Et
l'orchestration du RN et de la gauche complice de Macron
suivi
de : « LES IMPOSTURES DE L'HISTOIRE » de E.Berl
"Exercice
solitaire du pouvoir", "marque de désinvolture",
"addition de réformes sans la moindre évaluation ou réelle
concertation",
énumère-t-elle. "Penser
que l'injonction à faire des réformes oblige à faire n'importe
lesquelles, pourvu que ça bouge. Et penser que le désordre de la
rue ou l'épuisement des forces vives d'un pays ou des corps
intermédiaires est la preuve d'une réforme accomplie. Erreur. Grave
erreur."
Conseil
à Macron par S.Royal
Le
pouvoir est dangereux, il peut devenir une drogue. Et un peu
d'expérience ne nuit pas face aux dangers que les vapeurs du pouvoir
peuvent générer. »
Conseil
à Macron par Sarkozy
Un
étrange attentisme des cliques bourgeoises et syndicales...
La
prévision de remise en cause de l'industrie du diesel (600 000
emplois) date de 2013, les
magistrats prônaient un réalignement progressif des prélèvements
sur le gazole (43 centimes d'euros par litre) au niveau de ceux sur
l'essence (61 centimes). A l'heure de la réforme de rigueur
budgétaire, cette piste à 7 milliards d'euros faisait déjà rêver
la finance. Le rapporteur général de la commission des finances de
l'Assemblée nationale, un certain Christian Eckert
(Meurthe-et-Moselle, PS), avait été le premier à cracher le
morceau dans son entretien au Monde
daté de mars de la même année : "Il
ne serait pas complètement choquant d'augmenter
la fiscalité du diesel, dans la mesure où 1 centime de hausse
rapporte 300 millions et où l'écart de taxation avec l'essence est
de 12 centimes [en
réalité 18 centimes] ».
Cet
ami du prolétariat n'entendait point dans nos provinces mugir ces
féroces automobilistes salariés mugir contre tous ces commis d'Etat
successifs qui veulent depuis si longtemps égorger nos villes et nos
campagnes diesélisées de force jadis. La colère, sous forme
pétitionnaire est partie en cet an 2018 d'abord du fond de nos
campagnes sans transports en commun et dont les petites gares ont
disparu. En 2013, ses collègues « socialistes »
marchaient pourtant sur des œufs :
"C'est
un sujet à manier
avec précaution, le diesel, c'est le salaire de la peur",
sussurait Thierry Mandon, le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée
nationale. Toute hausse du prix du gazole à la pompe est une
manœuvre périlleuse en période non pas de crise de l'industrie
automobile1,
mais de chômage de longue durée et d'insuffisance des salaires
(laissons de côté pour l'instant la gabegie en vue du grand
remplacement automobile). A l'été 2012, une première forte hausse
du carburant avait fait chuter le niveau de popularité du
gouvernement, et l'antifa ministre de l'économie Moscovici avait dû
faire machine arrière en août en diminuant les taxes. Le « problème
de santé sur lequel on ne peut plus fermer les yeux (42 000
morts présumés chaque année)» - cet admirable souci de la
bourgeoisie pour la santé du peuple et du prolétariat en
particulier nous rappelle le souci de la prêtraille pour la
confession à la veille du départ au front des soldats de 14-18 –
est traîné comme un boulet les années suivantes. Les craintes de
Thierry Mandon se vérifient un an plus tard.
Le
samedi 28 octobre 2013 les Bonnets rouges ont fait leur apparition
lors de l'assaut de plusieurs centaines de personnes contre le
portique
« écotaxe »
de Pont-de-Buis ; un manifestant eût la main arrachée en
ramassant une grenade lancée par les flics. Les organisations qui
étaient à l'origine des trois samedis de manifestation consécutifs
(les 14, 21 et 28 octobre) pour atteindre le portique ont été des
syndicalistes agricoles et le Comité de convergence des intérêts
bretons (patrons et transporteurs routiers, patrons agriculteurs).
Les syndicats du monde ouvrier avaient suivi la protestation qui
aboutit à la destruction du portique promu par la ministre Ségolène
Royal, qui fait semblant d'avoir oublié. Les bonzes qui avaient
entraînés les ouvriers dans cette jacquerie interclassiste ont
ensuite étalé leur désarroi que l'ascenseur n'ait pas été
renvoyé lors des fermetures de boites par des patrons très
régionaliste. Ils avaient constitué – bureaucrates et patrons du
privé – une union
ouvriers-agriculeurs qui avait foiré ; conclusion du bonze M.
Le Bras : « Les
ouvriers se sont sentis trahis par les agriculteurs » ; le
comité comprenait des délégués syndicaux de Doux, Marine Harvest et Tilly-Sabco où
les emplois étaient menacés2.
Il ment à moitié, si les patrons transporteurs ont fait retirer son
projet au gouvernement, les « patrouilles » syndicales
ont renvoyé les ouvriers chez eux.
DIFFERENCES
AVEC LES BONNETS ROUGES
Première
interrogation en cette fin octobre : étrange la passivité des
transporteurs, des marins pêcheurs, des agriculteurs qui utilisent
massivement le gaz oil, alors que pas plus tard que ci-dessus ils
prédisaient le feu aux gouvernants de la capitale . Comment cela se
fesse-t-il?A moins qu'ils ne touchent de gros dégrèvements sur le
prix du carburant... ou attendent eux aussi pour voir la tournure...
La
jacquerie interclassiste des bonnets rouges avait été emmenée par
cette petite bourgeoisie régionaliste au slogan misérable :
« Vivre,
décider
et travailler
en Bretagne » et une charte hyperégionaliste « Charte
des Bonnets rouges »3.
Elle a démontré que toute virtuelle solidarité de fond entre
ouvriers et patrons est impossible et disparate. La charte patronale
et à dominante paysanne locale comportait onze revendications dont
la gratuité des routes bretonnes (suppression définitive de
l'écotaxe), l'arrêt des distorsions de concurrence et du dumping
social et la relocalisation des décisions en Bretagne, tout en
précisant qu'il récuse « la haine et le rejet de l'autre »,
afin d'écarter les récupérations par l'extrême-droite. Le
blocage des routes par les patrons routiers est une force de frappe
non négligeable.
