"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 15 janvier 2011

LE SANG DES CADAVRES N’EST PAS ENCORE SECHE EN TUNISIE QUE LES MEDIAS APPELLENT PARTOUT A « LA RECONCILIATION NATIONALE »


D’Obama à Sarkozy, d’Aubry à Besancenot, de l’opposant tunisien insignifiant à une cyberbêbête des réseaux, tous prônent la « réconciliation nationale » alors que le sang des victimes de la police et de l’armée tunisienne coule encore, que certains meurent en silence dans les geôles des successeurs du fuyard Ben Ali, que les prisons sont encore pleines, que les tueurs et tortionnaires policiers ont encore toute latitude de tabasser, torturer ou égorger.
Tous les charlatans qui font mine de nous faire croire que l’Etat dictatorial soutenu par la bourgeoisie française et américaine se serait évaporé, nous assurent qu’il s’agit d’une « révolution tunisienne ». La révolution en voit de toutes les couleurs à notre époque : révolution des mœurs, révolution des oeillets, révolution orange, jasmin, de velours ; il paraît que même des barbus islaminguants ont crié eux aussi « révolution » dans les rues d’Alger et de Tunis. Dieu aurait-il disparu même chez les plus arriérés ? Un écrivain tunisien Taoufik Ben Brick utilise toutes les ressources de sa guimauve littéraire pour nous peindre « la révolution des enfants de la balle » alors que des jeunes et des prolétaires tombent encore sous les rafales de balles des policiers sadiques.
Quoiqu’il en soit, toute la presse occidentale se félicite de l’absence de prétention des barbus en pyjama à concourir pour l’heure à l’alternative au pouvoir caméléon en Tunisie. Le « soulèvement » de la population tunisienne serait à ranger dans un sain « pacifisme démocratique ». La perversité des dirigeants capitalistes surfe sur la joie du peuple tunisien (que nous pouvons partager un bref instant face à la fuite du tortionnaire en chef), en oubliant que la veille ils se taisaient tous devant les massacres de leurs obligés commerciaux des anciennes colonies et que la ministre de l’Intérieur française dite MAM avait proposé d’aider avec la répression sophistiquée des CRS français. Réunis dans l’affolement, le chef de l’Etat bourgeois français et son aide de camp Fillon ont cru bon de prodiguer ce soir des leçons de tolérance et de démocratie financière aux vieux fantoches de l’intérim tunisien.
Pour un portrait sympathique du Che Guevara entraperçu, les diverses « chaînes » de télévision du monde arabe et occidental font passer en boucle surtout les images de jeunes gens beaux et propres sur eux – pas les jeteurs de pierre – se pavanant sur les « réseaux » enveloppés du drapeau tunisien. Le spectacle aurait été incomplet si l’on ne nous avait pas présenté des images de soit disantes « fraternisations » où un CRS tunisien est surpris en train de pleurer et des manifestants en train de serrer la main aux mercenaires en uniforme robocop.
Toujours aussi ignobles, les aristocrates syndicaux français réunis en conclave pingre à la bourse du travail de Paris hier avec leurs alliés gauchistes de base, se sont précipités pour louanger leur homologue tunisien unique UGTT, vieil ami de Ben Ali, et appeler à la rescousse « démocratique » tout ce que l’Europe contient de putains parlementaires. Mieux, ces valets du pouvoir bourgeois n’ont pas trouvé mieux que de donner en EXEMPLE l’oligarchie corrompue des régimes luxueux pour une minorité d’Europe avec des fadaises qui agonisent au seuil du pole emploi et dans les cahots de la république cette putain à milliardaires:
« Les organisations syndicales françaises se déclarent également solidaires des revendications des syndicalistes et du peuple tunisien qui aspirent à un régime démocratique, au respect des libertés publiques, de la presse et des médias, à l’indépendance de la justice et au respect des droits syndicaux, de manifester et de grève. Autant de droits bafoués par un régime à bout de souffle qui d’année en année a renforcé sa répression et son autoritarisme ».
