« Le régime parlementaire synthétise d'ailleurs l'idéal de tous les peuples civilisés modernes. Il traduit cette idée, psychologiquement erronée mais généralement admise, que beaucoup d'hommes réunis sont bien plus capables qu'un petit nombre d'une décision sage et indépendante sur un sujet donné. Nous retrouvons dans les assemblées parlementaires les caractéristiques générales des foules : simplicité des idées, irritabilité, suggestibilité, exagération des sentiments, influence prépondérante des meneurs »
GUSTAVE LE BON
« Si un législateur veut, par exemple, établir un nouvel impôt, devra-t-il choisir le plus juste théoriquement? En aucune façon. Le plus injuste pourra être pratiquement le meilleur pour les foules, s'il est le moins visible, et le moins lourd en apparence. C'est ainsi qu'un impôt indirect, même exorbitant, sera toujours accepté par la foule. Étant journellement prélevé sur des objets de consommation, par fractions de centime, il ne gêne pas ses habitudes et l'impressionne peu. Remplacez-le par un impôt proportionnel sur les salaires ou autres revenus, à payer en un seul versement, fût-il dix fois moins lourd que l'autre, il soulèvera d'unanimes protestations. Aux centimes invisibles de chaque jour se substitue, en effet, une somme totale relativement élevée et, par conséquent, très impressionnante. Elle ne passerait inaperçue que si elle avait été mise de côté sou à sou; mais ce procédé économique représente une dose de prévoyance dont les foules sont incapables. »
le même
Plus de classes mais des foules...
Des foules de 49 millions d'électeurs qui ont choisies l'assemblée bordélique actuelle ! La faute attribuée au seul Macron, qui, voulant disposer d'une majorité plus solide a procédé en 2024 à une dissolution considérée comme honteuse par toutes les cliques politiques hâbleuses. Pas vraiment, la faute à Macron a été d'oublier que le système dominant a depuis des années dissout et évite le terme de classes, remplacé par couches moyennes et bas des couches moyennes.... Dorénavant on nage dans un marais de couches, de sous-couches, de lobbies divers, d'électorat fonctionnaire, d'influenceurs religieux ou pas, de clans ethniques, etc. D'où n'émergent que des cliques politiques disparates et sans autre réel programme que de s'emparer pour leur pomme du pouvoir d'Etat.
Auparavant, quoique relativement (loin de l'imaginaire trotskien ou bordiguien) on pouvait parler de vote de classe où la droite de façon simpliste représentait seule le capital tandis que la gauche était présumée défendre les pauvres et les ouvriers. Bien que mystificateur sur la réalité du pouvoir partagé avec une opposition complice sur le fond, ce clivage officiel primitif permettait, sous la cinquième république, d'obtenir des gouvernements majoritaires et une alternance.
Macron n'a pas compris que ce schéma était caduque. Désormais les foules ce sont des agrégats d'intérêts régionaux, ethniques, religieux, de claques du genre, de sectes féministes, des minables écolos-bobos, où l'individu ne se sent plus obligé d'en référer à son appartenance de classe. Une bonne part de la prescience de Gustave Le Bon, et de tant d'excellents sociologues qui ont suivi sa voie, se trouve confirmée. La politique est devenue un sentiment on vote par émotion. Pour le résumer grossièrement le vote peut apparaître comme multi-ethnique : Bardella plébiscité par des blancs, Mélenchon bénéficiant du vote arabe1, le PS obtenant encore mais en partie le vote des cadres, et les autres, incluant la clique écolo, raflant la mise dans la petite bourgeoisie des grandes villes. Avec une nuance de poids : la pérennité et la croissance de l'abstention dans la classe ouvrière, français et immigrés.
Il faut prendre tous les sondages avec des pincettes, chacun obéit à des commandes idéologiques d'un camp. La plupart de ceux qui nous content la prégnance d'un socle fondamental ouvrier dans l'électorat RN mentent ; cela est facile à démontrer, si des ouvriers votent en effet pour cette clique d'arrivistes incapables et étroits, c'est en tant qu'individus puisque le mode d'action de ce parti oligarchique est résolument opposé à toute action collective. En revanche il n'y a pas du tout un vote massivement ouvrier pour a clique petite bourgeoise de Mélenchon, ce qui signifierait qu'un vote collectif serait possible dans le cadre des élections bourgeoises (on sera à le nuancer pour l'électorat ouvrier arabe). Non la vraie expression majoritaire dans la classe est l'abstention et sa dérive (naïve ou individualiste) le vote blanc.
