Au XXème siècle on
découvrit de solides femmes chefs d'Etat, au nez plus long que celui
de Cléopâtre, Mmes Golda Meir et Margaret Thatcher. Elle ne
déméritèrent pas de la fonction, mais elles étaient encore
l'exception.
Au siècle suivant il
faut bien constater un long règne d'Angela Merkel qui masque mieux
que Hitler, Adenauer, Brandt et Kohl réunis (pour la photo),
l'arrogance économique et impérialiste traditionnelle de
l'Allemagne capitaliste réunifiée pour le meilleur et pour le pire.
La France, vieux pays machiste, n'est pas encore en passe d'égaler
une telle matrone d'Etat. On se souvient des humiliations répétées
de la pauvre Edith Cresson et du ratage de Ségolène Royal, sans
doute un peu trop hommasse pour ses concitoyens, sans posséder
certaine vertu féminine d'apparente douceur qui sait mieux faire
passer des sosies pour des bernés de l'espèce masculine. On doit se
contenter de secondes cuillières baveuses à la Dati, Moreno, etc.
On l'a oublié mais le
féminisme a été la principale épingle du jeu que la bourgeoisie
française a su tirer de Mai 68, quand la bourgeoisie américaine en
faisait déjà l'expérience avec la bobolgie hippie dans les campus.
Vie quotidienne, cadre de vie, ici et maintenant, environnement,
etc., tout plutôt que l'identification de la hiérarchie des
classes, de leur rivalité et des inégalités internes aux classes;
une même approche "politique" cynique rapprochait
marxistes orthodoxes et libéraux anarchistes. La "libération
de la femme" devint le principal miroir aux alouettes du
socialisme rose et du libéralisme Chamalières; Giscard coiffa sur
le poteau marxistes insurrectionnalistes et anars pétroleurs en
déléguant une femme, ex-déportée juive de plus, pour faire abolir
l'interdiction d'avorter1
dans l'enceinte (sic) parlementaire. Bien avant les
Mitterrand-Chirac-Sarkozy-Hollande, la giscardie avait compris
l'intérêt des quotas communautaires sexués au gouvernement
national.
Tardivement, longtemps
après le milieu maximaliste issu de mai 68, en 1997, Christopher
Lasch avait remis à leur place les féministes bourgeoises qui
avaient servi de laboratoire au renouvellement de l'idéologie de
domination bourgeoise: "... les femmes ont tout autant de
chances que les hommes de faire mauvais usage du pouvoir, de trouver
du plaisir à se montrer cruelles, et de céder au goût pour la
cruauté en faisant respecter le conformisme"2.
FEMINISATION DE LA
SOCIETE?
C'est la thèse défendue
par un journaliste pipole qui se prend pour un philosophe dérangeant
de la société décadente, laquelle notion est à peu près partagée
et assaisonnée par tout l'éventail politique des officiels aux
garants ringards d'un maximalisme de papa comme le CCI. Le dit
philosophe de pacotille, le nommé Eric Zemmour, ne fait que
reprendre les affres de la dévirilisation de la société
moderniste3
par tous les chantres maurrassiens du vieux paternalisme clérical et
monarchiste. Danger immanent cette terrible peur de la castration,
vieille pratique des guerriers vainqueurs à toutes les époques,
avec le viol et l'égorgement animal. Quoi de pire que la castration
d'un homme par une femme? L'impétrant est petit et complexé comme
tous les hommes nés petits; je l'ai croisé un jour à Montparnasse,
et il est en effet chétif et apeuré dans la rue. Sa mère était
une mamma pied-noir, femmes traditionnellement autoritaires et
dominatrices. Or c'est de la bouillie de chat arriviste, rien n'a
changé ni ne changera fondamentalement dans la nature et l'altérité
des hommes et des femmes, même si leur complexion et caractère ne
sont jamais tout noir ou tout blanc.
Comme l'idéologie
patriotique, les droits du citoyen, l'égalité des chances, le droit
à l'éducation, fariboles bourgeoises, l'égalité des femmes n'est
pas une nouvelle identité mais un costume de plus dans la négation
de la guerre des classes. Au niveau sociologique les débats lassants
et répétitifs sur la "crise du couple moderne" - le
couple marié étant depuis la création de l'Etat le garant de la
reproduction sociale hiérarchisée – ne font qu'éviter tout
véritable débat sur les inégalités sociales et la misère
sexuelle. La "femme libérée" est surtout une prolétaire
obligée de "gagner sa vie" comme les hommes salariés. Sa
libération présumée, une aléatoire permutation de ses amants
jusqu'au seuil de la vieillesse laide, ne lui laisse que le choix de
payer une nounou et de s'ennuyer le dimanche dans les allées des
supermarchés. C'est plutôt d'une masculinisation des femmes qu'il
faudrait parler, non pas au sens de pouvoir dominer les hommes ni
égaler leurs capacités physiques, mais de prolétarisation dans la
solitude, d'une forme de mort sociale comme celle des retraités.
