« Le
monde capitaliste va chercher à se préserver des changements
révolutionnaires par une variété de moyens,
et en particulier par l’impérialisme, «le dernier refuge du
capitalisme».
Karl
Kautsky (1895)
«C’est
le plus beau cadeau que le tsar pouvait faire à la révolution !»
Lénine
en 1914
« Cette
absurdité insensée, ce cauchemar infernal et sanglant ne cesseront
que lorsque les ouvriers d’Allemagne et de France, d’Angleterre
et de Russie se réveilleront enfin de leur ivresse et se tendront
une main fraternelle, lorsqu’ils couvriront le chœur bestial des
fauteurs de guerre impérialistes et le hurlement rauque des hyènes
capitalistes par l’ancien et puissant cri de guerre du Travail :
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!”
Rosa
Luxemburg (brochure de Junius 1915)
Toutes
les horreurs du second carnage mondial étaient déjà contenues dans
le premier, c'est pourquoi toutes les commémorations bourgeoises
« pour un monde de paix » et « plus jamais comme
avant », tombent à l'eau. Les gaz (l'ypérite) a estropié,
mutilé déjà et étouffé jusqu'à ce que mort s'ensuive des
milliers de combattants et des deux camps bien avant que le gazage
soit réservé aux juifs prisonniers, aux tziganes et aux homosexuels
à peine vingt ans plus tard. La « purification ethnique »
a frappé déjà un million et demi d'arméniens. Il faut lire ou
relire l'excellent ouvrage de Pierre Miquel2 pour
mieux abhorrer le niveau de criminalité « technique » et
industrielle atteint désormais par les guerres capitalistes :
« La
guerre de positions ou de tranchées avait rendu possible et
nécessaire un autre crime, plus grave que tous les autres réunis,
puisque l'ennemi ne pouvait être vaincu par l'art de la guerre,
celle-ci changeait d'objet. Elle n'avait plus pour objectif d'obtenir
la victoire, l'agenouillement, la capitulation de l'ennemi, mais sa
destruction, son élimination physique : la guerre « d'usure »
devait tuer pour tuer, avec le plus d'efficacité possible. La
science et la technique devaient livrer des armes nouvelles, si
terrifiantes qu'elles aboutiraient inévitablement à la fin des
combats. On ne résiste pas, de fait, à la mort chimique.
L'emploi
par les allemands des gaz asphyxiants, au printemps de 1915, fut
l'acte le plus spectaculaire de la guerre terroriste. L'idée de
gazer comme des renards ou des rats les hommes dans leur tranchées
étaient fascinante : les vainqueurs dotés de masques
n'auraient plus qu'à avancer en terrain conquis, l'arme à la
bretelle » (p.327).
La
polémique de bazar journalistique autour de la commémoration du
« bon » Pétain en dépit de l'ultérieur « fâcheux »
Pétain, oublie une chose : en 14-18 comme en 1940, Pétain est
resté le même, au niveau des mêmes fonctions:assassin galonné. La
réputation qu'on entretint à son propos dans l'entre-deux guerres
effaçait déjà qu'il était pleinement membre de cette camarilla de
maréchaux et généralissimes qui expédiaient par paquet et sans
vergogne les pauvres soldats et officiers de base rétifs à se
soumettre à ce « suicide obligatoire pour la patrie »...
et l'enrichissement des généraux. On passait encore sous silence le
fabuleux enrichissement des généraux soudards qui avaient fait
mitrailler les foules ouvrières en 1848 et en 1871 ; les grands
tueurs galonnés de 14-18 se sont aussi particulièrement enrichis,
récompensés royalement comme meilleurs chiens de garde de la
bourgeoisie3.
La réputation de Pétain comme bienfaiteur de la troupe vers la fin
du conflit en 1918 était évidemment surfaite. Pétain avait été
nommé en catastrophe pour remplacer le grand criminel Nivelle qui
continuait à envoyer par milliers les hommes à la mort ; face
aux 40.000 mutins4
Pétain est nommé pour venir calmer les troupes en ralentissant les
combats forcément meurtriers, en améliorant l'approvisionnement et
en « leur donnant de la gnole », comme le répètera son
élève De Gaulle un certain jour de mai 68. Pétain, comme les
autres assassins galonnés continuera à expédier au peloton
d'exécution les réfractaires et insubordonnés.
Comme
me le faisait remarquer avec discernement une amie, la polémique
miteuse sur le bon et le mauvais Pétain n'avait-elle pas pour objet
de noyer l'essentiel : « comment peuvent-ils se permettre
de célébrer ces grands criminels de guerre que furent ces divers
maréchaux sans soulever l'indignation des petits enfants des
millions de massacrés ? ». Oui on peut le dire comme ça.
Mais le plus drôle est que la célébration des galonnés gluants de
sang dans la cour des Invalides est passée à l'as. On n'en
entendit plus parler avec l'opportune foire aux assassins
d'aujourd'hui en grande tenue avec mesdames sous l'Arc de triomphe
(napoléonien et macronien) : les Trump, Poutine, Erdogan,
Netanyhaou et leurs homologues vendeurs d'armes Macron, Merkel, sans
la brave Thérésa May,
boudant cette cérémonie d'alliés et
complices pour fêter en Albion brexitée le massacre de masse
britannique, quand les dizaines de milliers de ses ancêtres
compatriotes (tous nommés sergents post mortem) résident dans les
cimetières d'Etaples.
le wagon...plombé par les faux amis |
Adonc
au nom d'une Europe indemne, avec un saut fabuleux par-dessus la
reprise de la boucherie en 39-45... le sieur Macron pavoisa à l'arc
de triomphe...chauvin :
« Souvenons-nous :
ne retranchons rien de ce qu’il y avait de pureté, d’idéal, de
principes supérieurs dans le patriotisme de nos aînés. Cette
vision de la France comme Nation généreuse, de la France comme
projet, de la France porteuse de valeurs universelles, a été dans
ces heures sombres exactement le contraire de l’égoïsme d’un
peuple qui ne regarde que ses intérêts. Car le patriotisme est
l’exact contraire du nationalisme : le nationalisme en est la
trahison. En disant « nos intérêts d’abord et qu’importent
les autres ! », on gomme ce qu’une Nation a de plus
précieux, ce qui la fait vivre, ce qui la porte à être grande, ce
qui est le plus important : ses valeurs morales ».
