et le
CCI cause without rebel....
CONVERGENCES
DIVERGENCES ALLEGEANCES...
Je
m'apprêtais à écrire un article sur les ravages de l'infantilisme
climatique, cette orchestration ridicule « pour sauver le
climat » autour d'une gamine suédoise autiste (certes de la
catégorie ultra intelligente), Greta Thunberg qui serait l'égérie
du siècle pour une jeunesse universelle sans cervelle et sans autre
conscience pour meubler la vacuité politique bourgeoise que la
tambouille écolo-bobo. Campagne dans l'urgence qui, à mon humble
avis, n'est qu'une farce pour conjurer le tout prochain chaos
économique, voire une guimauve pacifiste généralisée pour
conditionner à une possible troisième boucherie mondiale...
Nuançons que pour l'heure j'exagère...
Je
m'apprêtais seulement à recenser les appels des jeunes bobos cadres
(inquiets de la situation climatique) jusqu'aux vestes jaunes les
plus repenties (inquiets de la situation sociale) prêtes à
converger derrière l'idéologie bourgeoise la plus martelée
quotidiennement pour nous convaincre que la préservation de la terre
prime sur les luttes des classes1.
Ce samedi 21 septembre s'annonçait comme un possible front unique
des bobos écolos et des dernières vestes jaunes à la dérive ; le pirate Rodrigues, troisième larron du trio aventurier avec Drouet et Nicolle casquette à l'envers l'assurait: «Il
faut que le mouvement mute. Je suis pour converger vers la lutte
contre le mal-être, pour la justice environnementale et pour
intégrer des cortèges différents». Une « nuit des
barricades » était prévue. Les agités en veste jaunes,
apparemment surtout quelques vieux et retraités avec l'aide de leurs
potes black blocks, ont en vérité rendu service au pouvoir, qui
s'est permis de les ridiculiser sans coup férir par un quadrillage
policier très loin du laisser-faire qui avait marqué certains
samedis troubles. Sous couvert de convivialité et de tolérance, le
pouvoir n'a jamais lésiné sur les moyens terroristes. Comme dès le
début de la révolte il avait donné ordre à ses flics de crever
les yeux des manifestants, il rétabli sans fard les voltigeurs qui
avaient été dissous après la mort de Malik Oussekine en 1986. Ces
unités nommées BRAV (Brigade de Répression de l’Action Violente)
ou unité anticasseur, précisément BRAV-M, mériteraient plutôt le
nom de LACH-M. Cette nouvelle violence très redoutable dans des
poursuites ciblées a d'ailleurs parfaitement réussi à défaire les
velléités barricadières des obstinés en veste ou sans veste
jaune. Cette efficacité, et la manière dont les télés aux ordres
ont filmé la prise de contrôle militaire des rues, est venue
combler une opinion qui en a marre des agitations stériles et
dégonflées des résidus d'une protestation devenue depuis longtemps
caduque.
Certaines
minuscules sectes pensent pouvoir récupérer ou annexer cette
campagne « climatique » bourgeoise en assurant avec un
marxisme simpliste et ridicule « seule la classe ouvrière peut
sauver la planète » ! Or, comme pour la circulation
automobile ou le partage des richesses la classe ouvrière n'a pas
plus à dire son avis sur l'écologie ou le réchauffement climatique
réel ou exagéré. Même et surtout après la révolution ce n'est
pas en tant que classe ouvrière qu'elle pourra ou pourrait être
chargée de « sauver le monde des pollutions diverses
engendrées par le capitalisme » !
Après
le renversement du capitalisme il n'y a plus de place pour les
classes, le prolétariat devient lui-même classe universelle donc
non classe, cette humanité libérée de l'aliénation bourgeoise
peut en effet s'attaquer aux diverses questions dramatiques,
satisfaire tous les besoins humains, faire disparaître les engins de
mort, s'occuper bien sûr de sauver la planète des exactions du
capitalisme, etc2.
