"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 3 novembre 2025

AVEC SON COMBAT FISCAL CONTRE LES RICHES LA GAUCHE BOURGEOISE RENOUE AVEC PROUDHON

 


et invente un anticapitalisme petit-bourgeois populiste et fédéraliste

« Le combat ou la mort : la lutte sanguinaire ou le néant. C'est ainsi que la question est invinciblement posée. » George Sand

« Les français sont des veaux ». Charles de Gaulle



Le spectacle lamentable d'un parlement qui parlemente comme l'avait enjoint machiavéliquement le petit télégraphiste Lecornu – qui vote et revote, pinaille finalement, rouspète, contrepète pour amender, recommander des taxes à n'en plus finir - et révèle la mise en scène en apparence d'une volonté partagée de toutes ces cliques politiques de solutionner le gouffre financier de l'Etat ; le fond des querelles sans fin serait sensé opposer ceux qui veulent faire payer la minorité des riches à ceux qui veulent faire payer la masse des pauvres. Capharnaüm complet, soit ils votent ensemble de tous bords haineux, soit ils censurent, soit de gauche à droite ils votent pour une mesure anti-pauvre le découvert bancaire a minima 200 euros. La plus drôle : la taxe sur les bijoux de la Castafiore, pas ceux envolés du Louvre. D'abord exonérer la résidence principale jusqu’à 1 million c’est pour les bobos parisiens, pas pour le bon con. En bijouterie, il va falloir qu'un futur gouvernement de députés improductifs fasse embaucher une multitude de flics contrôleurs de rue et de châteaux sans mandats de perquisition. Et dire que le « président des riches » Macron voulait réduire le nombre de fonctionnaires. Avec leur nouvel ISF, rien ne changera pour les bas salaires ni pour les chômeurs. Par contre le risque bien réel, du fait de l'incurie politique de toutes les cliques bourgeoises et petites bourgeoises, de faire plonger la France dans une crise abyssale et faisant exploser la misère, n'est plus une vue de l'esprit.

Pur spectacle électoral pervers avec la trouille de la dissolution ! D'une part les diverses ponctions sur le patrimoine des riches sont insuffisantes dans tous les cas pour combler le déficit de l'Etat. L'imposition élargie aux plus pauvres également. De plus les députés peuvent bien voter, adouber, censurer, c'est le Sénat (de droite) qui aura le dernier mot. Pas de vraie solution sauf à dissoudre et à ce que le RN ramasse la mise. L'agitation sur le portefeuille des riches comme solution, et en les présentant comme les vrais puissants, « individuellement » (ce qui évite de nommer la classe bourgeoise comme un tout) est devenu l'argument simpliste numéro un de toutes les cliques de la gauche bourgeoise socialo-écolo-bobo. Je ne reviendrai pas là-dessus, puisque j'ai décrypté cette fausseté dans mon article précédent où le mot riche sert à masquer et remplacer la bagarre des classes.

Il nous faut revenir à la source de l'idéologie de la social-démocratie (et d'ailleurs aussi du stalinisme adouci) ; depuis 1945 c'est Proudhon. Le match Proudhon/Marx s'est soldé en ce début du XXIème siècle par la prééminence du roi Proudhon, prince des anarchistes devenu rois des socialo-libéraux. Parti d'un point de vue social et soucieux des classes travailleuses Proudhon s'est avéré être un charlatan politique hors de la lutte des classes, mais ses théories mutualistes, fédéralistes ont la vie dure. Il s'est avéré être un simple réformiste antiétatique. En quelque sorte assez représentatif de l'esprit contestataire de la gauche caviar devenue gauche bobo minoritaire dans une décadence tripartite de l'ordre bourgeois actuel. Dans la plupart des pays européens, à force de nier la classe ouvrière et de découpler la petite bourgeoisie du monde salarial, on a fini par découpler le peuple électoral en trois tronçons : droite classique plus extrême droite, gauche bobo incluant employés, ingénieurs et profs, et dernier tiers une classe ouvrière rabougrie censée être devenue raciste, mais en oubliant toujours le quatrième Etat : l'abstention.

