« Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver ».
Vous serez étonné de découvrir ici que quelques résidus d’un marxisme bègue méprisent au fond une classe ouvrière dont ils imaginent pourtant mystiquement qu’elle est la classe forcément élue pour changer un monde décadent, mais tout juste bonne à s'indigner seulement à partir de sa feuille de salaire.
A lire leurs écrits monotones et répétitifs on voit qu’ils considèrent que cette classe est incapable de prendre conscience de l’exploitation et de la barbarie capitaliste qu’à travers ses besoins économiques. C’est ainsi qu’ils se sont mis à la queue pendant des mois au charivari syndical sur les retraites, promenades syndicales qui n’ont pas plus troublé l’ordre social que les prières dominicales. Pourtant, les moutons syndicaux exprimaient vraiment une idée révolutionnaire dérangeante pour toutes les cliques néo-léninistes ; hors du montant (inégal) des diverses pensions et de la durée de l’exploitation salariée : se barrer le plus tôt possible d’un travail de merde sous le capitalisme ; plus saisissant et à l’encontre du leader de cette pantalonnade revendicative sans fin et sans but concret, Laurent Berger. Lequel déclara post tristum festum : le travail n’est pas une aliénation mais une libération.
A en croire nos révolutionnaires de sacristie, il eût suffi de déborder l’encadrement des ficelles syndicales pour trouver le Graal dans une vraie confrontation avec l’Etat bourgeois permettant l’irruption vespérale et tant rêvée d’une réincarnation des « conseils ouvriers » quoique la plupart des ouvriers ne veuillent plus gober des conseils de révolutionnaires de confessionnal. P ire ces promenades syndicales auraient été le suc de la lutte de classe, confirmant un « réveil » tant attendu et mystifié. A la réflexion, le CCI est tombé à son tour dans le wokisme dont il ne parle jamais et pour cause, le wokisme est la prétention de la bourgeoisie culturelle à « éveiller » la population à tout un tas de théorisations révisionnistes de l'histoire et de l'entendement.
Le groupe le plus important, le CCI, a imaginé depuis plusieurs mois « un réveil de la classe ouvrière » du fait des nombreuses grèves se déroulant en effet un peu partout dans le monde, ce qui est un phénomène normal dans la société des classes, mais pas en soi révolutionnaire. Confirmation de ce mépris pour cette classe, pourtant vraiment amorphe politiquement, dont les luttes économiques, en général très corporatives, signifieraient un réveil politique hors de tout autre réflexion politique, géopolitique, culturelle, etc.
Un réveil politique doit être vraiment politique et comporter une mise en cause sérieuse de l’ordre actuel du capitalisme irrationnel, en particulier en premier lieu sur la guerre en Ukraine. Or ni le prolétariat russe, ni l’ukrainien, ni le français ne protestent depuis le début par des manifestations de rues « internationalistes » ; et ce n’est pas faute de ne pas y penser, mais comment manifester sans risquer d’apporter un soutien pacifiste mou à tel ou tel camp, comment menacer d’interrompre une guerre, mal maîtrisée par la bourgeoisie elle-même, et quand, partout, on ne reconnait plus la classe ouvrière avec le populisme de la gauche bourgeoise qui se gargarise avec les mots peuple, citoyens, femmes, transgenres, cyclistes, etc.
Qu’une partie de ces cliques ultra-étroites et minoritaires pétitionnent pour un défaitisme ringard et qui a toujours été ambigu et récupérable, ne risque pas de changer la donne. Comment ne pas comparer avec le réveil de 1968 où partout dans le monde les étudiants organisaient de grandes manifs contre la guerre au Vietnam ? Où les grèves ne posaient pas la question de retraites paisibles mais celle de la révolution !
Etre hors de la réalité c’est surtout prendre ses désirs pour la réalité. Le groupe Gérard C. (GIGC), n’hésite pas à broder dans le raccourci simpliste lorsque son hypothétique « comité de rédaction », un seul bonhomme, indique la marche à suivre : « Face à la menace de guerre mondiale, la classe ouvrière doit répondre par la grève de masse ! ». Plus facile à dire qu’à faire !
