Autant les problèmes
d’interprétation du fascisme et du nazisme continuent à diviser les historiens
– qui en débattent sans s’entretuer - comme le souligne Ian Kershaw, autant
dans le domaine public régi par la propagande médiatique bourgeoise dominante,
le milieu intellectuel des élites de gauche et leurs suivistes militants de
tous les gauchismes et de la diversité libertaire, reste hémiplégique. Le
fascisme agité comme épouvantail reste une abstraction fumeuse qui fonde un schématisme
à répercussion électorale, favorisant le goût de la disqualification par
l’insulte, l’amalgame systématique, une sorte d’archaïsme politique simpliste
et le culte de la démocratie actuelle. On fait comme s’il existait une
explication commune et universelle, généralement admise, du fascisme, de son
passé et de son présent supputé ou maquillé.
La mort du
« freluquet » (cf. Libération) Clément Méric, dans une
« tragique altercation » (Le Canard Enchaîné ») a agité un temps
toute la sphère intello gauchiste parisienne et leurs succursales dans les
grandes villes de province avant de retomber comme un soufflé avec le lancement
de la mascarade cycliste du Tour de France. Avant que le procès de
« l’assassin fasciste » ne redonne primeur ultérieurement à ce
dramatique fait divers récupéré comme soi-disant combat politique par toutes
les factions politiques rivales françaises, il convenait de réfléchir aux
manières et aux origines de cette hystérie antifasciste étrange, autant qu’étrangère
à la réalité, qui mélange un antiracisme idéaliste à une vision simpliste du
danger figuré par un groupe de catcheurs de rue, apaches tatoués aux
« valeurs » de la France bourgeoise, « nazillons » au front
bas, « nervis » prêt à tuer nos chères têtes frisées et blondes complices.
Politique et
faits divers
Je suis bien moins préoccupé par les
grenouillages du milieu dit d’extrême droite, avec son pôle officiel soft
électoral (le FN), ses sectes de gros bras racistes et ses originaux pipoles
(Soral et Dieudonné)
que par la fixation exagérée de l’idéologie de gauche (gouvernementale et
gauchiste) sur ce marais présenté systématiquement comme l’ennemi n°1, et
échelle de mesure dans le diabolisme contemporain qui serait figuré
principalement par cette droite « extrême » et ses « fachos »
de base. Je reviendrai sur l’errance idéologique de ce milieu et son
impuissance à parodier le « fascisme populaire » des débuts, il y a
plus de 80 ans tout de même, et sa disparition comme force bourgeoise
« autorisée » en 1945, bien qu’il ait été maintenu longtemps encore
en Espagne, pays secondaire et hors de la guerre mondiale, jusqu’au milieu des
années 1970
.
Je ne vais pas le redévelopper ici
,
mais, contrairement à Ian Kershaw, je n’hésite toujours pas sur la
caractérisation du fascisme comme produit du capitalisme, même si toutes les
fractions bourgeoises italiennes et allemandes n’étaient pas favorables à cette
seule alternative politique
.
Kershaw concède qu’il n’y a pas eu opposition entre nouvelles et anciennes
« élites » : « … loin de les supplanter, les nouvelles
élites politiques ont coexisté avec les anciennes, pour finalement s’y fondre.
Les chasses gardées, telles que la grande industrie, la fonction publique et
l’armée, ont continué à recruter la plupart de leurs cadres dirigeants dans les
mêmes couches sociales qu’avant 1933. Le système scolaire et universitaire est
resté majoritairement dominé par les classes moyennes et moyennes supérieures.
L’organisation du parti la plus puissante, la SS, recrutait essentiellement
dans les couches supérieures de la société. Si les anciennes classes
dirigeantes ont effectivement dû entrouvrir leurs rangs à des parvenus de basse
extraction jouissant des faveurs du pouvoir, ce n’était là qu’une légère
accélération d’un phénomène déjà perceptible sous la République de
Weimar »
.
Fascisme et nazisme ont été des phénomènes
autoritaires sans fard (tous les moyens sont bons) pour permettre à la
bourgeoisie d’aller à la guerre. Pour aller (retourner, reprendre… à 1918) à la
guerre, la bourgeoisie devait avoir d’abord vaincu le prolétariat ; c’est
fait avec la sale besogne de la social-démocratie dès 1919 et surtout en 1923
en Allemagne ; c’est fait également avec la social-démocratie en Italie
dès 1921. Le fascisme « finit le boulot » certes par sa violence
particulièrement ciblée sur la classe ouvrière, mais une violence assortie
d’une théorie « socialisante ». La théorie des « faisceaux de
combat » de Mussolini, si elle est articulée sur les anciens combattants
de la guerre professe une théorie néo-socialisante. Idem pour les premiers
théoriciens du « national-socialisme » du « parti national
socialiste d’Allemagne ».
GAUCHE DU TRAVAIL ET DROITE DES VALEURS
Ce rappel du moment de l’apparition du
fascisme/nazisme et sa caricature du socialisme réduit à néant évidemment l’épithète
de fasciste concernant le FN de 2013 en France, parti électoraliste dont le
programme n’est pas bien différente de nombre de partis
« légalistes » de la droite traditionnelle. Le seul groupuscule qui
pourrait être qualifiable de néo-fasciste est celui d’Alain Soral :
Égalité et Réconciliation (E&R)
est une association politique, créée en
juin 2007, ancien militant
au
Parti communiste français (années 1990),
et ancien membre du comité central du
Front national (2007). Conchiant
carrément toute lutte des classes,
la
maison mère de tous les vieux schnoques de l’Algérie française additionnée aux
multiples électeurs invisibles et aigris par l’électoralisme classique joue un
rôle plus en prise sur la réalité de la lutte des places dans les diverses
institutions bourgeoises, sans que le FN puisse prétendre à une solution autre
que celles de la droite dite régulière, que la bouillie idéologique
invraisemblable de Soral et ses amis avec leur addition d’une lutte de classe
corporative néo-pétainiste et le poujadisme du FN qui réunirait finalement
salariés et petits profiteurs des PME.
Cette secte autour d’un individu pipole qui se
proclame « nationaliste de gauche » (ou «
néo-nationaliste », voire
« alter-nationaliste ») et « transcourant » n’est pourtant
aussi qu’une association de rigolos plein de plumes comparée aux premiers clans
fascistes et nazis. Soral, c’est la version « travail, partouze,
fratrie ». Guru omnipotent avec site vidéo-narcissique, il revendique comme
prétention de « rassembler » les citoyens qui font de la patrie
(terme désuet) le cadre déterminant de l'action politique et de la politique sociale
(termes contradictoires) un fondement de la
Fraternité,
lubie imaginaire de « l'unité nationale ». Il a inventé ce
truisme : « la gauche du travail et la droite des valeurs ».
Soral brode sur une peu originale conception éclectique prétendant marier
l'union de la « gauche du travail » (
marxisme) et de
la « droite des valeurs » (
nationalisme
et
patriotisme)
contre la mondialisation capitaliste sur le modèle du
Cercle
Proudhon, qui réunissait
syndicalistes anarchistes et
maurrassiens.
Comme le fascisme, l’anarchisme lointain fît aussi l’objet d’une récupération
de droite dans les années 1930, mais finalement assez déliquescente de nos
jours avec ce genre de pitre raide, plus pipole raté, dragueur impuissant que
roue de secours crédible pour une bourgeoisie chaotique.
Une assoc anarchiste a publié une brochure pour
dénoncer le FN comme « pire ennemi des salariés » (sic quelle bourde
de bobo petit blanc bien nourri !) pas des chômeurs !), destinée aux
« conscientiseurs » professionnels syndicaux mais inévitablement
financée sans doute par le gouvernement, ce dernier ennemi des
travailleurs !
DU FAIT DIVERS AU CRIME POLITIQUE
Incontestablement « l’altercation
tragique » de Clément Méric relève initialement du fait divers, comme il
s’en produit malheureusement presque chaque samedi soir en France à la sortie
d’un bal quelconque. Un coup de poing et celui qui tombe à terre est brisé à
jamais. Comme il se doit, la meilleure manière de déguiser le fait divers
dramatique n’a-t-elle pas été de le transformer en « combat
politique » ? Pointer pour la clientèle des intellos parisiens et des
suiveurs provinciaux les « connivences » des extrêmes droites a été
le nerf (financier) du Canard Enchaîné aux magazines et sites socialisants
(Nouvel Obs, Hufington machin, Huma financée par Lagardère, blogs
anarcho-gauchistes, etc.)