Ouais souvenons-nous, mais autrement. L'accroche
du discours niveau seconde des collèges est à la mode
multiculturaliste et antiraciste, cette dépossession de
l'internationalisme marxiste, qui sied si bien à l'encravaté de
l'Elysée. Comprenez : la patriotisme n'est pas un nationalisme
mais une défense de la bourgeoisie nationale quelle que soit votre
couleur de peau, votre identité récente ou pas encore acquise...
Et
de citer le grand patron des généraux assassins, qui défnit lui
sans fard que le patriotisme est bien un nationalisme... France uber
Alles ! Comme quoi on a bien affaire à une variété de
chauvinisme macronien qui sent le rance nationalisme à vocation
« européenne ».
« Souvenons-nous,
nous autres Français, de ce que Clemenceau a proclamé le jour de la
victoire, il y a cent ans jour pour jour, du haut de la tribune de
l’Assemblée nationale, avant qu’en un chœur sans pareil
n’éclate la Marseillaise : combattante du droit, combattante
de la Liberté, la France serait toujours et à jamais le soldat de
l’idéal ».
Alors
que l'élève de seconde d'un collège d'Amiens nous avait averti des
mêmes dangers hitlériens qui nous guetteraient désormais comme à
l'orée des années 1930, il ne craint pas de fabuler sur le repaire
de brigands de la SDN aussitôt inventée (avec le miracle de Fatima)
pour faire pièce au terrible Ocobre rouge ; c'était que du
bonheur dès 1918, surtout à la mémoire des « morts pour la
patrie » (pas nationaliste du tout mais en tout cas européenne
comme le voulait le nazisme) :
« Dès
1918, nos prédécesseurs ont tenté de bâtir la paix, ils ont
imaginé les premières coopérations internationales, ils ont
démantelé les empires, reconnu nombre de Nations et redessiné les
frontières ; ils ont même rêvé alors d’une Europe
politique. Ici,
aujourd’hui, peuples du monde entier, sur cette dalle sacrée,
sépulture de notre Soldat Inconnu, ce « Poilu » anonyme
symbole de tous ceux qui meurent pour la patrie, voyez tant de vos
dirigeants rassemblés ! »
La
phrase qui suit est typique du mépris consternant et de la bêtise
de nos énarchiens :
« Chacun
d’eux ( hi ! tous ces petits dictateurs assis aux côtés
des grands criminels impérialistes?)mène à sa suite sa longue
cohorte des combattants et des martyrs issus de son peuple. Chacun
d’eux est le visage de cette espérance pour laquelle toute une
jeunesse accepta de mourir, celle d’un monde enfin rendu à la
paix, d’un monde où l’amitié entre les peuples l’emporte sur
les passions guerrières, d’un monde où la parole des hommes doit
parler plus fort que le fracas des armes.. »
Oui
oui on mate leur tronche sinistre sous les parapluies. On nous avait
annoncé la venue inopinée
d'au moins 500 blak bloks, on avait
arrêté quatre nigauds qui auraient fait savoir à l'univers leur
projet de buter Macron avec un couteau de cuisine en céramique (non
repérable par les drônes). On eût seulement trois magnifiques
femen avec peint sur la poitrine des slogans que nous sommes des
millions à partager. Elles seront condamnées même pas pour offense
à l'armée et à ses généraux voyeurs mais pour « exhibition
sexuelle ». Bah ! Alors l'exhibition sexuelle emmerde la
guerre et l'armée, OK.
LE SEXE emmerde la commémoration impérialiste |
Reprenons
le fil tortueux de l'improvisateur de l'Elysée. Il est pour l'union
libre lui, pas sexuelle, mais européenne, « une union
librement consentie ». Et il a cru bon de pomper les plus
nunuches déclamations des pacifistes bêlants des années 1920 à
1930 :
« C’est
cette certitude que le pire n’est jamais sûr tant qu’existent
des hommes et de femmes de bonne volonté. Soyons sans relâche, sans
honte, sans crainte ces femmes et ces hommes de bonne volonté !
Je le sais, les démons anciens resurgissent, prêts à accomplir
leur œuvre de chaos et de mort. Des idéologies nouvelles manipulent
des religions, prônent un obscurantisme contagieux. L’Histoire
menace parfois de reprendre son cours tragique et de compromettre
notre héritage de paix, que nous croyions avoir définitivement
scellé du sang de nos ancêtres ».
Nos
ancêtres doivent en tout cas se retourner dans leur charnier !
Il se prit enfin pour le Jupiter de cette assemblée de vendeurs
d'armes et de tortionnaires des peuples avec une phrase creuse niveau
rédac de sixième qui promet de raser gratis sauf les orthodoxes
islamistes dans « le meilleur des mondes possibles » (on
frissonne, on pense à Huxley et à Orwell) :
« Nous
tous ici, dirigeants politiques, nous devons, en ce 11 novembre
2018, réaffirmer devant nos peuples notre véritable, notre immense
responsabilité, celle de transmettre à nos enfants le monde dont
les générations d’avant ont rêvé. Additionnons nos espoirs au
lieu d’opposer nos peurs ! Ensemble, nous pouvons conjurer ces
menaces que sont le spectre du réchauffement climatique, la
pauvreté, la faim, la maladie, les inégalités, l’ignorance. Nous
avons engagé ce combat et nous pouvons le gagner :
poursuivons-le, car la victoire est possible ! »
Le
Forum de Paris sur la Paix, dont la première édition devait se
tenir du 11 au 13 novembre 2018 à la Grande halle de La Villette,
entendait réunir tous les acteurs de la gouvernance mondiale pour
redonner corps au multilatéralisme, au multiculturalisme et au
foutage de gueule, mais n'intéressa pas grand monde vu que ce
mauvais coucheur de Trump a refusé de s'y rendre après avoir enfumé
avec son gros tank M. et Mme Macron sur le perron du château de la
République.
