« Moi
personnellement le samedi je resterai sur les Champs-Élysées quoi
qu'il arrive. Parce que c'est bien beau de venir sur Paris, de
marcher, on fait deux-trois pancartes... C'est bien de le faire mais
après on se fait pourrir à la fin" par les forces de
l'ordre ».
Eric
Drouet
« Ils
sont là pour semer le cahos »
(Premier tweet de
Castaner avec la faute d'orthographe en prime)
« Le
mouvement n'existe plus » le même
"Tous
ceux qui étaient là se sont rendus complices"
du saccage des Champs-Elysées ».
(encore lui) (les gilets jaunes sont complices des black blocks)
« Quelques
centaines, quelques milliers de gilets jaunes sont venus pour casser
la République »
(bis repetita)
Un
piège dans une noyade écologienne... pour un ultimatum raté
Le
Monde a estimé que la nouvelle émeute sur les Champs était un
piège à gilets jaunes, pas vraiment. Les violences symboliques
restent populaires. La destruction de boutiques de luxe n'arrache
des
larmes à personne, pas même aux bourgeois. La double attaque du
Fouquet's est si louche qu'on ne peut s'empêcher de la placer, tant
pis si ce n'est pas politically correct, au niveau d'un banal complot
à l'insu du public : comment se fesse-t-il que le bar des
riches après avoir été saccagé, puis gardé par une rangée dense
de CRS soit incendié par après ? Deuxième couche pour
incendier l'indignation ? 1
Quand les badauds gilets jaunes détournent la volonté de
criminaliser en posant devant le bar détruit pour leurs selfies...
Contrairement à ce que nous ressassent les employés de BFM ce
n'est pas un symbole du capitalisme qui est attaqué mais un symbole
de la richesse de ceux que les bobos GJ souhaitent plus taxés !
La
scène a un goût de réchauffé2.
Et je ne suis pas le seul à être interloqué par la mise en scène
bâclée3
que d'aucuns nomment stratégie de la tension Le gouvernement rêvait
de rééditer l'effroi citoyen espéré lors de l'assaut de l'Arc de
triomphe le 1 er décembre 2018 – quand ce pauvre Macron fit
piteuse mine chassé des beaux quartiers où il espérait incarner le
retour à l'ordre parfait - aussi toute la journée d'hier ne fût
que consignes de laisser-faire aux policiers, aucune fouille générale
comme lors des précédentes manifestations parisiennes, pas
d'arrestations massives, pas d'usage du LBT. Le mot d'ordre était
simple : cassez ! Cassez ! Il en restera toujours
quelque chose de bon, voire de tout bon : la victimisation de
l'Etat bourgeois4.
Et « gloire aux black blocks « qui font parler de nous »
pour les plus stupides des GJ.
L'Etat
a fait mine d'être surpris par une nouvelle scène de guérilla
inattendue, toujours « inédite », sachant pourtant,
comme nous tous, qu'on allait nous refaire le coup du tag "les
gilets jaunes triompheront"
et des méchants encapuchonnés venus aussi d'Europe.
Les sites des groupes du marais des autonomes anars appelaient
pourtant depuis des semaines à faire de cette journée un
« ultimatum »
en manifestant « autrement
que par les mots » ou
les tweets navrants de Drouet ou de casquette à l'envers ;
des
meneurs gilets jaunes se démarquaient eux-mêmes piteusement de la
violence vengeresse qui s'annonçait sans fard. Dès potron minet des
groupes avec ou sans gilets jaunes remontaient tranquillement
l'avenue des Champs-Elysées. Puis les pavés volent, les flics se
contentent de lancer des lacrymos ; on pille tranquillement sans
qu'un pandore ne moufte, comme lors du pillage place de la République
lors de l'acte je sais plus lequel. Des gilets jaunes font des
selfies, contents d'assister au spectacle en direct. Des voitures
flambent complaisamment filmées par les médias.
