oh c'est pour rigoler, j'suis pas mégalo. |
(contre les girouettes trotskiennes et la catalanophobie appliquée)1
Au début du
XX e siècle, des « opportunistes font
cause commune avec la bourgeoisie impérialiste justement dans le
sens de la création d'une Europe impérialiste sur le dos de l'Asie
et de l'Afrique ». Nous ne reviendrons
pas ici sur les avatars successifs de la conception des Etats-Unis
d'Europe, et sans nous situer sur le terrain nationaliste2,
mais cette idée d'une unification de la plus vieille zone
capitaliste du monde était déjà une absurdité du temps de Lénine,
qui fût défendue par le jeune puis le vieux Trotsky (le mot d'ordre
avait été érigé lors du 5e congrès opportuniste de l'IC). C'est
ce que réclame le NPA au bout du compte – contre l'Europe
forteresse - comme sanctification d'une indépendance catalane
prometteuse d'une future fédération de petits Etats bourgeois
pullulant, tout en se faisant le porte-voix de l'ONU, avec son
écriture inclusive féministe (+ l'invention d'un nouveau néologisme
pour justifier leur politique de girouette : le mot
catalonophobe), en faveur de l'invasion migrante « sans
frontières » quoique dans le « cadre national » et
dans une démarche « citoyenne »3.
D'ailleurs, les conditions des Etats-Unis socialistes
d'Europe n'existent-elles pas déjà, contenant déjà un fédéralisme
catalan, comme le suppose un article sur leur site :«
Une révolution démocratique avec un soutien social massif au sein de l’Union Européenne a été initiée. Cela renforce les possibilités d’avancer vers la République catalane ». Les euro-trotskystes sont cependant très en désaccord entre eux, tous ne voulant pas se laisser embarquer dans le nationalisme catalan. Un chef trotskyste de Podemos, Jaime Pastor, ose même écrire qu'il n'y a « d'avenir historique qu'à l'échelle européenne » ! Quand un tas d'autres, y inclus chez les gauchistes ignares considèrent que le gouvernement de Madrid est « fasciste » puisqu'il est issu d'un pacte de continuité des fractions bourgeoises avec la famille de l'incontinent vieux machin en phase terminale4.
Une révolution démocratique avec un soutien social massif au sein de l’Union Européenne a été initiée. Cela renforce les possibilités d’avancer vers la République catalane ». Les euro-trotskystes sont cependant très en désaccord entre eux, tous ne voulant pas se laisser embarquer dans le nationalisme catalan. Un chef trotskyste de Podemos, Jaime Pastor, ose même écrire qu'il n'y a « d'avenir historique qu'à l'échelle européenne » ! Quand un tas d'autres, y inclus chez les gauchistes ignares considèrent que le gouvernement de Madrid est « fasciste » puisqu'il est issu d'un pacte de continuité des fractions bourgeoises avec la famille de l'incontinent vieux machin en phase terminale4.
En 1911, le social-démocrate Ledebour,
dit au Reichstag qu’il faut unifier l’Europe, pour la paix et…
« pour ne pas être submergée par la compétition mondiale. »
Il dit que le socialisme réaliserait les États-Unis d'Europe, mais
que les bourgeoisies seront probablement amenées à le faire avant.
Kautsky évoque aussi la possibilité de l’unification bourgeoise.
Rosa Luxemburg
répond que l'unification est impossible vu les conflits d'intérêts
entre bourgeoisies d'Europe. Et elle ajoute que les bourgeois qui
parlent de cette unfication le font avec un discours réactionnaire
contre le « péril jaune » ou le « continent
sombre ».
Elle ajoute un argument économique en affirmant qu'il y a tant
d'échanges avec les autres continents que l'Europe n'est pas une
"unité". Enfin elle souligne les tensions entre pays
européens. Tout ceci lui fait dire : « Par conséquent
les "Etats-Unis d'Europe" sont une idée qui va directement
à l'encontre du cours économique et politique du développement, et
qui ne tient absolument pas compte des événements du quart de
siècle écoulé. » Trotsky reprend le mot d’ordre des
« Etats-Unis d’Europe » comme mot d'ordre pacifiste en
1914. La même année, Lénine co-écrivait une résolution
considérant que les « Etats-Unis républicains d'Europe »
devaient être « l’un des mots d'ordre les plus immédiats »,
et essaie d'en convaincre ses camarades. Mais dès 1915, il se
ravise. Le Parti
Ouvrier Social-Démocrate de Russie prend position contre le mot
d'ordre d'Etats-Unis d'Europe, et Lénine argumente par le texte
suivant, qui conserve toute sa valeur contrairement à son article de
1916 sur l'autodétermination qui n'est plus depuis un siècle qu'un
joujou pour n'importe quel impérialisme dominant et donne totalement
raison à Rosa Luxemburg (de toute façon il y a ou il y aura un
« grand frère » pour soutenir « l'autodétermination
catalane », voire même toutes les puissances qui veillent à
l'affaiblissement de l'Europe).