L'idéologie écologiste est un bla-bla apolitique qui tente de faire
croire que si les classes restent cloisonnées par les règles du
profit et du foutage de gueule, elles auraient « dans
l'urgence » (mais laquelle et si confusément définie par le
ramdam médiatique?) un intérêt commun, suivant cet OVNI « grève
générale pour le climat » prêtée aux jeunes du monde entier
indistincts avec ou sans dents. A moins qu'il ne s'agisse d'exorciser
d'éventuelles grèves générales renaissantes d'un monde (ouvrier)
qui est susceptible d'avoir disparu. Ce qui n'est pas pour déparer
avec les multiples récupérations idéologiques bourgeoises :
les grèves syndicales sclérosées systématiquement en réactions
corporatives impuissantes, l'internationalisme détourné en
immigrationnisme charitable chrétien, l'antifascisme remplacé par
l'antiracisme3,
etc.
Campagne
mondiale avec la môme suédoise, manifestations massives de bobos
écolos en Allemagne, ratées en France, l'écologisme comme le
giletjaunisme est sans programme de changement de société. La
bobologie universelle ne se sent plus pisser mais reste terriblement
transparente et médiocre, servant encore de dentelle à n'importe
quel politicien. Sur ce sujet qui veut nous mener en bateau,
l'article du CCI de 2013 sur l'idéologie verte reste une référence
et d'actualité4.
Je
m'apprêtais à démontrer une nouvelle fois que l'idéologie verte
est contre révolutionnaire dans le sens où Marx pose la
problématique dès 1844 : « La Nature, prise
abstraitement, pour elle-même, fixée dans la séparation d'avec
l'homme, est pour l'homme néant », quand l'aliénation écolo
est venue se glisser dans le processus de satisfaction des besoins humains pour huiler la tentative de ressourcement industriel du capitalisme à l'agonie (bla-bla sur la taxe carbone, réchauffement climatique)...
lorsque le CCI est venu atterrir dans ma boite mail donnant de ses
nouvelles mensuelles, avec un supplément fort intéressant au
premier bord et qui semble tout dire de manière définitive :
Bilan
du mouvement des “gilets jaunes”: Un mouvement interclassiste,
une entrave à la lutte de class5e.
Par
une lecture rapide, et sur le fond il n'y aurait rien à redire du
point de vue marxiste et révolutionnaire. Sauf qu'il accorde bien
trop d'importance à ce mouvement en effet mélangeant les classes
sans permettre à la classe ouvrière d'en détenir contrôle et
direction politique et sociale. Sauf que le CCI, comme la plupart des
sectes, couples et individus maximalistes est toujours en décalage
par rapport à la réalité du conflit permanent des classes.
COMMENT
UN PETIT GROUPE POLITIQUE COURT DERRIERE LA REALITE ?
En
prétendant faire le bilan d'un mouvement de révolte, pourtant déjà
out depuis au moins janvier de cette année, on tente de nous faire
croire non à une simple science infuse mais à une sorte
d'omniscience et lucidité du groupe du début à la fin de la
révolte des vestes jaunes qui ont ramassé une veste définitive (je
croyais même qu'il pourraient égaler en durée les poujadistes).
C'est
dans la seule note du « supplément » qu'on trouve le
pire mensonge et la pure félonie pour masquer l'incapacité de ce
groupe, pourtant vintage, à saisir le sens initial de la révolte ;
malgré mes objurgations répétées, il est resté sans voix durant
les deux premiers mois de la « jacquerie », pour
finalement passer son temps ) l'accabler de son mépris comme la
plupart des groupes gauchistes d'ailleurs. Voici une aberration
condensée :
"1) C’est
cette nature interclassiste du mouvement des “gilets jaunes” qui
explique pourquoi Marine Le Pen a salué dès la première heure
un “mouvement
légitime”
du “peuple français” ; pourquoi Nicolas Dupont-Aignan,
président de Debout la France, a soutenu ce mouvement :
“Il
faut bloquer toute la France…),
il faut que la population française dise à ce gouvernement :
maintenant ça suffit !” ;
pourquoi Laurent Wauquiez, alors président de Les Républicains a
qualifié les “gilets jaunes” de “personnes
dignes, déterminées, et qui demandent juste qu’on entende les
difficultés de la France qui travaille” ;
pourquoi le député Jean Lassalle, à la tête de Résistons, a été
l’une des figures du mouvement et arboré son gilet jaune à
l’Assemblée nationale comme dans la rue. Tout mouvement
prolétarien, à contrario, est toujours soumis à un puissant
réflexe de rejet et aux calomnies de la part de la classe
dominante ».
