« Les français sont des
veaux ». Charles De Gaulle
Au début de l’an
passé j’étais allé à Amiens participer à un court métrage pour Arte dans un
vaste duplex de vendeur de motos, avec salle de mariage et bistrot au rez-de-chaussée.
Quelques jours auparavant le magasin des grosses cylindrées avait fait l’objet
d’une attaque armée en bande organisée pour faucher quatre ou cinq engins
devant les clients médusés et terrorisés. Un des braqueurs avait été renversé
par un client et n’avait pu s’enfuir avec la moto volée. Le malfrat avait été
blessé. Cela faisait la deuxième fois qu’un tel braquage avait lieu au même
endroit. Croyez-vous que le propriétaire du magasin ait été considéré comme
victime ou disposé d’une indulgence de la « justice » ? Non
mieux, il nage dans les emmerdements à répétition, il est poursuivi depuis des
mois comme coresponsable des blessures du malfrat, lequel a bien sûr dûment
porté plainte en tant que « citoyen » agressé.
Toute
ressemblance avec le politicien Paul Bismuth comme avec gangster Chirac serait
inconvenante. Pourtant couvert de soupçons pour diverses affaires obscures d’Etat
l’ancien président de la République, que vous avez reconnu sous son pseudo riquiqui,
porte plainte au nom d’une atteinte « aux principes sacrés de notre
République… foulés au pied avec une violence et une absence de scrupule sans
précédent ». Il dénonce dans sa lettre « Que je t’explique aux
français » que « le droit au respect de la vie privée (est) bafoué
par des écoutes téléphoniques (désacralisant) la présomption d’innocence »
avec une « calomnie érigée en méthode de gouvernement » et une
justice « instrumentalisée par des fuites opportunément manipulées » ;
il ajoute une info intéressante : « les seuls détenteurs (des
écoutes) en sont les juges ou les policiers » ; il lance une pique à
la bande de ses successeurs à la tête de l’Etat bourgeois : ce sont des
pratiques dignes de la Stasi ! Il déplore enfin d’occuper une « place
de choix au mur des cons » du syndicat (gauchiste) de la magistrature !
C’est lui qui l’a dit, c’est lui qui l’est !
Emotion et
indignation subite des occupants actuels du gouvernement et de leurs larbins
journalistes du Monde au Nouvel Obs ! A deux jours des municipales Renaud
Dély, ponte du Nouvel Obs, ironise : « c’est l’appel au secours de
Paul Bismuth à ses supporters ». « Les mauvais arguments de Nicolas
Sarkozy », et de nous rappeler que Sarkozy a été le champion de l’expansion
des écoutes parallèles et secrètes depuis 2004. Soit.
Le justiciable
Sarkozy a en grande partie raison pourtant, nonobstant qu’il se sent
notoirement bien protégé contre toute sanction pour ses malversations avérées.
Il a été apparemment blanchi dans l’affaire Bettencourt, ce qui est très
curieux ; le public doit rester dans l’ignorance du véritable deal entre
fractions bourgeoises. Ils savent tous mutuellement les limites à ne pas
franchir car ils possèdent tous des dossiers « compromettants » les uns
sur les autres ; celui qui n’a plus cette armure est mort (cf. Boulin).
Sarkozy fait bien sûr piètre figure en jouant à la victime qui de président
anormal exige désormais d’être considéré comme un citoyen « normal »
(sic versus son pingouin en poste), comme notre voleur de moto se considère
comme un citoyen normal qui a été injustement blessé en faisant son boulot de
truand patenté. D’ailleurs flics apaches, supporters fanatiques volent au
secours du « soldat Sarkozy » sans frémir. Résumé des souteneurs
vertueux : « Courage monsieur Sarkozy !!! On attend avec
impatience votre retour en 2017 (…) je crois en votre sincérité (…) Ne lâchez
rien (…) Je suis révoltée par le traitement que TOUS vous infligent ainsi qu’à
votre famille depuis des années (…) Pour votre courage Monsieur Sarkozy je vous
soutiendrez toujours ». Quelques sincères croyants en la gauche immaculée
s’immiscent tout de même entre les courbettes des barbouzes anonymes du Figaro
ou du Point : « Comme un petit malfrat, Sarkozy se mue en Paul
Bismuth pour tromper la justice et la police. Il se croit à l’abri. Les
enquêteurs l’attrapent. Il est informé par une taupe (probablement du barreau)
et fait griller la puce Bismuth. Les juges sont obligés de faire des
perquisitions en catastrophe. Cela dit tout de l’état de déliquescence de la
droite décomplexée ».
