PYCHOLOGIE DE LA MISERE ET MISERE DE LA PSYCHOLOGIE
MISERE PSYCHOLOGIQUE
DANS LES RAPPORTS HUMAINS
Il est dispo ! Avec mon nouvel ouvrage : « Marx était-il dépressif ? » (304 pages), vous découvrirez l’actualité de la notion d’aliénation creusée du point de vue marxiste comme vous ne l’avez jamais appréhendée. Loin d’être une histoire nombriliste, la question de la dépression renvoie aux causes sociales. Elle est donc très précisément une question matérialiste.
Au lieu de parler de dépression, de névroses, de maladies mentales pourquoi ne parle-t-on pas de misère psychologique, cette misère morale qui s'est répandue de manière phénoménale depuis la phase d'industrialisation du capitalisme à la fin du XIXe siècle. Dans les pays développés cette misère morale a longtemps supplanté la misère matérielle, alors que les deux ne font qu'une désormais, et de plus en plus, sur l'ensemble de la planète. La misère psychologique dans Germinal est présente dans les rapports humains, tout le monde exploite tout le monde. Maigrat oblige les femmes si elles veulent qu'il leurs fasse crédit à lui apporter leurs filles. Jeanlin exploite Lydie et Bébert en ne partageant jamais leurs butins de manière équitable. La misère est aussi présente dans les rapports amoureux. Ainsi, le mariage est une chose importante uniquement sur plan financier. Le mariage de Zacharie et Philomène représente une perte de gain pour la famille Maheu et un gain d'argent pour la famille de Philomène. La sexualité est violente et vue comme une chose dénuée de romantisme ou de douceur. Ainsi Catherine se fait prendre de force par Chaval et alors que ce n'est pas celui qu'elle aime, elle restera avec lui car il a été son premier amant. Les filles débutent leur sexualité assez jeunes et se retrouvent enceintes très tôt. Dans le couple Maheude-Maheu, l'acte sexuel est considéré comme le dessert. Zola dépeint la sexualité des mineurs du XIXème siècle comme bestiale, il n’avait pas eu la chance d’être sorti de son ignorance par Freud. La misère psychologique dans le roman Germinal est présente dans les conditions de vie, les conditions de travail et les rapports entre les humains. On s'aperçoit dans le roman, que la génération de Catherine va connaître la même misère que ses parents si quelques choses ne change pas car destin se répète. Seule la grève pouvait tout changer, mais même si elle a échoué, Zola montre par l'espoir de la dernière page de l'oeuvre que rien n'est perdu, mais il reste très limité comme observateur matérialiste vulgaire de son temps, et pas du tout révolutionnaire.
J’utilise la notion de psychologie religieuse, sociale et même… marxiste. Je ne suis pas l’initiateur de cette notion (de psychologie religieuse), Renan, en son temps (et avec tout l’impact que son œuvre eût fort justement) l’avait déjà utilisée, mais o n l’a oublié, comme on oublie souvent les meilleurs apports théoriques….
L’animadversion, cette guerre absurde de tous contre tous, a été appréhendée par les plus grands politiques, sans qu’ils ne se penchent dans leurs écrits sur ce phénomène. Le jeune Lénine, si altruiste au fond, disait cette envie qu’il avait de caresser les têtes des gens, mais il ajoutait aussitôt qu’il retirait sa main de peur qu’elle soit mordue.
Rosa Luxemburg, si au fait des agressions personnelles publiques (et honteuses) parla de « psychologie de l’histoire » dans son brouillon de soutien à la révolution russe et aux bolcheviques : « Et quiconque veut transporter dans la tactique révolutionnaire ces petites habiletés de la lutte parlementaire, montre uniquement qu'il ignore non seulement la psychologie, la loi profonde de la révolution, mais encore tous les enseignements de l'histoire ». Etonnant, n’est-ce pas ?
