"La classe ouvrière n'est plus le cœur du vote de gauche, elle n'est plus en phase avec l'ensemble de ses valeurs. La classe ouvrière a définitivement basculé à droite, voire davantage. Elle ne partage plus les mêmes valeurs que la gauche. Et le nouveau noyau de la gauche est constitué des jeunes, des femmes, les « minorités » (sexuelles, immigrés et migrants, ndt), les diplômés. "la grille de lecture pertinente n'est plus les classes sociales mais la division outsiders-insiders". Olivier Ferrand (Terra nova 2011)
LES
AGRESSIONS CONTRE LES TRAVAILLEURS RAVALEES AU RANG DE FAIT DIVERS
Il n'y a eu
aucune protestation des deux branches trotskiennes les plus connues
en France – LO et le NPA – concernant le meurtre de Philippe
Monguillot un
chauffeur de bus violemment battu à mort à Bayonne par quatre
racailles, dimanche 5 juillet. Le chauffeur de bus a été
victime d’une agression d’une extrême violence alors qu’il
voulait contrôler le ticket d’une personne et exigeait le port du
masque pour trois autres.Âgés de 22 et 23 ans et connus des
services de police, deux
des quatre hommes soupçonnés d’avoir porté les coups ont été
mis en examen pour tentative d’homicide volontaire et écroués.
La justice
bourgeoise persiste dans le laxisme provocateur qui enchante les
sectes gauchistes et racialistes, ce ne fût pas une tentative
d'homicide mais bien un homicide gratuit. Le jeudi soir, 6
000 personnes ont participé à une marche blanche dans les rues de
Bayonne tandis qu’une minute d’arrêt des transports en
commun a été observée dans plusieurs villes de France, à l’appel
de l’intersyndicale nationale des Transports publics urbains de
voyageurs.
Ces
protestataires étaient certes moins nombreux que les différents
défilés à la gloire de la famille Traoré et à ses armoires à
glace qui encadrent une jeune femme à crinière de lionne. Une
victime des exactions policières aurait-elle un titre de gloire
supérieur à celui d'une victime des racailles sans foi ni loi ?
Le pauvre mort de la compagnie de bus de Bayonne n'est-il donc qu'un
simple fait divers certes regrettable mais qui ne peut servir qu'à
enchanter la revendication « réac » de plus de
répression et servir de sponsor au RN ? Et de « diversion »
au gouvernement qui a trouvé le crime « abject » et en a
profité pour y envoyer son ministre « violeur » ?
EXITE-T-IL
UN FAIT DIVERS DE GAUCHE ET UN FAIT DIVERS DE DROITE ?1
« Le
fait divers est très concret et précis. D'une part, c’est une
chose que l'on peut comprendre sans connaître le contexte historique
ou politique. Dans un second temps, le fait divers a sa propre
logique, il est clos, il y a un début et une fin. Le début est
souvent clair, la fin l’est moins, surtout dans les affaires à
rallonge comme l'affaire Grégory… ». (Patrick Avrane).
Dans les deux
cas, l'étouffement (ventral) probable de Traoré et le piétinement
de Monguillot, nous n'avons pas affaire à un fait divers mais à des
faits de société qui ne peuvent laisser indifférent. Dans les deux
cas, on peut créditer autant les flics que les racailles d'une
capacité à monter en brutalité sans se préoccuper si leur
violence allait entraîner ou pas la mort. Comme disait le regretté
chansonnier Jacques Blot en parlant de la condition du CRS : on
tape d'abord et on réfléchit ensuite. On obéit aux ordres ou à sa
pulsion de violence, ce qui est à peu près du même... ordre, et
après vogue la galère ! Ça passe ou ça casse.
Dans les deux
cas cela ne passe pas, mais on trouve le moyen de rendre confuse la
compréhension de ces deux drames. Dans le premier cas, celui de
Traoré on atténue la gravité du crime policier en déviant vers un
soit disant crime raciste, et dans l'autre, soit on ignore comme les
infantiles du NPA et les populistes de LO, soit on dénonce, non le
crime des racailles du lumpenprolétariat, mais la récupération de
l'extrême droite pour mieux masquer le déni de la décomposition
sociale et l'expansion d'une contre société arriérée. L'Etat
français depuis Sarkozy a l'art en effet d'utiliser le « fait
divers », même s'il ne peut plus être considéré comme
divers mais « social », pour promouvoir ses campagnes
« sécuritaires » qui ne sécurisent rien du tout face à
une ghettoïsation qui se généralise, et qui lui est si utile pour
justifier la permanence d'un découpage de la population en damiers
communautaires où le « sang mêlé » vient servir à
bannir tout sentiment de classe dans une diversité qui n'est plus
qu'hétérogénéité et chacun pour sa gueule.