Certains
participants nous émeuvent un instant ; un handicapé vêtu de
jaune est mêlé aux casseurs avec ses deux cannes, il progresse en
sautillant comme simple manifestant avec ses moyens ; plus loin
un gilet jaune sur chaise roulante, poussé par un gilet jaune
valide, agite ses bras, voire a lancé un pavé. Tout le monde peut
participer, même les vieux et les handicapés. Inédit ! La
prochaine fois j'emmènerai un de mes aveugles.
Mais
ce n'est que la partie « récréative » où les badauds
sont devenus admirateurs des black blocks sans cervelle. L'essentiel
se joue ailleurs et les agités de l'émeute exhibitionniste ne s'en
rendent même pas compte. Même le retour faussement précipité du
Macron au ski (une "omniabsence" manière de signifier qu'il s'en fichait du présumé ultimatum) ne permet pas de dramatiser outre mesure les incendies
des quartiers huppés; on a fini par en avoir l'habitude,
l'opinion
aussi. Même s'il y avait eu mort d'homme, et dieu sait si Castaner
en rêvait, l'opinion aurait jugé fifty fifty répression policière
et casse des cagoulés. On ne « retourne » pas l'opinion
aussi facilement que dans les sixties surtout après une aussi longue
contestation de la politique de pillage fiscal de l'Etat. Enfin, le
stop and go policier n'abuse plus personne5.
L'essentiel
de la noyade politique du mouvement « contestataire »
gilets jaunes incapable en définitive de mettre en cause le
capitalisme et de se rallier à la seule classe dangereuse, la classe
ouvrière, était déjà orchestrée depuis plusieurs jours sous
couvert de la catégorie « jeunes » avec leur
embrigadement derrière la protestation écologique soft et
infantile. On les avait fait défiler par milliers la veille avec un
slogan emprunté aux gilets jaunes « fin du monde et fin de
mois difficiles ». La presse se félicitait, tout en exhibant
prioritairement les poignées d'individus dispersés sur les Champs
et en train de casser, en commentant sans cesse le fait
« indéniable » que les « plus pacifiques des
gilets jaunes » se soient rendus à la « Marche pour le
climat ».
C'est
le Figaro, plus macronien qu'on ne croit qui qualifia cette césure
comme
UN NAUFRAGE POLITIQUE, avec la paraphrase terroriste que « les
1500 casseurs présents dans la capitale se sont une nouvelle fois
servis des «gilets jaunes» comme de «boucliers humains» pour
piller les commerces, incendier des bâtiments et harceler des
policiers et gendarmes pourtant prévenus et déployés en nombre. La
capitale a renoué avec ce mauvais parfum de décembre ». Ce
que confia benoitement le petit Griveaux(employé ministériel) :
«
Je vais vous dire mon sentiment : la
France n’en peut plus
! Nous faisons face à une minorité d’enragés. J’ai aussi vu
samedi dans les rues des gens qui ont manifesté calmement pour le
climat, notamment des jeunes ».
DERNIER
CARNAVAL GILETS JAUNES ?
Place
au nouveau gadget de Terra nova...
Le
grand bla-bla national fût le grand oublié de la journée, c'est
bien la seule victoire que le mouvement agonisant des GJ pourra
revendiquer. Comme tout mouvement contestataire, creux politiqument
et sans perspective crédible, il est finalement dévitalisé par la
gauche bourgeoise. Sur C.News la parole est donnée toute la journée
aux « souteneurs » syndicaux et écolos du mouvement qui
reprochent au gouvernement... son imprévoyance quand quelques
ringards de la droite caviar se permettent de regretter qu'on
n'envoie point l'armée. A part Castaner chargé du rôle du monsieur
Loyal sans nunance, la presse a consigne de laisser s'exprime un
soutien asphyxiant au mouvement qui mérite de se fondre dans les
« convergences » et qu'on ne doit pas trop culpabiliser
pour la sympathie envers les casseurs.