Comme le bla-bla sur déterminations des « organisations des salariés » à empêcher le gouvernement Sarkozy de perpétrer son mauvais coup sur les retraites, les aristos et leurs amis gauchistes réacs ont attendu 4 jours et des dizaines de morts avant de pondre ce communiqué misérable, chic et pas cher, à distance respectueuse, appelant la bourgeoisie européenne à pleurer avec les familles des prolétaires assassinés sans aucun appel à des manifs en France de solidarité avec les prolétaires tunisiens, comme tout le mouvement ouvrier héroïque et digne en organisait jadis pour protester contre toute ignominie étatique dans un coin du globe.
On se trouve encore dans une période de flou et d'incertitude. Cela a beaucoup marqué les jeunes tunisiens qu'on ait pu tirer sur des gens à balles réelles. Dans la tête et le cœur de la population, Ben Ali, c'était fini avant sa lâche débandade. Le régime Ben Ali n'est pourtant pas fini en tant que système. Les dites « élites tunisiennes » - la petite bourgeoisie diplômée - piaffent d’impatience à bousculer la hiérarchie étatique, c’est pourquoi les médias et les « réseaux » internet leur donnent inconsidérément la parole. Au nom du dépassement d’un « système nourri par une logique sécuritaire et une logique de corruption », la bourgeoisie occidentale chante les vertus « d’un processus de démocratisation », « donnant des garanties pour une réelle solution démocratique » alors que le sacrifice des insurgés de la misère porte en premier lieu contre la faim et le chômage ! En résumé la bourgeoisie internationale et ses relais électroniques inventent un présumé effondrement du « régime Ben Ali », feignant d’oublier les incertitudes révélées par la situation en Côte d’Ivoire.
ISOLER LA REVOLTE PROLETARIENNE EN TUNISIE
Naturellement les émeutes en Algérie sont passées au second plan, et gageons que la sainte alliance capitaliste a ordonné au gouvernement militaire d’Alger de lâcher du lest face au danger d’exemplarité d’une révolte contagieuse pour le monde entier. Excepté le Maroc bigot, royaliste et arriéré sous la domination d’ un roi terroriste qui a pour ami Sarkozy et le comique troupier Djamel, tous les pays arabes sont concernés par l’insurrection des peuples contre la misère. Le week-end dernier, sur les hauteurs riches d’Alger, tous les bourgeois n’ont pu aller bâfrer puisque tous les restaurants avaient été détruits comme ont été ravagés les quartiers huppés de Tunis :
« En milieu d'après-midi, à Gammarth, banlieue résidentielle chic du nord de Tunis, plusieurs centaines d'émeutiers s'en sont pris aux domiciles de la famille Trabelsi, du nom de Leïla Trabelsi, le femme du chef de l'Etat tunisien. Armés d'une liste de noms, ces émeutiers, âgés de 16 à 17 ans, ont fait le tour des résidences de cette banlieue proche du palais de Carthage, et attaqué systématiquement les maisons qui appartiennent à la famille Trabelsi, délaissant les autres, y compris de plus luxueuses. "C'est une mise à sac organisée. Les insurgés font sortir les habitants des maisons, sortent la Mercedes du garage, pillent, saccagent, puis mettent le feu, témoigne un journaliste tunisien qui préfère garder l'anonymat. Deux paniers à salade emplis de policiers sont passés, sans intervenir. Je n'ai jamais vu de telles scènes," a confié au Monde.fr un journaliste tunisien, sous couvert d'anonymat. A chaque fois, il s'agissait de propriétés de neveux de la présidente Leïla Trabelsi, haïe en Tunisie, car son nom symbolise l'accaparement des richesses du pays et la corruption. A 16 h 15, après avoir saccagé une quatrième maison, les jeunes émeutiers s'en sont allés. Un ex-ministre, le général Bouazizi, a fait les frais de cette vindicte : sa maison a été saccagée et pillée par erreur, les émeutiers croyant qu'il s'agissait d'une demeure des Trabelsi. Selon ce journaliste tunisien témoin de la scène, les biens emportés par ces jeunes n'avaient pas de valeur. "Ils emportaient des bouteilles de gaz, des téléviseurs, des magnétoscopes... A croire que les Trabelsi avaient été prévenus de ce qui allait leur arriver et qu'ils avaient mis à l'abri leurs affaires les plus précieuses", dit-il. Les rumeurs faisant état du départ de la famille Trabelsi pour Dubaï notamment se font de plus en plus insistantes à Tunis et plus encore sur Internet. On sait seulement que deux avions Falcone blancs ont quitté l'aéroport de Tunis-Carthage en tout début d'après-midi ».
