"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

mercredi 3 juin 2020

L'antiracisme un pare-feu contre la lutte de classe


« L’ambition de l’écologie décoloniale, ce n’est pas seulement de changer de récit, de protéger l’environnement, ni seulement de reconnaître les luttes anti-racistes ou anti-esclavagistes, mais bien plutôt d’instaurer un monde. De réparer la double fracture qui sépare les luttes décoloniales des luttes environnementales, pour retrouver la force nécessaire et enfin briser la cale du monde ».

Perle de l'idéologie écolo-bobo-gauchiste (de la fabrique du bobo parisien à la faconde du gourou africain)

Aujourd’hui, ce n’est plus que le combat de la famille Traoré, c’est votre combat à vous tous (...). Aujourd’hui, quand on se bat pour George Floyd, on se bat pour Adama Traoré”, a lancé Assa Traoré, sœur aînée d’Adama, face à des manifestants qui scandaient “Révolte” ou “Tout le monde déteste la police”. Selon la préfecture de police, plus de 20.000 personnes se sont rassemblées dans la soirée pour soutenir cet appel. Comment est-il possible qu'une manifestation de bobos parisiens et banlieusards ait pu se tenir alors qu'elle était interdite ?

LES CLUSTERS ANTIRACISTES SONT-ILS DANGEREUX pour la bourgeoisie ?

Débordement, je ne le crois pas. Laissez-faire sûrement. Ils auraient même pu être trente mille que cela n'aurait pas plus dérangé l'Etat. Tout comme Trump n'est pas plus inquiété par le fait que 140 villes américaines aient vu se développer de nombreuses manifestations dénonçant l'assassinat de George Floyd, ni face aux pillages répétés. Les destructions répétés et aléatoires de magasins ou de tout autre commerce sont remarquables comme expression de la petite bourgeoisie excitée et du lumpen, actions aveugles et lâches – ils n'ont même pas incendié le magasin du type qui avait vendu Floyd à la police et l'ont transformé en bouquet de fleurs – et qui n'ont plus rien à voir avec l'antiracisme primaire puisque même boutiques et voitures appartenant à des noirs ont été bousillées. Face à « l'opinion », nos théoriciens infantiles de l'émeute (riot) l'auront dans le cul.
Les 20.000, chiffre très exagéré, exhibés par les médias font plutôt pitié : nouveau cluster pire que la secte de l'Eglise de Colmar ? Et surtout simple « cluster » d'une idéologie merdique et nihiliste.

UNE COMPARAISON AVEC LES GILETS JAUNES QUI NE PLAIT PAS A TOUT LE MONDE...

La protestation aux Etats-Unis a beaucoup de ressemblance avec l'ex-mouvement gilet jaune en France, comme je crois être le premier à l'avoir remarqué. Une indignation subite, parfaitement fondée, bien que tout de suite obscurcie par l'antiracisme officiel. Pour mettre en scène un drame ou une bavure, il n'y a plus besoin de nos jours de caméramen payés par les TV, le tout venant filme désormais en toute circonstance avec son Androïd ou son Apple et vient abreuver l'info, pas toujours dans le sens où le souhaiterait l'Etat, certes. La capacité de récupération du système est impressionnante. Une telle info, il y a trente ou quarante ans aurait vraiment mis le feu à la poudre sociale. Aucun souci à avoir, tout ce que comporte la société américaine de sectes et d'assocs s'est mis aussitôt à hurler en tous sens contre les « cops » et le « racisme », et tout le monde a été convié à se mettre à genoux, symbole pourtant le plus ridicule (et oxymore) qui plagie l'attitude du flic tueur de Floyd.

La parade à l'indignation, contrairement aux gilets jaunes sans tête, montre que tout est bien « implicitement » mis en route dans la « démocratie américaine », je ne dis pas « organisé », mais découle... de source, livrant matière aux inépuisables clichés journalistiques sur cette bonne vieille Amérique raciste (qui en effet contient de drôles de fachos, comme par chez nous, mais très minoritaires). Ce n'est même pas la fonction de la police bourgeoise qui est en cause mais quelques méchants policiers racistes et « fachos » ; il y a fort à croire que le flic « Chauvin » n'est pas plus raciste que facho mais un simple zélé fonctionnaire (comme nos flics au Vel d'Hiv en 42) qui servira de bouc-émissaire « extrémiste » et « sadique » à l'ensemble du corps policier « républicain et respectable des valeurs démocratiques » ; immédiatement n'assista-t-on pas à des embrassades et des agenouillements communs entre uniformes et manifestants énamourés ?

Comme en France, l'indignation calculée prend une tournure assez simpliste et lâche, il est tellement simple de s'en prendre aux flics sans jamais viser leurs vrais patrons, magistrats et avocaillons ; il est tellement courageux de ficher le feu à des édifices publics durant la nuit et de profiter de l'effet de foule pour « se servir » et assouvir une haine primaire sans but.

La fixette anti-police n'est pas dangereuse pour le système, elle lui est plutôt utile1. La répression dans le monde capitaliste n'est pas simplement physique, elle est aussi et surtout idéologique, scolaire, salariale, religieuse, moraliste, psychologique, sexuelle (dans l'ordre que vous voudrez). Elle empêche toute réflexion sur la marche et les vrais commanditaires du système.

Un autre aspect est commun par contre au mouvement des gilets jaunes, plus en France qu'aux Etats-Unis, mais pas dans le sens électoral du pauvre Mélenchon ni dans celui des infantiles du NPA : c'est un mouvement totalement hétéroclite. La petite bourgeoisie blanche est au moins équivalente dans les rues auprès de la population noire révoltée ; cette alliance dessert à mon sens les prolétaires noirs dans une autre logique - contre les inégalités concernant la santé, le sort social et la persécution policière – les bobos de tout acabit chantent « justice » et veulent surtout faire chuter le chômage en milieu avocat et pousser les gens à participer au folklore démocratique avec l'antiraciste Obama.

ABOLITION DE LA POLICE POUR LA REMPLACER PAR UNE POLICE RACAILLE?

Dans toute l'histoire du mouvement ouvrier, avec ses phases anarchistes, socialistes puis communistes, l'abolition des forces mercenaires de l'Etat bourgeois est une constante, et le reste mais A CONDITION de ne pas tomber dans le chaos, à condition de disposer de milices « ouvrières » triées sur le volet. J'ai récemment raconté qu'après 1917 en Russie ce n'est pas n'importe qui, n'importe quel gueux qui pouvait être membre de ces corps (avant tout) de défense ouvrière et de paix sociale. Car supprimer une police bourgeoise ne peut équivaloir à créer une police de racailles, ni à imaginer qu'aucune police ne serait nécessaire dans la longue survie des miasmes du capitalisme.

L'idéologie de « barrière sociale » et de « distanciation du prolétariat » a agi en France en parodiant la protestation étasunienne, mais en bien plus minable. Pas d'émeute de la misère non plus, mais une dénonciation alambiquée de la police, qu'il faut bien sûr « abolir », mais pas la magistrature ? On n'a jamais vu nos islamo-gauchistes se mobiliser pour l'affaire d'Outreau par exemple ? L'affaire concernant la mort d'Adama Traoré dans des locaux policiers date de plusieurs années et fait sérieusement réchauffé et fonctionne pour autre chose que « la justice » (laquelle?) mais pour des ambitions électorales communautaristes et glauques dont est surtout porteur un homonyme, le louche Hadama (avec un H)Traoré.

