Goliath contre David? |
(du
moins leurs « meneurs » buzzés et abusés)
suivi
de : L'Algérie rit jaune
« Le
4 décembre, le prolétariat fut poussé au combat par le bourgeois
et l'épicier (…) Bourgeois et épiciers crurent avoir atteint leur
but. Ceux qui ne se montrèrent pas le lendemain, ce furent l'épicier
et le bourgeois. Par un coup de main de Bonaparte, le prolétariat
parisien avait été privé, dans la nuit du 1 er au 2 décembre, de
ses guides, les chefs de barricades ».
Marx (le 18
brumaire de Louis Bonaparte)1
« Quiconque
attend une révolution sociale "pure" ne vivra jamais assez
longtemps pour la voir. Il n'est qu'un révolutionnaire en paroles
qui ne comprend rien à ce qu'est une véritable révolution ».
Lénine
J'étais
en train de terminer cet article lorsque je suis tombé sur l'article
de Robin Goodfellow : La lutte des classes en France –
2018-2019 – Le mouvement des « Gilets jaunes » (parodie
subtile du titre de Marx « Les luttes des classes en France »)
qui signale que le mouvement des gilets jaunes a été d'emblée une
lutte entre classes, lutte niée ou snobée par la bourgeoisie et des
sectes sans intérêt. Je vous recommande à tous vivement la lecture
de cette contribution qui va devenir LA référence internationaliste
pour permettre de mieux comprendre le mouvement des gilets jaunes
encore en court mais à court de projet politique et donc en phase
d'étouffement, quels que soient les désidératas fébriles de ses
animateurs amateurs sans tête2.
Ou Goliath Œdipe contre David? |
La
tragi-comédie entre David et Goliath, entre des gilets
jaunes amaigris et un grand débat national fumiste, va-t-elle
trouver son dénouement le 16 mars ? La mascarade du débat
national aura-t-elle raison du cirque lassant de gilets jaunes sans
aucune perspective politique crédible ni alternative au
capitalisme ? Le vide sidéral des discours macronesques, et un
pécule pour les vieux (électeurs) ne pourront certainement pas
venir à bout de la loi du Talion sidérante qui anime les zigotos
sponsorisés et buzzés et qui abusent de leur notoriété pour
continuer à faire les malins.
Plus en panne d'une connaissance minimale du mouvement ouvrier et
révolutionnaire et de la guerre entre les classes sociales, nos
gilets jaunes en papier kraft se réfugient dans l'incantation
haineuse : «Si
quelqu'un a crevé l'oeil d'un homme libre, on lui crèvera l'oeil »
(loi du roi de Babylone, 2000 ans av. JC). Comme je le noterai en
conclusion c'est infantile et même profondément réactionnaire, une
simple idéologie de vaincus incapables de comprendre leurs limites
face au président, narquois, des riches. Ils se comportent désormais
comme des sectes hargneuses qui pourront toujours se raconter des
histoires et continuer à végéter des années durant sans plus
gagner la sympathie de l'immense majorité ; et coincé dans une
problématique étroitement nationale. Aucun mouvement de
protestation n'est éternel.
La
nature et la force d'un mouvement ne dépendent pas pour l'essentiel
du nombre de ses participants. Depuis trois mois, l'Etat bourgeois -
qui a a réagi si violemment, dont la répression a été
particulièremnt cruelle et perverse (yeux crevés) - n'a cessé
d'exhiber des nombres en décroissance. En réalité, malgré la
tricherie habituelle du pouvoir ils étaient fluctuants et le nombre
des manifestants en gilets jaunes était secondaire en regard de leur
popularité. Pendant des semaines je ne connais personne, à quelque
classe qu'il appartienne, qui n'ait été séduit à un moment ou un
autre, qui n'ait espéré qu'il « s'élève », « se
généralise » ou (expression désormais ambiguë) qu'il se
« radicalise ». La plupart des résidus ou individus qui
se réclament du marxisme révolutionnaire, mais aussi les
syndicalistes et les gauchistes en général ont immédiatement
méprisé une protestation d'automobilistes « contre la
fiscalité » et décrété celle-ci inintéressante et sans
avenir. En vérité la protestation surprenait tout le monde parce
qu'elle échappait à tous les agendas politiques et aux divers
organisateurs professionnels. Elle les surprit tous en se
servantd'un canal pas si nouveau nouveau mais très inflammable :
les réseaux sociaux. Sans ce canal les Drouet et Nicolle seraient
restés de gentils agitateurs de province tout juste bons à
organiser des clubs de collectionneurs de vieilles gimbardes ou de
motos huppées3.
