"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 27 septembre 2019

MORT D'UN GROS LEGUME : le masque séduisant de la bourgeoisie française affaiblie


Algérie 1956, un sous-lieutenant exécutant les "pouvoirs spéciaux"

Depuis combien de temps, par suite à ses AVC successifs, Chirac était-il à l'état de légume ? Peu importe, la fin d'un malade sert à justifier la comédie commémoratrice de l'ensemble des pleureuses pourries de la République (à commencer par Ferrand)1 jusqu'à (soi-disant) 80% des français et un NPA qui fait preuve de « retenue » et LO qui se tait. Mon père est mort à peu près dans le même état, sauf que le plus grand magnat patronal ne lui avait pas refilé un de ses luxueux appartements, qu'il n'avait pu bénéficier non plus de l'énorme salaire de retraité présidentiel (non soumis à révision macronesque), ni de la sollicitude des plus hautes sommités médicales (il était maltraité sadiquement par son infirmière).
La bourgeoisie aime bien nous servir la messe, surtout à un de ses meilleurs porte-voix, pourtant plus proche par sa popularité et son physique d'un chanteur de variétés que d'un politique efficace. Elle attendait d'ailleurs le terme de vie du malade pour nous resservir les éloges funèbres de la démocratie éternelle. Par son physique de carnassier, de baiseur impénitent et fort en gueule, bien que mauvais orateur, Chirac a incarné pourtant plus la fin du gaullisme que la victoire du libéralisme marie-couche-toi-là. Il a même pesé dans mon blog. Chirac est présent dans cent de mes articles (près de 1200 depuis le début de ce blog). Je n'ai jamais eu ni admiration ni aucune envie de voter pour Caméléon Bonaparte. Il ne fut pas simplement une girouette, que dénigraient les tabloïds serviles britanniques, mais un pompier politique bien utile au milieu des tempêtes de la bourgeoisie française, comme d'ailleurs ses alter egos, avec le même curriculum vitae de base comme je le notais en mars 2017 : « Je me permets cette remarque complémentaire, en France n'ont été élus en général que des filous (y compris De Gaulle, filou de guerre) regardez la cohorte des Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande... On dirait que les électeurs font plus confiance aux meilleurs filous pour les gouverner. Vous imaginez un président honnête vous ? » (Bienvenue chez les pourris, mars 2017).

L'unanimité des pleureuses hypocrites met en avant le Chirac « antifasciste » en référence à l'élection de 2002 où « il nous a sauvé du fascisme » en éliminant au deuxième tour Le Pen. Or, avec
la complicité du couard Le Pen, qui ne fît nul foin du refus de l'autre de débattre avec lui, un Chirac élu avec un score brejnévien s'avéra être un sauveur de meubles bien advenu face à la débâche de la gauche bourgeoise, en même temps, il faut le dire, en évitant au système politique français non pas la mise en selle d'un nouvel Hitler mais l'installation d'une faction bourgeoise totalement incapable de gouverner, sans cadres et sans soutiens internationaux. Chirac se fit ainsi pardonner son comportement éléphantesque dans un magasin de porcelaines lorsqu'il avait fait perdre la droite en refusant de soutenir le valet américain Giscard en 1981 ; on assista alors à la plus grande esbrouffe de l'histoire moderne de la France, une soi-disant victoire de la gauche (bourgeoise) alors qu'il ne s'agissait que d'une victoire de la division de la faction de droite ! La gauche étant incapable de « réformer » (entendez : faire vraiment payer la crise à la classe ouvrière, tout en la lui faisant payer en planquant des milliers de militants dans la fonction publique). Signe des temps, malgré les efforts de Chirac (la dissolution foireuse dite « pari fou »), la droite et surtout sa faction gaulliste n'ont jamais pu retrouver l'hégémonie politique et leur domination sans partage qui avait été de règle avant 1968.

Le caméléon, devenu « roi fainéant » après s'être brûlé les ailes en 1995 en croyant faire avancer l'éternel écueil des retraites, ne laissera comme acquis politique, pour la catégorie « jeunes » ressortie par les truqueurs journalistes, que l'instrumentalisation (abracandesque) de Le Pen (cf. mon article UN ANARCHISTE DE DROITE DEVENU SPARRING-PARTNER). L'admiration dont Chirac fût l'objet même chez des observateurs proches de notre esprit critique confirmait le surnom donné par un journaliste anglais Caméléon Bonaparte (A PROPOS DU BLOG ANARCHO-MONARCHISTE DE LA SECTION PS DE RODEZ, mai 2010).