LA FEMINISATION DU
PERSONNEL POLITIQUE
Les fabricants de la dite
civilisation occidentale savent très bien que la question des femmes
est un enjeu historique et une mystification immémoriale depuis la
côte d'Adam jusqu'au hijab islamique. En s'emparant de la question,
les bourgeoisies dominantes des plus anciens pays capitalistes
peuvent sans mal faire avaliser leur supériorité "morale"
sur les contrées attardées et maintenues dans l'arriération
religieuse. Sans analyser chaque pays "développé", nous
pouvons examiner le cas français, exemplaire de la mutation
frauduleuse. Après l'acceptation officielle très tardive (1944) du
droit de vote pour les femmes, puis du carnet de chèques
indépendamment de l'époux (3 juillet 1965, nouvel article 221 du
Code Civil), de l'avortement (loi Veil 1975), la loi sur la parité
(6 juin 2000) on n'a aucunement détruit les stéréotypes habituels
ni surtout leur place en politique de domination. Le "vivier des
femmes" aptes à concurrencer les hommes est encore plus
sélectif que jamais. Celles qui se détachent du lot sont
généralement issues du même milieu bourgeois dominateur, fils et
filles de famille, haut diplômé(e)s. Dans le processus de sélection
politique à l'intérieur des divers partis, majoritairement contrôlé
par les hommes, elles restent sous-représentées dans leurs
instances dirigeantes, tout comme dans les administrations des
grandes industries étatiques. Plus révélateur, comme l'écrit un
analyste: "La féminisation de la vie politique ne s'est pas
accompagnée d'une ouverture sociale"4
Il n'y a aucune chance
pour trouver une femme de ménage ou un ouvrier du bâtiment député
ou ministre (sauf quelque syndicaliste corrompu ou une égérie beur
de banlieue, pour la galerie). La "socialisation au métier
politique" reste aux mains de l'élite bourgeoise. La notion de
parité ou de quota est d'abord une cuistrerie de plus : que
m'importe qu'un homme ou une femme représente mon courant politique,
quand l'essentiel reste le contenu.
"Féminiser par la
loi" devait "moderniser" la République pour
"ré-enchanter la politique depuis 1975, année internationale
de la femme pour la clique des "Nations Unies",
"rééquilibrer le pouvoir entre hommes et femmes", "ainsi
que "le droit de prendre part à l'élaboration et à
l'exécution de la politique de l'Etat".
En 1998, une circulaire
signée par Claude Allègre et Ségolène Royal intronisait une
circulaire sur la "féminisation des métiers", actualisant
la circulaire de Fabius en 1986, selon la volonté du chef de l'élite
rose Jospin (le même qui avait officialisé le droit aux salles de
prière dans les usines et le port du voile religieux)5.
Vint ensuite la
cuistrerie politique sur la parité – dite "universalisme
sexué" - ne fût que la prétention des élites bourgeoises à
leur renouveau, et placée au centre de leurs discours et programmes
(les femmes votant plus que les hommes...), afin de "restaurer
la confiance des français dans leur classe politique" (c à d
tous partis confondus)6.
Depuis plusieurs décennies, les "décideurs anonymes" ont
ainsi prétendu répondre à la "crise de la représentation"
liée... à l'affaiblissement de l'Etat-Nation, à l'entrée en scène
des nouveaux décideurs (conglomérat européen, globalisation
financière) et tares locales françaises: sclérose des partis,
magouilles électorales, cumul-accaparement des mandats.
Cette prétendue
féminisation des élites qui n'a en rien ébranlé le règne de
l'oligarchie bourgeoise a achoppé sur le terme de parité pour le
remplacer par celui plus fumeux encore d'égalité. Sur le terrain
électoraliste la modification ne s'est avérée jouable que pour les
scrutins secondaires, municipaux et régionaux, n'entamant en rien la
composition des élites nationales. Les femmes élues à ce niveau
secondaires sont elles-mêmes, soit de bonnes bourgeoises, soit des
arrivistes étudiantes ou issues d'une immigration avide
d'intégration conformiste, des profs, fonctionnaires ou cette
catégorie très marginale et peu consciente socialement des "femmes
au foyer" aux côtés de jeunes retraitées, avides de
reconnaissance pré-cimetière. Les élues salariées proviennent en
outre surtout du secteur privé, secteur où les prolétaires
possèdent une conscience politique limitée en général. La
médaille d'honneur des recrutées conformistes par les partis
officiels revient à celles qui se targuent d'être "actives
dans le milieu associatif" ou "personnalité de la société
civile de la région".