Les
prises de position des deux principaux groupes maximalistes ont été
brouillonnes, comme je l'ai déjà signalé. Il est à déplorer que
le cercle Robin Goodfellow rejoigne les positions démocrates des
trotskystes, quoique pas avec la base argumentaire fédéraliste :
«La
position d’un parti prolétarien sur cette question aujourd’hui
(comme en Ecosse, en Flandres...) devrait se situer d’emblée au
niveau européen, en affichant le mot d’ordre général des
Etats-Unis socialistes d’Europe. Autrement dit, proposer une
perspective par le haut», qui évite, via la fragmentation des Etats,
également la fragmentation de la lutte des classes »5.
Le
bordel planifié en Espagne ne cache pas l'arbre de la lutte de
classe mais l'arbre des nationalismes. L'Europe prétendument unifiée
à la manière fédéraliste ne pourrait pas être un chemin " par
le haut" pour aller vers l'abolition des frontières, elle restera en
sandwich entre les grandes puissances, à la fois principal marché
mondial et à la fois creuset du prolétariat révolutionnaire,
jusqu'aux échéances finales. Les camarades rêvent avec un marxisme
bègue d'une bourgeoisie suicidaire imaginant aussi une autre
hypothèse farfelue et ahistorique : l'Europe nettoyant les
petits nationalismes pour ouvrir la voie à un bon et vigoureux
prolétariat européen unifié ! En prime finale, l'appel à une
« constituante européenne » que le « parti
prolétarien » (virtuel et imaginaire) propose au prolétariat
n'est qu'un sac de cordes et la liste des proposition farfelues qui
suivent confirme le désarroi qui frappe ce milieu politique marxiste
comme toutes les autres sectes. Qui vivra verra. En attendant, le
texte qui suit peut nous aider à mieux réfléchir au lieu de se
laisser embarquer dans les catalâneries. Ce texte de Lénine a
cependant lui aussi pris un coup de vieux, dans sa dernière partie ;
comment imaginer la configuration suivante : « la lutte
opiniâtre des républiques socialistes contre les Etats arriérés »
(àmoins qu'il s'agisse d'un caviardage de Staline ou de Khrouchtchev
post décès de Wladimir Illitch)... Les étapes de
l'internationalisation et de la destruction des frontières demeurent
impénétrables pour l'heure, quoique repoussées aux calendes
grecques avec le prurit catalan.
(on
peut lire avec profit l'intéressante prise de position de l'écrivain
espagnol Javier Cercas :
http://www.liberation.fr/debats/2017/11/06/en-catalogne-une-dangereuse-fiction-narcissique_1608201)
Du mot d'ordre des États-Unis d'Europe
23 août 1915 par W.I. Lénine
Dans le n° 40 du
Social-Démocrate,
nous annoncions que la Conférence des sections de notre Parti, à
l'étranger, avait décidé d'ajourner la question relative au mot
d'ordre des "États-Unis d'Europe", jusqu'à ce que le côté
économique de la question fût examiné dans la presse.
Les débats sur cette
question avaient pris à notre conférence un caractère politique
unilatéral. En partie cela tenait peut-être à ce que le manifeste
du Comité Central formulait expressément ce mot d'ordre comme un
mot d'ordre politique ("mot d'ordre politique
immédiat..." y est-il dit) ; non seulement il préconisait les
États-Unis républicains d'Europe, mais il soulignait spécialement
que "sans le renversement révolutionnaire des monarchies
allemande, autrichienne et russe", ce mot d'ordre était
absurde, mensonger.
On aurait absolument tort
d'objecter à cette façon de poser la question dans les limites
d'une appréciation politique de ce mot d'ordre, par exemple, en
disant qu'il éclipse ou affaiblit, etc., le mot d'ordre de
révolution socialiste. Les transformations politiques dans un sens
véritablement démocratique, et à plus forte raison les révolutions
politiques, ne peuvent en aucun cas, jamais, quelles que soient les
conditions, ni éclipser, ni affaiblir le mot d'ordre de révolution
socialiste. Au contraire elles la rapprochent toujours, élargissant
sa base, entraînant à la lutte socialiste de nouvelles couches de
la petite bourgeoisie et des masses de semi-prolétaires. D'autre
part les révolutions politiques sont inéluctables dans le cours de
la révolution socialiste que l'on ne doit pas regarder comme un acte
unique, mais comme une époque de commotions politiques et
économiques orageuses, de luttes de classe très aiguës, de guerre
civile, de révolution et de contre-révolution.