L'arrestation de Adama sans H avait été aussi filmée, on n'y voit pas de plaquage ventral comparé à celui dont fût victime Floyd. Le déroulé montre que le gars n'était pas innocent, membre d'une grande famille actrice de plusieurs démêlés judiciaires (symbolisant tout à fait l'immigration à problèmes) il prend la fuite lors du contrôle de son délinquant de frangin, se débat. Puis il se remet debout et est emmené vers un car policier. D'abord je ne comprends pas cette bêtise de ceux qui se débattent comme des gamins entourés de robocops et je dis la même chose à une femme qui est en train de se faire violer : ne vous débattez pas sinon il va vous tuer ! La proximité humaine dans une bagarre est perverse et peu contrôlable, flic ou voyou peuvent monter à l'extrême qui est absurde et animal.
Les raisons de la mort d'Adama peuvent être consécutives à la paralysie policière, et c'est regrettable, et cela confirme que les flics exagèrent et que certains parmi eux se comportent comme des... racailles. Depuis la sœur se pointe et s'exhibe lors de toute manif ou rassemblement gauchiste, imposant la respectabilité de la veuve éternelle. Le 30 novembre 2018 j'ai l'occasion de voir de près ces agités du bonnet anti-flic, comme j'en rend compte dans ce blog :

« LES ORGANISATEURS SE POINTENT POUR FABRIQUER UNE REVOLUTION « CITOYENNE » (titre)
En même temps on pouvait lire sur Demosphère un « Acte 3 Macron démissionne ! » se proposant « une rencontre entre gilets jaunes (vouzémoâ) pour « exiger à Macron : plus de pouvoir d'achat et l'annulation des taxes sur les carburants, Sinon, En Marche vers la démission de Macron !!!! C'est ce qui va me motiver à aller demander le micro. Puis succède la sœur d'Adama Traoré, qui fait partie du décor gauchiste à Paris, pour renforcer l'anti-police primaire ou l'antiracisme tertiaire ? Elle apparaît comme une folle échappée de Saine Anne avec une crinière de lion ou de pharaon. Elle débite un discours totalement bobo antiraciste. Mais, alors qu'elle avait été interrompue par une spectatrice, elle se mue en sorcière hystérique hurlant, criant : « j'ai jamais dit que les gilets jaunes étaient tous des racistes ». Il y a une bousculade, je me rapproche pour éventuellement protéger la « blanche » qui est menacée par la sœur sainte des gauchistes qui, avec de grands gestes semble vouloir frapper l'autre. Je tape sur l'épaule de la jeune femme pour savoir ce qui se passe, elle dédaigne me répondre et continue de filmer l'hystérique ».

S'approcher d'une assemblée de rue parisienne en pleine révolte contestataire sociétale, c'est risquer de glisser sur une banane féministe ou un donneur de leçon de racisme ou de fascisme. La jonction entre gilets jaunes « fachos » et antiracistes (démagos) n'a pu avoir lieu.


ILS S'APPELLENT TOUS TRAORE ?

Pas très éloigné du clan de la sœur hystérique, l'autre clan Traoré je le dénonce en octobre 2019 :« ...la clique Hadama Traoré de « démocratie participative »2 qui appelle à une manif jeudi en hommage au tueur Harpon devant la mairie de Gonesse car avec « son handicap auditif, il n'est pas un terroriste mais il a craqué sous la pression de conditions de travail et surtout d’une vie difficile ». Vous allez voir... moi demain si je craque je bute quatre voisins de palier, et j'espère que vous tiendrez compte de mon handicap auditif à moi aussi ! Gonflé le Traoré ! Personne n'avait osé agir de manière aussi indécente ainsi après la tuerie de Charlie Hebdo3, gageons que les flics auront pour consigne de laisser manifester cet petit aventurier de banlieue médiocre pour l'apologie du tueur « victime » ! Pour la paix des banlieues tourmentées car, comme Hadama (nouvel Eric Drouet?) l'a proclamé : « On a le bras long. Toutes les communautés persécutées on va faire la guerre ensemble, aux politiques et aux médias. Et on commence ce jeudi »4. Ce zozo s'était présenté comme le candidat des banlieues aux européennes, sans programme (car ce n'est pas ça qui compte) mais des valeurs... racistes communautaristes. Ce clan de clowns communautaristes a toujours une place réservée et respectueuse au sein des processions islamo-gauchistes et une tribune d'honneur à Médiapart »5.

Le monde pas vraiment déconfiné, ni débarrassé des cons, dans lequel nous vivons ou survivons, a mis en évidence la bêtise de tout le personnel d'encadrement idéologique du système lors de leurs parades télévisées pour « nous expliquer » et « nous mettre en garde », journalistes, toubibs, scientifiques, où le censeur nous baise gaiement avec le pédagogue. Il n'y manquait plus que la prétention morale des artistes, désormais présentés tout de même comme représentants du peuple, dont nombre d'entre eux sont fils d'éboueur et de femme de ménage ! Florent Pagny qui a tenté d'éviter de payer ses impôts en France, et qui est certainement antiraciste, a pourtant fait un bide avec sa chansonnette destinée à l'héroïque personnel soignant.
Avec Camélia Jordana, Barthez et Gros Land (l'esprit canal banlieue), Hanouna et Noah, on est servi ! Les émissions pipoles, qui racolent avec du scandaleux et mettent en scène ces pitoyables nouveaux riches, servent d'exorcisme à toute conscience de classe. Oblitérant toute réflexion politique et sociale sérieuse. L'antiracisme leur sert de religion commune quand tout ce petit monde peut ricaner grossièrement et lâchement du diabolique flic primaire (cause de toutes les violences et injustices), sauf que les milliardaires chanteurs et les journalistes hâbleurs ne sont pas contrôlés au faciès derrière les vitres teintées de leurs limousines.

ILS S'APPELLENT TOUS TROTSKY...

La vieille fonction de l'extrême gauche bourgeoise que nous avons identifiée depuis 1968, et grâce à 68, est d' « accompagner les masses dans leurs illusions ». C'est pourquoi ils accompagnent les syndicats gouvernementaux dans le confinement sectoriel des luttes tout en chantant « rêve général ». C'est pourquoi les plus caméléons se font les principaux théoriciens de l'antiracisme et de toutes les théories fumeuses des racialistes racistes de banlieue, sans vraiment adhérer à toutes les âneries musulmaniaques ou communautaristes mais par « stratégie » électorale ou médiatique. Selon une vieille croyance néo-léniniste, je crois plus néo-stalinienne et maoïste, c'est en se fondant parmi les moutons que l'on pourra un jour manger le loup.
Sans vraiment s'en apercevoir – ils sont trop bêtes pour être machiavéliques – ils favorisent une criminalisation de la lutte de classe. C'est patent avec le NPA qui se solidarise avec toute action de voyous de banlieue, même si les flics ne sont aucunement en tort face à plusieurs exactions. C'est patent avec les autres sectes, celle de Mélenchon comme celle, individuelle, de Robert Paris.
Les infantiles du NPA comme les petits politiciens insoumis savent bien que la lutte de classe est l'essentiel, même s'ils se sont mis à faire des risettes aux gilets jaunes et aux gangs communautaristes de banlieue. Eux aussi comme nous ne peuvent ignorer l'immense explosion sociale qui couve aidée par la crise du covid. Mais la façon dont ils l'anticipent prouve déjà qu'ils sont des traîtres et qu'ils garderont la même police si toutefois on avait besoin d'eux au pouvoir bourgeois.
Une seule citation du brouet édito du NPA révèle la maïeutique trotskienne :

« « La séquence que nous vivons montre combien il est nécessaire de s'attaquer à l'impunité intolérable des flics, ou des milices fascistes qui les relaient comme à Minneapolis. L'enjeu est essentiel car partout les gouvernements ont instrumentalisé la crise sanitaire pour renforcer l’État policier. Les licenciements de masse vont jeter dans la misère une frange croissante de la population, d'où la nécessité impérieuse de réprimer le plus possible pour dissuader toute résistance. 
Nous devons montrer notre solidarité aux familles des victimes de crimes racistes, de violences policières mais également notre détermination à ce que la vérité éclate. Nous devons également soutenir toutes celles et tous ceux qui bravent les interdictions de manifester, pour la liberté de circuler, de s'installer, contre le racisme, contre la violence policière et sociale ».

