petits soldats syndicaux |
Précisons
sans perdre de temps que les choristes étaient bien cette assemblée
de moins de cent personnes, affidés du NPA pour ne pas dire en
grande partie groupies lycéennes et garçons estudiantins, donc une
jeunesse assez aisée à manipuler par des images et du spectacle
organisationnel bien rodé et encadré comme il se doit par les
vieilleries rudimentaires du trotskisme faisandé et girouette de
cette pauvre et nullissime dite IV e Internationale. Précisons aussi
que je n'emploie pas les termes « syndicats gouvernementaux »
à la légère, car, s'il faut une lumière crue pour voir la vérité
en face, c'est que, malgré les poncifs de la gauche bourgeoise bien
incrustés dans les têtes chétives ou chenues, ces barnums
corporatifs ne sont pas seulement des traîtres invariables à la
cause du prolétariat, mais littéralement rétribués, sponsorisés
et entretenus par l'Etat bourgeois1.
Le cirque de l'invention d'une grève programmée avec plusieurs
scénarios possibles à la SNCF confirme pleinement la perversité de
la gouvernance macronesque (révolutionnaire paraît-il).
Passons
donc à mon compte-rendu, cher lecteur, de la réunion de ce vendredi
soir du NPA et de sa courroie de transmission SUD dans une librairie
tiers-mondiste du côté du métro Guy Moquet.
LA
PANOPLIE CLASSIQUE DE LA FERIA TROTSKIENNE
Le
décor ne me surprit pas outre mesure, l'ambiance était donnée par
la convocation qui annonçait la présence en tribune de trois
ouvriers de choc maghrébins et noirs, cheminots et grévistes sans
papiers. Des ouvriers de choc antiracistes et exemplaires donc. Sans
nul doute aussi possesseurs du brevet d'antifascisme. J'étais choqué
par une grande banderole collée en hauteur dénonçant le seul Etat
d'Israël (j'eus aussi aimé qu'on y ait adjoint d'autres banderoles
dénonçant aussi tous les Etats arabes bourgeois et les riches
occidentaux...). Pourquoi la seule dénonciation d'Israël ?
Parce que le recrutement vers les influencés du Bandit Blog en
banlieues colorées et voilées se nourrit d'un arrière-fond
d'antisémitisme bcbg ?
Les
autres murs étaient parsemés d'affiches et de calicots comme les
maîtresses d'école aiment bien décorer les classes de maternelle,
figurant la saga de la merveilleuse grève victorieuse au bout de 45
jours des travailleurs sans papiers de la firme de nettoyage des
wagons SNCF, ONET (sic!).
Deux
caméramen avec catogan et barbe à la mode étaient disposés de
chaque côté de la tribune, de face, car il est plus raisonnable de
ne pas filmer la salle2.
La nappe de la tribune indiquait « Révolution permanente ».
La salle se remplit peu à peu avec nombre d'éléments très jeunes,
à dominante féminine et bon enfant. A la tribune s'était déjà
installé trois personnes dont une femme africaine avec boubou.
Arriva ensuite une qui se prenait à l'évidence pour une star,
élégante certes, cheveux au vent. Elle se délestait de son manteau
en faisant des clins d'oeil au public devant avec des « çà va
toi ? », et autres « tu vas ? », faconde
bien-aimée de tout cadre qui s'exhibe et veille toujours à séduire
ses ouailles. La suite montrera une cheftaine qui s'exprime avec
aisance, conduit le bal ; par conséquent probablement une
membrette du comité central du NPA. Elle devait d'ailleurs se vivre
comme une passionaria... jusqu'à la douche froide de mon
intervention.
La
miss en scène s'assied et annonce le programme de la soirée. Elle
commence par saluer la mémoire d'une élue municipale des favelllas,
la brésilienne Marielle Franco (compatriote de la miss trotskienne),
lâchement assassinée il y a une paire de jours (applaudissements
nourris). Au programme figure le témoignage de la lutte exemplaire
des ONET comme entrée en matière, entre de longues plages de
discours de la miss trotskienne, puis d'un syndicaliste cheminot
(d'origine arabe) et du leader du dernier mouvement étudiant dont
personne ne se souvient plus3.