Nos propagandistes éculés de la vente à la criée d'une presse
« subversive » ou agitateurs impétrants de la mythique
grève générale en furent pour leurs frais. Facebook avait remplacé
les AG, et le smartphone le tract.
Initialement,
beaucoup l'ont oublié, ce n'est pas cet aspect « hyperconnecté »
qui explique l'ampleur immédiate du mouvement, ni que des
poujadistes s'y trouvèrent mêlés et même initiateurs, parce que
parmi les premières « tronches », il y a tout de même
les Drouet et Nicolle qui sont des ouvriers (individualistes et
incultes politiquement, disons vierges pour être poli)avec des
relations associatives étendues grâce à facebook, et que
l'extension gagne rapidement la classe ouvrière en province, pas
seulement quelques épiciers. Avec le recul je peux dire qu'il s'agit
de la classe ouvrière du secteur privé en province, celle qui est
depuis au moins un demi-siècle le parent pauvre des grandes
sérénades et processions syndicales, par conséquent la moins
contrôlée au plan public, pour laquelle occuper en grève une
petite PME n'a aucun sens. Certes avec l'artisan et le boutiquier du
coin et pour occuper immédiatement qui l'espace public en occupant
les ronds-points pour paralyser la circulation marchande et
individuelle. J'ai souvent remarqué que les révolutions ou de
grandes révoltes étaient parties de province en France, ce qui
n'est guère étonnant avec notre tradition jacobiniste d'hyper
centralisation à Paris et un contrôle policier et syndical moindre
dans les provinces. Je ne fus pas surpris et je n'ai pas honte de la
quarantaine d'articles que j'ai consacré tout le long à ce
mouvement. Sur plusieurs points, bien que mon ancien groupe politique
soit resté longtemps aveugle et méprisant, j'ai pu trouver dans
leurs analyses pas toujours fines, des commentaires que je pouvais
partager mais dans un raisonnement glauque; le 13 février dernier,
alors que le mouvement faiblissait plus encore je pestais contre leur
raisonnement manichéen :
« Cette
secte marxiste, le CCI, conclave d'intellectuels isolés, a trouvé,
après moi, une cause indirecte probable de l'éruption en gilets
jaunes ces gâleux porteurs d'un « interclassisme »4
nihiliste :« Ces mouvements
syndicaux qui se répètent année après année, ont pour seule
fonction de répandre le poison de la division, du désespoir, de
l’impuissance. Alors, oui,
le sabotage systématique de l’unité ouvrière par les syndicats
est l’un des ingrédients majeurs de la faiblesse actuelle du
prolétariat, faiblesse qui crée un terrain favorable à l’explosion
de colères interclassistes et, donc, sans perspective ».
Autrement dit, tel que je l'avais formulé au
début, l'échappée belle (à mon sens contenant majoritairement des
prolétaires même entraînés derrière des revendications
poujadistes) en gilets jaunes s'était faufilée entre des classes
ossifiées, et, en particulier par après à la suite d'une série de
défaites de grèves ridiculisées par leur encadrement corporatif.
La dernière journée d'action CGT en France que les gauchistes ont
voulu faire passer pour une grève générale a été un fiasco ».
(cf. « Où est passée la question de l'insurrection ? »
le 13 février).