Or ce gonflement de la petite bourgeoisie (salariée) qui se croit supérieure au prolétariat tout en étant une partie de celui-ci (du point de vue salarial) mais confuse dans sa cervelle, induit un poids « père mêle tout » pour la bourgeoisie traditionnelle (de droite à gauche) l'obligeant à des concessions avec les diverses théories wokes mais qui n'aboutissent qu'à la paralysie étatique car le petit bourgeois moderne est, comme l'a décrit Marx pour Proudhon, en hésitation permanente :

 « Mais en dépit de ses allures d'iconoclaste (= insoumis, sic!), déjà dans Qu'est ce que la propriété ?, on trouve cette contradiction que Proudhon, d'un côté, fait le procès à la société du point de vue et avec les yeux d'un petit paysan (plus tard d'un petit-bourgeois) français, et de l'autre côté, lui applique l'étalon que lui ont transmis les socialistes ».

Proudhon est tout sauf un révolutionnaire comme ses pâles imitateurs incultes à la Mélenchon. Il est hostile à une révolte armée pour détruire un Etat bourgeois qu'il conteste pourtant et dont il souhaite la disparition. Pour lui, la propriété est la seule force qui puisse servir de contre-poids à l'État.

Mélenchon idem mais en fondant une 6ème république par voie électorale. Un autre zigue, individualiste, philosophe nunuche, Michel Onfray, en a fait son héros hors sol, titrant une de ses conférences « L'anarchie sans le désordre».

Le petit bourgeois ergoteur décrypté par Marx

Avec sa brillante polémique fondatrice contre Proudhon (Misère de la philosophie) face à laquelle celui-ci a été bien incapable de répondre, Marx a jeté les bases de la cohérence matérialiste pour la lutte des classes. Dans ce pamphlet, écrit initialement directement en français, Marx critique son gadget « l'impôt sur la consommation », de la même manière qu'il aurait pu se moquer de l'impôt sur les riches pour tenter de mieux faire durer la société actuelle1. Ensuite, un des multiples mérites de l'ouvrage est de rappeler, ce qu'oublient anarchistes et admirateurs de la gauche bobo, de rappeler le refus de la grève par Proudhon, typique du petit boutiquier ou du paysan. Marx est en outre le premier à dénoncer l'individualisme en politique, cette « vanité de l'individu » mais dans un courrier privé2

De plus Proudhon anticipa déjà la personnalisation stupide de la vie politique par la gauche bourgeoise au XX ème siècle et par après, principale mystification pour gommer l'existence de classes opposées ; ainsi tout devient la faute d'individus méchants : Staline, Hitler, etc., puis Thatcher, Le Pen, Ceausescu, Mao, Poutine, etc. Dans le camp de l'extrême bêtise cela se traduit par « Macron dehors », « la police tue », « patrons voleurs »etc.

La formule imbécile de Proudhon « la propriété c'est le vol » correspond tout à fait à la formulation anticapitaliste primaire « faire payer les riches », ces parasites, ultra-riches qui ont la propriété principale, voire qui gouvernent le monde grâce à leur fortune...si jalousés pourtant par les bobos parisiens dits « couches moyennes » qui les vomissent pathologiquement. Marx est sans pitié pour la formule de Proudhon : « ainsi définir la propriété bourgeoise n’est autre chose que faire l’exposé de tous les rapports sociaux de la production bourgeoise. Vouloir donner une définition de la propriété, comme un rapport indépendant, d’une catégorie à part, d’une idée abstraite et éternelle, ce n’est peut être qu’une illusion…». Toute propriété ne devient pas capital. Les rapports sociaux sont le reflet des stratifications et hiérarchisations de la société capitaliste, pas la simple propriété privée qui recouvre tout et n'importe quoi.

