MORALE DE CADAVRE
rectifications brouillonnes
d’un ANTIFASCISME OUTRAGEANT
Protocolairement Sarkozy a réussi un joli coup le 14 février pour botter en touche face non seulement à son lynchage soigneusement programmé mais au coup de poignard du SMS tordu. La meilleure défense est l’attaque comme chacun sait. Refiler
« En écoutant ces gens à qui on permet de parler en public, j’ai compris qu’ils n’osent ou ne veulent dire que ce qui convient à ceux qui commandent, et que payés par le fort pour prêcher le faible, ils ne savent parler au dernier que de ses devoirs, et à l’autre que de ses droits ».
D'après le Canard Enchaîné l'inventeur de cette connerie serait la directrice de cabinet du Président, Emmanuelle Mignon! Mais, curieusement et paradoxalement, c’est plus terrible comme truc dérivatif. Günther Grass lui, qui n’avait pas encore révélé en l’an 2000 qu’il avait à se faire pardonner une jeunesse nazie (les meilleurs antifascistes ne sont-ce pas les anciens nazis ?) avait déjà proposé que chaque allemand adulte verse 20 euros, pardon 20 marks à la fondation pour la shoah, et flop ! (cf. p.279 de mon book sur le nazisme). L’immense majorité des allemands adultes ne sont pas plus responsables du massacre des juifs, de tziganes et des communistes que les élèves français de nos CM2. C’est en ce sens que Simone Weil a jeté un couac dans la parade du galopin avec les mots justes : «C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste. On ne peut pas infliger cela à des petits de dix ans! On ne peut pas demander à un enfant de s’identifier à un enfant mort. » On peut surtout constater que son candidat élu favorise toutes les formes d'antisémitisme en instituant le malheur juif comme prioritaire partout et comme aune du capitalisme moral dont le chef d'Etat est l'exemple le plus affriolant jusque dans les mensonges dans sa vie privée.
A Saint-Jean-de-Latran, le 20décembre 2007, le chef de l'Etat pipole, venu quérir son diplôme de chanoine avait fayoté bigot grave avec des accents guainolents presque rimbaldiens: "La morale laïque risque toujours de s'épuiser quand elle n'est pas adossée à une espérance qui comble l'aspiration à l'infini", ajoutant un peu plus loin, "dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé et le pasteur parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance".
Devant la communauté juive, le chef de l'Etat a produit une lecture vivante d’un texte déplorant "la chape de plomb intellectuelle" qui s’est abattue "sur notre pays pour s'offusquer qu'un président en exercice puisse dire tout simplement que l'espérance religieuse reste une question importante pour l'humanité". Continuant à lire ce texte désopilant, rédigé par son nègre Guaino Henri, il récusa l'idée qu'il s'agirait d'une atteinte à la laïcité. Les rabbins du parterre échangeaient à cet instant des clins d’œil avec imams et monseigneurs.
Comme chaque année, le chef du CRIF, Richard Prasquier, pour une fois pas rabbin en chef mais simple "juif séculier" (comme le note Le Monde), fût chargé de fesser le Président de la république séculière et romaine. Ce n’est pas le moindre paradoxe de la fessée annuelle qu’un chef communautariste (même séculier) ait vu la faille dans le discours de Guaino Henri. Dans une critique implicite à "l'apport civilisateur" des religions du texte lu par M.Sarkozy, M.Prasquier a affirmé: "J'ai trop de respect pour ceux des Justes qui étaient des athées pour croire que les religions sont la seule barrière contre le mal. Elles peuvent être meurtrières quand elles prétendent imposer une vérité absolue. L'homme ne détient qu'une vérité partielle. C'est le message de la tradition juive; c'est aussi le message des Lumières."
Au passage on aura remarqué que le chef séculier n’en référa pas moins au génie du peuple élu mis sur le même plan que la révolution française et Voltaire, avec le sous-entendu classique sioniste : toutes les religions sont meurtrières sauf la juive (qui n’est pas une religion aux dires de ses fanatiques) ; CQFD et oubliez les crimes de l’Etat raciste israélien !
En réponse anticipée, le texte de Guaino ânonné par le chef d'Etat pipole, évoquant le nazisme et le communisme, a développé l'idée que "le drame du XXe siècle n'est pas né d'un excès de Dieu mais de sa redoutable absence. Il n'y a pas une ligne de
Passant de l’hostie à la fiente, du coq religieux à l’âne athée, not’bon président retrouva les accents de Monseigneur Dupanloup ; s'il s'est félicité que l'enseignement public de la morale religieuse ait été abandonné, le chef de l'Etat a ergoté que "nos enfants aient aussi le droit de rencontrer à un moment de leur formation intellectuelle et humaine des religieux engagés qui les ouvrent à la question spirituelle et à la dimension de Dieu". Enfin, pour faire la nique aux sondages à l’union des sacrés imbéciles de l’opposition, il a lancé ce pavé dans la mare qui allait agiter la capitale pendant quelques heures : la shoah pour les nubiles en CM2 (11.000 noms d’enfants juifs déportés à attribuer aux potaches). Il jura enfin de ne plus serrer la main aux chefs d’Etat qui ne reconnaissent pas Israël, ce qui était de bon ton dans une telle assemblée.