Laissons
de côté la dialectique marxiste, mais plaçons-nous au plan du
simple raisonnement déductif logique face à la technique du raccourci propagandiste. Traduction : Marine Le
Pen aurait saisi « dès la première heure » la nature
« interclassiste » du « mouvement légitime du
peuple français », passons sur les autres diablotins évoqués.
Donc, malgré eux, ou leurs premiers supporteurs, les gilets jaunes
n'auraient fait qu'exprimer les désirs (nationalistes) de la fille
Le Pen ! A charge de revanche de deux mois de silence radio du
principal messager mondial du prolétariat (en bonne et pure forme)
c'est plutôt minable. Un tantinet élitaire de la part d'une orga de
profs à la retraite qui rêvent d'un prolétariat qui se batte dans
un remake bolchevique et conchient les gens de peu... D'accord il ne
s'est pas enclenché un processus d'avenir révolutionnaire, et très
vite les petits leaders autoproclamés se sont révélés aussi cons
et limités que ceux des « Nuit debout ». Mais
franchement reprendre le principal argument du gouvernement Macron
comme bilan du mouvement... à ses débuts, c'est du brejnévisme
poussif... Pas si interclassiste que cela si on lit le supplément au
cœur :
« Ce
mouvement des “gilets jaunes” n’est, au mieux, rien de plus que
la manifestation la plus visible et spectaculaire de l’énorme
colère qui gronde au sein de la population et particulièrement dans
toute la classe exploitée face à la vie chère et aux mesures
d’austérité du gouvernement Macron. Il n’est, au mieux, rien
d’autre qu’un signe annonciateur des futurs combats de classe du
prolétariat. De nombreux ouvriers se sont mobilisés contre la
pauvreté, les attaques économiques incessantes, le chômage, la
précarité de l’emploi… Mais en rejoignant les “gilets
jaunes”, ces ouvriers se sont momentanément égarés, ils se sont
mis à la remorque d’un mouvement menant dans une impasse. C’est
cette impasse qui permet aujourd’hui au gouvernement Macron de
redoubler d’arrogance en continuant de plus belle à porter de
nouvelles attaques ».
Comment,
si vous n'avez point oublié l'entame du titre « entrave à la
lutte de classe », un mouvement « salué par Marine Le
Pen », peut-il soudain être devenu « au mieux …
manifestation la plus visible d'une énorme colère...
particulièrement dans toute la classe exploitée »... Mieux
mieux « au mieux, rien d'autre qu'un signe annonciateur des
futurs combats de classe du prolétariat »... Mieux mieux...
avec des ouvriers égarés et « à la remorque d'un mouvement
menant dans une impasse ». Alors qu'on a pu constater, même
dans la presse bourgeoise, que les ouvriers avaient été aussi
muselés qu'avec les « nuit debout », que cette même
presse voit plus clair que la faction CCI maximaliste puriste :
la queue du giletjaunisme a été absorbée par le gauchisme et n'en
est plus qu'une variante plus ou moins allégeante et alléchante à
l'écologisme bourgeois. Le problème n'est pourtant pas de conférer
une paternité à cette jacquerie comme moment annonciateur d'un
futur mouvement vraiment « de classe avec AG et grève
généralisée et tout et tout », mais d'analyser la
signification de ce qui s'est passé dans le rapport des classes et à
l'Etat de type monarchique et même pas démocratique !
L'entrave
est devenue une impasse, (qui n'avait pas la prétention d'empêcher la lutte de classe la vraie) tout en agitant la venue de la révolution
« véritablement prolétarienne » qui ne vient jamais et
cela dépasse notre entendement. Tout ce gourbi pour continuer à
masquer l'inaction pendant deux mois des spectateurs maximalistes
derrière leurs écrans de salonards face à un mouvement d'emblée
coiffé par la mère Le Pen (même Macron n'avait pas osé dire
cela). Dans le cas de nos révolutions référentielles où est la
classe ouvrière ? Le début
de la révolution de 1905 est la pétition d'un pope...que Marine Le
Pen aurait évidemment salué ! En février 1917 c'est au cours
de la journée internationale des femmes pour le pain que le
mouvement va se cristalliser... et que Marine Le Pen aurait salué...
ceci prouvant son inanité. De janvier à Octobre 1917, ce n'est pas
spécialement la classe ouvrière qui est la vedette de l'actualité,
mais certainement que Marine Le Pen eût salué le putsch de
Kornilov... La groupe CCI n'aurait pas pu suivre pendant tout ce
temps le déroulé des événements car l'industrie informatique
voyeuse n'avait pas encore été inventée ni la TV.