Je
restais dubitatif devant cette dialectique qui faisait naître de la
faiblesse du prolétariat une révolte d'ampleur inédite et non pas
de l'arrogance d'un gouvernement de jésuites sourds et méprisants,
tout autant que par leur crucifixion de la révolte dans cette infâme
« interclassisme » où les prolétaires sont en général
les dindons de la farce mais où tous les chats ne sont pas gris ;
l'attribution de la faiblesse au prolétariat était évidemment une
esquive de la secte pour se dédouaner de sa propre faiblesse, son
immobilisme en situation de spectatrice. Qu'il ou qu'elle vienne me
dire, celui ou celle qui imagine qu'une révolution de classe
apparaît toute pure dégagée d'interclassisme, de mélange des
genres, de contradictions, et je lui expliquerai que la Commune de
Paris a débuté en défense nationale et mai 68 par un monôme
d'étudiants !5
Qu'elle vienne me dire que je suis seul à avoir espéré une
transcroissance révolutionnaire du mouvement quand, contrairement au
plus fort du romantique et bon enfant 68, les quartiers bourgeois ont
été envahis et des véhicules de luxe incendiés, où il était
question d'envahir le palais de l'Elysée, où des snipers policiers
étaient perchés sur les toits, ; et ce pauvre petit président
honni prêt à prendre la fuite par une porte dérobée... où enfin
il n'était question que de prendre les armes, au moins sur Instagram
et Facebook... Elle existe cette contradictrice et elle est venue me
le faire savoir. Cette lectrice admiratrice fervente de mes premiers
articles, c'est Juliette, une de nos meilleures rédactrices du temps
où le CCI n'était pas devenu une secte. Parangon de morale
marxiste, celle qui m'écrivait en décembre se consacrer « jour
et nuit même sans dormir » au mouvement « à
ce qui est bel et bien une "irruption des masses dans le domaine
ou se règle leurs propres destinées" » -
m'attaque ad hominem et m'accable pour inconstance voire lâchage de
cette « irruption des masses » :
« Et
toi Pierre, quelles traces penses tu que les gilets jaunes vont
laisser ? Si tu penses vraiment ce que tu as écrit aujourd'hui dans
ton blog, à savoir "débuté réac il finit réac", c'est
bien triste pour quelqu'un qui s'y est tant impliqué. Après t'être
emballé 2 mois durant, en croyant qu'en un trimestre de mouvement
interclassiste, (protéiforme et véhiculant nécessairement tout un
paquet de préjugés réactionnaires de la petite et grande
bourgeoisie, mais aussi des caractères exactement inverses -tels que
place des femmes, solidarité , force collective, assemblées
territoriales qui tâtonnent à la recherche pratique de la
démocratie directe) , le prolétariat (le plus massivement mobilisé)
allait prendre tout soudain la tête du mouvement et emmener derrière
lui (càd nécessairement derrière son propre programme et son
propre parti communiste et internationaliste)6
les artisans, autoentrepreneurs, petits commercants et classe moyenne
pauvres qui ont été à l'initiative des débuts du mouvement , tu
es tout décu, et tu craches à ton tour sur les gilets jaunes, comme
le CCI et le PCI avant toi. Il y a plus de 90 ans que le prolétariat
a accepté de renoncer à son programme "maximaliste"
(comme tu dis) et que DONC tout un processus de luttes
contradictioires, d'avancées et de reculs seront nécessaire pour
qu'un tel parti surgisse non pas du ciel, mais du processus même des
luttes, Le prolétariat, LA classe par excellence exploitée par le
capital, c'est celle qui subit le plus fortement la soumission à la
société bourgeoise, c'est aussi celle qui est la plus contrôlée,
encadrée par les institutions syndicales occupant son terrain de
manière omniprésente, le plus surveillé comme le lait sur le feu.
C'est de lui que le pouvoir francais, mais aussi en Europe, en
Algérie, et ailleurs a peur, très peur. Surtout
si les mouvements de même forme se répandent internationalement.
C'est d'ores et déjà contre lui, qu'il se prend partout des lois
liberticides, contre la liberté d'expression et de manifestations,
et que se banalise la repression policière Oui les gilets jaunes
vont laisser de traces ineffacables ».