.
Le Canard, instrument bien connu des barbouzes et régal hebdomadaires pour ces
mauvais jeux de mots pour une masse de lecteurs en maisons
.
La victime a été mise en scène comme la plus honorable victime qu’il soit, et,
quoique bon élève de grande école bourgeoise, un ardent défenseur de la démocratie
financière.
gériatriques a
publié la photo du gros Ayoub et de l’assassin Esteban, souriant face à face
lors d’une manif des sectes dites « fachos »
Pour le pôle récupération, et avant d’en
venir à celui-ci, je reprends un argument de plusieurs commentateurs sur les
articles un peu trop innocents dans la forme de toute la presse
bourgeoise ; objection très pertinente et éclairante :
Pourquoi ne pas avoir manifesté pareillement contre l'assassinat d'enfants
juifs ainsi que les deux soldats par le «
fasciste »
Merah ? Un lecteur avoue « sa stupeur à
la lecture des articles de ce matin à propos du fourre-tout idéologique des
antifas interviewés. Sans faire le vieux con, je n'ai pas souvenir à l'époque
(je suis un ancien lutteur contre un FN autrement dangereux) d'avoir mélangé
dans ma sphère idéologique la lutte contre les fachos et la défense des femmes
voilées! Comment se déclarer antifasciste et défendre le fascisme, qu'il soit
brun, noir ou vert, toute idéologie qui prône la violence ou la mort à celles
et ceux qui ne suivent pas sa doxa est un fascisme? j'aimerais bien qu'on
m'explique, je suis sans doute ringard ou stupide ». (ce commentateur
se fait évidemment traiter de… facho et de vieux con par les anars anonymes en
embuscade sur leurs claviers).
LE
SYLLOGISME ANTIFA
"Il s'enfonça dans la nuit et un clou dans la
fesse droite." (Pierre Dac, 1893-1975)
Un
syllogisme est un raisonnement formel qui déduit le particulier du général. Le
syllogisme est composé de trois propositions (la majeure, la mineure et la
conclusion) et telles que la conclusion est déduite de la majeure par
l'intermédiaire de la mineure. Majeur et mineur sont les prémisses.
Le syllogisme antifa, comme son confrère gauchiste en général est à la fois une
tapinose du tapin dominant, un truisme de l’idéologie bourgeoise…
En logique aristotélicienne expliquée par Wikipédia, le
syllogisme est donc un
raisonnement logique à deux propositions (également appelées prémisses) conduisant à une conclusion qu'Aristote a été le premier à
formaliser. Par exemple, Tous les
hommes sont mortels, or Tous les Grecs sont des hommes, donc Tous les Grecs
sont mortels est un syllogisme ; les deux prémisses (dites
« majeure » et « mineure ») sont des propositions données
et supposées vraies, le syllogisme permettant de valider la véracité formelle de la conclusion.
La gauche et son extrême anarcho-trotskienne
apparaissent sans s’en rendre compte dans la manip médiatique quotidienne comme
enfermées dans leurs vieux schémas poussifs et décalés hors de la réalité. Mais
pour les décrypter vraiment il ne suffit pas de lister leurs âneries, et c’est
pourquoi il faut en déceler le syllogisme comme mode de raisonnement
sous-jacent. Le schéma le plus bête en politique est bien sûr
traditionnellement le syllogisme. Le bouddhisme en est un utilisateur fréquent
jusqu’à l’écoeurement ; c’est pourquoi je me suis moqué des antifas en
parodiant les préceptes bouddhistes dans l’article précédent.
Le canon des règles du
syllogisme ne produit qu’une série de sophismes, la théorie des logiciens
bouddhistes est un idéalisme, des idées purement subjectives, conformistes,
incapables d’effectuer une synthèse supérieure, le jugement bouddhiste a un
caractère défectueux, il s’adapte au monde sensible sans s’élever :
ex : Si ma fenêtre est fermée, ainsi que je le constate, non seulement je
ne constate pas de fenêtre ouverte, mais il est absolument certain que ma
fenêtre ne peut pas ne pas, hic et nunc,
être fermée » ; le nihilisme radical du bouddhisme a
totalement était assimilé par la bourgeoisie. Et ses gauchistes autorisés.
Exemple actualisé:
l’extrême droite a dit (aussi) que le meurtre de Méric était un fait divers, or
tous ceux qui ont dit la même chose sont donc (aussi) des fascistes. Le
syllogisme gauchiste peut être aussi un syllogisme inférieur, du type déduction
plate : Le Pen a dit que la voiture qui roule devant toi est verte,
puisque tu dis que la voiture est verte, tu es d’accord avec Le Pen.
Jadis pour justifier l’Union
nationale, le syllogisme chauvin était :
-
En 1914 : tous les soldats allemands sont
des boches, or tous ceux qui s’opposent à la guerre sont donc des amis des
boches.
-
En 1939 : tous les antifascistes sont pour
la défense nationale or la défense nationale est antifasciste, donc tous ceux qui sont contre sont des fascistes.
Les couches moyennes et
leurs progénitures modernes sont « antifas » car sans cela il leur
manquerait le supplément d’âme pour se
vivre comme citoyen sans rôle décisionnel, et ils risqueraient plutôt de
glisser vers la remise en cause du capitalisme, lequel système glouton a plus
assimilé que dévoré le fascisme. On
prouvera ici que le syllogisme est de nature stalinienne, est la dialectique
stalinienne bornée. L’antifascisme new look officiel n’a plus rien à voir avec
l’historique de son père historique stalinien, il est un compost d’antiracisme,
de tolérance des religions arriérées, de fantasmes écran contre l’histoire
passée (enseignement républicain où lycéens et étudiants sont complètement
lobotomisés). Et c’est bien à un historique de l’antifascisme que nous nous
livrerons par après au final, pour rendre ce caméléon d’union nationale
relookée, de chauvinisme body buildé pour bobo missionnaire.
FLORILEGE DES RECUPERATEURS POLITIQUES
« La
mort de Clément Méric n’a rien d’un fait divers. Un véritable assassinat
politique a été commis, hier soir, en plein Paris. Quoi de plus triste et
sinistre que de mourir à 18 ans pour ses idées. Il est temps d’interdire tous
ces groupuscules. La police et la justice doivent les empêcher de se
reconstituer. Ce meurtre a eu lieu alors que les violences perpétrées par des
éléments issus de l’extrême droite se sont multipliées au cours de ces derniers
mois, notamment à l’encontre de nos militants. Le climat créé autour des
manifestations contre le Mariage pour tous a encore accentué la sensation
d’impunité chez ces groupuscules qui apparaissent aujourd’hui dans plusieurs
villes de France ». (Martine Billard du parti des 75.000
malmenés par la « peste fasciste » immémoriale)
« L’agression de Clément est un acte politique. Si Clément a été
assassiné, c’est clairement parce qu’il était engagé dans cette mouvance. Il
n’était pas militant du Parti de gauche, mais beaucoup connaissaient son
engagement dans la lutte antifasciste. C’est parce qu’il avait cet engagement
du refus de l’extrême droite qu’il a été reconnu comme tel et passé à tabac. Il
y un dimension politique, ce n’est pas un fait isolé, ni une altercation et un
fait divers. C’est un acte politique très violent. J’appelle tout le monde à
prendre position très clairement ». (Alexis Corbière, Secrétaire du PG)
« Parler
de fait divers, reviendrait à banaliser ce qui vient de se passer. Or un jeune
homme est mort, cela n’a rien de banal. Il s’agit d’une bagarre qui a très mal
tournée entre extrémistes des deux bords. Manuel Valls est dans la récupération
politique lorsqu’il évoque une «parole» qui se serait «libérée». A ce
moment-là, comment qualifie-t-il tout ce qui se passe à Marseille ? De
quelle «libération» s’agit-il là-bas ? Il se fout de la gueule des gens,
monsieur le ministre ! En outre, ces groupuscules d’extrême droite sont
surveillés en permanence par la police, Manuel Valls sait donc très bien de
quoi il retourne. La France est un Etat de droit. Il faut attraper le ou les
coupables et les juger. Le gouvernement peut dissoudre ces groupuscules s’il le
souhaite mais il sera toujours difficile d’empêcher un certain nombre de fendus
de se regrouper pour mal agir politiquement. ( Louis Aliot, vice président
du FN).