La personnalisation de la vie politique étant évidemment à son comble en nos temps de l'individu-roi, il ne fallait pas s'attendre à de fines analyses pour le temps des funérailles, or Chirac ne fût donc que l'expression des derniers soubresauts de la faction gaulliste de la bourgeoisie française, un mélange d'opportunisme bonapartiste et de politique sociale en étroite collaboration avec les bureaucraties syndicales pour le temps nécessaire à assurer une reconstruction pacifiée socialement après la grande boucherie anti-fasciste ; mais qui ne pouvait pas se prolonger éternellement sauf à miser sur l'impuissance politique de la classe ouvrière. Cette faction gaulliste, outre qu'elle permit d'effacer la misérable collaboration pétainiste au camp impérialiste teuton, rétablit une certaine fierté nationale chauvine en tenant tête à plusieurs reprises au nouvel impérialisme sorti victorieux de la boucherie capitaliste. La bourgeoisie française ne lâcha nullement ses colonies africaines et d'Outre mer; les amitiés africaines éternelles des Chirac-Pasqua en ont fait foi, n'en déplaise à la dénonciation américanophile de nos trotskiens. Dans la longue bataille pour ralentir la décolonisation obligée sous égide US, la carte gaulliste joua sur l'opposition des deux blocs russo-américain pour négocier le maintien de sa part du gâteau, et elle y réussit relativement bien (alors que l'Allemagne perdit toute prétention à conserver des colonies), sous la façade de fictives « libérations nationales ».
La bourgeoisie US n'a jamais pardonné cette arrogance de petit coq gaulliste (malgré l'intermède du cire-pompe Sarkozy), et c'est pourquoi toute la propagande de morale anti-raciste et les prêches multiculturalistes est assumée par les intellectuels collabos souvent ex-gauchistes ; volens nolens la faction de Chirac a d'ailleurs jugé urgent de reprendre cette musique – n'en déplaise à Zemmour - trahissant De Gaulle, mais se couchant derrière la mitterrandôlatrie (f.ASSUMER LA DIMENSION ARABO-ORIENTALE DE LA France, Etc .(février 2013). Les groupes maximalistes n'ont jamais fait dans la nuance au niveau inter-impérialiste et jamais analysé finement le multilatéralisme et l'unilatéralisme (cf. et aussi l'histoire pantelante des non-alignés); sur l'importance du gaullisme et le génie de De Gaulle en politique étrangère, ils auraient eu matière à méditer avec les révélations de l'excellent "De Gaulle, mon père" du fils Philippe (Plon 2003).

Le principal fait d'armes (sic) de l'ancien sous-lieutenant en Algérie, aux ordres du « socialiste » Guy Mollet, qui est exalté de tout bord, au bord de sa tombe à Montparnasse2, serait d'avoir tenu tête au va-t-en guerre Bush lors du début des massacres en Syrie et d'avoir ainsi « économisé des milliers de vie » de prolétaires sous l'uniforme. Or ce refus n'était nullement dicté par un souci humanitaire du plus grand ami du haut patronat, mais tout simplement pour conserver le pré-carré néo-colonial de la France ainsi que ses nombreux marchés, matières premières et réservoir de main d'œuvre (bon marché…et futur melting potes) dans les pays arabes et en Afrique. Ce refus ne démonétisait pas pour autant la bourgeoisie française de ses habituelles complicités et manigances souterraines dans tous les conflits qui ensanglantent la planète, et défendent mordicus le juteux commerce d'armes made in France (en particulier pendant la guerre Iran/Irak au profit du dictateur Saddam Hussein), sans hésiter à jouer sur les deux tableaux dans les deux camps (multilatéralisme impérialiste?) et où la faction de droite gaulliste tripatouille directement avec l'Etat terroriste iranien dans la "guerre sale" des otages (libérant le tueur en chef Gordji) et où du même coup Chirac se ridiculisant en ne parvenant pas  à empêcher la réélection de Mitterrand, ce dernier avec les mains aussi pleines de sang. Dans toutes les situations de guerres locales, jusqu'à aujourd'hui il faut bien constater, hélas pour les prolétaires des pays "périphériques" que les diverses grandes puissances et leurs clowns présidents n'ont pu étendre les guerres locales par peur des réactions immédiates du prolétariat des pays développés, peur qui reste tangible et un souci constant des principaux dirigeants les plus "éclairés" de nos jours mais pas pour leurs généraux docteurs Folamour...

A l'occasion des funérailles, d'aucuns entendent bien enterrer définitivement le gaullisme, quoique les vestes en jaunes résiduelles et les retraités CGT pourraient bien rêver le voir ressortir de sa tombe à Monparnasse-les-deux-églises (de gauche et de droite).


1Comme elle servit à éviter la concrétisation des poursuites judiciaires.
2Où ses fans et les touristes tiers-mondistes pourront venir s'incliner et fleurir contrairement à l'autre gloire nationale, ce pauvre Hallyday. Le pouvoir macronesque s'apprête par contre à lui donner, place des Invalides (sic) des funérailles nationales dignes de celles de Hallyday, on s'attendrait à l'arrivée d'une cohorte de Harley Davidson… Espérons que Laeticia sera présente. Pas de flonflons à Notre Dame because la connerie des travaux tous azimuts d'Hidalgo a entraîné sa destruction.

PS: le film pour FR3 "Bio" de Giesbert rappelle bien tous les épisodes de la longue carrière de Chirac, et notamment la succession des trahisons devenues proverbiales entre factions de la droite bourgeoise; on peut évoquer la même chose pour la gauche bourgeoise, chez les particules gauchistes mais aussi, hélas, chez nos maximalistes. Giesbert fait la cocote avec son chapeau ridicule, en fait des tonnes pour faire passer son amour pour Chichi, mais n'a jamais été qu'un cire-pompe des coqs successifs de la République bourgeoise. L'article le plus synthétique et qui prend de la distance est celui de l'OBS: https://www.nouvelobs.com/politique/20191001.OBS19162/chirac-la-grande-recup.html

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