La
dame en boubou parle ensuite très bien de l'expérience inoubliable
de cette grève. Elle décrit très bien les manifestations
nombreuses de solidarité de la population. Elle fait plusieurs fois
rire la salle avec ses remarques plein d'humour. Elle remercie
normalement syndicats et NPA pour leur soutien, et fait encore rire
lorsqu'elle dit qu'elle a été heureuse de rencontrer « Monsieur
Poutou ». (applaudissements nourris à l'antiracisme) Puis
après une longue page publicitaire de la miss trotskienne, qui a
maintenant noué ses cheveux, la parole est au syndicaliste de choc.
Le cheminot parle bien mais trop vite. Il a incontestablement du
tonus et ce ton mâle qui sied si bien à l'orateur trotskien de base
et qui sait faire vibre une foule de sectateurs trotskiens de base.
Il parle déjà de la grève comme un fait accompli qui va embraser
la France comme un remake de mai 68, au passage il aligne nombre de
contre-vérités : le souvenir de la victoire de 95 (mensonge,
le fusible Juppé a sauté mais le lent démantèlement de la SNCF a
commencé après le sabotage de l'extension par la mafia syndicale),
les dates égrenées des grèves successives de la SNCF omettent le
non respect des AG et les magouilles successives des syndicats sous
un discours lénifiant et radoteur typique de la gauche radicale
réformiste et arriviste le « permanent combat pour l'unité
des syndicats »4.
Le
jeune syndicaliste sudiste a manifestement rêvé à haute voix.
(applaudissements nourris au lait du syndicalisme oecuménique).
Nouvelle page publicitaire de la miss trotskienne olla brésilienne
pour intoduire le dernier orateur avant « le débat », un
leader de la dernière coordination étudiante. Il piaffait depuis le
début le gars. Il se lance dans une vielle version non remastérisée
de l'union étudiants-travailleurs, veille farce de mai 68, où, je
le rappelle on n'avait que foutre des revendications
corpo-universitaires des étudiants (nos futurs cadres et ministres
PS). Suit une liste des revendications pour futurs diplômés en
insistant sur la nécessaire diplomatisation des enfants d'ouvriers
(surtout dans nos universités qui ne servent plus à rien si vous
n'avez pas les moyens d'aller dans les écoles d'élite...), et un
parallèle osé avec les revendications syndicalistes étroites. Puis
notre orateur morveux de nous expliquer un événement qui a eu lieu
bien avant qu'il soit né, dont il se met à égrener les poncifs les
plus faux : la grève générale, l'unité syndicale, un 22 mars
réunissant avec bonheur maoïstes et trotskistes et anars, un
pouvoir ébranlé, etc. Rien sur le fait que le mouvement s'est
déroulé avant tout contre la gauche bourgeoise, les syndicats
collabos et leurs amis gauchistes, déjà souvent conspués ou
chassés des AG. (applaudissements nourris à l'ignorance). Encore un
qui finira député PS à 35 balais, pensé-je5.
La
cheftaine trotskienne, doublant la mise propagandiste, se fend à
nouveau d'une page publicitaire pour nous enseigner trois notions de
la grève générale, toutes aussi fausses les unes que les autres.
(applaudissements sectateurs). Elle précise enfin, et cela fait une
bonne heure et demi que la représentation trotskienne se déroule,
que trois minutes sont réservées à chaque intervention. C'est déjà
mieux que les deux minutes de LO, pensé-je.
Evidemment
que je suis le premier à lever le doigt. Ne serait-ce que pour
éclairer les deux gamines assises à côté de moi, qui n'arrêtent
pas de chuchotee en roulant des yeux, m'observant en coin, secouant
la tête à chaque bêtise des orateurs ou n'applaudissant jamais :
quiqui c'est çuila ? P'têt bien un intrus du FN ? OU, va
savoir, une flicaille ? 6
Je
peux ici reproduire quasiment ma déclaration malgré le sabotage
auquel elle donna lieu. Je sais combien il est difficile de dénoncer
un appel à la grève frauduleux, pour défendre ce que doit être
une vraie grève décidée et contrôlée par les ouvriers eux-mêmes.
Mais là, c'est une assemblée de bobos activistes, que ne pensent
pas, qui attendent le nirvana militant, le jus oratoire qui leur
donnera l'illusion d'être anti-système. Il me faut être court
avant qu'ils ne me cassent. Facile à dire, difficile à faire.