« C’est un fait politique. Deux groupuscules politiques
extrémistes se sont affrontés comme trente ans en arrière. L’affrontement ne
concerne cette fois plus le communisme contre le monde libre, mais
l’anthropologie du genre et du choix de vie contre le maintien d’un semblant de
collectif. L’idéologie nouvelle est cette idéologie du genre. » (Frigide Barjot) .
Un journaliste de radio,
pourtant je ne prise guère cette espèce, a parfaitement résumé la situation du
point de vue honnête, celui de tout maximaliste sur les positions du
prolétariat et non indifférentiste :
« La mort de Clément Méric est
un fait divers tragique, banalement sinistre, entre un type d’extrême gauche et
un type d’extrême droite, absolument abruti. Mais ce genre de drame aurait pu
se produire il y a six mois, un an, cinq ans ou vingt ans. Cela traduit
seulement la montée inquiétante de la violence dans les zones urbaines en
France. Les bagarres au coup de poing américain ne sont pas si rares et c’est à
la fois épouvantable, crétin, médiocre, violent et radical. Avec toute la prudence que l’on doit utiliser
dans cette affaire, je suis assez habitué depuis trente ans à constater, à
chaque fois qu’il y a une agression comme cela ou un phénomène terroriste, que
l’opinion publique, les journalistes et les politiques accusent l’extrême
droite. Et, en France, c’est très rarement l’extrême droite. Je me méfie donc
beaucoup et je ne crois pas à la théorie de groupuscules organisés que l’on a
évoquée au départ, c’est-à-dire à un geste délibéré de skins qui, au nom de la
race blanche, auraient voulu s’en prendre à un jeune syndicaliste étudiant. (…)
La violence militante d’extrême droite
est un leurre. Les accusations en direction du front national et de
Marine Le Pen sont exaspérantes, il faut rester factuel. La violence militante
d’extrême droite n’est pas une réalité en France, c’est un leurre. A titre de
comparaison, lors des débordements en marge de la manifestation pour tous aux
Invalides, on a accusé des militants probablement nationalistes et violents.
Or, les interpellations ont démontré qu’il s’agissait plutôt de fils de bourgeois
et de jeunes des Hauts-de-Seine qui s’en prenaient aux forces de l’ordre et qui
n’ont pas cassé une seule vitrine de commerçant. Je n’excuse absolument pas ces
comportements stupides mais on peut dire qu’ils étaient mal placés pour
renverser la République. C’était bien moins radical que ce que l’on a, par
exemple, vu au Trocadéro au moment de la victoire du PSG. Le scénario du
renouveau d’une violence d’extrême droite est peu envisageable et, surtout,
ceux qui l’accréditent sont de mauvaise foi. Avec l’idéologie qui règne
aujourd’hui au Front National je n’imagine pas une seconde ce genre de choses.
Ce Parti est pétri de défaut mais que ses militants fassent cela me paraît peu
concevable ». (Eric Brunet animateur de RMC).
DE L’INSTRUMENTALISATION DU FAIT DIVERS
Sarkozy et le fait divers : Trois faits divers pour un discours
« Dans
l’histoire de l’utilisation de faits divers à des fins politiques, la mécanique
enclenchée par Nicolas
Sarkozy pendant l’été 2010 restera dans les annales
comme le franchissement d’un nouveau palier. Un moment prévisible, tant le
recyclage d’événements de ce type est depuis longtemps habituel dans la
pratique politique en France, et ce particulièrement chez l’actuel président.
On ne compte plus en effet les mesures législatives adoptées à la suite de
faits divers mis en avant dans les médias : par exemple la loi du 12 décembre
2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales, est la
réponse politique directe du meurtre d’une joggeuse, Nelly Crémel ; la loi du
10 août 2007 instaurant des peines-planchers pour les récidivistes, et la loi
du 25 février 2008 créant la rétention de sûreté, suivent toutes deux l’affaire
Evrard ; la loi du 2 mars 2010 réprimant l’appartenance à une « bande », est
adoptée après des bagarres violentes au sein de deux établissements scolaires
d’Île-de-France, en 2009.
Puis, au
printemps 2010, une conductrice en niqab est verbalisée, et une escalade
rhétorique reprise lors du discours de Grenoble mène à l’extension des conditions de déchéance de la nationalité. Enfin, au cours de ce même discours de Grenoble, deux autres événements
médiatisés au creux de l’été sont l’occasion, pour le président de la
République, de remettre en avant les thèmes sécuritaires. La mort d’un homme
poursuivi après un braquage, à Grenoble, et les violences qui ont suivi et
entraîné le remplacement du préfet de l’Isère ; et une émeute provoquée par des
gens du voyage réagissant à la mort de l’un des leurs lors de sa tentative de
forcer un barrage de gendarmes. De ces événements est donc issu le discours de
Grenoble qui, sans que l’on puisse en comprendre la logique, fait le lien entre ces événements et « 50 années d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec
de l'intégration », mais en tire aussi la décision
de « mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms »,
faisant par là une accumulation d’amalgames entre délinquants, immigrés, gens
du voyage et Roms. La technique
de grossissement des faits divers est devenue
évidente au moins depuis la campagne présidentielle de 2002, à travers
l’affaire « papy Voise ». Trois jours avant le premier tour de l’élection
présidentielle, les télévisions consacrent alors l’essentiel de leurs journaux
à l’agression d’un retraité apparemment sans histoire, roué de coup à Orléans
par des jeunes non identifiés, qui incendient sa masure et prennent la fuite.
Le motif apparemment purement crapuleux de l’agression participe au scandale
qui naît de cet événement insignifiant, dont le poids sur le scrutin, et sur le
score de l’extrême-droite bien plus haut que ne le laissaient penser les
sondages, est rapidement évoqué. Mais l’enquête menée sur ce fait sordide n’a
pas abouti depuis, et n’a pas permis d’élucider les motifs réels de
l’agression, peut-être liée à la personnalité ambiguë de la victime, condamnée
quelques années avant de ses propres dires pour « un problème
sexuel » lié aux jeunes du quartier qu’elle fréquentait, et qu’elle aurait parfois hébergés.
LE FAIT DIVERS UN FAIT DE GOUVERNEMENT
L’annonce de la découverte de deux vidéos contredisant
la thèse d’un assassinat du fragile Méric programmé par l’extrême droite n’est
faite que le lundi suivant l’élection à Villeneuve le Lot d’un candidat de
droite par défaut d’un candidat de gauche coulé par les frasques financières du
prédécesseur Cahuzac. La présentation autorisée par la police du gouvernement
des deux vidéos avant la fin de la consultation électorale eût donné plus de
chances encore au candidat FN d’être élu. Parfait exemple de manipulation de
l’opinion électorale et des gauchistes, ce décalage voulu dans la
désinformation attient son but : il calme le jeu, renvoie les gauchistes
antifas excités à leurs suppositions et récupération politique marginale.
Hollande s’était déjà emparé dans la foulée de l’émotion limitée suite à la
mort de l’étudiant Méric, d’un autre fait divers. Il avait « réagi » au décès du nouveau né dans le Lot. Alors qu'il s'exprimait devant le
congrès de la Mutualité française réuni à Nice, le président de la République a
affirmé qu'il avait demandé à la ministre des Affaires sociales, Marisol
Touraine, de «diligenter une enquête administrative pour tout connaître des
conditions de ce drame». Il rappelait aussi l'engagement qu'il avait pris
durant sa campagne: «Aucun Français ne doit se trouver à plus de 30 minutes de
soins d'urgence». Un drame, une réaction. Deux drames deux réactions. Hollande
avait pourtant promis durant sa campagne de ne pas marcher dans les pas de son
prédécesseur et de ne pas s'emparer des faits divers, aussi tragiques
soient-ils. Près de six mois après son élection, alors qu'il est en difficulté
dans les sondages, le voilà qui au contraire reprend les recettes sarkozystes
et investit le champ de la sécurité. Certes, il aurait été difficile à Hollande
de passer sous silence les conditions de la mort de ce nouveau-né alors qu'il
intervenait devant la Mutualité française. Mais, fallait-il que ce soit lui, le
président de la République, et non le premier ministre Jean-Marc Ayrault de plus en plus impopulaire, qui demande à Marisol Touraine de «diligenter
une enquête administrative» et qui le fasse savoir. «Moi, président de la
République, je ne serai pas président de tout», avait-il pourtant promis le 2
mai, entre les deux tours de la présidentielle, lors de son duel avec Nicolas
Sarkozy.
