"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 23 septembre 2023

L'HOSPITALITE CAPITALISTE POUR LES MIGRANTS ET LES SANGLOTS DES GAUCHISTES


DERRIERE LES JEREMIADES CARITATIVES DES GAUCHISTES ET DE LA GAUCHE CAVIAR...LA BIG CATASTROPHE QUI VIENT

remerciements à Hélène ;



RETOUR AUX CAUSES DE L'IMMIGRATION MODERNE ET DE MASSE

 « Il faut renvoyer les clandestins » Mitterrand en Conseil des ministres le 31 août 1983 :

« Nous ne devons pas accepter le retour de l'esclavage en France. Or l'immigration clandestine, c'est la possibilité d'un esclavage en France. Insupportable sur le plan moral, l'immigration clandestine est, en outre, dangereuse et injuste sur le plan économique. Elle fausse les règles de la concurrence au profit des employeurs qui exploitent les travailleurs dans des conditions indignes de la France et du XXIe siècle. C'est, enfin, un facteur de déstabilisation de la société. Je n'ai pas peur de l'affirmer : l'immigration clandestine favorise la ghettoïsation de toute une partie de la population vivant sur le territoire français, condamnée à l'exclusion, à la privation de tous droits et à vivre dans des taudis insalubres ».

SARKOZY (déclaration à la commission du Sénat alors qu’il était ministre de l’intérieur dans le gouvernement Chirac 2)

« A Rome, sous les sourires de son hôte (mais non du parlement ni des journaux italiens) sans craindre d’emboîter le pas à l’extrême droite la plus raciste, il a exigé que l’Union lui fournisse 5 milliards d’euros par an, faute de quoi « demain peut-être que l’Europe ne sera plus européenne et même noire car ils sont des millions à vouloir venir » d’Afrique. Chose « très dangereuse », ajoute-t-il, car « nous ne savons pas ce qui se passera, quelle sera la réaction des Européens blancs et chrétiens face à ce flux d’Africains affamés et non instruits ».   

Déclarations de feu Kadhafi

Les deux derniers compères au pouvoir en 2004 ont dit des vérités gênantes, percutantes et proprement iconoclastes face aux mensonges éhontés des historiens et des politiciens de la gauche bourgeoise menteuse et wokiste. A mon sens les vérités de ces personnages équivoques sont toutes justes et fondées, résumant les CONSEQUENCES  d'un mondialisme capitaliste sans-frontiériste, officialisant une « libre circulation » (certes pleines d'entraves et de drames humains) que réclament à tue-tête toutes les cliques islamo-gauchistes et même l'ancienne ultra-gauche gériatrique ; sans-frontiérisme qui a pour double effet de remiser le vieil internationalisme au placard des idéologies utopistes et d'assurer que le prolétariat est indifférents, voir xénophobe en général, en tout cas bon à rien face aux drames de celles et ceux qui fuient les dictatures...installées par la Russie et l'Amérique et leurs gauchistes souteneurs au début de ce qui fût appelé « l'ère de libération nationale des peuples », autrement dit non comme libérations du « tiers monde » devenu le Sud comme dans la chanson de Nino Ferrer, mais comme simple repartage d'un monde dominé par le capitalisme d'Ouest en Est. Je reviendrai plus loin sur la manière de la gauche bourgeoise de dissoudre le véritable internationalisme.

L'autre vérité qui démontre la mauvaise foi de la gauche bourgeoise, et ses résidus merdiques (LFI, bobos écolos, trotskiens déjantés, etc.) c'est leur transformation idéologique en observateurs secouristes s'appuyant moralement sur les diverses compagnies professionnelles  spécialisées et rétribuées pour l'aide aux migrants, telles que Médecins Sans Frontières. L'opinion universelle partagée même par les directeurs d'opinion de la bourgeoise est que tout est de la faute au capitalisme, sans nuances, ce meilleur moyen de diluer les responsabilités, sans oublier une culpabilisation permanente des anciens pays colonisateurs européens, téléguidée par le pouvoir US et missi dominici islamo-gauchistes ; je traiterai aussi de cette constance des faux radicaux déclamatoires qui, en choisissant de se faire les porte-paroles de l'impérialisme dominant confirment qu'ils ont toujours choisi un camp bourgeois externe contre la France, pour se faire passer pour « internationalistes » voire « défaitistes révolutionnaires » notion caduque1 ; en 1944 les trotskiens étaient aux côtés des armées américaines et russes : dans les années aux côtés de la Russie stalinienne au nom des frauduleuses « libérations nationales » qui servirent à installer des dictatures sinistres adoubées par cette puissance impérialiste. Je démystifierai aussi par après cette honteuse position du choix de l'ennemi de leur pays d'origine qui était tout sauf internationaliste, et ce tiers-mondisme laisse en héritage un wokisme anti-colonial qui se permet des leçons de morale évitant de rappeler le colonialisme et le racisme encore omniprésent du capitalisme du farwest.

LA FOCALISATION CARITATIVE DES GAUCHISTES SUR LES CONSEQUENCES, ET QUI SE MOQUE DES CAUSES

 L'identification du capitalisme à la révolution industrielle, largement répandue, a pour conséquence de centrer la réflexion sur le rôle de la machine et de la production industrielle de masse. Elle est soulignée par Engels, pour qui « l’histoire de la classe ouvrière anglaise » commence avec « l’invention de la machine à vapeur » 2. Pas si simple ! Et pourquoi cette révolution industrielle n'a-t-elle pas démarré en Afrique ? Parce que le bon dieu était raciste ? Parce que Jeanne d'Arc n'y était pas née ? 

 DATE DE LA NAISSANCE DU CAPITALISME ?

Je l'ai rappelé dans mes articles précédents, le capitalisme s'est développé de manière inégale pour des raisons historiques particulières sur lesquelles je n'entrerai pas dans les détails.  Or, le début où la considération de ce mode de production, avec accumulation du capital, est considéré dominant à a lieu à la fin du XVIIIe siècle, et d’abord seulement en Angleterre. Peut-on affirmer, alors, que le capitalisme, c’est-à-dire une économie orientée vers la recherche effrénée et indéfinie du profit, n’a pu exister avant cette date ?On pourrait poser la question du pourquoi il ne s'est pas développé en Amérique latine ou bien à partir de l'Algérie ?

« Où et quand un tel processus a-t-il débuté ? Brenner considère que seule l’Angleterre, à partir du XVIIe siècle, a connu ce processus de mise en place d’une agriculture capitaliste. Son argumentation suit ici le récit développé par Marx dans le chapitre du Capital sur la « prétendue accumulation initiale », y ajoutant simplement une comparaison avec la France et la Pologne. Partout en Europe, à la fin du Moyen Âge, les paysans ont cherché à échapper au servage. L’issue de leur lutte a dépendu du rapport de force entre seigneurs et paysans. « En Europe orientale, les seigneurs vainquirent » et un second servage s’ensuivit. En France et en Angleterre, en revanche, « la résistance paysanne » l’a brisé. L’issue de cette lutte n’a cependant pas été identique dans les deux cas[1] ».

Dans les embryons d'industrie les premiers ouvriers ont fui la misère dans les campagnes et viennent grossir la population urbaine avec leurs « bras nus », à la suite de l'invention de la machine à vapeur puis des chemins de fer. Par ailleurs, c'est le jeune capitalisme qui posa les conditions du développement inégal bien avant d'en passer à la colonisation.

« Le capital s’accumula en Europe occidentale, où se concentraient les activités les plus capitalistiques nécessitant une main-d’œuvre hautement qualifiée (industrie textile, construction navale, métallurgie), au détriment des régions comme la Pologne ou les Amériques, spécialisées dans l’exportation de matières premières ou agricoles (argent-métal, sucre, bois, coton, céréales). Pour maintenir et pérenniser le caractère inégal de l’échange, les capitalistes du centre s’appuyèrent sur les États centraux, qu’ils renforcèrent afin de « protéger » leurs « intérêts, […] garantir » leurs « droits de propriété » et leurs « divers monopoles ». Ces États furent chargés de prévenir toute constitution d’États forts dans les périphéries. Le système-monde capitaliste implique donc autant l’inégalité que la multiplicité des États. Également forts, ils « seraient en mesure d’empêcher l’action d’entités économiques transnationales situées dans d’autres États», ce qui bloquerait toute perspective d’accumulation et entraînerait l’effondrement du système. L’accumulation exige des États forts sur lesquels les capitalistes du centre puissent compter et des États faibles ou défaillants qui ne puissent empêcher leurs populations d’être exploitées »[2].

