"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 30 octobre 2010

Известия


De notre Kamarade Ivan Rioufol des IZVESTIA FIGARO
rédacteur en chef: Jean Edouard Susseboule

La stratégie gagnante de la droite résistante
Par Ivan Rioufol
le 27 octobre 2010

Caramba, encore raté! Le mai 68 qu'annonçait une fois de plus la gauche (comme elle le fait presque chaque année depuis qu'elle est dans l'opposition) ne franchira vraisemblablement pas le cap des vacances de la Toussaint. Mardi, comme il fallait s'y attendre, le mouvement étudiant n'a pas réussi à mobiliser une jeunesse qui, pour la majorité d'entre elle, ne se reconnaît visiblement pas dans l'opposition moutonnière à la réforme des retraites. D'autant que celle-ci est destinée, malgré ses imperfections, à alléger la charge des CRS qui pèse sur chacun. Le PS, qui se voit en porte-parole d'une génération qu'il incite, fort de ses relais dans le monde éducatif, à descendre dans les rues, est en train de se faire lâcher par ceux-là mêmes qui rechignent, à l'évidence, à accorder leur soutien à un courant politique incapable d'aligner une proposition nouvelle. En fait, le gauchisme ne fait plus recette auprès des jeunes, qui n'ont sans doute pas fini de surprendre par leur lucidité.
La majorité a évidemment eu raison de tenir bon sur ce dossier des retraites conduit par notre bien aimé Kamarade Eric Woerth. Ce dernier, chassé sans relâche par une meute médiatique qui réclamait sa démission, sort d'ailleurs grandi de cette épreuve qu'il a surmontée. Je déplore néanmoins le vain entêtement du gouvernement à vouloir sauver un vieux modèle social dont tout le monde sait qu'il n'a plus les moyens de ses ambitions. Il y a une forte attente de vérité dans l'opinion pipole, qui est parfaitement informée de l'état des comptes publics. Il est donc inutile de lui faire croire en la résurrection de l'Etat communiste. Mais n'est-ce pas cette solution de facilité que caresse notre ingénieur des âmes Nicolas Sarkozy, qui envisagerait de nommer le centriste opportuniste "social" Jean-Louis Borloo, tendance ne boit jamais d'eau, comme premier ministre? Pour ma part, je vois plus en lui l'homme "sympa" du compromis permanent que l'utile résistant aux forces rétrogrades de la gauche caviar. Qu'en pensez-vous ?

PS: Un syndicat jaune a osé déclarer: «On ne va pas faire des manifs pendant six mois, c’est une évidence», a indiqué le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, estimant toutefois que «si on peut accentuer...

UN COMMUNIQUE DU SECRETAIRE GENERAL DE NOTRE PARTI
Georges Mélenchu


Notre tâche immédiate est non pas d'« introduire » le socialisme, mais uniquement de passer tout de suite au renversement du tsar Nicola par les Soviets des députés municipaux du Front de gauche.
Tâches du Parti
1. convoquer sans délai de nouvelles élections parlementaires;
2. modifier le mode d’élection, principalement :
a) en les rendant gratuites,
b) en interdisant aux riches et aux curés de voter,
c) en rétablissant la retraite à 60 ans pour tous avant de convoquer aux urnes;
3. changer la dénomination du Front de gauche en Cervelle de gauche.