Le gros du propos est de dénoncer l'horrible police et des « milices fascistes », du « racisme systémique », « violences policières sous caution sanitaire », dits fascistes dont on n'a pas vu d'exactions pendant tout le spectacle actuel. Les raccourcis n'expliquent rien. Pour l'essentiel face à la crise du covid la bourgeoisie a été capable de ce qu'elle a pu, mais surtout d'improviser. En ne voyant pas qu'elle a fait preuve d'impéritie et de gabegie, qu'elle a été méprisée pour cela par les masses, nos pédagogues trotskiens confère plus d'importance qu'elle n'a à cette pauvre police plus en carence de masque que démasquée. Alors que ce qui va arriver va s'avérer « massif », on ne voit pas en quoi les petites répressions de quartier géré par des voyous pourrait dissuader de « toute résistance » de classe ? Quant à la solidarité charitable des activistes gauchistes les familles des victimes des exactions policières ou de leurs propres exactions, elles s'en tapent, elles ont leurs propres avocats communautaristes et bateleurs de foire antiraciste. Quant au soutien à tout ce qui bouge, c'est la fonction régalienne et historique du trotskisme krivinesque, abrutir les lycéens bobos et les former à devenir de possibles professionnels du PS6. Dans l'ensemble, en matière de police, les divers clans trotskiens n'ont aucun complexe à avoir, une fois la police bourgeoise dissoute, ils en créeront une autre, plus féroce encore et qui, à l'exemple deKronstadt, tirera dans le tas et n'utilisera plus ces armes anti-écologiques que sont les gaz lacrymogènes.

UNE POLICE FASCISTE ?

L'accusation de fascisme c'est pour clouer au pilori, diaboliser ou crucifier (choisissez!) mais ce n'est pas bien méchant. Le terme ne veut plus rien dire, sauf à signifier qu'on est bien heureux dans ce monde débarrassé de l'horrible Hitler, et que, vaut mieux se contenter de chanter « grève générale » et défiler derrière les ballons CGT que réellement se hausser à une vraie lutte marxiste.
Des Etats-Unis à la France, cette scolie n'explique rien. Le fascisme n'existe plus depuis longtemps et les fonctionnaire de police ne sont pas au service de Hitler mais de la démocratie parlementaire. Ou alors il faut nous expliquer pourquoi une police parlementaire utiliserait des forces de polices « fascistes » ? OU sous-entendu au comportement fasciste. Et je veux bien qu'on m'explique ce qu'est un comportement fasciste. Et par après en quoi la répression étatique ne devrait pas être par exemple fasciste ?
On peut examiner l'impossible démonstration en parcourant les écrits d'un faux groupe (catégorie que j'ai magnifiée incidemment depuis quelques articles), c'est à dire un individu, le plus souvent issu du trotskisme ou du bordiguisme, et qui se fait passer pour un ou plusieurs groupes (miracle du web).
Un communiqué du sur-nommé Robert Paris, et à l'occasion Victor Serge, pourtant signé « Louise M »7. et tenez vous bien de son propre comité Gilets jaunes Poitiers, nous indique sur farce book comment mettre à bas le capitalisme :
« EN FINIR AVEC LES VIOLENCES POLICIERES, C’EST EN FINIR AVEC LE CAPITALISME » Mardi 2 juin 2020.

L'auteur féminisé et groupal est plus intelligent que ses ex-exploiteurs trotskiens, c'est une classe sociale « car c’est la classe des pauvres, la classe des travailleurs, qui est réprimée chaque fois qu’elle veut faire entendre ses droits ». Admettons mais que se passe-t-il ?

« La police se fascise, les jeunes stagiaires policiers s’entraînent en tabassant les migrants dans les Centres de Rétention Administrative, parce que la police est un appareil d’Etat, au service des gouvernants, eux-mêmes aux ordres d’une poignée de milliardaires qui sont prêts à toutes les atrocités pour conserver leur société mortifère ».

Se fasciser signifierait donc taper méchamment sur des migrants et parce que la police ets au service des riches. Un abonné de 16 ans au journal riquiqui LO de l'ineffable et fier Jean-Pierre Mercier, peut comprendre cela tout de suite, le trouver quelque peu simpliste et victuaille de pédagogue à la retraite.
Essayons d'aller plus loin dans la pédagogie :

« La police ne nous protège pas, la police réprime les travailleurs pauvres qui ont le frigo vide le 15 du mois, la police réprime la mère de famille qui ne fait qu’un repas par jour pour pouvoir nourrir ses enfants, la police réprime l’ouvrier en lutte contre les licenciements, et bien sûr les immigrés qui sont la plupart du temps des travailleurs pauvres. La police ne fait que maintenir les gouvernements en place au service des grandes fortunes qui nous poussent dans la misère. Une police mise en place par les Etats capitalistes pour annihiler toute contestation sociale, politique ou économique et pour maintenir leur société inégalitaire ! ».

La police protège certes le gouvernement, les riches et rarement nos pauvres maisons contre les cambrioleurs. Pour bien faire comprendre sa nocivité, il faut y ajouter l'intention torpide : elle réprime ceux « qui ont le frigo vide le 15 du mois » et aussi elle réprime « l'ouvrier licencié » sans oublier les « immigrés » (même ceux qui arrivent par avion?). La police sert à « annihiler toute contestation sociale ». Euréka ! Tout s'explique ! la police est responsable de tout, c'est pourquoi elle est « fasciste », totalitaire quoi ! Les autres institutions, parlement, chapelles politiques, barnums syndicaux, eux, remplissent le frigo, soutiennent (en paroles) l'ouvrier licencié.

Comment se défendre nous les pauvres avec le tourbillon social qui arrive ?

« Et comme l’effondrement du capitalisme va engendrer de plus en plus d’inégalités qui vont jeter dans la misère un travailleur sur deux à l’échelle mondiale, ils auront besoin d’une police ouvertement plus fasciste pour réprimer tout soulèvement populaire ».

Il fallait le déduire, il suffira d'une police de plus en plus « fasciste » pour calmer les miséreux et crève-la-faim. Il suffira à la police de cogner quoi. Et toutes les autres institutions canailles n'auront qu'à regarder leurs garde-chiourmes accomplir le travail éminemment intellectuel du policier de base pour « frapper les consciences ».

Enfin, après l'exaltation du fétichisme anarchiste et creux de l'auto-organisation, notre prof de lycée nous invite à constituer des « comités d'auto-défense populaire », comme n'importe quelle racaille d'extrême droite peut en proposer à tout moment, sans que cela réponde ni à une expression ni à une maturation de la classe ouvrière. C'est la traditionnelle filouterie trotskiste : je me précipite pour vous organiser afin que vous ne puissiez jamais le faire vous-même » !

Et en reprenant les deux slogans des bobos américains et français :

« Pas de justice, pas de paix !
Justice pour George Floyd et pour tous les morts faits par la police ».