 Dans la constitution originelle du capitalisme, Max Weber (1864-1920) a voulu faire entrer une causalité religieuse dont Marx ne s'est pas préoccupé, et je pense que cette analyse mérite qu'on s'y arrête. Weber a  cherché à expliquer le développement du capitalisme en Occident en y incluant la religion. L’explication se trouve selon lui dans l’esprit du capitalisme. Il correspond à un système de valeurs spécifique à l’Occident, défini par la recherche rationnelle et systématique du profit par l'exercice d'une profession :

« Entreprise capitaliste et entrepreneur capitaliste sont répandus à travers le monde depuis des temps très anciens, non seulement en vue d'affaires isolées, mais encore pour une activité permanente. Toutefois, c'est en Occident que le capitalisme a trouvé sa plus grande extension et connu des types, des formes, des tendances qui n'ont jamais vu le jour ailleurs »[3].

Weber soutient l'idée que le capitalisme naît au xvie s. dans les milieux calvinistes. La morale puritaine favorise la recherche du rendement et du profit, parce que ceux-ci sont perçus comme des signes de la bénédiction divine : la réussite économique est la marque d'une vocation.

 Le protestantisme se caractérise par sa croyance en la théorie de la prédestination selon laquelle chacun est par avance prédestiné à la grâce ou à la damnation sans qu’il ne puisse connaître et changer le choix divin. Chaque croyant est ainsi poussé à adopter une conduite de vie où l’assiduité au travail de même que son organisation méthodique et ascétique servent de moyens pour confirmer son salut. Ainsi le calvinisme encourage un comportement économique nouveau, marqué par la valorisation d’un ensemble de valeurs comme le goût de l’épargne, l’abstinence et le refus du luxe, la discipline du travail et la conscience traditionnelle. Le refus du luxe ? Heureusement pour l'agioteur ou le spéculateur aucune religion n'est dénuée d'hypocrisie ! En général il a été considéré que Weber réfutait la théorie marxiste par sa fixation sur le rôle de l’individu dans l’histoire, ce que je conteste ; on peut considérer l'analyse de Weber comme complémentaire face aux diverses interprétations[4]. L’investissement en capital, favorable à la croissance économique, est devenu une valeur pour « prospérer ». La preuve que les valeurs religieuses, certaines, ont contribué à l'éruption du capitalisme moderne, est prouvée à l'encontre du monde musulman dont la religion irrationnelle et rigide bloque tout progrès dès le 12ème siècle[5]. Ibn Khaldûn fut le premier à avoir saisi de façon rigoureuse les causes du déclin, à partir du XIVe siècle du monde arabo-musulman. En analysant en profondeur les enchaînements régressifs engendrés par le développement de comportements tyranniques et prédateurs du pouvoir politique surtout religieux. Sans conteste l'époque de rayonnement de la culture musulmane avait transmis l'héritage des grecs et inventé l'algèbre, pour finir par réapparaître comme réactionnaire à chaque époque de déclin de l'humanité. La progression exponentielle du culte irrationnel musulman dans les pays dits développés depuis au moins 50 ans confirme la décadence du capitalisme.

Cette croyance n'est pourtant pas majoritairement arabe. Les Arabes sont minoritaires parmi les musulmans. Les musulmans indonésiens (204 millions) sont, à eux seuls, presque aussi nombreux que les Arabes musulmans du Maghreb et du Machreq réunis. La majorité des musulmans se situe en Asie (environ 62 %), en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (environ 21 %). En Afrique subsaharienne (environ 15 %), les 2 % restants vivant en Europe ou sur le continent américain. Particulièrement depuis la chute du mur de Berlin, la « religion  socialiste » (stalinienne) a été supplanté par le retour nihiliste et irrationnel des religions en général.

(lire aussi, Aux origines religieuses du capitalisme (lefigaro.fr)

Les mêmes vieux gauchistes qui soutinrent les frauduleuses « libérations nationales » - soutenant ainsi du coup les factions islamistes, en Algérie en particulier, qui y étaient prégnantes - adoubent de manière sectaire la croyance islamique et ses oripeaux dans une optique cyniquement électorale3. Oubliant comme l'a rappelé Jean Birnbaum, qu'ils crurent longtemps que leur idéologie tiers-mondiste était le Graal supposé d'un nouvel internationalisme porté par le pauvre colonisé  capable de briser la domination de l’Occident, persuadés qu'ils étaient que, tôt ou tard, la religion serait abandonnée au profit de l’émancipation sociale et politique.

Pendant de l'interprétation de Weber, il existe une école américaine wokiste opposée à la critique de l'islam comme religion arriérée. Le wokisme est un révisionnisme de l'histoire racialiste du même type que celui qui niait les chambres à gaz, et ce genre d'idéologies persiste à polluer toute sérieuse réflexion avec les fake news de nos jours. On conteste l’introduction dans le monde occidental d’« institutions formelles », comme la firme, les droits de propriété, le crédit, les tribunaux du commerce, etc., quand le monde arabo-musulman n’a pas réussi à entreprendre de telles innovations institutionnelles et organisationnelles.

Mais, au-delà des scories culturalistes, la question invite à s’interroger sur l’économique musulmane en référence aux textes et aux récits fondateurs (le Coran et le hadîth), et aux arrangements institutionnels élaborés au fur et mesure du développement des activités et de l’intensification des échanges. On y dénonce un « procès du sous-développement », refusant une causalité entre islam et sous-développement. Face aux chercheurs qui maintiennent les obstacles au développement capitaliste par l'islam ( archaïsme des structures sociales, inertie des institutions, absence de réformes économiques et sociales, défiance à l’égard du changement et de l’innovation, statut inférieur des marchands, système éducatif basé sur la mémorisation, etc.) le wokisme islamophile rétorque :

« Les prescriptions d’ordre économique, éclatées dans le vaste corpus du fiqh et procédant des mêmes registres traditionnels, demeurent dédiées aux « moyens de gagner sa vie » et ne définissent, par conséquent, qu’une « forme mineure » de gouvernementalité. Un « biopouvoir » non pas politico-économique mais théologico-politique : le gouvernement des corps par le biais et le dispositif du gouvernement des âmes »4

 Or, l'arriération religieuse ne peut être seule mise en cause. Le facteur principal, surtout après 1945 est le pillage généralisé par les nouveaux colonisateurs impérialistes, surtout via le découpage en nations qui n'existaient pas avant, principalement sur le continent africain. Les ressources ont continuée à être pillées, plus subtilement si on peut le dire, par la complicité des dictatures locales pilotées par les grandes puissances capitalistes, au détriment des peuples et des prolétaires africains. Les nouveaux dictateurs ont été et sont pires que les Européens contre leur propre peuple , baignant dans la corruption et le terrorisme contre les civils ; c'est ce que les secouristes gauchistes et divers assocs « humanitaires » mettent sous le tapis pour nous resservir la dénonciation hystérique d'un néo-colonialisme anti-migrants et nous faire leur morale de curés de même nature que la prude éthique des bourgeois arrogants du 19ème siècle.

PERIODE DE LA REORIENTATION CARITATIVE DE LA GAUCHE RIDICULE ET DE SES GAUCHISTES

 L'idéologie tiers-mondiste, présentée comme idéologie de « résistance à la présence française » (donc utile aux USA) est encore cultivée par la secte CEDETIM, composée à son origine de militants africains et coopérants français, chrétiens de gauche et maos, membres du PSU ou de la LCR, réseaux d’aide aux luttes armées et ONG humanitaires . Ce Cedetim « créé par des hommes et des femmes qui se sont rencontrés autour du soutien à la résistance du peuple algérien en lutte pour sa libération », a contribué à la construction du travailleur immigré comme figure centrale de la lutte anti-impérialiste, précédent l'apologie du migrant, nouvelle figure universelle. Ce qui permet de se passer d'une réelle action politique dénonçant d'abord la barbarie des dictatures de leurs pays d'origine et toutes les puissances impérialistes qui sont derrière. Les pleurnicheries de ces spectateurs de la misère des migrants ne sont que des pourvoyeurs de nouveaux bras pour soutenir les économies occidentales en manque de main d'oeuvre ! Mais aussi rabatteurs d'électeurs pour le RN, quand, en particulier le pitre numéro 1 du marais inconsistant et hétéroclite de la Nupes, Mélenchon croit malin de déclarer : « si j'étais au pouvoir je procéderais à des régularisations massives » ! D 'abord il ne sera jamais au pouvoir et sa prétention est invraisemblable et ridicule.