J'attaque d'emblée :
« Vous
êtes les choristes du syndicalisme gouvernemental ! Vous êtes
ses sergents recruteurs. Ils organisent une grève préventive,
fabriquée, aléatoire et vous appelez à foncer tête baissée dans
la muleta ! Avant de se glorifier d'une grève probablement
perdue d'avance, tellement « l'opinion » a été monté
contre elle, il faut désigner les principaux ennemis de la lutte.
Votre pote Besancenot a bien parlé dans un premier temps, décryptant
les divers mensonges des médias chez Ruquier. Mais il a menti.
(aucune réaction hostile, la salle est comme tétanisée pour le
moment). Il a menti par omission : jamais vous les trotskiens
vous ne dénoncez les syndicats avant les grèves, toujours après...
quand ils ont une nouvelle fois trahi ! Et maintenant on entre
dans une phase où tout est déjà organisé d'avance, comme votre
mise en scène ce soir : il y a cette gréviste de ONET dont je
respecte la grève et l'action, mais permettez-moi de vous dire
qu'une grève d'une cinquantaine de personne aussi légitime
soit-elle, n'a rien à voir avec une grève impliquant des milliers
de travailleurs et en mesure de paralyser le pays ! Vous avez
mis à contribution aussi un syndicaliste moyen qui, bla-bla, avec
beaucoup d'énergie nous chante l'unité syndicale, et enfin un
étudiant qui ne connaît rien de mai 68 et en véhicule les pires
poncifs.... ».
C'en
était trop déjà. La miss de tribune s'impatientait en regardant sa
montre, et ses grimaces d'interruption commencèrent à me
déstabiliser. J'y perdais le fil de mon discours. Je souhaitais les
pousser à voir l'ampleur de la manipulation syndicale, ce ridicule
appel à une « grève longue » comme masque moqueur à la
vraie question : la généralisation. Je tentai encore :
« laissez moi finir... » mais les houhou de la salle puis
des frappes des mains scandées pour couvrir la voie (habitude
contractée aux Nuits debout et par les écouteurs couchés). Je
m'assis. Mon voisin écarta légèrement sa chaise comme si je puais.
Les jeunes filles levaient les yeux au ciel. On donna la parole à un
type qui se lança dans une démonstration d'antiracisme, puis à une
femme noire avec voile élégant qui raconta longuement une histoire
que ne perçurent point mes faibles oreilles.
Enfin,
touché au vif, le jeune syndicaliste entrepris de me répondre,
faisant rire la salle en précisant qu'il était un syndicaliste
moyen et très moyen. Mais je sentais une grande sincérité chez
cette homme contrairement à la toupie exhib de la tribune. Il avait
lui était touché par mon questionnement et révisait à la baisse
la ferveur naïve de la salle. Il y eût un chouia d'évocation de la souveraineté des AG ouvrières - les super organisateurs trotskistes se vantant toujours de favoriser un zeste de décisionnisme de base "à côté" de l'indépassable syndicalisme gouvernemental... souveraineté que les flics syndicalistes officiels se chargent eux de toujours réduire à néant en tant que "responsables" (et comme nous les moquions ces connards en 68... en leur chantant: "nous sommes tous des irresponsables"!). Mais cela n'alla pas plus loin tant la
cheftaine le tarabustait à la tribune : « lui répond
pas, laisse tomber... ». Je criai bien sûr : « mais
vous avez donc si peur d'un vrai débat, d'une possible désobéissance
aux planificateurs syndicaux ! ». Dans le brouhaha je m'époumonne: "hé! revenez sur terre... réfléchissez un peu... à la merde dans laquelle est pour le moment la classe ouvrière... on vient de subir défaite sur défaite et pas qu'un peu, pas le simple rayon SNCF mais successivement sur les retraites, sur la loi travail... et vous chantez déjà victoire pour une lutte déjà mal engagée... vous foncez comme des imbéciles...".