Je
n'ai pas oublié qu'on s'est fait avoir aux lendemains de mai 68,
pratiquement personne dans le mouvement révolutionnaire marxiste n'a
vu venir la capacité de récupération de la contestation par la
mafia sociale-démocrate (sauf Jean-Pierre Hébert). La gauche
bourgeoise se nourrit toujours de l'échec de courant populaire
confus ou avec des orientations faiblardes. On
se rappelle que, quelques décennies plus tard le think thank Terra
Nova avait "théorisé" l'abandon de la classe ouvrière
par le PS, à un moment où, prolophobie allait de pair avec la chute
de l'URSS et que les ouvriers, les employés, avaient déserté le
parti solférinien ; le "programme" de la "gôche"
caviar avait abandonné toute préoccupation de classe, en termes de
manque d'emploi, de mépris social, au profit du "sociétal",
comme le mariage pour tous. Cette "analyse", selon
laquelle, les préoccupations socio-économiques de la Classe
ouvrière "seraient en déclin" triomphait au profit de
valeurs libertaires apparues dans le sillage de Mai 68. Hélas pour
ce conclave de franc-mac, les "nouvelles" catégories
pointées par TERRA NOVA ont des "valeurs" très proches de
celles des prolétaires que l'on veut ignorer dans leurs réduits
provinciaux ou banlieusards. Il en est de même pour les femmes, deux
fois plus au chômage que les hommes. Idem pour les diplômés, quand
on sait que les jeunes diplômés de Sciences Po ne trouvent pas
d'emploi.Tout cela c'est le mouvement des gilets jaunes qui l'a remis
en lumière et merde à Terra nova et à « place publique »
du petit à Glucksmann.
En
milieu d'après-midi Fakir, le support de l'âne d'Amiens est
triomphaliste, la gauche bourgeoise convergente et multicolore est
quasi au complet en ordre de marche avec ses tronches de la bobologie
parisienne les Boulo, Dion et même la Priscilla, pas un flash ni un
entrefilet sur l'ancien héros Drouet6
« Paris,
15 h 20 — Il
y a tellement de monde à la marche du siècle que la manifestation
peine à quitter la place de l’Opéra vers le boulevard des
Italiens. Tout est plein, plein, plein, y compris les trottoirs. Il y
a un mélange de Gilets jaunes, de pancartes sur le climat, et des
drapeaux des Coquelicots, Sud-Solidaires, Attac, la CGT, la France
insoumise, EELV. Agir pour l’environnement distribue des pancartes
aux manifestants, Oxfam maquille les gens qui le veulent, les paysans
de la Confédération paysanne sont là. On ne peut dire encore
combien de monde est là, mais certainement plus que prévu. C’est
impressionnant7.
« Aujourd’hui,
les différents mouvements à Paris nous permettent d’instaurer un
vrai rapport de force, estime
Samir Baaloudj, militant issu des quartiers populaires. Depuis
40 ans, on subit des violences policières, on parle de précarité,
de pouvoir d’achat, de chômage. C’est ce qu’on vit, et c’est
aussi ce que l’on partage avec les Gilets jaunes. »
Nous
avons décidé de marquer symboliquement et de façon très forte la
convergence de nos revendications. Nous demandons à reprendre en
main notre destin commun. Nous ne ferons pas l’impérieuse
transition écologique si nous n’arrivons pas à rétablir la
justice fiscale et sociale »,
a
commencé François Boulo. « J’ai
appelé dès le 8 décembre à la convergence entre les
mouvements climatique et Gilets jaunes car la cause est dans ce
système économique qui laisse de côté à la fois la nature et les
gens », a approuvé Cyril Dion, qui rencontrait pour la
première fois François Boulo.
La récup finale |
« Ce
qui se passe cette semaine est déterminant. Il doit y avoir un avant
et un après, un basculement. Nous ne pouvons plus avoir des actes du
gouvernement allant à l’opposé des discours sur la question
sociale et climatique », a confirmé Jean-François
Julliard, de Greenpeace ».