jeudi 28 octobre 2010

UN GRAND MERCI AUX SYNDICATS


UNE EBAUCHE DE BILAN

Qu’est-ce qu’ils ont pu suer à freiner les aristocrates syndicaux tant cela poussait derrière. Et modérer mois après mois en arguant de leur civilité républicaine ! Révélation : ils trahissaient depuis le début ! Mais les religieux du syndicalisme veulent toujours croire à la rédemption de Saint Pouget et Saint Pelloutier lorsqu’ils sont en lévitation, pardon en manifestation.
Mon article le plus lu jusqu’au milieu du mois d’octobre était « Prière de ne pas déranger la trahison en cours » (daté au 27 septembre) qui était une revue de presse de ce qui filtrait pour calmer le jeu :
« Au mois de mai dernier, un journaliste de la chaîne idéologique du Sénat, E.Kessler définissait la journée d’action sur les retraites du mois en question comme une « mobilisation en trompe l’œil » : « Non. Cette journée pourrait au bout du compte se résumer à un jeu de rôle assez classique. Depuis le début, le gouvernement a compris qu’il ne peut absolument pas compter sur un quelconque soutien syndical sur ce dossier. La CFDT a payé trop cher son acquiescement à la réforme Fillon de 2003, par une hémorragie des adhérents - 10% sont partis - pour qu’aucun syndicat ne se risque au compromis. La concertation – pas la négociation - organisée depuis des semaines vise à les ménager, mais en réalité, l’Elysée vise surtout à gagner la bataille de l’opinion. D’où une communication par petits pas successifs. Pour aboutir à ce qui était depuis le début l’hypothèse la plus probable : la fin de la retraite à 60 ans. Elle est acquise, quelle que soit la mobilisation d’aujourd’hui. Simplement, en l’annonçant avent les manifs, le gouvernement pourra, en fonction de leur ampleur, moduler son impact social en jouant sur différents amortisseurs : le rythme des changements, la prise en compte des métiers pénibles, des carrières longues, etc. ». Finaud il ajoutait comment le gouvernement avait acheté la paix sociale : « Dès à présent, le gouvernement annonce que les régimes spéciaux – agents SNCF, RATP ou EDF notamment – ne seront pas concernés par la réforme. Pour quelle raison ? Concession révélée 24 heures avant cette journée d’action. Au mieux, leur système de retraite sera concerné à partir de 2018. C’est évidemment une annonce tactique pour essayer de contenir tout mouvement chez les cheminots ou les conducteurs de métro, eux qui donnent le plus de visibilité aux grèves. Au risque de brouiller le message d’une réforme qui veut affirmer un principe d’équité. Cela s’appelle acheter la paix sociale…».
Je suis toujours d’accord avec le commentaire de Pawel de Révolution Internationale en juin 2010 même si ce petit groupe est resté invisible tout le long des dix mois : « Le gouvernement et les syndicats ont travaillé ensemble contre la classe ouvrière ». Mais ont-ils bien travaillé dans une corrida qui a duré longtemps, comme les gouvernants l’avaient présumé dès janvier 2010, et qui sait combien de temps les larmes vont continuer à couler et les envies sanguinaires perdurer ?
On lisait dans mon message blog de septembre que beaucoup ne se faisaient aucune illusion : « entièrement d'accord gros foutage de gueule des syndicats, en tout cas des 2 "majoritaires" qui j'espère vont devenir tout pitipiti à force d'arrangements et de concessions au medef et consorts. On n'arrivera à rien si on ne continue pas à mettre la pression. y'a plus qu'à faire des manifs sauvages tout seuls toutes les semaines ». Cet autre agrée sur la trahison perpétuelle: « Bonne question!! Malheureusement je suis convaincue que les dirigeants syndicaux ne sont plus du tout au service ni à l'écoute de la rue. Bien au contraire!!! Ils ont passé des accords que nous ignorons (plus personnels que politique) et ne servent qu'à endiguer notre colère. Subtilement, en prétextant ceci ou cela, ils éteignent la flamme à chaque fois ». Les syndicats ne préparent que les défaites selon celui-ci : « C'est quand-même flagrant quand on voit que les seuls conflits réussis pour les ouvriers se passent toujours sans eux..!! Tant qu'on restera sous la coupe des vedettes syndicales qui ont chauffeur et tout ce qui suit, je pense que Sarkozy n'aura aucun souci à se faire ».
D’une façon générale il n’est apparu, depuis la mi-janvier, date où Fillon avait posé sur la table le projet de réforme des retraites, AUCUNE CRITIQUE DES SYNDICATS, excepté sur mon blog et le site du CCI, rien sur les sites gauchistes bien sûr, rien sur Rue 89 ni sur Agora, ni sur LE POST (site aux ordres) ni sur Médiapart.
Dans les commentaires glanés de ci de là, j’avais trouvé « Hêtre », le 21 septembre, qui récidive sur Médiapart en cette fin octobre (avec un discours très maximaliste : les syndicats ont encore trahi, vive le communisme) : «Que syndicats et partis de gauche soient prêts à trahir, une fois encore, les gens qui leur auront, pour d'obscures raisons, fait confiance, voilà qui ne fait guère de doute. Combien de milliers de gens dans les rues pour, dans le meilleur des cas, une toute petite chose, une négociation, qui verra les riches, à travers l'Etat qu'ils ont acheté, octroyer quelques miettes à leurs pauvres ? Participation active des syndicats et partis de gauche à l'éventuelle aumône… Seule l'Idée du communisme. Ajout. Nous n'avons pas besoin des syndicats (et des partis) ».
LE TRIOMPHE DU CRETINISME SYNDICALISTE
Dans les corridas successives, la muleta syndicale de Sarkozy a fini par épuiser une masse à front de bœuf avec les cornes adéquates. Mais on pourra gloser sur le constat que les syndicats s’en sortent bien. Et qu’on va continuer à avoir la rage, et que ça pètera un jour ou un autre, mais on sera revenu à l’étable, et on continuera à coucher sur la paille et à ruminer.
Voici ma chronologie mortelle complète, plus précise que celle de Libération :
14 janvier : vœux à la presse de Fillon et doigt d’honneur à la classe ouvrière avec la présentation de la réforme des retraites.
25 janvier : gaffe de Sarkozy qui annonce que la réforme passera à l’été mais se reprend « avant la fin de l’année ».
16 février : les aristocrates syndicaux annoncent que la riposte sera importante
12 avril : ouverture de la concertation gouvernement/syndicats
23 MARS : première JA sur les retraites. François Chérèque : « La réforme est mal comprise par les salariés ».
23 MAI 2010 JA: Libé : « Le gouvernement échappe à une mobilisation massive »
26 MAI : Libé « Les ouvriers paieront l’addition »
Bernard Thibault : « Nous jouons une grosse partie ».
SONDAGES : 57% des français restent attachés à la retraite à 60 ans, contre 41% prêt à aller au-delà.
27 MAI : Libé « Le gouvernement rassuré, les syndicats aussi ».
16 JUIN : Eric Woeth annonce que la retraite sera repoussée dans un premier temps de deux ans.
24 JUIN : 2ème JA, deux millions de manifestants revendiqués par les syndicats.
20 JUILLET : discussion du projet au parlement. Le gouvernement se fiche du scandale Bettencourt.
7 SEPTEMBRE : 3ème JA, près de trois millions de manifestants selon les syndicats.
23 SEPTEMBRE : Le Monde titre : « Fillon inflexible, les syndicats offensifs »
13-15 SEPTEMBRE : adoption en première lecture du projet par les députés. Tous les médias témoignent que l’opinion publique trouve injuste la réforme des retraites.
24 SEPTEMBRE : Georges Frêche déclare : « La retraite ça me fait peur »
2 OCTOBRE : deuxième procession du samedi sensée réunir public et privé, toujours près de trois millions de manifestants.
5 OCTOBRE : titres de la presse : « appel aux grèves reconductibles ».
Bernard Thibault : « L’unité des syndicats doit survivre à tous les événements »
François Chérèque : « Si les salariés veulent aller plus loin, ce n’est pas moi qui les retiens »
7 OCTOBRE : Selon Le Monde, la fédération CGT des cheminots fait preuve d’une grande prudence ; Bernard Thibault : « La CGT ne souhaite pas jouer le jeu de la radicalisation ».
8 OCTOBRE : toujours en proue pour le larbinage gouvernemental Le Figaro croit bon de titrer (ce qui est une gaffe !) : « Les propositions de l’Elysée divisent les syndicats ».
10 OCTOBRE : François Chérèque (essoufflé) : « Le 12 sera le dernier moment pour protester ».
11 OCTOBRE (le même) : « Je déplore que le gouvernement (ait) besoin de l’affrontement »
12 OCTOBRE : 4ème JA, près de quatre millions de manifestants.
15 OCTOBRE : Bernard Thibault : « L’objectif en soi des mouvements de grève (…) n’est pas de stopper l’activité économique (…) Il va bien falloir que le gouvernement aborde le fond du problème ».
16 OCTOBRE : procession syndicale du samedi, encore beaucoup de manifestants.
19 OCTOBRE : 5ème JA. Beaucoup de manifestants.
21 OCTOBRE : Sarkozy : « On n’a pas le droit de prendre en otage des gens qui n’y sont pour rien ».
23 OCTOBRE : 2ème sondage truqué du Figaro (après celui de Juin), 53% des sondés pour se coucher devant vote du parlement. Sondage Libé ; 79% des sondés pour que le gouvernement négocie. Sarkozy passe sous la barre des 30% de sondés satisfaits.
24 OCTOBRE : Borloo a couillonné Fillon dans la gestion de la fermeture des raffineries.
25 OCTOBRE : Eric Woerth : «Une fois la loi votée, elle doit s’appliquer. C’est la démocratie ».
26 OCTOBRE : Bernard Thibault : « On aura montré qu’on s’est battu jusqu’au bout ».
La version dite définitive du projet de loi sur les retraites est adoptée au Sénat.
Eric Woerth « saisit au bond la perche que lui a tendu le secrétaire général de la CFDT, Frnaçois Chérèque qui a dit souhaiter l’ouverture de négociations sur l’emploi des seniors et des jeunes ». Le ministre a salué cette ouverture d’esprit comme la veille la présidente du Medef, Laurence Parisot ainsi que la ministre Lagarde. (Parle à mon cul, j’ai mal à ma tête). Ainsi soient-elles !
27 OCTOBRE : Bernard Thibault : « Le mouvement n’est pas fini ». Il dénonce les policiers déguisés en manifestants. Pinçon-Charlot : « On va incontestablement vers une guerre de classes » (au pluriel classes). Le directeur du Point déclare que la réforme est passée.
28 OCTOBRE : 6ème JA. les médias annoncent deux fois moins de manifestants.