 Après mai 1968 qui ridiculisa les « guerres émancipatrices des peuples colonisés » et le repli de la coopération stalinienne, le Cedetim se réintitule « Centre d’études anti-impérialistes ». Sa ligne anti-impérialiste aura du mal à résister aux indépendances portugaises d’une part, au reflux du gauchisme d’autre part. Les « nouveaux philosophes », bien longtemps après « Socialisme ou Barbarie »5 et Révolution Internationale » se mettent à tirer avec humour sur un tiers-mondisme accusé déjà de « sangloter ». Quant aux principaux bateleurs des libérations nationales , ils en étaient réduits à fermer leur gueule face au drame africain, famine au Biafra, guerres atroces entre ces « nouvelles nations », et plein de nouveaux Etats fantoches, le plus souvent intermédiaires dans la compétition dite de « guerre froide » en Europe mais « chaude » en Afrique6.

Le gauchisme depuis lors a tenté de suppléer à la longue et inexorable liquéfaction des partis staliniens, en particulier en fournissant les cadres du renouveau des partis socialistes bourgeois. Les recalés de la hiérarchie des PS ont pu vieillir en s'adaptant aux modes successives de la petite bourgeoisie. Ils ont conservé une fonction d'opposition contestataire au même niveau que l'extrême droite maintenant en permanence, et entre eux, le spectacle théâtral de la contestation superficielle et perverse du gouvernement. Mais le gauchisme, par ses prétentions à être révolutionnaire, avec ses modes idéologiques successives , s'avère être le pire ennemi du prolétariat, en tout cas comme artisan majeur de sa dissolution7.

 ASSURER LA DISSOLUTION DU VERITABLE INTERNATIONALISME

 Lisons ce satisfecit...dans la continuité : « Le mouvement anti-mondialisation, lui, est peut-être en voie de réaliser ce qu’espérait le Cedetim dans les années 1970 : la construction d’un internationalisme tirant sa force non de la seule dénonciation consensuelle d’un adversaire (l’OMC, la Banque mondiale, l’argent-roi), mais de la dimension internationale des mouvements sociaux qu’il engage. Quant à la lutte contre le sida telle que la mène un groupe comme TAC (Treatment Action Campaign) depuis l’Afrique du Sud, il se pourrait bien qu’elle jette les bases d’une autre sorte d’internationale, dont les alliances ne se noueraient plus entre révolutionnaires du Nord et révoltés du Sud, mais de séropositifs à séropositifs, de femmes à femmes, de groupes sociaux à groupes sociaux — une internationale mineure (sic) ».

Il faut prendre note avec pitié des justifications a posteriori des souteneurs des nationalismes locaux (que Mohamed Harbi a dénoncé en leur temps)8 :

« Surtout, nous verrouillons nos rapports aux États : quand nos amis arrivent au pouvoir, nous mettons un terme à nos relations avec eux. Nous avons d’emblée forgé une ligne de soutien aux peuples, mais pas aux États, ce qui, à l’époque, n’était pas une pure évidence. C’est une chose que l’histoire du FLN nous a apprise assez vite : « Vous avez soutenu la lutte de libération, maintenant vous allez soutenir tout ce que fait l’État » — l’Algérie nous a vaccinés contre l’instrumentalisation.Cette expérience s’interrompt après 1968, sous le coup d’une double répression : dans les pays africains, et en France, où le ministère de la Coopération se livre à la chasse aux coopérants rouges (?). Des militants nationaux sont emprisonnés, des coopérants expulsés. Nous décidons alors de faire une chose assez radicale : nous brûlons nos fichiers pour prévenir les infiltrations, nous demandons aux nationaux de ne pas entrer dans les groupes du Cedetim, et nous interdisons la création de nouveaux groupes. Résultat : nous passons de 3 000 membres à une cinquantaine. Bref, on arrête. Mais les membres et sympathisants de cette période nous en gardent une très grande fidélité, pour avoir su faire passer leur sécurité avant des intérêts d’organisation. C’est aussi là que nous apprenons, avant la lettre, à travailler en réseau plutôt qu’en association ».

Cet « inter-nationalisme » mue ensuite en luttes pour l’immigration, dans l’idée de « faire le lien entre les luttes dans les pays d’origine et les luttes en France. C’est ce qui marque notre différence avec la Gauche Prolétarienne, qui défend la révolution arabe(?). Dans la lutte des foyers Sonacotra (1975-1979), nous intervenons en appui technique, ce qu’Assane Ba appelle le service des luttes (sic), en mobilisant architectes, experts-comptables, cadres d’entreprise, etc. Le Cedetim fait également partie de la coordination de soutien des grévistes des foyers Quelques années plus tôt, en 1971, nous avions créé une école des cadres de l’immigration, qui regroupait six ou sept associations de l’immigration : l’UGTSF (Union Générale des Travailleurs Sénégalais en France), la Fédération des Travailleurs d’Afrique, les Réunionnais, les Portugais et les Espagnols, les Antillais, les Marocains, les Tunisiens. La formation comportait trois entrées : culture et théorie ; immigration ; techniques militantes ».

En gros un internationalisme multi-nationalisé !

Puis, précurseur du wokisme, le tiers-mondisme invente de nouveaux critères « révolutionnaires : « Le Chili avait posé la question du rapport de la réforme et de la révolution, l’Afrique du Sud pose celles du racisme et de la géopolitique ».

Une excellente brochure publiée en par le Collectif Lieux Communs9 a vu cette dissolution de l'internationalisme avant tout le monde :

« Il semble clair que l'afflux d'immigrés accru depuis la fin des décolonisations, recoupait pleinement l'utilisation simplement capitaliste de cette « armée de réserve », traditionnellement utilisée pour briser les mouvements autochtones et organiser une concurrence mondiale parmi les travailleurs. C'est d'ailleurs très conscients de ces objectifs, notamment, que les organisations syndicales et politiques du mouvement ouvrier visaient explicitement l'internationalisme. De même, ma manière dont l'oligarchie, d'abord surprise, a finalement accompagné le surgissement des revendications communautaires ne pouvait avoir qu'un seul objectif ! Détruire ce qu'il restait des cultures ouvrières, morceler les institutions qui en sont héritées, et, au-delà, en finir définitivement avec l'héritage émancipateur de l'Occident. Inutile de montrer ici en quoi tout le fatras du relativisme post-moderne et du gauchisme culturel, sans parler de l'islamo-gauchisme, à la fois symptômes et causes de ces délitements, n'en sont qu'une rationalisation plus ou moins verbeuse ».<10

QUAND LE TIERSMONDISME SE MOQUE DU CARITATIF

« Il nous faut alors sortir d’une position très critique vis-à-vis des « caritatifs », chrétiens pour l’essentiel, dont nous caricaturions la ligne comme étant « faire des puits, adopter des enfants ». Nous les traitions de « basistes », eux nous traitaient de « politistes ». Ils nous accusaient de trop soutenir les États, ce qui n’était pas tout à fait vrai (sic!). On les accuse d’être apolitiques, ce qui n’était pas vrai non plus . Le rapprochement se produit sous les attaques dont le tiers-mondisme a été l’objet au tournant des années 1970/1980, notamment quand Liberté sans frontières, fondation issue de Médecins sans frontières, s’en prend au « sanglot de l’homme blanc ». En riposte, avec François Gèze et Yves Lacoste, nous organisons un meeting à l’Assemblée nationale. Mais nous n’avions pas besoin des anti tiers-mondistes pour analyser nos problèmes et dégager d’autres perspectives. Il suffit d’écouter Julius Nyerere (Tanzanie), dont les interventions illustrent bien les transformations endogènes de la politique africaine. Ce grand homme sait que « (sa) principale erreur, c’est d’avoir légitimé le parti unique en Afrique ». Mais il sait aussi que la fin de l’apartheid a ouvert la possibilité d’une géopolitique africaine. Après le Rwanda, à propos du Congo, à la question : « Que préférez-vous, l’influence française ou américaine ? », il répond : « Mais pourquoi ne me parlez-vous pas de l’influence africaine ? C’est elle que je préfère. » « Ce qui est très bien, ajoute-t-il, c’est que les Africains sont aujourd’hui capables de ruser. »

Leur renouveau de l’internationalisme ?