Mais si le mot d'ordre
des États-Unis républicains d'Europe formulé en connexion avec le
renversement révolutionnaire des trois monarchies les plus
réactionnaires d'Europe, la monarchie russe en tête, est absolument
invulnérable comme mot d'ordre politique, il reste encore une
question éminemment importante : le contenu et la portée
économiques de ce mot d'ordre. Au point de vue des conditions
économiques de l'impérialisme, c'est-à-dire des exportations de
capitaux et du partage du monde par les puissances coloniales
"avancées" et "civilisées", les États-Unis
d'Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien
réactionnaires.
Le capital est devenu
international et monopolisateur. Le monde se trouve partagé entre
une poignée de grandes puissances, c'est-à-dire de puissances qui
s'enrichissent dans le pillage en grand et dans l'oppression des
nations. Quatre grandes puissances d'Europe : Angleterre, France,
Russie et Allemagne, avec une population de 250-300 millions
d'habitants et une superficie de près de 7 millions de kilomètres
carrés, possèdent des colonies dont la population est d'environ
un demi-milliard de personnes (494,5 millions), et la superficie
est de 64,6 millions de kilomètres carrés, soit près de la moitié
du globe (133 millions de kilomètres carrés sans les régions
polaires). Ajoutez à cela les trois pays d'Asie : la Chine, la
Turquie, la Perse actuellement déchirées par les forbans qui font
la guerre "émancipatrice" : le Japon, la Russie,
l'Angleterre et la France. Ces trois pays asiatiques, que l'on peut
appeler semi-colonies (en réalité ils sont maintenant, pour les
neuf dixièmes, des colonies) comptent 360 millions d'habitants et
14,5 millions de kilomètres carrés de surface (c'est-à-dire près
d'une fois et demie la surface de toute l'Europe).
Poursuivons.
L'Angleterre, la France et l'Allemagne ont placé à l'étranger un
capital d'au moins 70 milliards de roubles. Pour toucher un
appréciable profit "légitime" sur cette agréable somme,
- profit qui dépasse trois milliards de roubles par an, - il existe
des comités nationaux de millionnaires, appelés gouvernements, qui
sont pourvus d'une armée et d'une flotte militaire et qui
"installent" dans les colonies et semi-colonies, fils et
frères de "monsieur le milliard", en qualité de
vice-rois, consuls, ambassadeurs, fonctionnaires de toute sorte,
popes et autres vampires.
Ainsi est organisée, à
l'époque du développement supérieur du capitalisme, la spoliation
par une poignée de grandes puissances, de près d'un milliard
d'habitants du globe. Et en régime capitaliste, toute autre
organisation est impossible. Renoncer aux colonies, aux "zones
d'influence" à l'exportation des capitaux ? Y songer serait
descendre au niveau d'un petit pope qui, tous les dimanches, prêche
aux riches la grandeur du christianisme et leur recommande de donner
aux pauvres… sinon quelques milliards, du moins quelques centaines
de roubles par an.
Les États-Unis d'Europe,
en régime capitaliste, seraient comme une entente pour le partage
des colonies. Or en régime capitaliste le partage ne peut avoir
d'autre base, d'autre principe que la force. Le milliardaire ne peut
partager le "revenu national" du pays capitaliste avec qui
que ce soit, autrement que "en proportion du capital" (avec
encore cette addition que le plus gros capital recevra plus qu'il ne
lui revient). Le capitalisme c'est la propriété privée des moyens
de production et l'anarchie dans la production. Prêcher le partage
"équitable" du revenu sur cette base, c'est du
proudhonisme, du béotisme de petit bourgeois et de philistin. On ne
peut partager autrement que "selon la force". Or la force
change avec le progrès économique. Après 1871 l'Allemagne s'est
renforcée trois ou quatre fois plus vite que l'Angleterre et la
France. Le Japon, dix fois plus vite que la Russie. Pour vérifier la
force réelle de l'État capitaliste, il n'y a et il ne peut y avoir
d'autre moyen que la guerre. La guerre n'est pas en contradiction
avec les principes de la propriété privée ; elle en est le
développement direct et inévitable. En régime capitaliste, le
développement égal des différentes économies et des différents
États est impossible. Les seuls moyens possibles de rétablir de
temps en temps l'équilibre compromis, ce sont en régime capitaliste
les crises dans l'industrie, les guerres en politique.