Le
monde rose bonbon du chauvin pacifiste Macron ets encore dans
l'enfer5.
UNE
CHRONOLOGIE INSTRUCTIVE
Nous
ne faisons pas le poids ici sous les tonnes de bobardements
historiques déversés par les médias. Je conseillerai au néophyte
de se mettre dans la peau d'un poilu et simplement de réfléchir à
ce qu'il aurait pu déduire d'être les pieds dans la boue dans la
terreur des tranchées et sous le terrorisme des officiers, après il
comprendra mieux l'histoire que tous les beaux discours des ignorants
ou menteurs comme Macron. Une petite chronologie simple va nous aider
à comprendre ce qui était en jeu. Ce qui était en jeu ce n'était
pas l'intérêt national de tel ou tel peuple, en tout cas pas
l'élément prioritaire, mais l'éclatement de la rivalité entre
grands impérialisme pour le partage du monde. On sait qu'il a fallu
du temps pour conditionner les populations à ce qui allait devenir,
sans que ce soit ainsi conçu, une véritable guerre « mondiale ».
Et convaincre surtout la classe déterminante au niveau de la
production industrielle, la classe ouvrière, les masses paysannes
ayant été depuis longtemps reconnue comme facilement mobilisables
du fait de la misère régnante dans les zones agraires. L'attentat
de Sarjevo ne sert que de prétexte à ce qui devait de toute façon
éclater, mais dans chaque pays développé on voit qu'il y a un
événement précis qui frappe ou démoralise et permet l'entrée en
guerre quelques jours à peine après.
- Le 28 JUIN 1914, ATTENTAT DE SARAJEVO : le militarisme allemand craint d'être pris en tenaille par la France et la Russie. La bourgeoisie allemande avec ses hobereaux prussiens n'a l'espoir du salut que dans une attaque immédiate de la France qui mettrait celle-ci hors de combat avant que la Russie ait eu le temps de mobiliser ses troupes innombrables. Comme dans un duel entre cow-boys, la victoire, croit-on, appartient au premier qui dégaine. Sous la pression de ses généraux, qui craignent eux aussi d'être pris de court, le tsar mobilise dès le 29 juillet.
- le 31 juillet 1914 Jean Jaurès, chantre socialiste de la paix, est assassiné (on est libre de penser que ce crime a été ordonnancé par le militarisme français, pourtant décrédibilisé par l'Affaire Freyfus, mais en général tous les historiens sembment covaincus qu'il s'agit de l'acte d'un blak blok de l'époque. Jaurès n'était pas plus un foudre de guerre qu'un foudre de révolution mais son assassinat désoriente et démoralise indubitablement une classe ouvrière mal armée politiquement et oublieuse de la Commune de Paris.
- Le 1er août 1914 : la mobilisation est décérétée en France (pas la guerre).
- Le 3 août c'est l'Allemagne qui déclare la guerre à la France.
- En octobre révolution en Russie
- Le 7 novembre, bien que signé par le comité central du parti bolchevique, le premier appel à un armistice a été rédigé par Lénine ; il avait adressé aux puissances engagées dans le conflit le radiogramme « appel à tous », proposant une paix blanche, garantissant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes6.
- Le 15 novembre 1917, l'Etat « prolétarien » russe publie son décret pour la paix.
- Le 17 décembre 1917 est signé un armistice à Brest-Litovsk concernant la guerre capitaliste menée contre le bastion bolchevique. Ce traité a été considéré longtemps comme félon par les gauchistes de Lénine, nos bobos ultra-gauches et les variétés d'anarchistes qui se prennent pour des généraux aguerris. En réalité les bolcheviques n'eurent pas le choix, ils étaient kaput militairement. Mais on sait moins que cette reculade servait au militarisme allemand pour résorienter son effort de guerre, en basculant 40 divisions allemandes mobilisées à l'est de l'Europe vers l'ouest face aux troupes alliées. L'état-major allemand croyait profiter de cette soudaine et inespérée supériorité numérique pour lancer de grandes offensives qui pousseraient les forces de l'Entente à négocier une paix favorable. D'autant que l'entrée des Américains dans le conflit en avril 1917 et le développement quantitatif et qualitatif de l'arsenal technique des armées françaises et britanniques (chars, avions, camions de transport favorisant la mobilité des troupes) rendaient l'horizon du Kaiser Guillaume II et du chef des armées Erich Ludendorff de plus en plus incertain.
UNE
ANNEE VA S'ECOULER ENCORE...
- Le 9 novembre 1918 Malheureusement pour le nationalisme allemand ce n'est plus sur le terrain de la guerre impérialiste que la suite va se dérouler mais sur le front intérieur. Comme en Russie où le retournement des masses contre la guerre de l'aristocratie capitaliste avait obligé à faire cesser les hostilités, l'insubordination des marins en province à Kiel vient anéantir les projets de victoire militaire ; l'Etat allemand est ébranlé de l'intérieur. Le 9 novembre au matin, le prince Max de Bade téléphone à l'empereur, à Spa. « Votre abdication est devenue nécessaire pour sauver l'Allemagne de la guerre civile ». Guillaume II s'y résout et part en exil.