Fin 2012,
Hollande avait multiplié les entorses et les renoncements au code de bonne
conduite qu'il s'était fixé quand il était candidat. Ainsi s'était-il rendu à
Échirolles (Isère) au début du mois d'octobre, trois jours après un meurtre à
l'arme blanche de deux jeunes tués dans des conditions atroces. «Justice sera
faite», avait-il lancé aux habitants du quartier. «Je reviendrai, je
reviendrai», avait-il promis. Il avait encore profité de son déplacement à Nice
pour rencontrer, en compagnie du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, la famille du
gendarme fauché à Peille, près de Nice et décédé. À l'issue de sa rencontre avec l'épouse du gendarme, le président
retrouvait caméras et micros. Il faut, a-t-il dit, «poursuivre le combat pour
la sécurité des Français». À défaut de rebondir dans les sondages, François
Hollande semble décidé à rebondir sur les faits divers.
diversion et EFFET VARIABLE du fait divers
Le 3 octobre 1980, l'attentat de la rue Copernic.
Une bombe
explose devant une synagogue et fait quatre morts à huit mois de la présidentielle,
que remportera François Mitterrand. Quel rôle a joué cet attentat dans
la première victoire de la gauche à une présidentielle? Il a coûté cher à la
droite hautaine qui tapinait déjà avecl’extrême droite présentable. Valéry
Giscard d'Estaing ne s'était pas rendu sur place, et son Premier ministre, Raymond Barre, avait bien gaffé: "Cet attentat odieux voulait frapper les
israélites, il a frappé des Français innocents."
Le 4 mai
1988, l'assaut de la grotte d'Ouvéa.
C'est un fait divers pour les
journalistes accrédités qui méprisent la lutte indépendantiste comme ringarde.
Le 22 avril, à deux jours du premier tour, des indépendantistes kanaks prennent
d'assaut la gendarmerie de Fayaoué en Nouvelle-Calédonie avec comme objectif de
garder en otage des forces de l'ordre jusqu'au second tour de la présidentielle.
L'épisode survient en pleine cohabitation. Le Premier ministre de l'époque, Jacques Chirac dépêche des troupes sur place et
privilégie l'intervention des forces de l'ordre pour libérer les otages retenus
dans la grotte d'Ouvéa. François Mitterrand demande à être informé en temps
réel. Il autorisera finalement l'assaut, très risqué. Dix-neuf Kanaks et deux
militaires sont tués. François Mitterrand est réélu deux jours plus tard parce
qu’il réussit à faire porter le chapeau du massacre au seul Chirac.
13 mai
1993, prise d'otage dans une maternelle à Neuilly. Ce fait divers bizarrement mené n'a eu aucun impact sur la campagne présidentielle
en cours, mais a boosté un Sarkozy, avide d’occuper la place suprême. Le
13 mai 1993, une classe de maternelle est prise en otage par Érick Schmitt qui
se fait appeler "Human Bomb" durant deux jours. Le RAID délivre les
enfants en tuant le preneur d'otage. Nicolas Sarkozy, alors maire de
Neuilly-sur-Seine, détient la place de Zorro dans les négociations, n'hésitant
pas à sortir lui-même des enfants de l'école, sous l'oeil des caméras. Ce fait
divers contribuera à construire son image de politique volontaire et
hyper-actif.
27 mars 2002, fusillade au conseil municipal de
Nanterre.
A
l'issue du conseil municipal à Nanterre, un homme, Richard Durn tire dans la foule: il tue huit élus et blesse dix-neuf personnes. Arrêté,
il parvient à se suicider dans les locaux de la police judiciaire le lendemain.
Le fait divers pèsera peu dans la campagne, la presse ayant résumé et clos l’affaire
à un dérapage de « forcené » déséquilibré.
18 avril 2002, l'agression de "Papy Voise". A priori un fait divers comme un autre, mais celui-ci survient après un
long débat sur l'insécurité en France et à trois jours du premier tour.
Largement relayées à la télévision, les images du visage tuméfié et les pleurs
de Paul Voise bouleversent la France entière et
provoquent une vague d'indignation face à la délinquance. Moins à l'aise sur ce
terrain, Lionel Jospin est emporté dès le premier tour par
un vote FN que personne n'imaginait d'une telle ampleur, plus comme
protestation contre sa gestion anti-ouvrière que pour l’insécurité des papys.
27 mars 2007, émeutes de la Gare du Nord. Puis,
quelques semaines avant le premier tour, le 27 mars 2007, la gare du Nord est
le théâtre de violents affrontements entre plusieurs centaines de jeunes et des
policiers. Nicolas Sarkozy accuse dès le lendemain ses concurrents Ségolène Royal et François Bayrou, d'être "du côté des
fraudeurs" et "des émeutiers". Nicolas Sarkozy, qui avait
instrumentalisé plus d'une fois des faits divers en tant que ministre de
l'Intérieur, assure ce jour là être "du côté de tous ces honnêtes gens qui
[payent] leur billet".
20 juin 2010, le jeu de mot sur le « Kärcher ».
Il y avait eu exactement cinq ans, Nicolas Sarkozy, alors ministre de
l'intérieur, s’était rendu à la barre Balzac au lendemain de la mort du petit
Sid-Ahmed, 11 ans. Pris dans une fusillade, l'enfant avait été touché par deux
balles qui ne lui étaient pas destinées alors qu'il nettoyait la voiture de son
père au pied de l'immeuble, un dimanche après-midi. Nicolas Sarkozy était venu
rendre une visite inopinée à la famille de l'enfant, annonçant le prochain
nettoyage de la cité
"au
kärcher". Si c'est désormais celle dont on se souvient le mieux,
cette visite d'un ministre aux 4000 après la mort d'un enfant ou d'un
adolescent tué par balle n'était pas la première.
RETOUR SUR L’UTILISATION POLITIQUE DU FAIT DIVERS
A la lecture des archives du journal
Le Monde, on est frappé de
voir combien certains
articles vieux de quarante ans semblent encore d'actualité. Frappé aussi de la
similitude des faits et des déclarations quelle que soit l'époque. Les visites
sont ainsi toujours
"impromptues",
ou
"surprises", et
permettent à l'intéressé de prendre
"enfin"
conscience des problèmes. Frappé enfin de constater qu'en 1971 déjà, moins de
dix ans après sa construction, le quartier des 4000 connaissait déjà de
nombreuses difficultés. Voici quelques extraits, choisis parmi de nombreux
autres.
Le 8 mars
1971, James Sarazin, dans Le
Monde, évoque un fait divers :
Une trentaine de policiers avaient ce samedi
matin, remplacé les gendarmes
mobiles qui, pendant toute
la nuit, ont monté la garde dans la cité dite "des 4000 logements",
avenue du Général-Leclerc à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). On craignait en
effet que les jeunes du quartier ne mettent à exécution leur intention
d'organiser une expédition punitive contre le café-tabac Le Narval, où un de
leur camarades, M. Jean-Pierre Huet, dix-sept ans, est mort vendredi après
avoir été atteint de deux balles tirées par le patron du bar, M. Louis Gasq,
quarante et un ans. (...)
A l'occasion de cette affaire, les habitants de
la cité dénoncent leurs conditions de vie dans ce très grand ensemble où vivent
quinze mille à dix-huit mille personnes. (...) Une de ces dizaines de villes-dortoirs
qui entourent la capitale, sans chaleur et sans âme (...) Depuis plusieurs
années, les
vols, les agressions, les
déprédations de tout ordre, sont devenus monnaie courante. On a peur le soir et
même le jour pendant le week-end. (...)
Quelques mois plus tard, Albin Chalandon se rend
sur place. Le ton de l'article du Monde
du 7 octobre 1971 est assez
savoureux :
Les ministres seraient-ils aussi des naïfs ?