Résumé provisoire pour les nuls

La protestation concernant le meurtre de George Floyd a été totalement justifiée les premiers jours, mais les émeutes qui ont suivies, qui n'étaient aucunement des émeutes de la faim, n'ont été que des pillages du lumpenprolétariat, qui ne peuvent que desservir ce qui sera l'action du prolétariat sans couleur dans la grande misère qui s'annonce, où il ne sera plus question de sauver des emplois ou de faire du vélo dans des avenues écologiques. L'antiracisme divise aussi le prolétariat en cherchant toujours à inventer des victimes plus victimes que les autres, ce que montre bien ce dernier article du Monde8.
Le brouhaha antiraciste dans ses multiples variantes ne sert en rien la lutte de classe. Il est et reste une idéologie interclassiste (qui mélange toutes les classes en une conscience charitable utopique et fausse). Ce n'est que du point de vue de notre vie sociale, de notre position sociale inférieure et exploitée, que nous pouvons affirmer la vérité du système. Ce n'est pas dans la philosophie ou les fantasmes d'un autre temps que le prolétariat trouvera son chemin ni en se mettant à la remorque d'une foule de sectes ou assocs réactionnaires. L'aspect hétéroclite de l'antiracisme, comme l'antifascisme désuet, sert à dissoudre le besoin d'unité de lutte contre nos exploiteurs, institutions, syndicats et partis, et pas seulement ni prioritairement leur police. L'action intempestive antiraciste barre la route à la réflexion de classe.

NOTES

1 Au cours du mouvement gilet jaune, la haute bourgeoisie française s'est fabriquée une auto-protection en laissant désigner à la vindicte les flics grâce aux LBD, avivant la névrose anti-flic, au point qu'au plus fort de la colère, et de la terreur des yeux crevés, la haine comme paroxysme de l'absence de réflexion, réclama l'abolition de la police, mais pas de l'Etat bourgeois !
2 Hadama Traoré co-fonde le « mouvement citoyen » La révolution est en marche (LREEM) (un double macronien, sic!) en janvier 2017, puis dépose les statuts du parti dextrême gauche Démocratie représentative (DR) en juin 20177. En parallèle, il devient une figure locale à Aulnay-sous-Bois, certaines de ses vidéos comptant des centaines de milliers de vues sur Internet. L'hebdomadaire Marianne le considère comme un « personnage trouble » menant une guerre ouverte contre la police. Lui-même se définit comme un « père de famille », un « gars de quartier », un « révolutionnaire », un « Noir de banlieue » , un « ex-délinquant ». Il dit encore de lui : « Chez moi, je suis dans le cœur des gens, j'ai été un gros délinquant, j’ai été producteur de rap français, j’ai été la fierté de la ville. Et maintenant, j’enclenche une révolution. ». Il est révoqué de son poste de « responsable jeunesse » ( !.) à Aulnay sous bois, pour son soutien non voilé au terrorisme, mais est soutenu par la CGT et le NPA. Aux élections il ne fait que des scores minables.Lors des élections européennes de 2019, il est à la tête de la liste d’extrême gauche « Démocratie représentative », du nom de son parti. Il affiche pour objectif de porter auprès des institutions européennes la voix de la « majorité silencieuse », celle des banlieues, dont il se présente comme le représentant. Il porte un programme avant tout axé contre la police, Sa liste arrive en 29e position sur 34 listes, avec 0,01 % au niveau national et 2,65 % à Aulnay-sous-Bois. (…) Il persiste à essayer de parvenir dans les canaux de la politique bourgeoise malgré sa réputation sulfureuse. Il a été dans une liste conduite par Raoul Mercier, adjoint au maire Gérard Ségura (PS) entre 2008 et 2014. Le parti des Indigènes de la République soutient l’initiative. À l'issue du premier tour, qui est marqué par la victoire du maire sortant dans un contexte de forte abstention (67 %) notamment due à la pandémie de coronavirus, la liste arrive en quatrième position (sur six listes), avec 3,9 % des voix.


4https://www.marianne.net/societe/qui-est-hadama-traore-l-organisateur-du-rassemblement-interdit-de-soutien-au-tueur-de-la

5Je ne peux pas renier non plus ce que je constate il y a quelques mois à peine dans ce même article : « « Le gouvernement bourgeois n'a même pas besoin de montrer du doigt les immigrés ou ex-immigrés non intégrés qui vomissent la « France blanche », qui conchient l'école républicaine, ils s'exhibent eux-mêmes. Je peux dire comme Hadama Traoré que, dans ce magma moyenâgeux mais avec portable, les gens sont victimes du chômage mais aussi du rejet qu'ils recherchent par leur accoutrement et leur repli communautariste. Cette situation déplorable autorise-t-elle à exercer sa vengeance en tuant des civils innocents au nom d'une invention religieuse du lointain jadis ? Que vient faire cette sornette de dite « radicalisation » et pour quelle perte d'identité ? Bigots d'un autre temps ou prolétaires aujourd'hui, il faut choisir !
L'autre déni des réactionnaires islamo-gauchistes est bien sûr le refus de lier immigration et terrorisme, au nom du fait que le « gouvernement s'en sert pour diviser les travailleurs », mais c'est tout de même le lien impérialisme et immigration qui transparaît. C'est non seulement le raisonnement borné de la « petite bourgeoisie blanche » (ceux du comité invisible comme le remarque d'avocaillon Lagasnerie, pote à Traoré bis) mais celui de l'élite qui ne voisine pas avec les campements sauvages et malodorants des portes d'Aubervilliers et de la Chapelle, et de tous ces militeux gauchistes qui n'y changeront rien ni n'apportent nourriture et vêtements Parce que aussi c'est risqué, ils finissent par devenir méchants, et là on les comprend. (…) Ce n'est évidemment pas l'immigration comme telle, historique et nécessaire dans des proportions raisonnables, qui est responsable du terrorisme, mais elle est le vivier où peuvent puiser naturellement les instructeurs de guerre pour les grandes puissances rivales. Il y a de l'argent pour cela. Les corps francs en Allemagne ont abondamment recruté eux aussi parmi les chômeurs et les exclus. Les terroristes sont les soldats d'une nouvelle guerre mondiale qui ne parvient pas à accoucher. Le pire est encore à venir ».(...) On trouve toute une armada d'intellos délirants à la logique traître bien plus dangereuse que les à peu près simplistes de Zemmour. Cf. un certain Geoffroy de Lagasnerie – La conscience politique, chez Fayard – qui collabore avec l'autre clan Traoré (la sœur d'Adama assassiné par la police) où il n'est plus question que de concepts néo-coloniaux, où c'est la police qui occupe les quartiers, où les sectes antifascistes ont raison d'empêcher la liberté d'expression, des délires post et néo-maoïstes finalement qui visent à héroïser la clientèle intello-bobo-immigré.
(mardi 8 octobre 2019 : Ce principal terrorisme qui est mis de côté)

6Les petits comme Julien Dray, qui aime tant les montres, ne connaîtrons jamais leur heure ; il rêva longtemps d'être promus ministre de l'Intérieur. Le petit Eric Ciotti, petit député de droite, postule à son tour au poste en proposant de flouter le visage des flics en train de tabasser. Moi je propose de flouter celui des manifestants et je me verrais bien commissaire prolétarien au maintien en camp de travail des profs trotskistes ou ministre du travail écolo pour la fabrique de vélos électriques aussi en camp de travail où travailleraient exclusivement les féministes parisiennes pendant que leurs femmes de chambre se promèneraient rue de Rivoli ou iraient jouer au golfe, prolétarien évidemment.
7Quelle belle façon de se cacher aux yeux des policiers aguerris de l'ombre, j'avais déjà noté que nos amis individus-groupes bordigo-algériens signaient avec un prénom de nana ! Sans doute une concession machiste à la prise de pouvoir des femmes au sommet de l'Etat capitaliste décadent.
8https://www.lemonde.fr/international/article/2020/06/03/de-la-crise-sociale-a-la-crise-raciale-aux-etats-unis-le-lien-n-est-pas-evident_6041584_3210.html

lundi 1 juin 2020

LE MEURTRE DE GEORGE FLOYD N'EST PAS UN CRIME RACISTE


« C’est, pour une bonne part, comme force de production que le corps est investi de rapports de pouvoir et de domination ; mais, en retour, sa constitution comme force de travail n’est possible que s’il est pris dans un système d’assujettissement ; le corps ne devient force utile que s’il est à la fois corps productif et corps assujetti » ;
Michel Foucauld (Surveiller et punir)
« Dans cette humanité centrale et centralisée... il faut entendre le grondement de la bataille ». Le même
«Plus de 103 000 morts du Covid, plus de 40 millions de personnes au chômage et la cinquième nuit de chaos ». Présentateur de TV américaine.