- l1 novembre 1918, de manière précipitée (mais les historiens officiels le nient) est signée cette paix honteuse nommée armistice. Ce n'est pas de l'échec de leur contre-offensive de juillet 1918, que le militarisme allemand a compris qu'il n'avait plus aucun espoir d'arracher la victoire, mais parce qu'il ne veut pas que la bourgeoisie subisse le même sort qu'en Russie ; les foyers révolutionnaires s'étendant à toute l'Allemagne7. Ce n'est pas non plus le renfort massif des troupes américaines qui fait plier l'Etat allemand, celles-ci servent plutôt à réfréner les désidératas de pillage de la bourgeoisie française et ont désormais pour souci d'épauler la bourgeoisie allemande dans la guerre civile interne qui se développe.
- En France, la demande d'armistice faisait débat. Le président de la République Raymond Poincaré et le général Philippe Pétain voulaient profiter de l'avantage militaire pour chasser les Allemands de Belgique, envahir l'Allemagne elle-même et amplifier les clauses de pillage. Mais on fait croire que le maréchalissime des troupes alliées Foch, et le chef du gouvernement Clemenceau, ne pensent pas l'armée française capable de se battre encore longtemps ; en vérité ils souhaitent en finir au plus vite pour à peu près les mêmes raisons que leurs collègues allemands : la peur du danger intérieur : les mutineries ont concerné des dizaines de milliers de soldats, contrairement à la censure sur le sujet, mais ne semblent pas pouvoir trouver encore un écho social.
VINGT
ANS APRES…
Il
a fallu vingt années aux différentes bourgeoisies, au milieu des
préparatifs divers des principaux impérialismes, pour entraîner à
nouveau dans la guerre mondiale les populations civiles et surtout
cette partie des peuples, le prolétariat, qui seul peut troubler
voire faire cesser les guerres comme nous l'a si bien montré le
traité provisoire (et faux car les puissances militaires ont
continué d'assiéger la Russie) du 11 novembre. Le résumé fourni
par wikipédia me plaît bien et détruit le discours lénifiant de
souvenance foireuse du ti jeune Macron
DEUXIEME
GUERRE MONDIALE : du 1er
septembre
1939 au 2
septembre
1945. Ce conflit
opposa schématiquement deux camps : les Alliés
et l’Axe.
Provoquée
par le règlement insatisfaisant de la Première
Guerre mondiale
et par les ambitions expansionnistes et hégémoniques des trois
principales nations de l’Axe
(Allemagne
nazie,
Italie
fasciste
et Empire
du Japon) ;
elle fut favorisée par la convergence d’un ensemble de tensions et
conflits régionaux, notamment : en Afrique (Seconde
guerre italo-éthiopienne
dès 1935), en Espagne
avec la guerre
d'Espagne
débutant le 18
juillet
1936
, en Chine
avec... ».
On
se rappelle du discours de Macron sur « les belles coopérations
internationales » au lendemain du premier grand holocauste
mondiale, or les brigands tissent des alliances un jour qu'ils défont
le lendemain, selon leur capacité respective à soumettre leurs
populations et surtout leurs prolétariats, mais les descriptions
linéaires qui suivent ne rendent pas compte du conflit des classes
qui restent sous-jacents au bon déroulement d'une guerre
généralisée :
« Tout
d'abord associée
à l'Allemagne dans le partage de l'Europe, l'URSS
rejoint le camp
allié à la suite de l'invasion
allemande le 22
juin 1941.
Quant aux États-Unis,
ils abandonnent leur neutralité après l'attaque
de Pearl Harbor, le 7
décembre
1941. Dès lors, le
conflit devient vraiment mondial, impliquant toutes les grandes
puissances, et la majorité des nations du monde sur la
quasi-totalité des continents. La
Seconde Guerre mondiale prend fin sur le théâtre d'opérations
européen le 8
mai
1945
par la capitulation
sans condition
du Troisième
Reich,
puis s’achève définitivement sur le théâtre d'opérations
Asie-Pacifique
le 2
septembre
1945
par la capitulation
également sans condition
de l'empire
du Japon,
dernière nation de l’Axe
à connaître une défaite totale ».
Les
brigands impérialistes stalinien et nazi – qui ont complètement
écrasé non la démocratie mais leurs prolétariats - associés pour
« se partager l'Europe », puis, entourloupé, l'Etat
stalinien se tourne vers l'Ouest où on l'accueille à bras ouverts.
On n'explique pas pourquoi l'Etat américain ne peut pas entrer en
guerre avant le début décembre 1941 ni que le facteur déclenchant
– l'attaque de Pearl Harbor – ait été aussi bien mis en scène
avec son lot de cadavres pour convaincre la classe ouvrière
américaine que ses enfants étaient bien morts pour défendre « la
patrie ».
Comme
pour les années 1914-1917-1918, la série 1929-1933-1936-1939-1943
permet de réfléchir à la marche à la guerre avec à chaque fois
la nécessité d'enrégimenter le prolétariat, mais où celui-ci
presque sur la voie d'une victoire mondiale en 1918 semble
disparaître au cours de la « reprise » de la guerre
mondiale. Une opinion commune chez les gauchistes comme dans le
milieu révolutionnaire maximaliste persiste à considérer que la
guerre favorise la révolution ou qu'il faut vraiment une bonne
guerre pour réveiller les masses et leur montrer que la capitalisme
est nuisible et terriblement létal pour l'humanité. Et par
extension nombreux se sont imaginés qu'il aurait fallu, par exemple
que les belligérants poursuivent la guerre en 1918 pour que cela
favorise la généralisation au monde entier de la révolution
prolétarienne. Et donc que Lénine avait tort d'avoir signé un
armistice à Brest-Litovsk, et qu'à chaque fois que le prolétariat
s'était relevé ou montré menaçant la bourgeoisie avait été
obligée d'arrêter ses guerres. Et bla-bla et bla-bla.