Après l’attaque des commissariats de police, et probablement de la mise à sac du siège du syndicat d’Etat UGTT, ces randonnées jouissives de très jeunes gens contre la minorité des profiteurs est un excellent exemple pour la jeunesse flouée du monde entier qui remise au musée des fabriques idéologiques occidentales nos anciennes émeutes de banlieue de cailleras nihilistes opposés aux chics étudiants assembléistes anti-CPE. La décadence perverse du capitalisme unifie la jeunesse révoltée aux côtés de la classe ouvrière dans une union irréversible pour la destruction de la richesse éhontée de la minorité bourgeoise.
Les images de la répression policière inouïe de la révolte « unie » de la population font plus pour la perspective de renversement de la gabegie et ignominie capitalistes que tous nos meilleurs discours maximalistes peu écoutés. Si la révolution n’est pas encore à l’ordre du jour parce que la Tunisie est un petit pays, bordé par un cordon sanitaire médiatique intense – ce ne serait qu’un « problème tunisien » soluble dans une « union nationale » des opposants bourgeois et de leurs tortionnaires – le soulèvement des prolétaires tunisiens, après des grèves tues par les médias, en a tous les prémices ou les signes avant-coureurs à plus ou moins longue échéance. Ni émeutes de « voyous », contrairement à la jactance débile des nombreux blogueurs flics et franchouillards, ni simple exaspération de « sous-développés », le soulèvement, autrement plus grave et sérieux qu’un gentil mai 68, vient montrer au monde l’EXEMPLE de la violence de classe. Violence ni sadique ni aveugle, contrairement aux mensonges des thuriféraires de l’ordre dominant qui agitent sans cesse l’ignominie stalinienne ou khmer rouge au nez des prolétaires, cette violence est une réaction de défense et d’affirmation d’une contre société humaine qui n’a pas craint de perdre son sang pour affirmer son droit à la parole, à vivre, à manger et au respect. Violence qui, simple bousculade des mercenaires armés et destruction des symboles de richesse, vient exiger d’occuper l’espace public pour non seulement crier sa révolte mais exiger un autre monde.
Plus enthousiasmant, le soulèvement détruit tous les faux débats sur les races, les nationalités, l’immigration et le voile islamiste. Avec ou sans voile, nous avons observé avec bonheur ces femmes tunisiennes qui défilaient et criaient avec les hommes contre l’ignominie du régime capitaliste. Nous partageons les moments de bonheur de cette foule qui soudain prend conscience de sa force et de sa légitimité historique face au monde entier. Nous partageons aussi sa détresse face aux morts. Nous ne voulons pas que sa générosité et sa vaillance soit bradée à nouveau par les mensonges démocratiques bourgeois. La crise systémique frappe partout les prolétaires et, partout, ils devront se battre avec les mêmes moyens et un même but : le soulèvement généralisé contre le capitalisme ! Le véritable programme communiste est contenu dans ce mouvement de fond. Il se concrétisera politiquement par la formation du parti mondial de la révolution.
L’année 2011 commence sous de bons auspices pour le prolétariat universel !