Un certain
nombre de frères journalistes, qui se font fort d'inventer une
nouvelle idéologie de gauche bobo post terra nova, gardent la
mentalité stalinienne et néo-trotskienne de leur jeunesse en
voulant réoccuper la place laissé vacante par un PCF décati.
L'idéologie du PCF faisait quand même référence au socialisme et
à l'action ouvrière, même fallacieuse avec la théorie du parti
Etat et la violence des syndicrates CGT. L'idéologie de la gauche
bobo post terra nova n'est plus qu'un salmigondis d'anti-racisme, de
bondieuseries écolos, d'antifascisme d'opérette, de culte d'une
insurrection de carnaval, d'un féminisme échevelé et surtout d'une
détestation simpliste et névrotique de la police.
L'insécurité
qui règne un peu partout en zone urbaine n'est pas un sujet sérieux
pour les tartufes de LO et du NPA qui n'ont que le mot « lutte »
à toutes les sauces, surtout le NPA héritier infantile du « je
soutiens tout ce qui bouge » de la LCR2.
Sur le plan des licenciements, ces deux sectes ne sont que les
exécutantes des appareils syndicrates, et leur action dans ce cadre
n'est en aucune manière révolutionnaire, sauf à pousser de petits
couinements ridicules comme le pauvre Jean-Pierre Mercier ou le
minable Poutou. Sur le plan sociétal, qui ne dérange en rien la
bourgeoisie, tous ces représentants de la petite bourgeoisie même
pas radicale, électrisent la masse des lycéens face à l'horrible
fachosphère, se défoulent pour enfoncer les portes ouvertes de
l'antiracisme, de la fixation sur Le Pen, et sont tous
encyclopédistes des nuisances industrielles.
L'insécurité
des zones paupérisées, sous le déni des gauchistes et des
notabilités de la gauche caviar n'est plus qu'un alternative
dérisoire : plus de police ou dissoudre la police ! Le
déni permet l'inversion, ce n'est pas le lumpenprolétariat, résidu
du mode de vie de la bourgeoisie en décomposition (argent facile,
élimination sans pitié de l'autre, droit du plus fort, c'est
l'extrême droite qui est aux aguets des violences urbaines avec un
objectif idéologique « identitaire ». Ainsi on apprend
que c'est l'extrême droite qui a abusé le grand public au sujet des
événements violents à Dijon, dans les nuits du 12 au 15 juin
2020. En cause, les expéditions punitives organisées à Dijon par
des Tchétchènes et des Albanais contre des « Arabes » et
des « Noirs » qui ont agressé trois jeunes de leur
communauté.
L'antiracisme
étant primordial par rapport à l'insécurité (on parle gentiment
plutôt d'incivilités), le débat public n'est plus que dissoudre la
police ou la renforcer, mais en rien condamner la marche à l'abîme
du capitalisme. Dans ce tohu-bohu on a oublié l'essentiel, les
conducteurs de bus ont exercé pendant plusieurs jours leur droit de
retrait et appelé à une protestation généralisée !
Les
raisons cachées de la lâcheté du NPA
Il
y a selon moi une autre raison pour laquelle ils se sont tus
concernant l'assassinat du conducteur de bus de Bayonne. Ils ont peur
de perdre leur petit crédit électoral en banlieue islamisée. Avec
la CGT et Solidaires ils avaient crié sur tous les toits pour
dénoncer les tirs d'un papy « raciste et islamophobe »
contre la mosquée de Bayonne, pour surtout affirmer leur soutien
indéfectible au port du voile et à l'islam. Et ces caméléons de
trotskiens ont fait semblant d'oublier que quelques années avant ils
avaient eu une position, ne disons pas identitaire musulmaniaque mais
encore vaguement solidaire « de classe ». En 2014, une
centaine de cheminots avaient exercé leur droit de retrait suite à
une agression d'un quidam contre deux ouvriers. Et c'est la réaction
des cheminots eux-mêmes qui avaient dicté leur conduite aux petits
bourgeois des syndicats et de la mouvance du NPA.
Dans
cette affaire, la centaine d’agents de la SNCF travaillant en
contact direct avec la clientèle, s’étaient retirés de leur
poste en réaction à deux agressions par un « usager »
(lumpen?) le 26 décembre 2014. Le droit de retrait, comme celui à
Bayonne, gêne considérablement l'Etat et ses laquais à la SNCF.