Périodiquement, ils expriment leur étonnement face à des situations connues de
tous, excepté peut-être de leur entourage. Il est permis d'exprimer, une fois
encore, quelque surprise en apprenant que M. Albin Chalandon, responsable de la
politique du logement depuis trois ans, a effectué, "pour la première fois", selon sa propre déclaration,
la visite d'un grand ensemble, le 5 octobre, à La Courneuve.
"Les problèmes sont très complexes", a
indiqué le ministre à l'occasion de cette visite "impromptue". En fait, depuis que les grands ensembles
existent, de nombreuses études ont été publiées à leur sujet, mettant en relief
la monotonie de leur urbanisme, les lacunes de l'entretien des immeubles et de
leur environnement, l'absence d'équipements socio-culturels, la
non-participation des locataires à leur gestion (...) Le ministre pouvait-il
ignorer tout cela ? (...) "La
Courneuve est une véritable miroir grossissant des problèmes généraux qui se
posent dans beaucoup de grands ensembles" a souligné M. Chalandon.
Certes, mais encore faut-il regarder à temps le miroir pour soigner, au moment
opportun, les maux qu'il fait apparaître.
A l'issue de sa visite, il annoncera l'ouverture
de pourparlers avec l'office HLM de Paris, propriétaire des 4000, pour
améliorer la vie des locataires. Une décennie plus tard, un nouveau fait divers
met un nouveau coup de projecteur sur la situation aux 4000. Il est relaté par
Roger Cans.
Le Monde du 12 juillet 1983 :
Dans l'appartement du deuxième étage, c'est la
désolation, Mme Khadoudja Ouannes (...) pleure son petit dernier dont la photo
trône sur le buffet. Alignées sur les chaises du salon, la soeur et les voisins
assistent sans mot dire au spectacle de cette femme recroquevillée au sol, éplorée
mais silencieuse, après une nuit d'insomnie. (...) Le petit Toufik devait
partir avec son frère pour une colonie de vacances en Bretagne. Mais ce samedi
9 juillet, peu avant 21 heures, il a rencontré son destin, absurde. Avec quatre
camarades algériens plus âgés, il fait exploser des pétards. (...) Un résident
(...) passe la tête par la fenêtre pour protester (...) Inopinément, un coup de
feu part, couvert par le bruit des pétards. Touché à l'épaule mais ignorant
qu'il s'agit d'une balle, le petit Toufik veut rentrer chez lui, à 30 mètres de
là. Pris d'un malaise, il se couche dans l'entrée de l'immeuble et meurt avant
l'arrivée des secours.
Deux semaines plus tard, le 26 juillet 1983, le
président de la République François Mitterrand visite plusieurs villes de la
banlieue parisienne et s'attarde longuement aux 4000, près de la barre Renoir
devant laquelle Toufik est mort.
Le Monde du 28 juillet 1983
:
Le déplacement du président de la République dans
la banlieue parisienne, mardi 26 juillet, s'est fait de façon impromptue, les
journalistes étant seulement invités à rencontrer le chef de l'Etat à la fin de
la matinée (...) Ces dispositions ont facilité les contacts de M. François
Mitterrand avec la population, notamment à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) où
le président de la République, parcourant la cité des "4000" a pu
accepter l'invitation d'un couple de locataires, M. et Mme Haccoun, à visiter
leur appartement et à y prendre l'apéritif. (...)
Ils habitent, avec leurs dix enfants, un F5, dont
le loyer est de 2000 francs. M. Mitterrand a pu observer le mauvais état de
leur logement et des parties communes. (...) M et Mme Haccoun escomptent une
amélioration de leur situation, après la visite du chef de l'Etat. Selon eux,
la sécurité a été renforcée dans la cité, depuis l'assassinat d'un enfant
algérien, le 9 juillet dernier. Un groupe de jeunes gens, immigrés pour la
plupart, ne semblaient pas partager cette opinion. "Ce n'est pas parce qu'il est venu ici que cela va changer quelque
chose", disaient-ils.(...)
Le gouvernement lancera durant l'été 83 une
opération "prévention été 1983" dite aussi "anti-été chaud"
avec notamment le financement d'activités sportives et de découvertes pour les
jeunes. François Mitterrand annoncera la réhabilitation de vingt-deux quartiers
dégradés comme un des grands projets de son septennat. En 1984, la ville de
Paris cédera à l'office HLM de La Courneuve les immeubles des 4000.
En 1988, il y aura la mort de deux jeunes qui
circulaient sans casque en moto, tués dans un accident alors qu'ils fuyaient
une voiture de police. En 2003, un jeune de 13 ans victime d'une balle perdue
sera paralysé à vie. Le 19 juin 2005, Sid-Ahmed trouvait la mort en bas de
Balzac. Le lendemain, la journaliste Marion Van Renterghem se trouvait chez ses
parents quand surgit Nicolas Sarkozy.
Le Monde du 22 juin 2005 :
La famille et les amis sont rassemblés dans le
séjour de l'appartement, face à face, sur les banquettes disposées le long des
murs. (...) Des voix de talkie-walkie surgissent soudain de la cage d'escalier.
Le bas de l'immeuble grouille de voitures et de policiers, les rues du quartier
sont bloquées. L'ascenseur est en panne, comme d'habitude, et on a le temps
d'identifier les visiteurs qui montent à pied le long des murs taggés, dans des
odeurs pénibles. "C'est
Sarkozy" annonce quelqu'un. (...) Le ministre de l'intérieur entre,
serre les mains, s'assied. (...)
"Qu'est-ce que je peux pour vous ?" demande Nicolas Sarkozy,
royal, à ses hôtes. "C'est trop
tard. Ça ne me rendra pas mon fils !" sanglote la mère de
Sid-Ahmed. (...) Le ministre essaie d'amadouer la soeur de la victime, Baïa, 9
ans, noyée dans les sanglots : "Tu
sais que j'ai un fils de 8 ans ?" Puis autoritairement annonce "trois choses" à la petite
assemblée :
1.
"Les coupables seront retrouvés et punis"
2.
" Dès demain, on va nettoyer au Kärcher la cité des 4000. On y mettre les
effectifs nécessaires et le temps qu'il faudra, mais ça sera nettoyé. Dans un
second temps seulement, on parlera de prévention. La police de proximité sera
renforcée, avec 20 ou 30 policiers".
3.
"J'imagine que vous n'avez plus envie de vivre là. On va vous reloger
ailleurs, vous serez mieux."
Dix jours plus tard, il promettra le renforcement
des effectifs du commissariat, 257 propositions d'embauches dans des grandes
entreprises, 150 000 euros pour les associations, un tutorat d'élèves de
grandes écoles pour les lycéens, la signature d'une convention sciences-po avec
un lycée de la commune. Nous reviendrons sur ces promesses prochainement.
Le 23 mai dernier, une mère de famille a pris une
balle perdue dans la jambe en bas du Mail. Elle a été gravement blessée. Aucun
ministre ne s'est déplacé. Le lendemain, un jeune homme de 28 ans est mort
d'une balle dans le coeur en bas de Balzac. On a parlé de trafics, de guerre de
territoires... Aucun ministre ne s'est déplacé
.
Polygamie : comment un fait divers devient une
controverse politique
« Le gouvernement va-t-il à nouveau
légiférer, à la suite d'une affaire particulière et fortement médiatisée
touchant un Français musulman ? Eric Besson, lundi 26 avril, a annoncé une possible "évolution législative" sur
les conditions de déchéance de la nationalité, après un week-end marqué par la controverse autour du cas d'un
Nantais soupçonné de polygamie. Décryptage de cette affaire, où l'opposition
dénonce une "manipulation",
au moment où la droite essaie de reconquérir son électorat le plus radical
après le fiasco des régionales.
Comment l'affaire est-elle
passée de la femme à son conjoint ? L'affaire débute, vendredi 23 avril, quand
une jeune femme de 31 ans, résidant à Rezé, près de Nantes (Loire-Atlantique),
a organisé une conférence de presse pour contester une contravention de 22
euros, ayant sanctionné, le 2 avril, une conduite automobile, "dans
des conditions non aisées", en raison du port d'un voile intégral. Le soir, le ministre de l'intérieur, Brice
Hortefeux, alerté par la préfecture, adresse un courrier à Eric
Besson, ministre de l'immigration et de l'intégration, lui demandant d'examiner les conditions dans lesquelles le
conjoint de cette femme, Liès Hebbadj, présent lors de la conférence de presse,
pourrait être déchu de sa nationalité française, en raison, notamment, de
soupçons de polygamie. Une pratique interdite en France.