Un sacré chiffon rouge qui, pour un court moment, pût faire oublier, non la dégringolade sondagière – (comme toujours, qui la manipule ? (*)- ni le luxe et la luxure trop affichés, mais la misère salariale, les taudis et les expulsions.
La provocation présidentielle n’était pourtant qu’un « souhait »… dans le cadre de la lutte contre l'antisémitisme. Cette proposition suscita le tollé attendu de la gent intellectuelle. Le syndicat UNSA-SE la qualifiait jeudi matin "d'ânerie morbide". Simone Weil eût les mots les plus justes comme on l’a vu.
RETOUR AUX FONDAMENTAUX
Le jour d’après, Sarkozy avait déjà modifié le projet primaire à Périgueux. Il paradait au 20 heures de la télé pipole de PPDA-Chazal dans une salle de CM2 où il était question de "retour aux fondamentaux" (travail, morale, patrie) pour favoriser la réussite de tous en chantant la Marseillaise (tous debout SVP!) et en respectant hiérarchies, inégalités et injustices sociales. Ce qui est certes plus électoraliste que l’attribution du nom d’un enfant martyre. Le maréchal Pétain et le président Coty eux aussi aimaient faire la tournée des classes maternelles, en ces lieux il n’y a pas de marins pour cracher à la gueule du prince (seulement 4 élèves se sont levés, déplora Claire Chazal). On n’a pas vu sur TF1 si Sarko a été photographié au milieu des chrystantèmes au fond de la cour de l’école. Mais d’où qui va comme ça not’Président ? dirent aussitôt les pipoles de l’Etat. Le retour à la IVe République est impossible et Al Capone minus ne peut poser au père la morale ni réincarner un sénile maréchal fantoche. La patrie et sa mafia féodale bourgeoise on l'emmerde définitif. Il faudra cependant cesser de faire des reproches d’impuissance à Sarkozy. Ce n’est qu’un homme. Si, comme l’a dit son prédécesseur Jospin « l’Etat ne peut pas tout », un chef d’Etat, décrédibilisé ou pipolisé, ne peut rien du tout. C’est un homme qui a fait des promesses électorales. D’après la constitution nul n’est punissable s’il ne tient aucune de ses promesses électorales. Vous êtes marrant vous les électeurs râleurs ! Vous espériez que Sarkozy solutionne le chômage ? Qu’il vous loge décemment ? Ce n’est qu’un numéro, un pauvre type assiégé en son palais qui peut même pas sortir faire son jogging sans gilet pare-balle, peut-être avec une belle gonzesse, mais il n’est ni la finance à lui seul ni le directeur de l’économie mondiale ! Il n’est pas là pour que la classe ouvrière vive mieux mais pour qu’elle continue à baisser l’échine pour les profits de la minorité des beaux quartiers et au surplus une immense hiérarchique d’intermédiaires qui croient que les miettes du profit sont éternelles. Il joue tant mal que bien un rôle politique avec une partition usée par les années. Malgré une apparence brouillonne, Sarkozy a une ligne de conduite qu’il faut rendre claire : favoriser tout ce qui ravive le nationalisme. Il y a très bien réussi pour son élection avec le thème sécuritaire. Les expulsions chiffrées, si elles énervent les assistantes sociales gauchistes et quelques édiles du PS en campagne, continuent à militer pour rassurer (hic !) les vrais chômeurs français, même s’ils restent exclus ! Il ne peut que tenter de brouiller les cartes de la lutte des classes par un foisonnement de ficelles idéologiques et figuratives: exacerbation cyclique du communautarisme juif comme mesure exiguë de l'histoire qui ne passe pas et exhibition arrogante dans les quartiers riches de parvenus en redingotes de bourgeois polonais du XIXe siècle, faux attentats et vrais attentats, débats creux sur le racisme et l’antiracisme, vaine agitation du goupillon dans un monde sans foi ni loi, pirouette éthique à une école laïque en perdition, etc.
L’IDEOLOGIE OUTRAGEE DE L’ANTIFASCISME
Car tout cela oblitère quelque chose de plus grave. Sans solutions crédibles pour la question sociale, avec des syndicats considérés comme des traîtres avérés depuis l’échec de la lutte des cheminots, ce n’est pas Sarkozy qui est affaibli mais l’Etat. Toute la ronde médiatique autour du cas Sarkozy vise à faire oublier ce fait. L’antifascisme de salon n’est qu’un pan de l’idéologie nationaliste d’Etat, un sucette, quand le bâton de la répression reste la colonne vertébrale du nationalisme relooké derrière le féodalisme européen.