Avec
fiston Glücksmann, essayiste au Nouvel Obs mais parfait inconnu sur
la planète jaune et prolétaire, le PS moribond croit pouvoir surfer
sur une nouvelle génération d'électeurs écolocompatibles avec le
même vieux bla-bla confusionniste qui chie sur la classe ouvrière :
« Les
“gilets jaunes” ne luttent pas seulement pour le pouvoir d’achat
mais contre les injustices sociales et la prédation des
multinationales qui épuisent les ressources de la planète »,
assure cette fonctionnaire. Un « même
combat » qui
a rassemblé
plus
de 100 000 personnes à Paris, dans un cortège surnommé la
« marche du siècle », et plus de 350 000 dans 220
villes de l’Hexagone, selon les organisateurs. Les préfectures de
police, elles, évoquent 36 000 manifestants dans la capitale,
8 000 à Montpellier, 2 500 à Marseille, 2 000 à
Rennes. Quels
que soient les chiffres, la mobilisation reste forte au lendemain de
la grève
scolaire pour le climat, qui a rassemblé 168 000 jeunes dans le
pays,
et plus
d’un million dans le monde.
La
veille, l'essayiste
avait annoncé sur France Inter
sa
décision de mener, avec la militante écologiste Claire Nouvian, une
liste aux élections européennes du 26 mai. Il précisait son
souhait de lancer une troisième offre cohérente à côté de
"l'offre
des nationalistes et des populistes"
et
de "l'offre
libérale qui gouverne aujourd'hui la France et la Commission
européenne".
Il défendait notamment
"une
offre écologique et sociale. Un dépassement de la
social-démocratie, une régénération de la social-démocratie à
travers l'écologie."
Tant
pis pour les Jadot et Hamon, mais cette « convergence
électorale » liste de bric et de broc de politicien parisiens
bien trop mise en honneur au cours de ce nouveau samedi émeutier a
peu de chance de faire oublier que la gauche bourgeoise a intronisé
Macron et son hyper libéralisme, pour nous « sauver du
fascisme » ; ni de faire vraiment de l'ombre à Macron.
Complet
accord avec cet internaute anonyme : « la
convergence des luttes" est une antienne de l'extrême gauche
urbaine qui essaie de récupérer le mouvement des gilets jaunes né
en novembre et décembre avec lequel elle n'a rien à voir. Les
gilets jaunes ont disparu, remplacés par les habituels gauchistes
qui se sont déguisés... et ont dévitalisé le mouvement qu'ils
avaient d'abord raillé ». L'écologie est la nouvelle morale number one du capitalisme qui, au nom de l'œcuménisme de monsieur tout le monde et de madame personne nous convie à prier pour un monde propre nettoyé surtout des soucis "de classes" et qui a pour but de faire passer à la trappe que c'est le capitalisme qui est la première pollution de l'humanité.
NOTES SUR LES FABRICANTS DE LA DISPARITION DU PROLETARIAT
« Le
rapport de la fondation Terra Nova qui constatait le "divorce"
entre la gauche et la classe ouvrière et proposait de s'appuyer sur
d'autres électorats a déclenché au sein du PS une polémique dont
s'est emparée la droite pour dénoncer le "cynisme électoral"
des socialistes.Le rapport, intitulé "Gauche, quelle
majorité électorale pour 2012", a été écrit notamment par
Olivier Ferrand, strauss-kahnien, président et fondateur de Terra
Nova.Que dit cette note ? Terra Nova fait le
constat d'un "divorce" entre la gauche et la classe
ouvrière, laquelle est de moins en moins nombreuse et, "en
déclin" (chômage, précarité), a tendance "au repli"
et vote "de moins en moins à gauche".