Abstention : la persistance d’un « sens » caché
Derrière les intentions de participation électorale à l'institution bourgeoise se cache de grandes disparités selon le niveau de vie. Le niveau de participation augmente rapidement avec le revenu plus haut. Ce qui est remarquable est la dimension sociale de l’abstention, la rengaine faisant de vote RN un vote de classes populaires ne résiste pas à l’épreuve des données : le bloc d’extrême droite obtient en réalité des résultats relativement homogènes, entre 20 et 30% des inscrits, dans tous les bureaux de vote, à l’exception des plus pauvres et des plus riches. Dans les premiers, l’abstention est de loin le premier parti, suivi par la coalition de gauche. Par ailleurs, l’abstention arrive en tête dans quasiment partout. En moyenne, le RN fait bien ses plus gros scores dans le rural et dans les couronnes périurbaines des métropoles. En revanche, il apparaît que les électeurs des couronnes urbaines sont moins susceptibles de voter pour le RN que ceux habitant les villes-centre. Or, il existe une corrélation très forte entre la taille d’une aire et la proportion de votes pour le RN. Le vote RN est un vote de village et de ploucs.
Les comportements électoraux restent donc fortement corrélés au niveau de revenu dans ces élections législatives anticipées de 2024. Les classes les plus populaires continuent de nettement moins se mobiliser que les classes supérieures. Au sein des votants, une part significative des suffrages dans les bureaux de vote au revenu le plus faible se dirige vers le bloc de gauche – à ce titre, l’antienne qui ferait du bloc d’extrême droite le principal réceptacle de la colère des plus démunis mérite d’être nuancée.2
Cet institut a l'honnêteté de nuancer, car cela ne signifie pas du tout que la clique petite bourgeoise à Mélenchon engrangerait principalement un vote ouvrier. LFI est surtout composé de jeunes citadins diplômés, 34% chez les cadres et seulement 21% en milieu ouvrier. (moins en réalité)
Au demeurant, si la gauche en général n'est plus majoritaire parmi les ouvriers, son idéologie disparate et wokiste subsiste au sein de la très composite catégorie des professions intermédiaires où elle obtient désormais le plus de votes. Elle n'y est toutefois pas hégémonique puisque la dite extrême droite réalise depuis les années 1990 une relative percée électorale dans ce groupe socioprofessionnel, notamment parmi les contremaîtres (sic ! Les plus cons). À cela s'ajoute l'abstention croissante du monde ouvrier, passant de 21 % à la présidentielle de 1995 à près de 30 % en 2017. Les voix des cadres se dispersent par ailleurs en se tournant notamment vers les cliques écologistes en perte d'influence lors des scrutins européens ou régionaux. On a assisté parallèlement à l'ambition affichée des élèves des grandes écoles pour réussir une carrière plutôt en politique que dans l'industrie et dans n'importe quel parti.
Si le vote des ouvriers s'éloigne des gauches classiques bourgeoises et se polarise aux extrêmes, c'est tout de même l'abstention qui est le premier parti des ouvriers et celle-ci trouve son origine dans une défiance grandissante à l'égard des partis de gouvernement et d'opposition affichée, débridée ou « responsable ».
Stabilité de l'abstention aussi en rapport avec le niveau d'étude. Scolarisation. De plus, les choix électoraux ne sont plus intégralement déterminés par la classe sociale, qui est un facteur explicatif parmi d'autres où l'émotion personnalisée prend le dessus.
Le rôle de l'émotion
Des chercheurs ont innové en montrant le rapport au politique n'est plus soluble dans les caractéristiques sociales ou psychologiques des électeurs. Il dépend tout aussi fondamentalement du degré auquel les enjeux sont construits par les acteurs politiques comme des enjeux autonomes par rapport au social, ainsi que du degré d'opposition idéologique des partis à ces enjeux. Du début des années 1960 à la fin des années 2000, c'est la dépolarisation des partis sur les enjeux économiques, plus que les transformations de la structure sociale, qui rend ainsi compte du recul du vote de classe en France. De même,si la perte d'influence du facteur religieux est moins nette, elle s'explique également par une dépolarisation des positions partisanes sur les enjeux moraux, accentuée par l'émergence de nouveaux enjeux liés à l' immigration incontrôlée et à l'ordre public, et face auxquels aucune des cliques politiques n'est en mesure de répondre sérieusement ni d'en expliquer les causes réelles.