Or,
cette fois-ci il ne s'agit pas d'un portique, qui grevait le budget
des patrons caminonneurs mais d'une remise en cause du niveau de vie
(je préfère à pouvoir d'achat) de la population indifférenciée
et surtout de la classe ouvrière à l'heure où les transports en
commun sont carrément démantelés (cf. la façon dont la grève
syndicale à la SNCF a servi Macron). Cette attaque était envisagée
depuis belle lurette. Je me rappelle les réflexions d'ouvriers en
province il y a trente ans : « si on nous pique le diesel,
ce sera la révolution ». Cette attaque sans fard, malgré la
minable excuse écologique, est une gageure. Elle est menée avec
culot, mais pas n'importe commun, avec culot POLITIQUEMENT. En se
servant des leçons de l'histoire des bonnets rouges petits
bourgeois.
Toute
autonomie ouvrière et toute direction ouvrière de la lutte avaient
été effacées dès le début de la protestation contre le portique
en Bretagne. De la même manière, ont été envoyés au front
pétitionnaire les partis d'extrême droite. Mouiller la poudre d'une
colère légitime dans le prolétariat est le fait de toutes les
engeances politiques coalisées et réparties chacune avec un rôle
pour noyer toute révolte « de classe ». L'artifice
écologique, alibi poussif concernant une industrie qui nous gave
toutes les dix minutes sur l'ensemble des médias pour inciter à
acheter de prétendues voitures non polluantes en leasing grotesque
(= hyper endettement au long terme) s'affiche sans honte du
paradoxe.
Joffrin, chef rédacteur du journal à gauchistes, est envoyé en
« début de journal télévisé » pour exhaler son mépris
de ces « individualistes » qui refusent le covoiturage.
Des affichettes gauchistes circulent déjà sur les réseaux pour
faire de la protestation à venir un « détournement de colère,
un carburant de l'extrême droite » (titre du torchon du PCF
rabougri).
L'annonceur
du gouvernement Benjamin Griveaux peut alors dénoncer benoitement
"l'instrumentalisation" de la "manifestation du 17
novembre" contre la hausse des taxes sur les carburants par
Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan qui "sont de grands
irresponsables"4.
Non ils ne sont pas irresponsables mais de bons recruteurs pour le
prochain cirque électoral européen. Grivaux devrait leur dire merci
de venir tenter de ridiculer toute réaction prolétarienne sous
quelque forme qu'elle prendra5.
LA
« REVOLUTION » MACRONIENNE REUSSIRA-T-ELLE LA OU LES
EXECUTIFS PRECEDENTS ONT TOUS RECULE ?
Un
sondage à la fin de l'été a alarmé la mafia gouvernementale.
Avec 21,5% des intentions de vote, La République en marche
devancerait d'une courte tête le Rassemblement national (21%) lors
des élections
européennes de mai 2019, selon un sondage Odoxa pour Le
Figaro
et Franceinfo publié jeudi.
À
huit mois de l'élection, qui sera le premier scrutin intermédiaire
du quinquennat en France, LREM et le RN devancent Les Républicains
(14%), La France insoumise (12,5%). Suivent Debout la France de
Nicolas Dupont-Aignan (6%), Europe Ecologie-Les Verts (5%) devant le
PS (4,5%), le parti Générations de Benoît Hamon (4%) et les
centristes de l'UDI (3%).
Le
Parti communiste et Les Patriotes de Florian
Philippot recueillent 1,5% des intentions de vote, devant le
Nouveau parti anticapitaliste (NPA), l'Union populaire républicaine
de François Asselineau et la liste de l'ex-candidat à la
présidentielle, Jean Lassalle, tous trois à 1%.
Le
gouvernement n'est pas tranquille, comme le préviennent les sondages
successifs ; contrairement à ses moutons écolo-gauchistes des
réseaux et autres anars pro-trottinettes, il vient d'annoncer
envisager de doubler la prime à la casse... à voir, c'est plus
sûrement une bonne blague, même en la doublant, comment se payer
des voitures électriques à dix mille euros ? La caste de
privilégiés joue à la roulette russe. Sur les réseaux sociaux le
nombre des moutons qui bêlent avec les commis de Macron est certes
considérable et affligeant ; on insinue, on susurre, on lèche
au maximum, on plaide que c'est dérisoire puisque les cheminots ont
été humiliés sans soutien de la population, que les retraités
aussi ont été laissé livrés à eux-mêmes, etc. En voici un
résumé larbin : « Ne
tombez pas dans le panneau, car cet appel à bloquer nos belles
routes de France le 17 novembre n'a absolument aucune chance
d'aboutir à une réduction du prix des carburants. Alors, s'il vous
plaît, en plus d'être des vaches à lait, ne devenez pas les
pigeons de partis politiques qui font de la récupération pour se
donner le beau rôle. Celui d'être du côté du peuple qui souffre
de se faire pomper le porte-monnaie chaque fois qu'il fait le plein
de son réservoir ».
Parce
qu'il y a des vautours politiques qui rôdent les pigeons devraient
se laisser bouffer sans voler de leurs propres ailes ?
Parce
que le plan de Macron pour les élections en vue est de ramener le
débat politique à une seule confrontation entre son parti
artificiel de gouvernement et le RN de Le Pen, parce qu'il lui
suffirait de criminaliser et miner toute confrontation politique en
règlement de comptes6
pitoyables, sans cesse judiciarisés.
Vous
pouvez lire les articles de Révolution Internationale sur la
« mystification écologique », l'essentiel est décrypté :
« Regardons
comment ils déforment les solutions écologiques pour les adapter à
leurs besoins. Ces problèmes si terrifiants, si urgents, ne
sont-ils pas, disent-ils, sûrement plus importants que votre lutte
égoïste pour des augmentations salariales ou contre les
licenciements ? En effet, la plupart de ces problèmes ne sont-ils
pas dus au fait que les ouvriers, dans les pays avancés "consomment
trop" ? Ne devraient-ils pas se préparer à manger moins de
viande, à utiliser moins d'énergie, à accepter aussi la fermeture
de telle ou telle usine "pour le bien de la planète" ?