Comme sa maison mère, le CCI, Gérard C. croit qu’il y a une « véritable dynamique internationale de réponse prolétarienne à la crise et à la guerre impérialiste ». A peu près avec le même langage que la CGT et des sondages français ( ?) Gérard C, ou plutôt Frederik,. pense en janvier 2023 que « grèves et manifestations vont se poursuivre » car « la mobilisation actuelle des prolétaires contient le processus même de la grève de masse » ; il nous informe que la création de micros comités anti-guerre aux USA va permettre aux « militants communistes » (combien de divisions ?) « d’illustrer ces leçons au prolétariat américain ». Le prolétariat tout à ses limites économiques ayant besoin en effet d’illustrations.
C’est en insistant sur le lien entre guerre et crise que Gérard C. prétend réveiller le prolétariat. Certes en France la classe ouvrière a été incapable de disputer la « direction » de la lutte sur les retraites au syndicalisme d’Etat, mais il en est resté au niveau de la surenchère des gauchistes suivistes du barnum syndical : reconduisons la grève, organisons-nous à la base, organisons des délégations aux autres entreprises, poussons en avant la discussion… seule une lutte unissant toutes les catégories…
L’opportunisme de Gérard C.
Outre qu’il n’y eût pas vraiment de grèves décidées par les ouvriers eux-mêmes, mais des commandes de grèves locales programmées par les conciliabules de la syndicratie, tout comme la planification d’une grève des éboueurs destinée à énerver la population, et surtout pas de grèves pouvant tout paralyser (EDF, cheminots, postiers), Gérard C. laisse entendre qu’on peut faire grève comme on prend le train ou boire un café…rêverie d’étudiant assisté.
Le mot « direction » utilisé assez souvent depuis le début de notre lecture de sa revue « Révolution ou guerre » n°24, nous avait mis la puce à l’oreille : cela sentait une vieillerie trotskienne plus que bordiguienne ; ce qui est confirmé en page 11 en tant que vieille tactique de la barbiche d’Etat « prolétarien » : « Ainsi nos mots d’ordre ne peuvent être que, formellement, les mêmes que ceux des gauchistes. Et donc ils deviennent inutiles dans la situation actuelle, voire pourraient jouer objectivement en faveur du sabotage général de toute riposte par les syndicats ». Comment des mots d’ordre d’indépendance de classe « identiques » pourraient-ils être formulables par l’extrême gauche bourgeoise ? Sans le même contenu ? C’est bien le langage de l’opportunisme qui prévaut avec cette soit disant découverte d’une radicalisation confusionniste
On plonge ensuite dans le suivisme à la trotskiste le plus lamentable et qui a contribué, certes en marge, à la pantalonnade des syndicats d’Etat : « Nous appelons les prolétaires les plus combatifs à participer activement aux grèves ou même à en prendre l’initiative lorsque leur lieu de travail n’est pas en grève lorsque c’est possible ». La vieille rêverie du grand-père CCI, de transformer les JA en « une journée d’extension des grèves et de la centralisation du mouvement autour du ou des comités…ainsi qu’à étendre le champs ( ?) des mots d’ordre et des objectifs à l’augmentation des salaires ». Encore du trotskisme réchauffé au moment où les grèves supposées ou organisées en catimini sous étroit contrôle syndical, n’étaient que l’arlésienne des médias. Les syndicats appuyant même ce confusionnisme en expliquant fort justement en soi la difficulté de faire grève vu la cherté de la vie, certes pour justifier leur étouffement de toute réflexion, et pas pour envoyer au casse-pipe comme nos utopistes opportunistes. Sans compter en permanence ce mépris constant consistant à ce que la « direction » en reste à conseiller les ouvriers en matière d’augmentation de salaires. Or un combat politique était à mener contre la dépolitisation de la lutte par une fixation sur la haine de Macron, pas contre l’Etat et ses partis, et l’entretien mélenchonesque du populisme qui défend « les pauvres contre les riches ». La grève est supposée être la planche de salut par l’espérance d’une hausse des salaires sans aucune réflexion politique, typiquement interdite par le syndicalisme, en tout cas définie comme accessoire dans le « processus revendicatif ». L’opportunisme n’aime jamais tant que les coupures que la direction promet de recoller...après le « moment présent »1.