Une fois mis fin à l’incident et l’agresseur maîtrisé, la
direction leur faisait injonction de reprendre leur travail pour le
17 décembre 2014 à 19 heures. Prétextant poursuivre leur droit de
retrait, les agents ne reprenaient pas leur poste et se voyaient
appliquer une retenue sur salaire pour motif d’absence injustifiée
à compter de cette échéance. Une AG interservices
avait eu lieu à Saint-Lazare. À Lyon, une centaine d’agents
avaient déposé le sac. À Nice, plus aucun TER ne roulait et la
gare était fermée au public. À Toulouse, Marseille, Rodez aucun
train ne circulait non plus À Angers, 10 trains sur 11 avaient été
supprimés, à Tardes ou dans le Languedoc-Roussillon, plus
grand-chose ne circulait. A l'époque les amis du NPA parisien ne
s'étaient pas souciés d'antiracisme, et ils écrivaient alors
benoîtement : « Les
équipes de la CGT et de Sud Rail sont globalement très mobilisées
pour relayer l’appel aux salariéEs à faire valoir leur droit de
retrait afin d’obtenir des mesures de sécurité rapides ».
Ont-il
pensé à l'époque réclamer plus de police comme nos méchants
identitaires d'aujourd'hui ? Pour que les gares ne ressemblent
pas à Grenoble-Chicago ? On n'en saura pas plus et peu importe
l'avis de ces girouettes en perpétuelle rotation.
Si
les travailleurs de la compagnie des bus de Bayonne n'ont pas obtenu
un gramme de soutien de l'antiraciste NPA ni un article du site LO,
et qu'on est resté tétanisé par l'émotion face à ce meurtre de
lumpens3,
comme condition à la reprise du travail les grévistes par
procuration ont obtenu :
Les
chauffeurs de bus du réseau de l’agglomération de Bayonne, qui
avaient exercé leur droit de retrait, reprendront le travail ce
lundi 13 juillet 2020 dans des conditions de sécurité renforcée, a
annoncé vendredi l’opérateur de transports Keolis.
Un
accord a été signé ce vendredi 10 juillet entre la direction de
Keolis et les représentants du personnel afin de garantir une
reprise de l’activité dans les meilleures conditions possible, à
compter de lundi, a annoncé dans un communiqué Keolis Côte Basque
Adour.
Cet
accord prévoit notamment la présence d’un agent de sécurité à
bord de tous les Tram’Bus, ces longs bus comme celui que conduisait
Philippe Monguillot.
L’accord,
valable jusqu’à fin août, prévoit aussi un renfort de deux
agents en cas de problème, un dispositif de protection
anti-agression au niveau du portillon conducteur, et un système de
talkie- walkie. À compter du 31 août, d’autres mesures sont
prévues, dont des aménagements sécurisant le poste de conduite, le
maintien d’une équipe de sécurité, une équipe Fraude renforcée,
un système radio amélioré, etc.
Bravo
à eux !
(Parenthèse)
je n'ai pas traité de la question de la punition des deux tueurs, la
peine de mort n'est pas applicable à tout moment comme disait
Lénine, mais en période de révolution et de dictature du
prolétariat, on aurait vite liquidé les deux salopards).
LA
FONCTION ANTI-OUVRIERE DU TROTSKISME ANARCHISTE
Le
think tank de la gauche bourgeoise qui avait fait scandale en 2011
avec sa note méprisante à l'encontre de la classe ouvrière,
arborait un « conseil scientifique » présidé par feu
Michel Rocard4
théorisant donc ce que le PS n'osait pas avouer: à force de ne pas
s'opposer au capitalisme et en ayant servi l'Etat bourgeois
totalement sous le règne de Mitterrand. Ne représentant aucunement
la classe ouvrière, dont la plus grande partie était restée
longtemps confiante dans le parti stalinien, la social-démocratie
bourgeoise ne pouvait que muer en parti des couches petites
bourgeoises et de l'aristocratie ouvrière (surtout syndicaliste). En
gros, l'option « choquante » du produit « ready
made » prétendait enfermer le choix des « pauvres
résiduels » dans l'étau Front National ou démocratie
financière, en croyant que la droite serait obligée de s'allier
avec la dite extrême droite pour laisser la place du bon démocrate
moderniste au PS. A ce jeu les technocrates du PS ont perdu, et ont
contribué finalement à l'accouchement pénible du bâtard Macron,
mi-Bonaparte, mi-Sarkozy.