Quelle meilleure excuse pourrait avancer la bourgeoisie pour les
sacrifices demandés par la crise de l'économie capitaliste ? »7.
LA
PANTALONNADE DE LA TRANSITION ENERGETIQUE
Résumé
journalistique de la forfaiture étatique : D'un côté, le
prix du pétrole a augmenté
ces dernières semaines sur le marché mondial, avec un baril
à 80 dollars
ce mercredi, contre 57
il y a un an.
De l'autre, le gouvernement a fait voter une forte
hausse des taxes
sur le carburant pour favoriser
la transition énergétique. Depuis
janvier, les taxes
sur le gazole
ont ainsi augmenté de 7,6
centimes par litre
au total. Pour l'essence, l'augmentation a été de 3,9
centimes par litre.
Cette politique devrait
être renforcée en 2019,
avec des hausses
de 6 centimes pour le diesel et 3 centimes pour l'essence,
puis à nouveau jusqu'en
2022,
l'objectif étant de rendre l'essence moins onéreuse que le diesel,
jugé plus polluant. Le
ministre des Relations avec le Parlement Marc
Fesneau
a
reconnu, ce vendredi, que "les
territoires ruraux sont fondamentalement dépendants"
de
la voiture, tout en faisant valoir que le gouvernement n'a "pas
le pouvoir de jouer sur les cours du pétrole".
Il
a également reconnu "un
effort demandé"
pour
"décarboner
notre économie",
tout
en mettant en avant les "mesures
de compensation"
comme
le chèque-énergie
et
l'aide
à l'achat d'un véhicule électrique
ou
hybride.
Le
panneau transition énergétique (pas transition à un autre monde
par exemple communiste est le moyen trouvé par la noria des écolos
pour imposer de nouvelles taxes pour tout ce qui concerne la bagnole
(parkings municipaux, circulation réduite, etc.) justifiées par des
avis d'experts invisibles ou cornaqués. Ils ne disent rien de la
pollution des avions et des limousines ministérielles. On prévoit
de réglementer ou interdire la ridicule trottinette à bobos
parisiens. Dans un pays où l'individu est roi et sponsorisé comme
tel, on invoque le covoiturage avec le voisin de palier honni. Le
coût de cette transition est astronomique en dépenses inutiles et
en caricature de convivialité citoyenne. Les éoliennes s'avèrent
peu rentables, l'exemple allemand avec le redémarrage des centrales
à charbon catastrophique (mais ils achètent le nucléaire « sale »
des français). Les autres énergies fonctionnent à l'état de
prototypes et n'ont démontré aucune rentabilité.
Mais
c'est AVEC les Verts et leurs ramifications municipales et syndicales
que le gougnafier compte faire passer la pillule.
« Mais
les "verts" sont aussi une partie du capitalisme
pourrissant. Constat d'évidence quand on observe leur jeu en
Allemagne de l'Ouest : ils sont devenus un parti parlementaire
respectable, avec de nombreux sièges au Bundestag (organe
confédéral) et différents postes de responsabilité dans les
Lander (instances régionales). L'intégration déclarée des "verts"
dans la normalité capitaliste a été symbolisée, il y a
quelques années, par l'"extra-parlementaire", le rebelle
anarchiste de 1968, Daniel Cohn-Bendit lui-même (rappelez-vous le
slogan : "Elections, piège à cons") devenu mais oui, un
député et qui a même exprimé son désir de devenir ministre. Au
Bundestag, les "verts" s'engagent dans toutes les
manoeuvres sordides typiques des partis bourgeois -tantôt agissant
comme un "frein" pour garder le SPD dans l'opposition,
tantôt formant une alliance avec les sociaux-démocrates contre la
CDU au pouvoir. C'est vrai que les "verts" sont divisés en
une aile "réaliste", qui se contente de se focaliser sur
le terrain parlementaire et une aile "puriste", qui
est pour des formes d'action plus radicales, extraparlementaires. Et
beaucoup de l'attrait des partis "verts" et des groupes de
pression tient de ce qu'ils profitent du dégoût des gens envers les
gouvernements centralisés bureaucratiques et la corruption
parlementaire. Comme solution de rechange, ils proposent des
campagnes contre les cas locaux de pollution, des actions de
protestation à l'éclat spectaculaire du type Greenpeace, des
marches et des manifestations, tout en appelant à la
décentralisation du pouvoir politique et à toutes sortes
d'"initiatives de citoyens". Mais aucune de ces activités
ne s'écarte d'un pouce des campagnes générales de la bourgeoisie.
Au contraire, elles servent à garantir que ces campagnes
prennent profondément racine dans le sol de la société.
Les
"verts" radicaux sont champions de l’interclassisme, Ils
s'adressent eux-mêmes à l'individu responsable", à la
"communauté locale", à la bonne conscience de l'humanité
en général. Les actions qu'ils entreprennent tentent de mobiliser
tous les citoyens, sans considération de classe, dans la lutte
contre la pollution. Et quand ils critiquent la bureaucratie et
l'éloignement du gouvernement central, c'est seulement pour mettre
en avant une vision de "démocratie locale" tout aussi
bourgeoise dans son contenu »8.
Le
parti écologique français rêve de supplanter Mélenchon et
d'égaler les scores des confrères allemands. Mais la France
électorale n'est pas l'Allemagne divisée sur la question
migratoire. Macron n'arrive pas à la cheville de Angélique Merkel,
d'une part parce qu'il ne peut pas tenir la démagogie
immigrationniste de celle-ci, et d'autre part parce que son
amateurisme s'est crashé dans une arrogance ridicule et dérisoire.
Mais il va être considéré comme faisant partie du bilan négatif
de Merkel avec une question migratoire qui est en passe de passer (si
je puis dire) au second plan face à ses attaques économiques,
sociales et politiques. Le foutage de gueule a toujours montrer du
doigt le RN ne passe plus vraiment. Il a fait le coup pour son
élection, faudra trouver mieux sauf à trouver un destin
jospinesque.