Mais c'est un crime d'Etat. On se focalise sur les cinq cognes qui ont étouffé George Floyd et sur l'abruti qui lui coinçait la tête avec son genou. Personne ne s'interroge sur le « spectacle » ainsi offert à la population mondiale et sur son objet. La scène est de toute manière révoltante, chacun d'entre nous spectateurs ressent aussi comme un étouffement, comme l'approche de sa propre mort. Aussitôt la médiatisation cria au « racisme » contre un « afro-américain » (pourquoi pas affreux américain?), dénonçant des criminels « policiers blancs » (quoiqu'on aperçoive un policier asiatique debout près du mourant).
Il faut tout de suite convenir de l'importance de l'ébullition sociale créée, et non pas simplement « genrée » qui a pris le dessus sur tout autre événement se déroulant sur la planète. La mise en scène de la marchandisation de l'espace avec la fusée « la plus puissante du monde » d'Elon Musk n'a intéressé personne, et la vue du poste de commandement à Cap Canaveral avec sa noria de techniciens porteurs du masque antivirus, révélait plus l'impuissance à terre de la science capitaliste que la glorieuse, et dont on se branle, conquête des étoiles.

Comme à chaque bavure, en France ou ailleurs, la répression ou l'acte sordide d'un crétin en uniforme, du robot exécutif1 - car les flics, surtout basiques genre CRS et gendarme mobile sous armure moyenâgeuse, ne font plus figure humaine - fait aussitôt l'objet d'une dénonciation hystérique antiraciste, sorte de contre-feux automatique qui ne peut pas provenir du « pouvoir » puisque ce sont les contestataires qui s'en chargent (ici, Libé, npa, Médiapart, etc.). En réalité la bavure possède une haute dose de récupéralibilité perverse, désolé pour ce néologisme de ma fabrique, parce que c'est compliqué à faire comprendre. Elle est d'abord un fait : tant pis pour celui qui a résisté ou symbolisé l'illégalité, il devait être exécuté. Mais comme toute justice expéditive elle ne peut qu'apparaître révoltante, aussi lui trouve-t-on deux faces avocates, d'un côté c'était accidentel, et de l'autre c'était un acte raciste. Tournez manège, suite au prochain numéro.

Le scandale principal de l'exécution publique de George Floyd n'est même pas évoqué depuis plusieurs jours par les médias du monde entier : la méthode policière étouffante et hyper risquée du placage ventral au sol (méthode mondialisée) par cinq brutes contre un ; notons au passage qu'il y a
toujours une jouissance pour un groupe de policiers petits (comme lors de l'arrestation du journaliste noir de CNN) de ficher par terre un colosse du genre de George Floyd, Gargantua, ancien champion sportif dans deux disciplines majeures aux USA, ou un journaliste dont la fonction sociale est plus huppée. Le plaquage au sol a déjà tué en France plusieurs manifestants ou récalcitrants. L'a-t-on déjà oublié ? Comme on a oublié que les multiples demandes de suppression de cette « tentative d'assassinat légale » soit interdite pour les cognes, n'ont buté que sur le mutisme indifférent d'Etat. L'usage des LBD qui ont tant crevé d'yeux de manifestants gilets jaunes, a-t-il été retiré de l'armature des demi-soldes robocops ? Que nenni ! Pourquoi ? Simplement parce que ces deux méthodes évitent de tirer dans la foule comme dans les années 1950, et que, plus sélectivement masquée sous la parure de « possible bavure », placage ventral au sol et arme crève-oeil restent indispensables pour exercer en toute impunité juridique la terreur de l'Etat bourgeois.

Le plus sordide dans l'emballement médiatique autour du meurtre officieux de George Floyd est évidemment l'intense campagne, non pas contre le racisme, qui reste accessoire finalement et usée jusqu'à la corde, mais la revendication de « justice pour George Floyd »2. Demander justice pour un mort tient plutôt de l'oxymore ou du foutage de gueule, et c'est derrière ce slogan « démocrate » que les spécialistes de l'indignation libérale, gauchiste et de tout acabit, se sont congratulés ; sans oublier les slogans factuels qui limitent toute réelle réflexion politique (on se rappelle du creux « je suis Charlie ») : « je ne peux plus respirer », les derniers mots de la victime sous la botte policière. Mots pourtant qui retentissent cruellement et véridiquement en écho à la pandémie que subit l'humanité. Mots qui, hors des slogans farceurs qui font croire à la justice de classe de la classe dominante, devraient plutôt signifier la vérité : le capitalisme étouffe l'humanité.

Et c'est là tout l'intérêt de bloquer la signification de l'événement et de ne pas en rester au constat de la nécessité de l'émeute mais aussi de sa limite, les frasques subséquentes des paumés petits bourgeois. On a affaire à une répression de classe. Point. L'embrasement à Minnesota et dans bien d'autres cités américaines aurait-il pris une telle ampleur hors la situation subite de 40 millions de chômeurs. Les médias nous agitent sous le nez une histoire de noirs versus des flics « fachos » mais oublient de peindre la toile de fond. Je me permets de rappeler que mai 68 a commencé non pas à cause du monôme étudiant ni à cause du réveil des ouvriers consommateurs mais par l'indignation face à l'ultra-violence policière et de flics sans moyen, tapant en tous sens comme contre les ouvriers immigrés algériens, et pas encore harnachés en robocops ni formatés aux techniques dissuasives plus sophistiquées.

L'indignation contre le meurtre de George Floyd a été d'abord indignation contre un acte anti-humain, lâche et le fait du personnel robot de l'Etat capitaliste. Qu'aussitôt on ait barbouillé le meurtre en le personnalisant sur le seul abruti Dugenoux face à un « afro-américain » en criant partout qu'il s'agissait d'un acte raciste traditionnel dans la société américaine, aurait dû en faire réfléchir quelques uns parmi vous !
Je viens de revoir un film « noir » - « Le coup de l'escalier » (1959) de Robert Wise – de ces années de reconstruction, que nous nommons encore en milieu maximaliste « années de la contre-révolution ». Dans la lignée de ces films « polars » sur les paumés de la société consumériste, on y trouve en général un bon reflet des arriérations d'époque. En comparant avec nos jours, on est frappé par les énormes différences. Il n'est pas vrai que la société américaine est aussi raciste que pendant ces lointaines années. Les sixties, et bien avant 68, sont passées par là. Au cours des années 1970, un slogan des mineurs américains en grève avait bien résumé la révolution « des moeurs », bien plus sérieux que la clochardisation bobo à Woodstock : « au fond de la mine on est tous noirs ». L'Etat bourgeois a d'ailleurs récupéré au niveau idéologique ce contre-le-racisme en anti-fascisme d'Etat ; Trump, qui n'est pas fou, a d'ailleurs été le premier à s'indigner bien avant son rival et la gauche américaine3.

George Floyd nouvelle victime expiatoire du prolétariat

Cet homme est aussi une victime du covid, puisque vidé de sa place de videur (il avait exercé tous les métiers et fait de la taule comme du sport de haut niveau4) il cherchait à s'inscrire au chômage. Les circonstances de l'arrestation sont pitoyables. Floyd aurait effectué le paiement de ses courses dans un supermarché avec un faux billet de 20 dollars, c'est à pleurer la misère. Il est aussitôt dénoncé à la police par une larve de caissier (ça ne se fait pas en France, on lui rend son faux biffeton et il repart le type). On connaît la suite. Disproportion ahurissante et un tel zèle des demi-soldes robocops pour aussi peu de chose, qu'on y voit la condamnation à mort du voleur d'orange pendant que les Balkany, Carlos Goshn et leurs équivalents US courent toujours...