L'ignorance de la conscience et culture ouvrière
Le CCI et son clone opportuniste Gérard C.ne raisonnent au fond que comme les syndicalistes révolutionnaires du temps jadis, ce qui est non seulement inopérant politiquement de nos jours mais ce qui les conduit à négliger la propagande bourgeoise et son renouvellement!Ou plutôt sa nouvelle morale, ses nouvelles morales obligatoires, qui ont succédé à la morale religieuse du 19ème et à la morale stalinienne totalitairement « marxiste » bègue..
Alors que cette idéologie wokiste sévit depuis de nombreuses années le CCI se réveille seulement cette année, probablement suit à mes piques répétées, car je suis le seul opposant externe à ne pas me gêner ni avoir peur de les critiquer, vu que les bulletins internes de discussion ont été supprimés depuis une dizaine d'années ! Sans approfondir, ni traiter de la fabrique idéologique diversifiée de l'islamo-gauchisme (se gardant de dénoncer les religions du point de vue marxiste) qui a étoffé sa panoplie : mixité sociale, identitarisme, intersectionnalité, écriture inclusive, féminisme totalitaire, migrant nouveau héros mondial non d'internationalisme mais du pire cosmopolitisme bourgeois, etc. 2
Alors que les émeutes qui viennent de se produire en France pouvaient laisser supposer que le CCI allait en faire son beurre pour alimenter sa théorie de la décomposition, ils publient une prise de position lamentable qui met tout sur le dos des flics, fait équivaloir ces émeutes à celles de 2005, et nient le fond social des laissés pour compte trait »s avec mépris comme de simples voyous, j'y reviendrai. Or ces événements nous montrent que la France est confrontée pourtant à ce phénomène de « décomposition identitaire' sur son territoire, qui n'entre pas dans les élucubrations des radotages CCI !.
Tout à leur activisme inutile et limité, les membres du CCI n'ont pas le temps de lire ni de se cultiver et de s'intéresser à ce que pensent les ouvriers, puisqu'ils pensent pour eux ! L'Observateur des inégalités peut les ranger dans cette « bourgeoisie culturelle » : « Cette bourgeoisie culturelle fait tout ce qu’elle peut pour occulter le rôle du capital culturel en matière de domination sociale. Pour elle, les « déclassés » (ces diplômés qui ne s’insèrent pas) ont, par exemple, beaucoup plus d’importance que les non-classés, ces non-diplômés qui n’accèdent à rien ».Eux aussi avec une vision généraliste d'une classe ouvrière multiple, sans racisme et sans tabous, fonctionnent avec l'idéologie de la mixité automatique : « Elle célèbre la « mixité » (sociale, ethnoculturelle, etc.) tant qu’elle s’applique aux autres catégories et n’envahit pas ses quartiers » (ibid)3.
Ils sont eux aussi embourgeoisés car composés surtout de petits profs : « L’embourgeoisement des organisations qui représentaient le camp de l’égalité sociale est la première explication qui vient à l’esprit. Les associations, les instances dirigeantes des syndicats et les partis politiques sont de plus en plus des regroupements de personnes diplômées » (ibid).
Et, la négligence du combat culturel est aussi la croyance sectaire que les prolétaires seraient immunisés contre les nouvelles inventions connes de la bourgeoisie et ses bobos ; des auteurs pallient heureusement à cette carence. Il faut lire Nathalie Heinich - « Le wokisme serait-il un totalitarisme ? » (il l'est puisque issu du stalinisme) – qui déshabille parfaitement l'objet du wokisme :
- « Dans la pensée wokiste de gauche : la question sociale est désormais minimisée, sauf les jours de manifs ouvrières ; « il n’existe plus dans son discours de prolétaires, ni de classes sociales »
-« il s’agit donc d’associer immigration maghrébine et religion musulmane dans une même défense inconditionnelle d’une « communauté » dont tous les membres seraient considérés a priori comme des victimes »
- « L’islamo-gauchisme est le glissement du tiers-mondisme de l’extrême gauche des années 1960 au tropisme pro-immigrés des années 1980 puis à la version pro-musulmane du wokisme actuel ».