Les rapports de propriété antiques avaient été remplacés par la propriété féodale, celle-ci par la propriété bourgeoise, en adéquation avec les exigences de chaque régime. Plus consternant : « les notions juridiques du bourgeois sur le vol s’appliquent tout aussi bien à ses profits honnêtes ». Il s’agit donc de supprimer le capital pas en soi les riches (bien que cela ne me gêne aucunement qu'on puisse faire raquer les riches). . Marx favorise la compréhension du mode de fonctionnement des institutions bourgeoises, complexe et plus politique qu'économique quand Proudhon est réducteur en privilégiant des causalités simplistes personnalisées. Proudhon anticipe donc le réformisme populiste que nous fait subir la gauche bourgeoise en ce début de siècle dangereux . Le mutuellisme et le fédéralisme sont les bases politiques étroites des cliques écologiques. Comment ne pas sourire, en comparant avec nos oisillons députés actuels refusant de voter le budget, un Proudhon, élu député qui déclara : « Je vote contre la constitution parce que c'est une constitution » !

Avec Proudhon, penseur écologique avant l'heure gaucho-bobo, on assiste au triomphe de l'idéologie propriétaire avec sa seconde formule ridicule : « La nature n'est effectivement pas à tout le monde puisqu'on nous l'a volée ». Dans la foulée proudhonienne de la gauche bobo, ce n'est même plus la bourgeoisie, ni les patrons, ni l'industrie qui pourrissent la terre ; on en est venu à calculer le CO 2 du riche : « « Les ultras-riches brûlent notre planète » : l’ONG Oxfam dénonce dans un rapport les inégalités d’émission de gaz à effet de serre dans le monde »3. Les riches fument-ils plus que les prolos ? Jettent-ils plus d'ordures ? Rien n'est démontré et on s'aperçoit comme vous l'avez lu dans la note dans la note que les bourgeois sont sensés surtout « polluer la démocratie », autrement dit le même argument de base de la mélasse anar des insoumis et autre anticapitalistes en peau de lapin, arc-boutés au fond dans la défense de l'actuelle démocratie...bourgeoise ! Le choeur des clowns anti-pollueurs contre les nantis polluant s'allonge à chaque prestation télévisée : Picketty, Zucman, Le Monde Diplo, Edwy Plenel, Pinçon-Charlot le couple bien nommé qui crucifie « la violence des riches » qui personnalise à qui mieux mieux la domination capitaliste, au prétexte de défendre des « couches populaires », pourtant en effet suivistes et souvent idiotes en se moquant du marxisme qui explique que la domination est « sans visage » refusant d'individualiser le conflit des classes.4

Lettre à J.-B. Schweitzer

Londres, le 24 janvier 1865.

Monsieur,

(...) J'ai reçu hier la lettre dans laquelle vous me demandez un jugement détaillé sur Proudhon. Le temps me manque pour répondre à votre désir. Et puis je n'ai sous la main aucun de ses écrits. Cependant pour vous montrer ma bonne volonté, je vous envoie, à la hâte, ces quelques notes. Vous pourrez les compléter, ajouter ou retrancher, bref en faire ce que bon vous semblera ».


On peut appliquer plusieurs des réflexions dans la lettre à Schweitzer sur l'amateurisme proudhonien à la plupart des députés de la gauche bobo (du PS à LFI), celles-ci en particulier :

«Il partage les illusions de la philosophie “ spéculative ” : au lieu de considérer les catégories économiques comme des expressions théoriques de rapports de production historiques correspondant à un degré déterminé du développement de la production matérielle, son imagination les transforme en idées éternelles, préexistantes à toute réalité, et de cette manière, par un détour, il se retrouve à son point de départ, le point de vue de l'économie bourgeoise 5.

« Proudhon n'a que des idées imparfaites, confuses et fausses sur la base de toute économie politique, la valeur d'échange »,

« Il emprunte aux socialistes l'illusion de ne voir dans la misère que la misère (au lieu d'y voir le côté révolutionnaire, subversif, qui renversera la société ancienne) ».
« ... Il veut planer en homme de science au-dessus des bourgeois, et des prolétaires; il n'est que le petit bourgeois, ballotté constamment entre le Capital et le Travail, entre l’économie politique et le communisme ».