Quelques
hou hou seulement, preuve que la salle était gênée et que quelques
unes ou quelques uns regretteront de s'être associés à la cabale
contre le vilain canard, longtemps après... quand ils auront pris de
la bouteille ou réfléchi hors de la secte. Je hurle aussi :
« le scénario est pourri ! » J'aurais pu me passer
d'un autre cri « vous êtes comme les staliniens ! »,
non ces petits jeunes ne sont pas comme les staliniens, cette
dernière engeance eux ils me cassaient la figure. Mais tous m'ont
bien entendu dire : « il est même possible que la manif
n'ait pas lieu ». Ce qui serait une victoire inespérée pour
les syndicats macronesques après avoir tant mouillé la poudre
depuis des mois et s'être offert quinze jours pour pisser en plus
sur la souveraineté des AG prolétariennes.
Conclusion :
la cheftaine, mine quelque peu déconfite, appela à la manif foutoir
du 22 et l'orga remballa son matériel.
Quittant
la librairie, je suis rattrapé par un jeune homme qui me serre
fortement la main : « merci monsieur, vous avez bien
parlé ». Il y a des poignées de main qui valent tout l'or
dumonde.
Le
samedi matin je me porte sur le site du NPA et je lis confirmation du
chant des choristes avec leur habituelle langue de bois féministe :
« Le
22 mars prochain, sept organisations syndicales de la fonction
publique appellent à une journée de grève et de manifestations.
Elles sont rejointes par les syndicats de cheminotEs contre la
réforme ferroviaire par ordonnance, mais aussi par la fédération
des industries chimiques, la fédération mines-énergie de la CGT,
par des unions départementales (Seine-Maritime,
Bouches-du-Rhône...).(...) Les attaques contre le public sont des
attaques contre les salariéEs, une défaite détériorerait les
conditions de travail et de vie de touTEs. Mais ce gouvernement ne
s’arrêtera pas face à quelques manifestations, nous aurons besoin
d’une grève massive, unitaire, qui bénéficie du soutien d’une
majorité de la population, pour gagner.
C’est
dans cet objectif que le NPA appelle à participer à la grève et
aux manifestations du 22 mars, à construire des collectifs de lutte
sur les lieux de travail et dans les quartiers pour défaire le
gouvernement Macron. Le gouvernement a pour projet de société de
casser tous nos acquis, nous devons lui répondre par une grande
mobilisation comme en Mai 68 pour affirmer un projet de rupture avec
le système ».
Nul doute
que le 23 mars il faudra préparer les autos blindées pour aller
chatouiller le gouvernement Macron et les garer devant
l'Elysée-Smolny, que Besancenot se rasera la tête pour singer
Lénine et que Poutou se sera laissé pousser une tite barbichette.
Mais
permettez que je vous le confie, entre nous, chers naïfs spectateurs
(que je vous aime quand même car vous révélez un nouvel éveil à
la politique que je salue, comme me l'a soufflé mon ami Michel
présent lui aussi dans la salle) : UNE
VRAIE LUTTE NE PEUT AVOIR LIEU QUE PAR SURPRISE ET FICHER UN COUP DE
PIED AU CUL A TOUT SYNDICALISTE PRESENT SUR LES LIEUX DE LA
SOUVERAINETE PROLETARIENNE ! Qu'on se le dise !
EPISODES
SUIVANTS DE LA GREVE READY MADE EN KIT MACRONESQUE (révolutionnaire
et inusité) (attendez vous à ce que je me résolve à en
feuilletonner les épisodes à venir et n'hésitez pas à me
faire parvenir nouvelles fraîches et commentaires, et même
rectifications ou demande de réponse polémique).
Je précise
enfin, quitte à choquer les bonnes âmes gauchistes, que je me fous
du démantèlement du ridicule « service public »
(concept stalino-trotskien), et que je pense que la lutte de classe
n'a pour objet que de dépasser telle ou telle revendication – que
toute revendication n'est pas neutre, que les notions de « service
public » et « nationalisation » ne sont pas du
domaine prolétarien mais relèvent des conceptions bourgeoises
cogestionnaires de temps de guerre par la gauche – et que
l'objectif est de dépasser la revendication corporatiste (qui reste
celle des cheminots et causera leur perte) ; on ne peut pas
lutter en croyant possible l'obstruction au démantèlement du
travail en cours – fin de toutes garanties diverses – sans se
représenter que le combat commun de classe doit faire rendre gorge à
l'Etat et à ses faux opposants oppositionnels de carnaval. Et que
cela peut prendre des années, ou même quelques jours et non pas
trois mois d'épuisement et de balades ridicules.