POST SCRIPTUM : de même que les grands impérialisme américain et chinois font supporter la crise aux pays les plus faibles, notre bourgeoisie n’est pas en reste et est d’une certaine façon responsable des émeutes dans les pays du Maghreb. Elle est responsable non seulement du chômage en France mais aussi sur l’autre rive de la Méditerranée, voilà pourquoi elle s’est tue aussi longtemps craintivement. Le propos ici n’est pas de défendre la théorie gauchiste angélique de l’ouverture des frontières aux chômeurs du Maghreb (ni l’installation de petits commerçants algériens), car le chômage est déjà endémique dans les pays développés, mais le Maghreb était considéré jusque là comme simple « armée de réserve prolétaire» des pays capitalistes européens et la fermeture des frontières maintenue (et aggravée par démagogie électorale du gouvernement Sarkozy) n’a fait que précipiter l’étouffement des pays lésés par la colonisation. La solution n’est toujours pas l’ouverture inconsidérée des frontières (le capitalisme ne pouvant plus développer à l’infini le travail) ni un « maintien au pays » des forces vives dans le désert industriel des anciennes colonies, guettées par l’épuisement des richesses pétrolières et gazières, mais dans le renversement des Etats du monde entier pour rebâtir une société vivable pour tous sans déplacements des populations ou chantage à la faim.
Le texte qui suit, instructif, je l’ai repiqué sur TSA (tout sur l’Algérie) ; on lira par après une série de témoignages intéressants du Monde sur l’Algérie.
« Après plusieurs mois de brouille, Alger et Paris ont décidé l’été dernier de réchauffer leurs relations bilatérales. Deux visites à Alger de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, ont suffit pour mettre fin à plus de deux ans de relations tendues. Mais tout comme les raisons de la brouille, les éléments qui ont poussé à la réconciliation restent méconnus. On sait seulement que les Français souhaitent voir aboutir deux sujets prioritaires en Algérie : l’accès de leurs entreprises aux contrats publics et la révision des accords de 1968 sur l’immigration, actuellement favorables aux Algériens vivant en France. Sur le premier point, les résultats sont déjà perceptibles. Le groupe parapétrolier Technip, qui fut pendant plusieurs années interdit de contrats en Algérie après un conflit avec l’Etat algérien qui s’était terminé devant un tribunal d’arbitrage international, a obtenu un contrat de 908 millions de dollars avec Sonatrach. La visite, fin novembre, de Jean-Pierre Raffarin, désigné par l’Elysée pour gérer le dossier économique avec l’Algérie, a également permis de débloquer plusieurs dossiers liés aux investissements français. Une autre visite de M. Raffarin pourrait intervenir en mai prochain pour faire aboutir d’autres dossiers.
En face, les Algériens semblent se comporter comme si la période de froid entre Alger et Paris n’avait eu de conséquences que sur les intérêts des Français en Algérie. Or, ces tensions ont été mises à profit par Paris pour durcir ses lois à l’égard des Algériens en matière d’immigration et de délivrance de visas. Ainsi au moment où les groupes français revendiquent davantage de contrats en Algérie, les commerçants algériens souhaitant se rendre en France devront signer une déclaration sur l’honneur dans laquelle ils s’engageront à ne pas demander de titre de séjour en France ni à y bénéficier de prestations sociales ou médicales. Au moment où on exige davantage de liberté pour les investisseurs français en Algérie, on empêche les commerçants algériens –qui sont aussi des investisseurs– de se rendre librement en France. L’autre catégorie concernée par les restrictions en matière de visas : les journalistes. Ces derniers devront désormais fournir une invitation pour pouvoir obtenir un visa. Or, parfois, les journalistes sont amenés à se rendre en France pour un motif professionnel, comme la réalisation d’un reportage. Comment obtenir une invitation dans ce cas ? En matière d’immigration, les préfectures françaises ont été instruites pour durcir les conditions de renouvellement ou d’attribution de titres de séjour des Algériens. De nombreux témoignages évoquent de nouvelles complications pour le renouvellement des cartes de résidence. L’objectif de Paris, via ces restrictions, est de forcer Alger à accepter la renégociation des accords de 1968 sur l’immigration. Or, les propositions formulées par les Français vont dans le sens d’un durcissement des conditions de séjour des Algériens en France.
Si Paris a pris en charge les problèmes et les dossiers économiques français en Algérie, le gouvernement algérien n’a pris aucune initiative pour tenter de régler les problèmes des Algériens en France. La désignation de Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie, comme interlocuteur de M. Raffarin a réduit le contentieux algéro-français aux seuls problèmes économiques de la France en Algérie.
