Sauvés par le marxisme-léninisme! |
Par Alain Peyrefitte
Triste
période ! mais on a bien le droit à notre quart d'heure de
rire. L'enquête intéressante du brillant ministre de De Gaulle date
du tout début des années 1970 où les maoïstes européens, fils de
familles aisées, pour certains futurs médecins ou avocats, les deux
races qui peuplent le Parlement, croyaient dur comme fer aux litanies
du dictateur chinois, qui faisaient pourtant s'esclaffer Billancourt
et notre groupe de lycéens apprentis en marxisme dénoyauté de
stalinisme.
La
pensée-Emmanuel-Macron parviendra-t-elle à guérir de ses
éternuements politiques, à survivre aux montagnes russes qu'aura
vécu sa régence troublée et erratique, aux conseils stupides de ses mandarins bornés ? On peut en douter.
Plongés dans le traquenard du connardvirus, ses sous-fifres
n'abusent plus la population avec leurs mensonges répétés et la
perpétuelle incurie des masques et du reste. La santé ou le
profit ? Tous les Etats infectés par le libéralisme
capitaliste mènent une pénible course d'obstacles sous le panneau
« déconfinement ». Le premier arrivé pourra relancer
son économie, dérouiller son industrie et battre les autres à
plate couture. Mais le virus résiste autant aux espoirs bourgeois de
sauver le capitalisme qu'aux mensonges d'Etat et à ses prétentions
à fliquer toute la population.
Du
côté des méprisés et enfermés par l'élite et ses flics, le
confinement est comme la bulle financière, prêt à exploser et pas
comme mécontentement d'une vague population mais d'une guerre de
classes. Le régime louisphilippard de Macron est en danger, alors il
est est prêt à lâcher de gros morceaux, telle la réforme des
retraites (qui était déjà suspendue en l'air dans les faits), ce
qui donne déjà du poil de la bête au barnum CGT qui s'en servira
avec Mélenchon et Cie, et Montebourg en Lazare chauvin ressuscité,
pour calmer en manifs masquées de possibles débordements ou faire
rentrer dans le rang pour « reconstruire le pays », en
nationalisant comme il faut ou en s'alliant avec le gouvernement à
condition que soient rapatriées certaines industries cédées à la
Chine pour un plat de lentilles.
Hélas
il est trop tard pour leurs solutions de rapatriement national d'une
industrie bradée et pour changer d'un iota la doctrine de la
mondialisation ubuesque et inhumaine. Mais Macron n'est pas encore
Kerenski, attendons de voir s'il sera Churchill en 40 ou De Gaulle en
69.
Les
efforts du gouvernement de « Défense nationale »
supposent en revanche de durs sacrifices : travailler plus et
qui plus est en se passant de vacances. Et si la menace de priver de
vacances une population excédée du sacrifice carcéral équivalait
à une déclaration de guerre « civile » ?
Et
pense-t-il l'occupant de l'Elysée que le peuple va lui demander sous
peu des comptes ? Sera-t-il capable de limoger ses généraux
incapables d'avoir armé le peuple face à l'ennemi pandémiesque ?1
Sauvés
grâce au marxisme-léninisme !2
« … Que pensait
ce médecin de l'insensibilisation par acupuncture.
- « C'est une grande victoire de la penséemaotse-tung », fit-il gravement.
L'acupuncture serait-elle
sortie de la pensée-mao, comme Athéna tout armée du cerveau de
Zeus ? Nous allions passer quatre heures côte à côte sur
cette banquette : pourrais-je faire éclairer par mon compagnon
cette bizarre assertion, que j'avais tant de mal à croire ?
« Vous allez saisir
tout de suite, m'assura-t-il.
- Je ne suis pas médecin.
- Justement. Un médecin est bardé de préjugés. Un non-médecin a l'esprit ouvert. J'ai eu beaucoup de mal à me débarrasser des idées toutes faites que m'avait apportées ma formation scientifique...
- Ces choses sont visibles aux enfants et sont cachées au sage, murmurai-je à part moi, de plus en plus interloqué.
- Le nouveau bond en avant de notre médecine n'aurait jamais été possible si la Révolution culturelle n'avait pas fait triompher dans tous les domaines la pensée-maotsetung en permanence3. Notre Grand Dirigeant nous a invités à triompher du révisonnisme médical.