Le terrain électoral se caractérise par une extrême volatilité où même l'abstention devient intermittente. La jeunesse comme catégorie révolutionnaire a toujours été une fable. Sa participation est très intermittente voire totalement abstentionniste. Les jeunes bobos diplômés votent gauche déjantée façon LFI ou écolo-bobo minoritaire, quand les jeunes ouvriers sans diplômes s'abstiennent en général même si une partie se résout à voter RN.
FIN DE PLAISANTERIE ELECTORALE : COMMENT EVITER LE SHUTDOWN ?
Au même moment que les Etats-Unis la France est menacée par un shutdown (paralysie budgétaire) d'ici le mois de décembre. Il y a urgence. Des milliers d'employés administratifs de l'armée, de la police, des écoles pourraient se retrouver sans salaires...
Mais aucun souci du côté des pantins parlementaires dans leur majorité. Il n'y en a que pour leur gueule et leurs misérables ambitions électorales.
Chasser le vilain Macron selon tous les serpents qu'il a réchauffé dans son sein ! Dissoudre le plus rapidement pour que la mère Le Pen puisse y croire encore ! Dissoudre ne servirait à rien selon la mère Tondelier qui, en effet, y perdrait sa place avec son quarteron d'inutiles bobos-écolos ! Dissoudre pour que LFI se retrouve en dessous de 10% et le RN à 40% pourquoi pas ?
En vérité tous ces fiers à bras n'en veulent pas de la dissolution qui serait un risque considérable pour tous, même pour les vantards du RN qui se sont affichés honteusement aux côtés du boucher de Gaza et qui, s'ils parvenaient au pouvoir feraient basculer l'Etat, comme LFI, dans le chaos, avec cette promesse de distribuer n'importe comment la retraite à tous.
Ce ne sont pas les industriels seulement qui sont atterrés par ce lamentable spectacle de politiciens en délire et autistes vis à vis de la réalité financière de l'Etat bourgeois comme vis à vis de la sidération même du prolétariat. Que le prolétariat, sa partie syndiquée et aristocratique, soit accroché à la croyance qu'on peut se sauver individuellement avec une retraite plus précoce que celle planifiée en sens inverse, en oubliant que 127 millions de retraités n'ont plus assez de cotisants,c'est aussi un déni de la réalité qui pousse au demeurant leurs politiciens favoris à relayer cette dinguerie.
Le discours de Lecornu a été flambloyant et d'un niveau...utopique. Si ce brave nouveau Premier ministre a en effet fait une concession majeure au PS, la suspension, il, nos a déçu par son panégyrique d'une « reparlementarisation » (comprenez fin du présidentialisme) et sa répétition ridicule « vous discutez,vous votez ». Croit-il que le peuple et le prolétariat puissent prendre au sérieux ces bandes de connards parlementeurs et arrivistes sans scrupules, ouvert à une capacité à discuter ? Quand la justiciable mère Le Pen quitte ostensiblement la salle en pleine présentation du discours puis quand au fur et à mesure des interventions, les bancs se délitent.
Là est pourtant la réussite de Lecornu : montrer l'irresponsabilité de tous ces gangs politiques, injurieux, haineux et creux. Utile vision pour les virer tous, ne plus voter pour eux et les mettre en tôle au jour de l'insurrection.
Les partis classiques, droite et PS, sont apparus plus honorables, Wauquier en particulier, tentant de calmer le jeu un an encore.
Or patatras, on apprend ce matin la contrepartie du gel de la réforme, que je suis le seul à avoir dénoncée ici depuis des mois.
JEAN QUI RIT ET JEAN QUI PLEURE
L'Etat français est déficitaire et cherche n'importe où des boucs émissaires à son incurie à gérer un capital en crise. La suspension va coûter très cher et la continuation du merdier de l'instabilité politique n'est pas prête à être suspendue.