Pourtant
dans le bilan on passe sur l'essentiel, l'attaque frontale sur les
lieux du pouvoir le premier décembre 20186,
où en effet le pouvoir a été surpris et apeuré. Moment
remarquable et rare qu'il ne faut pas oublier comme la fuite à
Baden-Baden de De Gaulle en mai 1968. Le groupe essaie de faire
passer ce moment pour une feinte du pouvoir croyant l'Etat impavide
et imprenable, preuve de son aveuglement de secte hors de la réalité.
C'est rare, c'est bref, mais il y a eu quelques moment d'instabilité
étatique au XXe siècle qui même s'ils n'ont pas abouti à leur
renversement, montre que les Etats sont périssables. Ce moment, qui
avait ému la « communauté bienséante internationale »
ne doit pas être oublié. Il révèle que si l'ensemble de la
population même composée d'une petite partie de la classe ouvrière,
est décidée à forcer les portes du pouvoir, si plus aucun parti et
syndicat ni porte-parole n'est pas présent comme pute
intermédiaire7.
Et,
désireux de décrédibiliser complètement tout apport de la
jacquerie à la confrontation des classes – qui a pourtant beaucoup
inquiété l'Etat pour avoir repoussé les offres de récup syndicale
– le supplément, toujours dans une maïeutique tordue, plus
perverse que logique, est tout d'abord contrarié de cet échappement
à l'emprise syndicale, zigzague sur « une difficulté de la
classe ouvrière à exprimer sa combativité » du fait du
sabotage syndical (c'est nouveau?) pour nous assurer que ces maudits
gilets jaunes ont piqué l'idée aux ouvriers !
« Le
mouvement des “gilets jaunes” ne s’est pas développé
seulement en dehors des structures syndicales, il s’est aussi
positionné en grande partie contre. L’ampleur de ce mouvement
interclassiste s’explique par la difficulté de la classe ouvrière
à exprimer sa combativité du fait de toutes les manœuvres
syndicales de sabotage des luttes (comme on l’a encore vu
récemment avec la longue grève perlée à la SNCF). Ce
mécontentement contre les syndicats qui existe au sein de la classe
ouvrière a été récupéré par ceux qui ont lancé le mouvement ».
Encore une bonne vieille vision ouvriériste me
direz-vous ? Oui, certes mais surtout une vision d'étanchéité
doctrinale qui réserverait à la seule classe ouvrière la
conscience du rôle de saboteurs des encadreurs professionnels
intermédiaires. Comme si les artisans, les paysans et même les
fonctionnaires flics n'éprouvaient pas le même dégoût des corps
intermédiaires de l'Etat bourgeois ! Alors qu'il faut se
féliciter au contraire de cette capacité, même de la part de
leaders petits bourgeois à refuser de composer avec le syndicalisme,
attitude qui leur valait mépris d'ailleurs de la part des instances
gauchistes !
Etre hors de la réalité, comme on vient de le voir
pour le groupuscule minuscule CCI, c'est gommer deux moments clés et
inoubliables de la jacquerie dans sa période initiale : attaque
sans gants du lieu de l'Etat et rejet de ses principaux larbins
syndicaux. Mais courir derrière la réalité est encore pire avec l'usage du raccourci propagandiste. Il s'agit
maintenant de faire la leçon du mouvement ouvrier vintage et, au
passage, avec le même style de raccourci, d'accuser les vilains canards comme moi et plusieurs de mes
correspondants éjectés de la secte, pour des supporters … des
patrons :
« Ce
que beaucoup de supporters du mouvement des “gilets jaunes”
veulent faire passer, c’est que les méthodes de lutte des salariés
(grève, assemblées générales souveraines et manifestations
massives, comités de grève…) ne mènent à rien. Il faut donc
faire confiance maintenant aux petits patrons (qui protestent contre
les taxes et l’augmentation des impôts) pour trouver “d’autres
méthodes de lutte” contre la vie chère, pour améliorer les
institutions démocratiques et la représentativité, et
rassembler tout le “peuple de France” ».