PEU
DE PRISES DE POSITION SUR LES COMMEMORATIONS NATIONALISTES PAR LE
MILIEU MAXIMALISTE (la nuit de la contre révolution est sous
sommifère?)
Pour
trouver des réactions sévères il faut hélas aller du côté de
petites sectes de libres penseurs :
« Le
bilan de la Grande Guerre fut effroyable : 75 millions d’hommes
mobilisés à travers le monde, près de 10 millions de soldats et 9
millions de civils tués, soit une moyenne de 10 400 tués par jour,
21 millions de soldats blessés, 300 000 gueules cassées, des
millions de veuves et d’orphelins, des villes rasées… Et
pourquoi ? Pour pouvoir recommencer quelques 20 ans plus tard.
Le meurtre de masse n’a jamais réglé les problèmes que se posent
les peuples et les Nations »8.
Ou
encore leur indignation face au chauvin Macron :
«"Il
est légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont
conduit l'armée à la victoire, comme chaque année. Mon chef
d'état-major sera présent à cette cérémonie", a-t-il
précisé, interrogé par des journalistes en arrivant à la
Préfecture des Ardennes pour un Conseil des ministres délocalisé."Je
me suis toujours opposé au défaitisme français ou à la
complaisance envers toute idéologie. Mais je reconnais la part que
nos maréchaux et notre armée ont joué. Nous lui devons la
victoire", "la victoire d'une nation combattante",
a-t-il conclu, au quatrième jour de son périple de
commémoration du centenaire de l'Armistice de 14-18.
Dès
lors, comment ne pas rappeler ce que proclamait en 1915 le Manifeste
de Zimmerwald « Les institutions du régime capitaliste qui
disposent du sort des peuples, les gouvernements (monarchiques ou
républicains) la diplomatie secrète, les puissantes organisations
patronales, les partis bourgeois, la presse capitaliste, l’Église
– sur elles repose toute la responsabilité de cette guerre, surgit
d’un ordre qui les nourrit. » (1) ou le Manifeste de
Kienthal de 1916 « Ni vainqueurs ni vaincus, ou plutôt tous
vaincus, c’est-à-dire tous saignés, tous épuisés : tel
sera le bilan de cette folie guerrière. Les classes dirigeantes
peuvent ainsi constater la vanité de leurs rêves de domination
impérialiste. […] Vos gouvernements vous disent qu’il faut
continuer la guerre pour tuer le militarisme. Ils vous trompent. Le
militarisme d’un peuple ne peut être ruiné que par ce peuple
lui-même. Et le militarisme devra être ruiné dans tous les pays.
Vos gouvernements et vos journaux vous disent encore qu’il faut
prolonger la guerre pour qu’elle soit la «dernière guerre». Ils
vous trompent toujours. Jamais la guerre n’a tué la guerre. […]
Et
ils en profitent pour continuer et même accentuer contre vous leur
lutte de classe, tandis qu’à vous ils prêchent « l’union
sacrée ». Ils descendent même jusqu’à exploiter vos
misères et vos souffrances pour essayer de vous faire trahir vos
devoirs de classe et de tuer en vous l’espérance socialiste.
L’injustice sociale et le système des classes sont encore plus
visibles dans la guerre que dans la paix. Dans la paix, le régime
capitaliste ne dérobe au travailleur que son bien-être ; dans la
guerre, il lui prend tout, puisqu’il lui prend la vie. […] »9.
Passons
rapidement sur le milieu gauchiste. Le NPA ne sert plus que de
porte-voix aux fables du macronisme (antiracisme, écologie bobo,
syndicats honnêtes... comme FO) et par conséquent ne fait
plus de
politique ; ce résidu parisianniste de la maigriche 4e
internationale fictive ne fait plus que de la psychologie et
pédagogie pour lycéens incultes. Après avoir soutenu un camp dans
toutes les dites libérations nationales, ils soutiennent le camp
présidentiel dans la lutte frontale et antifa contre Heil Le Pen, et
le rappel des moments historiques ils s'en fichent ici et maintenant
avec leurs vélos électriques et leurs bars branchés.
le soutien politique du NPA à Macron |
Une
mention positive à l'humour Lutte Ouvrière, secte ouvriériste, qui
flirte pourtant avec les bobos irresponsables du NPA :
« Outre
son objectif évident de faire mousser la personne de Macron, ce
Forum sur la paix pourrait se comparer à un colloque sur le
véganisme organisé par une confrérie de bouchers. Des dizaines de
dirigeants politiques pourront y faire étalage de leur prétendu
amour de la paix, alors qu’ils sont les dirigeants d’un système
qui ne cesse d’engendrer les conflits dans le monde. Que ce soit la
France et ses interventions en Afrique, les Émirats arabes unis
impliqués au côté de l’Arabie saoudite dans la guerre qui ravage
le Yémen, ou la Russie, la Grande-Bretagne et les États-Unis, aucun
de ces régimes n’hésite à faire couler le sang et tous
concourent à la croissance du militarisme »10.
La
Tendance Communiste Internationaliste (ex Battaglia comunista + CWO)11
avait produit un bon communique en mai « Contre la guerre et le
nationalisme », depuis plus rien. Le blog « Révolution
ou guerre » dont le titre et le contenu répète que la guerre
est sur notre seuil ne dit mot sur les hypocrites commémorations. A
l'autre bout du maximalisme « spontanéiste » et intello,
Bourrinet
tombe dans un sensationnalisme ridicule sur facebook : « Mme
Merkel commémore la Nuit de Cristal du 9 novembre 1938. Un autre
anniversaire à rappeler : celui du 9 novembre 1918 à Berlin ! ».