Un
tel conclave de « révisionnistes » tous bien placés par
la bourgeoisie dans les divers secteurs des médias existe à
l'identique dans la plupart des pays qui en ont les moyens. Un tel
saut vers la négation hautaine de la classe ouvrière n'est pas
sorti de leurs simples crânes d'oeuf. La chute de la maison
stalinienne y a contribué pour l'essentiel. Ajoutons que le
stalinisme avec ses divers dérivés trotskiens, guévaristes et
fanonistes avait déjà préparé le terreau à nova terra ! Les
colonisés, les jeunes, les noirs avaient déjà été célébrés à
la fin des années 1960 comme les remplaçants « révolutionnaires »
d'une classe ouvrière vaincue par l'histoire ou endormie par la
surconsommation. Avec la « prise en main de toutes les
révoltes », on assiste à la liquéfaction démagogique de
toute réelle théorie révolutionnaire, c'est « la jeunesse
scolarisée révoltée », mais aussi « la poursuite de la
lutte armée » ; on mesurera la lâcheté et la soumission
au système du NPA par le fait qu'ils ne nous ont pas ressorti des
archives du gauchisme hystérique post-68 les « comités
d'auto-défense »... et autres « comités militaires »,
pour la fameuse guerre révolutionnaire... anarchiste de la fine
fleur du lumpen selon le maître à penser de Besancenot, le géant
Bakounine.
Après
Mai 68, la LCR ne se distinguait pas vraiment des autres partis en ce
qui concerne la place des femmes dans l’organisation : une
seule femme dans le BP de 14 membres constitué à l’issue du IIe
congrès, sept femmes candidates sur 91 candidats aux élections
législatives de 1973. Heureusement depuis les mégères trotskiennes
portent le pantalon en attendant d'être suppléées par les
transgenres.
Je
vais plus loin que la picrocholine histoire de ces zozos, pour
portion congrue qu'il soit, le gauchisme, surtout les factions
trotskistes organisées, a contribué bien avant les pontes du PS à
dénigrer et à refuser tout rôle révolutionnaire au prolétariat.
La LCR restera la plus illustre représentante de la dissolution du
marxisme dans la potion anarcho-libérale. La dite Ligue
communiste se détermine très tôt de manière critique par rapport
aux autres organisations gauchistes. Ainsi en 1970, Rouge
prend nettement position contre l’agression
dont a été victime le Doyen Ricœur à Nanterre,
de la part d’éléments qualifiés « d’anarcho-maos »
ou « d’ultragauchistes». Cette affaire lui donne l’occasion
de se démarquer de ce qu’elle qualifie de méthodes terroristes.
Ces agressions « contre des individus isolés et sans défense »
desservent les causes qu’elles sont censées défendre »5.
Le
courant dit « pabliste » , qualificatif qui sert
d injure, contre les Mandel, Frank et Krivine6,
après l'évacuation de la prévision d'une troisième guerre
mondiale, a patronné en effet tous les révisionnismes théoriques
du marxisme et du bolchevisme débouchant dans une mélasse
anarcho-libérale où chacun peut apporter son sandwich et son bout
de gras, antiraciste et féministe certifié bien sûr. Le seul
résidu du souvenir ouvrier reste la compétition entre divers petits
chefs trotskistes pour ravir des postes de permanents syndicaux ou
de conseillers municipaux. Ces pitres sont éternellement destinées
à être non pas une roue de secours du capitalisme mais le liquide
qui sert aux essuies-glaces.
·
Pourquoi les faits-divers stigmatisent-ils ?
·
L'hypothèse de la discrimination indirecte
·
Dans
Réseaux
2009/5-6
(n° 157-158), pages 89 à 124
2Vous
pouvez retrouver toutes ces tares des groupes gauchistes sans
barbichette dans mon livre de 2002, déjà 18 ans, « Les
Trotskiens (1968-2002) et leur lexique » (leur féminisme
pervers n'était encore qu'à l'état embryonnaire et ils n'avaient
pas encore inventé le langage inclusif débile.
3Violences
sur lieu de travail
4https://fr.wikipedia.org/wiki/Terra_Nova_(think_tank)
Dans la longue liste des collaborateurs, on trouve Cohn-Bendit,
l'ami de l'insurrection qui vient Eric Hazan, divers conseillers
ministériels, journalistes, la célèbre Rokhaya Diallo, des
économistes renommés, Karim Zeribi le manipulateur diversifié,
des potes à Mélenchon, etc.
5https://www.google.com/url?client=internal-element-cse&cx=partner-pub-6518056906525827:7909719471&q=https://books.openedition.org/pur/21302%3Flang%3Dfr&sa=U&ved=2ahUKEwjW6OfymcvqAhUl5uAKHRvmDmQQFjAAegQIAhAB&usg=AOvVaw3mAwZ21n_gv3pedxFDhVFF
6,Pour
une définition, plus complexe, assez longue de l'historique de ce qualificatif, reportez vous à la page
de mon livre Les Trotskiens, p.274 et suivantes.
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