Là
aussi, il y a une maille (raccourci) qui ne passe pas dans le discours pervers,
on ne sait pas qui dit réellement que les « méthodes
grévistes » ne servent plus à rien, ce qui est pourtant
globalement le cas dans ce monde de l'urgence et de la décomposition
sociale et politique ; on passe d'une négation vague à une
affirmation que les mêmes critiques du ronron gréviste corporatif
« font confiance aux petits patrons » ! Beaucoup de
leaders auto-proclamés n'étaient pas petits patrons. Mais cet
amalgame insensé fait passer sous la table l'aspect
insurrectionnaliste dans la bagarre des classes (car il s'agit bien
d'une bagarre de classes même avec connotation petite bourgeoise
dominante) : le rejet des syndicats était une violence. Le
désir de ne pas lambiner en pourparlers inutiles était d'esprit
plus révolutionnaire que nos pleureuses du CCI, loin des bagarres
aux ronds-points ou sur les Champs, devant l'écran plasma... Puis au
lieu de souligner et souligner encore cet épisode notoire et à
marquer d'une pierre blanche, plus que la grève corporative à
Trifouillis-les-oies, le supplément nous invite à surtout noter que
« les syndicats en ont profité pour tenter de limiter
leur discrédit », ce dont on se branle royalement. Au lieu de dénigrer tout mouvement de révolte qui n'est pas purement prolétarien, avec le terme de la langue de bois maximaliste, incompréhensible pour le citoyen lambda, "interclassisme", il eût été plus intelligent de réfléchir au fait que de larges couches de la population, ni vraiment profiteuse ni complètement salariée, sont devenues hostiles aux attaques économiques et morales de l'Etat bourgeois, et de cesser de les mettre en demeure de se mettre à genoux dans l'attente du prolétariat messianique qui ne viendra jamais puisqu'il sera ce qu'il a toujours été et demeure, un aiguillon central dans la lutte pour changer la société mais pas le seul acteur de ce bouleversement.
COURIR
APRES LA REALITE POUR LA REFABRIQUER avec le passé
La
jacquerie en jaune (sic) n'a été qu'une occasion pour le pouvoir de
se pérenniser, reste une tâche ardue : « Le prolétariat
doit recouvrer son identité de classe ». Psychologie de
comptoir ou nouvel arrangement avec la réalité ?
« La
classe ouvrière traverse une période difficile. Depuis 1989, avec
les campagnes sur l’effondrement du stalinisme identifié à la
prétendue faillite du communisme, le prolétariat n’a pas été en
mesure de retrouver son identité de classe et de se reconnaître en
tant que classe et sujet révolutionnaire. Incapable d’esquisser
les contours d’une société sans exploitation, la classe
exploitée, manquant de confiance en ses forces, demeure très
vulnérable et se sent impuissante sur le terrain de la lutte ».
Il
faut certainement rester dans ses charentaises dans le fauteuil du
salon pour geindre pareillement. Le CCI n'est-il plus qu'un pauvre
vieillard cacochyme ? Que signifie ce terme « identité de
classe » ? Une concession aux diverses identités
communautaristes ? Le terme n'existe pas chez Marx ni dans le
marxisme. Pour
les économistes classiques, les critères d'identité d'une classe
résident dans l'origine des revenus : aux trois types de
revenus, la rente
foncière,
le profit, et les salaires, correspondent les trois grands groupes de
la nation les propriétaires fonciers, les entrepreneurs et les
travailleurs. Existence de classe ? Conscience de classe était
le terme habituel jusqu'à l'invention du CCI. Hors de la réalité
(révisionnisme Kafka?) le CCI identifie les prolétaires en général
à des crétins congénitaux, confondus certainement avec les pauvres
hères qu'on exhibe dans les jeux télévisés :
« La classe ouvrière n’est même pas consciente de son
existence en tant que classe antagonique à la classe bourgeoise et
distincte des couches sociales intermédiaires (notamment la petite
bourgeoisie). Elle a perdu la mémoire de son propre passé, et ne
parvient même pas se référer à son immense expérience
historique, dont elle a même honte puisque sans cesse la bourgeoisie
assimile le mot ouvrier à une espèce disparue et le mot communisme
à la barbarie du stalinisme ».