- Comment le « révisionnisme » atteignait-il la médecine ?
- En médecine comme partout ailleurs, deux lignes se sont affrontées. La ligne Liu Shao-ch'i tendait à mettre au rancart les pratiques ancestrales. Elle se plaçait dans le sillage de la médecine occidentale. Elle refusait l'expérimentation selon la voie chinoise. Elle se bornait à traiter les malades selon une conception matérialiste scientiste. Elle limitait les interventions médicales aux citadins ; et encore, seulement à des privilégiés. Elle ne se souciait pas des masses. Elle s'inclinait devant la citadelle des patrons médicaux. (…)
Le
patrimoine de la médecine chinoise
(…) Le Yi-ching, le
« Livre des mutations », du X e siècle av. J.C., le
Chou-ching, le « Livre de l'hsitoire », du IX e siècle
av. J.C., et surtout le Nei-ching, traité qui date de 206 av. J.C.
Et qui a été constamment réédité jusqu'à nos jours, contiennent
des prescriptions très précises pour maîtriser par l'acupuncture
les migraines, les rages de dents, les douleurs de la gorge, des
reins, des articulations, des oreilles. Armés de la pensée du
président Mao, les cliniciens de formation occidentale se sont mis à
étudier la tradition chinoise.
« Quelle influence
avait exercée sur la médecine chinoise l'introduction de la
thérapeutique occidentale ?
- Ces deux médecines étaient restées rigoureusement séparées. La médecine occidentale demeurait inconnue de la quasi-totalité des paysans ; dans les villes, elle faisait reculer lentement la médecine chinoise. Aucun homme de l'art n'était capable d'associer les deux méthodes. Deux académies se tournaient le dos : celle des sciences médicales occidentales, celle de la médecine chinoise. Les pharmacies traditionnelles offraient des poudres, des herbes, des racines de ginseng, des aiguilles et figurines d'acupuncture. Les pharmacies modernes vendaient des antibiotiques, des sulfamides, des spécialités. Mi-guérisseurs, mi-herboristes, les praticiens traditionnels ne possédaient pas la moindre notion de sciences biologiques ; ceux qui étaient formés dans l'Université ou à l'étranger ignoraient tout de l'acupuncture et des herbes.
(…) La fusion entre les
deux médecines est maintenant chose faite, selon les idées
invincibles du président Mao : « que l'ancien serve
l'actuel, que l'étranger serve le national, qu'en développant ce
qui est résolu, on crée le nouveau ».
A l'annexe n°2 de
l'Institut de médecine de Wuhan
« Demain matin, à
l'hôpital de Wuhan, trois opérations chirurgicales auront lieu en
votre présence, me dit T'ang Hai-kuang. Vous assisterez à
l'ablation des polypes du nez, d'un kyste de l'ovaire et d'une tumeur
de l'encéphale ; toutes trois sans anesthésique, avec
seulement l'aide des aiguilles d'acupuncture.
(…) on procède à la
troisième opération. Il s'agit d'un homme de 47 ans, Ch'en P'eng.
Deux acupuncteurs vrillent, chacun avec deux aiguilles, l'un la
cheville gauche, l'autre la main et le bras droit. Même cérémonie,
même décor, avec deux suppléments : des radiographies du
crâne, que l'on va ouvrir, sont exposées ; le chirurgien Lei
Ling se concentre un long moment dans la lecture du Petit Livre Rouge
de Mao, comme s'il allait y trouver le secret de cette difficile
intervention.
On pose sur la tête de
M. Ch'en un champ opératoire de drap grisâtre, qui ne laisse
apparaître qu'une moitié du crâne rasée. Dans le cuir chevelu, le
scalpel découpe et soulève une calotte, sous laquelle l'os
apparaît. Le chirurgien perce dans le crâne, au vilebrequin, après
avoir donné chaque fois un coup de maillet, quelques trous en
couronne ; il glisse ensuite entre deux trous une scie souple en
forme de ruban, et répète la manœuvre jusqu'à ce que la calotte
crânienne se détache et pivote sur une charnière, comme un
couvercle de boïte.