On ne peut s'éviter la comparaison avec Damiens5. Le fameux Surveiller et punir place de Michel Foucauld s'ouvre sur l'effroyable supplice de Damiens, qui sera d'ailleurs le dernier type de massacre public de la féodalité. Plus que le châtiment du condamné importait à l'époque la visibilité de la peine, le spectacle de la souffrance du condamné, « pour l'exemple » comme on dira encore lors des pelotons d'exécution en 14-18. La peine de mort en public permettait de démontrer la puissance du roi. Le corps supplicié devait pénétrer les esprits et leur faire ressentir la terreur indicible comme rétorsion inévitable face à toute désobéissance, jusque pendant leur sommeil.
Foucauld, aussi débile politiquement que le fût ce pauvre Sartre, n'est pas ma tasse de thé. Je l'ai d'ailleurs croisé une fois en 1971 avec Geismar. Comme sociologue de la marginalité, de la folie et de la sexualité il nous a laissé tout de même de percutantes analyses, plutôt lorsqu'il se rapproche de la méthode conceptuelle de Marx6.
Par contre, en prétendant survoler l'ensemble des techniques disciplinaires, en super prof des hautes études et banal maoïste certifié, il ne voit dans la discipline d'atelier qu'un réductionnisme, finalement comme tout bourgeois il croit que le prolétaire ne peut être qu'un enculé du capitalisme. Contrairement au subtil Marx il est incapable de voir dans la soumission disciplinée la fin de la soumission mais l'apprentissage d'une autre discipline. Discipline et responsabilité dont j'ai déjà rappelé ici que ce sont les deux aspects fondamentaux dans la conscience du prolétariat, qui conditionnent paradoxalement sa conscience et sa recherche de l'unité.

Dans la description factuelle, Foucauld touche juste. Le corps au travail devient l’espace d’investissement d’un ensemble de dispositions visant à la réalisation des profits. « Le corps de l’ouvrier » inquiète non seulement parce qu’il est potentiellement le foyer « de l’illégalisme de prédation et de déprédation », mais également parce que la paresse, les libations ou les festivités laissent craindre un « illégalisme de dissipation ». Le corps est un capital objectivé par les rapports de production : son épuisement ou la dispersion de ses énergies oblitèrent les profits futurs, c'est pourquoi la bourgeoisie, pendant le pic de la crise du covid, a pris tant soin de la santé de la « nation » Il faut « protéger la force de travail de son propre porteur ».
L'entreprise, en particulier via les mafias syndicales, noue entre elles les sphères du travail et de la vie personnelle, l’entreprise solidarise l’individu à ses propres objectifs politiques. Tout cela a été clairement confirmé par le télé-travail pendant le confinement, loué comme gage de confiance des exploités, capables de rester soumis sans que leur corps soit surveillé physiquement.
La gouvernementalité libérale confirme sa capacité à un enrôlement des subjectivités. La « discipline d'usine » pouvait encore produire naturellement le socialisme, parce qu'elle ne tenait que le corps comme les romains ne ficelaient que les mains des chrétiens. L'emprise psychologique du capitalisme mondialiste détruit tout espoir. Le corps n’est qu’un élément, parmi d’autres, de cette grande transformation ultrasubjective. Il intègre le capital personnel d’une entreprise de soi en perpétuelle recherche de performance : sport, sexualité, sommeil, nutrition, attention et vigilance prennent place dans un tableau plus vaste de variables psychosomatiques que l’individu surveille, améliore et augmente. L’organique, visé par le pouvoir disciplinaire classique, ouvrait encore la possibilité d’un repli intérieur, d’une recomposition intime des résistances et des refus. Débordant le territoire somatique, arraisonnant l’âme à son entreprise de mise en conformité des subjectivités aux désirs d’accroissement sans fin du capitalisme, le néolibéralisme vise une prise totale sur les individus par les individus eux-mêmes.

Michel Foucault a usé d’un second concept, la biopolitique, qui lui aussi innerve les travaux de sciences humaines et sociales depuis une trentaine d’années. La biopolitique a fini par désigner, pour l’époque moderne, un régime de pouvoir partagé entre le « faire vivre » et le « rejeter dans la mort ». La célèbre journaliste de la sexualité débridée, Marcella Iacub a récemment mis en exergue la nécessité de réviser la biopolitique foucaldienne à la lumière des nouvelles lois bioéthiques. Ces dernières ne visent plus le corps en tant qu’unité organique, mais le « matériau humain » dans ses déclinaisons et ses variétés : liquides, organes, substances. Iacub soutient que, dans cette perspective d’un corps démembré au profit de ses éléments constitutifs, « l’être humain et même l’espèce humaine ne vont plus être des données a priori mais des horizons à construire ». Le droit opère donc à la couture de l’organique et du pouvoir. La prise juridique sur le corps cesse d’être opératoire dès lors qu’un soma perçu dans ses flux et ses pièces devient la source d’une politique bioéthique. À la différence du corps décrit par Foucault dans ses passages de vie à trépas, point déterminant du régime de pouvoir moderne, le corps contemporain semble ignorer la mort7. Il s’agit bien pour le philosophe de « court-circuiter l’intériorité, la conscience et la subjectivité, et de contourner toute interprétation d’ordre psychologique ». Plus exactement, en insistant sur le travail de subjectivation du pouvoir et les projections sur chaque individu d’une psyché attendue Foucault ne nie pas la possibilité d’un travail du pouvoir visant « l’âme » et l’intériorité.

LE SPECTACLE DE LA VIOLENCE ETATIQUE QUI SE RETOURNE CONTRE ELLE

Je me suis intéressé également aux réflexions du philosophe marginal Agamben qui rappelle que, dans le droit romain antique, la condamnation à mort est très particulière. Mis au ban de la société, le condamné ne pouvait plus être tué selon les rites de celle-ci ; mais dans le même temps, son meurtre n’était pas un homicide. Situation paradoxale d’un homme placé en dehors de la cité, dont l’exécution ne pouvait plus relever du droit de cette dernière, mais qui pouvait malgré tout être mis à mort sans inquiéter son meurtrier.La production de la « vie nue », pure biologie débarrassée des attributs politiques, par une exclusion mortifère et paradoxale, serait au fondement de la politique moderne. La figure de l’exclu opère comme fédérateur de la cité : posée à l’extérieur de la zone d’exercice du pouvoir, elle en incarne la limite intangible. La mise à mort publique de George Floyd, présenté comme « afro-américain », donc pas américain pur (celui-là existe-t-il à part les amérindiens?), ex-taulard, avec cette inévitable co-morbidité cachée de tous les criminels, ne vérifié-t-elle pas finalement que George Floyd s'est mis à mort lui-même ? En tant qu'étranger à la cité blanche, hors de l'univers des cosmonautes blancs ?