L'analyse
la plus sidérante est fournie par ce qu'il reste du CCI.
LE
REVISIONNISME DU CCI SUR LA QUESTION DE LA GUERRE ET DU PROLETARIAT
Plutôt
bienveillant je m'attendais à lire une analyse plutôt classique
dénonçant les impérialismes et les nationalismes comme il est de
coutume depuis au moins 50 années dans le milieu maximaliste, avec
cet article : 11
novembre 1918: "Jamais plus de guerre"? - Un armistice pour
sauver le capitalisme et préparer de nouvelles guerre12s
.
Je
découvris autre chose, une élucubration tarabiscotée plutôt
proche du révisionisme d'un Vercesi. Je rappelle pour le quidam non
connaisseur de l'histoire de la mal nommée « gauche
communiste » (communiste tout court en vérité) que Vercesi –
Ottorino Perrone - ce grand lutteur qui anima la revue Bilan à la
veille de la Seconde Guerre mondiale se mit à théoriser, celle-ci
advenue, une disparition du prolétariat. Je laisse le résumé à
celui qui combattit cette théorie, notre regretté camarade et ami
Marc Chirik, à partir d'une présentation ancienne d'un rédacteur
de RI :
« Nous
venons de souligner dans le chapitre précédent qu’à partir de
1937, la Gauche italienne connaît de graves difficultés politiques
toutes liées à l’analyse politique de la guerre. A l’origine de
ces difficultés, il y a le fait que la majorité du groupe, à la
suite de l’organe central, a commencé à expliquer que les
guerres, dans cette période, avaient pour principale raison d’être
non plus les antagonismes inter-impérialistes mais le massacre des
prolétaires.
Cette
position s’appuie sur une analyse superficielle de la situation qui
prévaut dans la seconde moitié des années 1930 : le redémarrage
de l’économie sur la base de l’économie de guerre et la
résorption du chômage. Ainsi, pour Vercesi, les contradictions du
capitalisme international semblent s’atténuer. De ce fait, il
pense que l’économie de guerre constitue la solution à la crise
du capitalisme. Il théorise l’idée que le capitalisme pourrait
s’éviter les guerres généralisées. La situation de “guerres
localisées” qui prévaut à l’époque comme en Espagne, en
Ethiopie, en Mandchourie, etc., a changé la fonction de la guerre
impérialiste : celle-ci est devenue une guerre contre la classe
ouvrière. Cette solution devait permettre à la bourgeoisie
d’accomplir la tâche de résorption momentanée des contradictions
impérialistes tout en se terminant par un massacre incroyable
d’ouvriers. Pour O. Perrone, Munich est un véritable traité de
Versailles. Munich signifie la fin de la guerre impérialiste.
Cependant,
il existe une minorité dans la Fraction, notamment en Belgique
autour de Mitchell et au sein du groupe de Marseille, avec Marc
Chirik, qui s’oppose à cette vision.
La
conception majoritaire aboutit, en septembre 1939, à ne rien
comprendre au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et à
théoriser “la disparition du prolétariat” durant toute la
période de l’affrontement impérialiste.
Citons la “déclaration
politique”
de la Conférence de la Fraction italienne en 1944 : “L’état
actuel de l’organisation est la suite, la continuation d’une
crise qui a surgi dans le sein de la Fraction avant la guerre, dès
1937. Elle est inaugurée par l’abandon des positions politiques
contenues dans le rapport sur la situation internationale adopté au
congrès de la Fraction en 1935 et par la révision fondamentale de
l’analyse de l’époque historique qui s’est ouverte en 1914
dans la phase décadente du régime capitaliste.
“A
l’analyse marxiste de cette phase, fondement programmatique de la
Troisième internationale et de la Fraction de gauche communiste
italienne, on a substitué tout un corps théorique d’une nouvelle
doctrine :
“1° Négation
de l’exacerbation des antagonismes inter-impérialistes, allant par
moments jusqu’à la négation même de l’existence de ces
antagonismes, aboutissant ainsi
à
la négation de l’inévitabilité de la guerre impérialiste et à
l’exclusion de la guerre impérialiste généralisée dans la phase
décadente du système capitaliste.
“2° Substitution
à la guerre impérialiste
généralisée
de
la théorie des “guerres localisées”,
à
la notion impérialiste de la guerre la
notion de “guerre civile de la bourgeoisie contre le prolétariat”
L’économie
de guerre ne serait plus une manifestation de la crise permanente du
régime, un moment des convulsions de l’agonie du capitalisme
(R. Luxemburg) mais deviendra le “moment
de la plus grande production de valeur”
(Vercesi)”
Contrairement
à ce qu’affirme la tendance “révisionniste” de Vercesi, la
classe et ses organisations existent à tout moment, même pendant
une période contre-révolutionnaire. Les organisations
révolutionnaires ont alors une autre fonction que lors des périodes
révolutionnaires ou de montée de la lutte de classe, notamment
celle de sauvegarder les acquis théoriques et politiques de la
classe ouvrière et d’intervenir à contre-courant.
- Dans une telle période, il ne peut malheureusement pas y avoir de place pour des partis révolutionnaires exerçant un impact déterminant dans la classe et ses luttes »13.
En
conclusion, et contre la théorie de Vercesi prêchant
l’impossibilité de toute activité politique, “la
tactique générale sera d’œuvrer pour la formation d’un embryon
d’Internationale. (...)
Idéologiquement
cet embryon d’Internationale (sorte de nouveau Zimmerwald)
présentera un programme net, intransigeant, exprimant la volonté du
prolétariat mondial à s’organiser en vue de la lutte pour la
révolution. Cette Internationale poussera à fond le développement
ou l’éclosion des partis révolutionnaires dans les pays possédant
ou ne possédant pas des noyaux révolutionnaires”. C’est
ainsi qu’il est décidé que la Fraction italienne doit rentrer en
Italie pour jouer son rôle révolutionnaire ; elle n’a plus
aucune raison de demeurer en France, dans l’émigration »14.
La
vision tarabiscotée qui nous est fournie aujourd'hui sur le site du
CCI s'apparente au raisonnement de Vercesi, on va essayer de
comprendre pourquoi et comment. Le titre d'abord est bizarre :
« L’armistice :
une attaque contre la révolution prolétarienne en réaction à la
guerre »
En
quoi l'armistice, le fait de cesser les hostilités pour tout au
moins un moment négocier ou limiter les dégâts serait-il « une
attaque contre la révolution prolétarienne » (laquelle est
supposée seulement « en réaction à la guerre ») ?
On a vu que Lénine est le premier à avoir proposé un armistice,
que cela lui a été reproché par nombre de révolutionnaires
romantiques dont Rosa Luxemburg. Lénine était-il donc un traître
inféodé au désir de la bourgeoisie de torpiller la vague
révolutionnaire qui montait. Tout se déroulait-il seulement au
niveau du binôme bourgeoisie/prolétariat ? Voyons
l'argumentation :
« L’armistice
a permis à la bourgeoisie de déclarer la guerre au prolétariat (a)
en divisant les ouvriers entre ceux des pays “vainqueurs” et ceux
des pays “vaincus” et (b) en retournant les armes contre la
révolution. En Russie, la contre-révolution s’était développée
avec force (cf. « La bourgeoisie mondiale contre la révolution
d’Octobre » ; Revue
Internationale n°
160). En Allemagne aussi, la bourgeoisie était prête à déclencher
sa terreur contre-révolutionnaire. Nourrie d’une haine farouche
contre la classe ouvrière, elle se préparait à écraser par la
force et à exterminer les foyers de la révolution communiste ».
Franchement,
sémantiquement, la bourgeoisie n'avait pas à déclarer la guerre au
prolétariat puisqu'elle se donnait les moyens de le réprimer
partout dans les tranchées comme dans les grèves en Allemagne ou
partout ailleurs. La formule « diviser les ouvriers entre
vainqueurs et vaincus » est une élucubration de plus qui
ridiculise ce qu'en disait le CCI naguère avec une méthodologie
plus marxiste et pas aussi ésotérique. On expliquait alors qu'en
effet en prônant l'armistice les fractions les moins idiotes de la
bourgeoisie jetaient de l'eau sur l'incendie révolutionnaire
d'autant que les désertions massives se multipliaient un peu
partout. Mais cela ne veut pas dire que si la guerre avait été
continuée elle aurait abouti à une révolution intégrale et
victorieuse. Pourquoi ? Il suffit de regarder la reprise de
39-45 où la guerre s'est encore plus généralisée et n'a
aucunement favorisé une nouvelle révolution à la russe. On assiste
donc en fait au retour de cette vieille lubie de générations de
révolutionnaires : de la guerre sortira automatiquement la
révolution et tant qu'à jouer avec le feu il faut miser même sur
une guerre d'armées « prolétariennes » pour enfin
écraser la bourgeoisie ; c'est un cauchemar pas une voie vers
la lumière ! Contraire même au fond des analyses de Marx et de
Rosa Luxemburg qui n'ont jamais dit que la révolution prolétarienne
gagnerait par la seule violence, militaire ou verbale.
Il
se dégage une vision simpliste d'un raisonnement aussi complotiste
avec cette curieuse conception de « diviser la classe
ouvrière » (objet d'une attaque pacifiste par l'armistice
bourgeois!) :
a)
Diviser la classe ouvrière.
La
bourgeoisie était consciente du danger : « toute
l’Europe est pétrie de l’esprit de la révolution. Il n’y a
pas seulement un sentiment profond de mécontentement, mais également
de colère et de révolte parmi les travailleurs (…). L’ensemble
de l’ordre existant, aussi bien dans ses aspects politiques,
sociaux et économiques est remis en question par les masses
populaires d’un bout de l’Europe à l’autre »
(Lloyd George, premier ministre britannique dans un mémorandum
secret adressé au premier ministre français Georges Clemenceau,
mars 1919). De par la signature de l’armistice, la classe ouvrière
en Europe était divisée en deux parties : d’un côté les
ouvriers qui se trouvaient dans le camp des états-nations vaincus et
de l’autre côté ceux qui vivaient dans les états capitalistes
vainqueurs et qui étaient submergés par une vague de
national-chauvinisme (surtout en France, en Grande-Bretagne, en
Belgique et aux USA). De cette manière, la bourgeoisie réussit à
limiter les mouvements révolutionnaires au premier groupe d’Etats
(plus l’Italie) ».
Raisonnement
absurde, naguère le CCI disait justement que la bourgeoisie avait
tablé sur le fractionnement des situations entre pays mieux lotis et
mal lotis avec le but d'empêcher l'extension de la révolution. La
révolution ne concerne pas que le prolétariat, qui est lui-même au
milieu d'autres couches. En Russie les masses paysannes et petites
bourgeoises ont aussi roulé contre la guerre. Une population entière
n'est pas composée que de prolétaires. Il y eût au début des
Conseils d'avocats, d'architectes, etc. Lorsque la bourgeoisie met
fin (provisoirement ) à la guerre mondiale ce n'est pas simplement
pour « niquer » le prolétariat – car elle sait qu'il
n'est pas seul, qu'il entraîne le reste de la population derrière
lui lorsqu'il est en position de force – mais pour enfermer toute
dynamique révolutionnaire dans des situations nationales
particulières. Ensuite ce genre d'analyse biscornue, simpliste et
plutôt immature, a tendance à décrire des Etats bourgeois deus ex
machina qui n'auraient eu affaire qu'à la seule classe ouvrière, à
oublier que les enjeux impérialistes sont toujours présents et
enfin que la défaite de la révolution mondiale est aussi une
conséquence des erreurs des politiques révolutionnaires (la
répression de « l'Etat prolétarien » a certainement
plus « divisé les ouvriers » que l'armistice) et des
illusions des masses.