COMMENT
LA DROITE BOURGEOISE SE JOINT AUX CHORISTES DE LA GAUCHE EN SERVICE
PUBLIC MENSONGER
On peut se
gausser de voir d'abord un étrange renversement des valeurs,
quoique... je me rappelle la façon dont l'immonde avait dénoncé la
grève (sauvage) des cheminots en 87 qui nous avait tant passionné à
RI) ; Le Monde ce samedi matin dénonce le régime de retraite
« largement déficitaire »des cheminots « qui
coûte cher à l'Etat » ! Oh mon dieu !
Le Figaro
est plus mesuré. Il conseille la débrouillardise aux usagers
« otages ». Par la bouche de traviole de Pécresse, sont
listées non pas d'autres corporations appelées à croiser les bras
ou un appel à « généraliser » mais bien à généraliser
la débrouille masochiste pour ne pas faire perdre de profit à son
entreprise :
- le covoiturage gratos,
- des bus « Macron » (dit la révolution Macron = un accident toutes les heures mais limité à 80)
- le télétravail pour les cadres qui, contrairement aux ouvriers, ces tricheurs adeptes du droit à la paresse, demanderont à mémère de s'occuper de l'intendance pendant qu'ils marneront sur le clavier à domicile, mais au plumard.
- Le service minimum, car les entreprise géantes contiennent toujours plus de fayots que les petites ;
- les « déclaration individuelles d'intention de travailler » pour tout non gréviste déclaré, ces nouveaux bons de travail font partie de la révolution macronienne ;
- enfin, mais hélas trois fois hélas, les réquisitions de personnel, vieille obligation de service public, comme quoi les services publics et autres nationalisations fonctionnent comme l'armée7.
NOTES ABONDANTES
1Cf.
Mon livre « L'aristocratie syndicale » qui livre les
sources de financement et les multiples exemples de collusion
gouvernement-syndicats, même des avortons à la SUD ; la
révélation de la corruption, non pas simplement des syndicats,
mais du syndicalisme n'a jamais été aussi forte, pour la période
contemporaine, qu'au pic de la grève généralisée de 1968.
2Ce
qui n'empêcha pas le photographe du NPA de prendre sans gêne des
photos de votre serviteur lorsque je pris la parole.
3Je
ne résiste pas au,plaisir de vous reproduire la moquerie de notre
grand Bordiga début 1968 sur les étudiants : Dans
ses « Notes élémentaires sur les étudiants et le marxisme
de gauche authentique », Amadeo Bordiga rappelait à ce moment
les limites de tout mouvement strictement étudiant : « Les
mouvements étudiants ne peuvent présenter une histoire ou une
tradition historique. À l’époque des révolutions bourgeoises
libérales, qu’elles soient républicaines ou seulement
constitutionnelles, les agitations ou les organismes étudiants
n’eurent pas d’actions ou d’objectifs autonomes (...)
Aujourd’hui, en ce 1968 pourrissant, la défense de l’autonomie
d’un mouvement étudiant par les faux communistes successeurs de
Staline, n’est rien de plus qu’une nouvelle confirmation de leur
enlisement dans les sables mouvants de la trahison et du reniement
(...) Selon Marx, le prolétariat est une classe non seulement parce
que sans son travail il n’est pas possible de produire ces
marchandises dont le total forme la gigantesque richesse de la
société capitaliste, qu’il s’agisse de biens de consommation
ou de biens d’équipement ; mais parce que le prolétariat en
plus de produire tout, se reproduit aussi lui-même, c’est à dire
réalise la production des producteurs. C’est dans ce sens que
Marx a voulu introduire dans sa doctrine moderne le terme classique
utilisé vingt siècles auparavant par les romains de
l’antiquité pour désigner les membres de la plèbe
laborieuse de leur époque : prolétaires. En poursuivant la
comparaison entre le prolétariat fécond qui devrait aujourd’hui
démissionner de l’histoire face aux étudiants qui s’agitent
pour prendre sa place, il serait ici facile de faire de l’humour à
la lecture des informations sur les étudiants des campus français
ou des collèges américains pour qui la principale revendication
révolutionnaire semble être la liberté sexuelle. Les ouvriers des
deux sexes peuvent en s’accouplant engendrer de nouveaux ouvriers
pour les armées de travail du futur, alors que jusqu’à preuve du
contraire les étudiants n’engendrent pas automatiquement de
nouveaux étudiants, même dans les pays où a été généreusement
accordé aux enfants d’ouvriers et de paysans la liberté de faire
des études. Les classes stériles ne peuvent rien demander à
l’histoire (...) Aujourd’hui dans cette société humaine
toujours plus dissolue, et surtout dans la conscience impuissante
qu’elle a d’elle-même, on voit non seulement des théorisations
qui font des étudiants une classe sociale, mais on entend même
parler de lutte de générations, comme si la société était
divisée en deux camps : les adultes et les jeunes... ».