Depuis quelques mois, Paris tente de convaincre Alger de réviser les accords migratoires entre les deux pays. Ces derniers, qui datent de décembre 1968, offrent aux Algériens vivant en France un statut particulier, avec de nombreux privilèges par rapport aux autres ressortissants étrangers non issus de la communauté européenne. Mais depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, la France souhaite les modifier, avec comme objectif d’aligner l’Algérie sur le régime commun à tous les étrangers vivant sur le territoire français. Les deux pays viennent d’engager une nouvelle étape des négociations sur le projet. TSA s’est procuré en exclusivité une copie des propositions françaises contenues dans l’avant projet transmis récemment à l’Algérie. Les Algériens devraient apporter leurs remarques au document français dans les prochaines semaines. Dans le document, Paris propose une révision globale des accords bilatéraux sur l’immigration. Les changements touchent à presque tous les aspects, y compris le préambule. Ce dernier ne contient plus aucune référence aux Accords d’Evian qui constituaient la référence entre les deux pays. Le gouvernement français affiche ainsi sa volonté d’inscrire les nouveaux accords migratoires en dehors du passé historique entre la France et l’Algérie. Du regroupement familial à l’installation d’investisseurs algériens en France en passant par les conditions de régularisation des ressortissants algériens résidant depuis plus de 10 ans sur le sol français ou encore le mariage d’Algériens avec des ressortissants français, Paris veut tout modifier dans le sens d’un durcissement. Le projet contient également des articles susceptibles d’être interprétés de différentes manières par les préfets. Les mesures les plus dures ont été introduites dans les conditions de régularisation des ressortissants algériens et le renouvellement des titres de séjours obtenus après un mariage avec un ressortissant français. Sur le premier point, Paris propose de supprimer une spécifié algérienne : l’obtention d’une carte de résidence d’un an renouvelable sur une simple justification d’une présence sur le sol français depuis plus de 10 ans (15 ans pour les étudiants), même en situation irrégulière. Paris veut porter aussi de 10 à 13 ans, l’âge à partir duquel l’enfant doit justifier avoir résidé en France avec au moins l’un de ses parents pour obtenir une régularisation. Sur le second point, Paris veut introduire plusieurs modifications à l’accord actuel. Dans le cadre d’un mariage, le ressortissant algérien devra entrer en France avec un visa long séjour au lieu d’un simple visa actuellement. Une fois marié, le ressortissant algérien devra justifier d’une « vie commune effective » avec son conjoint français à chaque demande de renouvellement de son titre de séjour. Actuellement, cette exigence s’applique seulement au premier renouvellement. La proposition française, si elle est acceptée par l’Algérie, réduirait la possibilité pour un ressortissant algérien de se séparer de son conjoint français. La proposition française accepte en effet une dérogation en cas de décès du conjoint ou des violences conjugales. Dans ses propositions, Paris veut conditionner le regroupement familial à la justification de « ressources stables et suffisantes ». Une disposition ambigüe qui donne aux préfets une liberté d’interprétation presque totale et ne fournit aucune garantie au ressortissant algérien étant donné qu’il sera difficile de s’entendre sur la définition d’une ressource « stable » et « suffisante ». Sur cette question, les Français proposent d’aligner les Algériens sur le régime commun aux autres communautés. Le document français s’attaque également à autre dossier sensible : l’installation d’entrepreneurs algériens en France. « Le ressortissant algérien établi en France et désireux d’exercer une activité commerciale doit justifier de la viabilité de son projet ». Là encore, le texte pénalise fortement les Algériens concernés : sur quelle base un préfet peut-il décider de la viabilité ou non d’un projet ?