Qu'est-il exactement reproché à M. Hebbadj ? Le ministre de l'intérieur reproche plusieurs choses à M. Hebbadj, âgé de
35 an : d'appartenir à une "mouvance radicale" de l'islam, le "tabligh", de "vivre en situation de polygamie avec
quatre femmes dont il aurait eu douze enfants". Chacune de ces
femmes, en outre, "bénéficierait
de l'allocation parent isolé", ce qui constituerait une fraude.
M.Hortefeux demande à M.Besson de "bien
vouloir faire étudier les conditions dans lesquelles, si ces faits étaient
confirmés, l'intéressé pourrait être déchu de la nationalité française".
Lundi 26
avril au matin, aucune poursuite judiciaire n'avait encore été ouverte à
l'encontre de M .Hebbadj. La préfecture de Loire-Atlantique était toujours en
train de réunir les éléments à charge, selon le directeur de cabinet, Patrick
Lapouze. Le procureur de la République de Nantes, M. Ronsin, a confirmé n'être
pour l'heure saisi d'aucune plainte de la part de la caisse d'allocations
familiales "concernant
d'éventuels soupçons de fraude".
"La seule procédure que nous avons pour l'instant concerne
l'affaire du timbre-amende de l'automobiliste", poursuit M. Ronsin. Selon nos informations, le ministère de l'intérieur
aurait aussi été averti de fréquents voyages de M. Hebbadj dans des pays soupçonnés d'accueillir les activités de militants
islamistes. Est-il possible de déchoir
M. Hebbadj de sa nationalité ? Les conditions pour "déchoir" une personne de
sa nationalité sont très strictes et régies par l'article 25 du code civil. En
l'occurrence, seul un crime ou un délit tel que l'atteinte aux intérêts
fondamentaux de la Nation ou le terrorisme peuvent le permettre. Il est toutefois possible de "perdre" sa nationalité,
s'il est démontré qu'elle a été obtenue par "mensonge ou par fraude", conformément à l'article
27-2 du Code civil. C'est ce dernier article qui semble le mieux approprié aux
soupçons pesant sur M. Hebbadj. Natif d'Algérie, il
pourrait "perdre" la
nationalité française qu'il aurait acquise par mariage avec la femme
verbalisée, en 1999, s'il est démontré qu'il a menti à l'administration
française à cette époque, ne révélant pas qu'il était déjà marié civilement à d'autres femmes.
Pour sortir de l'incertitude juridique, M.
Besson a indiqué lundi 26 avril sur RTL, qu'il envisageait une "évolution législative" sur
les conditions de déchéance de la nationalité. Cela pourrait se faire via son projet de loi relatif à la
nationalité et à l'intégration, adopté en Conseil des ministres le 31 mars.
Dimanche 25
avril, lors de l'émission "Internationales", sur TV5, en partenariat
avec RFI et Le Monde, il avait
précisé que "la procédure de
déchéance de la nationalité française ne pourrait avoir lieu qu'après une éventuelle condamnation par la justice".
Dans quel contexte intervient cette polémique ? Cette affaire de niqab et de soupçons de polygamie et de fraude aux
allocations intervient en plein débat sur l'interdiction du voile intégral en
France. Nicolas
Sarkozy a tranché, mercredi 21 avril, en faveur d'une loi
d'interdiction générale sur le territoire. Le gouvernement doit élaborer un
projet de loi qui pourrait être présenté à la mi-mai en conseil des ministres.
Que reproche la gauche au gouvernement ? Jean-Marc
Ayrault, le maire (PS) de Nantes, s'étonne que le
gouvernement fasse mine de découvrir, à propos de M. Hebbadj, une situation,
selon lui, "connue depuis
longtemps par les services de l'Etat". "Le gouvernement avait annoncé qu'il voulait parvenir à un consensus autour du projet de loi visant à interdire le port du voile intégral. Là, il arrive à l'effet inverse. Il [veut] faire diversion alors qu'il y a de gros dossiers comme les retraites et l'emploi qui sont en souffrance. C'était la même chose
avec le débat sur l'identité nationale qui n'avait qu'un seul objectif:
conquérir l'électorat du Front national", estime M. Ayrault.
Pour François Hollande (PS), il s'agit d'un "fait
divers, qui mérite qu'on aille jusqu'au bout des investigations".
Pour lui, "le ministre de
l'intérieur a voulu faire de la politique". Selon Julien Dray (PS), il s'agit "d'un
scénario de dramatisation d'une situation". "Que la droite joue avec ça, n'est pas une bonne méthode",
juge de son côté Manuel Valls (PS). Marie-George Buffet, la secrétaire nationale du PCF, dénonce, elle, "une opération politicienne du plus
mauvais goût". Que répond
la droite ? L'initiative de M. Hortefeux est défendue par de nombreuses
personnalités de droite. Pour M.Besson, "ce
qui a déclenché l'affaire ce n'est pas la demande que m'a adressée Brice
Hortefeux vendredi mais le fait que cette dame ait choisi, avec son mari, son
compagnon, de faire une conférence de presse pour contester la contravention qu'elle a reçue". Xavier
Bertrand, le secrétaire général de l'UMP, estime que "ce qu'a dit
Brice Hortefeux est frappé au coin du bon sens et rappelle qu'en France, il y a
des droits et des devoirs". "Brice
Hortefeux a raison de mettre les pieds dans le plat", juge
Jean-François Copé, le patron des députés UMP. M. Hortefeux a aussi reçu le
soutien de Jean-Marie Le Pen (FN): "Les
caisses sociales françaises sont pillées littéralement par des milliers, des
dizaines de milliers de gens qui profitent indûment de nos législations ».
LA POUTRE DU MORVEUX GAUCHISTE DONNEUR DE
LECONS
« Potins
et chiens écrasés se partagent les projecteurs de l’information de masse, écrit
celui-ci. Elle est partout, cette
« info » traitée à la sauce sensationnaliste pour produire de l’audience et des émotions. Dur d’en décrocher
puisqu’elle vous traque. On a beau éteindre sa télé ou comme moi la reléguer à
la cave, il reste l’ordinateur : Google Actus et ses improbables colonnes
où cascadent des titres tapageurs.(…). L’information est partout, elle hurle,
elle fait peur, et c’est bien le but. Il
sent bon, il sent bon mon chien écrasé ! ».
Le
spectateur est réduit au rôle de
spectateur certes. La peur diffusée sert à conforter le grognement « que
fait la police ? », mais le gauchiste critique oublie l’essentiel, la
propagande en général, dont le fait divers est désormais partie intégrante et
vénérable, vise à pousser à CHOISIR. Subliminalement, le spectateur va choisir
un camp politique comme il choisit une marque de lessive, l’émotion en plus. Le
gauchiste voit en l’utilisation des faits divers un vecteur de l’extrême droite :
« Et cela se vérifie pour la plupart des faits divers, puisque les trolls
d’extrême-droite sont invités par leurs organisations à distiller
leur venin au bas de tous les faits divers ».
Il voit la poutre dans l’œil en face (avec bandeau…) mais pas la poutre, sa
participation à l’interprétation des faits divers à sa manière (ou à leur
négation hautaine si ils contredisent ses orientations ou ficelles politiques).
L’altercation dramatique pour Méric est la poutre de l’observateur gauchiste
donneur de leçon.
Mais il est
un autre aspect que ne voit pas le donneur de leçon d’antifascisme. Le fait
divers juridique. Pas un jour sans qu’un député, un sénateur, un DSK, un Tapie,
un Berlusconi, un Sarkozy, un Tron ne soit interpellé, placé en GAV, mis en
examen. La plupart des puissants échappent au final à toute condamnation
sérieuse contrairement au blaireau du quartier lointain qui déborde dans les
prisons étroites de la république. Le fait divers juridique sert à faire croire
à une véritable justice qui, bien qu’imparfaite, limiterait les injustices, les
détournements financiers, etc. Enfin qui prouverait qu’il n’y a pas besoin de
se faire justice soi-même ni surtout qu’une classe, le prolétariat, pourrait
avoir la prétention à demander « justice »,
« historiquement » et « violemment ».