« Par ailleurs, grâce à la mondialisation d’une certaine façon, les mouvements sociaux sont obligés de se poser la question de leur dimension internationale, et donc de la réinvention de l’internationalisme, même si c’est un peu à rebours (sic). Des mouvement de citoyens interviennent directement au niveau mondial, comme à Seattle. Mais c’est vrai aussi en Afrique, sur la question des médicaments génériques : cette revendication a été d’emblée internationale. Il y est d’ailleurs curieux de noter qu’elle émane de ce qu’Ignacy Sachs appelle les « pays-baleines » (l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud), là où on croyait un temps que l’avenir était du côté des « pays requins » (Taïwan, Corée). Bref, les trois dimensions d’un nouvel internationalisme sont aujourd’hui réunies : la dénonciation des dominations externes et impériales ; la dimension internationaliste de tous les mouvements sociaux ; un mouvement citoyen mondial porteur d’une conscience universelle ».

Leur nouvel internationalisme sera donc antiraciste, non par humanité, mais à la fois parce que les patrons occidentaux font face à une pénurie de main d'oeuvre, surtout pour les métiers pénibles et répétitifs mais enfin parce cet antiracisme officiel (dit racisme systémique) sert de leçon de morale pour cette population blanche d'en bas forcément raciste et xénophobe11.

Pourtant l'intégration heureuse selon les bourgeois immigrationnistes antiracistes par intérêt, foire contrairement aux attentes de ces membres de l'élite intellectuelle contrairement à ce qu'écrit un certain Yvan Gastaud en 2004 :

"La gestion de l’immigration durant la décennie de crise 1974-1984 s’est quant à elle révélée paradoxale. La volonté de résoudre le problème d’une trop forte immigration par le rejet, voire l’exclusion, a en fait débouché sur la réalité de la présence d’une population étrangère en voie d’intégration. Dans cette France multiculturelle qui s’imposait, l’opinion publique, désorientée, s’engageait dans un débat virulent, aux conséquences encore actuelles, sur l’identité nationale et les principes républicains »12.

Régis Debray lui, caméléon de toutes les supputations et inventions sociologiques déconcertantes, s'est mis à glorifier les frontières, dénonce fort bien pourtant le faux internationalisme de MSF13.

QUAND LA GAUCHE AU POUVOIR FAIT LA MEME CHOSE QUE LA DROITE

« Si j'étais au pouvoir je procéderais à une régularisation massive de l'immigration ». Mélenchon

 «Etant un pays qui nous a colonisés, qui vient chez nous et qu’on accueille à bras ouverts, je pense quand même que, normalement, la France doit m’accueillir», a expliqué l’un d’eux ». ledit migrant



En 1984, la ministre « socialiste » Georgina Dufoix estimait impossible d’accueillir de nouveaux immigrants ; en 1989, le Premier ministre Michel Rocard estima que la France ne pouvait plus « accueillir toute la misère du monde » et confirma en Conseil des ministres que la France n’était plus une terre d’immigration .. Valéry Giscard d’Estaing pour la droite, et Jean-Jack Queyranne pour la gauche parlèrent d’un « quota zéro » d’immigration en 1991

Différence entre expulsion et accueil !

"Les migrants n'envahissent pas", "ils cherchent l'hospitalité" (tressaillements du pape gauchiste à Marseille)14

La gauche en opposition peut se permettre d'être déclamatoire, surtout hors du pouvoir de décision) et apte à sermonner comme les curés ou le pape, mais ce n'est toujours pas la classe ouvrière qu'elle défend. Elle est dans le mode accusatoire non pas des dictateurs des pays d'origine, ni des manipulations des gangs islamistes mais du gouvernement de la droite xénophobe « proche du RN raciste et fasciste ». La résolution d'une immigration massive, pas partout en chiffres globaux, mais surtout dans les plus importantes cités, ne trouverait sa solution que dans une sorte de « défaitisme gouvernemental » ou, avec des frontières grandes ouvertes on pourrait partager toute la misère du monde...dans un seul pays ! Décidément le subconscient gauchiste reste très stalinien !

Le migrant plus que l'immigré de longue date est en quelque sorte le stade suprême du citoyen sans patrie, mieux que « l'aristo ouvrier blanc électeur de Le Pen ». L'expulsion lorsqu'elle a lieu, pas souvent (vu les refus de les réintégrer dans leur pays d'origine) est une honte pour « le pays des droits de l'homme »...pas pour les Etats religieux ou les dictatures sadiques.

L'accueil a été décrété obligatoire par les institutions islamo-europénnes

L'attraction de la couverture sociale en France est patente. Certes le migrant clandestin n'a pas de droit au séjour, mais il a droit à l'accès aux soins à travers l'aide médicale d'Etat, droit à la scolarisation de ses enfants et droit à l'hébergement d'urgence. L'expulser est une atteinte au prestige de notre « pays », à ses traditions démocratiques qui lui ont valu d’être une terre d’accueil et de liberté. L'immigré est devenu la principale victime du capitalisme dont se fout la classe ouvrière blanche et xénophobe ! Ce péché punissable par la « communauté internationale » antiraciste !

Enfin installé en France la plupart ne vont connaître que l'errance. Prenant souvent le train à la gare du Nord, j'en vois certains, au sol, havres et sales, les yeux malheureux, alignés au milieu des clochards. Il n'y a plus un seul antiraciste pour s'occuper d'eux.

FAILLITE DU CAPITALISME ET COMMENT REORGANISER UNE SOCIETE DETRUITE ET EN VOIE DE DESINTEGRATION ?

« Que doit-il advenir de ces millions d'êtres ne possédant rien, qui consomment aujourd'hui ce qu'ils ont gagné hier ? » ENGELS

Ne peut-on pas parler en même temps de faillite de la classe ouvrière après tout ? Incapable de s'opposer à la guerre en Ukraine, complètement hors jeu face aux migrations massives qui éliminent de fait la notion de lutte de classe pour la remplacer par les sanglots longs de la bourgeoisie gauchiste. Mystère !

« Ce hiatus entre la désindustrialisation qui pose de façon patente la question sociale et la réaction politique qui s'est déplacée sur le terrain culturel est un mystère que chacun essaie de résoudre à sa manière »15.

Géniale interrogation de cet homme extraordinaire Daniel Cohen, décédé le mois dernier. Et il y répond :

« Une autre explication est que la lutte des classes qui portait hier sur des questions de redistribution se joue désormais sur le terrain de l'immigration. Celle-ci est prise comme un fait objectif, majeur, qui a déstructuré les identités ouvrières et que les partis de gauche, en vertu de leur tropisme internationaliste, ne sont pas parvenu à admettre. »(p.108)

La situation que nous vivons n'a rien à voir avec les expulsions des polonais, des italiens et des espagnols dans les années 1930 contrairement aux mensonges des historiens et sociologues islamo-gauchistes, et leurs torchons Libé et l'OBS. Alors ces expulsions eurent lieu dans la marche à la seconde boucherie mondiale et un plein emploi. Aujourd'hui c'est même l'inverse : le capitalisme ne peut aller à nouveau à la guerre sans régler la question sociale dont l'immigration, pas les migrants eux-mêmes, pose des questions troublantes, exigeant...une révolution internationale, et, comme je vais en parler grâce à la bombe à retardement de l'IA, intelligence artificielle.