Enfin le projet français propose de réserver un meilleur accueil pour les compétences algériennes, avec l’introduction de la carte «compétences et talents» valable trois ans. « Les ressortissants algériens porteurs d’un projet susceptible de participer, de façon significative et durable, au développement économique, au développement de l’aménagement du territoire ou au rayonnement, notamment intellectuel, scientifique, culturel, humanitaire ou sportif, de la France et directement ou indirectement de l’Algérie, et qui justifient de leur aptitude à le réaliser, reçoivent un certificat de résidence portant la mention « compétences et talents », valable trois ans, renouvelable une fois », précise le document. La France propose aussi de faciliter le maintien sur son sol d’étudiants algériens ayant achevé leur cursus universitaire avec succès. Enfin, le projet propose de supprimer l’autorisation préalable pour les étudiants algériens désirant travailler durant leur scolarité. C’est le seul point positif des propositions françaises
SITUATION CALMEE EN ALGERIE ?
• "J'habite Alger la sombre, j'ai 25 ans et la seule chose dont je rêve c'est bien d'assister à une renaissance de mon pays", par Ange
Comme tout le monde le sait, ces nouvelles manifestations sont dues aux problèmes sociaux que vivent les Algériens. Aucune organisation, parti politique, syndicat ou autre n'a appelé à une manifestation. Ce sont des jeunes, encore une fois, qui en ont marre de leur situation ; ils ne voient aucun avenir dans leur propre pays, l'un des plus riches au monde. J'habite Alger la sombre, j'ai 25 ans et la seule chose dont je rêve c'est bien d'assister à une renaissance de mon pays, une deuxième indépendance et une deuxième République. Mais en l'absence de vraies forces d'opposition, les extrémistes trouvent encore une fois le champ libre et appellent à une nouvelle "fitna" [guerre civile]. Jeudi vers 22 heures à Bab el-Oued, l'ex-chef du FIS [Front islamique du salut] appelait à la révolution, avec autour de lui des jeunes qui criaient "Allah akbar". (cf Témoignage au Monde le 10 janvier)
• Abdelkrim K.
(...) Je peux comprendre cette réaction de jeunes comme moi, même si je ne cautionne pas leur méthode. Je suis diplômé et après de longue années d'études je travaille pour un salaire de misère. Et on me demande de plus de passer le service national obligatoire ! Quel service ? Pour quelle nation ? Celle des fils-à-papas-généraux et autres voleurs ? A 27 ans je ne vois en l'avenir qu'une image noire où aucune lumière n'existe. (...) De l'autre coté, il existe une couche sociale qui vit dans une démesure totale, digne des pétrodollars des pays du Golfe ! Il y'a trop d'injustice dans un pays suffisamment riche pour offrir à chacun le droit de vivre dans la dignité. C'est notre seul requête. On ne veut pas être riche, on veut vivre dignement et librement dans ce beau pays.
• "Ce ne sont pas les prix de l'huile ou du sucre qui sont à l'origine de ces émeutes", par Med F.
Ce ne sont pas les prix de l'huile ou du sucre qui sont à l'origine de ces émeutes, mais bien la frustration de ces jeunes de ne pas pouvoir travailler, de ne pas trouver de loisirs pour se défouler... Car l'Etat ne se soucie pas de sa population mais bien de ses propres intérêts. Pour un pays si riche, c'est très frustrant. Quant aux émeutes, les jeunes ne savent pas ce qu'ils font ni quoi faire, simplement, ça les défoule, ça les change de leur quotidien... L'Etat devrait prendre ce problème au sérieux, sans quoi il comptera ses jours.
• L'instauration d'une vraie démocratie plurielle est plus que jamais une nécessité absolue", par Amar B.
Prière, arrêtez de croire que les Algériens ne se sont révoltés qu'à cause de l'augmentation des prix ! L'Algérie était sur un volcan depuis le début des années 2000 et la fin du terrorisme islamiste à grande échelle. Une caste d'apparatchiks qui se sont enrichis pendant que le peuple algérien faisait face au terrorisme a commencé à étaler son aisance matérielle au grand jour, devant des jeunes désœuvrés, sans travail et à l'avenir incertain. Toutes les frustrations cumulées ont fait qu'aujourd'hui, et grâce aux nouvelles technologies d'informations, les Algériens savent qu'ils ont été bernés par le régime, l'état d'urgence n'a plus lieu d'être et l'instauration d'une vraie démocratie plurielle est plus que jamais une nécessité absolue.