UN FEUILLETON
MINABLE DES FACTIONS BOURGEOISES
On prédit un
fort taux d’abstention important dans la jeunesse face aux rivaux petits
politiciens locaux sans parler de la désaffection avérée des prolétaires pour
ces jeux d’arrivistes aux petits pieds municipaux, incontrôlables une fois élus
comme leurs compères de la hiérarchie parlementaire et sénatoriale. La mère Le
Pen apparaît si peu crédible que la chaîne de la droite caviar BFM en fît des
tonnes pour la mettre au premier plan : au moins quand ces stupides
électeurs votent FN, ils valident la mystification électorale bourgeoise !
Sarko dans sa
lettre de victime éplorée de menteur professionnel (et de président des riches)
a aussi raison de dire que la principale préoccupation des français (de base)
est le chômage ; il aurait pu ajouter que la Syrie et l’Ukraine sont bien
autrement plus préoccupants que des secrets d’alcôve sans intérêt qui
confirment la brutalité et le cynisme des dominants.
Pourquoi ai-je
dit donc que Paul Bismuth a en partie raison dans sa défense pro domo ?
Certes comme une vulgaire racaille il a cru que se servir d’un téléphone à 25
euros acheté à Auchan avec son avocat et ses taupes le protègerait des grandes
oreilles de l’Etat mais, outre qu’il pratiquait la même surveillance
généralisée (et que les services spéciaux à ses ordres ont aidé au mieux la
consoeur américaine à achever DSK), ce sont les mêmes pratiques de la part du
gouvernement Hollande qui a agi en sa défaveur avec des couacs risibles de la
part de ses ministres « inexpérimentés ».
Premier exemple
de la filouterie hollandesque : l’affaire Buisson. Le brillant écrivain
monarchiste P.Buisson (cf. son livre « 1945 années érotiques ») s’est
fait pincer lui aussi comme un gamin[1].
On a épilogué sur qui avait servi aux médias les écoutes personnelles de ce
monsieur conseiller, dûment rétribué par la sarkozie, était-ce le fils prodige
ou un concurrent malveillant ? Tout le monde oublia le compte-rendu journalistique
sur le moment de la saisie par la police des enregistrements félons lors de la
perquisition au domicile du récipiendaire qui se rêvait nouvel Attali
mémorialiste de chef d’Etat ou nouveau Jean-Raymond Tournoux best seller. Or,
comme de coutume, c’est bien la police aux ordres qui a transmis aux organes traditionnels
à barbouzes Le Canard Enchaîné, Le Monde et Médiapart. « Violation de
secret de l’instruction » ? Qui peut avaler cela ?
La pratique est
courante pas seulement chez les dictatures méchantes ; police et magistrature obéissent au doigt et à
l’œil aux occupants successifs de la tête de l’appareil d’Etat. La faction de
gauche - qui préside aux grandes oreilles à son tour, à une époque où le NSA
américain contrôle le monde entier avec la complicité des services secrets de
chaque nation occidentale, - n’allait pas se gêner pour clamer son… innocence,
les mains pleines.
Conclusion
naturelle. Le secret du pouvoir a toujours résidé dans la surveillance de la
population, en entreprise comme au niveau du sommet de l’Etat. Jadis c’était le
mouchardage, mais désormais le pouvoir moderne avec les mille ressources de la
technologie et de l’informatique, peut écouter et surveiller à volonté à
distance sans augmenter les effectifs policiers ni leurs rétributions. Les
opérateurs de télécommunication privés sont les premiers instruments d’Etat pour
démolir une réputation, permettre de pister des criminels et des terroristes
certes mais surtout planifier d’efficaces campagnes idéologiques pour régler
les comptes entre factions rivales de la bourgeoisie et abuser le bon
prolétariat. L’avantage restant à la faction qui est aux commandes des manettes
policières. La faction de droite est à la peine au point de se rabattre sur le
vieux cheval Juppé (gaullien) pour limiter les dégâts. Le résultat des municipales
ne renversera pas l’Etat aux grandes oreilles. Et Sarkozy peut aller aux
champignons avec sa Bernadette éplorée et son Copé truqueur.
[1] Les factions dites d’extrême
droite font toujours partie des conciliabules opaques de l’appareil d’Etat.
Mitterrand et Chirac ont toujours
disposé de conseillers dans les divers milieux
du gauchiste parvenu Kouchner à Le Pen lui-même (cf. ses rencontres secrètes
avec Le Pen où chacun délimite son territoire de mystification). Souvent plus
au fait de la réalité sociologique et des fantasmes en milieu populaire, les
conseillers d’extrême droite, vieux monarchistes ou féodaux de l’industrie,
sont souvent plus à même d’analyser les mystifications qui fonctionnent à plein
rendement et qui échappent à la pensée
vertueuse des intellectuels de gauche qui se gargarisent d’humanitaire de salon
et de multiculturalisme confusionniste.