Bordiga, dans une lettre du 24 novembre 1957 « A tous les nègres, ou presque » (c'est-à-dire à tous ses amis, dont Laugier qui l’aidaient dans ses recherches), constate des dérives personnelles très dommageables selon lui chez Vercesi (Ottorino Perrone) :
« Tous m’ont écrit leur chagrin, pour Ottorino, imaginant bien quel grave coup j’avais dû encaisser là. Je les en remercie, et je précise, au sujet d’Ottorino, que je suis surtout furieux contre lui. La lutte acharnée que pendant douze ans j’ai menée n’a pas réussi à sauver de la dissolution mentale et physique ni de la mort prématurée (il avait dix ans de moins que moi) celui qui était le meilleur travailleur, force précieuse pour le mouvement, et ceci parce qu’il n’a pas su renoncer aux maudites cigarettes et au vin, qui l’ont tué.
Le cas appelle plus encore de la colère que du regret, parce que le regret avait déjà commencé il y a de nombreuses années. Inutile d’invectiver désormais ? Non, parce qu’il y en a d’autres, qui sont vivants et qui se comportent de la même façon indigne d’un marxiste, comme je l’ai déjà dit à Piombino. Aucun de nous ne peut revendiquer le droit de propriété sur sa propre carcasse qu’elle soit ou non valide, car celle-ci appartient à l’homme social.
Ottorino servira encore la cause en restant comme un exemple d’une sensualité individuelle épouvantable chez un militant aussi passionné et de cette impuissance qui consiste à ne pas savoir contenir ses instincts de types bestial et même sous-bestial, puisque les bêtes ignorent alcool et tabac aussi bien qu’excès sexuels ».
L’homme sous le capitalisme a besoin d’expédients, et ces expédients l’aident à mieux avancer dans sa recherche des explications. Bordiga ne fût pas ennemi de la « dive bouteille » ! Et Vercesi n’écrivit-il pas certains de ses meilleurs articles un peu « bourré », comme Marx après plusieurs verres de Porto. Freud aurait pu reconnaître que la prise de cocaïne l’avait aidé à progresser dans sa recherche, en éliminant tout ce qui freine la pensée aliénée du monde dans lequel on vit.
Je ne traite pas de l’effet de ces « adjuvants » sur nos meilleurs penseurs prolétariens mais je livre une réflexion sur les possibles pour dépasser les radotages sur la « nature humaine », les complexes classifiés et l’interprétation de la folie dépressive en général.
Pour ceux qui sont intéressés, qu’ils écrivent à mon adresse physique avec un chèque de 13 euros (libellé à mon vrai nom), et je leur retournerai ce superbe ouvrage orné du cri de Munch (*).
JLR
(*) Munch a peint tout simplement un moment d'angoisse extrême, un "état limite", il n'a pas "annoncé" la décadence et les guerres du XXE siècle comme le lui ont attribué les esthètes. Voici comment il raconte ce moment terrible qui lui a inspiré ce tableau de cri de folie (imaginaire): "Je suivis la route avec deux amis - le soleil se coucha, le ciel devint rouge sang - je ressentis comme un souffle de mélancolie. Je m'arrêtai, je m'appuyai à la balustrade, mortellement fatigué; au-dessus de la ville et du fjord d'un bleu noirâtre planaient des nuages comme du sang et des langues de feu: mes amis continuèrent leur chemin - je demeurai surplace tremblant d'angoisse. Il me semblait entendre le cri immense, infini, de la nature". (1895). On a dit aussi que Munch avait été impressionné par la tête débandée de momie égyptienne exposée au Musée de l'homme. J'ai vu récemment au Trocadéro, dans un musée atrocement mutilée et réduit à l'état de brocante délaissée par des déménageurs indélicats, la tête en question. Bof... pas besoin d'avoir vu une tête de momie pour se figurer l'angoisse au plus fort de la crise où l'on a envie de hurler en se bouchant les oreilles.
Une question, en passant : d'où est-elle tirée, cette lettre de Bordiga ?
RépondreSupprimerA bientôt.
Un lecteur.
Salut Jean-Louis !
RépondreSupprimerElle est tirée d'où, alors, cette lettre ? Des papiers de Laugier ?
A bientôt.
Merci pour cette précision.
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