Un
"nouvel électorat de la gauche" émerge, baptisé "la
France de demain", qui comprend "les diplômés", "les
jeunes", "les minorités et les quartiers populaires"
et "les femmes", unifié par "des valeurs culturelles,
progressistes". Cette "France de demain" est la
"stratégie centrale" pour gagner, notamment au premier
tour. Ensuite, deux autres stratégies "complémentaires"
sont possibles, en élargissant cette coalition aux "classes
moyennes" et aux "classes populaires".Dans le second
cas, c'est une stratégie "difficile" car elle va "à
contre-courant: les tendances sont au basculement des classes
populaires à droite" et se heurte au "FN, qui se pose en
parti des classes populaires".En fait le raisonnement suivi dans
cette note est assez simple : les classes populaires ont basculé
culturellement à droite ».
« Voyez-vous,
nous explique-t-on, depuis les années 70, les valeurs de la gauche
ne sont plus celles du monde ouvrier. La gauche s'identifie à un
certain libéralisme culturel, elle porte des valeurs de libération
sexuelle, de tolérance, elle est favorable à l'islam, à
l'homosexualité, aux immigrés. La classe ouvrière, elle, est «
contre les immigrés, contres les assistés, contre la perte des
valeurs morales et les désordres de la société contemporaine. »
Bref, en plus d'être écrasée économiquement, la classe ouvrière
a tous les torts. Ce qui a d'ailleurs poussé l'économiste atterré,
Bruno Amable, avait titré sa chronique dans Libération
Ouvriers,
sales et méchants
.
Mais
revenons au raisonnement développé : que faire devant ce constat
d'un divorce culturel ? s'interrogent les auteurs. La réponse ne
tarde pas, elle aurait plu à Brecht. Vous connaissez cette formule,
qu'il fallait dissoudre le peuple quand il ne donnait pas
satisfaction ?
Pourquoi
le PS est-il devenu le chantre du multiculturalisme, le défenseur
des minorités, en même temps qu'il enterrait l'égalitarisme ?
N'a-t-il pas trouvé une idéologie de substitution dans le « tous
différents » ? « Tous différents » plutôt que « tous égaux »
?
Pendant
ce temps-là les aspirations populaires ont été reprises et
exploitées avec profit par la droite, et surtout l'extrême droite :
le travail, mais aussi l'identité nationale, le modèle d'autorité
social-familial, le sens de l'appartenance et de la protection
collective, etc.
C'est
donc« le sens du peuple » qu'il faut retrouver, dit Laurent Bouvet.
Un sens que les caciques du PS semblent avoir un peu perdu.
À
partir de la fin des années 1970, la rupture va se faire sur le
facteur culturel. Mai 68 a entraîné la gauche politique vers le
libéralisme culturel : liberté sexuelle, contraception et
avortement, remise en cause de la famille traditionnelle… Ce
mouvement sur les questions de société se renforce avec le temps
pour s’incarner aujourd’hui dans la tolérance, l’ouverture aux
différences, une attitude favorable aux immigrés, à l’islam, à
l’homosexualité, la solidarité avec les plus démunis. En
parallèle, les ouvriers font le chemin inverse. Le déclin de la
classe ouvrière – montée du chômage, précarisation, perte de
l’identité collective et de la fierté de classe, difficultés de
vie dans certains quartiers – donne lieu à des réactions de
repli : contre les immigrés, contres les assistés, contre la
perte de valeurs morales et les désordres de la société
contemporaine. Malgré cette discordance sur les valeurs culturelles,
la classe ouvrière continue au départ à voter à gauche, qui la
représente sur les valeurs socioéconomiques. Mais l’exercice du
pouvoir, à partir de 1981, oblige la gauche à un réalisme qui
déçoit les attentes du monde ouvrier. Du tournant de la rigueur en
1983 jusqu’à ‘l’Etat ne peut pas tout’ de Lionel Jospin en
2001, le politique apparaît impuissant à répondre à ses
aspirations. Les déterminants économiques perdent de leur prégnance
dans le vote ouvrier et ce sont les déterminants culturels,
renforcés par la crise économique, ‘hystérisés’ par
l’extrême-droite, qui deviennent prééminents dans les choix de
vote et expliquent le basculement vers le Front national et la
droite.