- »L’identitarisme : « de même que l’identitarisme, l’alliance entre néoféminisme et islamisme dans l’opposition à la laïcité est un cheval de Troie du totalitarisme woke. »
Avec « Le piège identitaire » de Daniel Bernabé, même s'il contient beaucoup de gras sur une supposée honnêteté de la gauche stalinienne il y a des décennies (et en attribuant tous les torts au néolibéralisme), on va plus loin dans la fonction anti-marxiste du wokisme :
-« Le concept de classe moyenne avait été conçu comme une fiction permettant de travestir la réalité à des fins de contrôle social »
- « Les travailleurs croient en faire partie et les riches prétendent l’incarner, ce qui signifie en fait que les premiers courent derrière elle, tandis que les seconds en ont fait un outil d’influence afin de diffuser leurs valeurs et d’asseoir leur pouvoir ».
- « Aujourd’hui, en Espagne comme ailleurs, nous sommes tous de la classe moyenne, même si certains en font plus partie que d’autres. La caissière de Zara qui touche 1300 euros par mois croit qu’elle appartient à la classe moyenne parce qu’on le lui dit à la télévision, parce que faire partir des prolos est quelque chose dont on a honte et à quoi l’on cherche à échapper, et peut-être aussi parce qu’elle peut se payer de temps en temps ici tel ou tel produit qu’elle considère comme luxueux. Le cadre supérieur de Zara qui touche 3500 euros par mois appartient lui aussi à la classe moyenne, même s’il dépend d’un salaire, voit à peine ses enfants, et prend des médicaments pour tenir le coup face au stress causé par son travail »4.
- « C’est l’un des écueils évidents des politiques de représentation : elles ne prennent pas en compte les questions de classe sociale ».
« Parce qu’elles font fonction de paravent, ces thématiques liées à la diversité, qui plus est traitées sous un angle néolibéral, sont surexploitées dans les médias et la politique. Leur présence croissante dans le débat public donne l’impression qu’on parle finalement plus de ce qui est anecdotique et futile que de ce qui importe vraiment : l’égalité concrète sur le plan matériel. En conséquence, la majorité de la population, qui n’appartient pas à ces groupes discriminés, en vient à revendiquer à son tour l’attention des médias et des politiciens, en s’en prenant non pas à l’usage purement cosmétique des politiques de représentation, mais aux groupes qui en bénéficient officiellement considérant que ce sont eux qui monopolisent le débat. Nombreux sont ceux pour qui les termes « politiquement correct » ont pris désormais une résonance négative, l’expression recouvrant selon eux des principes fallacieux. ,C’est ainsi, par une sorte d’effet boomerang que le politiquement « incorrect » en est venu à passer pour subversif ».
_ « La liberté de pouvoir être politiquement incorrect se drape maintenant dans le combat pour la liberté d’expression, alors qu’il s’agit plutôt dans les faits d’une liberté d’insulter, de stigmatiser, d’agresser ».
- »C’est un fait, en période de reflux de la lutte des classes, la classe moyenne exerce une plus grande influence sur les orientations de la gauche ».
- « Le passage de la notion de militant à celle d’activiste a beaucoup à voir avec cette mutation du monde du travail, mais il s’est fait en suivant les mêmes voies que la transformation des élections en un système de choix consumériste. Si la politique radicale est elle aussi devenue une marchandise, c’est parce qu’elle s’est tournée de plus en plus massivement des questions liées au travail et à l’économie vers des questions d’ordre culturel et symbolique ».
- « Pendant que nous discutons de la manière la plus adéquate de parler des femmes ou de les représenter, leur situation s’aggrave sur le marché du travail, du point de vue des inégalités de genre comme de classe. On devrait pouvoir se battre sur ces deux fronts simultanément, mais le fait que les activistes qui se focalisent sur les aspects symboliques de problème éclipsent par la même les questions économiques.…on demande aux femmes, qui souffrent d’importants problèmes de reconnaissance et de redistribution précisément à cause de leur genre, de renoncer à leur identité sociale au profit d’une dissolution générale dans l’océan des identités individuelles ».