OUI
IL FAUT COMMENCER A BLOQUER LE 17 NOVEMBRE !
Après
on verra...
LES
IMPOSTURES DE L'HISTOIRE par Emmanuel Berl
(publié
en 1959 aux éditions Grasset)
Ils
m'emmerdent tous ces politiciens et gauchistes de service, leurs
tripatouilles, leurs magouilles, leurs gueules tristouilles. Je
t'aime mon cher lecteur alors prenons du champ ensemble et relisons
quelques extraits de cet inclassable de Berl, où l'on verra tant de
vérités applicables de nos jours9.
GUERRE
REVOLUTIONNAIRE ?
Une
fois de plus, j'entendais, de tous côtés, les gens me dire :
« Je l'avais bien prévu ! » d'événements qui
m'avaient semblé incertains jusqu'au moment où ils furent
accomplis. Or peu d'exemples font ressortir mieux que la chute de
Robespierre la tendance de l'esprit à présenter comme inéluctable
ce à quoi personne pourtant ne s'attendait.
En
effet, robespierristes et antirobespierristes ont toujours conféré
au Neuf Thermidor l'évidence de la nécessité. La veille encore,
Cambon écrivait pourtant à sa famille : « Demain, de
Robespierre et de moi, l'un sera mort », mais il ne savait pas
lequel. Et Bonaparte, qui suivait de près l'évolution de la
politique, puisque sa carrière en dépendait, ne croyait pas
impossible que Robespierre triomphe le Neuf Thermidor ; même à
Sainte Hélène, il ne croyait pas encore à cette impossibilité
parce qu'il se rappelait très bien l'été 94.
Mais
l'historien, comme il connaît d'avance le dénouement de la pièce,
finit par ne plus comprendre que les spectateurs, au premier acte,
aient pu s'y tromper. Il voit les faits que le politique connaissait,
les documenst qu'il détenait : comme ils lui paraissent
décisifs, il oublie qu'ils ne sont devenus tels qu'après
l'événement. Il suppose qu'une personne à laquelle Bismarck aurait
communiqué le texte de la dépêche d'Ems, pouvait être tout à
fait certaine de la guerre franco-prussienne. Mais si Napoléon III,
déjouant la ruse de Bismarck, avait éventé le piège – ce qui,
après tout, n'était pas impossible – la dépêche d'Ems, au lieu
de précipiter la guerre, eût aidé, peut-être, au maintien de la
paix.
Je
me rappelle avoir entendu affirmer, entre le premier et le second
tour des élections de 1936, par Georges Mandel, dont l'information
et la lucidité étaient célèbres, que le Cabinet Sarraut resterait
au pouvoir. Il nous semble bien qu'à cette date, le triomphe du
Front Populaire était acquis et que la constitution d'un Cabinet
Léon Blum était d'ores et déjà certaine.
Mais
c'ets nous, je crois, qui nous trompons : on connaissait les
désistements, on ignorait dans quelle mesure les électeurs
suivraient les consignes qui leur étaient données. Mieux informé
que nous, Mandel doutait de ce qui, rétrospectivement, nous paraît
avoir été indubitable.
Aussi
ces fatalités dont les historiens rehaussent les réalités plus
contingentes de la politique, sont-elles presque toujours illusoires.
Il faut, à cet égard, démystifier le Neuf Thermidor.
Je
sais pourtant que Robespierre m'a intéressé surtout10,
comme un des rares chefs qui, ayant voulu empêcher la guerre et la
finir, n'a passé néanmoins ni pour un lâche, ni pour un traître.
Car une des leçons les plus tristes de l'histoire, c'est que les
peuples préfèrent généralement ceux qui les engagent dans la
guerre à ceux qui essaient de la leur éviter. En histoire et en
politique, on peut bien dire : malheureux les pacifiques !
Les français en ont voulu à Rouvier, à Caillaux d'avoir réglé
sans guerre le contentieux franco-allemand du Maroc. Ils en ont voulu
à Louis-Philippe de leur avoir épargné une nouvelle guerre avec
l'Europe en 1832 et d'avoir contrecarré la politique belliciste de
Thiers. Même la défaite ne suffit pas à faire condamner les
fauteurs de guerre : malgré les victoires de Philippe et le
désastre d'Athènes, on continue à admirer Démosthène, à
mépriser Eschine et Phocion. A plus forte raison, personne ne marque
jamais au débit du belliciste les échecs qu'il a surmontés après
les avoir subis. Personne ne fait de réserves sur l'intervention de
Richelieu dans la guerre de Trente Ans, quoiqu'il aité été
durement battu à Corbie et qu'il ait eu beaucoup de mal à enrayer
l'exode des Parisiens que l'avance espagnole épouvantait. Personne
ne reproche au grand Frédéric d'avoir mis la Prusse à deux doigts
de sa perte en 1759. Ecrasé à Künersdorf par les russes, il
fallut, pour le sauver, « le miracle de la Maison de
Brandebourg » ; on n'en admire que davantage la ténacité,
l'héroïsme du roi.
Pour
le pacifiste, au contraire, on suppose toujours que les batailles
qu'il a empêchées eussent été des victoires. On parle comme s'il
avait voulu ménager le sang des ennemis et non celui de ses
concitoyens. On admire celui qui poursuit une guerre perdue11 :
les français restent reconnaissants aux hommes du Quatre-Septembre
70 d'avoir retardé la paix, quitte à en aggraver les conditions.
Chez le belliciste, l'espoir est une vertu, chez le pacifiste, non
pas. En 1918, quand la percée allemande – à laquelle devait
bientôt répondre la contre-offensive de Foch – rendait anxieux
tous les français, je me rappelle que Lyautey grommelait : « Il
faut tenir. On ne sait jamais. Ils peuvent attraper la grippe ! ».
On vit bientôt qu'il avait raison, plus que raison. Mais si l'armée
allemande pouvait, en 1918, attraper la grippe espagnole, pourquoi
Hitler n'aurait-il pas pu attraper une maladie mortelle entre
septembre 1938 et septembre 1939 ? Les chances de la paix
étaient certainement très faibles, après Munich. Mais M. Churchill
lui-même a dit combien les chances de victoire semblaient faibles,
en 1940, à l'anglais le plus résolu. Il est juste qu'on admire
Churchill pour n'avoir pas désespéré, il est injuste qu'on blâme
Neville Chamberlain pour n'avoir pas désespéré de la paix.
Je
crois bien que si on pardonne son pacifisme à Robespierre, c'est
qu'on l'a oublié. Il voulait empêcher Brissot de faire la guerre,
mais Brissot l'a faite. Il voulait probablement finir la guerre en
94, mais elle a continué jusqu'en 1814, sauf pendant l'intermède de
la paix d'Amiens. On pense donc plus à la politique intérieure de
Robespierre qu'à sa politique extérieure. Souvent même, on parle
comme s'il n'en avait aucune. De son vivant toutefois, le parti de la
guerre avait compris que Robespierre était son ennemi ; il a
beaucoup contribué à sa perte. Ce parti-là existe toujours quand
la guerre sévit et même quand elle menace ; il rassemble tous
ceux qui, pour le meilleur et pour le pire, en profitent :
patriotes avides de sacrifices, fournisseurs avides de commandes,
officiers avides de galons, trafiquants avides de pillages, rhéteurs
avides de thèmes nobles pour leurs discours.
Mais
s'il existe constamment, le parti de la guerre se déclare rarement :
soit qu'il désire cacher les collusions secrètes de ceux qui le
forment, soit qu'il prétende ne faire qu'un avec la nation dont il
prétend exclure ses adversaires, soit qu'il feigne de subir les
conflits qu'il désirait et qu'il prolonge. Aussi, quoique chez
Robespierre aucun projet ne soit plus évident que celui d'empêcher
et d'arrêter la guerre, on ne lui en a fait ni grand honneur, ni
grand grief : pour un pacifiste, c'est là un destin privilégié.
Persuadé
que l'histoire et les historiens sont naturellement bellicistes, je
me demande pour quelles raisons certaines guerres sont néanmoins
condamnées. (…)
DROITE
ET GAUCHE CELA NE VEUT RIEN DIRE
(…)
En effet, parmi les ennemis de Robespierre, beaucoup étaient
considérés comme plus à gauche que lui. C'était le cas de
Billaud-Varenne, de Collot d'Herbois, lequel ne reprochait nullement
à Robespierre d'avoir développé la Terreur, mais de vouloir punir
les terroristes tels que Fouché et carrier. Et beaucoup d'ouvriers
parisiens, partisans de Jacques Roux, de Chaumette, le soupçonnaient
d'être devenu contre-révolutionnaire, monarchiste peut-être. Des
émigrés, des agents anglais, à tort ou à raison, l'espéraient.
La bienveillance de Louis XVIII envers la sœur de Robespierre donne
à croire qu'il ne l'avait pas regardé comme un de ses adversaires
les plus acharnés. Enfin Napoléon a dit formellement que « si
Robespierre avait triomphé le neuf thermidor, il aurait rétabli
« le règne des lois ». C'est à dire, terminé la
Révolution. Ni les robespierristes, ni les antirobespierristes n'ont
regardé leur conflit comme celui de la gauche et de la droite. Il a
fallu du temps pour que le neuf thermidor devienne une sorte de
Waterloo civil qui clôt la série des victoires révolutionnaires –
et partiellement les annule. Quant au projet de révolution
socialiste que Robespierre aurait formé, et dont les décrets de
ventôse seraient une ébauche, c'est sans doute une légende. Le
prolétariat, en tout cas, n'y a pas cru ; il n'a pas pensé,
en thermidor, que la cause de Robespierre fût la sienne. Il a plutôt
pensé le contraire. Peut-être
n'avait-il pas tort... Mais la vérité est ici bien difficile à
trouver, parmi les faits opposés et les intentions supposées. Tout
le monde admet qu'en 1794, une révolution socialiste était
objectivement impossible. Si donc, obsédé par les révolutions
ultérieures, on s'obstine à se demander qui, en 1794, voulait, et
qui ne voulait pas la révolution sociale, on finit par chercher le
chasseur et le chien dans un rébus où il n'y a ni chien ni
chasseur.
Assurément
la bourgeoisie ne devait pas craindre beaucoup Robespierre :
elle était trop forte et le prolétariat naissant trop faible pour
que Robespierre puisse lui nuire, et sans doute il ne le voulait pas.
(…) Mais de ce qu'il ne soit pas tombé à l'avant-garde de la
gauche, on ne peut pas conclure qu'il soit tombé à l'avant-garde de
la droite. On veut que le prolétariat n'ait pas été atteint dans
la personne de Robespierre, mais dans celle de Jacques Roux, des
« Enragés », du général Rossignol, et cela par
Robespierre lui-même.
Le
général Rossignol , en effet, promettait de faire avancer les
« bons révolutionnaires », fussent-ils incapables, et
non pas les officiers « carriéristes », fussent-ils
excellents. Il voulait que l'armée révolutionnaire reste distincte
de l'armée tout court. Un tel programme, quoique apparemment
d'extrême gauche, était-il conforme aux intérêts du prolétariat ?
Barre Jourdan, Hoche, Marceau, Kléber, pour faire monter en grade
des incapables avérés, risquait d'ouvrir aux armées autrichiennes
les routes de Paris. Etait-ce là servir le prolétariat français ?
NOUS
AVONS PRIS L'HABITUDE DE PENSER QU'UNE SEULE FRANCE ETAIT POSSIBLE...
A
la naissance de Charles VIII, la provence n'était pas française, la
Bretagne ne le devint que par son mariage. Nous avons pris l'habitude
de penser qu'une seule France était possible. Aussi bien, j'ai cru,
jadis, que Mgr Duchesne avait raison de dire : « L'histoire
des événements qui se sont produits est trop difficile pour qu'on y
ajoute celle des événements qui auraient pu se produire ».