À
la place, le rapport recommandait « la
stratégie centrale ‘France de demain’, partagée par tous les
suivistes gauchistes du NPA et Cie : une stratégie centrée sur
les valeurs » :
« Si
la coalition historique de la gauche est en déclin, une nouvelle
coalition émerge. Sa
sociologie est très différente : 1. Les diplômés. 2. Les
jeunes. 3. Les minorités et les quartiers populaires. 4. Les femmes.
Contrairement à l’électorat historique de la gauche, coalisé par
les enjeux socioéconomiques, cette France de demain est avant tout
unifiée par ses valeurs culturelles, progressistes : elle
veut le changement, elle est tolérante, ouverte, solidaire,
optimiste, offensive. »
Tout ce que le mouvement gilet jaune, au plus fort de sa lutte, a détruit en fait, quoique sans être capable de renouer avec la lutte de classe ni à redonner la primeur du combat au prolétariat qui contient à la fois la classe ouvrière et les couches intermédiaires (et diplômées) flouées par la fuite en avant désordonnée économiquement du système. (JLR)
Tout ce que le mouvement gilet jaune, au plus fort de sa lutte, a détruit en fait, quoique sans être capable de renouer avec la lutte de classe ni à redonner la primeur du combat au prolétariat qui contient à la fois la classe ouvrière et les couches intermédiaires (et diplômées) flouées par la fuite en avant désordonnée économiquement du système. (JLR)
L’Illusion
économique,
le démographe Emmanuel Todd observait déjà le « divorce
des deux cœurs sociologiques de la gauche » et les tares du
militantisme des enseignants (qui peuplent nos sectes maximalistes) :
« Les
enseignants, qui constituent l’un des cœurs sociologiques de la
gauche, sont faiblement menacés par l’évolution économique.
N’ayant pas à craindre au jour le jour le licenciement ou une
compression de salaire, ils ne se sentent pas menacés d’une
destruction économique, sociologique et psychologique. Ils ne sont
donc pas mobilisés contre la pensée zéro. (...) Sans être le
moins du monde ‘de droite’, statistiquement, ou favorables au
profit des grandes entreprises, ils sont atteints de passivisme et
peuvent se permettre de considérer l’Europe monétaire et
l’ouverture des échanges internationaux comme des projets
idéologiques sympathiques et raisonnables. L’immobilité
idéologique des enseignants les a séparés de cet autre cœur
sociologique de la gauche que constituent les ouvriers, qui eux
subissent, depuis près de vingt ans, toutes les adaptations, tous
les chocs économiques concevables. Les résultats électoraux
des années 1988-1995 mettent en évidence cette dissociation,
peut-être temporaire, des destins. La stabilité du vote enseignant
pour la gauche, aux pires moments de la plongée du Parti socialiste,
a contrasté avec la volatilité du vote ouvrier, désintégré,
capable de se tourner vers le Front national comme vers
l’abstention ».
NOTES
1Ce
temple des riches et du symbole de l'arrivisme (cf. l'intronisaton
de Sarko) est depuis longtemps l'objet de convoitises immobilières
et de bisbilles entre propriétaires syriens. Sa destruction
complète est rêvée par certains pas spécialisment pour
ridiculiser des gilets jaunes.
2Deux
jours après le premier décembre 2018 qui avait vu l'impressionnate
attaque à l'Arc de triomphe et la piteuse et inutile réaction de
Macron, j'écrivais :
« Il
est frappant de constater que les pilotes de l'Etat « assiégé »
par les gilets jaunes ont fonctionné en se basant sur la façon
dont le pouvoir gaulliste naguère avait mis fin à la crise de mai
1968, sans maîtriser autant une fin d'évènements alors que de
bien plus dangereux « événements n'en sont qu'à leur début.