Ch'en P'eng ne donne pas
le moindre signe d'anomalie de la sensibilité, mais s'entretient
posément avec le chirurgien Lei Ling. Dans le cerveau mis à nu, les
pinces fouillent, sectionnent, extirpent ; on éponge, on
gratte ; puis on brandit, pour notre édification, la tumeur
sanguinolente, grosse comme une noix.
« Il ne souffre
vraiment pas ? Demandé-je au médecin commentateur ?
- Pas du tout. Vous voyez qu'il mange de bon appétit, parle tranquillement, joue avec ses orteils.
(…) « Le médecin
qui guérit cinq fois sur dix n'est pas un médecin, la nature en
fait autant. Un bon médecin doit guérir sept ou huit fois sur dix.
Pour guérir dix fois sur dix, il faudrait être un génie. Nous ne
connaissons pas de génie ». (…) Dans l'insensibilisation
par l'acupuncture, le chirurgien peut se régler au fur et à mesure
sur les réactions du patient.
(…) Les conséquences
de cette découverte sont immenses pour l'armée. Un soldat reçoit-il
une balle dans le ventre ? Autrefois, il fallait le transporter
à l'hôpital, au risque de le voir mourir en route, et l'immobiliser
pour plusieurs semaines. Maintenant, un seul médecin militaire peut
l'opérer en rase campagne, aidé par deux soldats, qui
insensibilisent leur camarade avec deux aiguilles chacun. On prévient
toute hémorragie par l'application des herbes hémostatiques ;
on retire la balle et le blessé est de nouveau valide. - C'est tout
juste s'il ne court pas aussitôt reprendre sa place au combat »,
ajoute l'un de nous, comme pour se protéger par un peu de gouaille
contre son propre étonnement.
(…) L'apprentissage est
très facile. Le malade en ressort avec un « moral de
vainqueur ».
Soigner non la maladie
mais le malade
(…) Le nombre des
piqûres, leur emplacement, le mode d'excitation sont secondaires.
L'essentiel est de produire les quatre sensations avec une intensité
suffisante. Il faut que la relation du patient avec le médecin soit
bonne. Le président Mao nous enseigne : « les armes
sont un facteur important pour la guerre mais non le facteur
déterminant. Ce qui est déterminant, c'est le facteur humain, non
le facteur matériel ». (…) Le
malade sent qu'il est autre chose que le prisonnier d'un mécanisme.
Comme dit encore le Président « il ne s'agit pas de guérir la
maladie en tuant le malade, mais de sauver le malade de sa maladie ».
Une
médecine pour les masses
« Les progrès de
la médecine et de la chirurgie sont une conséquence directe de la
lutte des classes », nous explique l'ouvrière du textile qui
nous adresse l'allocution de bienvenue à l'hôpital de Wuhan.
« Jusqu'à la Révolution culturelle, les cadres étaient
soignés dans les meilleurs hôpitaux ; les travailleurs
devaient attendre longtemps à la porte. Les service spécialisés,
suivant une pratique bourgeoise, refusaient de recevoir les malades
dont les cas ne les intéressaient pas. Les soins coûtaient cher.
Certaines familles avaient dû vendre leurs maisons pour payer
l'hôpital. La Révolution culturelle a fait naître un mouvement
sanitaire de masse, qui est en train de créer une nouvelle médecine
pour tous ».
« Servir les
ouvriers, paysans et soldats » ; cette directive de Mao
est inscrite au seuil de l'hôpital de Wuhan.
« Pour que la
médecine ne retombe pas dans l'ornière bourgeoise, il est
indispensable qu'elle reste placée sous le contrôle des masses. Des
ouvriers, des paysans, des soldats sont présents dans les comités
révolutionnaires de tous les hôpitaux. « Avant de prendre une
décision importante sur une question chirurgicale », un
chirurgien « consulte » toujours les membres de son
équipe, sans oublier les « filles de salle », et
quelquefois nous précise-t-on « le cuisinier ».
(…) « Maintenant,
la population pourra résister aux maladies et aux épidémies même
dans les régions rurales et montagneuses, même en temps de guerre,
quand manquent les médicaments ».