Publié en Italie début mai 1968, repris dans Le
Prolétaire
n°488.
4La
tradition trotskienne a repris du stalinisme la fabrique d'orgas
courroies de transmission et de recrutement, tel ce « Front
social » (terme pervers à connotation antifa, ndlr versus un
certain autre « Front... »), qui ratisse large. Dont je
vous donne le meilleur aperçu, et je connais fort bien le père et
les façons de ramper dans le système de la principale progéniture
qui anime ce « réseau » pour ne pas dire ce cloaque à
gauchistes avec les fils de trotsks : On
essaie de bousculer le syndicalisme. Il s’agit d’une
coordination sur un mode horizontal, avec des décisions qui passent
par la base et la mise en réseau des gens plutôt que par une
réponse systématique aux appels à la mobilisation émis par une
direction de centrale syndicale. On fait une sorte de syndicalisme
2.0", décrit pour Europe Romain Altmann, responsable du
syndicat Info'Com CGT. "Nous avons déjà enregistré un
certain succès : la manifestation de lundi dernier s’est
organisée en dix jours. Et nous ne sommes que des syndicats
locaux", poursuit-il.Aujourd’hui, le collectif réunit
environ 70 organisations, collectifs et autres associations venus du
syndicalisme protestataire, d’association de défense des réfugiés
ou encore de mouvement de lutte contre les violences policières. La
CGT info’com, la CGT Goodyear, la CGT énergie-Paris, la
fédération Sud commerce, les associations Droit devant, Urgence
notre police assassine ou encore certaines fédérations locales de
l’Unef se sont déjà rangées sous la bannière "Front
social".Ce mouvement est dans la continuité logique de Nuit
debout, avec cette idée que les mouvements viennent d’en bas, de
la base", analyse pour Europe 1 Jean-Marie Pernot, chercheur
associé à l’Institut de recherches économiques et
sociales (IRES). "Il y a une décentralisation des lieux
de la mobilisation. Les syndicats ne sont plus des forces qui
centralisent la contestation et les petites fédérations
s’autonomisent, avec des mots d’ordre propres", poursuit ce
spécialiste des mouvements sociaux. Faute
de structure massive, ce collectif "2.0" investit les
réseaux sociaux. Des affiches, tracts et autres slogans qui
respectent les "codes" de la toile et dont le but assumé
est de créer "le buzz" sont créés par dizaines et
circulent abondement sur les comptes Twitter, Facebook et autres
Instagram des organisations membres du collectif. Sur internet, la
mayonnaise semble prendre. La page Facebook de la CGT Info Com’,
l’un des principaux membres du collectif, réunit déjà 72.000
"fans", contre seulement 35.000 pour la page générale de
la CGT. » Ce magma creux prétend faire rêver lors de
plusieurs réunions au moi de mai à une réédition de mai 68 !
Les
directions des principales fédérations syndicales se montrent,
pour l’heure, prudentes face à ce mouvement, voire même
réticentes. "Je ne me reconnais pas du tout dans ces affiches,
je suis en profond désaccord et ce n’est pas la première fois.
Pour eux je suis un traître, nous ne sommes pas du tout d’accord",
réagissait Philippe Martinez, leader de la CGT,
interrogé le 1er mai sur Europe 1 à propos de l’une des affiches
véhiculées par le mouvement,
comparant Emmanuel Macron et Marine Le Pen à "la peste et le
choléra".
