de voter pour défendre
leurs intérêts ». Bla-bla anti-marxiste mais surtout grand
n'importe quoi, les riches n'étant qu'une minorité infime et ne
pesant nullement par leur vote dans le cadre truqué de
l'électoralisme bourgeois ! Ce bateleur de foire nouveau-né,
mais mort-né pour toute crédibilité politique, ne voit même pas
que la plupart des « gens » le prennent pour ce qu'il
est : un imbécile nouveau ou imbécile utile... au système.
7Cf.
l'article dithyrambique de l'OS, page grands formats. Un petit coup de pouce a été donné à "France insoumise" par l'argumentaire journalistique se plaignant d'une absence d'opposition à la vague "en marche", un certain nombre de mes ami(e)s ont cru bon d'aller apporter leur obole à Dom Mélenchon et à Sancho Ruffin...