Auparavant, je me permets une remarque sarcastique sur un fossile maximaliste, le CCI qui radote la même chose à chaque édition de son blog depuis des années, le mantra « vive la lutte de classe », sans jamais proposer rien de concret pour l'immédiat (ce qui est normal sinon ce serait du réformisme). Je me suis moqué en encart de leur formule selon laquelle les migrants devaient attendre un secours de cette classe en observant ses luttes économiques. Mais surtout j'ai démontré leur impuissance politique à se différencier du gauchisme moralisateur simple anti-gouvernement français et antiflics primaires, avec les mêmes sanglots compatissant pour ces migrants jetés à la mer. Sans une seule fois inister sur le fait, hélas, qu'il n'y aura aucune solution dans le capitalisme, et qu'il faut absolument montrer que seule une réorganisation de toute la société mondiale, et vite, est historiquement posée.

Leur comité de rédaction, ou l'histrionne en chef, se sont mis subitement à introniser le terme dans un article sur la pollution, terme qu'ils n'ont utilisé que ou cinq fois et encore il y a longtemps tout au long de leur demi-siècle d'existence16. Cela me fait pourtant plaisir et confirme que je suis aussi un influenceur des mes lecteurs, lectrices et résidus du courant maximaliste.

Revenons à la gravité du monde actuel. Nos révolutionnaires de salon raisonnent encore en lutte de classe immédiate, en lutte pour les salaires, tout cela reste à un niveau trèsv trade-unioniste. Il n'en sort plus rien qu'une accumulation de revendications corporatives désuètes et à la réflexion limitée. Alors qu'on vit dans un monde au bord de l'implosion !

C'est donc Daniel ,Cohen qui nous aura laissé l'avertissement final, ce qui va contribuer à l'implosion, en quelque sorte le troisième cycle dans l'histoire du capitalisme : les ravages de l'intelligence artificielle et inhumaine. Les épopées industrielles de la machine à vapeur puis de l'électricité voient leur succéder la révolution numérique, une catastrophe mondiale où le capitalisme va même exploser sa chaise roulante.

« La contradiction entre l'essor des technologies que l'on voudrait toujours croire favorable au progrès économique et l'appauvrissement des classes populaires au XIXème siècle n'a cessé de troubler les économistes. Robert Allen a parlé de « pause Engels », en référence au passage cité, pour caractériser cette explosion de misère au sein d'un monde réputé plus productif. La révolution numérique en offre un nouvel exemple. Elle est au cœur d'une nouvelle paupérisation sans en être toutefois la cause première ». (p. 93)

Autrement dit, et j'aurais pu multiplier les remarques géniales de l'auteur, il faut s'attendre à des centaines de millions de chômeurs, y inclus les migrants. Implosion puis explosion ?

Imaginez ce qu'on pourra faire des ces millions sans plus de travail utile...la société de transition pourrait bien devenir surtout une société ludique où il faudra organiser la distraction de certaines de millions de femmes et d'hommes hors travail salarié, ou libérés étonnamment du travail ?



NOTES

1Déjà lors de la création de cette formule par Lénine elle fût sujette à caution, défaite de son propre pays et victoire de l'autre ? Objectaient certains bolcheviques, mais est-ce que cela n'avait pas été le cas en octobre17 ? Et Liebknecht qui avait proclamé « l'ennemi est dans notre propre pays », oui mais cela ne peut pas conduire à faciliter la tâche à l'autre ennemi extérieur comme nos gauchistes ex souteneurs de la Russie stalinienne, passés au soutien total au wokisme US. Quant à la notion de défaitisme, Lénine la laisse tomber après Brest Litovsk...

3Lueur de lucidité dans le PCF, un Léon Feix renvoyait dos à dos les « nationalistes » qui considèrent qu’il existe une nation algérienne fondée sur la race, la religion, et formée avant la conquête française, et les « colonialistes » qui nient l’existence d’une nation algérienne ».

4Les délires wokistes sont sans fin et renouvelés : « La colonisation de l'Amérique a provoqué un refroidissement climatique. Le génocide causé par les conquistadors a eu un effet concret sur l'environnement et réduit la quantité de CO² dans l'atmosphère relève Slate ». (cf.in Le Point)

5 « Dans leur numéro de janvier-mars 1956, les rédacteurs de Socialisme ou Barbarie se demandaient si le FLN, « en l’absence de toute conscience prolétarienne, ne se constituera pas en embryon de bureaucratie militaire et politique à laquelle seront susceptibles de se rallier les éléments épars de la couche musulmane commerçante et intellectuelle »

7Il existe cependant encore des sectes trotskiennes qui tiennent encore un langage sensé « de classe » comme LO avec de très bons articles contre les dérives idéologiques débiles des NPA, Révolution permanente, etc. Sauf que LO dégage un malaise, sur le fond cela reste une micro-secte stalinienne.

8Et surtout des girouettes trotskiennes  qui ne craignent pas la forfanterie, effaçant les dictatures des partis militaires, dits léninistes, de leurs premiers « héros » sur posters: En 2005, feu Daniel Bensaïd, brave professeur chefaillon idéologique de la LCR, constatait que les dirigeants anticolonialistes de jadis, ceux qui se réclamaient souvent du marxisme, avaient été remplacés par des profils inquiétants : « L’heure n’est plus aux luttes de libération des années 1950 et 1960, et à leurs grandes promesses. Les leaders n’ont plus pour nom Ho Chi Minh, Guevara, Cabral, Lumumba, Ben Bella, Ben Barka, Malcolm X, mais Ben Laden, Zarkaoui ou Mollah Omar. »Un parmi d’autres, Daniel Bensaïd regrettait les grandes heures de ce qu’on a appelé le « tiers-mondisme ». Dans les années 1960, les révolutionnaires occidentaux avaient constaté que le « grand soir » se faisait attendre aussi bien à l’Est, où le stalinisme étouffait toute révolte, qu’à l’Ouest, où le capitalisme semblait avoir plus d’un tour dans son sac. Ils avaient alors placé leurs espoirs dans les insurrections d’un monde « tiers », dont l’Algérie indépendante. (la gauche et l'islamisme : retour sur un péché d'orgueil, novembre 2020 )

9Islamismes, islamogauchisme, islamophobie '2015).

10Cette brochure fourmille d'appréciations intelligentes et judicieuses contre cette gauche bourgeoisie moraliste qui a abandonné toute compassion pour une classe qualifiée et réduite à être « blanche » comme une tare et xénophobe comme si cela suffisait pour la crucifier définitivement ! Oui je peux être xénophobe à tel ou tel moment si je constate que je suis le seul blanc dans la rame de métro, et si je vois défiler des élèves de CM2 à l'Häys les roses tous noirs avec une seule petite fille blanche au milieu, et des barres d'immeuble peuplées que de noirs. Où est la mixité et vive les ghettos ! La brochure fourmille de constats de ce genre, tout ce que ne veut pas voir la gauche bourgeoise et ses suivistes gauchistes.

11Il ne faut pas confondre racisme et le péché de xénophobie. Les définitions de wikipédia sont une véritable tartufferie. Chacun sait la stupidité raciste première (la présumée infériorité de certains peuples) or wiki assortit d'abord cette définition de la remarque visant un péché punissable « postulat de l'existence de races », qui n'existeraient pas grâce à la suppression du mot dans la française constitution sous le roi fainéant et gogol Hollande Ier. Doxa imbécile , il y a bien des races (couleurs, traits, etc. ce qui n'est nullement péjoratif) mais une seule espèce humaine à l'exception des martiens de la gauche caviar et bobo. Le péché xénophobie est plus troublante et pas simple, même si, paraît-il il est interdit d'être xénophobe, wiki la définit comme le rejet de l'étranger par principe, avec une tartine terroriste sur le fait d'en contester la définition diabolique. Or c'est un mot utilisé à tout va pour mépriser et ridiculiser les couches pauvres et oubliées, tout comme la classe ouvrière. Utilisé à tort et à travers, par les moralistes gauchistes et le CCI, ce terme signifie plutôt à mon avis plus la peur de l'étranger (donc pas par principe) sa méconnaissance, l'inquiétude professionnelle, des peurs irrationnelles, etc. En outre ce n'est pas obligatoirement un sentiment ni une pulsion permanente; comme le racisme il peut être apparu à la suite d'un incident personnel, agression physique ou menace de mort par un arabe 'j'ai eu plusieurs témoignages de ce genre par des amis victimes). Autre sujet troublant (et abstraction) dont se fout le bobo antiraciste et le journaliste de CNEWS ou BFM: la non prise en compte de la sexualité du migrant...ou plutôt son absence!