DES SYNDICATS TOUJOURS TRES EFFICACES AUX COTES DU GOUVERNEMENT
Tiens il y en a qui n’oublie pas un passé récent comme ce cheminot sur son blog qui nous rappelle les états de service d’un certain Nanard T. en 2003:
« Alors, le Nanard T., secrétaire général de la CGT, ce parangon de dialogue, rappelez-vous comment il avait traité le dernier conflit sur les régimes spéciaux des cheminots.
Grève prévue: Nanard veille au grain. Le matin, avant le début de celle-ci, notre big boss de la CGT, parce qu'il a veillé au grain justement, nous a dit en substance , "rentrez chez vous, ya rien à voir, les p'tits gars, on va négocier !", ça c'est de la lutte de classe de haut niveau !
Et quand il négocie, le Nanard, c'est costaud ! Rappelez-vous (encore !) 2003, et les retraites, il a été tellement sympa dans la négoce avec Fillon...que tout est passé les doigts dans le nez !
Laisser passer une réforme avec un million de personnes dans la rue "tous ensemble ! " à Paris, du grand art ! ».
En dix mois c’est avec 6 JA + 2 procession du samedi, avec à chaque fois disons deux millions de personnes pour faire une moyenne. Donc Nanard T. il a fait sortir 16 millions de personnes « tous ensemble » pour « laisser passer » une réforme meilleure encore que celle de 2003 pour la bourgeoisie !
Mieux, contrairement à d’autres fois, il n’a pas été nécessaire de faire jouer la division syndicale, ni d’envoyer les gros bras (trop vieux et décatis) du PCF pour faire rentrer dans l’ordre et la paix sociale les derniers énervés. La tactique de l’épuisement finit toujours par payer. Ce n’est pas le gouvernement qui a pu profiter des vacances d’été (hélas pour lui) mais les syndicats qui, profitant des congés de la Toussaint, peuvent déplorer, comme ce soir, ou reconnaître qu’il y avait beaucoup moins de manifestants…
Chérèque s’est donc couché plus ouvertement que Thibault et devrait le payer encore une fois aux toutes prochaines élections professionnelles. Sur le fond, la bourgeoisie peut respirer, elle a encore sauvé la religion syndicaliste qui a été au cœur des bêlements manifestants.
Il faut aussi comprendre les moutons qui ont traîné savates autant de fois pour rien, il n’y a point de proposition alternative, pas de parti révolutionnaire concurrent des partis syndicaux, car les syndicats fonctionnent désormais comme les partis parlementaires et n’ont pas plus besoins d’adhérents qu’eux :
- L’Etat les finance (Delanoë en sait quelque chose)
- Ils sont élus par des élections professionnelles désormais comparables aux législatives, et les appareils syndicaux choisissent comme ils veulent leurs « députés ouvriers » (de mes couilles) comme les partis « démocratiques » parachutent leurs docteurs et avocats dans les circoncriptions comme syndicalistes de la loi et l’ordre.
Confusément, ces milliers d’employés de bureaux qui étaient dans les manifestations plus nombreux que naguère, certes aux côtés de l’aristocratie des vieux de la fonction publique, ont compris qu’on va les faire bosser jusqu'à en crever, ou pour le dire génialement comme nos amis lycéens « Métro, Boulot, Tombeau ». Ils ont compris partiellement aux côtés des ouvriers plus durs que le système va à l’abîme et n’a aucune solution alternative.
CET IMBECILE DROIT A LA RETRAITE
Ni mai 68, ni Octobre « rampant », ni « grève générale par procuration », le mouvement qui est en passe de s’effilocher n’a que ce qu’il mérite. Il n’y a eu pratiquement pas de vraies AG, on n’a pensé qu’à défiler comme des ânes. On a laissé les aristocrates syndicaux « expliquer » qu’il fallait que la « colère s’exprime », que le « mécontentement » soit visible, autrement dit ridiculiser toute la réflexion politico-sociale qui est toujours présente dans les consciences et des baladés par les syndicats d’Etat et de ceux qui sont restés ostensiblement chez eux.
Pendant du crétinisme syndical, il faut dire que LE DROIT A LA RETRAITE , comme le droit à un salaire équitable, fustigé en son temps par Marx, est de la foutaise. Tout le mouvement a défilé sous ce drapeau mité, alors que des millions ne la connaissent pas, ne la connaitront pas. Fixer à la lutte de classes un droit à la retraite est comme promettre une chaise roulante à un paralytique. La retraite n’est pas un but politique, la retraite est réac, la retraite c’est le chômage rétribué, c’est la solitude et la maladie dans le système actuel.
Cela ne fait pas de Sarkozy un révolutionnaire avant-gardiste. La loi de cette estafette des profiteurs est un crime dans les conditions actuelles d’exploitation. Mais, et je ne développe pas aujourd’hui, si nous revendiquons l’abolition du salariat après la victoire de la révolution, nous pourrons aussi revendiquer l’abolition de retraite !
ENFIN une leçon essentielle pour le pouvoir : SANS LES SYNDICATS IL N’EST RIEN
Prenons la stratégie dit de fermeté du gouvernement, elle a au final complètement plombé l’avenir de son président. Droit dans ses bottes il est grillé. Des pans entiers d’illusions électorales ont désormais fondu comme neige, même l’argument sécuritaire s’est retourné contre lui avec une impopularité accrue de ses forces mercenaires pour leurs exactions et comportements de voyous contre les jeunes lycéens, et l’emprisonnement de manifestants ouvriers.
Sarkozy a tablé successivement sur les tactiques suivantes qui ont toutes été des échecs lamentables :
- Il a voulu tabler sur les vacances d’été, et une campagne sécuritaire vicieuse sur les Roms, qui s'est retournée contre lui au niveau international !
- Il avait misé sur l’effet républicain des votes larbins du parlement et du sénat à la rentrée, plouf en septembre, jamais on ne s’était aussi peu soucié du vote de l’oligarchie,
- Il a espéré, en bon anti 68tard primaire, que la raréfaction de l'essence lui ouvrirait les bras de cette espèce courante l'automobiliste, il n'en a rien été, "l'opinion" a même été outrée qu'on prétende réquisitionner les grévistes alors que le pays n'est pas en guerre...); les blocages qui ne sont pas une action de classe en soi, ont été populaires dans la mesure où ils ont permis aux grévistes des autres secteurs d'économiser leur paye (merci quand même aux grévistes des raffineries qui ont payé de leur personne);
- Il a espéré un retournement de la fameuse opinion publique par la mise en orbite des lycéens casseurs, en réalité l’opinion a fait la différence entre les casseurs et des lycéens intelligents et lucides sur l’avenir social,
- Il a instillé la menace d’attentats terroristes (pour relayer un discours sécuritaire détruit par les matraques de ses CRS), qui auraient pu avoir lieu mais qui, si tel avait été le cas, lui auraient coûté sa place comme ce faut le cas d’Aznar en Espagne….
- Jusqu’à la veille de la 6ème JA il a cru pouvoir utiliser les images (pourtant limitées) de la violence des casseurs – qui sembla un temps émouvoir la province – mais cela s’est retourné contre lui et son gouvernement avec les images confondantes de flics déguisés en voyous ou avec des badges que leur avait donné le syndicat de police sociale, la CGT.
Six tentatives qui ont échoué lamentablement. Sarkozy peut dire un grand merci aux syndicats qui ont persévéré à faire trainer les savates jusqu’aux congés de la Toussaint, où double leurre – du fait des vacanciers – ils ont pu « déplorer » avec le gouvernement une « baisse » de la fréquentation des promenades syndicales qui finissent toujours dans des nasses et les sourcières policières des grandes villes, préparées à dessein conjointement par les encadreurs syndicaux et les préfets.
Oui sans les syndicats SARKO il était K.O.
Est-ce que le mouvement syndical repartira après les vacances ? Franchement, si c’est pour rester enfermé dans les mêmes barrières syndicales, en laissant Thibault radoter « le mouvement continue »… sans perspective et en continuant à se foutre de la gueule du peuple travailleur, autant qu’il se suicide tout de suite.