Exceptés les gauchistes
recyclé verts, ardents supporters des hausses d'impôts contre la
classe ouvrière pollueuse, les partis officiels dominants ont
généralement préféré renoncer au financement public (condition
pour respecter le quota féminin) plutôt que de mettre en péril la
réélection de leurs députés mâles au profit d'incongrues
nouvelles venues "dépourvues de notabilité locale". Ainsi
leur est verrouillée l'entrée au Parle-ment, rempart du pouvoir
républicain bourgeois mâle. La seule nouveauté se résume à une
nouvelle féodalité républicaine où ces "nouveaux féodaux"
accaparent tout le pouvoir face aux masses asexuées... qui se
préoccupent avant tout de leur carrière et de compléter leurs
énormes revenus avec ceux de leur femme nominée secrétaire
parlementaire!
Alors que l'on assiste à
une raréfaction des attitudes misogynes, surtout parmi le
prolétariat (mais pas au Parle-ment), la réalité de la condition
féminine dans le salariat reste une des plus honteuses. Les femmes
restent les plus mal rétribuées, mal traitées par la hiérarchie
patronale, confinées aux boulots ("d'avenir", comme ils
disent): prostitution, ménages dans les hôtels sordides, gardes des
enfants, tâches de bureau répétitives. On a envie de ressortir
l'image antique concernant leur sort: les empereurs romains
désignaient un chef aux esclaves, et il devenait le chef des
esclaves, le garant de leur soumission. Une femme nommée ministre
n'est-ce pas la garantie que des millions d'autres se courberont à
la tâche avec fierté?
Après Thatcher, Merkel
et Michelle Bachelet, Hillary Clinton sera-t-elle la future chèfe
des esclaves américains? Et si Bruno Lemaire avait été une femme
n'aurait-il pas remisé Sarkozy au trente pour cent du glorieux
opposant au bréjnévisme de parti?
LA FEMINISATION EN TROMPE
L'OEIL DE L'EXTREME DROITE:
Ce qui est frappant à
l'aile dite anti-élite de la droite française c'est sa propension
affichée à une oligarchie présomptueuse et sans honte. Marine Le
Pen vient d'être élue présidente du FN à... 100%. Au XXIème
siècle le ridicule ne tue toujours pas. Elle était la ... seule
candidate. Comme son père elle ne veut pas du pouvoir, mais
persister dans le même rôle de faire-valoir du barnum officiel. Il
vaut mieux être premier dans son village que deuxième en ville. A
ce compte Sarkozy avec ses 64% apparait comme un gentil roi
démocrate!
Cela avait été une
trouvaille de génie népotiste de placer à la tête du FN français
la propre fille du cador breton ex-para volontaire, clone adouci du
terrible épouvantail à gauchistes. Puis de reconfirmer récemment
la féminisation de l'appareil oligarchique par la promo d'une
mignnonette jeunette blondasse, Marion Maréchal-Le Pen (cf. Maréchal
nous voilà!) ; il y a de la pureté du bled Domrémy chez la
marionnette. Est-elle pucelle? Sans compter évidemment la tête à
claques de premier de classe du petit rondouillard Florian Filippot7,
qui affiche autant de virilité que Tino Rossi avec sa voix de pédale
face aux virils occupants teutons8.
L'extrême-droite
serait-elle (serait-il?) devenu un parti de "gonzesses"?
Nullement, sur le fond, son principal parti, le FN, reste un parti de
droite bourgeoise, surfant sur les inquiétudes liées à
l'envahissement religieux musulman, mais avec pour tout programme une
resucée de celui du PCF des années 1970. Cela a échappé à tous
les commentateurs et aux hystériques anarchistes antiracistes,
"nanti-ostracistes" finalement et anti-tout, mais le fait
qu'une femme dénonce moins la "transhumance" de
l'immigration que le folklore evahissant, surtout maghrébin – par
le fait que celui-ci véhicule une image religieuse méprisante de
la femme – donne plus d'ampleur à sa propagande que la simple
dénonciation de "l'envahissement" par son père dans les
70. Le propos de la femme chef de parti, donc homme en chef, repose
plus de prime abord sur l'idée de dignité et de respect que sur
celui d'exclusion, qui reste sous-jacent; et ça marche. Mais le
discours nationaliste demeure le même: repli sur soi, mantient des
inégalités, vieilleries industrialistes autarciques, rejet de
toute immigration, clichés auxquels même le preux Montebourg a
renoncé pour aller à l'école des patrons apatrides.La compo du FN reste majoritairement un assemblage de vieux gros bras qui agitent une égérie trompe l'oeil pour mieux faire digérer une vieille idéologie barbouzarde.