« Le petit-bourgeois, tout comme notre historien Raumer, se compose de “ d'un côté ” et de “ de l'autre côté ”. Même tiraillement opposé dans ses intérêts matériels et par conséquent ses vues religieuses, scientifiques et artistiques, sa morale, enfin son être tout entier. Il est la contradiction faite homme ».

« il saura bientôt jongler avec ses propres contradictions et les élaborer selon les circonstances en paradoxes frappants, tapageurs, parfois scandaleux, parfois brillants. Charlatanisme scientifique et accommodements politiques sont inséparables d'un pareil point de vue. Il ne reste plus qu'un seul mobile, la vanité de l'individu, et, comme pour tous les vaniteux, il ne s'agit plus que de l'effet du moment, du succès du jour ».




NOTES


1Marx peut se moquer de tous les à peu près économiques de Proudhon  (comme de ses héritiers actuels ignorantins et fabulateurs à la triste assemblée nationale): « Les derniers “ exploits ” économiques de Proudhon furent sa découverte du “ Crédit gratuit ” et de la “ Banque du peuple ” qui devait le réaliser. Dans mon ouvrage Zür Kritik der politischen Oekonomie (Contribution à la critique de l'économie politique) Berlin 1859 (pp. 59-64) , on trouve la preuve que la base théorique de ces idées proudhoniennes résulte d'une complète ignorance des premiers éléments de l'économie politique bourgeoise : le rapport entre la marchandise et l'argent; tandis que leur superstructure pratique n'était que la reproduction de projets bien antérieurs et bien mieux élaborés ».(cf. Lettre à Schweitzer)

2Lettre à J.-B. Schweitzer Londres, le 24 janvier 1865.

3« Un individu appartenant aux 0,1 % les plus riches [de la planète] émet plus de CO2 en une journée qu’une personne parmi les 50 % les plus pauvres en une année. » L’ONG Oxfam tire la sonnette d’alarme, ce mercredi 29 octobre, dans un rapport intitulé « Pillage climatique : comment une puissante minorité plonge le monde dans le chaos ». Selon l’étude, 55 % des millionnaires interrogés estiment que la concentration extrême de richesse constitue une menace directe pour la démocratie. En d'autres termes, plus de la moitié des riches citoyens reconnaissent que l’accumulation des fortunes colossales entre les mains d’une minorité affaiblit les institutions démocratiques et alimente l’instabilité mondiale. Seuls 40 % des répondants contestent cette idée, tandis que 6 % restent indécis. Ce sentiment est particulièrement marqué en ce qui concerne l’impact politique. Une large majorité (75 %) des répondants considère que les milliardaires achètent de l’influence politique à travers des donations ou des actions en coulisses. De plus, 72 % estiment que les milliardaires utilisent leur contrôle sur les médias pour manipuler l'opinion publique, et 71 % voient dans les réseaux sociaux un outil d’influence disproportionnée.

Les ultra-riches : un danger pour les institutions fondamentales (sic).

4« Loin d’être l’œuvre d’un ‘’adversaire sans visage’’, cette violence de classe se rapporte bien à une pratique politique, économique et sociale de classe, de la classe bourgeoise soit les très riches possédants mais aussi de la classe capitaliste soit des grands détenteurs des moyens de production, ce qu’on nomme conceptuellement un classisme, et qui se manifeste ordinairement par une politique très destructrice au plan social et environnemental a ses agents, ses stratégies et ses lieux. Les dirigeants politiques de droite et de gauche (PS et écolos modérés) du bloc dominant y ont une part écrasante de responsabilité ». Mais ce discours est pourtant bien celui des PS, écolos-bobos et LFI ! Le couple pincez Charlot ose proposer cette navrante solution anticapitaliste primaire: taxer les milliardaires pour réduire leur puissance ! Ils sont reproducteurs de formules cucul la praline :   « thatchérisation du monde », « Sarko et Macron, présidents des riches ».