mercredi 27 octobre 2010

SUPPLIQUE AU TSARCOZY NICOLAS



" Souverain, nous, les ouvriers, nos enfants, nos femmes et nos vieillards débiles, nos parents, nous sommes venus vers toi, souverain, pour demander justice et protection. Nous sommes réduits à la misère, on nous opprime, on nous accable de travail au dessus de nos forces, on nous injurie, on ne veut point reconnaître en nous des hommes, on nous traite comme des esclaves qui doivent endurer leur sort et se taire. Nous avons patienté, mais on nous précipite de plus en plus dans l'abîme de l'indigence, de l'asservissement et de l'ignorance. Le despotisme et l'arbitraire nous écrasent, nous étouffons. Les forces nous manquent, souverain ! La limite de la patience est atteinte ; pour nous, voici venu le terrible moment où la, mort vaut mieux que le prolongement d'insupportables tourments. "
Tels sont les accents solennels dans lesquels la menace des prolétaires gronde à travers la supplique des sujets ; tel est le début de la fameuse pétition des éboueurs de Marseille. Elle dépeignait toutes les persécutions et toutes les injures que le peuple subissait. Elle énumérait tout : depuis les suicides qui émouvaient les entreprises jusqu'à la servitude politique du pays. Elle demandait une rémunération conséquente, des journalistes indépendants, la séparation du syndicat et de l'Etat, du travail pour les jeunes, du travail pour les vieux et l'abandon de la retraite au flambeau. Mais, avant tout, elle exigeait la dissolution du Sénat inutile et un moratoire sur le chômage.
" Voilà, souverain, disait enfin la pétition, les principaux besoins que nous te soumettons. Ordonne et jure de les satisfaire, et tu rendras la France puissante et glorieuse, tu imprimeras ton nom dans nos cœurs, dans les cœurs de nos enfants et petits enfants, à tout jamais. Si tu refuses d'entendre notre supplication, nous mourrons ici, sur cette place, devant ton palais de l’Elysée. Il n'y a point d'autre issue pour nous, nous n'avons aucun motif d'aller ailleurs. Devant nous, il ne reste que deux voies : celle qui mène à la liberté et au bonheur, celle qui mène à la tombe. Indique-nous, souverain, celle que nous devons choisir, nous la suivrons sans répliquer, quand bien même ce serait le chemin du trépas. Que notre vie soit sacrifiée pour la France épuisée par les tourments. Nous ne regretterons point ce sacrifice, nous l'offrirons volontiers. "
Et ils l'offrirent en effet.
La pétition des ouvriers opposait à la phraséologie confuse des résolutions libérales les termes précis de la démocratie prolétarienne ; de plus, elle y introduisait l'esprit de classe en exigeant la séparation du syndicat et de l’Etat et du travail pour tous. Sa signification politique n'est cependant pas dans le texte, mais dans le fait. La pétition servait de prologue à une action qui unirait les masses ouvrières en face du fantôme d'une république idéalisée, et cela pour dresser immédiatement l'un contre l'autre le prolétariat et l’oligarchie bourgeoise, comme deux mortels ennemis.
La marche des événements est restée dans toutes les mémoires. Les incidents se succédèrent, durant quelques jours, avec une remarquable progression, poursuivant toujours le même objectif. Le 3 novembre, la grève éclata à ERDF et à la RATP pour une fois contre les syndicats obscurs du Métro. Le 7 novembre, les grévistes étaient cent quarante mille. La grève atteignit son apogée le 10 novembre. Le 13, on rétablit le courant sur toute la France. Ainsi, nous sommes en présence d'un mouvement d'abord économique qui part d'un motif occasionnel. Ce mouvement s'étend, entraîne les employés par dizaines de milliers et se transforme par conséquent en un événement politique. A la tête du mouvement se trouve les syndicats, organisations d'origine étatique. Les radicaux gauchistes, que leur politique de banquets avec la gauche sectorielle a acculés dans une impasse, brûlent d'impatience. Ils sont mécontents du caractère purement économique de la grève et poussent en avant le meneur du mouvement, Thibault. Celui ci s'engage dans la voie de la politique et trouve, dans les masses ouvrières, un tel débordement de mécontentement, d'irritation et d'énergie révolutionnaire que les plans de ses inspirateurs thnik tank s'y perdent et s'y noient. La social démocratie passe au premier plan. Martine Aubry est accueillie par des manifestations hostiles, mais bientôt elle s'adapte à son auditoire et le subjugue. Ses mots d'ordre deviennent ceux de la masse et sont fixés dans la pétition.
Le gouvernement se tait. Pour quelle raison ? Perfidie ? Provocation ? Ou bien misérable affolement ? L'un et l'autre. Les bureaucrates, à l'instar du toutou Frédéric Lefebvre, demeurent stupides, éperdus. La clique de Chérèque qui s'est hâtée de mettre fin au " printemps " et qui, par conséquent, a préparé consciemment un massacre, permet aux événements de se développer jusqu'à leur terme logique. Internet a toute liberté d'informer le monde entier sur les étapes parcourues par le mouvement de 2010. Le moindre concierge, à Clermont-Frerrand, sait trois jours à l'avance qu'à Paris, le dimanche 9 novembre, à deux heures de l'après-midi, la révolution va éclater. Et le gouvernement français ne fait rien pour prévenir l'effusion de sang.
Dans les onze sections du syndicat Solidaires, les meetings se succèdent sans interruption. On élabore, on rédige la pétition et on délibère sur le plan d'un cortège qui s'avancera vers le palais de l’Elysée. Thibault court en voiture d'une section à l'autre, les agitateurs de la social-démocratie, Hamon et Fabius, perdent la voix à force de parler et tombent exténués. La police ne se mêle plus de rien dans les manifestations. Elle n'existe plus.
Conformément à la résolution prise en commun, on s'avance paisiblement vers le palais : on ne chante pas les vieux slogans dentifrice, on ne porte pas de drapeaux syndicaux, on ne prononce pas de discours. Les manifestants sont endimanchés. Dans certaines parties de la ville, on porte des posters de Guevara et des casquettes orange CGT. Partout on se heurte aux troupes. On supplie les CRS d'accorder le passage, on pleure, on essaie de tourner les barrières grillagées ou de les traverser.
Les CRS flinguent toute la journée. Les morts se comptaient par centaines, les blessés par milliers. Le nombre exact ne put être établi, car la police enlevait les cadavres pendant la nuit et les enfouissait secrètement. A minuit, le 9 novembre, Thibault écrivait : " Aux soldats et aux officiers qui massacrent nos frères innocents, leurs femmes et leurs enfants, à tous les oppresseurs du peuple, ma malédiction syndicale. Aux soldats qui aideront le peuple à obtenir la liberté, une carte ollélé CGT. Je les relève de leur serment de soudards envers le président traître qui a ordonné de verser le sang innocent... " L'histoire se servit du plan fantastique de Thibault pour arriver à ses fins et il ne restait au bonze qu'à sanctionner de son autorité trade-unioniste ses conclusions révolutionnaires.
Le mercredi 10 novembre, à la séance du conseil des ministres, Borloo, qui ne jouissait alors d'aucun pouvoir véritable, proposa de délibérer sur les événements du 9 novembre et de prendre des mesures " pour prévenir désormais d'aussi déplorables incidents ". La proposition de Borloo fut repoussée comme " n'entrant pas dans la compétence du conseil et n'étant pas inscrite à l'ordre du jour de la séance ". Le conseil des ministres ignora le début de la révolution mondiale, parce que cette révolution n'était pas inscrite à l'ordre du jour de sa séance.
II
La manifestation historique du 9 novembre se présenta sous un aspect aussi nul qu’une manif traine-savate bien entendu, mais nul n'aurait pu prévoir son débordement. Le syndicaliste que l'histoire avait mis à la tête de la masse ouvrière, pour quelques jours, d'une manière si inattendue, marqua les événements du cachet de sa personnalité, de ses opinions, de sa coiffe Beatles. Et ces apparences dissimulèrent, aux yeux de bien des gens, le sens réel des événements. Mais la signification essentielle du 9 novembre ne réside pas dans le cortège symbolique qui s'avança sous la pluie vers le Palais de l’Elysée. Le bob de Thibault n'était qu'un accessoire. Le véritable acteur, c'était le prolétariat. Il commence par une grève, s'unifie, formule des exigences politiques, descend dans la rue, attire à lui toutes les sympathies, tout l'enthousiasme de la population, se heurte à la force armée et ouvre la révolution mondiale. L'énergie révolutionnaire des cols blancs parisiens n'est pas l'œuvre de Thibault, il ne fit que la découvrir sans l'avoir soupçonnée. Fils d'un ouvrier, gaulliste, stagiaire à la SNCF, puis après des études syndicales poussées, agitateur parmi les cheminots avec l'autorisation bienveillante de sa hiérarchie, il se trouva tout à coup à la tête d'une multitude qui comptait des centaines de milliers d'hommes. Sa situation officielle, son bob les jours de pluie, ses cheveux bien peignés les jours ensoleillés, l'exaltation des masses encore non conscientes et la rapidité fabuleuse des événements avaient fait de Thibault un " chef".
Homme d'imagination désordonnée, avec un caractère d'aventurier, de tempérament timide avec une nuance d’abstraction, complètement ignare dans les questions sociales et révolutionnaires, Thibault était aussi peu capable de régler les événements que de les prévoir. Il se laissa porter par eux.
La société libérale crut longtemps que la personnalité de Thibault recelait tout le mystère du 9 novembre. On l'opposait à Martine Aubry et à Ségolène Royal comme un chef politique qui aurait eu le secret de séduire les masses, tandis que les PCF et Front de gauche ne formaient, disait on, qu'une secte de doctrinaires. On oubliait qu'il n'y aurait pas eu de 9 novembre si Thibault n'avait trouvé sur son chemin plusieurs milliers de cols blancs conscients qui avaient passé par l'école mitterandienne. Ils l'encerclèrent aussitôt du rayonnement de leurs portables d'où, même s'il l'avait voulu, il n'aurait pu s'échapper. Mais il n'essaya même pas. Hypnotisé par son propre succès, il se livra au flot montant des imperméables et des coupe-vent.
Et pourtant, si, dès le lendemain de la sanglante manif du weekend avec public et privé, nous comprenions que le rôle politique de Thibault se subordonnait absolument aux faits, nous surestimions encore ses qualités personnelles. Dans l'auréole de son courroux syndical, la malédiction aux lèvres, il nous apparaissait de loin comme une figure de style presque pelloutienne. On eût dit que les puissantes passions révolutionnaires s'étaient réveillées dans la poitrine d'un jeune syndicaliste, planton du dépôt de Saint-Lazare. Que vîmes-nous ensuite ? Lorsque la flamme tomba, Thibault se montra sous son vrai jour, dans sa nullité politique et morale. Les poses qu'il affecta devant tout l’internet, ses pauvres écrits "syndicalistes-révolutionnaires " datés de l’ère krasuckienne, naïfs et grossiers, son retour à Montreuil, ses rapports clandestins avec le gouvernement de Sarkozy, les deniers de Lagarde, ses entretiens prétentieux et absurdes avec Libération et 20 Minutes, sa conduite bruyante, ses fanfaronnades et, enfin, la misérable trahison qui fut cause de sa perte, tout cela détruisit définitivement l'idée que nous nous étions faite de Thibault le 9 novembre. Malgré nous, nous viennent à l'esprit les paroles pénétrantes de Mélenchon chef de la secte du front de gauche, qui, dès la réception du premier mail sur le séjour de Thibault dans les caves de l’Elysée, déclara : " C'est dommage... Pour sa renommée dans l'histoire, il eût mieux valu qu'il disparût mystérieusement comme ce con de Pujadas. On garderait la belle légende romantique d'un syndicaliste qui ouvrit les écluses de la révolution mondiale... Il y a des hommes, ajoutait Mélenchon, avec la fine ironie qui le caractérise, il y a des hommes que l'on aime mieux compter parmi les martyrs que parmi les camarades de son parti... "