Or, on dirait qu'il se passe l'inverse de mai 68, le calme qu'on ne
pensait nullement ébranlé par de simples pétitions cède le pas à
une série de blocages pacifiques puis à des comportements, pas du
tout pacifiques mais de type insurrectionnaliste ». (Macron
fait le dos rond et les manifestants tournent en rond)
3Sur
le Figaro un lecteur écrit : « « Sur
les images, il y a plus de photographes et de policiers que de
vandales. Et pourtant il agissent à leur guise sans même risquer
de se faire arrêter. Il est clair qu'il n'y a aucune consigne
d'arrestation des casseurs, juste des lampistes que l'on met en
garde à vue à tour de bras pour l'exemple et que l'on relâche
sans preuve. Il y a plus de policiers mobilisés que de GJ à Paris
!Comment imaginer qu'une dizaine de vandales soient laissés libres
d'agir et de mettre le feu à des commerces pour le 18ème samedi
consécutif ? Tous les éléments de flagrant délit étaient
réunis. Les auteurs ne sont même pas arrêtés. Incompréhensible
! »
4Le
10 décembre 2018 j'écrivais :
« Pour
cet acte IV la stratégie de dramatisation par l'Élysée visant à
séparer les casseurs des Gilets jaunes "raisonnables", a
porté ses fruits en faisant emprisonner d'abord des manifestants
qui n'étaient pas des casseurs. L'arrestation massive de centaines
de simples manifestants avant qu'ils n'aient mis le pied sur le sol
parisien, totalement arbitraire, a servi toute la journée à
justifier ce gros mensonge : « D'ampleur inédite, les
interpellations et fouilles préventives ainsi que la présence
massive des forces de l'ordre ont permis d'éviter un nouveau
déchaînement insurrectionnel à Paris ». La plupart de
celles et ceux qui ont été arrêtés, et curieusement en majorité
le soir avec un simple « rappel à loi » n'étaient pas
venus pour « déchaïner une insurrection », ni ce brave
Coupat qui voit sa GAV prolongée comme si sa seule présence avait
eu un quelconque intérêt pour les gilets jaunes. L'Etat a
l'habitude de fabriquer des complots pour abuser l'opinion publique,
je peux vous en rappeler plusieurs et sous tous les présidents. A
coup sûr,nous dit-on curieusement dès potron minet, les dégâts
« seront plus étendus » que le samedi précédent.
C'est bon pour l'audience. Et les sondages ».
« La
police si zélée depuis le matin pour arrêter « préventivement »
les manifestants venus de province a laissé le soir les casseurs
détruire place de la République pendant de longues minutes alors
que les télévisions d'Etat filmaient tranquillement ces abrutis
qui s'acharnaient à détruire des vitrines... indestructibles. Les
forces d'annihilation de toute protestation sociale s'étaient
livrées tôt le matin à de véritables rafles de manifestants pas
du tout casseurs mais pour abonder sur leur nombre supposé pour
alimenter la chronique de leurs amis journalistes et ainsi prouver
l'efficacité policière. Les forces de maintien de l'ordre social
ont bien fait « leur boulot », et le spectacle de
désolation des vitrines défoncées et des véhicules incendiés
une nouvelle fois de façon arbitraire et un peu partout dans Paris
et surtout d'une ampleur notable et inédite en province, devrait
suffire à inverser la tendance de l'opinion mais pas assez pour que
le roi des cons puissent caracoler et oser se montrer dans son
arrogance psychopathe sans baisser un peu plus culotte ».
5Le
système a tout à perdre à ce que des policiers/casseurs en civil
soient identifiés (cf. le cas du 23 mars 1979), aussi est-ce
rarement que l'on peut dénoncer des manips grossières ;
l'Etat adope des manipulations plus subtiles, que je nomme « stop
and go », comme on l'a vu lors des contestations précédentes :
« Tout est mis en place pour que les manifestations
dégénèrent. Côté renseignement, on constate depuis une dizaine
d’années une double évolution, avec des manifestants beaucoup
plus pacifiques qu’avant, mais des casseurs toujours plus
violents, organisés de manière quasi paramilitaire. Certains de
ces groupes sont identifiés avant qu’ils intègrent les
manifestations. Mais aucune consigne n’est donnée pour les
interpeller en amont. En fin de journée, nous savons qu’un groupe
de casseurs dangereux vient d’arriver gare du Nord pour aller
perturber Nuit debout, à République. Une compagnie de CRS se
trouve sur leur passage, prête à intervenir. Mais l’ordre leur
est donné par la préfecture de se pousser dans une rue adjacente !