12Français et immigrés à l'épreuve de la crise (1973-1995) Yvan Gastaut dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2004. Gastaud fait partie de la bande hystérique qui assimile toute critique des problèmes posés par une immigration qu'ils n'estiment ni massive ni posant des problèmes de compatibilité culturelle et cultuelle, les Pascal Blanchard, Renaud Dély et;le fou furieux Askolovitch. Ils assimilent toute critique ou interrogation comme un retour aux années fascistes. Cet anachronisme de nature wokiste ils ont toute l'attitude de l'étaler sur Médiapart, RTL, France Inter, France 5, I.Télé, Europe 1, Arte, LCP, France culture, France 24, Oumma Tv, Beu FM. Askolo. tel un pyromane reconverti en pompier, étrangement devenu "islamophile", dénonce -depuis 2011- la stigmatisation des musulmans, notamment celle à l'encontre des femmes voilées ou en abaya, C'est pas une propagande pachydermique pour la classe industrielle affolée que les ouvriers blancs ne veuillent plus faire des boulots de merde ?

13« L'ancien guévariste Régis Debray, via son livre sur la nation défendue par un langage obscur et ésotérique, s'est mis à penser la "frontière"(comme Attali dernièrement), ou plutôt ce qu’il en reste, en cette période où le sans-frontiérisme est devenu autant un slogan qu’une formule incantatoire. Debray. Curieux paradoxe: alors même que les vertus d’un monde unifié sont chantées, il ne s’est jamais autant créé de frontières que dans les dernières décennies. Le paradoxe est ainsi résumé : "Chacun d’exalter l’ouverture, tandis que l’industrie de la clôture décuple son chiffre d’affaires. Debray peut souligner que l’expression "communauté internationale" est une coUquille vide, puisqu’elle ne peut revendiquer aucune extériorité. Dès lors, le mouvement sans-frontiériste, dont MSF reste la référence, est-il aussi sans frontières qu’il le prétend ? Dans quelle mesure l’organisation MSF se départit-elle des frontières nationales, des frontières organisationnelles ou culturelles ? Quels éléments rhétoriques, quels outils, quels arguments l’organisation et ses porte-paroles utilisent-ils pour dépasser les frontières ? Quelles sont finalement les limites du sansfrontiérisme ? «

14J'ai été baptisé à Notre Dame de la Garde.

15Homo numericus, la « civilisation » qui vient, ed Albin Michel, 2022. Livre que tous les prétendus révolutionnaires devraient lire de toute urgence !

16« Le temps ne joue clairement plus en faveur de l’avenir et le capitalisme pourrait, à terme, considérablement compromettre l’existence de la civilisation, voire de l’humanité tout entière. Mais les moyens humains et matériels existent pour réorganiser à l’échelle mondiale une production respectueuse de l’environnement et de la vie humaine. Les possibilités inexploitées de la science et de la technique sont encore immenses ». CCI

lundi 18 septembre 2023

LA CONTRIBUTION DES GUERRES MONDIALES A LA PSYCHOLOGIE...





aux soldats russes et ukrainiens,

L'entrée en décadence du capitalisme est patente en 1914, mais avec ceci de particulier que la guerre généralisée provoque plus souvent qu'on ne l'a imaginé les mutilations psychiques. Les plus cyniques docteurs ou analystes ont été jusqu'à prétendre que la guerre avait permis des évolutions dans l'étude des cas psychiatriques... jusqu'à instiller qu'il s'agissait de maladies de déserteurs. La boucherie mondiale de 39-45 a certes servi à ce que les toiles des parachutes permettent, du fait du manque de produits textiles, de fabriquer pendant des années les nouveaux soutiens-gorge, mais la guerre comme telle n'a jamais permis les grands progrès de l'humanité, mais réveillé les pires barbaries de l'homme primitif voire plus. La plupart des institutions bourgeoises extrêmement hiérarchisées, comme l'armée; elles sont dirigées par de cyniques tarés, qui, comme la hiérarchie militaire, poussent, comme seule alternative, au suicide ou s'en lavent les mains comme le salopard de proviseur de Poissy. Je chie sur la hiérarchie.

Les premières catastrophes ferroviaires sont à l’origine, à partir de 1860, de questionnements passionnés quant à la nature des troubles aussi multiples qu’énigmatiques dont souffraient certains de leurs survivants, majoritairement des hommes. Se posa notamment aux experts la question de déterminer s’ils relevaient d’une simulation frauduleuse ou bien d’une véritable pathologie causée par ces accidents. Ces troubles ne se laissaient appréhender ni par les catégories psychiatriques, ni par les connaissances pathologiques de l’époque d’autant plus que les lésions physiques étaient souvent bénignes voire totalement absentes.

La révolution industrielle s'est développée dans la boue et le sang, comme l'avait constaté un grand personnage que personne n'a oublié. La généralisation du chemin de fer apporta avec son cortège d’accidents la question de leur indemnisation par les compagnies d’assurances. Le débat qui s’installa en Europe eut pour but de différencier les séquelles traumatiques de ces accidents et les symptômes hystériques qu’ils pouvaient occasionner. Les médecins anglais et français s’opposèrent à leurs collègues allemands sur un malentendu. Tous étaient d’accord pour admettre le traumatisme, mais pas pour l’indemniser. En conséquence, on se disputa sur sa nature. S’il pouvait être qualifié d’hystérique et ne pas présenter de séquelles neurologiques, les compagnies d’assurances pourraient dégager leurs responsabilités puisque, l’accident n’ayant fait que révéler des symptômes virtuellement présents chez des sujets prédisposés, ne pas l’indemniser équivalait à nier sa portée, l’accident étant considéré comme une simple circonstance déclenchante d’une pathologie préexistante.

 La névrose traumatique tomba rapidement en disgrâce auprès du monde médical germanique à mesure que l’hystérie devenait un diagnostic de plus en plus admis, mais dans une acception réduite, comme en France, concernant les troubles fonctionnels sans cause organique.. Elle connaîtra malgré tout un regain d’intérêt avec la question des troubles de guerre. Fin décembre 1914, l’afflux de blessés psychiques amena les autorités à nommer H Oppenheim, responsable d’un hôpital à Berlin, réservés aux troubles nerveux de combat. Il y trouva l’occasion de conforter ses positions sur les spécificités sémiologiques et étiologiques des névroses traumatiques. Mais ses vues sur les troubles psychiques de guerre ne connurent pas plus de succès, se heurtant à la doctrine rapidement majoritaire, qui fut de considérer les conséquences psychiatriques des combats comme une forme de lâcheté, et la névrose traumatique comme une notion quasi antipatriotique1.

Pourquoi la guerre rend fou ?

La fréquence des troubles mentaux chez les militaires de retour d'opérations est anormalement élevée. Pour les médecins, la cause est évidente : nous ne sommes pas faits pour tuer, et cela peut nous rendre fous. En 1982, les opérations terrestres de reconquête des îles Malouines par les Anglais ont duré trois semaines. Les combats ont laissé 255 morts britanniques sur le terrain. Vingt-six ans plus tard, on parle de… 260 décès par suicide parmi les vétérans. Un chiffre controversé mais qui résonne avec d'autres. En 2009, 319 militaires américains étaient tombés en Afghanistan, 150 en Irak et, pendant la même période, 334 se suicidaient. Entre 2001 et 2010, aux États-Unis, il y a eu plus de militaires qui se sont suicidés que de morts aux combats ou causées par des pièges de guerre. En France, entre 2002 et 2007, 2 115 décès de soldats ont été recensés. Les causes : 25 % d'accidents de la circulation, 21 % de suicides, 11 % d'accidents en service et 1 % de morts au combat (les 42 % restants étant dus à des maladies).