III
" Il n'y a pas encore de peuple révolutionnaire en France. " Voilà ce que Pinçon-Charlot écrivait, dans le livre qu'il publiait chez Gallimard sous le titre La classe du Fouquet’s, le 7 novembre 2010, c'est à dire deux jours avant que les régiments de CRS n'écrasassent la manifestation des cols blancs parisiens.
" Il n'y a pas de prolétariat révolutionnaire en France ", déclarait par la bouche d'un renégat socialiste Georges Frêche la nouvelle scission du PS avec Valls, pauvre duc provincial qui, en trois mois, dans ses banquets, avait acquis plus de cholestérol que son cœur n’en pouvait supporter. Et cette déclaration n'avait pas eu le temps d'arriver jusqu'à Paris que, déjà, internet transmettait au monde entier la grande nouvelle du début de la révolution mondiale...
Nous l'attendions, nous ne doutions pas d'elle. Elle avait été pour nous, pendant de longues années, une simple déduction de notre " doctrine " qui excitait les railleries de tous les crétins de toutes nuances politiques. Ils ne croyaient pas au rôle révolutionnaire des cols blancs ; en revanche, ils croyaient à l'efficacité des pétitions syndicales, à Ségolène l’écervelée, à Besancenot le voilé, à Julien Coupat dit Caténaire... Il n'y avait pas de préjugé politique qu'ils n'acceptassent les yeux fermés. Seule, la foi dans les cols blancs salariés leur paraissait un préjugé.
Non seulement Jean-Luc Hees et Philippe Val, mais tous les journalistes et sondeurs du Figaro au service de l’oligarchie sarkozienne, furent pris à l'improviste. Ce fut avec des regards d'épouvante et d'impuissance qu'ils observèrent, de leurs fenêtres, le drame historique qui se déroulait. L'intervention des intellectuels de cour dans les événements eut un caractère vraiment pitoyable et nul, tant et si bien qu’on oublia même leurs noms. Une députation, composée de quelques littérateurs et professeurs avec Philippe Sollers, se rendit auprès de François Fillon et du comte Borloo, " dans l'espoir, expliquait la presse libérale, d'éclairer la question de telle manière qu'on n'eût pas à employer la force armée ". Une montagne marchait contre une autre montagne, et une poignée de démocrates croyaient qu'il suffirait de se morfondre dans les antichambres de deux ministères pour éluder l'inévitable. Fillon refusa de recevoir la députation ; Borloo ouvrit les bras en signe de détresse. Ensuite, comme si l'on eût voulu, avec un sans gêne digne de Depardieu, introduire les éléments de la farce dans la plus grande des tragédies, le principal syndicat de police nia que des agents aient porté autre chose que des basquets Nike lorsqu’ils étaient déguisés en casseurs. Mais, dans la conscience républicaine des RG, dans cette informe masse de brouillard, les journées de novembre laissèrent une trace très précise. Pour un temps indéterminé, ils remisèrent aux archives notre pipolisme traditionnel avec son unique avantage : la foi en un heureux jeu de chaises musicales gouvernementales. Le règne stupide de Sarkozy fut, pour ce pipolisme, l'époque de son épanouissement. L'oukase de réforme parlementaire du 11 septembre en fut le fruit le plus mûr. Mais le 9 novembre balaya le " printemps " qu'il remplaça par la dictature militaire et par la toute puissance de l'inoubliable général Xavier Bertrand, que la fraction villepinienne des bébés Chirac venait justement de destituer du poste de grand maître de l’UMP. En même temps se dessinait plus nettement dans la société libérale la scission entre la démocratie et l'opposition prolétarienne. La manifestation des cols blancs donna plus de poids aux éléments bobos de l'intelligentsia, de même que, précédemment, la manifestation des cheminots avait servi d'atout dans les mains des éléments opportunistes enseignants. Pour l'aile gauche caviar de l'opposition, la question de la retraite à 60 ans se présenta enfin sous son aspect réel, comme une question de vie et de mort, de prépondérance des grands âges, d'impétuosité de la part des lourdes masses non-syndiquées. Et, en même temps, le prolétariat révolutionnaire, hier encore " fiction politique " des marxistes, devenait aujourd'hui une puissante réalité.
" Est-ce maintenant, écrivait l'influent hebdomadaire libéral La Tribune, après les sanglantes journées de novembre, que l'on peut mettre en doute l'idée de la mission historique du prolétariat urbain de la France? Evidemment, cette question, du moins pour le moment historique actuel, est résolue, non par nous, mais par les cols blancs qui, en ces mémorables journées d'horreur et de sang, ont inscrit leurs noms dans le livre d'or du mouvement social mondial. " Entre l'article de Copé et les lignes que nous venons de citer, il y avait un intervalle d'une semaine, et, cependant, c'est une page d'histoire qui les sépare.
IV
Le 9 novembre marque un tournant dans la conscience politique de la bourgeoisie capitaliste. Si, dans les dernières années d'avant la révolution, au grand dépit du capital, fut créée toute une école de démagogie gouvernementale (par les procédés du célèbre Alain Minc), qui provoquait les cols blancs à des conflits économiques avec les employeurs, dans le but de les détourner de tout conflit avec le pouvoir gouvernemental, désormais, après le weekend rouge, la marche normale des raffineries fut complètement interrompue. La production ne s'effectuait que par à coups, dans les intervalles qui subsistaient entre les files d’automobilistes. Les fantastiques bénéfices réalisés sur la rareté de l’essence, au lieu de revenir à l'industrie pétrolière qui subissait une crise, enrichissaient les gérants de stations service, jouissant d'un monopole ; le capital ne pouvait donc se résigner à voir la croissance progressive de l'anarchie intérieure en faveur du petit commerce. Les différentes branches du privé faisaient faillite les unes après les autres. Les cartels de Solidaires, les congrès des diverses CNT, les soi disant " amis de Lutte ouvrière ", qui ne sont que des syndicats déguisés, et les autres organisations du capital qui, hier encore, conservaient leur virginité politique, votaient aujourd'hui des ordres du jour de défiance à l'adresse de l'autocratie policière et s'exprimaient dans le langage du communisme. Les municipalités, non contentes de se joindre aux intersyndicales, passaient à l'avant-garde ; le syndicat des viticulteurs de Narbonne, composé en effet de marchands, occupa à cette époque la première place.
La lutte entre les différentes branches du capital qui cherchent à s'arracher les grâces et les faveurs du ministère des finances recule provisoirement devant le besoin que l'on ressent en général de renouveler le régime gouvernemental et les têtes de con. A la place des simples notions de radicalisation et de subversion, ou à côté d'elles, apparaissent des idées plus complexes : développement des AG, élargissement de la lutte. En même temps que ces pensées essentielles, toutes les déclarations, les faux sondages et les promesses vides des ministres organisés expriment le grave souci qu'ils ont de calmer les masses ouvrières et les cols blancs. Le capital a perdu ses illusions au sujet des vertus curatives de la répression policière qui, en frappant l'ouvrier, touche le portefeuille des cols blancs ; il en vient à cette solennelle conclusion que la marche pacifique de l'exploitation capitaliste exige un régime de retraite réel. " Toi aussi, Brutus ! " s'écrie la presse réactionnaire lorsqu'elle voit les militants de l’UMP, ces Vieux-Croyants, conservateurs de l'antique libéralisme travailler de leurs mains à dévier la question des retraites sur des balivernes de comptoir. Mais cette clameur n'arrête pas le Brutus de l'Elysée. Il doit suivre la courbe de son évolution politique pour, à la fin de l'année, au moment où le mouvement prolétarien atteint Noël, revenir se réfugier sous l'égide séculaire, une et indivisible, de Saint Nicolas.
V
Mais le massacre d'octobre eut une influence particulièrement remarquable et profonde sur le prolétariat du monde entier. D'un bout à l'autre de l’Europe d’abord, de la Chine ensuite, passa un flot grandiose de grèves qui secouèrent le corps de la terre comme un tsunami. D'après un calcul approximatif, la grève s'étendit à cent vingt millions de prolétaires, à plusieurs villes d’Asie et à dix pays d’Amérique du sud. Les masses prolétariennes furent remuées jusqu'aux profondeurs des mines du Chili. Le mouvement entraînait environ des millions d'âmes. Sans plan déterminé, fréquemment même sans formuler aucune exigence, s'interrompant et recommençant, guidée par le seul instinct de solidarité, l’insubordination régna dans le monde entier pendant environ deux mois.
Au plus fort de cette tempête, en décembre 2010, nous écrivions : " Après le 9 novembre, la révolution ne connaîtra plus d'arrêt. Elle ne se limite plus à un travail souterrain, caché aux yeux, pour soulever sans cesse de nouvelles couches ; elle en est arrivée à faire ouvertement, en toute hâte, l'appel de ses compagnies, de ses bataillons, de ses régiments et de ses corps d'armée. La force principale de cette troupe immense est constituée par le prolétariat ; voilà pourquoi la révolution procède à l'appel de ses cols blancs par la grève.
" Les unes après les autres, les professions, les entreprises, les villes abandonnent le travail. Les cheminots sont les initiateurs du mouvement, les voies ferrées servent à répandre cette épidémie. On formule des exigences économiques qui sont presque aussitôt satisfaites, en tout ou en partie. Mais ni le début de la grève, ni son achèvement ne dépendent dans une entière mesure des revendications présentées, non plus que des satisfactions qu'on y donne. Chaque grève partielle commence non parce que la lutte économique quotidienne en est arrivée à des exigences déterminées. Au contraire, on fait un choix d'exigences et on les formule parce qu'on a besoin de la grève. On a besoin de se rendre compte pour soi même, pour le prolétariat des autres régions et enfin pour la terre entière, des forces que l'on a accumulées, de la solidarité de la classe, de son ardeur à combattre ; on a besoin de faire une revue générale de la révolution. Les grévistes eux mêmes, et ceux qui les soutiennent, et ceux qui ressentent pour eux de la sympathie, et ceux qui les craignent, et ceux qui les haïssent, tous comprennent ou sentent confusément que cette grève furieuse qui court follement de place en place, ne s'arrête que pour reprendre son élan et passe en tourbillon, tous comprennent ou sentent qu'elle n'agit pas pour elle-même, qu'elle accomplit seulement la volonté de la révolution qui l'envoie. Sur le champ d'opérations de la grève, c'est à dire sur toute l'étendue du monde, est suspendue une force menaçante, sinistre, chargée d'une insolente témérité.
" Depuis le 9 novembre, la révolution ne connaît plus de cesse. Sans plus se préoccuper de garder les secrets de sa stratégie, ouvertement et bruyamment, foulant aux pieds les routines habituelles, se débarrassant de toute hypnose, elle nous mène vers son apogée. "