En
avril dernier, il avait déjà pris ses distances avec une affiche
contre les violences policières, montrant une mare de sang
au-dessous d'un écusson de CRS et d'une matraque. "Cette
affiche émane d'un syndicat de la CGT et elle n'apparaît pas, vous
l'avez remarqué, sur le site de la confédération", avait-il
déclaré, prié par le Premier ministre Bernard Cazeneuve et le
syndicat CGT-Police de dénoncer le tract. "Les grandes
centrales n’ont, pour l’heure, pas de vision à long terme.
Elles ne savent toujours pas quel mot d’ordre elles vont adopter
face à Emmanuel Macron. Je doute qu’elles rejoignent ce ‘Front
social’", estime pour sa part Jean-Marie Pernot, chercheur
associé à IRES. "La conjoncture fera le reste. Si Emmanuel
Macron met en place une réforme du travail exagérément libérale,
peut-être les grandes centrales rejoindront-elles une mobilisation
déjà préparée. Mais la bascule ne se fera pas de sitôt",
poursuit le chercheur.Les
directions des principales fédérations syndicales se montrent,
pour l’heure, prudentes face à ce mouvement, voire même
réticentes. "Je ne me reconnais pas du tout dans ces affiches,
je suis en profond désaccord et ce n’est pas la première fois.
Pour eux je suis un traitre, nous ne sommes pas du tout d’accord",
réagissait Philippe Martinez, leader de la CGT,
interrogé le 1er mai sur Europe 1 à propos de l’une des affiches
véhiculées par le mouvement,
comparant Emmanuel Macron et Marine Le Pen à "la peste et le
choléra". En avril dernier, il
avait déjà pris ses distances avec une affiche contre les
violences policières, montrant une mare de sang au-dessous d'un
écusson de CRS et d'une matraque. "Cette affiche émane d'un
syndicat de la CGT et elle n'apparaît pas, vous l'avez remarqué,
sur le site de la confédération", avait-il déclaré, prié
par le Premier ministre Bernard Cazeneuve et le syndicat CGT-Police
de dénoncer le tract.
Et
voir les prétentions respectives et la polémique avec Alternative
libertaire :
http://www.alternativelibertaire.org/?La-strategie-de-Front-social-un
voir
aussi l'article sur les curieuses tendances du NPA comme
« révolution permanente » :
http://www.alternativelibertaire.org/?Site-Internet-Revolution
Comme
les « invisibles» anars de la bande à Coupat, la myriade de
mini-groupes intra-utérins se nourrit de mystère, de rapports
ambigus avec la police, de la Kabale (?) et autres âneries pour
attirer le chaland alors que tous ces discours sont creux comme une
coquille vide.
5Je
déconseille fortement d'acheter la version mai 68 de Benjamin Stora
(pour ne pas l'enrichir), ce supposé historien ami des puissants,
n'y consacre qu'un petit tiers, mais nous livre sa résistible
ascension au principal parti bourgeois de la 5e République. A part
ses promenades en culottes courtes, il se fait recruter vite par la
secte lambertiste et rejoint vite la tendance Cambadélis (célèbre
porte-voix mitterandiste puis hollandiste), 400 étudiants
nian-nians qui vont monnayer leur adhésion au PS. On connaît la
suite. Depuis 40 ans, dans nombre d'articles et dans mes livres je
n'ai cessé de décrire le gauchisme comme école de formation à la
carrière dans les partis bourgeois. Et j'en sais assez pour
démontrer leur collusion avec la grande bourgeoisie ; ainsi le
sieur Krivine surpris un jour en train de tenir un stage pour
expliquer à un aéropage de grands patrons comment faire face à un
conflit social....
6Jadis
et naguère, je n'ai jamais de toute ma vie condescendu à moutonner
avec n'importe quel foule, même si dans les AG CGT par exemple,
gros yeux et regards menaçant, ou à la fête de LO, jamais je ne
me levais avec ces cuistres pour dégobiller l'Internationale,
malgré les regards courroucés.
7Ce qui me permet de dire, fielleusement, que dénationalisation ou fin
de tel ou tel service public, n'est pas la fin des haricots car
devenue privée, l'entreprise n'est plus militarisable... donc même
dans ses avancées libérales cyniques l'Etat se tire une balle dans
le pied, ou alors faut être con pour penser que les « services
publics » sont une annexe du socialisme ou du communisme.
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