Démagogique est un terme très grec: "La démagogie (du grec demos « le peuple » et ago : « conduire ») est une notion politique et rhétorique désignant l'état politique dans lequel les dirigeants mènent le peuple en le manipulant pour s'attirer ses faveurs, notamment en utilisant un discours flatteur ou appelant aux passions.Le discours du démagogue sort du champ du rationnel pour s'adresser aux pulsions, aux frustrations du peuple. Il recourt en outre à la satisfaction immédiate des souhaits ou des attentes du public ciblé, sans recherche de l'intérêt général mais dans le but de s'attirer la sympathie et de gagner le soutien. L'argumentation démagogique peut être simple afin de pouvoir être comprise et reprise par le public auquel elle est adressée. Elle fait fréquemment appel à la facilité voire à la paresse intellectuelle en proposant des analyses et des solutions qui semblent évidentes" (sic! Wikipédia).
« Je ne m'habitue pas ni au cynisme des dirigeants grecs qui ont posé une question biaisée » parce que portant sur des propositions périmées des créanciers, ni aux « propos populistes d'aucuns qui, parce que leur opinion publique le leur demande, considèrent que la solution à tous nos problèmes serait de sortir la Grèce de la zone euro » (ministre Macron)
Le feuilleton grec entretient un suspense complexe largement dominé par les mensonges des dominants et le cinéma de rue des "réformateurs radicaux" (Lire l’article du CCI: Grèce: les gauchistes cachent la nature bourgeoise de Syriza); et de vaines émeutes de rue. Résumé du suspense référendaire ambigu par le site du barnum TF1 dimanche matin, révélateur de l'incroyable aveuglement et cynisme de la bourgeoisie européenne chic, imaginant 60% de oui alors que cela vient de produire le contraire (qui est pour honorer les yeux fermés des dettes faramineuses? Levez le doigt?):
"De quel côté penchera la majorité des Grecs? Des indications existent. Deux sondages, menés sur les propositions européennes en fin de semaine dernière, c'est-à-dire avant l'annonce surprise du référendum, publiés dans la presse grecque, donnent 60 % de oui. Les créanciers comptent sur la peur du Grexit, la sortie de l'euro, pour pousser les électeurs à désavouer leur premier ministre. La fermeture des banques et le contrôle des capitaux mis en place lundi donnent aux Grecs un avant-goût de la paralysie et du chaos qui pourraient conduire à un abandon forcé de la monnaie commune. Ces mesures d'exception empêchent pour l'heure un phénomène de panique bancaire qui constituerait le premier rouage de l'engrenage incontrôlable menant à l'effondrement des banques, puis au Grexit. Le dispositif va empoisonner la vie quotidienne des Grecs pendant toute une semaine et entretenir l'angoisse sur l'après. Mais, dans l'immédiat, il suspend le temps en attendant la consultation populaire de dimanche. Si le "oui" obtient la majorité : On imagine mal Alexis Tsipras ne pas démissionner à la suite de ce qui serait un désaveu cinglant de sa politique.
Si le "non" obtient la majorité :
Dans ce cas, la balle sera dans le camp des créanciers. Ces derniers pourraient retourner à la table des négociations et revoir leur copie mais cela semble peu probable. Ils devraient plutôt considérer que le texte retoqué par le référendum est le seul envisageable. La République hellénique se retrouverait alors isolée pour s'acquitter de ses dettes. Un recours au marché est exclu, le risque d'un défaut est si grand que ces derniers lui imposeraient des taux d'intérêt insoutenables. La seule solution pour le gouvernement Tsipras serait donc de refuser d'honorer sa dette. Dans sa très large majorité, cette dernière est due à des institutions ou à des Etats (42,4 milliards d'euros pour la France et 56,5 pour l'Allemagne). Les risques de contagion sont donc très faibles. Ce défaut ne devrait pas impacter le secteur financier international. Par ailleurs, sans accord, la Banque centrale européenne ne pourra plus continuer à soutenir les besoins en liquidités de la Grèce. Sans cette aide, les banques grecques feront faillites précipitant le pays dans une crise encore plus grave.
Face à ce scénario noir, il ne restera plus qu'une solution à la Grèce, sortir de la zone euro et gérer elle-même sa politique monétaire, seule solution pour espérer sortir de la crise à moyen terme".Tout était dit en l'espèce.
UNE VICTOIRE DE LA CLASSE MOYENNE
La semaine de tous les dangers s'ouvre après la victoire du non. Du point de vue du prolétariat grec, très faible et très encadré par démagogues syndicaux et anarchistes, ce référendum n'est que pipi de chat, il n'exprime nullement une prise en main de son sort, et la bourgeoisie, même si elle est restée muette de stupeur à l'annonce du résultat (silence radio des Hollande, Merkel et Juncker) s'en moque comme de la première dette grecque. Ce référendum gauchiste sert momentanément à sauver la peau du parti Syriza et de son cador Tsipras, et a pour but, cyniquement, de servir à mieux faire passer un plan d'austérité arrangé, rééchelonné, un tonneau de danaïdes en guenilles sans fin autre que l'attente de l'explosion d'autres contradictions capitalistes qui pourraient bien provenir rapidement. Comme l'a dit sans fard une pétasse anonyme sur la "chaîne info": c'est une victoire de la classe moyenne. Oui cette petite bourgeoisie qui ne pense qu'à son nombril, veut maintenir ses privilèges, ne pense qu'en termes de riches et de pauvres, qui veut le beurre et l'argent du beurre. Les représentants français de la petite bourgeoisie, Mélenchon et NPA, ont eu beau danser place de la République avec chants patriotiques comme sur la place Syntagma, ils n'ont amusé personne tellement la situation est grave, entre cynisme des financiers européens et démagogie gauchiste. Le clivage gauche/droite se résume un peu partout à ce schéma: une gauche bobo qui la joue victimaire pour le cas grec, et une droite qui veut qu'on fasse payer "les grecs" en général. Les partisans de l'extrême droite se répartissent dans ces deux camps, voire se veulent une synthèse des deux mystifications!
On pouvait imaginer que Tsipras, le fringant ministre du cartel gauchiste Syriza, avait choisi la seule
porte de sortie honorable pour mettre fin aux promesses électorales de raser gratis en vue d'un moratoire des dettes du demi-Etat grec (Etat sans cadastre et sans sérieuse perception d'impôts): se faire adouber électoralement (pas sûr) ou se laisser remplacer pour s'échapper d'un pouvoir bancal la tête haute du héros "résistant"même en ouvrant une crise politique dans le pays mythique de la démocratie éternelle ou du mythe éternel de la démocratie. La seule chose que sa manoeuvre dilatoire aura permis aura été de toute façon d'ouvrir la crise politique à l'échelle européenne, à contenter Poutine et à inquiéter Obama.
Très symbolique du cynisme des dirigeants financiers du Conseil européen est le fait qu'ils auront milité pour le oui en compagnie des curés orthodoxes et des patrons grecs, pour une soit disant décision démocratique électorale quand il s'étaient assis sur le nom des peuples au traité de Lisbonne: la démocratie ne s'use que selon qu'elle sert ou pas les intérêts financiers des grands groupes capitalistes, mais peau de balle au bout du compte. Le système du référendum peut être dangereux et reste plus incontrôlable que le système truqué d'élections des partis politiques. De plus, grâce à une élection réalisée à grande vitesse en une semaine, les médias conservateurs n'ont pas eu le temps de renverser la tendance à l'indignation face aux remboursements de plus en plus exorbitants, preuves de la démesure atteinte par le capitalisme en crise dont la crise grecque n'est qu'une pustule. Le manoeuvrier boutiquier Tsipras a réussi à piéger les méchants créanciers en les prenant de vitesse, mais ces élections restent aussi frauduleuses que les autres organisées en régime bourgeois; et quand toute la planète gauchiste a le culot de clamer qu'on a donné la parole au peuple, elle ment effrontément. D'abord: forte abstention face à une question à la con de manipulateur politique, près de 40%, ce qui atténue la "forte" victoire de 60 contre 48, et prouve que la manoeuvre politique de Syriza et de ses potes d'extrême droite, n'est pas si écrasante qu'on nous le hurle aux oreilles et divise bel et bien le peupel grec, et en plus le prolétariat en général, en particulier en France où ceux qui réfléchissent ne donnent aucun "crédit" à la démagogie misérabiliste suiviste des PCF, FdG et NPA. Les commentateurs ont glissé que dans certains quartiers ouvriers d'Athènes le vote avait atteint plus de 80% en faveur du non; évidemment les ouvriers les plus frappés par la crise capitaliste n'allaient pas voter oui à la baisse des retraites et des salaires (quoique si l'on lit bien les dernières conditions, ce n'est pas ce secteur qui est plus menacé -la bourgeoisie européenne craint l'explosion prolétarienne - mais les revenus déguisés des couches moyennes plus les taxes genre TVA, etc.).
La bourgeoisie grecque n'envisage nul nouveau coup d'Etat de colonels, car cette place dominante prise par la "classe moyenne" indignée est bien utile pourtant à la domination bourgeoise, avec ses ramifications mondiales d'Espagne au Brésil, de Podemos à Die Linke. Cette marge intermédiaire de la société affiche une prétention "radicale" à réformer le capitalisme, en abolissant certaines dettes, mais sans toucher aux privilèges des fonctionnaires, sans toucher aux privilèges des curés des partis politiques, des rentiers d'Etat et des curés tout court (Syriza caresse dans le sens de la barbe les parasites de l'Eglise orthodoxe et la mafia des bateaux de luxe). Cette excroissance sociale parasitaire sert de barrage à toute expression indépendante du prolétariat et valide l'absence de perspective véritablement révolutionnaire. Ce n'est pas d'abattre l'Etat bourgeois qu'il est question mais de nous chanter: "Vive le gouvernement Syriza" qui "résiste" (pour l'intérêt national) aux méchants créanciers carnivores, comprenez: "créons partout, un, deux, trois gouvernement Syriza"; au point que le petit démagogue creux Mélanchon se voit déjà président en 2017!
Or il nous faut ici resituer les enjeux sous les cris contre les salauds de la "troïka", la dénonciation de "l'humiliation du peuple grec", face aux gardiens financiers d'une Europe faussement démocratique. Ces enjeux dépassent les courtes festivités électorales.
Nous allons examiner les deux principaux aspects occultés de la "crise grecque", qui n'est pas en soi une crise économique de la seule Grèce, mais surtout une histoire politique et... militaire, géopolitiquement s'entend.
AUX ORIGINES DE L'ADHESION DOUTEUSE DE LA GRECE A L'EUROPE
C'est l'émission consacrée à la Grèce sur Public-Sénat, la veille du jour électoral, qui vaut d'être citée pour référence et pour l'excellence du documentaire présenté, historique de l'adhésion alambiquée du pays de Platon au conglomérat européen. Sans négliger l'intérêt du débat, certes tardif, entre économistes et géopolitiques intelligents.
L'adhésion de la Grèce, pays non industriel, paraissait anormale et donc peu souhaitable. Le documentaire rappelle que, contre l'avis de la plupart des caïds européens, la bourgeoisie française (de Giscard à Chirac) a, pendant une dizaine d'années fait le forcing pour faire admettre la Grèce. Avec des arguments démagogiques en premier lieu: cela aurait fait mauvais genre de ne pas inclure dans l'Europe moderne financière et commerciale le pays "fondateur de la démocratie". La Grèce se voyait affublée de la fonction de vitrine civilisatrice... La plupart des ex-ministres ou ex-commissaires européens se récrient d'avoir été au courant ensuite des trucages financiers invraisemblables qui ont servi à maquiller les résultats misérables des gouvernements grecs. A l'évidence ils étaient au courant, mais leur profession comporte la qualification de menteur et ils ne veulent pas être inquiétés pendant leurs confortables retraites, une hache perdue de Daesch est si vite arrivée. La bourgeoisie grecque et ses bobos mènent ensuite grand train de vie; la dolce vita: achat de Porsches et de résidences luxueuses, dîners fastueux et... doublement des salaires, du jamais vu dans toute l'histoire du mouvement ouvrier (mais les ouvriers grecs n'étant pas très nombreux... et laissant le sale boulot à de nombreux migrants...avant l'heure de leur exposition médiatique). Puis, toujours avec la manne financière européenne, le demi-Etat grec (Etat rentier) va dépenser sans compter pour de fastueux jeux olympiques, dont la facture pèse encore.
Lorsque les premières inquiétudes commencent à poindre sur la réalité de la santé économique grecque, les politiciens font appel à la banque juive Goldman&Sachs, qui va les rouler dans la farine avec des intérêts exorbitants.
Tout cela c'est l'écume des vagues. Un économiste a beau nous dire que le forcing de la France pour l'admission de la Grèce était de ne pas rester seule face à la Deutschebank, on reste dubitatif. La vérité (partielle aussi) va venir de l'excellent prof géopolitique Philippe Dessertine (à ne pas confondre avec Jean-Paul) et par un prof grec présent à l'émission.
L'association de la Grèce "berceau de la civilisation" c'était pour les gogos. En vérité, la Grèce est d'abord une frontière européenne face à la Turquie et, surtout aujourd'hui, face à la Syrie. Double enjeu, comme il n'existe pas d'armée européenne, chaque pays porte une responsabilité. Ainsi, coup double, en échange de sa prise de responsabilité défensive, la Grèce doit être arrosée financièrement pour acheter un armement sophistiqué à l'Allemagne et à la France. L'Europe finance donc avant tout l'armée grecque, alors qu'il n'existe pas vraiment de menace de la part de la Turquie membre de l'OTAN. (Mais elle finance une armée d'incapables, dixit JLR)
Si menace il y a , comme on le verra, elle provient de la Perfide Albion. Ce petit pays d'à peine 11 millions d'habitants se situe entre la troisième et la cinquième place des pays importateurs d'armement. C'est en outre la plus grande marine du monde.
Les debaters rappellent que lorsque l'armée turque envahit Chypre, la Grèce se serait retrouvée seule pour la contrer. Ils omettent de préciser que c'est l'impérialisme anglais qui était derrière, qui a toujours monté les turcs contre les grecs afin de mieux sauvegarder son importante base militaire de Chypre.
Donc, comme on le voit, la Grèce nécessite des égards financiers (même empoisonnants) comme l'Ukraine, parce que ces deux pays sont "au front". Il se pose le problème d'éponger plus ou moins la spirale infernale des dettes d'un Etat rentier incapable, mais qui ne fait que servir de bouc-émissaire à la crise capitaliste générale qui se poursuit et dont le cas grec n'est qu'un soubresaut et pas un cas particulier. La finance européenne a créé des bulles en cascade et quand elles éclatent elle crie: c'est pas moi! La comparaison avec l'Argentine n'est pas flatteuse pour les prétendues "faculté de récupération économique du système capitaliste"; l'Argentine, quand même plus industrielle que la Grèce , n'est toujours pas sortie du bourbier, après son "défaut de paiement" datant de 15 années; et certains ont même le culot de nous assurer que la Grèce est mieux protégée parce qu'elle n'est pas elle, sous la coupe des "fonds vautours" US!
DERRIERE LE CINEMA DU REFERENDUM GREC LA BAGARRE POUR LE CONTROLE DE CHYPRE
Syrisa n'a jamais constitué une alternative politique au capitalisme et n'est, comme le chantent nombre de plumitifs, qu'un exemple de fierté nationale de bobos réunis, de fierté d'un vague peuple baladés par une poignée de démagogues. Non seulement ce cartel de partis gauchistes allié à un parti d'extrême droite n'a quasiment rien fait pour bouleverser l'ordre des choses, mais, étant composé d'anciens étudiants en économie formés dans la Perfide Albion, il roule pour les intérêts de l'impérialisme britannique, quitte à contrarier le grand frère US, et ne croit pas à la fiabilité des impérialismes chinois et russe.
D'abord en menaçant in fine, sous l'affirmation de vouloir réouvrir les négociations, pouvoir séparer la Grèce du conglomérat européen (projet qui concerne la bourgeoisie anglaise elle même désireuse de faire sécession) mais cela aboutirait au renforcement de la base militaire britannique à Chypre, que la bourgeoisie américaine tente de récupérer. Grexit ne rime-t-il pas avec Brexit? La bourgeoise anglaise a toujours surveillé et contrôlé la politique en Grèce comme l'huile sur le feu. La bagarre met aux prises en réalité Allemagne contre Angleterre, avec comme arbitre la bourgeoisie américaine (qui prônait le oui sado-maso à l'Europe); la grande base américaine à Francfort n'est plus suffisante et correspondait à la ligne de partage de la guerre froide, et le théâtre des opérations (impérialistes) se situe plus au sud évidemment face aux guerres arabes... qui se rapprochent
[La plus grande base restant la mystérieuse Diego Garcia, d'où l'armada US a probablement abattu le Boeing 777 de Malaysia Airlines et ses 239 passagers le 8 mars dernier, cf. http://www.parismatch.com/Actu/International/Le-mystere-du-vol-MH370-2-2-675084]
Ensuite, par le chantage au lâcher de migrants si les "gérants" de la finance européenne éjectent la Grèce endettée (cf. lire la déclaration du ministre facho du gouvernement Tsipras en début d'année, sur la colonne de gauche (sic) de ce blog.
Le jeu électoral qui vient de se dérouler au premier plan aura donc été une comédie, ponctuel épisode des tragédies à venir - cachant les véritables enjeux - mais on voit par en dessous la complexité du jeu géopolitique, un jeu politique très déstabilisant voire décrédibilisant pour les partis en lice. Partout en Europe les extrêmes gauches se retrouvent à faire des cantiques communs avec l'extrême droite pour bénir Syrisa et son ministre sans cravate. De Mélenchon à Marine Le Pen, de Podemos à Philippot (si bien mis en selle par les médias en France) tous ces politicards font les yeux doux au petit Tsipras, pourtant sur siège éjectable comme il le sait depuis le début. La victoire électorale de la gauche bobo aura aussi permis à la bourgeoisie grecque de gagner du temps, pendant que les syndicats et partis anars auront épuisés les ouvriers dans des processions avec drapeau national et émeutes inutiles. Tsipras, auréolé de son expérience de héros (en carton pâte) pourra tôt ou tard retourner défiler en tête des manifs "contre l'austérité" en tant qu'ancien lutteur émérite (à la saint Mendès France) contre les "géants de la finance".
Pour l'heure, la situation va devenir de plus en plus tendue. Le gouvernement de la bourgeoisie grecque, dirigé par les cadors de la classe moyenne, doit honorer un remboursement de 3,5 milliards à la BCE le 20 juillet. Et, face aux pleureuses d'un impossible moratoire, les caïds de la finance allemande ne sont pas restés muets contrairement à leurs délégués politiques, ils ne rigolent pas eux.
La crise en court peut avoir pour conséquence à court terme de nouvelles élections en Grèce pour éviter une explosion sociale, dont seront encore victimes les prolétaires (répression, piège des émeutes anars, etc.) dans un tourbillon insensé initié par la petite bourgeoisie. Le mauvais payeur grec n'est pas renforcé par la victoire électorale de Syriza (un fraudeur qui nie sa fraude ne peut être crédible auprès du public) car ce sont bien les exigences (terme signifiant originellement: percevoir l'impôt) des créanciers capitalistes qui ressortent plus exigeantes encore face à la manoeuvre électorale démagogique.
à suivre
PS: Cet article était déjà écrit lorsque je suis tombé sur l'article du Monde du 4 juin antérieur à la journée électorale:"Les risques géopolitiques d'un Grexit" http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/07/04/les-risques-geopolitiques-d-un-grexit_4670193_3214.html
lequel confirme ce que j'analysais comme véritable arrière-plan de la crise grecque.
"Ce n’est pas par amour de Platon et Aristote que le président américain Barack Obama, dès le début de la crise grecque, s’est inquiété d’un éventuel « Grexit », jugé dangereux non seulement pour la stabilité financière mondiale ou la cohésion de l’Union européenne, mais aussi – surtout ? – pour la sécurité du commandement militaire de l’OTAN en Méditerranée orientale.
(...) Pas question pour le président américain de voir ce site stratégique menacé. Or, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, l’affirme : dans son intransigeance économique, l’Europe sous-estimerait le risque de déstabilisation régionale qu’entraînerait une sortie de la Grèce de la zone euro. « Le facteur géopolitique est en effet totalement absent du débat depuis le début de la crise », estime Georges Prévélakis, auteur du livre Géopolitique de la Grèce (Editions Complexe, 2005). « Garantir une Grèce stable politiquement et performante économiquement aide à stabiliser la région et à européaniser les Balkans. Aujourd’hui, c’est la Grèce qui se balkanise », déplore ce professeur à l’université Paris-I.
Si des années 1970 aux années 1990, la Grèce s’est retrouvée dans une phase de rattrapage économique accélérée par rapport aux pays du nord de l’Europe, depuis vingt ans cependant, elle était devenue un acteur commercial important dans les Balkans, où ses banques, notamment, étaient très actives. L’évolution régionale est suivie avec inquiétude par la chancelière allemande Angela Merkel. Dans ces Etats souvent faibles, Moscou essaie d’avancer des pions en Serbie et dans la partie serbe de Bosnie-Herzégovine, tandis que les djihadistes recrutent dans les Balkans."(...)
Bonne lecture et vous pouvez me dire merci.
Lire aussi l'autre article du CCI "Des Etats en faillite", bien qu'il ne dispose pas de nos infos cruciales pour comprendre les enjeux de fond et ignore les questions géopolitiques:
«Maintenant ce sont donc les Etats eux-mêmes qui se retrouvent endettés jusqu’au cou, incapables de faire face à leurs propres dettes (sans d’ailleurs que le secteur privé ne soit sauvé pour autant) et en situation potentielle de faillite. Certes, un Etat n’est pas une entreprise, lorsqu’il est en cessation de paiement, il ne met pas la clef sous la porte. Il peut encore espérer s’endetter en payant toujours plus d’intérêts, ponctionner toutes nos économies, imprimer encore plus de papier monnaie. Mais vient un temps où les dettes (ou du moins les intérêts) doivent être remboursées, même par un Etat. Pour comprendre cela, il suffit de regarder ce qui se passe actuellement pour les Etats grec, portugais et même espagnol. En Grèce, l’Etat a tenté de se financer par l’emprunt sur les marchés internationaux. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Tout le monde, sachant que celui-ci est maintenant insolvable, lui a proposé des emprunts à très court terme et à des taux de plus de 8 %. Inutile de dire qu’une telle situation financière est impossible à supporter».
Et aussi les analyses du GIGC:
" La bourgeoisie européenne sait bien que la dette grecque ne sera jamais remboursée. Elle peut donc se payer le "luxe" de laisser Syriza venir au pouvoir en Grèce, puissance capitaliste relativement périphérique et secondaire, si elle réussit à rendre crédible au niveau européen les autres partis "radicaux" de gauche. D’autant que Syriza n’aura d’autre choix que de mener la même politique anti-ouvrière que les gouvernements grecs précédents. Par contre, Syriza et la médiatisation internationale de Podemos permettent de faire miroiter une alternative politique "radicale" de gauche, mais non moins bourgeoise, derrière l’État démocratique capitaliste au niveau européen au moment même où les grandes masses de prolétaires votent de moins en moins, s’éloignent du terrain démocratique bourgeois, et luttent de plus en plus, s’ancrent sur leur terrain de classe".(janvier 2015)
http://igcl.org/Charlie-Hebdo-la-manifestation-de
PS: Sur le plan des répercussions sociales, dont aucun média ne se soucie excepté pour les images répétitives des queue aux dabs, toujours avec l’enjeu géopolitique majeur seul Le Point fait des remarques lucides sur un risque de révolte sociale: «... depuis la victoire accablante du non, les responsables français, soucieux de ménager l’électorat socialiste, séduit par le romantisme du populisme grec, et désireux de ne pas affoler l’opinion, tiennent un discours tellement apaisant qu’il devient émollient : sur le « respect dû à la décision du peuple grec », « la porte ouverte aux discussions », « les bases d’un accord qui existent », les répercussions quasi inexistantes – à les en croire – du défaut de paiement d’Athènes. Comme le dit en substance l’économiste Philippe Dessertine, les autorités françaises nous refont le coup du nuage de Tchernobyl, dont on se souvient encore qu’il pouvait avoir des retombées sur le reste de l’Europe, mais pas sur la France. On a vu la suite, notamment dans les Alpes-de-Haute-Provence.
(...) D’abord, parce qu’il ne faut pas mésestimer la dimension historique de la victoire du Premier ministre Tsipras au référendum. Plus qu’au moment du succès remporté par le parti Syriza aux élections législatives, le vote de dimanche, par son ampleur, est perçu par la gauche de la gauche en Grèce comme une revanche sur l’échec de la tentative de soulèvement communiste de 1944. Lorsque le gouvernement légitime, avec l’aide des Britanniques, avait empêché les maquis communistes de prendre le pouvoir. Certes, Tsipras a rompu autrefois avec le parti communiste, le KKE, et serait, s’il était en France, plus proche de Mélenchon que de Pierre Laurent. Mais la Grèce est en train de glisser, jour après jour, dans une situation de pénurie : les commerçants ne peuvent plus s’approvisionner faute de liquidité, l’essence devient rare dans les stations-service, les voitures sont laissées chez le garagiste parce qu’on n’a pas les moyens de payer la facture, les salaires sont payés irrégulièrement, les pharmacies sont dépourvues de médicaments, etc. Après l’euphorie populaire de la victoire du non, les lendemains peuvent rapidement déchanter et la situation peut se tendre dans la rue, voire devenir incontrôlable. Pour Tsipras aussi.
Même si la Grèce évite cette dérive extrême, l’instabilité qui découle de la situation dans laquelle elle se trouve en a fait, depuis quelques mois, le maillon faible de la sécurité en Europe. Or, comme le dit son ministre des Affaires étrangères, Nikos Kotsias, « notre pays est au centre d’un triangle de crises et de déstabilisation ». Ukraine, Libye, Irak, Syrie, la Grèce est géographiquement au coeur des tensions. Un désastre économique, la désorganisation de l’État pourrait, si on ose l’écrire, en faire le talon d’Achille de l’Europe. À la fois pour la pénétration de commandos islamiques dans l’espace Schengen, mais aussi pour l’afflux sans contrôle de réfugiés venant des zones de guerre du Proche-Orient. Déjà le nombre de migrants entrés en Grèce – officiellement 68 000 – est supérieur depuis le début de l’année à ce qu’il avait été pour la totalité de 2014. Faute de ressources, Tsipras a décidé de fermer les camps destinés aux arrivants, qui sont maintenant livrés à eux-mêmes quand ils débarquent.
Un appel d’air pour les candidats au voyage qui ne s’améliorera pas. Et peut-être pour le coup une bonne raison pour l’Europe – même si c’est là un réflexe égoïste – d’aider la Grèce à sortir de sa mauvaise passe économique et financière afin qu’elle ne devienne pas la porte d’entrée d’une marée de migrants, venus de Syrie ou d’ailleurs, attendant une occasion favorable pour se répandre dans les pays du Nord. Il faut toujours avoir en tête que la géographie a fait qu’Athènes est plus proche de Damas que de Bruxelles».
« Je ne m'habitue pas ni au cynisme des dirigeants grecs qui ont posé une question biaisée » parce que portant sur des propositions périmées des créanciers, ni aux « propos populistes d'aucuns qui, parce que leur opinion publique le leur demande, considèrent que la solution à tous nos problèmes serait de sortir la Grèce de la zone euro » (ministre Macron)
Le feuilleton grec entretient un suspense complexe largement dominé par les mensonges des dominants et le cinéma de rue des "réformateurs radicaux" (Lire l’article du CCI: Grèce: les gauchistes cachent la nature bourgeoise de Syriza); et de vaines émeutes de rue. Résumé du suspense référendaire ambigu par le site du barnum TF1 dimanche matin, révélateur de l'incroyable aveuglement et cynisme de la bourgeoisie européenne chic, imaginant 60% de oui alors que cela vient de produire le contraire (qui est pour honorer les yeux fermés des dettes faramineuses? Levez le doigt?):
"De quel côté penchera la majorité des Grecs? Des indications existent. Deux sondages, menés sur les propositions européennes en fin de semaine dernière, c'est-à-dire avant l'annonce surprise du référendum, publiés dans la presse grecque, donnent 60 % de oui. Les créanciers comptent sur la peur du Grexit, la sortie de l'euro, pour pousser les électeurs à désavouer leur premier ministre. La fermeture des banques et le contrôle des capitaux mis en place lundi donnent aux Grecs un avant-goût de la paralysie et du chaos qui pourraient conduire à un abandon forcé de la monnaie commune. Ces mesures d'exception empêchent pour l'heure un phénomène de panique bancaire qui constituerait le premier rouage de l'engrenage incontrôlable menant à l'effondrement des banques, puis au Grexit. Le dispositif va empoisonner la vie quotidienne des Grecs pendant toute une semaine et entretenir l'angoisse sur l'après. Mais, dans l'immédiat, il suspend le temps en attendant la consultation populaire de dimanche. Si le "oui" obtient la majorité : On imagine mal Alexis Tsipras ne pas démissionner à la suite de ce qui serait un désaveu cinglant de sa politique.
Si le "non" obtient la majorité :
Dans ce cas, la balle sera dans le camp des créanciers. Ces derniers pourraient retourner à la table des négociations et revoir leur copie mais cela semble peu probable. Ils devraient plutôt considérer que le texte retoqué par le référendum est le seul envisageable. La République hellénique se retrouverait alors isolée pour s'acquitter de ses dettes. Un recours au marché est exclu, le risque d'un défaut est si grand que ces derniers lui imposeraient des taux d'intérêt insoutenables. La seule solution pour le gouvernement Tsipras serait donc de refuser d'honorer sa dette. Dans sa très large majorité, cette dernière est due à des institutions ou à des Etats (42,4 milliards d'euros pour la France et 56,5 pour l'Allemagne). Les risques de contagion sont donc très faibles. Ce défaut ne devrait pas impacter le secteur financier international. Par ailleurs, sans accord, la Banque centrale européenne ne pourra plus continuer à soutenir les besoins en liquidités de la Grèce. Sans cette aide, les banques grecques feront faillites précipitant le pays dans une crise encore plus grave.
Face à ce scénario noir, il ne restera plus qu'une solution à la Grèce, sortir de la zone euro et gérer elle-même sa politique monétaire, seule solution pour espérer sortir de la crise à moyen terme".Tout était dit en l'espèce.
UNE VICTOIRE DE LA CLASSE MOYENNE
La semaine de tous les dangers s'ouvre après la victoire du non. Du point de vue du prolétariat grec, très faible et très encadré par démagogues syndicaux et anarchistes, ce référendum n'est que pipi de chat, il n'exprime nullement une prise en main de son sort, et la bourgeoisie, même si elle est restée muette de stupeur à l'annonce du résultat (silence radio des Hollande, Merkel et Juncker) s'en moque comme de la première dette grecque. Ce référendum gauchiste sert momentanément à sauver la peau du parti Syriza et de son cador Tsipras, et a pour but, cyniquement, de servir à mieux faire passer un plan d'austérité arrangé, rééchelonné, un tonneau de danaïdes en guenilles sans fin autre que l'attente de l'explosion d'autres contradictions capitalistes qui pourraient bien provenir rapidement. Comme l'a dit sans fard une pétasse anonyme sur la "chaîne info": c'est une victoire de la classe moyenne. Oui cette petite bourgeoisie qui ne pense qu'à son nombril, veut maintenir ses privilèges, ne pense qu'en termes de riches et de pauvres, qui veut le beurre et l'argent du beurre. Les représentants français de la petite bourgeoisie, Mélenchon et NPA, ont eu beau danser place de la République avec chants patriotiques comme sur la place Syntagma, ils n'ont amusé personne tellement la situation est grave, entre cynisme des financiers européens et démagogie gauchiste. Le clivage gauche/droite se résume un peu partout à ce schéma: une gauche bobo qui la joue victimaire pour le cas grec, et une droite qui veut qu'on fasse payer "les grecs" en général. Les partisans de l'extrême droite se répartissent dans ces deux camps, voire se veulent une synthèse des deux mystifications!
On pouvait imaginer que Tsipras, le fringant ministre du cartel gauchiste Syriza, avait choisi la seule
porte de sortie honorable pour mettre fin aux promesses électorales de raser gratis en vue d'un moratoire des dettes du demi-Etat grec (Etat sans cadastre et sans sérieuse perception d'impôts): se faire adouber électoralement (pas sûr) ou se laisser remplacer pour s'échapper d'un pouvoir bancal la tête haute du héros "résistant"même en ouvrant une crise politique dans le pays mythique de la démocratie éternelle ou du mythe éternel de la démocratie. La seule chose que sa manoeuvre dilatoire aura permis aura été de toute façon d'ouvrir la crise politique à l'échelle européenne, à contenter Poutine et à inquiéter Obama.