Avec mes meilleurs remerciements à mon collaborateur, Léon Trotsky.

dimanche 24 octobre 2010

LE VIDE POLITIQUE REVOLUTIONNAIRE FACE AU MOUVEMENT DE COULEUVRES SYNDICALES


On a tendance à se rassurer en disant, à chaque mouvement même hétéroclite, même mal barré, en comparant avec la veille de Mai 68 : « bof il n’y avait plus aucun parti politique crédible… le PCF radotait ses complaintes staliniennes… la SFIO était morte… Mitterrand faisait autant vieux rat politicien que Mendès-France… les gauchistes n’existaient pas… le mouvement n’a-t-il pas pris son envol « spontanément » dans une situation de ras-le-bol accumulé de dix ans de « dictature gaulliste »… pour retomber dix ans plus tard dans un remake de la SFIO replâtrée, qui, une fois au pouvoir a quand même : supprimé la peine de mort et refilé cette putain de retraite à 60 ans !
Hé ne devrait-on pas cette bonne vieille retraite à mai 68 finalement ? Une retraite bon enfant comme le joli mois de mai bobo, aboutissement libéral et fleuri des sixties dans un capitalisme glorieux, sans fin terrifiante, européanisé et boboïsé… La concession de la gauche bourgeoise au pouvoir avait été importante. On oublie qu’elle avait été « obligée » pour ne pas risquer une véritable insurrection armée face au dépit électoral d’un « programme commun » bondé de nationalisations, de flatteries pour les couches intermédiaires avec la promesse vieille comme les barbiers de raser presque gratis. Dix ans après 68 il était IMPOSSIBLE d’avoir au pouvoir, en France, une Margaret Thatcher, impossible parce que pas possible après une telle expérience de grève de masse. En Angleterre la rigueur de la dame de fer fût possible grâce à une habileté classique bien plus grande de la bourgeoisie anglaise, mais du fait du poids immense des trade-unions, non remis en cause frontalement comme en France, et qui avec leur chef au langage gauchiste, Scargill, ont su focaliser l’attention sur un seul secteur ouvrier, les mineurs, en leur faisant croire qu’en luttant seuls ils luttaient pour toute la classe ouvrière, pour qu’en fin de compte le pouvoir se serve de leur défaite (au milieu du triomphe des quêtes de solidarité syndicaliste internationale) pour prendre les mesures idoines au profit de la bourgeoisie britannique. L’Angleterre eût les moyens de s’éviter une grève de masse comparable à mai 68 quand la France dût porter le bonnet d’âne, mais pour rendre service en fin de compte à toutes les autres bourgeoisies qui ne sauvegardaient pas les meubles (pauvre France mitterrandolâtres) mais le profit dans leur pré carré.