Si le taux de suicides des militaires français est comparable à celui qui sévit dans la population civile (à âges et sex-ratio similaires), il reste anormalement élevé : la sélection médicale des recrues est telle qu'elle élimine les personnalités les plus fragiles et devrait aboutir à un nombre de suicides bien plus faibles. Le constat des experts de l'Otan est redoutable : au sein des armées occidentales engagées dans des opérations contre une guérilla terroriste, comme en Irak et en Afghanistan, le suicide tue deux fois plus de militaires que la guerre. En cause : un nouveau type de conflits auquel les troupes sont mal préparées, des combats asymétriques où l'ennemi reste invisible et s'attaque le plus souvent aux forces support comme les conducteurs de camions ou les ambulanciers. Une forme de lutte armée qui fragilise d'autant plus les combattants que la guerre est déjà source de nombreuses perturbations psychiques.

Des troubles psychiques multiples : Certains des soldats qui viennent me voir souffrent d'anxiété, de dépression, voire de stress post-traumatique. Ils commencent alors un parcours d'errance qui les conduit parfois à la précarité sociale, à l'isolement, voire au suicide. La structure mentale d'une personne se construit à partir de ce que lui apportent son éducation et son expérience. Or aucun enseignement ni aucune situation de vie ne savent préparer aux réalités du combat. À la guerre, un homme devient quelqu'un d'autre. Il est transformé par l'épreuve de la peur, de la violence2.

Les traumatismes psychiques de la grande guerre

Par The Conversation

14 novembre 2018 - 12:04, mise à jour le 13 décembre 2022 - 16:29

L’heure était peu propice aux observations détaillées et suivies, les centres de spécialités n’existaient pas encore, chacun interprétait ce qu’il voyait suivant ses connaissances médicales et son tempérament personnel, et ce n’est que lentement qu’un peu d’ordre se mit dans ce chaos. »

Les questions qui émergèrent étaient alors d’abord dictées par les exigences militaires et notamment par l’objectif de rendre aux hommes leur efficacité, pour les renvoyer au front. Il s’agissait d’opérer une évolution rapide des pratiques, pour clarifier et systématiser le diagnostic des troubles psychiques, d’une part dans le but d’identifier de possibles simulateurs et, d’autre part pour soigner ceux dont la pathologie avait été reconnue.

Reconnaître les effets dévastateurs de la guerre

Les peurs étaient aussi fréquentes qu’intenses : la hantise d’être déchiqueté, voire réduit à néant, par des bombes d’une puissance sans cesse renouvelée, l’attente de la mort avant les assauts… Tout cela, associé à un épuisement moral et physique majeur.

À considérer la guerre comme une forme de folie par rapport à la paix, certains médecins se sont questionnés sur ce qu’elle produisait. Le médecin et psychologue Georges Dumas reconnut par exemple que la guerre pouvait donner un caractère particulier à certains délires, mais aussi qu’elle pouvait être à l’origine des troubles mentaux eux-mêmes.

Au sein de la communauté médicale, le débat concerna d’abord l’origine de ces troubles. Étaient-ils induits par la guerre elle-même, ou résultaient-ils de l’expression d’une certaine vulnérabilité préexistante ? La pathologie psychique était-elle émotionnelle ou commotionnelle, c’est-à-dire plutôt d’origine psychique ou neurologique ?

Une évolution de la reconnaissance des symptômes et des diagnostics

Comme le rapportèrent les neurologues français Gustave Roussy et Jean Lhermitte, auteurs en 1917 de l’ouvrage Les psychonévroses de guerre (Paris, Masson et cie), la guerre fit « éclore une série de manifestations psycho-névropathiques, avec lesquelles les médecins étaient peu familiarisés ».

Cette nouveauté des symptômes psycho-traumatiques se traduisait par une grande incertitude quant à la nature physique ou psychologique des symptômes constatés chez des soldats sans blessure évidente.

Au début de la guerre, les termes d’« obusite » (ou « shell shock » chez les médecins britanniques), ou encore d’« hypnose des batailles », qui étaient utilisés pour qualifier les soldats qui en étaient atteints, en furent le reflet. Ceux-ci restaient en définitive toujours assez proches de celui de « vent du boulet », qui était utilisé lors des guerres napoléoniennes et qui supposait une origine physiologique à ces troubles. L’origine psychique s’imposa néanmoins au cours des années de guerre.

En 1915, le médecin britannique David Forsyth publia dans The Lancet une description de la névrose traumatique de guerre, dans laquelle il décrivait clairement le fait qu’elle est associée à des troubles en apparence neurologiques (des pertes de la mémoire, de la vision, de l’odorat et du goût). Deux ans plus tard, en France, le médecin Gaston Milian décrivit chez des soldats, des états de stupeur, des tremblements généralisés, des convulsions et des épisodes de perte de conscience, dont l’origine était attribuée à la peur et à l’anxiété ressenties face aux explosions et à la mort des autres soldats. Déjà en 1915, le psychiatre français Emmanuel Régis avait recensé 88 cas de névrose de guerre, dont 80 % n’étaient associés à aucune blessure physique. Dans toutes ces situations, c’est la vision de la mort des camarades qui s’imposait comme étant la cause des troubles.

Pour rendre compte de ces situations, le terme de « névrose de guerre » s’imposa donc rapidement de part et d’autre de la ligne de front. Il n’y eut pourtant pas de réel décompte de ces blessures psychiques chez les soldats de l’armée française, ce qui était rendu impossible a posteriori, en raison des très nombreux déplacements des soldats pris en charge par les services de santé, de la très grande variabilité des situations, certains soldats étant renvoyés au combat, d’autres chez eux, tandis que d’autres encore, dont les troubles étaient les plus graves, furent transférés dans les hôpitaux de l’arrière. Néanmoins, si on suit l’analyse de l’historien américain Marc Roudebush, ils représentèrent environ 10 % des soldats français.

Naissance d’une psychiatrie de guerre

Avec l’évolution du diagnostic s’est développée une psychiatrie de guerre qui proposait ses premiers traitements : l’hypnose, les sédatifs et la narco-analyse, la psychothérapie par la suggestion ou la persuasion, ou encore le conditionnement aversif.

La Première Guerre mondiale vit aussi se répandre l’utilisation de la « faradisation », c’est-à-dire l’application d’un courant électrique, notamment pour traiter les symptômes somatiques, tels que les tremblements, ce qui traduit bien le fait que l’origine psychique des troubles n’était pas clairement établie pour tous.

La découverte de la possibilité de traitements psychiatriques qui ne nécessitaient pas d’évacuation à l’arrière est aussi concomitante de la création de la « psychiatrie de l’avant », pour laquelle les bénéfices étaient largement attribués au soutien des autres soldats, mais aussi à la présence de la hiérarchie et qui offrait la possibilité de retourner plus facilement au combat.

Au début de la guerre, la filière de soins était la même pour les blessés physiques et les blessés psychiques : le passage par des postes de secours et par un centre de tri près du front, puis l’évacuation par train vers les hôpitaux de la zone des armées. Les aliénistes et les neurologues du front traitaient les cas aigus et rapidement curables, tandis qu’ils dirigeaient vers les centres à l’arrière les malades agités ou violents, ainsi que ceux qui avaient besoin d’un long traitement et d’une observation prolongée.

Dans la réalité, les soldats traumatisés psychiques trouvaient plus difficilement leur place dans le circuit d’évacuation. Ils étaient dispersés de manière anarchique dans de nombreuses structures médicales. La raison en était qu’au regard des autres blessés souffrant de troubles divers et nombreux, ils n’étaient pas considérés comme prioritaires. Par ailleurs, ils n’étaient pas toujours repérés, du fait qu’ils présentaient également d’autres pathologies.

Préfigurant ce qu’on peut qualifie aujourd’hui d’« équipes mobiles », il fut proposé dans l’armée française que des psychiatres soient chargés de parcourir les différents services à la recherche des soldats soignés pour une blessure physique, mais présentant aussi des troubles mentaux.

Des traumatismes durables

Alors que l’armistice de 1918 marqua la fin des combats, elle ne mit pas pour autant un terme à la souffrance psychique des soldats. Celle-ci put en effet perdurer tout au long de leur existence, ou également émerger bien plus tardivement, semble-t-il ravivée par une histoire plus contemporaine, ou par l’apparition de certaines vulnérabilités. C’est par exemple le cas du soldat français Georges D., dont l’histoire a été rapportée en 1968 par J. Alliez et H. Antonelli.