C'était le propre du stalinisme
de « penser à la place » du prolétariat, et même en
général chez la plupart des marxistes orthodoxes. On nuance ensuite
que le prolétariat est toujours là « bien vivant » ;
quelle concession à ce que l'OBS bourgeois ne met même pas en
cause, et même de solides organes bourgeois comme le Figaro, qui se
fiche d'une quelconque identité du prolétariat mais qui sait mieux
que Libération qu'il reste la principale classe dangereuse,
indépendamment des aléas des convulsions politiques et
géostratégiques de la bourgeoisie mondiale depuis trente ans.
Le
groupe kafkaïen se réfugie dans un passé mythifié qui comporte
toujours les mêmes dates comme les radars que bousillaient les
vestes jaunes, dates devenues mystiques qui :
« ...n’ont
rien de commun avec le mouvement populaire interclassiste, faussement
radical et jusqu’au-boutiste des “gilets jaunes”. Quand
le prolétariat développera sa lutte, ce seront les assemblées
générales massives, souveraines et ouvertes à tout le monde qui
seront au cœur du mouvement, des
lieux où les prolétaires pourront ensemble s’organiser, réfléchir
aux mots d’ordre unitaires, à l’avenir. Il
n’y aura alors pas de place pour le nationalisme mais, au
contraire, les cœurs vibreront pour la solidarité internationale et
unitaire propres à la grève de masse car “les
prolétaires n’ont pas de patrie”.
Les
ouvriers doivent refuser de chanter La
Marseillaise
et d’agiter le drapeau tricolore, ce drapeau des Versaillais qui
ont assassiné 30 000 prolétaires lors de la Commune de Paris en
1871 !
Pour
préparer cet avenir, tous ceux qui ont conscience de la nécessité
de la lutte prolétarienne doivent essayer de se regrouper, discuter,
tirer les leçons des derniers mouvements sociaux, se pencher à
nouveau sur l’histoire du mouvement ouvrier et ne pas céder aux
sirènes, en apparence radicales, des mobilisations citoyennes,
populaires et interclassistes de la petite bourgeoisie ! ».
C'est presque aussi
beau que le camion du jusqu'auboutiste sans cause Eric Drouet !
Le prolétariat en chair et en os, en osmose et périphrase apportera
la solution par la bonne parole des AG « ouvertes à tout le
monde » (même aux gilets jaunes et aux bourgeois?). « Il
n'y aura pas de place pour le nationalisme »... parce que
celui-ci aura disparu comme par enchantement ? « Les cœurs
vibreront » comme à la messe ? Interdiction de chanter la
Marseillaise et de se pointer avec un drapeau tricolore... il faudra
des flics prolétariens pour filtrer les entrées des rigolos qui se
pointeront avec leur drapeau national versaillais, pourtant très
14-18, mais peut-être par un internationalisme surrané et naïf tolérer l'oriflamme algérien. Aucune analyse du phénomène de repli national frileux, de
ras-le-bol du multiculturalisme, de l'hypocrisie de l'antiracisme, de
la redondance écologique, de l'invasion de la « culture »
musulmane, de l'inabordable sujet de l'immigration... tous ces sujets
sont impurs face à la pure lutte de classe (svp). Comment expliquer qu'une partie de la classe ouvrière ne veuille plus en être, succombant à l'idéologie du petit entrepreneur, refusant le statut de salarié comme les viles tâches quand les patrons sont bienheureux de recourir au travail des migrants lesquels ne veulent pas plus se considérer comme classe ni renier leur religion d'origine...un monde qui ne fonctionne donc plus comme avant où les classes, les sexes et races se chevauchent, se mêlent, s'entremêlent et s'en mêlent au nom de l'individu roi. Apologie du multiculturalisme et mépris des cultures nationales renforcent le pouvoir d'aliénation de la classe toujours plus dominante.
La révolution la vraie la pure, "aculturelle" (x), obéira aux schémas du passé même si ceux-ci sont caducs ou notoirement irréels dans la confusion régnante, où ce n'est plus la classe ouvrière qui est la seule victime de l'aliénation et de l'exploitation capitaliste ni une espèce de corridor qui permettrait seul de s'indigner et de lutter contre l'Etat. Une classe pure face au reste constitué de fachos et d'affreux gilets jaunes, voilà tout.