Autres temps, autres conditions. Les fabulations politiques sont toujours mêlées aux contraintes économiques de la crise mondiale. Dans son historicisation de sa version du déroulé historique, la droite bourgeoise n’a pas cessé, de Balladur à Raffarin et Sarkozy, de nous « expliquer » que la gauche (aussi bourgeoise pourtant) au pouvoir avait conduit la France à la faillite suite à ces années de concessions « sociales » qui avaient entrainées assez rapidement le bond à 3 millions de chômeurs, tout comme plus tard les 35 heures sous Jospin n’avaient fait qu’aggraver « le poids des déficits » et mettre la France à la remorque du monde libéral. Dans son historicisation laudative de sa trajectoire gouvernementale heurtée la gauche bourgeoise invoque les contraintes de la crise économique mais se vantait d’avoir empêché le « fascisme » de triompher (cf. la focalisation sous Mitterrand et ses 40 gauchistes de l’attention sur la puce Le Pen). Manque de pot, c’est finalement sous Chirac II que le « fascisme » avait été écrasé. L’UMP avait fait barrage à Le Pen à la place du PS déconfit !

Aujourd’hui il n’y a plus d’histoire du tout, plus de conclusion en vue, plus d’épilogue à la société existante.
C’est LA PREMIERE FOIS DANS L’HISTOIRE de France qu’un gouvernement ne promet rien que rien, rien de rien. La bande de potentats autour de Sarkozy a eu le culot de balancer A TOUT LE MONDE : « VOUS N’AUREZ PLUS RIEN AU BOUT DE VOTRE VIE DE BOULOT DE MERDE. ». Non seulement d’une façon pachydermique la bourgeoisie, avec son bonnet sarkozien, a visé large sans réfléchir aux conséquences sociales plus en terme de désarroi et de colère qu’en espoir de pneu de rechange de la part de la gauche caviar, mais elle a prétendu flanquer deux coups de pied au cul à la classe ouvrière sans crainte de baffe en retour : la bourgeoisie a annoncé qu’elle gonflait de deux années supplémentaires le temps passé à subir le travail exploité, mais elle a rajouté une couche provocatrice EN MEME TEMPS pour repousser le taux plain de 65 à 67 ans, ce qui signifiait clairement pour les millions de victimes : après avoir repoussé une retraite plus ou moins sérieuse à 62 ans, de la prolonger à 67 ans !
UNE REACTION DEFENSIVE DE LA CLASSE OUVRIERE
Autant dire que Sarkozy et compagnie ont jeté de l’huile sur le feu et réveillé une colère pas prête de s’éteindre. En soi la question de la retraite est très secondaire dans ces conditions cyniques. En soi d’aussi provoquantes décisions se retournent immédiatement contre la bourgeoisie elle-même, et un peu trop à mon avis sur le seul Sarkozy. En réalité cette attaque pachydermique signifie qu’il n’y a aucun avenir à proposer aux électeurs cocus et aux syndiqués floués. D’où une réaction surtout « défensive » de la part de cette nouvelle classe ouvrière qui, quoique composée désormais majoritairement d’employés de bureaux, s’avère tout aussi voire plus combative que par le passé. Mais une réaction de morts-vivants titubants dans des manifs quantitatives mais qualitativement débiles avec des slogans méprisables et niveau ras des pâquerettes. Avec une incapacité à réfléchir par soi-même et à se laisser remorquer par les imbéciles fonctionnaires syndicaux.
Mais plus le temps passe plus il s’avère que les « imbéciles » réfléchissent de plus en plus intelligemment et que les élites bourgeoises et les aristocraties syndicales ont du souci à se faire.
UNE ATTAQUE HISTORIQUE SANS ALTERNATIVE REVOLUTIONNAIRE
C’est la plus grave attaque contre la classe ouvrière depuis 1945 et on demeure estomaqué que aussi peu de perles intellectuelles et de sectes révolutionnaires n’en prennent pas conscience. Le monde tremble et certains sont encore en train de se laisser bronzer au soleil des années fastes.
J’avais déjà dénoncé lors de la crise de 2008 l’inertie des petits milieux révolutionnaires, rien sur leurs sites froids et amorphes, aucune réaction à la hauteur. Cela se reproduit malheureusement encore dans une situation de colère généralisée « par procuration ». Pourtant sur les forums des journaux bourgeois cela fourmille de discussions, de propositions, de souhaits, de haine et de peur, de passion et de volonté de lutte.
Sur les sites gauchistes, trotskiens et anarchistes il n’y a rien que le plus plat suivisme du syndicalisme institutionnel et l’apologie de cette vieillerie de « grève générale » ; la seule alternative des recruteurs syndicaux et charlatans gauchistes est le « retrait de la loi scélérate », scélérate oui mais on remplace par quoi ? De nouvelles élections bourgeoises où les oligarchies des partis décident qui doit être élu et à quelle sauce nous bouffer ? Aucun, je dis bien aucun gauchiste ne propose une alternative de société radicalement différente. Alors même qu’est posée la nécessité de dire stop à cette société qui nous conduit à l’abîme.
Sur le site inerte du CCI - présenté sur le suite de Controverses comme le groupe le plus important (de quoi ? du monde ?) depuis 1982 - depuis 6 mois aucune prise de position ni ouverture de forum sur la signification du mouvement (de couleuvre syndicale) en cours. Le CCI-RI n’est plus hélas qu’une secte rabougrie d’une dizaine d’intellectuels en France, donc cela n’a pas trop d’importance. Ils ont tellement exclu de militants que les exclus sont trois fois plus nombreux dehors. Ce n’est plus un groupe ni important ni indispensable aux luttes de classe.
Dehors ce n’est guère plus brillant. « Controverses » fédération internationale de nombre des exclus, qui a fait des efforts louables pour se laver des débilités léninistes et conspirationnistes du CCI, est tombé dans l’excès contraire. Leur site est encore plus navrant et académique que celui du CCI, et l’action dans la classe ouvrière n’est qu’un vulgaire chapitre placé à côté de celui de l’anthropogenèse, et commence seulement une compilation de tracts, sans analyser la lutte des classes en France ou ailleurs. Ce regroupement fédéraliste dont la critique a été déjà faite sur ce blog serait-il un nouvel « ICO » (information correspondance ouvrière d’Henri Simon, qui, après 68permit des rencontres révolutionnaires fructueuses) ?
Là encore, nous ne sommes plus à la même époque. Malheureusement la comparaison est en défaveur de Controverses. Autant ICO était plus ou moins héritier d’un groupe (S ou B) qui nous apparaissait mythique et chargé de projections d’avenir contre le faux communisme russe, autant, pour les plus informés les petits groupes de la « Gauche italienne » et les textes de la Gauche allemande publiés par Invariance et ceux de la Gauche Communiste de France publiés par RI recelaient des trésors pour s’offrir un bel avenir révolutionnaire, autant nous sommes plongés dans un vide sidéral après les noyades successives des intellectuels ultra-gauches déjantés, après les procès de Moscou du CCI et l’échec de toutes les prédictions fausses d’un renforcement mécanique des luttes du prolétariat contre la crise systémique depuis 30 années.
Autant le succès assez large du syndicalisme peut s’expliquer par des années d’individualisme triomphant qui se complait encore dans le clientélisme et le suivisme trade-unioniste, autant ledit milieu n’est plus lui-même qu’une constellation d’individus dispersés qui s’ignorent et évitent de se rencontrer, sans initiative et quasiment absent des manifestations. Le milieu politique has been est devenu une vulgaire boite à mails, comme mon blog où la plupart des lecteurs (même de plus en plus nombreux, de 150 à 170 par jour en moyenne) restent voyeurs, exceptés un PN ou quelques amis qui envoient un petit mot d’encouragement.
On a presqu’envie d’être charitable avec Controverses et « Perspective internationaliste » qui sont les seuls à faire des efforts de rencontre et d’ouverture à ceux qui cherchent des lieux de réflexion politique. Controverses publie ainsi à boire et à manger sans oser présenter ou même critiquer des âneries très gauchistes démocratiques comme le (présenté comme « les ») camarade du groupe ( ?) « Démocratie communiste luxemburgiste » avec son tract : « Retraites : les travailleurs attaqués peuvent battre le gouvernement ». Le petit luxemburgiste souffle dans les voiles de la syndicratie pourtant : « il sera nécessaire (…) de poursuivre et d’accentuer la mobilisation pour passer à l’étape supérieure », qui estime gentiment que « nous ne pouvons pas attendre une impulsion efficace de la lutte de la part des directions syndicales ». De la part des directions syndicales, c’est de la surenchère gauchiste et notre luxemburgiste commet une bien grave erreur ne pas les nommer par leur nom : « les appareils syndicaux » (de haut en bas). Très immédiatiste et au ton sergent recruteur gauchiste : « dans l’immédiat, il s’agit évidemment de participer à la lutte contre ce projet gouvernemental (sans dissimuler nos opinions) pour notre part nous sommes opposés au système du travail salarié et au mode de production capitaliste ». Participer où, quand et comment, et avec qui dans le bordel ambiant? On nous confie gentiment et très « démocrate » être pour « un autre type de société », mais sous-entendu chacun son opinion ! Nulle part il n’est affirmé par notre bon démocrate luxembourgiste que les syndicats sont nos « ennemis ». On refuse l’augmentation de l’âge de départ à la retraite et on crie « A bas le capitalisme ». Et on ne dit pas qu’est-ce qu’il faut faire pour déjà se rencontrer, discuter, se coordonner, etc.
Heureusement Tumulto de Toulouse répond brillamment aux questions précédentes et réalise trois tracts excellents modèles du genre (vous pouvez les lire sur le site de Convergences, rubrique « luttes » un peu plus loin que la rubrique « sciences » :
« Offrons une retraite dorée à Thibault, Bettencourt, Sarkozy, Strauss-Kahn et Cohn-Bendit !(24 juin)
« Pour travailler moins, mieux, tous autrement, à autre chose : Rompons les rangs et généralisons les grèves ! » (23 septembre)
« Sortons au plus vite de l’impasse capitaliste en généralisant nos luttes ! » (12 octobre)
Excellents tracts courts et incisifs qui s’appuyant sur la grande lutte des ouvriers polonais en 1980, rappelle le besoin vital de la tenue d’AG OUVERTES A TOUS, ce que les appareils syndicaux ont empêché depuis le début.
Un autre tract diffusé par des amis de Convergences sur Paris est plus mou mais insiste aussi justement sur la tenue d’AG en fin de manif : « Prenons en mains nos luttes ». Mais pour l’instant « nos » luttes sont entre les mains institutionnelles des appareils syndicaux.
Assez faiblard et « conseillant » ces tracts car émanant de petites unités dispersées sans parti ni organisation, ni colonne vertébrale.
Un parti qui en avait une colonne vertébrale, mais qui n’est plus qu’un cercle, les restes du redondant parti communiste international (bordiguiste) ont produit le meilleur tract sur à peu près tous les plans qu’il fallait cibler : LES DIRIGEANTS SYNDICAUX A L’ŒUVRE CONTRE UNE LUTTE VERITABLE EN DEFENSE DES RETRAITES.