Puisqu'on n'a pas réussi à limiter l'arrivée massive de nouveaux retraités, qui sont donc prioritaires comme les assistés – une foule de gens qui snobent le travail et s'étonnent qu'on ait besoin d'une arrivée massive de travailleurs migrants – on va faire payer ces privilégiés déjà en retraite, avec la complicité « responsable » des Wauquier et Hollande.
En quoi consiste le vrai gel des pensions de retraite actuelles et des allocations familiales ?
Le gel programmé n'est-il donc pas le même pour tous ? Comment serait appliquée cette mesure en 2026 ? Il faut comprendre, dans un premier temps, qu’à la fois les personnes à la retraite et les allocataires, qui bénéficient de prestations sociales, seront durement impactés. Les retraités ne verront donc pas leur retraite de base augmenter en 2026, même si les prix sont revus à la hausse en 2026. C'est le prix à payer pour le gel de la réforme qui permet l'arrivée de 750.000 nouveaux retraités par an. Ce qui en d'autres lieux serait dénoncé comme une division de la classe ouvrière, pour ce qui va devenir de plus en plus si les racailles de la gauche bourgeoise et petite bourgeoise l'emportaient finalement un partage « social » de la misère.
Par après, en 2027, les retraites seront moins augmentées que l’inflation. Elles seraient sous-indexées de 0,4 point dès 2027. Si l’inflation est de 3% par exemple, elles n’augmenteront que de 2,6 %. Et ne seront que partiellement revalorisées. Enfin, le gel des prestations sociales concerne les allocations familiales, les aides au logement, les minima sociaux… Qui ne verront pas non plus d’augmentation. La somme qui leur sera versée chaque mois sera exactement la même qu’en 2025
Avec la mise en œuvre de cette “année blanche” en 2026, le gouvernement table ainsi sur des économies qui se chiffrent à 3,6 milliards d’euros rapporte Le Parisien. Qu’en est-il en revanche des Français et surtout des prolétaires? Quels impacts auront ces mesures sur leur budget, eux qui se serrent déjà la ceinture au quotidien ? Il faut se préparer, avec le gel des prestations sociales et des pensions de retraite, à une “année noire” .
Mais que penser de ces foules de retraités et retraitables qui ne se livrent qu'à des comptes d'apothicaires pour leur avenir personnel, dont les protestations actuelles, applaudies par les clowns députés, serviront bientôt à une redistribution sociale misérable, sans aucune conscience du fait que le système étatique est en train de s'effondrer, que la guerre mondiale est au-dessus de nos têtes. On dirait déjà les mêmes foules imbéciles de l'avant 1914 dont Gustave Le Bon dénonçait le suivisme, l'aveuglement et la lâcheté.
« Les grands hommes d'État de tous les âges et de tous les pays, y compris les plus absolus despotes, ont-ils considéré l'imagination populaire comme le soutien de leur puissance. Jamais ils n'ont essayé de gouverner contre elle. « C'est en me faisant catholique, disait Napoléon au Conseil d'État, que j'ai fini la guerre de Vendée; en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j'ai gagné les prêtres en Italie. Si je gouvernais un peuple de Juifs, je rétablirais le temple de Salomon. » (L'irrationalisme des masses, Gustave Le Bon)
NOTES
1Selon une étude, plus de 60% des musulmans français ont voté pour la liste de La France Insoumise aux élections européennes, dimanche 9 juin. Des résultats dans la continuité de l’élection présidentielle de 2022, durant laquelle 69 % d'entre eux avaient choisi Jean-Luc Mélenchon. Pour les Africains on ne peut pas savoir, la statistique ethnique étant interdite. L'argument électoral qui a joué a été bien sûr la dénonciation du génocide à Gaza. Cependant cette immigration récente ou ancienne fait partie de la classe ouvrière. Indépendamment de leur vote pour le petit-bourgeois Mélenchon ce sont des travailleurs qui posent des problèmes de classe. Les trois quarts des musulmans (76 %) estiment que la question du relèvement des salaires et du pouvoir d’achat est un enjeu crucial, de même que l'éducation (73 %), la lutte contre la délinquance (73 %), la politique étrangère (71 %) ainsi que la lutte contre le chômage (65 %