Foucauld dépasse les vieilles conceptions de Durkheim qui reste aveugle devant les « nouveaux mécanismes pénaux »8. Car les mises à mort et les tortures spectaculaires de l’Ancien Régime étaient l’occasion de désordres relatés longuement par Foucault. Le peuple appelé à assister à la démonstration du pouvoir du roi pouvait tout aussi bien retourner sa violence contre lui.
La fonction de la prison n'est pas de permettre la réinsertion des « délinquants » ; il faut les séparer du reste du « corps social », les distinguer de la masse des révoltes du peuple qui entravaient le développement du jeune capitalisme. On retrouve la même séparation médiatique du 93 du reste de la société française. Alors que, comme dans les ghettos américains, se trouve une partie significative de la classe ouvrière, et la plus manuelle et la plus exploitée, les délinquants doivent s'y perpétuer comme garantie que la révolte ne prenne pas le chemin de la lutte de classe. On ne parle pas de quartiers ouvriers, de prolétaires au chômage mais de population paupérisée, de seconde ou troisième génération immigrée, de peuple arabe ou noir, jamais de prolétariat. Le spectacle « révolutionnaire », la vraie insoumission sociale doit rester l'échappée nocturne en quad, pied de nez aux policiers qui finit souvent mal. Le spectacle doit être permanent car il cache le vrai souci des prolétaires confinés dans taudis exigus et conditions de transport aberrantes.
Le petit voyou à moto n'est qu'un petit bourgeois raté dont la gloire, quelquefois posthume aura résidé, dans sa capacité à « soulever le quartier ». Le jeune voyou de banlieue est le frère du bonze syndical et le héros de Besancenot et Poutou, qui n'ont jamais été qu'à l'école des BD.
Les victimes de l'émeute sans avenir sont les prolétaires du quartier, noirs ou pas noirs. La casse petite bourgeoise ne fait pas dans le tri sélectif. Au milieu de l'énorme convergence de troupes de défense « de la démocratie » (13.000 soldats pour la seule ville de Minneapolis, si bien nommée), les vraies victimes de la campagne assourdissante, et qui doivent nettoyer le bordel, ce sont encore les ouvriers :
« Samedi en fin de matinée, la petite foule se livre à un véritable ballet de balais pour chasser l'eau laissée par les lances à incendie. Un groupe de Somaliennes voilées – une des plus grosses communautés immigrées de la ville – remplit des sacs-poubelle avec des détritus, d'autres enlèvent la boue dans l'odeur âcre. « C'est mon quartier, c'était terrible de voir la destruction hier à la télé et je suis venue donner un coup de main », raconte Jenny, une enseignante de 30 ans. « Ce nettoyage et cette solidarité sont la plus belle chose que j'aie vue depuis le début de la semaine. » Son mari espère que la violence va s'arrêter. « Je comprends que certains veuillent vandaliser un commissariat, mais pas les commerces », dit-il.
« Jenny est venue avec un grand balai rouge. Jeff, son mari, en a un aussi, vert pomme. Ils ne sont pas les seuls. Des centaines d'habitants de Minneapolis ont convergé sur l'avenue Nicollet avec des pelles, des brouettes et des balais pour aider à nettoyer le quartier. C'est un des endroits qui a le plus souffert lors de la quatrième nuit d'émeutes, vendredi soir. Le commissariat est toujours debout, mais la banque Wells Fargo, le bureau de poste, une station-service et d'autres commerces ont été brûlés et saccagés ».
Et pourtant que la démocratie locale était belle :
« Minneapolis se targue de sa diversité raciale et de ses idées progressistes. Son maire est démocrate, la représentante au Congrès, Ilhan Omar, est une Somali-Américaine très à gauche. C'est aussi un des rares endroits aux États-Unis où, en 2019, un policier a été condamné à 12 ans de prison, pour bavure. Mais les manifestants ne font pas vraiment confiance à la justice. Le rapport médical sur la mort de Floyd suggère que ce sont ses problèmes de santé qui ont conduit à sa mort, et non l'asphyxie. Le ministère de la Justice n'a lancé aucune enquête, et les trois autres agents présents lors de l'interpellation sont toujours en liberté ».
Libération est obligé de décrire une réalité émeutière pas aussi reluisante que celle qui enthousiasme les infantiles NPA ou black blocs français, et où les victimes se croient encore trop noires plus que prolétaires :
« Dans ce quartier populaire, ils se sentent «abandonnés»: le maire de la ville et le gouverneur de l’Etat ont affirmé que les forces de l’ordre n’étaient pas en nombre suffisant pour faire face aux émeutiers, ni les pompiers pour venir éteindre tous les incendies. Depuis, des centaines de soldats de la garde nationale ont été déployées dans la ville, en priorité pour protéger les autres commissariats et les commerces. «Ici, on est livrés à nous-mêmes pour se défendre», constate Nina, qui affirme que la réaction des autorités aurait été très différente si «les mêmes destructions avaient eu lieu dans un autre quartier. Nous, on ne compte pas.» Elle dit néanmoins espérer que les événements permettront «de faire quelques progrès, d’aboutir à des changements à Minneapolis». Depuis la mort de Floyd, à Minneapolis, rien n’est manichéen : il y a des casseurs et des pillards noirs et blancs, et les manifestants sont également, eux-mêmes, victimes des émeutiers. «Ce sont même les gens les plus affectés par les brutalités policières qui sont aujourd’hui affectés par ces destructions, insiste Nina. Les commerces de cette rue qui ont brûlé appartiennent presque tous à des gens de couleur.» L’émotion après la mort de Floyd, elle, est unanime, tout comme l’appel à un changement profond et structurel dans les forces de l’ordre. «J’ai élevé deux enfants noirs, reprend Nina, blanche mariée à un Afro-Américain. Nous avons souvent dû avoir cette conversation avec eux : comment gérer une situation compliquée avec la police, comment se protéger contre eux. On a totalement intégré le fait qu’il y avait une nette différence de traitement de la police vis-à-vis des noirs et des blancs.»

Certes la plupart des zones ouvrières sont habitées par une population noire, de même qu'on nous a suffisamment expliqué que la majeure partie des nombreuses victimes du covid aux Etats-Unis était noire. Certes mais ne sont-ils pas avant tout des prolétaires et pas des va-nu-pieds ni de quelconques petits casseurs anarchistes noirs et blancs ? Certes il faut tenir compte de l'énorme capacité de l'Etat démocratique à favoriser la paranoïa d'être noir et libre de ses mouvements, comme l'explique superficiellement l'Express :

« Une fois par jour au moins, Neuli Shangwe et sa famille ont la peur au ventre. Car une fois par jour, son frère part faire son jogging dans leur quartier de Minneapolis. Ils s'imaginent alors les pires scénarios. " Ici, un Noir qui court dans la rue, c'est forcément un homme suspect, raconte la jeune femme de 27 ans. Et un homme suspect noir, c'est une victime potentielle des bavures de la police", explique-t-elle, navrée9. Puis son regard vert perd de son intensité et ses yeux se tournent vers le sol. Dans un souffle, elle ajoute: "Je ne sais jamais si mon frère reviendra de son jogging..."  
Des manifestations qui ne sont pas sans rappeler d'autres incidents survenus aux Etats-Unis concernant des meurtres d'hommes noirs, comme l'affaire Trayvon Martin en 2012, la mort d'Eric Garner en 2014 lors d'une interpellation - qui a, comme George Floyd, alertant qu'il ne pouvait pas respirer aux policiers - ou encore celle de Michael Brown à Ferguson la même année. La liste est longue. Comment expliquer que de telles situations adviennent aux Etats-Unis et mènent à une si grande colère ? ».

Justement l'ensemble de la presse-médiatrice du pouvoir ne l'explique en rien, sauf à en rester au particularisme racial et aux interviews impressionnistes de monsieur et madame tout le monde à un coin de rue.