Cela me paraissait le bon sens même. J'en suis moins sûr. L'esprit
se mutile quand il renonce aux pensées hypothétiques. Elles ne sont
pas moins fécondes pour l'historien que, pour le méthématicien,
les géométries non-euclidiennes et les nombres imaginaires. Il
aurait tort d'oublier que les nations en général, et la France, en
particulier, auraient pu être différentes de ce qu'elles sont :
les chanceliers de Bourgogne ont rêvé d'une France qui aurait
inclus la Hollande, quitte à exclure les pays armagnacs. Si
d'ailleurs on peut parler d'une « France de Dunkerque à
Tamanrasset », on voit mal pourquoi il est impossible de
concevoir une « France de Cherbourg à Capri ». Le
patriotisme - comme l'amour – s'exalte en s'imaginant répondre à
un objet qui lui était destiné de toute éternité. Mais c'est là
une idolâtrie. Elle peut avoir été, être parfois, bienfaisante :
Renan disait que « l'ourim et le toumin »12
ont contribué à élever le niveau spirituel de l'humanité. Encore
faut-il veiller à ce que les sortilèges ne répandent pas trop
l'imposture et que les idoles ne suscitent pas trop de massacres.
Le
mysticisme nationaliste confère à l'histoire un caractère
inexorable qui la fausse dangereusement : après avoir pensé
que, seule une certaine frontière est « vraie », on
pense que, seule est justifiée une certaine politique : celle
de Richelieu, celle de la Convention. Les fausses fatalités que
d'abord on suppose, puisq u'on invoque et qu'enfin, on adore,
développent la brutalité naturelle aux pouvoirs et la cruauté
naturelle aux hommes.
La
distinction entre les « guerres nationales » et les
autres doit être sérieusement réviésée : elle a rendu les
guerres plus inexpiables, il n'est pas certain qu'elle les ait
rendues moins nombreuses. Aussi m'a-t-il semblé utile de rappeler
que les guerres d'Italie, si elles ne sont pas devenues
« nationales », auraient pu le devenir. Elles n'ont pas
réussi, voilà tout13.
LA
REVOLUTION POLITIQUE ET SOCIALE DE TAMERLAN
(…) C'est avec lui, non pas avec la prise de Constantinople par Mahomet II, que finit le moyen âge et que commencent les temps modernes. L'entrée de Mahomet II dans Sainte-Sophie ets un faux jalon qui brouille les perspectives : Byzance était condamnée dès la fin du XIV e siècle. C'est avec Timour que cesse la primauté de la cavalerie : l'infanterie, d'une part, la marine d'autre part, vont récupérer leurs droits prescrits depuis le temps d'Attila. C'ets d'ailleurs le XV e, non pas le XVI e siècle qui marque le grand tournant de l'Europe. Tout change avec la fin du sacerdoce théocratique, condamné par Boniface VIII, et de l'empire universel, condamné après le meurtre de Conradin. C'est avec Charles VII et Louis XI, non avec François I er, que surgit la France nouvelle, guérie de la guerre bourguignonne. C'est au XV e, non au XVI e siècle, que commence la grande aventure des navigateurs d'Occident. C'est aussi au XV e siècle que naissent réellement le tableau de chevalet et le portrait chrétien.
A
Ankara, le sort de l'Europe se joue entre deux puissances turques et
musulmanes, la catholicité occidentales n'assistant au drame que
comme spectatrice. Mais c'est là le dernier triomphe de l'Asie :
pendant cinq siècles, l'Europe sera seule maîtresse de ses
destinées.
LA
BATAILLE DE POITIERS OU LES COMPLEXES DE L'OCCIDENT
(…)
N'ayant rien à craindre que lui-même, l'Occident, pendant cinq
siècles, n'a non plus regardé que soi. Il est tenté de
méconnaître, d'oublier, ou de déformer tout le reste, et d'abord
l'Orient. Le Parisien de Montesquieu s'étonne qu'on puisse être
persan. Rien ne révèle mieux ces surprenants complexes de l'Europe
occidentale que le sort étrange fait à la bataille de Poitiers.
Cette bataille est un mythe puisqu'elle a pris son sens longtemps
après l'époque où elle fut livrée, en un lieu qu'on désespère
de pouvoir fixer avce précision. On dirait qu'une sorte de censure
s'interpose entre la civilisation sarrasine et nous. Notre dette
envers elle est considérable. Guère moindre que notre dette envers
l'hellénisme. Pour ne mesurer l'importance, il suffit de rappeler
que les arabes nous ont enseigné l'algèbre, ainsi que les chiffres
dont nous nous servons, y compris le zéro. Réduits aux chiffres
romains, qu'auraient pu faire nos mathématiciens ? On dit que
Pascal a retrouvé, tout seul, la géométrie d'Euclide. On ne dit
pas qu'il ait réinventé tout seul l'algèbre.
Mais
nous sommes toujours fiers de reconnaître, et même d'exagérer,
notre dette envers l'hellénisme, et il semble que notre dette envers
le civilisation sarrasine, au contraire, nous pèse. On pourrait
croire que cette inégalité ed traitement s'explique par les
différences linguistiques et par les antagonismes religieux. Les
caractères arables nous déconcertent, leur pronciation nous rebute.
Il est certain que le Croissant et la Croix se sont beaucoup
combattus et, qu'à force de se combattre, on peut finir par se
méconnaître. (…) La méconnaissance de la culture sarrasine n'a
sûrement pas aidé au rapprochement des peuples européens et
maghrébins. L'islam verrait peut-être avec plus de bienveillance la
civilisation occidentale si elle lui rappelait davantage tout ce
qu'elle tient de lui.
Le
mythe
Pour
riche que soit la France en grandes batailles, elle n'en a pas vu de
plus illustre que celle de Charles Martel contre l'émir
Abd-er-Rhâman. Cette victoire prépare le passage de la « première
race » à la seconde, elle annonce le déclin de la dynastie
mérovingienne et fonde la grandeur des Carolingiens. Aucun nom, en
Europe, n'est plus glorieux que celui de Charlemagne et c'est à
Poitiers que son grand-père, Charles, conquiert, pour sa
descendance, un premier titre à l'empire d'Occident. Poitiers, en
effet, marque l'arrêt de l'islam qui, depuis un siècle, avait
toujours progressé, non seulement à l'est de la Méditerranée,
mais à l'Ouest de l'Europe. Il s'était implanté en Andalousie. Les
Maures avaient converti une grande partie de l'Espagne, et
envahissaient la France chaque année. (…) Ils ne purent donc
passer le « seuil du Poitou » et ne le passèrent jamais.