(…) La structure du
corps médical a été profondément transformée par le mouvement de
lutte-critique-réforme. « Nous avons appliqué aux hôpitaux
l'instruction de Mao Tse-Tung : « bombardez les
états-majors ». Des professeurs en blouse blanche écoutent
silencieusement l'ouvrière du textile qui nous fait leur procès
devant eux.
La
préparation psychologique
Autour
de la table de conférences de l'Institut médical de Wuhan, aucun
membre de l'équipe médicale ne fît spontanément allusion à la
préparation qui précédait la pose des aiguilles. IL me fallut
répéter plusieurs fois la question (…). Malade et médecin
établissent un dialogue « à travers l'étude de la pensée de
Mao », « échangent leurs opinions sur la méthode à
suivre », et créent entre eux une confiance mutuelle et un
climat de collaboration.
- Comment faites-vous quand le patient n'est pas d'accord ?
- Autrefois, nous considérions le patient comme une chose ; aujourd'hui, nous tâchons de le persuader.
- Comment le décontractez-vous ?
- La politique est présente dans la salle d'opération. Nous faisons appel chez le patient au courage de surmonter l'appréhension de la douleur, à la volonté de guérir et de vivre, en le convainquant que son devoir est de lutter pour la révolution ».
Ainsi,
on mobilise chez le patient sa fierté de citoyen. On lui montre que
son destin personnel fait partie d'un vaste projet qui doit exalter
son énergie vitale.
- Des malades refusent-ils l'acupuncture ?
- C'est très rare. Presque tous les malades, en Chine, sont pareils à ceux que vous avez vu ; gais, résolus à guérir et à servir le peuple, pleins d'enthousiasme pour la pensée-maotsetung.
NOTES
1En
1914, 162 généraux furent limogés pour incompétence. Pour deux
raisons principales, ils étaient vieux (moyenne d'âge 68 ans) et
se fatiguaient trop vite sur le terrain. Tout en ayant la compétence
d'envoyer les pioupious à la mort, comme de nos jours... au travail
sans casque et dans les EPHAD sans tranchées de séparation.
2L'intertitre
est de moi.
3La
permanence et la pérennité du « communisme chinois »,
(hi hi!) petit frère du stalinisme, certes national-communisme de
milliardaires, exerce une trouble séduction - ce capitalisme
débile nous a refilé le covid-19 mais aussi refilé la méthode
goulag pour tenter de l'éradiquer – tant chez nos vieux
staliniens que chez trotskiens et autres zemmouriens. On vénère
encore l'Etat providence frère de l'Etat dictatorial dans les rangs
de l'extrême gauche bourgeoise prête à se vendre pour un plat de
lentilles « nationalisé ». C'est sans doute
l'application de la théorie fumeuse de Trotski, dite « révolution
permanente », traduisez : accommodement permanent. J'ai
relu la polémique avec Boukharine. Boukharine a raison de rappeler
que cette théorie de Trotski n'a rien à voir avec la permanence
dont parlait Marx, qui consistait à sérier les étapes des
révolutions bourgeoises et prolétariennes au 19 e siècle pour
aboutir à la vraie uniquement prolétarienne. Au premier abord le
Trotski de l'Opposition de gauche défend sur le fond la nécessité
(utopique à l'époque) d'une internationalisation de la révolution
russe (déjà foutue), ce qui est certes tout à son honneur.
Boukharine en face lui reproche de ne pas intégrer la masse
paysanne dans son argumentation (de jeunesse anti-bolchevique...) et
de fait ne défend, lui, que le renforcement de l'Etat russe et une
solution à la russe de la révolution « confinée », en
citant hors sol feu Lénine et une seule citation (creuse) du
manipulateur PN Staline. Par la suite, alors que le naïf Boukharine
aura été zigouillé, le gimmick « révolution permanente »
servira à Trotski pour justifier tous les virages opportunistes et
étrangers à la vraie perspective marxiste : défense des
libérations nationales, soutien au gouvernement républicain en
Espagne, puis à l'Amérique... Ce qui a été théorisé carrément
par tous ses avortons jusqu'à la fin du XX e siècle, et n'était
plus de l'opportunisme mais un soutien avéré à toutes les
idéologies bâtardes issues du stalinisme, castrisme, maoïsme et
nationalisme islamique.
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