Chassez le flic, il revient au galop. Quand l’Etat est faible, il ne lui reste plus que la répression, qui, elle-même ne peut être que temporaire, dosée, justifiée, etc. La personnalisation des décisions de l’Etat - qui n’est pas du fait de la seule agitation du préposé en bas bleus à l’Elysée, mais cette façon de répercuter ses moindres mouvements, la manière de désinformer en faisant passer les ministres pour de simples guignols - rend opaque le fonctionnement pérenne de l’Etat bourgeois.
Nullement original ni magnanime, Sarkozy, chef suprême des magistrats, prend simplement sa part dans le pouvoir terroriste ; il persiste et signe au poste principal à la prétention de « montrer ses couilles » à la société, quand bien même ce ne sont que les matraques de ses soudards. En 2004, simple ministre de l’Intérieur il fait condamner à un mois de prison ferme un SDF qui l’a traité de fils de pute (ce qui n’est certes pas signe d’une grande conscience prolétarienne ni gentil pour les mamans) et un jeune de 30 ans qui lui avait lancé : « retourne en Chine espèce de hongrois ! » (ce qui n’était pas plus futé mais au moins humoristique). A Strasbourg vers la même époque, un mois ferme également pour un jeune de 21 ans qui, avec la langue gogol des attardés de banlieue lui avait crié « Sarko on va te niquer ta mère ». Si les insultes de personnages dignes de Zola sont poignantes de grossièreté, la sanction est disproportionnée ; mais le petit duc n’avançait-il pas cyniquement vers son destin en écrasant sans remord des « mouches à merde » ? Comme son homologue anonyme et cacochyme, l’Etat, qui méprise et pressure le prolétariat en gonflant son ventre pour lui faire la morale.
A l’heure où tout le monde s’affolait, piaillait et pleurait sur la shoah quésaco en CM2, le jeudi 14 février le tribunal correctionnel de Paris condamne à son tour Romain Dunant à 800 euros d'amende (et un euro de dommages et intérêts pour Sarko qui n’aurait de toute manière pas assez de 800 euros pour offrir un foulard Hermès à sa Dulcinée). Car ledit Dunant avait outragé en 2006 l’impétrant pas encore maréchalisé en comparant sa politique en tant que ministre de l'intérieur à celle de l'Etat français sous Vichy. Ce jurassien militant suicidaire de
La 10e chambre correctionnelle avait reconnu ce militant coupable d'outrage à personne dépositaire d'une autorité publique, stipulant que : "la liberté d'expression a des limites : c'est l'outrage". Le prévenu n'avait pas contesté son message, qu'il avait jugé "légitime", mais son caractère outrageant, estimant qu'il y avait "similitude entre la politique actuelle d'expulsions massives de sans-papiers et celle de Vichy". Son avocate avait expliqué que son client avait voulu faire "un parallèle politique". "C'était une politique qui était visée, pas une personne", avait-elle insisté en plaidant la relaxe. La défense était impeccable du point de vue juridique, le prévenu n’avait aucunement dit Sarko est un fasciste mais il fait COMME VICHY (avec « comme » ce n’est plus ni une insulte ni un outrage) mais qui peut prétendre invoquer cette pute Madame la justice et la virginité des magistrats quand le prince est à poil ?
Je n’ai que foutre de
Le monde n’est pas menacé par le fascisme ni par le racisme, il est menacé par l’aveuglement et l’indifférence d’une classe sociale paralysée et impuissante pour l’heure.
Dans l’affrontement CNT/Etat-Sarlkozy (où Dunant a été le lampiste), culpabiliser l’adversaire en invoquant un diable disparu est un jeu frelaté, débilitant entre concurrents politiques. Mais le scandale n’est pas dans la plainte du délateur Sarkozy, mais bien dans l’effronterie de la magistrature d’Etat à pomper directement dans la poche d’un prolétaire plus de la moitié de son salaire, pour une analogie, douteuse et stupide, puisqu’elle suppose que l’Etat français actuel pourrait être comparable au minable gouvernement de Vichy, alors qu’il est d’une puissance pire ! Avec cette différence que personne, sous la terreur (et en l’absence des hommes valides prisonniers en Allemagne) ne pouvait protester contre les rafles des juifs en 1942, mais qu’à Paris en 2008 les rafles de centaines d’ouvriers étrangers sans papiers, sans terreur officielle, paraissent normales.
Madame Carla Bruni-Sarkozy, voulant rendre sa monnaie du SMS félon à l’hebdo gôche pipole NouvelObs.com a usé des mêmes arguments que le nommé Dunant:"Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de juifs ?" . Va-t-elle être aussi traînée en justice pour outrage… à la liberté d’expression pipole, ou à une revue pour bobos haut de gamme en plein exercice de bruits de chiottes ?
Je m’en tape.