Blessé une première fois en 1914, à 20 ans, par un coup de baïonnette et par des éclats d’obus à la tête, il le sera une seconde fois en 1915, à nouveau par des éclats d’obus. Victime de cauchemars dans les années qui suivirent son retour à la vie civile, le jeune homme revivait des scènes de combats durant son sommeil. L’intensité et la fréquence de ces mauvais rêves se trouvèrent accentuées pendant la Seconde Guerre mondiale, puis s’aggravèrent nettement au milieu des années 1950. Georges D. finit par devoir être reçu en consultation en 1960, au moment de la guerre d’Algérie.

Autre soldat, autre histoire que celle rapportée en 1998 par J.D. Hamilton et R.H. Workman. Un Américain de 19 ans, exposé en 1918 aux tirs ennemis alors qu’il portait des messages, puis victime du gaz moutarde durant la seconde bataille de la Marne. Ce jeune homme manifesta son premier cauchemar dès 1919, revivant lui aussi une attaque par des soldats allemands, sous forme de flash-back. Ses troubles s’espacèrent avec le temps, mais réapparurent à l’âge de 94 ans, le replongeant dans l’effroi des combats. Les fragilités du grand âge l’avaient à nouveau confronté à son traumatisme…

En définitive, les quatre années que dura la guerre de 1914-1918 se traduisirent par des progrès considérables dans la gestion du traumatisme psychique, marquant une évolution décisive vers la psychiatrie moderne. Mais le prix à payer fut élevé, et la souffrance des combattants ne s’arrêta pas le 11 novembre 1918 : les souvenirs des horreurs vécues continuèrent à hanter bon nombre d’entre eux pour le reste de leur existence3.

LA VICTOIRE AMERICAINE EN IRAK

Le rite de légitimation qui était évoqué à l’époque était manifestement une tentative pour susciter un phénomène de preuve sociale. Il s’agissait non seulement d’une justification a posteriori visant à faire rentrer les Etats-Unis dans la logique de la guerre juste dont l’ONU était jusqu’alors titulaire, mais aussi d’une justification par la noble cause de l’occupation ultérieure du pays. L’aspect répétitif qu’amenait la référence au communisme tendait à inscrire l’événement dans une continuité logique du travail de désaliénation qui est l’un des traits les plus saillants de l’idéologie occidentale en général et de l’histoire européenne en particulier. L’invasion de l’Irak entrait ainsi dans la logique du progrès et, puisque l’efficacité est un des jalons du progressisme, les ennemis vaincus rejoignaient les forces de recul, le vieux, l’ancien temps, et par la même occasion, l’irrationnel. Ici encore, une éventuelle résistance était délégitimée a priori puisque, par généralisation abusive, le peuple irakien (enfants compris) montrait sa satisfaction de la chute du régime. Cette scène était essentiellement politique et tendait à prouver l’universalité des valeurs démocratiques par le biais d’une fête. Or, la fête – laïque, séculière – est le seul élément culturel avec lequel les Occidentaux peuvent trouver leurs marques, la seule manifestation sociale qu’ils peuvent comprendre par empathie dans les sociétés qui ne ressemblent pas aux leurs – du reste, le multiculturalisme européen des années 90 n’était multiculturel que dans les aspects festifs. Cette scène marquait un changement très clair de l’image donnée des Irakiens pendant les bombardements, c’est-à-dire des combattants. On se souviendra d’abord des images de l’épisode du pilote américain tombé dans le fleuve, qui était pourchassé par toute la population du voisinage. Ces images, à l’origine vues et diffusées par les chaînes arabes, n’étaient pas bien violentes et montraient une (très) petite victoire de la DCA irakienne ainsi que l’unité de la population de « Bagdad » dans la tentative de capture du pilote. Vue d’Occident, elles ne pouvaient que renvoyer aux scènes terribles de lynchage populaire de deux soldats des services de renseignement israéliens par des Palestiniens en colère, d’autant que le matraquage sur l’irrespect supposé des règles de la guerre par l’armée irakienne avait été particulièrement lourd – quoique opéré par petites touches, par insinuations, notamment par la révélation des règles à suivre données aux soldats américains s’ils étaient faits prisonniers, règles qui supposaient que ces soldats seraient soumis à de durs sévices. On se remémorera ensuite le débat « éthique » concernant la monstration des prisonniers ou des blessés de guerre, où l’on s’aperçut que les seules familles qui pouvaient être touchées par de telles images étaient occidentales, puisque les images des prisonniers irakiens abondèrent. On y voyait des gens dépenaillés, hagards, à genoux, ou se rendant. Le message était clair : si l’image d’un prisonnier est humainement offensante, alors ces prisonniers-là n’étaient pas des hommes. On avait bel et bien affaire à un déni d’humanité, non pas proclamé et verbalisé, mais manifesté insidieusement par le simple fait de montrer quelque chose et de ne pas montrer quelque chose d’autre. Le pseudo-débat « éthique » des médias à l’époque permettait de rendre ce processus de déshumanisation légitime – en Occident, le débat est signe de pluralité et de décision commune, donc de démocratie. La démocratie, la prise de décision démocratique légitime tout. Une autre aspect est à souligner dans ces images de soldats : la désertion. Le thème fut renforcé par l’absence de résistance armée à Bagdad lors de l’entrée des Américains. Le message était double : ces gens ne tiennent pas au régime et ces gens sont des lâches. On retrouvait aussi un vieux reproche des Occidentaux aux tactiques de guerre considérées comme « orientales » – le retrait, le harcèlement, le refus de la bataille décisive et du choc, militairement valorisés en Occident. Dans un parfait mécanisme de recherche de confirmation des stéréotypes, ceci mettait en exergue et renforçait les croyances de départ des Occidentaux, largement exposées quand Tarek Aziz étaient ridiculisés par les commentaires
journalistiques hilares ou ironiques durant ses séances de debriefing, alors que celles de l’État major américain étaient prises avec doute quelquefois, mais avec sérieux, toujours. On en peut continuer sans évoquer ne autre vision de la lâcheté, qui devait se retrouver, plus tard, dans l’épisode de la capture de Saddam Hussein – celui-ci n’ayant officiellement tiré aucun coup de feu et s’étant terré dans un trou. Ce détail (très improbable), ainsi que la scène montrant un Saddam hirsute soumis à une analyse dentaire, évoquaient à la fois un des grands classiques de la déshumanisation (l’assimilation à l’animal mais aussi le sous-entendu de malpropreté) et le défilé du triomphe par lequel les chefs de guerre romains gagnaient les honneurs et les fonctions politiques en exposant les vaincus. De cette image par laquelle aucune empathie et surtout aucun respect n’étaient possibles de la part des Occidentaux, on passait, avec l’épisode du déboulonnage de la statue à une re-humanisation des Irakiens : être à la fois perdants, débiteurs et demandeurs rendait un statut d’être humain aux citoyens d’Irak. L’ennemi se transformait en demandeur4.


NOTES

2Pourquoi la guerre rend fou | Cerveau & Psycho (cerveauetpsycho.fr)

3 Cet article a été tiré de The Conversation.AuteursGilles TréhelDocteur en psychologie fondamentale et psychanalyse, Université Paris Diderot – USPC Emmanuel Monfort Maître de conférences en Psychologie, Université Grenoble Alpes 

4GUERRE MORALE ET PSYCHOLOGIE SOCIALE - ARTICLE (26 Pages - 856 Ko).pdf (psychaanalyse.com)

On assistait dans l’épisode des pillages à une mise en scène d’une part, d’un élément sacré de la mythologie progressiste : le désordre, le désordre absolu hors du façonnement occidental, et ce désordre particulier qu’est le désordre « oriental », qui est exotique, irrationnel et témoigne peu ou prou de l’incapacité des peuples « orientaux » à se diriger eux-mêmes ; et, d’autre part d’un stéréotype plus psychologisant : celui de la frustration, donc du manque. La mise en scène (du point de vue médiatique comme factuel) de ce désordre visait aussi à déconsidérer, à souiller symboliquement les restes de l’appareil d’État ou de la sphère publique pour ne laisser apparaître que la violence des intérêts privés doublés, ici encore, d’une irrationalité et d’une forme de sauvagerie proprement essentielle aux Orientaux