- « Nous devons cesser de développer des théories fumeuses sur les privilèges de telle ou telle catégorie identitaire, et nous concentrer sur le fonctionnement des classes sociales ainsi que sur les rapports qu’elles entretiennent avec la vraie diversité (et on sa transposition réifiée sur le marché). Enfin il vaudrait mieux pour tout le monde qu’on abandonne l’injonction à se « déconstruire » ; l’individu n’est pas un ordinateur susceptible d’être réinitialisé à volonté, il n’est pas un disque dur à défragmenter, mais une entité complexe, dont la conscience et la liberté d’action sont largement conditionnées par l’environnement social ».
L'INCAPACITE DE LA SECTE A ANALYSER LES EMEUTES APRES L 'ASSASSINAT POLICIER
Même radotage sur les émeutes vues systématiquement comme étrangères à la lutte de classe, ce qui est anti-marxiste et philosophie de curés pacifistes. Je le répète, on commence par consacrer les trois quart de l'article à dénoncer les exactions policières, là aussi en méprisant les jeunes émeutiers comme ils méprisent la classe ouvrière dont ils s'imaginent être « la direction » (certes conseilliste) à l'instar de Gérard C. Nulle analyse autre que le constat du pillage et les malheurs des pillés. Bien sûr que c'est lamentable d'avoir brûlés les voitures des ouvriers, des crèches, etc. Mais ne l'a-t-on pas commis aussi
lors du réveil de 68 nous les « racailles hippies » de l'époque, sans que des minorités révolutionnaires nous reprochent de « renforcer le bras armé de l'Etat » ?
Voici la leçon des apôtres d'une classe ouvrière bcbg qui n'a jamais eu recours aux émeutes, ni chez les mineurs des années 1950, ni en Belgique, ni en Pologne en 1979, ni dans l'Italie de Potere Operaio...
« La classe ouvrière possède ses propres méthodes de lutte (la manif syndicale pépère?) qui s’opposent radicalement aux émeutes et aux simples révoltes urbaines. La lutte de classe n’a strictement rien à voir avec les destructions et la violence aveugles (surtout contre les flics et les mairies...), les incendies, le sentiment de vengeance et les pillages qui n’offrent ni perspective ni lendemain ».
Ces crétins d'émeutiers ne furent pas de simples pillards, sinon pourquoi cette fois-ci avoir attaqué des mairies 'dont les bonzes bureaucrates se moquent des jeunes) ? Et les flics, pas pour leur méchanceté mais comme représentants de l'ordre bourgeois ?
« Bien qu’ils puissent se coordonner via les réseaux sociaux, leur démarche d’émeutiers est immédiate et purement individuelle, guidée par l’instinct des mouvements de foules, sans autre but que la vengeance et les destructions. La lutte de la classe ouvrière est aux antipodes de ces pratiques. Une classe dont les luttes immédiates s’inscrivent au contraire dans une tradition, dans un projet conscient, organisé, en vue du renversement de la société capitaliste à l’échelle mondiale. En ce sens, la classe ouvrière doit prendre garde de ne pas se laisser entraîner sur le terrain pourri des émeutes, sur la pente de la violence aveugle et gratuite et encore moins dans des affrontements stériles avec les forces de l’ordre, ce qui ne fait que justifier la répression ».
C'est le même langage de n'importe quel syndicat d'Etat qui imagine un individualisme émeutier alors que la concertation sur les réseaux et bien été collective, sans que je considère cela comme lutte de classe, mais souvent plutôt des clans de petits cons. La lutte de classe est mise sur le même plan « immédiat » que les émeutes des jeunes, et dans quelle tradition (celle disparue des grandes luttes ou plutôt les défilés traîne-savates actuels?), ; « projet conscient et organisé oui derrière la CGT !