Les collègues leur signalent l’imminence de l’arrivée du
groupe de casseurs. Mais ordre est donné de les laisser passer.
(…)
J’ai constaté la présence dans les manifestations de policiers
(?) sans uniforme, habillés comme des Black blocks, et munis
de marteaux sur l’usage desquels
on
pouvait légitimement s’interroger. Lorsque l’on sait que sous
le régime d’Emmanuel Macron n’importe qui peut s’affubler
d’un brassard et tabasser des manifestants, sans que la justice ne
s’en émeuve beaucoup. J’ai lu force témoignages parlant de la
passivité de la police au moment des déprédations et des
pillages. J’ai vu que le profil des personnes arrêtées en masse
et condamnées
lourdement pour des infractions fantaisistes, démontrait qu’il
ne s’agissait absolument pas des casseurs habituels qu’en
général la police connaît. Alors, j’ai fini par me dire «
tiens
cela me rappelle quelque chose
».
Il
y a aussi d'autres versions qui confirment de toute façon que des
policiers sont chargés de se déguisés en civil : « Ils
ont été filmés à la descente d’un camion de police, en marge
de la mobilisation des Gilets jaunes à Paris, qui a viré à la
guérilla, samedi. Ces policiers en civils font désormais le buzz
malgré eux puisqu’à la volée, des manifestants les accusent
d’être des casseurs potentiels. Dans un tweet, la police
nationale se défend ce dimanche. Dans cette vidéo publiée sur les
réseaux sociaux par des Gilets jaunes, on voit des policiers en
civils se préparer, sans doute pour rejoindre la manifestation des
Gilets jaunes à Paris ce samedi. Ils s’équipent à la descente
d’un camion de police, avec tout l’attirail du profil du
casseur, comprenez jean, basket, cagoule, voire des casques… Sur
la bande-son, des manifestants s’insurgent contre ce dispositif et
les accusent de se mêler aux casseurs pour donner une mauvaise
presse au mouvement des Gilets jaunes. Dans cette vidéo publiée
sur les réseaux sociaux par des Gilets jaunes, on voit des
policiers en civils se préparer, sans doute pour rejoindre la
manifestation des Gilets jaunes à Paris ce samedi. Ils s’équipent
à la descente d’un camion de police, avec tout l’attirail du
profil du casseur, comprenez jean, basket, cagoule, voire des
casques… Sur la bande-son, des manifestants s’insurgent contre
ce dispositif et les accusent de se mêler aux casseurs pour donner
une mauvaise presse au mouvement des Gilets jaunes.
Dans
un tweet posté ce dimanche, la police nationale se défend et
explique que c’est un dispositif « habituel » mis en
place lors des manifestations. « Comme
dans toute manifestation, les policiers en civil procèdent
discrètement à des interpellations et renseignent sur les
mouvements du cortège ».
6Qui
se prend désormais pour un bonze syndical, croyait à une « grosse
journée finale » (avec assez de casse) mais pour délaisser
des manifs cycliques devenues inutiles ; il se croit permis
d'appel au « blocage complet des raffineries et des ports »,
mais au blocage par qui et dans quel but ?
7Fakir
avec son aspirant successeurà Mélenchon, ce pauvre Ruffin,
réchauffe le slogan éculé du syndicalisme gnangnan en signalant
qu'il s'est répandu en province : « Montpellier,
15 h 40 — Le
cortège climat a rejoint les Gilets jaunes au cri de : « Tous
ensemble tous ensemble »
et « Gilets
jaunes, Gilets verts, même combat ».
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