LA POLITIQUE N’EST-ELLE PAS SIMPLEMENT TOMBEE AU NIVEAU DU FAIT
DIVERS ET DU CANIVEAU DES FACTIONS BOURGEOISES ?
« A
Corbeil-Essonnes, deux règlements de comptes perpétrés en moins de trois
semaines ont relancé les spéculations sur un système d'achat de votes lors des
dernières municipales de 2010, bousculant une vie politique locale où plane la
figure de l'ex-maire, Serge Dassault. Le 19 février, à l'heure du déjeuner, F.
H., 32 ans est atteint de trois balles de calibre 38 en plein centre-ville.
Grièvement blessée, la victime, un boxeur amateur au parcours de demi-sel,
connaît le tireur qui a agi au su et à la vue de nombreux témoins. Il s'agirait
d'un chef d'entreprise au passé de voyou, connu comme une "grande
gueule" à Corbeil. Actuellement en fuite, cette "figure locale"
qui a su nouer des amitiés politiques dans tous les camps mais qui fut surtout
proche de M. Dassault, selon des sources concordantes, aurait pris la direction
de l'Algérie, bien que la rumeur lui prête le souhait de se rendre, pour
protéger sa famille. Moins de trois semaines auparavant, cette ville de
banlieue dont certains quartiers sensibles comme les Tarterêts ont acquis une
réputation nationale, avait déjà été le théâtre d'une fusillade. Pris dans un
guet-apens au volant de sa voiture, Rachid Toumi reçoit près d'une vingtaine de
plombs au niveau d'une épaule après avoir été pris pour cible par un homme armé
d'un fusil. Depuis son agression, ce trentenaire connu des services de police,
assure se déplacer avec un gilet pare-balles. Mais surtout, dans une interview
accordée au Parisien, il affirme que ces règlements de compte sont la
conséquence d'un système présumé d'achat de votes mis en place par le sénateur
UMP Serge Dassault et l'actuel maire de la commune Jean-Pierre Bechter. Au
coeur de cette escalade de la violence, selon lui: un imbroglio autour du
non-paiement d'une forte somme d'argent promise à des jeunes de cité pour services
rendus lors des dernières municipales. "Corbeil, c'est devenu un système
mafieux. L'argent de Dassault a tout pourri", lâche-t-il dans une vidéo,
le visage caché. Contacté par l'AFP, M. Bechter a réfuté toute fraude
électorale. Une enquête préliminaire sur des achats de votes présumés est
néanmoins en cours depuis 2010 à Paris, à la suite d'un signalement par
l'agence anti-fraude Tracfin. "A Corbeil, j'ai toujours vu des gens
toucher de l'argent pour ça (être payé pour inciter des gens à voter, ndlr).
(...) Aujourd'hui chacun veut sa part. Comme la justice n'a jamais rien fait,
pour nous, c'était légal. C'est un travail", selon M. Toumi. "Bechter
a fait des promesses. Il ne les a pas tenues. Et aujourd'hui, on est en train
de s'entretuer", ajoute le trentenaire. Jean-Pierre Bechter a affirmé à
l'AFP ne pas connaître Rachid Toumi et mis ces déclarations sur le compte
"d'une pré-campagne électorale". "Il est manipulé", a
affirmé l'élu. "En 2008, il se baladait avec un mégaphone dans une cité
pour dire des insanités sur Serge, a rapporté M. Bechter. Tout ça, c'est du
baratin, c'est du n'importe quoi". Interrogé, l'entourage commun du maire
et de l'avionneur met ces fusillades sur le compte de "vieux
conflits" entre "ex-voyous" des cités et parle des "fantasmes"
suscités dans les quartiers par la fortune de Serge Dassault, estimée à 9,9
milliards d'euros par le magazine Challenges.
"Quand
dans certains départements les tentatives d'homicide sont le fait de trafic de
drogue ou de corruptions diverses et variées, à Corbeil-Essonnes ce sont les
dons d'argent des édiles en place qui en sont à l'origine", dénonce sans
ambages, Bruno Piriou, le principal opposant (PCF) à la majorité municipale. "On
a un système en train de s'auto-détruire. Cet argent rend fou", observe
l'ex-première adjointe de M. Dassault, Nathalie Boulay-Laurent. Comme M.
Piriou, cette ex-élue Modem demande que la justice "passe" à Corbeil.
L'enquête sur les deux tentatives d'homicide ont été confiées par le parquet
d'Evry à la brigade criminelle de la direction régionale de la police
judiciaire (DRPJ) de Versailles. A Paris, outre l'enquête préliminaire sur des
achats de votes présumés, une information judiciaire pour appels téléphoniques
malveillants et tentative d'extorsion de fonds et une enquête préliminaire pour
extorsion en bande organisée ouverte après des plaintes des enfants Dassault
ont été ouvertes.
En 2009,
plusieurs personnes dont F.H. avaient témoigné par écrit au Conseil d'Etat sur
des dons d'argent, dont elles accusaient Serge Dassault. Elles s'étaient
finalement rétractées. En juin 2009, le Conseil d'Etat avait invalidé la
municipale de 2008 ».
(Auteur AFP)
Ah bon on peut acheter les votes en
système « démocratique » !? Mais il y a de quoi devenir
« fasciste » ! En tout cas concédez, chers idéalistes antifas,
que le fascisme dominant c’est bien le capitalisme en décadence capable de tous
les trucages et de tous les détournements dont votre propre naïveté et
inconséquence !
AUX SOURCES DU FANTASME de L’ANTIFASCISME
INFANTILE
L’antifascisme a une histoire, tortueuse, non linéaire, comme
l’anticommunisme. Il est en général aussi anticommuniste que l’anticommunisme,
autant que le stalinisme était un anticommunisme. Cette idéologie devenue
fantasme politique fumeux est en réalité depuis les années 1930 un des plus
sinistres héritiers du stalinisme, courant conservateur bourgeois déguisé en
rouge.
Les premiers lutteurs contre le fascisme italien et allemand ont été
les ouvriers italiens et allemands et leurs politiques maximalistes. De magma
informe de prétentions sociales et de culte de la violence, le fascisme est
devenu le principal vecteur belliciste de bourgeoisies qui n’acceptaient pas
leur défaite de 1918. D’organisme politique mensonger et répressif, le fascisme
est devenu en peu de temps un enjeu impérialiste qui dépassait les
contradictions nationales internes. L’antifascisme a suivi le même chemin. Il
s’est mondialisé en quelque sorte. Parallèlement à l’échec du bolchevisme, le
stalinisme s’est emparé de la rhétorique antifasciste, non pour s’en servir
comme tactique pour favoriser l’hégémonie du prolétariat ou lui gagner les
couches intermédiaires, mais comme instrument politique et diplomatique au
service de la défense nationale de l’URSS.
Michel Roger cite longuement la revue de la Gauche italienne en exil
Bilan et décrit comment l’antifascisme a participé à la préparation en vue de
la Seconde Guerre mondiale, et notez surtout la remarque géniale de Bilan (le
fascisme ne s’universalise point) qui fiche par terre toute argumentation
antifasciste infantile : « Dans cette période (années 1930), le
fascisme, en faisant naître « l’anti-fascisme », a renforcé la
tendance vers la guerre mondiale. Cette polarisation fascisme-antifascisme
s’est révélée très utile dans la mobilisation idéologique en vue du futur
conflit mondial. C’est pourquoi les prolétaires doivent relever le drapeau du
« communisme contre le capitalisme » et de ne pas marcher derrière
l’alternative »démocratie contre dictature » :
« Nous constaterons par exemple, à l’heure actuelle, après
quatorze années de fascisme en Italie, qu’au cours d’une situation de
contrastes inter-impérialistes très aigus, le mouvement fasciste ne
s’universalise point et, par contre, la course des événements qui nous
conduiront à la guerre se fera sous l’enseigne de l’antifascisme en France, ou
de l’absence totale de toute base pour le fascisme et pour l’antifascisme en
Angleterre, un des pays les plus riches d’empires coloniaux. L’expérience
prouve chaque jour que la diversité des régimes dictatoriaux, ou fascistes,
permet de faire surgir sur le front des luttes inter-Etats le dilemme
« dictature-démocratie », qui deviendra la drapeau sous lequel les
masses ouvrières seront mobilisées pour le nouveau carnage mondial ». (…)
« Non contents d’avoir permis le renforcement de l’Etat, au nom de
l’antifascisme, socialistes et centristes (cf. les staliniens) préparent la
guerre : en 1935, Staline déclare « qu’il comprend et approuve
pleinement la politique de défense de la France ».