Le donneur de leçon religieuse marxiste n'hésite pas à révéler son pacifisme de petit prof peureux : après avoir semblé comprendre qu'il fallait se faire les flics, il sermonne ces « enfants » capables de violence aveugle (?) et « d'affrontements stériles »5 Que justice soit faite et les victimes indemnisées !
Oui le CCI inculte s'est embourgeoisé !
notes
1 L’invocation du « moment présent » rappelle Bernstein et Kautsky : « Ce n’est pas parce que notre mot d’ordre pourrait être le même que celui des syndicats ou des gauchistes qu’ils seraient inutiles. Mais parce que c’est le moment, le moment présent. Par exemple, nous pouvons appeler à la grève et à son extension comme le font les gauchistes au début d’une mobilisation. Nous ne sommes pas « anti-syndicalistes en soi… » (sic) mais par rapport aux objectifs directs de toute lutte et en fonction des différentes batailles et barricades… ». Tout est dit avec cet opportunisme girouette, « en fonction de », « moment présent ». Or la plupart du temps syndicats et gauchistes appellent à une grève « en fonction de » leur propre programmation et entièreté du contrôle de ladite grève et de son saucissonnage. La pensée opportuniste trahit que la lutte de classe, à la manière trotskienne, n’est qu’un problème de « direction ». On lit dans la même colonne qu’il « faut disputer ouvertement la direction de la mobilisation et des initiatives »…aux chefs syndicaux et aux
2« Toutes ces idéologies (écologistes, "wokisme", racialistes etc.) qui nient la lutte des classes, ou qui, comme celles qui prônent l'"intersectionnalité", mettent la lutte des classes sur le même plan que la lutte contre le racisme ou le machisme, représentent un danger pour la classe, en particulier pour la jeune génération de travailleurs sans expérience mais profondément révoltés par l'état de la société. À ce niveau, ces idéologies sont complétées par la panoplie des gauchistes et des modernistes ("communisateurs") dont le rôle est de stériliser les efforts du prolétariat pour développer la conscience de classe et d'éloigner les travailleurs de la lutte de classe » Le racialisme (Première partie): d’où vient-il et qui sert-il ? | Courant Communiste International (internationalism.org) REVUE INTERNATIONALE du 6 juin 2023
3Le CCI a été il y a cinquante ans le seul groupe politique à dénoncer les luttes « parcellaires, mais oublié de se consacrer à meurs mutations, flirtant simplement avec leur renouvellement sans y accorder d'importance alors que cette idéologie était aussi au milieu des promenades syndicales virtuelles contre les retraites remises en cause : « Il (le prolétariat mixte) doit également rejeter les pièges tendus par la bourgeoisie autour de luttes parcellaires (pour sauver l'environnement, contre l'oppression raciale, le féminisme, etc.) qui le détournent de son propre terrain de classe. L'une des armes les plus efficaces de la classe dominante est sa capacité à retourner les effets de la décomposition contre elle et à encourager les idéologies décomposées de la petite bourgeoisie. Sur le terrain de la décomposition, de l'irrationalité, du nihilisme et du "no-future", toutes sortes de courants idéologiques prolifèrent. Leur rôle central est de faire de chaque aspect répugnant du système capitaliste décadent un motif de lutte spécifique, pris en charge par différentes catégories de la population ou parfois par le "peuple", mais toujours séparé d'une véritable remise en cause du système dans son ensemble ».
4Ces changements n'ont été abordés incidemment et superficiellement par le CCI : Comprendre la décadence du capitalisme (7) : Le bouleversement des formes idéologiques | Courant Communiste International (internationalism.org)
5 Du plus haut comique est la dernière annotation où il es conseillé à la classe ouvrière de se « boucher les oreilles » (comme le CCI), ne pas se livrer à une violence aveugle (surtout contre les flics) et enfin attendre « sa propre violence » dont on se demande de quoi elle doit être composée : « La classe ouvrière doit rester prudente et sourde au danger que représente la violence aveugle, de façon à opposer sa propre violence de classe, la seule qui soit porteuse d’avenir ».Face à la barbarie de l’État bourgeois, les violences aveugles sont une impasse