La révolution la vraie la pure, "aculturelle" (x), obéira aux schémas du passé même si ceux-ci sont caducs ou notoirement irréels dans la confusion régnante, où ce n'est plus la classe ouvrière qui est la seule victime de l'aliénation et de l'exploitation capitaliste ni une espèce de corridor qui permettrait seul de s'indigner et de lutter contre l'Etat. Une classe pure face au reste constitué de fachos et d'affreux gilets jaunes, voilà tout.
Il faut discuter
« de la nécessité de la lutte prolétarienne », mais il
n'est pas dit où et comment, ni pourquoi et avec quel programme,
parce que le CCI n'a pas plus de programme contre la déréliction du
monde actuel que nos derniers mohicans en veste jaune. On rejette, on
dénonce mais c'est du domaine de l'invention du passé restauré, de
la mièvrerie utopique qui se sert des maillons du passé comme de
recettes révolutionnaires d'avenir. La bourgeoise a pillé et
dévitalisé la plupart des concepts qui faisaient honneur à la
vieille « gauche communiste » maximaliste, et elle ne
s'en rend même pas compte. Le supplément invraisemblable n'a été
lu que par soixante personnes, dont acte.
On ne se trempe
jamais deux fois dans le même fleuve disait un philosophe chinois.
N'est-ce pas ?
NOTES
1La
formation idéologique de base pour jeunes patrons et cadres est une
unité en plein essor. « Le Parisien » présentait comme
un écolo lambda un des pires bureaucrates de l'idéologie
écologiste, polytechnicien, qui a le culot de prétendre que « le
salaire n'est pas la priorité », (le sien bien sûr comme
ingénieur...) : "Ce qui est sûr, c'est que je vais
travailler pour la transition écologique", affirme le jeune
homme qui a déjà une idée très précise de la manière dont il
va sélectionner son futur employeur : « Quand je serai en
entretien d'embauche pour une entreprise, je poserai des questions
sur leur stratégie environnementale, et ce sera à moi de juger si
je la trouve assez ambitieuse ou pas". Preuve
supplémentaire de son engagement, Benoît Halgand fait
partie d'un groupe d'étudiants qui alerte les chefs d'entreprises
en prenant la parole dans des séminaires de grands groupes.
L'objectif est de rappeler aux cadres l'urgence climatique, mais
également leur dire qu'ils auront du mal à les recruter sans
donner de vrais gages sur leur politique environnementale ».
"Là
où autrefois, 60 à 70 % des jeunes sortis des grandes écoles
allaient dans l'économie conventionnelle, c’est-à-dire des
grandes groupes, des grandes entreprises, des grands secteurs
industriels ou la finance, ils sont aujourd'hui environ 30%",
affirme la directrice du groupe SOS Transition Ecologique.
Quant aux 70% restants, ils se répartissent "entre économie
sociale, entreprise familiale, ou création d'entreprise". Au
vu de la situation climatique, ces jeunes ne regarderont pas le
salaire en premier ».
2Lire
mon Manuel de préparation à l'insurrection du prolétariat, The
end (2009).
3Cette
dernière filouterie est dénoncée par un type que j'aime bien
finalement, Alain Finkielkraut, dans son intéressante interview par
l'OBS. Contre l'épouvantail climatique, il est aussi très subtil !
« Je plaide donc pour une écologie générale. Le principe de
sauvegarde ne peut pas se limiter à la terre. Il doit englober la
culture, la langue, le silence et la douceur de vivre ». J'ai
rencontré deux fois Finkielkraut, en 1972 et en 2014, il peut venir
boire un verre chez moi quand il veut.
6https://www.franceinter.fr/societe/gilets-jaunes-chronologie-de-deux-mois-de-mobilisation
7On
n'oubliera pas le génie de Drouet se rendant à la réunion
ministérielle, face à un ministre déjà corrompu, refusant de
discuter et filmant toute la discussion à l'insu des serviteurs
étatiques. Même si par la suite il s'est gonflé les chevilles et
n'est plus qu'un vulgaire anar.
(x) Sur l'aculture: http://gestion-des-risques-interculturels.com/risques/lillusion-aculturelle/
(x) Sur l'aculture: http://gestion-des-risques-interculturels.com/risques/lillusion-aculturelle/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire