« L'existence
de la religion révèle l'existence d'un manque ».
Marx
« Aujourd’hui
encore, on entend bien des gens parler de la “nationalité” juive
comme d’une chose qui empêche leur émancipation. [...] Mais au
lieu de permettre aux juifs de sortir de leur isolement, on leur a
même, l’esprit aveuglé, fait grief d’une situation dont la
législation chrétienne était responsable ».
Moses
Hess (1812-1875 - La triarchie européenne)
Il
ne faut pas se voiler les yeux lorsque l'on parle de la question du
voile islamique qui pourtant masque de bien plus graves questions
politiques et sociales. La focalisation des médias sur le sujet nous
apparaît superfétatoire mais reflète aussi une préoccupation de
la rue. Il faut être un esprit pudibond et étroit de gauchiste de
base pour se voiler la face en présence de la généralisation de
femmes voilées dans les banlieues et le centre des grandes villes.
La bataille des pétitions pour le voile (99 signataires dont le
pitre Omar Sy) sous l'égide du journal Le Monde et de Marianne (101
contre) ne parvient même pas à restaurer l'imagerie gauche contre
droite, ni à sortir d'un débat en impasse. Autant discuter du sexe
des anges. Pour Eric Zemmour c'est le drapeau de l'islam conquérant
qui accompagne les prénoms arabes, l'invasion des clandestins et un
mépris croissant de la « nation française » où il
faudrait supprimer les allocs pour les enfants étrangers via
l'apatride droit du sol1.
Sur Cnews, en pointe devant les autres médias d'infaux, depuis que
le discours anti-migratoire est déversé en prime time, la bande à
Pascal Praud, avec Elisabeth Levy, ne cesse de répéter que le voile
ostentatoire est surtout une soumission au machisme arabe. Ce qui est
notoirement faux. Pour ceux qui connaissent mieux la vie des familles
arabes où... c'est souvent la femme qui porte le pantalon.
POURQUOI
CETTE MODE EXPANSIVE DU VOILE ?
L'islam
a toujours existé depuis un temps immémorial dans les pays
sous-développés voire très arriérés et anciennes colonies.
Pourquoi se répand-il dans les pays développés ? Certes du
fait d'une immigration massive nécessaire au développement d'un
capitalisme en crise, crise de reproduction (bouleversement de la
logique de l'accumulation capitaliste avec les nouveaux préceptes de
l'écologie industrielle), raréfaction et crise de main d'oeuvre
autochtone comme après une guerre mondiale, et fuite éperdue face
aux cruelles guerres localisées. Par concomitance, les besoins du
grand patronat antiraciste sont infinis2
et laissent leurs collègues des ONG mafieuses se charger ou pas de
l'intendance. Le voile n'est que la crête de la vague
immigrationniste. Il y a trois décennies on vit bien débarquer avec
leurs hommes des femmes voilées mais on se dit qu'elles se
dévoileraient à mesure que leurs hommes s'intégreraient, comme on
dit en Europe. Au contraire, même celles qui étaient nées sur le
territoire français, toutes l'ont conservé et ont fait école. Ce
que nos gentils laïcards de plateaux de télévision n'imaginent ni
ne voient, c'est la situation de la plupart de ces femmes gagnées à
l'islam3.
Ces femmes que l'on voit se déplacer bâchées toute la journée ne
travaillent pas, ou comme nounous. Or la femme au foyer est aussi
invisible dans la vie courante que les retraités. Elle ne compte
pas. Elle ne représente rien. L'opportunité d'exister aux yeux de
ceux qu'elles croisent est cette tunique qui va de la tête au pied
et qui dérange. Elles ne se considèrent pas comme des envoyées de
Daech ou de feu le grand masturbateur Ben Laden. Elles savent qu'on
les regarde enfin, et qu'elles interrogent pour ne pas dire
dérangent. Le voile est ainsi un tissu existentiel !
Indéniablement
on peut y ajouter le détail esthétique. Le drap qui couvre tout le
corps, et non le simple voile couvre-chef, allonge la silhouette.
Nombre de ces femmes « d'intérieur », dans l'obscurité
du ménage familial dévoué et esclavagiste, n'ont plus leurs formes
juvéniles. Il faudrait parler plutôt de grossophobie que
d'islamophobie. Elles marchent à quatre sur les trottoirs comme les
Beatles et caquettent comme un vol de colombes. Cela fait
communautariste, et bien tant pis si ce ne sont que des relations de
bon voisinage. Quant à l'accompagnement pour les sorties d'enfants
des écoles, tâche pas vraiment ingrate (mais bénévole) qui les
sort du réduit de la cuisine, pourquoi ôteraient-elles en promenade
ce qui les distingue des bonnes femmes « d'intérieur » ?
Et même de leurs « petits » qui les voient jour et nuit
dans la vie privée porteuses de la même coiffe au lit ou dans la
cuisine ?
Question
d'éducation individuelle et pas prosélytisme, puisque la pensée
est libre en démocratie ! En vérité ce qui fait la force du
regain islamiste est qu'il apparaît comme LA RELIGION DES DESHERITES
MODERNES. Ce qui après tout a été naguère le lot du catholicisme,
si bien absorbé par le capitalisme conquérant.
ET
SI LA POLITIQUE N'ETAIT QU'UN RENOUVEAU RELIGIEUX ?
Depuis
la disparition de la religion stalinienne vers la fin des années
1980, on n'a pu se résoudre à ne plus croire en rien. L'islam était
bien sûr déjà dans toutes les aires géographiques où il s'est
implanté historiquement. Il était resté présent en URSS et dans
les soit disant « libérations nationales ». On voyait
des prières de rue et SOS racisme, garde rapprochée du
mitterrandisme prôner multiculturalisme et évasion saharienne avec
Balavoine.
L'être
humain n'est pas un simple tube digestif. Il a besoin de croire et
pas de croire simplement à ce qu'il voit ou aux poignées de main
des politiciens démocrates. Même tordu, étatisé et déformation
honteuse du projet historique du communisme, le stalinisme laisser
espérer qu'il n'y avait pas qu'un capitalisme éternel, que la
concurrence d'une lourde bureaucratie étatique d'esprit aussi
capitaliste servait perversement d'exutoire à une vraie alternative
pour un autre monde débarrassé des frontières et du fric. Les
publicitaires de la religion stalinienne arboraient leurs propres
colifichets : drapeaux rouges, casquettes CGT, badges PCF et
leurs femmes souvent un foulard rouge. Même dans les pays les plus
islamisés le référent religion stalinienne était pris en compte,
au moins par les chefs d'Etat sous orbite « soviétique ».
Les migrants qui migraient étaient souvent automatiquement sous
couverture CGT et les slogans « français-immigrés même
combat » étaient le refrain incontestable du moindre
syndicaliste lambda jusqu'à son pire ennemi ultragauche,
conseilliste ou bordiguiste. Tout ça c'est du passé. L'ubérisation
du travail et l'immigration incontrôlable et incontrôlée ont
dissous jusqu'à la notion de frères de classe remplacée par frères
en islam ou en ex-colonisés « victimes des blancs ».
DANGER
DE POGROMISME ?
Le
seul groupe politique résiduel qui ne déconne pas trop sur le
sujet, voire est capable de réflexion théorique intelligente reste
le CCI, dans un article de leur petit journal Internationalisme en
Belgique4.
Ils analysent les dégâts de l'idéologie du capitalisme
contemporain comme « produit
de la décomposition sociale et idéologique du capitalisme » :
« Dans
un contexte de tendance à la dislocation croissante du corps social,
dans lequel la classe ouvrière ne parvient pour le moment pas à
défendre une perspective révolutionnaire, le communautarisme, et
toutes les tendances irrationnelles au repli sur soi se renforcent.
Cette dynamique alimente les peurs, les incompréhensions, les
préjugés xénophobes et raciaux, voire la haine aveugle et
obsessionnelle d’une partie des “autochtones” envers les
“étrangers”, et inversement ».
L'article
est de qualité en décryptant, ce que ne font pas nos lâches
gauchistes plénéliens, parallèlement les délires de ceux que je
nomme les indigeste de la République, avec « leur haine
viscérale du prolétariat et en particulier des ouvriers blancs ».
Le pire est sûr avec la marginalité petite beurgeoise ! 5
Il est fait référence à un article du CCI qui intègre la
vision prolétarienne de la richesse des cultures, considérées
comme un facteur positif dans le combat pour l’unité dans la lutte
– en opposition totale avec le multiculturalisme et le
communautarisme bourgeois qui reproduisent l’idéologie
identitaire. On peut faire référence à la culture des grandes
nations sans être un réac indécrottable face à l'anti-France qui
domine les médias faussement « internationalistes » mais
acquis à la doxa américaine multiculturaliste et confusionniste.
Bémol
sur les risques supposés de pogromisme. Il ne faut pas voir, à la
suite des médias serviles, des xénophobes partout. Ce que la presse
bourgeoise et gauchiste nomme xénophobie ou racisme, n'est le plus
souvent qu'un sentiment d'insécurité qui fait de vous un fasciste
en puissance. Cette insécurité est à double sens. Elle concerne
autant le prolétaire qui peut être agressé en rentrant chez lui
par un miséreux désespéré que ces nombreux migrants qui meurent
en masse6.
Autant dans l'article on est capable de dénoncer le mensonge
écologique de nos exploiteurs autant il manque des maillons dans le
raisonnement concernant la crise migratoire7.
Certes
les dangers ciblés par le parti populiste belge Vlaams Belang sont
du genre zemmourien : « la migration une menace pour la
prospérité de la Belgique ». Bof ! Mais il eût été
plus utile de surligner les promesses de raser gratis de ce parti
populiste comme du même type que celles de la gauche bourgeoise en
général dans les années de prospérité. Ils ne s'adressent
évidemment pas à la classe ouvrière mais aux défavorisés en
général et leurs promesses sont du vent. Pourquoi en référer à
une cour d'appel bourgeoise qui les a condamné pour incitation à la
haine et à la discrimination ? Les cours de justice bourgeoise
sont mal placées pour défendre et le prolétariat et les personnes
victimes des exactions islamistes.
Les
affirmation banales sur l'immigration « inextricablement liée
aux temps modernes » et « caractéristique de la classe
ouvrière » ne rendent pas compte de la nature de la crise
migratoire, qui n'est pas «normale », en tout cas si on suit
ce raisonnement laudateur. Non la classe ouvrière ne peut pas être
définie non plus comme « classe de migrants », à ce
titre la bourgeoisie l'est aussi !
Certainement
que le projet du parti populiste belge (comme Zemmour) de fermer les
frontières pendant dix ans est débile (surtout utopique et irréel),
mais le blabla gauchiste catho secouriste sur l'abandon de la terre
natale « à cause d'une guerre sans merci entre puissances
régionales » et « désertification à cause de la
pollution », ne tient pas la route sur le fond. Le cas de l'île
de Mayotte vient détruire tous ces larmoiements lymphatiques.
Polygamie et aucun contrôle des naissances, au croisement de la
décolonisation ratée et du maintien de la présence militaire
française, l'immigration intempestive des régions débarrassées du
colonialisme vers le système de protection médicale
socialo-française, révèle et l'incurie des indépendantistes
nationalistes et l'impuissance d'une vieille bourgeoisie à réguler
la misère du monde.
L'article
du CCI dénonce très honnêtement au passage les anti-populistes
gauchistes qui dévient la lutte de classe vers la « défense
de la démocratie » bourgeoise. Mais il est dommage que ne soit
pas développé ce constat « d'impuissance de la bourgeoisie »
à réguler son chaos, autrement dit à répondre au constat que nous
faisons : une inflation migratoire qui révèle que, pour ainsi
dire, le récipient capitaliste fuit par toutes ses pores, qu'il
prétend que ce n'est pas une invasion mais que c'en est bien une si
on regarde au centres des villes les plus importantes et porte de la
Chapelle. A moins de rejoindre la théorie loufoque des gauchistes
(« l'invasion migratoire fera exploser le système
capitaliste ») et de croire à une révolution issue de la
misère totale, le CCI ne peut pas nous expliquer les bienfaits d'un
appel à une ouverture totale des frontières, surtout en prétendant
qu'il faut que « la classe ouvrière suive de près les
développements politiques de la classe dirigeante » (qui ?
Et en regardant les infaux?). Comment cette classe en vapeur nuageuse
pourrait-elle « contrer les efforts de la bourgeoisie pour la
mobiliser » ?
La
seule règle « pour les travailleurs » (comme pour sa
fraction bâtarde « Révolution ou guerre ») est
finalement très ouvriériste, voire grévicultrice : « ne
pas se laisser entraîner sur un terrain bourgeois ou
petit-bourgeois, mais rester sur leur propre terrain par la défense
commune de leurs intérêts matériels et de leurs propres objectifs
comme classe indépendante contre le capital. Ce n'est qu'ainsi que
la classe ouvrière peut exprimer une véritable solidarité de
classe contre toute forme de fausse solidarité des fractions
bourgeoises ».
Rester
sur le terrain de la lutte usiniste ou corporative dans des pays où
il n'y a plus de grandes concentrations industrielles ? Ce
n'est même pas recommencer Octobre 17 où le mouvement des femmes
contre la guerre a été plus précurseur que les grèves et où les
grèves ont dues cesser rapidement pour ne pas handicaper la
révolution.
Le
maillon qui est absent du bla-bla suivant est la nécessité de
démontrer que la lutte ne passe pas par une hypothétique lutte
commune migrants-ouvriers (les gauchistes cathos se chargent de cette
mystification religieuse) mais par une explication politique qui
souligne à la fois la décomposition capitaliste (que ne maîtrisent
ni la classe bourgeoise ni la classe ouvrière) et rappelle qu'une
autre société est envisageable, de mise en commun des richesses
pour sauvegarder l'humanité.
«
Face à cela, il existe une solidarité inclusive totale, qui ne fait
pas de distinction selon la race, la couleur, l'origine, etc., et ne
connaît pas de frontières. Cette solidarité est exprimée par la
classe ouvrière, la classe qui, sur la base de sa solidarité
globale et internationale, met fin à toutes les classes ».
C'est
du bla-bla creux, au mieux de type incantatoire religieux, et en plus
faux du point de vue marxiste. La classe ouvrière dans ce monde-ci
ne peut pas mettre fin à toutes les classes, c'est ce qui est
supposé pour la période de la société communiste. Et la pénible
question migratoire recrée des frontières qui défient les plus
idéalistes de marxistes. Quant au danger de pogromisme, ne serait-ce
pas plutôt une concession opportuniste du CCI aux radotages
gauchistes sur la remontée perpétuelle du nazisme ? Et pogroms
contre qui ? Contre une minorité de français en banlieue face
à une majorité d'arabes ? Ou l'inverse en fonction d'un
armement de guerre civile pas révolutionnaire du tout ?
De
l'émancipation des juifs selon Marx à celle des arabes…
La
question migratoire est désormais scotchée à la question de
l'islam. Retournons donc aux intéressants commentaires du jeune et
du vieux Marx sur la « question juive », où il y a
parfouis quelques délires et clichés. Les juifs sont certainement
moins responsables de la naissance de l'esprit capitaliste que les
protestants. Engels ridiculisa à plusieurs reprises « le fléau
héréditaire allemand , corollaire de l'esprit de soumission et de
servilité et de toutes les tares congénitales des allemands »8.
Dans les années 1830 le patronat allemand comme les grands
propriétaires étaient majoritairement protestants. L'église
catholique méprisée par le pouvoir prenait le parti des déshérités,
préconisait la création de coopératives et de syndicats contre
« la loi d'airain du salaire », ce qui servira de modèle
au socialisme allemand9.
Marx
ne lâche pourtant pas le catholicisme. Le
christianisme est en effet désigné dans La
Question juive comme
responsable de « l’atomisation » de la société en
individus isolés. Cette même atomisation, dans le Manifeste
du parti communiste, sera
attribuée en des termes étonnamment proches à l’action
historique de la bourgeoisie : christianisme et bourgeoisie sont
deux grandes formes sociales anticommunautaires, productrices
d’Entfremdung
(aliénation) et
d’individualisation. Traditionnellement par contre l'islam apparaît
comme « communautaire », ce qui n'est pas péjoratif au
sens où la prière est commune et publique, et donc quelque part...
communiste !La démocratie bourgeoise reproduit l'aliénation
religieuse catholique dans le dualisme, chacun est libre idéalement
mais asservi réellement, mais le christianisme a permis la
séparation d'avec l'Etat :
« C’est
seulement sous le règne du christianisme, qui rend étrangères
à
l’homme toutes
les
relations nationales, naturelles, morales et théoriques, que la
société civile put se séparer complètement de la vie de l’État,
déchirer tous les liens génériques de l’homme, mettre à leur
place l’égoïsme, le besoin intéressé, et transformer le monde
des hommes en un monde atomistique d’individus qui s’affrontent
en ennemis ».
Pour
les hégéliens de gauche, le christianisme constituait la dernière
enveloppe religieuse au sein de laquelle s'était exprimée la lutte
pour l'émancipation humaine, donc avec la création de l'Etat
moderne. Bruno Bauer était la porte parole de la gauche en
Allemagne, malgré son évolution ultérieure. Il déniait tout
intérêt à l'émancipation des juifs. Il estimait de façon rigide
(à la manière disons de l'anarchiste laïque bêta) que
l’émancipation politique serait donc indissociable d’un
dépassement des identités religieuses, donc : pas
d’émancipation pour les juifs avant que tout le monde ne soit
devenu athée ! Ce que contestait Marx :
« Aussi
ne disons-nous pas aux juifs, avec Baller : vous ne pouvez être
politiquement émancipés, sans vous émanciper radicalement du
judaïsme. Nous leur disons plutôt : c'est parce que vous pouvez
être émancipés politiquement, sans vous détacher complètement et
définitivement du judaïsme, que l'émancipation politique elle-même
n'est pas l'émancipation humaine. Si vous, juifs, vous désirez
votre émancipation politique sans vous émanciper vous-mêmes
humainement, c'est que l'imperfection et la contradiction ne sont pas
seulement en vous, mais ils sont inhérentes à l'essence et à la
catégorie de l’émancipation politique ».
Mais
en disant cela Marx pose le futur :
« C'est
seulement lorsque l'homme individuel, réel, aura recouvré en
lui-même le citoyen abstrait et qu'il sera devenu, lui, homme
individuel, un être générique dans sa vie empirique, dans son
travail individuel, dans ses rapports individuels ; lorsque l'homme
aura reconnu et organisé ses forces propres comme forces sociales et
ne retranchera donc plus de lui la force sociale sous l'aspect de la
force politique : c'est alors seulement que l'émancipation humaine
sera accomplie ».
Ce
raisonnement de Marx sur la question juive face à Bauer nous semble
aussi applicable concernant la « question islamique ». On
ne peut pas demander à ses millions de croyants de devenir athées
avant de prétendre à une réelle émancipation politique. Et ce
n'est pas en se figeant sur le décorum islamique et ses oripeaux
qu'on peut comprendre comment dépasser le problème ni en se mettant
à la remorque des factions, qui se croient éclairées, qui veulent
les « déshabiller ». L'islam n'est de toute façon pas
la solution pour les migrations massives ni un véritable obstacle à
la lutte de classe, quoique les comportements macho-islamiste en
entreprise soient une tare.
Mais,
pour Marx, l'existence comme la persistance de la religion, est le
symptôme de la misère de la condition humaine. L'émancipation
« réelle » aboutira non pas à laisser l'homme à sa
religion mais à émanciper l'homme de la religion, en créant les
conditions qui la rendent inutile. Il ne s'agit pas d'un processus
autoritaire d'extirpation des religions.
Contre
Bauer, Marx démontre que : « l'accomplissement de l'Etat
chrétien, c'est l'Etat qui se désintéresse de la religion de ses
membres ». A cet Etat succédera une émancipation pratique de
l'humanité réelle, depuis cette part du peuple qui subit le « tort
absolu » : le prolétariat.
IL
FAUT AUSSI UN INTERMEDIAIRE…
Pour
Marx il y a encore quelque chose de religieux dans l'Etat laïque,
même l'émancipation politique finale garde quelque chose de
religieux. Sortir de la religion ne dépend pas de l'Etat mais de la
transformation sociale :
« En
se libérant politiquement, l'homme se libère en faisant un détour
par un intermédiaire ». Le médiateur entre l'homme aliéné
et l'homme libre, c'est dieu ou un de ses représentants, selon la
religion. La libération politique de la bourgeoisie est elle-même
passée par le médiateur étatique. Etre libéré de la religion par
un intermédiaire c'est être donc libéré religieusement. Etre
libéré du capitalisme par l'intermédiaire parti c'est aussi être
libéré religieusement. Pour Marx les hommes seront de moins en
moins religieux en se réappropriant leur propre être communautaire.
NOTES
1Sur
nombre de sujets Zemmour est un lanceur d'alerte... à retardement,
car la catastrophe est déjà là. Ses constats ne sont pas faux sur
le délitement sociétal, sauf qu'il se raccroche aux vieilleries du
conte national, avec une tonalité qui ne peut que ravir les
spectateurs RN, sans oublier des carences graves en histoire qui montre son nanisme politique et son attitude de chien de la lunette arrière. Est bien plus inquiétante la cabale des médias
contre lui – au nom des hypocrites droits de l'homme et de la
négation du bordel migratoire – qui milite pour son meurtre
professionnel, et même son meurtre tout court (par ex L'Express qui
donne ses horaires de travail et signale qu'il n'est plus sous
protection policière). Le même procédé avait servi à éliminer
René Bousquet avec la complicité de la police de Mitterrand.
2Le
prêt à penser immigrationniste ne plaisante pas, et ce ne sont pas
les politiques qui en décident en premier lieu. Pour éliminer
Zemmour de Cnews, les antiracistes révolutionnaires suivants se
sont ligués pour retirer leurs écrans publicitaires à l'appel du
comique milliardaire Omar Sy : Nutella, la Maif, Groupama,
Chanel, SFR, Petit Navire. Le champion de l'islamisation de la France reste Libération, qui avec son supplément - le petit Libé - en fait des tonnes en ciblant les enfants avec les pires clichés islamophiles: https://ptitlibe.liberation.fr/racisme-musulmans-france,101158
3Par
le prosélytisme de palier entre femmes désoeuvrées de même
quartier, peut-être plus souvent que par les militants politiques
musulmaniaques qui ont envahis les banlieues et ne sont plus
concurrencés par les militants disparus de la gauche en général
et de l'extrême gauche (constat de François Pupponi, maire de
Sarcelles face à Zemmour le 23 octobre). La politique urbaine de "mixité sociale" n'a finalement abouti qu'à développer les ghettos, plus qu'on ne croit en répartissant vicieusement là des antillais, là des arabes, là des comoriens, etc. Politique de division consciente du prolétariat puis théorisation d'un racisme "anti-musulman" où les édiles de la gauche bobo-écolo militent pour donner le tapis rouge à l'islamisation galopante, qui va de pair avec la vie en insécurité, dont Grenoble est le nouveau Chicago. La théorie antiraciste a pour principale fonction de masquer le mépris des élites bourgeoises pour les différences de classes.
4On
peut prendre n'importe quel de leurs organes dans les pays où ils
sont présents, les articles ne sont en général que la
reproduction de ceux de RI France.
6Comme
dans ce camion venu de Belgique en Angleterre qui transportait 39
cadavres ! Comment sont-ils donc morts ?
7Depuis
des décennies le CCI n'est pas aveugle sur les tares du capitalisme
en décadence : « Dans
la phase de décomposition, à la suite du blocage de la lutte entre
la bourgeoisie et le prolétariat, la société capitaliste
transpire de tous ses pores : «la
marginalisation, l'atomisation des individus, la destruction des
rapports familiaux, l'exclusion des personnes âgées,
l'anéantissement de l'affectivité et son remplacement par la
pornographie…. En
bref :
l'anéantissement de tout principe de vie collective au sein d'une
société qui se trouve privée du moindre projet, de la moindre
perspective ».Voir :
«thèses: la décomposition, phase ultime de la décadence
capitaliste» (CCI :online).
Même
s'il est lui-même empreint de religiosité, cf. ses articles à
chaque fois lors du décès d'un militant sont lamentables, ils
l'enterrent une deuxième fois avec des détails à chier et sans
son nom réel, car le surnom empêche les descentes de police
post-mortem pour un individu qui n'a jamais fait que vendre un petit
journal à a criée ou faire une ou deux grèves dans sa boite.
8C'est
elle qui nous a rendus si ridicules et méprisables à l'étranger.
C'est la cause principale de la veulerie et de là faiblesse de
caractère qui règnent en Allemagne. Elle règne sur le trône
aussi bien que dans l'échoppe du savetier. C'est seulement depuis
qu'il s'est formé un prolétariat moderne
en Allemagne
que s'est développée une classe qui n'est pratiquement pas touché
par cette maladie héréditaire allemande: n'a-t-elle pas démontré
dans la lutte qu'elle avait de la liberté, d'esprit, de l'énergie,
le sens de l'humour et de la ténacité ? Comment ne lutterions-nous
pas contre toute tentative d'inoculer artificiellement à cette
classe saine la seule qui le soit en Allemagne - le vieux poison
héréditaire du philistinisme borné et de la veulerie petite
bourgeoise ? ».
9Mais
ce courant se fossilisera dans un parti bourgeois, le Zentrum. Marx
notera aussi que le protestantisme était une religion correspondant
aux intérêts de la bourgeoisie anglaise ou hollandaise. Au procès
de Nuremberg, les criminels de guerre nazis se réclamèrent de la
pensée de Martin Luther. De là à ce que certains imaginent que la
nazisme était issu du protestantisme... ce qui n'est pas ma vision,
le nazisme reste un aspect de la contre-révolution bourgeoise.
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