S'ils avaient gagné la bataille de Poitiers, la route de Tours était
libre, ils pillaient les trasors de Saint-Martin. Peut-être
seraient-ils arrivés jusqu'à Paris et y seraient-ils restés ?
On verrait alors une Giralda, un Alcazar à la place de Notre-Dame...
(…) On conçoit aussi l'orgueil légitime qu'a tiré la France de
la part prise par ses hommes à la résistance de la chrétienté.
Dès la bataille de Poitiers, elle avait le droit de se dire « fille
aînée de l'Eglise » et de prendre la tête des Croisades, en
Syrie, au Maghreb. Toute l'histoire nationale est mythologie. Dans
l'histoire de France, la bataille de Poitiers demeure un mythe
fondamental. Quelles vérités exprime-t-il et déforme-t-il ?
(l'exaltation
des Carolingiens vise à rabaisser les « rois fainéants »
mérovingiens – la société mérovingienne est décadente et
barbare – elle conservait les mêmes cadres administratifs de
l'empire romain – Poitiers était une illustre ville méconnue)
(…)
si le VIII e siècle est, pour la catholicité romaine, une époque
de misère et de silence, il est, pour le monde musulman, une époque
de haute culture. L'âge d'or, sans doute, viendra un peu plus tard,
dans la Perse des abbassides et el Califat de Cordoue, à la fin du
siècle. La culture sarrasine n'en avait pas moins, dès le début de
ce VIII e siècle, ses artistes, ses savants, ses annalistes. Le
sgrands historiens arabes ou berbères du XIII et du XIV e siècles
ont trouvé des documents assez nombreux, pour retracer en détail le
passé de leur peuple. Or, c'ets à peine s'ils mentionnent la
bataille de Poitiers (…) Pour eux, conclut M. Gautier, « la
bataille de Poitiers a été un incident sans importance » et
non une bataille décisive ayant engagé le sort de l'islam
maghrebin. Aussi déposent-ils une petite gerbe sur la tombe de leurs
morts, et passent outre. (…) Tout se passe donc, dans l'Europe
latine et dans l'Europe grecque, dans le monde arabe, comme si la
bataille de Poitiers n'avait marqué que la fin, d'ailleurs obscure,
d'un de ces raids habituels aux cavaliers arabes, où l'on
s'intéresse moins au terrain conquis qu'au butin rapporté.
LA
REVOLUTION KHAREDJITE
(…)
La révolution kharedjite du Maghreb, n'est pas mentionnée dans nos
manuels d'histoire. Elle n'en fut pas moins un événement
considérable. (…) Cette insurrection de soixante années fut, pour
le Maghreb, une effroyable catastrophe. Les Kharedjites étaient
essentiellement des Zénètes14,
nomades de la montagne ou du désert, hérétiques – puisqu'ils ne
reconnaissaient pas le califat omeyade – piétistes, ennemis par
nature et par idéologie, de tout ce que signifie pour nous le mot
civilisation. (…) Le kharedjisme était une hérésie déjà
ancienne, quand les Zénètes le découvrirent. Il désignait ceux
des compagnons d'Ali, gendre de Mahomet, qui s'étaient séparés de
lui, quand il accepta de négocier avec son adversaire, l'omeyade
Mowia. (…) Si les Kharedjites ont suscité malgré eux le royaume
idrissite de Fez et contribué à la prospérité de Cordoue, ils ont
été volontairement et consciemment les grands colonisateurs du
Sahara. La plupart des oasis ont été irriguées et plantées par
eux : relais, magasins, repaires de ces éternels errants, et
aussi objet de leur amour. Les Kharedjites, leurs pillages, leusr
destructions et même leur œuvre constructive, limitèrent la
puissance d'attraction du monde hispano-mauresque, qui ne put
englober la France. La bataille de Poitiers masque à la fois et
souligne leur insurrection. Cette date qui, à l'analyse, semble
recouvrir le vide, rappelle, en vérité, ce grand événement.
(…)
Au XV e siècle, l'islam garde encore la supériorité militaire, du
moins a-t-il perdu la supériorité culturelle. Au VIII e siècle, il
avait les deux. Les chiffres arabes, l'algèbre (que l'Occident
ignorait et qu'il lui enseigna), la construction de la mosquée
d'Omar et bientôt celle de Fez montraient suffisamment la splendeur
de la culture sarrasine. L'islam signifiait alors non seulement la
force, mais l'Esprit. (…) Le mythe de la bataille de Poitiers
nous révèle la puissance de nos « complexes » byzantin
et sarrasin.(...) Ce sont les Maures qui nous ont fait concevoir
la chevalerie : Don Quichotte est le petit neveu de chefs arabes
ou berbères.
NOTES
1A
l'époque certains industriels pleuraient qu'ils n'étaient pas
prêts : "Si
on taille dans le diesel aujourd'hui, on met en péril PSA",
prévenait Philippe Doucet (PS, Val d'Oise), membre de la Gauche
populaire. Le constructeur français a misé depuis plusieurs années
une grande partie de sa stratégie sur le gazole. "On
sait tous qu'il faut sortir
de la logique du diesel, expliquait
le député, mais
avec un plan de transition industriel et écologique sur dix ans,
pas comme ça. On ne peut pas, pour combler
les trous de l'Etat, faire
les poches des plus faibles revenus, des périurbains, des ruraux,
des pêcheurs…"
2« Nous,
on a été avec eux contre l’écotaxe, mais on ne les a jamais vus
à la sortie des usines »,
poursuit-il. L’ex-leader syndical continue toutefois à croire
en la sincérité de certains leaders agricoles dans le mouvement,
« pas
suivis par leurs adhérents ».
Autre morceau choisi :
« Au
bout d’un moment, je ne me reconnaissais plus dans les
discussions. On se mettait à parler
de Bretagne à cinq départements, de langue bretonne… On ne
parlait plus d’emploi »,
raconte-t-il dans sa commune de Saint-Thégonnec (Finistère) où il
est devenu, en 2014, adjoint au conseil municipal, puis
candidat aux élections régionales, sur la liste socialiste emmenée
par Jean-Yves Le Drian.
3Les
journalistes et commentateurs locaux ont souligné que le mouvement
initié en novembre 2013 était très disparate : « L'ensemble
forme comme un trépied, […] des revendications syndicales et
sociales fortes, face à la fermeture d'entreprises […], les
agriculteurs de la FDSEA, à droite sur l'échiquier politique, qui
demandent moins de contraintes administratives et pointent de la
fourche la dictature écolo […], le vent régionaliste ou
autonomiste porté par le maire de Carhaix, Christian Toadec, qui
semble pousser des foules bigarrées aux couleurs des Bonnets rouges
et des gwenn ha du, le drapeau breton. Enfin… une quatrième
force : les patrons bretons, comme ceux de Produit
en Bretagne
ou de l'Institut de Locarn, réunis dans le Comité de convergence
des intérêts bretons ».
4Le
Rassemblement National se fiche de fédérer ou de conduire une
révolte potentiellement de classe, il n'aime que ce rôle
d'irresponsable selon Griveaux mais qui lui fait une pub gratos.
Lisons cependant cette note gauchiste : « L’intérêt
du Front national pour l’écologie est très récent : son
programme présidentiel de 2012 était quasiment silencieux sur
cette question : il ne défendait qu’une forme de protection
de la faune, de la flore et des paysages… Enfin, le RN
(rassemblement national) se montrait sceptique vis-à-vis des
énergies renouvelables. Le programme actuel va à l’encontre des
valeurs écologiques : nucléaire, exploitation du gaz de
schiste, etc. Il s’agit plutôt d’une forme de développement
durable, sans cette prétendue volonté de rupture civilisationnelle
des bobos. Une politique considérée comme une impasse par les
écologistes d’extrême droite car ne rompant pas avec le modèle
productiviste issu des Lumières. L’écologie, au FN, n’est
qu’un badigeon « vert ». Ce parti reste profondément
productiviste et classique dans ses options économiques, dit le
rédacteur bobo et spéciste de cette note.
5J'ai
répondu à un contradicteur anarchiste du FB qu'il ne connaissait
rien à l'histoire des révolutions russes et allemandes, ça peut
péter hors d'une période de grèves, pour des motifs pas du tout
humanitaires ni écologiques. Cf. L'excellent fiction-documentaire
de Arte hier soir sur la mutinerie à Kiel en 1918, rien n'est parti
des schémas syndicaux ou social-démocrates. Demain nous aurons
aussi le bénéfice de la surprise contre tous ces ânes de droite,
d'extrême droite, de gauche et d'extreme gauche qui nous prennent
pour des caves.
6Les
attaques planifiées, oui planifiées pour ridiculiser le parti bobo
de Mélenchon, sont bien sûr un coup monté pour favoriser le parti
écolo, dans l'espoir qu'il épaule LREM, comme en Allemagne; malgré
ses singeries le parti insoumis est celui qui peut le plus coller à
des révoltes hors usine de la classe ouvrière non disparue, mais
conchiée par la caste macronesque (voir reportage sur esclavage
salarié dans les vignobles ignobles de Bordeaux). Mais la France
écolo n'est pas l'Allemagne écolo et immigrationniste. La fixation
sur Mélenchon comme sale bête et la poursuite de son adjoint pour
trafic immobilier, nous fait penser à la façon dont Mitterrand
avait instrumentalisé Le Pen père, ainsi que le rapportent Fourest
et Venner dans leur bio de la fille : « On le
tolère à 15% des voix, avec des scandales minutés sur des
créneaux avec un peu de révisionnisme et deux plaisanteries de
mauvais goût. A 20% ce n'est plus permis. On mettra le nez dans la
gestion de son patrimoine » (p. 105). Un lecteur préoccupé
par l'ésotérisme des premiers nazis m'interroge sur la loge de
Thulé, voir ici :
https://jean-jaures.org/nos-productions/les-origines-esoteriques-de-mein-kampf-mythes-et-realites
Quand on pense que Mélenchon risque sa place chez les francs-macs
on est sidéré !
8http://fr.internationalism.org/internationalisme/201305/7096/ecologie-piege-mystification-et-alternatives
9Sur le personnage, iconoclaste controversé, lire :
http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/interviews/content/1946241-interview-olivier-philipponnat-emmanuel-berl-peu-d-ecrivains-ont-autant-merite-le-beau-titre-d-anticonformiste
10Comme
moi, JLR (cf. Le mythe de la guerre révolutionnaire).
11Typique
des guerres syndicales...
12Berl
fait fait ponctuellement allusion pro-domo à ses origines juives
(il écrit ce texte en 1959 à une époque où n'a pas été oublié
sa position pendant l'Occupation) et cite Renan avec une faute sur
toumin : L’Ourim
et le Thoummim
ou
les
Ourim et les Thoummim
(aussi
appelés Ourim et Toumim, ou Urim et Thummim) sont des éléments du
pectoral1
porté
par le Grand
prêtre d'Israël
selon
la Bible
hébraïque. Ils sont généralement considérés comme des
objets ayant trait à l'art de la divination
mais
aucune description de leur aspect ne figure dans la Bible . En
hébreu, le mot
ourim
signifie
« lumières », et thoummim
« perfections »,
parfois traduit par vérité. Les érudits juifs les décrivent
comme un « instrument qui servait à donner la révélation et
à déclarer la vérité.
13A
mon sens par contre, cela explique pourquoi le mouvement ouvrier
italien a produit au début du 20e siècle des minorités
internationalistes exemplaires et profondes théoriquement, qu'on
nomme maladroitement « gauche communiste d'Italie »,
caractérisation idiote dont les premiers bordiguistes disaient
« nous ne sommes ni de droite ni de gauche mais communistes ».
La fraction italienne (Il Soviet) se moquait d'ailleurs de la
théorie des guerres nationales ou autres « guerres
révolutionnaires » de la même façon que Berl.
14Populations
berbères.