Les
bourgeoisies les plus puissants avaient aussi d'autres raisons de
mettre fin à la guerre, une fois les énormes profits et repartages
engrangés, que de craindre leur remplacement par un prolétariat
universel organisé en conseils ouvriers planétaires avec un parti
mondialisé en route vers l'abolition des classes.
Ce
genre d'analyse binaire est du genre de celle de Vercesi, en effet la
notion de “guerre civile de la bourgeoisie contre le prolétariat”
mène
tout droit au révisionnisme sur la complexité de la marche à
l'abîme du capitalisme et à un fort probable abandon de la notion
de prolétariat révolutionnaire par des militants qui se laissent
séduire par de telles élucubrations qui n'expliquent ni la
complexité des entrées en guerre, ni la place réelle du
prolétariat et ses relations avec les autres classes.
TRISTES
COMMEMORATIONS DE PART ET D'AUTRE !
NOTES
1Généralement
cette notion de paix honteuse est attribuée la paix (obligée) de
Brest-Litovsk qui fût d'ailleurs plutôt aussi un armistice. Paix
honteuse convient pourtant mieux à mon sens à l'armistice de 1918.
2La
grande guerre,, Fayard 1983 et poche Marabout.
3Le
grade de général s'oobtient en période de guerre dès qu'une
armée perd au moins mille hommes au combat, c'est la récompense au
colonel De Gaulle en 1940 lors du siège d'Abbeville face au général
allemand Guderian, sauf que De Gaulle y survit et file en Angleterre
avec ses nouveaux galons de « frâche date ».
4CF.
L'Europe en enfer de Ian Karshaw, Seuil 2016, p.82. Pierre Miquel
décrit mieux l'ampleur des mutineries en Europe : « On
ne peut alors parler de mutineries, mais de désertions en masse.
Elles s'étalent sur toute l'année 1917 au lieu d'être
concentrées, comme en France, sur quelques semaines. Les seuls
mutins en Allemagne sont les marins ». (p. 408 de La grande
guerre). Les marins allemands, pour une courte période (la
tentative de révolution est rapidement étouffée par la traîtrise
de l'appareil du parti socialiste et des syndicats), remettaient en
question la légitimité de la guerre « nationale » et
surtout la hiérarchie sociale en jetant leurs officiers par-dessus
bord. Dans le plus grand hôpital de campagne du nord de la France,
à Etaples, des soldats écossais et canadiens s'insurgent. Ils
auraient barré le fameux pont rose avec des mitrailleuses ; 45
sont exécutés. La répression était si cruelle depuis quatre
années que les fraternisations sont légions, contrairement à ce
qu'on enseigne à nos bambins, et confirment ainsi, parallèlement,
que la révolution d'octobre est le suc de ce mouvement
international. « L'exécution sans délai est la règle »
(assassin Joffre, 11 octobre 1914). Lionel Richard a encore plus
finement décrit les fraternisations à l'arrière et en particulier
pendant la courte tentative révolutionnaire en Allemagne :
« C'est quelques jours auparavant, après Kiel, Hambourg,
Brême, Munich, Stuttgart, en retard donc sur la province,
que l'effervesence a gagné les usines et les casernes de Berlin. De
bouche à oreille, la rumeur d'un soulèvement tout proche pour
mettre à bas l'Empire s'est d'abord propagée ». (p.32, « La
vie quotidienne sous la République de Weimar » Hachette
1983).
5GUERRES
ACTUELLES : Syrie (8 guerres dites civiles), Irak,
Yemen, Sahel, Bassin du Tchad, Soudan du
sud, Afghanistan, Birmanie,
Ukraine, Mexique (guerre des gangs qui fait plus de morts que la
guerre en Syrie). Les
civils sont les premières victimes des conflits armés dans le
monde. Exécutions, torture, déplacements forcés, leur protection
est mise à mal.
Selon
Amnesty international : « Quelles que soient leur nature
et leur intensité, les conflits armés entraînent partout des
violences. De la République
centrafricaine
à la Syrie,
du Yémen
à l’Irak,
en passant par Gaza,
les civils sont les premières victimes des combats. Ils devraient
pourtant en être protégés comme l’exige le droit international
humanitaire. Lors des bombardements, les infrastructures civiles
sont aussi touchées : les hôpitaux ou les bâtiments publics sont
souvent ciblés et détruits plongeant durablement des populations
entières dans le chaos.
Le
contexte des conflits favorise également d’autres formes de
violences : recours à la détention arbitraire ou aux disparitions
forcées,
généralisation de la torture.
Les femmes sont victimes de viols ou d’autres formes de violences
sexuelles et des enfants
sont enrôlés de force dans les combats.
Les conflits contraignent aussi les civils à fuir les violences
pour chercher asile et protection, bien souvent en traversant les
frontières de leurs pays
7
Contrairement aux alliés (ou pseudo-alliés actuels), l’Allemagne
ne fêtera jamais le 11 novembre sur son territoire ; la
présence de Merkel à l'Arc de triomphe était donc incongrue mais
ne lui vaudra pas de trop grands reproches de la part des caciques
du chauvinisme teuton, vu qu'elle est en fin de course et ne fait
plus que de la figuration.
10Centenaire
de 1918 :
si
tu veux la paix, prépare la révolution :
https://journal.lutte-ouvriere.org/2018/11/07/centenaire-de-1918-si-tu-veux-la-paix-prepare-la-revolution_114762.html
14
Et lire pour comprendre plus à fond cette polémique ici :
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