Au début de la guerre, le PCF n’est plus antifasciste mais une sorte de
parti national de l’étranger. Fidèle à la ligne d’alliance du pacte
Staline-Hitler, il va demander gentiment la demande de reparution de l’Humanité
auprès des « fascistes » qui occupent Paris. En 1941 le PCF
clandestin trouve « réconfortant » que des travailleurs français
picolent au bar du coin avec des soldats allemands, quand quatre ans plus tard
il criera « à chacun son boche ».
Il redevient antifasciste avec son virage terroriste avec le crétin
Fabien pour faire oublier le tournant néo-fasciste précédent.
Premier parti des 75000 fusillés à la Libération (en réalité il y en
eût moins de 5000 et plus par inconscience
et incompétente criminelle des
petits chefs clandestins), il n’y a pas plus « antifasciste» que le PCF,
surtout pour faire trimer les ouvriers à la reconstruction du pays. Tout
gréviste est un possible restaurateur du fascisme. Toute allusion aux goulags
est forcément une invention fasciste. EN 1948, Tito est un fasciste au pouvoir
en Yougoslavie : « Tito est un nouveau Doriot. Et Doriot a fini comme
Hitler » (Duclos) ; « Tito a rejoint la troupe des Trotsky, des
Doriot et des Mussolini » (Courtade)
.
Lorsque les chars russes envahissent la Hongrie en 1956, le stal
antifasciste de service André Stil assure que les troupes soviétiques ont mis
fin aux « atrocités fascistes ». La bourgeoisie française inféodée à
l’américaine soutenant la RFA durant la guerre froide, le PCF dénonce ceux qui
s’acharne à « redonner vie à un cadavre qui aurait des yeux weimariens et
une haleine hitlérienne ». Les soldats américains stationnés en France
sont les « nouveaux nazis ».
Les émeutes à Sétif en 1945 ont été un « complot fasciste ».
Lors du complot dit « des blouses blanches » en 1953 en
Russie, le journal Ce Soir du PCF soutient le régime avec des arguments très…
antifascistes limite antisémitisme garanti : « révélations sur
l’organisation américaine juive Joint qui est un instrument de « La grande
finance juive » qui a soutenu le nazisme » !
Au début du mois de mai 1968, l’antifascisme agite encore
l’intelligentsia parisienne, dont les enfants gauchistes voient du fasciste
partout, mais la force de l’agitation sociale fait vite repasser au second plan
le fantasme « fachiste ». Il reste présent dans les années 1970
toujours principalement colporté par le principal parti « fachiste »
survivant, le PCF. La droite bourgeoise lui glisse cependant de plus en plus de
peaux de bananes sous les pieds en milieu scolaire et universitaires où elle
favorise une mainmise croissante de la version antifasciste gauchiste, version
trotskienne et maoïste. L’antifascisme caméléon du PCF se restreint peu à peu
aux sonneries au mort dans ses municipalités. Un antifascisme démocrate,
certifié américain va dominer la scène de la fin des années 1970 à la chute du
mur de Berlin, autour de la révélation contestée des chambres à gaz, puis sa
confusion avec l’antiracisme jusqu’à nos jours, jusqu’à devenir une chose
pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien.
L’antifascisme infantile a les mêmes mots, les mêmes insultes, les
mêmes syllogismes débiles que la doxa stalinienne. C’est probablement le
dernier bâtard du stalinisme décomposé, piaffant au milieu des troupes de bobos
petits blancs du parti de Mélenchon, au milieu
des étudiants bcbg nuls en histoire, au milieu des petits aventuriers
excités de la CNT française, au milieu des pigistes et des maraudeurs de la
presse gouvernementale. L’antifascisme infantile n’est pas révolutionnaire, ni
contre-révolutionnaire. Idéologie bourrée de cortisone antiraciste, trop
souvent reliftée, cette théorie maquillée de la longue contre-révolution elle a
du mal à reprendre la place du grand-père, elle sonne faux et sert à amuser la
galerie des sinistres politiciens au pouvoir.
Un
commentateur a fort bien résumé le rôle contre-productif des
« antifas », pour leur propre cuisine politique idéaliste, et comme
élément du spectacle hémiplégique qui sied si bien au gouvernement :
«
« En
entendant Serge Ayoub ce matin sur France Info, je me suis dit que l'action des
anti-fa était parfaitement contre productive: grâce à ce fait-divers ils ont
donné un micro aux idées fascistes qu'il était sensé combattre. Ayoub se régale:
il peut dire qui s'y frotte, s'y pique, faut pas pleurer si vous venez vous en
prendre à plus forte partie que vous! Il peut se victimiser dans la foulée:
"regardez les méchants qui veulent nous interdire et qui nous
agressent". Etc. A travers sa propre mort Clément Méric a fait de son
corps l'estrade des fascistes qu'il combattait. Je ne peux pas cautionner
ça ».
Le
Canard Enchaîné indique que «des JNR on assuré la sécurité rapproché des Le Pen
père et fille lors du défilé du 1er-Mai 2012». Et de rappeler que les
personnalités du Rassemblement mariniste ont déjà été invitées au Local, le bar
associatif de Serge Ayoub, monté avec l’aide d’Alain Soral. Paul-Marie Coûteaux, Robert Ménard...
ou encore Marine Le Pen, présente à une soirée en l’honneur du site Fdesouche, comme le montre un reportage de Rue89, y sont passés. Ce décryptage de grenouillages et
collusions plus ou moins avérées du
« milieu facho » flatte la clientèle gériatrique du Canard, sert de
base idéale pour la théorie complotiste des gauchistes pour
« politiser » l’altercation subite, et dope les ventes.
L’association VISA a publié une brochure
intitulée : « FN, le pire ennemi des salariés ». Son but est
d’aider les militants syndicaux à expliquer et démonter le discours du FN qui
trompe les salariés au moment où ces derniers, fragilisés par la crise, le
chômage, la précarité... peuvent facilement se faire piéger (19 % des
ouvriers et 16 % des chômeurs ont voté FN aux régionales de
2010 !). Vous pouvez feuilleter
ladite brochure en cliquant ici :
Tous les clans gauchistes ont hurlé contre le
tabassage, certes honteux, de deux femmes voilées (dont un cas semble être une
manip des fachos intégristes) ; par contre, silence quand , en plein
centre d’Argenteuil, alors que des policiers, procédant au contrôle d’identité
d’une provocatrice en tchador intégral, se font agresser par une meute d’une
soixantaine de cailleras du coin ; toutes les sectes anarchistes se
taisent pour ne pas favoriser … l’islamophobie. Or, si les policiers ne peuvent
pas faire ce louable travail, d’autres provocatrices voilées, qui font le
malheur de leurs consoeurs en pays à folklore musulman dominant, risquent
d’être encore victimes des excès de « crânes rasés ». La cata de la
candidature voilée du pauvre NPA ne leur a pas servi de leçon, il faut à tous
ces bobos soutenir les nouvelles chemises noires (certes qui ridiculisent la
place de la femme dans la société), tout comme le stalinisme avait marché dans
les mêmes grèves que les syndicats nazis… Même si je pense que la comparaison
n’est pas raison ni historiquement plausible, je peux rappeler que la
négligence des soldats vaincus (mais qui ne pouvaient se considérer comme tels)
en Allemagne par la gauche électorale socialiste et les communistes
maximalistes a été une des raisons du succès du nazisme, quand aujourd’hui
« les assistés » et autres « petits blancs » des quartiers
ouvriers « qui votent le Pen » sont systématiquement invectivés par
le personnel gauchiste et leurs guides journalistes de gôche comme
« abrutis ».
© 2010 AFP - (2) © Indymedia
LE
MONDE | 26.04.2010 Par Pierre
Jaxel-Truer et Elise Vincent.