Certes, des ententes
provisoires sont possibles entre capitalistes et entre
puissances. En ce sens, les États-Unis d'Europe sont également
possibles, comme une entente de capitalistes européens ...
dans quel but ? Dans le seul but d'étouffer en commun le socialisme
en Europe, de protéger en commun les colonies accaparées contre
le Japon et l'Amérique, extrêmement lésés dans l'actuel partage
des colonies, et qui se sont renforcés au cours de ces cinquante
dernières années infiniment plus vite que l'Europe monarchique,
arriérée, laquelle déjà pourrit de vieillesse. Comparée aux
États-Unis d'Amérique, l'Europe dans son ensemble signifie
stagnation économique. Sur la base économique d'aujourd'hui,
c'est-à-dire en régime capitaliste, les États-Unis d'Europe
signifieraient organisation de la réaction en vue de contenir le
développement plus rapide de l'Amérique. Les temps sont révolus où
l'œuvre de la démocratie et celle du socialisme étaient liées
uniquement à l'Europe.
Les États-Unis du monde
(et non de l'Europe) sont cette forme d'État - forme d'union et de
liberté des nations, - que nous rattachons au socialisme, - en
attendant que la victoire totale du communisme amène la disparition
définitive de tout État, y compris l'État démocratique.
Toutefois, comme mot d'ordre indépendant, celui des États-Unis du
monde ne serait guère juste, d'abord parce qu'il se confond avec le
socialisme ; en second lieu, parce qu'il pourrait donner lieu à une
fausse interprétation de l'impossibilité de la victoire du
socialisme dans un seul pays et de l'attitude de ce pays envers les
autres.
L'inégalité du
développement économique et politique est une loi absolue du
capitalisme. Il s'ensuit que la victoire du socialisme est possible
au début dans un petit nombre de pays capitalistes ou même dans un
seul pays capitaliste pris à part. Le prolétariat victorieux de ce
pays, après avoir exproprié les capitalistes et organisé chez lui
la production socialiste, se dresserait contre le reste du
monde capitaliste en attirant à lui les classes opprimées des
autres pays, en les poussant à s'insurger contre les capitalistes,
en employant même, en cas de nécessité, la force militaire contre
les classes d'exploiteurs et leurs États. La forme politique de la
société dans laquelle le prolétariat est victorieux, en renversant
la bourgeoisie, sera la République démocratique, qui centralise de
plus en plus les forces du prolétariat d'une nation ou de nations
dans la lutte contre les États qui ne sont pas encore passés au
socialisme. La suppression des classes est impossible sans la
dictature de la classe opprimée, du prolétariat. La libre union des
nations dans le socialisme est impossible sans une lutte opiniâtre,
plus ou moins longue, des Républiques socialistes contre les États
arriérés.
C'est pour cette raison
et à la suite de nombreuses discussions sur ce point, pendant et
après la Conférence des sections du P.O.S.D.R. à l'étranger, que
la rédaction de l'organe central en a conclu à la fausseté du mot
d'ordre des États-Unis d'Europe.
NOTES
1Le
mot d'esprit est de Lénine contre le « pacifiste »
Trotsky et sa défense des Etats-Unis socialistes d'Europe vers
1916).
2Comme
le PRCF hostile aux « euro-trotskystes » :
http://www.politique-actu.com/osons/europe-saurait-avoir-bons-etats-unis-europe-icwpe/1660420/
3« Proclamé
en 2000 par l’ONU comme Journée internationale des migrantEs, le
18 décembre est
les"grands ensembles" était une formule de Marx |
4Pacte
de la Moncloa, 1977. On ne doit pas se moquer seulement des ignares
en politique, mais aussi de l'élite intellectuelle française qui
vient de récompenser deux écrivains du dimanche (connaisseurs
superficiels du fascisme en général) – les deux principaux prix
littéraires – qui ont consacré leur diarrhée à la période
nazie, en plein dans les clichés usés sur le nazisme, lequel,
diabolisé et simplifié, est seul horizon de la pensée du mal dans
les salons parisiens et les manifs de lycéens gauchistes. Coup de
chapeau à Filiu pour une fois, sur son blog il signale l'étrange
oubli des attentats à Barcelone, le chacun pour soi des policiers
nationalistes, oubli qui arrange bien les islamo-trotskiens :
http://filiu.blog.lemonde.fr/2017/11/05/terrorisme-et-democratie-a-barcelone/
5https://defensedumarxisme.wordpress.com/2017/11/06/espagne-lindependance-de-la-catalogne-est-larbre-qui-cache-la-foret-de-la-lutte-de-classe/
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