L'augmentation des prix subie dernièrement n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. Elle a fait suite à la nouvelle loi de finances, qui prévoit de formaliser les échanges commerciaux et l'instauration des factures (il faut savoir qu'auparavant toute les transactions se faisaient de manière informelle. En Algérie, pour acheter une voiture, tu prends l'équivalent de 12 000 euros dans un sachet et tu vas chez le concessionnaire...). Donc les grossistes n'ont fait que répercuter la décision du gouvernement, qui se trouve actuellement obligé de faire marche arrière et de (re)légaliser de ce fait l'informel.
• "Il y a plusieurs Algéries", par y.k
Je suis à Alger depuis deux ans pour développer ma société. Ce que je constate, c'est qu'il n'y a pas une Algérie mais plusieurs Algéries. Celle des nantis et des intouchables : privilèges, passe-droits, corruption... Au vu et au su de tout le monde. Celle d'une classe moyenne : auto, boulot, logement, crédit, indifférents à ceux d'en haut et à ceux d'en bas. Celle des sous-prolos : difficile pour eux de joindre les deux bouts, quotidien morose avec comme seule évasion possible la parabole [de télévision]. Celle d'une jeunesse qui n'aspire plus à un avenir digne. Celle des laissés-pour-compte : soins précaires, enseignement quasi inexistant, logement exigu, aucun transport...
Alger le jour : tout ce monde se côtoie, les uns acteurs arrogants, les autres spectateurs impuissants. Alger la nuit : voitures rutilantes sur les routes, restaurants et hôtels de luxe pour les uns, prostitution affichée... Les autres restent chez eux, tandis que les jeunes au chômage regardent avec mépris ou taxent eux-mêmes les stationnements. Alors le riche paie en baissant la tête par peur pour sa voiture ou pour s'excuser de sa situation. Puis il y a le reste de l'Algérie : villes moyennes sans urbanisme, emplois précaires, les mêmes clivages, les disparités, le temps qui s'est figé. Alger ? Aucune chance pour eux de monter à la capitale si ce n'est pour la journée, car c'est inabordable pour eux.
Alors de la contestation, c'est sûr, il y en a ! Mais de façon désordonnée : pas de leader, pas de programme, seulement de la haine.
• "La suite logique d'une série d'événements", par Yanis L.
Les émeutes actuelles en Algérie ne sont que la suite logique d'une série d'événements étalés sur plusieurs mois. De nombreuses émeutes ont déjà eu lieu dans différents quartiers d'Alger à propos de la distribution des logements sociaux ou des mécontents (bénéficiaires déçus de la qualité des logements ou de leur localisation, exclus des listes, etc;). On a aussi assisté a une importante augmentation de la violence urbaine à caractère criminel, où des bandes de jeunes organisés en meutes faisaient des descentes dans les rues de la ville pour casser les magasins, et ce devant le laxisme de la police, bridée par les politiciens par crainte d'une explosion sociale.La prise en main de la rue par le pouvoir ainsi que les récentes opérations mains propres, la tentative d'assainissement des réseaux de distribution et la bancarisation des transactions commerciales auront fait réagir les réseaux mafieux, souvent apparentés à des cercles proches du pouvoir, qui ont, à coups d'infiltration, réussi à utiliser des jeunes mécontents de la situation socio-économique (le chômage a beaucoup baissé, mais au prix d'une précarisation de la situation des nouveaux employés, embauchés à coups de CDD, souvent de six mois). La hausse vertigineuse des prix n'est pas rattrapée même par les récentes et importantes hausses des salaires des fonctionnaires.
DEUXIEME POST SCIPTUM :
Le milieu maximaliste marxiste reste aussi silencieux et atone que d’habitude. Le CCI ne prend position qu’après l’extinction des feux comme d’habitude de la part d’une secte étriquée et fossilisée. Saluons par contre le tract du PCI : « SOLIDARITE AVEC LA REVOLTE DES JEUNES ET DES PROLETAIRES D’ALGERIE ». Même s’ils ont oublié au passage des jeunes et les prolétaires de Tunisie.

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