Le titre était pourtant malheureux, ils ne semblent pas encore avoir compris (dans leur vision hiérarchique de parti) que ce ne sont pas les seuls « dirigeants » syndicaux qui sont en cause mais au moins autant les soldats des appareils que l’impuissance de la classe ouvrière à s’organiser elle-même. Après ça va, bonne dénonciation de l’unité impossible avec les traîtres professionnels, excellent dénonciation de LO et du NPA qui cirent à fond les pompes des appareils syndicaux pendant les promenades de santé ; les zozos du NPA amènent aux manifs de gros amplis et hurlent pendant des heures devant les moutons qui défilent (1/3 des militants CGT qui composent la centrale sont… retraités) : « Grèèèève générâââle ! »
Par contre les bordiguistes restent enfermés dans les vieilleries typiques du vieux stalinisme terroriste ou dans les images d’Epinal du Palais d’hiver, ils croient qu’on peut en revenir au degré zéro de la lutte des classes : « les méthodes élémentaires que le syndicalisme « responsable » a fait oublier aux prolétaires » ; il faudrait développer les piquets de grèves pour empêcher de travailler ceux qui ne suivent pas. Imbécillité notoire d’étudiant ! Justement, le mouvement actuel, comme nous l’avait expliqué des ouvriers à Longwy en 1978 n’a pas à se contenter de la grève comme telle, d’abord elle coûte et les prolétaires ne sont pas tous militant célibataire hébergé par maman. Il ya mille formes pour développer la lutte sans tomber dans la théorie du sabotage anarchiste: blocages des rues matin et soir, manifestations après les heures de travail, participation aux AG de quartiers et aux discussions sur internet. La grève illimitée est une connerie de première désormais : 1. Parce qu’il est impossible de tout bloquer dans un monde moderne ultra-dépendant pour la bouffe et les médicaments, 2. Parce que cela monterait non pas l’opinion publique mais une partie des travailleurs contre une autre. Au contraire la force du mouvement de protestation réside et résidera dans sa diversité et son inventivité, mais à condition de se fixer la formation centralisée d’AG de quartier, de ville jusqu’à l’élection de comités de gestion élu et révocable de la lutte, au vu et au su de tous.
Pour le « pressant besoin de l’organisation et du parti de classe », on en parlera un autre jour. Les bordiguistes n’étant qu’une poignée de lutteurs invariants.
La question centrale, supposant forcément la désobéissance aux syndicats, a été impossible à formaliser depuis 6 mois. Les processions syndicales annoncées à la télé par-dessus la tête des spectateurs/manifestants se terminent toujours par la dispersion. Les plus jeunes attendent parfois naïvement le « baston » comme s’il était le meilleur moyen de « radicalisation », terme galvaudé et aussi subversif dans la bouche des journalistes et des syndicalistes que celui de protestation. Dans ces conditions, malgré des tentatives isolées, les AG de rue semblent encore impossibles. Il faudra donc trouver des liens de réunion où se diriger et où convoquer tous ceux qui en ont marre de traîner leurs savates à la remorque des grues syndicales.
Cette idée d’AG semble bien l’objectif qui hérisse vraiment le poil des encarteurs professionnels. Un vieux retraité aigri de Longwy s’en est pris à moi sur le forum de Libé en estimant que je « travestis les événements » et « déforme la réalité des faits » concernant la reproduction d’une partie de la discussion que nous eûmes avec les sidérurgistes lorrains où ceux-ci insistaient sur le fait qu’il fallait absolument OUVRIR LA LUTTE A TOUS, et nous avaient témoigné que les zozos de la CGT étaient aux côtés de la police, (et crevaient les pneus des voitures de militants venus de la région parisienne). Je l’ai envoyé se faire voir chez les Grecs, et, accessoirement, parce que je n’ai rien à prouver aux menteurs syndicalisés, d’aller causer et vérifier auprès de Giovannardi, délégué CFDT de l’époque, qui tenait à peu près le même discours que nous, alors militants maximalistes du CCI.
Bilan : c’est pas veille d’un nouveau mai 68, faut pas rêver, faut pas déchanter non plus. C’est bien sûr plus grave et cela commence à poser de sérieuses questions politiques. Tant mieux.

LA BATAILLE SYNDICALISTE ANTI-SOCIALE

PS: TYPIQUE du conseillisme démocratique et de sa soumission au syndicalisme le plus tarte est la campagne du site La bataille socialiste, de plus en plus inféodé au parti gauchiste kémaliste avec un certain Nicolas Dessaux en vedette; ce très sot archéo-gauchiste s'autorise de parler du mouvement à l'international en déformant la réalité.
"La Bataille" publie de plus en plus n'importe quoi, des messages de solidarité de diverses sectes et syndicats tiers-mondistes, et un appel à financer les mafias CGT en France et donne les adresses des maisons des syndicats CGT où envoyer le pognon. C'est vraiment se ficher du monde quand on sait (dixit 95) que les mafias se partagent le pognon entre affidés! Le meilleur soutien c'est d'y aller physiquement, de se mettre en grève là où on est, d'exiger des AG en fin de manif, etc.