UNE ALERTE SOCIALE QUI NE DOIT PAS ETRE REDUITE A LA PROTESTATION ANTIRACISTE

Que pèseront ces jours de protestations sociales détournées dans l'attente d'un vraie justice bourgeoise par rapport aux luttes, pas aux émeutes, qu'il faudra à la classe ouvrière mener partout, sans doute avec des revendications plus politiques que salariales. D'ailleurs à son premier niveau la colère contre le meurtre du prolétaire George Loyd, est un fait politique, bien que embrouillé dans les protestations antiracistes de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie. On ne va pas accepter que les masses d'ouvriers noirs soient qualifiée de pauvres ou de racisés, mais respectés comme prolétaires à part entière. La question n'est plus alors quelle justice ? Mais quel emploi, quel avenir pour les millions de jeunes avec ou sans diplômes ? Le gouvernement espagnol a approuvé vendredi en conseil des ministres la création d'un revenu minimum de base garanti pour les foyers les plus pauvres. Ce revenu a été fixé à 462 euros par mois et par personne vivant seule, et jusqu'à 1.015 euros pour une famille, a précisé Pablo Iglesias, le chef de file du parti de gauche Podemos et l'un des vice-présidents du gouvernement. Il sera cumulable avec des revenus modiques. Est-ce que les gouvernants capitalistes croient que ce genre d'obole va nous empêcher de mettre en cause le capitalisme ?
Est-ce que les petits rigolos trotskiens de Lutte ouvrière qui s'alignent sur ce partage de la misère croient qu'on va les prendre pour des ennemis du système ? ils titrent leur blog : « Non aux licenciements, répartition du travail entre tous », ce qui est nettement moins radical que la mafia CGT ou que les généreuses donations pour le travail partiel en confinement par les sieurs Macron et Le Maire.

C'est tout pour aujourd'hui et je termine avec ce beau mot de Michel Foucauld :

« Le droit de mort tendra dès lors à se déplacer ou du moins à prendre appui sur les exigences d’un pouvoir qui gère la vie. »


PS : Sur les exactions policières. Il ne faut jamais oublier que ce sont des exécutants, et qui agissent dans les moments les plus primaires. Il y a bien d'autres professions flicardes, psychologiques, journalistes, syndicales. La grosse majorité des corps de police sont en effet des robocops. Les plus humains se suicident parfois. Les médias n'en parlent pas, mais parmi eux il y a souvent du dégoût d'exercer une telle fonction, mais faut bien bouffer même en uniforme. Leur problème et toutes les révolutions le démontrent, c'est que les exactions ne tombent jamais dans l'oubli et peuvent se payer au centuple. J'ai rappelé dernièrement, ce que ne savent pas ou ne veulent pas savoir le spécialistes de la révolution russe, que la moitié des flics de Petrograd ont été tués et jetés dans le fleuve, plus de trois mille en 1917... Dans les grands chamboulement, il n'est pas interdit de faire preuve d'opportunisme. En 1945, les flics parisiens qui avaient si bien exercés la répression pétainiste et envoyé les juifs à la mort, se joignent « opportunément » à l'insurrection gaulliste organisée par un stalinien « néo-léniniste »10. Terminons par cet entrefilet qui sauve l'honneur des policiers restés dignes :

« Nous voulons être avec vous. Ces policiers vous aiment ». Le discours du shérif du comté de Genesee, dans le Michigan, n'est pas passé inaperçu en plein mouvement de contestation aux Etats-Unis après la mort de l'Afro-Américain George Floyd après une interpellation policière à Minneapolis. "Marchez avec nous", a répondu la foule à Chris Swanson. Policiers et manifestants ont donc défilé dans le calme à Flint, samedi 30 mai. La manifestation pacifique a duré plusieurs heures ».


NOTES


1La représentation des flics comme robots est tout à fait explicite lors de l'interpellation du journaliste noir de CNN. On voit une bande de robocops se mouvant au ralenti, cernant puis posant les menottes au journaliste sans parler, sans donner d'explication. Puis l'emmener. Le technicien blanc était aussi menotté par après, puis comme l'image n'aurait sans doute pas eu l'effet recherché, on nous annonce que seul le journaliste noir a été emmené en détention, donc preuve d'une arrestation raciste, mais c'est faux les deux employés de CNN ont été en état d'arrestation.
2Un des plus bêtes indignés professionnels, Yannick Noah, comme tous ces artistes qui feraient mieux de perfectionner
Noah respire le fric.
leur talent au lieu d'exprimer leur bonne conscience de pauvres parvenus, en rajoute dans la croyance en une vraie justice ! De classe ?

#justiceforgeorgefloyd #blacklivesmatter #justiceforall enough !!!!! It’s not enough to be non racist we must be Anti racist ! Say it LOUD !!! Justice for Georges FLOYD and ALL !!
Remettons la palme de l'imbécillité aux bambins immatures du NPA : « « Les outrances racistes policières qui ont déclenché les manifestations et la colère qu’on voit dans les rues des États-Unis sont le fruit de quatre cents ans d’oppression raciale. Elles sont inséparables et font partie de la structure même du capitalisme étatsunien. La solution se trouve donc dans les changements sociaux de grande envergure. D’ici là, nous revendiquons la fin de racisme policière et la protection des communautés victimes par de telles violences ». Et ta sœur on revendique la guérison de son rhume ?

3Avec un parfait cynisme de façade dont a témoigné un des membres de la famille de Floyd tant de la part du Trump que du Joe Biden. Un besoin de justice, des mots et des supplications qu’il a senti vite balayés par ses deux interlocuteurs. “Je ne comprends juste pas”, commente alors Philonise Floyd, toujours sur MSNBC, des sanglots dans la voix. ”Ça m’a fait mal. [...] Pourquoi devons-nous vivre toute cette douleur? J’aimais mon frère et je ne le reverrai juste plus.” 
4Une série d'atouts qui risquent bien d'en faire le nouveau Che Guevara sur les tee-shirt des banlieues.
5Ce fût d'ailleurs mon premier surnom de clandestinité militante. https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert-François_Damiens

6Je vous livre ceci, qui est complexe, en note car cela nécessiterait une longue démonstration qui sort du cadre de cet article. Il reprend par exemple à son compte une analogie entre la division du travail et la tactique militaire tirée du Capital : « De même que la force d’attaque d’un escadron de cavalerie ou la force de résistance d’un régiment diffèrent essentiellement de la force des sommes individuelles… de même la somme des forces mécaniques d’ouvriers isolés diffère de la force mécanique qui se développe dès qu’ils fonctionnent conjointement et simultanément dans une seule opération indivise » (note 2, p. 192 de Surveiller et punir)
7https://journals.openedition.org/chrhc/2526
8Au XIXe, la punition est sans doute devenue moins « sévère » mais elle s’est généralisée. Surtout les modalités de l’exercice du pouvoir se sont transformées, dans un « effort pour ajuster les mécanismes de pouvoir qui encadrent l’existence des individus », pour une meilleure maîtrise de « cette multiplicité de corps et de forces que constitue une population », vers « un quadrillage pénal plus serré du corps social ». Foucault, le pouvoir et le problème du corps social Matthieu Merlin. https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2009-1-page-51.htm
9Nous avons tous été profondément touchés par la chasse à l'homme puis le meurtre d'un jogger noir, affaire qui relève du faits divers, du fait qu'il y a beaucoup de cow-boys cinglés en Amérique, armés, mais qui autorise la vente des armes aussi largement et légalement ? Ce meurtre n'a pas la même gravité, désolé de le dire, et signification que le meurtre policier.
10Dans l'étonnant mea culpa de Didier Daeninckx, vieux spécialiste de la collaboration aux campagnes idéologiques bourges anti-racistes, on trouve cette remarque qui montre bien la capacité collusoire de la bourgeoisie : « Charles Tillon, maire communiste élu en 1945, figurait également dans le gouvernement De Gaulle, un général qui ne s'était jamais offusqué du fait que son ministre ait été un mutin de la mer noire ». De mutin à putain... (« Municipales banlieue naufragé ». Etonnante cette adaptation du trust Gallimard à la forme brochure pour de courts textes pamphlétaires, comme ceux que nous réalisions post-68 – nommés « tracts Gallimard » - mais pas vendus hors de prix : 3,90 E. Peut-être que, vu les bouquins de merde qu'ils n'écoulent plus (tous les éditeurs) vont-ils essayer de se renflouer avec des livrets format peuple?