La féminisation
bourgeoise de tout le cirque médiatique aura été un bel enfumage
qui n'est pas prêt de faire cesser le combat des hommes et des
femmes du prolétariat pour la destruction des élites politiques et
du métier de la politique parasitaire de l'humanité.
1Simone
Veil assuma très bien sa tâche, sous les quolibets et les menaces,
mais les récalcitrants de la droite bourgeoise en insultant une
ancienne déportée se ridiculisaient eux-mêmes du fait de leur
filiation implicite avec le fascisme disparu. Ce fût un pas
réformiste indéniablement positif pour les femmes; le parti
maximaliste bordiguiste eut raison d'appeler à voter pour
l'avortement en Suisse, quand le CCI rigidement anarchiste au plan
parlementaire cria au viol des principes... car les femmes pouvaient
attendre ad eternam l'émancipation de l'enfantement automatique aux
temps sans cesse reculés de l'imminente révolution prolétarienne.
Ceci dit, nombre de femmes sont encore obligée d'aller avorter
ailleurs... à l'étranger.
2"Les
femmes et la vie ordinaire" (1997).(reprint ed Climats)
3Je
me demandais récemment où étaient passés nos pitre modernistes
Wajnsztejn et Guigou, lorsque j'ai reçu une pub des éditions
post-tiersmondistes L'Harmattan; ils en sont réduit à publier une
compil de leurs âneries anti-marxistes avec un pauvre titre: La
société capitalisée. Bof!
4
En savoir plus sur
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/la-feminisation-du-personnel-politique-se-fait-en-trompe-l-oeil_1573981.html#dXu7IFE1e5IMiM3D.99
5La
bourgeoisie canadienne, éminemment suiviste et moderniste (avé
l'accent du 17ème plouc) a produit en septembre 2006 un "Guide
de féminisation", ventant les "épicènes", le
langage moderniste devant être formateur d'identité... nationale:
"Etendre la féminisation aux textes informatifs et à
l'allocution des discours... peut avoir un impact important sur la
propagation d'une syntaxe française qui se veuille inclusive. Il
faut garder en tête que la féminisation vise à rendre "les
femmes aussi visibles dans la langue (sic) qu'elles le sont devenues
au sein de secteurs de plus en plus diversifiés". (cf. Cré,
conférence régionale des (crétins) élus). Quoi de plus con qu'un élu(e),
il attrape tout de suite le melon! Dans la même veine de
déculturation, la bourgeoisie finlandaise vient d'annoncer la fin
de l'apprentissage de l'écriture pour 2016, pour celle du clavier.
L'homme machine informatisé jusqu'au bout des doigts va ainsi
supplanter le salaud de prolétaire auquel la noblesse bourgeoisie
regrettait qu'on lui ai appris à lire et à... écrire!
6cf.
Mariette Sineau, directrice de recherches au CNRS, 22 mars 2006.
7De
la promo Willy Brandt de l'ENA, comme ce militant de la section
américaine du CCI qui a co-écrit un livre sur la chute du mur de
Berlin avec... Willy Brandt (1990); je possède une des éditions
originales avec photos à l'appui!
8Un
des maîtres à penser de Zemmour, Patrick Buisson, très soucieux
de virilité pérenne, et ex-conseiller de Sarkozy, a écrit un
excellent livre sur les amours du temps de l'Occupation teutonne
(1940-1945 années érotiques) où il voit un début de
dévirilisation de la France sous la bite des nazis, et de ...
l'homosexuel Jean Marais: "... la valorisation de la faiblesse
masculine semble faire écho à la défaillance des combattants de
juin 1940 (... ) la virilité déchue d'un Gabin ou celle,
incertaine, d'un Tino Rossi". Les chansons pour femelettes de
Rossi renvoient, pour les Zemmour et Buisson, à l'image de
déchéance du vaincu violé et traité comme femme soumise, leur
référence restant l'homme en tant que guerrier ardent et
dominateur. Ces pitres s'imaginent ainsi futurs Déroulède et
archanges de la "défense nationale", où, nous
l'espérons, ils cantonneront le rôle des femmes à celui de
cantinières et d'infirmières consolatrices!