Très symbolique du cynisme des dirigeants financiers du Conseil européen est le fait qu'ils auront milité pour le oui en compagnie des curés orthodoxes et des patrons grecs, pour une soit disant décision démocratique électorale quand il s'étaient assis sur le nom des peuples au traité de Lisbonne: la démocratie ne s'use que selon qu'elle sert ou pas les intérêts financiers des grands groupes capitalistes, mais peau de balle au bout du compte. Le système du référendum peut être dangereux et reste plus incontrôlable que le système truqué d'élections des partis politiques. De plus, grâce à une élection réalisée à grande vitesse en une semaine, les médias conservateurs n'ont pas eu le temps de renverser la tendance à l'indignation face aux remboursements de plus en plus exorbitants, preuves de la démesure atteinte par le capitalisme en crise dont la crise grecque n'est qu'une pustule. Le manoeuvrier boutiquier Tsipras a réussi à piéger les méchants créanciers en les prenant de vitesse, mais ces élections restent aussi frauduleuses que les autres organisées en régime bourgeois; et quand toute la planète gauchiste a le culot de clamer qu'on a donné la parole au peuple, elle ment effrontément. D'abord: forte abstention face à une question à la con de manipulateur politique, près de 40%, ce qui atténue la "forte" victoire de 60 contre 48, et prouve que la manoeuvre politique de Syriza et de ses potes d'extrême droite, n'est pas si écrasante qu'on nous le hurle aux oreilles et divise bel et bien le peupel grec, et en plus le prolétariat en général, en particulier en France où ceux qui réfléchissent ne donnent aucun "crédit" à la démagogie misérabiliste suiviste des PCF, FdG et NPA. Les commentateurs ont glissé que dans certains quartiers ouvriers d'Athènes le vote avait atteint plus de 80% en faveur du non; évidemment les ouvriers les plus frappés par la crise capitaliste n'allaient pas voter oui à la baisse des retraites et des salaires (quoique si l'on lit bien les dernières conditions, ce n'est pas ce secteur qui est plus menacé -la bourgeoisie européenne craint l'explosion prolétarienne - mais les revenus déguisés des couches moyennes plus les taxes genre TVA, etc.).
La bourgeoisie grecque n'envisage nul nouveau coup d'Etat de colonels, car cette place dominante prise par la "classe moyenne" indignée est bien utile pourtant à la domination bourgeoise, avec ses ramifications mondiales d'Espagne au Brésil, de Podemos à Die Linke. Cette marge intermédiaire de la société affiche une prétention "radicale" à réformer le capitalisme, en abolissant certaines dettes, mais sans toucher aux privilèges des fonctionnaires, sans toucher aux privilèges des curés des partis politiques, des rentiers d'Etat et des curés tout court (Syriza caresse dans le sens de la barbe les parasites de l'Eglise orthodoxe et la mafia des bateaux de luxe). Cette excroissance sociale parasitaire sert de barrage à toute expression indépendante du prolétariat et valide l'absence de perspective véritablement révolutionnaire. Ce n'est pas d'abattre l'Etat bourgeois qu'il est question mais de nous chanter: "Vive le gouvernement Syriza" qui "résiste" (pour l'intérêt national) aux méchants créanciers carnivores, comprenez: "créons partout, un, deux, trois gouvernement Syriza"; au point que le petit démagogue creux Mélanchon se voit déjà président en 2017!
Or il nous faut ici resituer les enjeux sous les cris contre les salauds de la "troïka", la dénonciation de "l'humiliation du peuple grec", face aux gardiens financiers d'une Europe faussement démocratique. Ces enjeux dépassent les courtes festivités électorales.
Nous allons examiner les deux principaux aspects occultés de la "crise grecque", qui n'est pas en soi une crise économique de la seule Grèce, mais surtout une histoire politique et... militaire, géopolitiquement s'entend.
AUX ORIGINES DE L'ADHESION DOUTEUSE DE LA GRECE A L'EUROPE
C'est l'émission consacrée à la Grèce sur Public-Sénat, la veille du jour électoral, qui vaut d'être citée pour référence et pour l'excellence du documentaire présenté, historique de l'adhésion alambiquée du pays de Platon au conglomérat européen. Sans négliger l'intérêt du débat, certes tardif, entre économistes et géopolitiques intelligents.
L'adhésion de la Grèce, pays non industriel, paraissait anormale et donc peu souhaitable. Le documentaire rappelle que, contre l'avis de la plupart des caïds européens, la bourgeoisie française (de Giscard à Chirac) a, pendant une dizaine d'années fait le forcing pour faire admettre la Grèce. Avec des arguments démagogiques en premier lieu: cela aurait fait mauvais genre de ne pas inclure dans l'Europe moderne financière et commerciale le pays "fondateur de la démocratie". La Grèce se voyait affublée de la fonction de vitrine civilisatrice... La plupart des ex-ministres ou ex-commissaires européens se récrient d'avoir été au courant ensuite des trucages financiers invraisemblables qui ont servi à maquiller les résultats misérables des gouvernements grecs. A l'évidence ils étaient au courant, mais leur profession comporte la qualification de menteur et ils ne veulent pas être inquiétés pendant leurs confortables retraites, une hache perdue de Daesch est si vite arrivée. La bourgeoisie grecque et ses bobos mènent ensuite grand train de vie; la dolce vita: achat de Porsches et de résidences luxueuses, dîners fastueux et... doublement des salaires, du jamais vu dans toute l'histoire du mouvement ouvrier (mais les ouvriers grecs n'étant pas très nombreux... et laissant le sale boulot à de nombreux migrants...avant l'heure de leur exposition médiatique). Puis, toujours avec la manne financière européenne, le demi-Etat grec (Etat rentier) va dépenser sans compter pour de fastueux jeux olympiques, dont la facture pèse encore.
Lorsque les premières inquiétudes commencent à poindre sur la réalité de la santé économique grecque, les politiciens font appel à la banque juive Goldman&Sachs, qui va les rouler dans la farine avec des intérêts exorbitants.
Tout cela c'est l'écume des vagues. Un économiste a beau nous dire que le forcing de la France pour l'admission de la Grèce était de ne pas rester seule face à la Deutschebank, on reste dubitatif. La vérité (partielle aussi) va venir de l'excellent prof géopolitique Philippe Dessertine (à ne pas confondre avec Jean-Paul) et par un prof grec présent à l'émission.
L'association de la Grèce "berceau de la civilisation" c'était pour les gogos. En vérité, la Grèce est d'abord une frontière européenne face à la Turquie et, surtout aujourd'hui, face à la Syrie. Double enjeu, comme il n'existe pas d'armée européenne, chaque pays porte une responsabilité. Ainsi, coup double, en échange de sa prise de responsabilité défensive, la Grèce doit être arrosée financièrement pour acheter un armement sophistiqué à l'Allemagne et à la France. L'Europe finance donc avant tout l'armée grecque, alors qu'il n'existe pas vraiment de menace de la part de la Turquie membre de l'OTAN. (Mais elle finance une armée d'incapables, dixit JLR)
Si menace il y a , comme on le verra, elle provient de la Perfide Albion. Ce petit pays d'à peine 11 millions d'habitants se situe entre la troisième et la cinquième place des pays importateurs d'armement. C'est en outre la plus grande marine du monde.
Les debaters rappellent que lorsque l'armée turque envahit Chypre, la Grèce se serait retrouvée seule pour la contrer. Ils omettent de préciser que c'est l'impérialisme anglais qui était derrière, qui a toujours monté les turcs contre les grecs afin de mieux sauvegarder son importante base militaire de Chypre.
Donc, comme on le voit, la Grèce nécessite des égards financiers (même empoisonnants) comme l'Ukraine, parce que ces deux pays sont "au front". Il se pose le problème d'éponger plus ou moins la spirale infernale des dettes d'un Etat rentier incapable, mais qui ne fait que servir de bouc-émissaire à la crise capitaliste générale qui se poursuit et dont le cas grec n'est qu'un soubresaut et pas un cas particulier. La finance européenne a créé des bulles en cascade et quand elles éclatent elle crie: c'est pas moi! La comparaison avec l'Argentine n'est pas flatteuse pour les prétendues "faculté de récupération économique du système capitaliste"; l'Argentine, quand même plus industrielle que la Grèce , n'est toujours pas sortie du bourbier, après son "défaut de paiement" datant de 15 années; et certains ont même le culot de nous assurer que la Grèce est mieux protégée parce qu'elle n'est pas elle, sous la coupe des "fonds vautours" US!
DERRIERE LE CINEMA DU REFERENDUM GREC LA BAGARRE POUR LE CONTROLE DE CHYPRE
Syrisa n'a jamais constitué une alternative politique au capitalisme et n'est, comme le chantent nombre de plumitifs, qu'un exemple de fierté nationale de bobos réunis, de fierté d'un vague peuple baladés par une poignée de démagogues. Non seulement ce cartel de partis gauchistes allié à un parti d'extrême droite n'a quasiment rien fait pour bouleverser l'ordre des choses, mais, étant composé d'anciens étudiants en économie formés dans la Perfide Albion, il roule pour les intérêts de l'impérialisme britannique, quitte à contrarier le grand frère US, et ne croit pas à la fiabilité des impérialismes chinois et russe.
D'abord en menaçant in fine, sous l'affirmation de vouloir réouvrir les négociations, pouvoir séparer la Grèce du conglomérat européen (projet qui concerne la bourgeoisie anglaise elle même désireuse de faire sécession) mais cela aboutirait au renforcement de la base militaire britannique à Chypre, que la bourgeoisie américaine tente de récupérer. Grexit ne rime-t-il pas avec Brexit? La bourgeoise anglaise a toujours surveillé et contrôlé la politique en Grèce comme l'huile sur le feu. La bagarre met aux prises en réalité Allemagne contre Angleterre, avec comme arbitre la bourgeoisie américaine (qui prônait le oui sado-maso à l'Europe); la grande base américaine à Francfort n'est plus suffisante et correspondait à la ligne de partage de la guerre froide, et le théâtre des opérations (impérialistes) se situe plus au sud évidemment face aux guerres arabes... qui se rapprochent
[La plus grande base restant la mystérieuse Diego Garcia, d'où l'armada US a probablement abattu le Boeing 777 de Malaysia Airlines et ses 239 passagers le 8 mars dernier, cf. http://www.parismatch.com/Actu/International/Le-mystere-du-vol-MH370-2-2-675084]
Ensuite, par le chantage au lâcher de migrants si les "gérants" de la finance européenne éjectent la Grèce endettée (cf. lire la déclaration du ministre facho du gouvernement Tsipras en début d'année, sur la colonne de gauche (sic) de ce blog.
Le jeu électoral qui vient de se dérouler au premier plan aura donc été une comédie, ponctuel épisode des tragédies à venir - cachant les véritables enjeux - mais on voit par en dessous la complexité du jeu géopolitique, un jeu politique très déstabilisant voire décrédibilisant pour les partis en lice. Partout en Europe les extrêmes gauches se retrouvent à faire des cantiques communs avec l'extrême droite pour bénir Syrisa et son ministre sans cravate. De Mélenchon à Marine Le Pen, de Podemos à Philippot (si bien mis en selle par les médias en France) tous ces politicards font les yeux doux au petit Tsipras, pourtant sur siège éjectable comme il le sait depuis le début. La victoire électorale de la gauche bobo aura aussi permis à la bourgeoisie grecque de gagner du temps, pendant que les syndicats et partis anars auront épuisés les ouvriers dans des processions avec drapeau national et émeutes inutiles. Tsipras, auréolé de son expérience de héros (en carton pâte) pourra tôt ou tard retourner défiler en tête des manifs "contre l'austérité" en tant qu'ancien lutteur émérite (à la saint Mendès France) contre les "géants de la finance".
Pour l'heure, la situation va devenir de plus en plus tendue. Le gouvernement de la bourgeoisie grecque, dirigé par les cadors de la classe moyenne, doit honorer un remboursement de 3,5 milliards à la BCE le 20 juillet. Et, face aux pleureuses d'un impossible moratoire, les caïds de la finance allemande ne sont pas restés muets contrairement à leurs délégués politiques, ils ne rigolent pas eux.
La crise en court peut avoir pour conséquence à court terme de nouvelles élections en Grèce pour éviter une explosion sociale, dont seront encore victimes les prolétaires (répression, piège des émeutes anars, etc.) dans un tourbillon insensé initié par la petite bourgeoisie. Le mauvais payeur grec n'est pas renforcé par la victoire électorale de Syriza (un fraudeur qui nie sa fraude ne peut être crédible auprès du public) car ce sont bien les exigences (terme signifiant originellement: percevoir l'impôt) des créanciers capitalistes qui ressortent plus exigeantes encore face à la manoeuvre électorale démagogique.
à suivre
PS: Cet article était déjà écrit lorsque je suis tombé sur l'article du Monde du 4 juin antérieur à la journée électorale:"Les risques géopolitiques d'un Grexit" http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/07/04/les-risques-geopolitiques-d-un-grexit_4670193_3214.html
lequel confirme ce que j'analysais comme véritable arrière-plan de la crise grecque.
"Ce n’est pas par amour de Platon et Aristote que le président américain Barack Obama, dès le début de la crise grecque, s’est inquiété d’un éventuel « Grexit », jugé dangereux non seulement pour la stabilité financière mondiale ou la cohésion de l’Union européenne, mais aussi – surtout ? – pour la sécurité du commandement militaire de l’OTAN en Méditerranée orientale.
(...) Pas question pour le président américain de voir ce site stratégique menacé. Or, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, l’affirme : dans son intransigeance économique, l’Europe sous-estimerait le risque de déstabilisation régionale qu’entraînerait une sortie de la Grèce de la zone euro. « Le facteur géopolitique est en effet totalement absent du débat depuis le début de la crise », estime Georges Prévélakis, auteur du livre Géopolitique de la Grèce (Editions Complexe, 2005). « Garantir une Grèce stable politiquement et performante économiquement aide à stabiliser la région et à européaniser les Balkans. Aujourd’hui, c’est la Grèce qui se balkanise », déplore ce professeur à l’université Paris-I.
Si des années 1970 aux années 1990, la Grèce s’est retrouvée dans une phase de rattrapage économique accélérée par rapport aux pays du nord de l’Europe, depuis vingt ans cependant, elle était devenue un acteur commercial important dans les Balkans, où ses banques, notamment, étaient très actives. L’évolution régionale est suivie avec inquiétude par la chancelière allemande Angela Merkel. Dans ces Etats souvent faibles, Moscou essaie d’avancer des pions en Serbie et dans la partie serbe de Bosnie-Herzégovine, tandis que les djihadistes recrutent dans les Balkans."(...)
Bonne lecture et vous pouvez me dire merci.
Lire aussi l'autre article du CCI "Des Etats en faillite", bien qu'il ne dispose pas de nos infos cruciales pour comprendre les enjeux de fond et ignore les questions géopolitiques:
«Maintenant ce sont donc les Etats eux-mêmes qui se retrouvent endettés jusqu’au cou, incapables de faire face à leurs propres dettes (sans d’ailleurs que le secteur privé ne soit sauvé pour autant) et en situation potentielle de faillite. Certes, un Etat n’est pas une entreprise, lorsqu’il est en cessation de paiement, il ne met pas la clef sous la porte. Il peut encore espérer s’endetter en payant toujours plus d’intérêts, ponctionner toutes nos économies, imprimer encore plus de papier monnaie. Mais vient un temps où les dettes (ou du moins les intérêts) doivent être remboursées, même par un Etat. Pour comprendre cela, il suffit de regarder ce qui se passe actuellement pour les Etats grec, portugais et même espagnol. En Grèce, l’Etat a tenté de se financer par l’emprunt sur les marchés internationaux. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Tout le monde, sachant que celui-ci est maintenant insolvable, lui a proposé des emprunts à très court terme et à des taux de plus de 8 %. Inutile de dire qu’une telle situation financière est impossible à supporter».
Et aussi les analyses du GIGC:
" La bourgeoisie européenne sait bien que la dette grecque ne sera jamais remboursée. Elle peut donc se payer le "luxe" de laisser Syriza venir au pouvoir en Grèce, puissance capitaliste relativement périphérique et secondaire, si elle réussit à rendre crédible au niveau européen les autres partis "radicaux" de gauche. D’autant que Syriza n’aura d’autre choix que de mener la même politique anti-ouvrière que les gouvernements grecs précédents. Par contre, Syriza et la médiatisation internationale de Podemos permettent de faire miroiter une alternative politique "radicale" de gauche, mais non moins bourgeoise, derrière l’État démocratique capitaliste au niveau européen au moment même où les grandes masses de prolétaires votent de moins en moins, s’éloignent du terrain démocratique bourgeois, et luttent de plus en plus, s’ancrent sur leur terrain de classe".(janvier 2015)
http://igcl.org/Charlie-Hebdo-la-manifestation-de
PS: Sur le plan des répercussions sociales, dont aucun média ne se soucie excepté pour les images répétitives des queue aux dabs, toujours avec l’enjeu géopolitique majeur seul Le Point fait des remarques lucides sur un risque de révolte sociale: «... depuis la victoire accablante du non, les responsables français, soucieux de ménager l’électorat socialiste, séduit par le romantisme du populisme grec, et désireux de ne pas affoler l’opinion, tiennent un discours tellement apaisant qu’il devient émollient : sur le « respect dû à la décision du peuple grec », « la porte ouverte aux discussions », « les bases d’un accord qui existent », les répercussions quasi inexistantes – à les en croire – du défaut de paiement d’Athènes. Comme le dit en substance l’économiste Philippe Dessertine, les autorités françaises nous refont le coup du nuage de Tchernobyl, dont on se souvient encore qu’il pouvait avoir des retombées sur le reste de l’Europe, mais pas sur la France. On a vu la suite, notamment dans les Alpes-de-Haute-Provence.
(...) D’abord, parce qu’il ne faut pas mésestimer la dimension historique de la victoire du Premier ministre Tsipras au référendum. Plus qu’au moment du succès remporté par le parti Syriza aux élections législatives, le vote de dimanche, par son ampleur, est perçu par la gauche de la gauche en Grèce comme une revanche sur l’échec de la tentative de soulèvement communiste de 1944. Lorsque le gouvernement légitime, avec l’aide des Britanniques, avait empêché les maquis communistes de prendre le pouvoir. Certes, Tsipras a rompu autrefois avec le parti communiste, le KKE, et serait, s’il était en France, plus proche de Mélenchon que de Pierre Laurent. Mais la Grèce est en train de glisser, jour après jour, dans une situation de pénurie : les commerçants ne peuvent plus s’approvisionner faute de liquidité, l’essence devient rare dans les stations-service, les voitures sont laissées chez le garagiste parce qu’on n’a pas les moyens de payer la facture, les salaires sont payés irrégulièrement, les pharmacies sont dépourvues de médicaments, etc. Après l’euphorie populaire de la victoire du non, les lendemains peuvent rapidement déchanter et la situation peut se tendre dans la rue, voire devenir incontrôlable. Pour Tsipras aussi.
Même si la Grèce évite cette dérive extrême, l’instabilité qui découle de la situation dans laquelle elle se trouve en a fait, depuis quelques mois, le maillon faible de la sécurité en Europe. Or, comme le dit son ministre des Affaires étrangères, Nikos Kotsias, « notre pays est au centre d’un triangle de crises et de déstabilisation ». Ukraine, Libye, Irak, Syrie, la Grèce est géographiquement au coeur des tensions. Un désastre économique, la désorganisation de l’État pourrait, si on ose l’écrire, en faire le talon d’Achille de l’Europe. À la fois pour la pénétration de commandos islamiques dans l’espace Schengen, mais aussi pour l’afflux sans contrôle de réfugiés venant des zones de guerre du Proche-Orient. Déjà le nombre de migrants entrés en Grèce – officiellement 68 000 – est supérieur depuis le début de l’année à ce qu’il avait été pour la totalité de 2014. Faute de ressources, Tsipras a décidé de fermer les camps destinés aux arrivants, qui sont maintenant livrés à eux-mêmes quand ils débarquent.
Un appel d’air pour les candidats au voyage qui ne s’améliorera pas. Et peut-être pour le coup une bonne raison pour l’Europe – même si c’est là un réflexe égoïste – d’aider la Grèce à sortir de sa mauvaise passe économique et financière afin qu’elle ne devienne pas la porte d’entrée d’une marée de migrants, venus de Syrie ou d’ailleurs, attendant une occasion favorable pour se répandre dans les pays du Nord. Il faut toujours avoir en tête que la géographie a fait qu’Athènes est plus proche de Damas que de Bruxelles».
Pour l'instant c'est le document le plus intéressant et le seul que j'ai lu sur sur la situation grecque
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