PAS
DE DEBAT BARBES-ROCHECHOUART !
Quelles
seront ces traces « ineffaçables » de cette « éruption
des masses » qui laissera plus d'ineffaçables traces que moi
pauvre individu ?
«...non
je n'ai pas une seule fois caressé l'espoir que le prolétariat en
prenne la tête , comme ca, d'un jour à l'autre. TU m'as bien mal
lue, relis bien mon message. Et toi, dis moi quelle sorte d'"envol"
tu espérais à court terme et qui n'a pas eu lieu 4 mois après le
début ? Sinon je ne crois pas q'un débat entre idéoloques Roche vs
Chouard sur le thème du ridicule ou pas d'une démocratie directe en
régime capitaliste, posé "en soi". Désolée mon cher.
Les
mouvements et luttes réelles ne partent pas à partir des idées
(bonnes ou mauvaises) qui les prédestineraient d'emblée. Ils
partent à cause du frigo vide, uniquement pour cela, et sur leur
route, ils emploient des mots, des concepts empruntés ici ou là et
qui sont généralement bien en deçà de ce qu'ils font
objectivement. La conscience, le parti, le programme sont à
l'arrivée des processus réels, pas au départ. Enfin,je peux te
dire que les deux revendications autour desquelles les
GJ se focalisent et maintiennent aujourd'hui leur unité
(une unité interclassiste en effet, faute de mieux, sauf à retomber
dans les rets de la CGT comme en 68, ce que les prolos GJ ne veulent
pas), à savoir la justice fiscale d'une part et la démocratie
directe d'autre part (par oppositon avec la démocratie parlementaire
et en exigeant de pouvoir révoquer un élu ), aucune des deux n'est
"réac" ! Quant aux salaires, oui, le prolétariat a bien
du mal à ce qu'ils apparaissent en haut de la liste, mais aucun
prolétaire GJ n'y a renoncé et ils continuent à le crier dans la
rue et sur leurs pancartes. Et c'est pas la sono de la CGT ni son SO
qui les a conduits là , c'est les GJ (, au départ quelques milliers
d'automobilistes énervés). Ce sont les facéties de l'histoire.On
va arrêter là, car ca devient du n'importe quoi, tandis que les
jugements de valeur ad hominem, à propos de "j'aurais toujours
été" en guise d'entrée en matière signifie visiblement refus
de discuter sur le fond.Ciao donc. Si tu veux vraiment discuter , çà
peut encore se faire mais alors ailleurs que sur fesse de bouc ».
Mon
ex-camarade Juliette me reproche en gros de m'être fait des
illusions et emballé... on ne prête qu'aux riches ! Encore un
jugement de valeur ! Que celle qui n'a jamais placé d'espoirs
dans un mouvement d'insubordination, dans une « facétie de
l'histoire » me jette le premier pavé. Juliette n'avait déjà
pas les muscles pour cet exploit en 68 puisqu'elle est née le 1er
mai 1968 (ça ne s'invente pas) et, devenue grande, elle a pourtant
passé des jours et ses nuits à se dévouer à ce mouvement
« interclassiste » comme si on avait été à la veille
d'une révolution. Pour ma part je n'ai pas été emballé au point
de courir après toutes les manifestations et je n'avais aucune envie
de servir d'homme de troupe à de petits rigolos comme Drouet et
Nicolle. J'ai préféré réfléchir à ce qui se déroulait où il
importait à mon sens de saluer des actions qui refusaient
l'encadrement habituel des syndicats et des partis. Mes premiers
articles montrent que je vois bien la présence d'une partie de la
classe ouvrière en toile de fond et que je n'enferme pas ce début
dans un soit disant « ras le bol fiscal » ou une simple
protestation d'automobilistes ; la force même du mouvement au
tout début ne provient pas du bla bla des figures petites
bourgeoises ou de petits aventuriers avec casquettes à l'envers,
mais de la masse des salariés contraints d'aller en voiture au
boulot, ce qui explique la forte mobilisation en province et le
succès de la « grève » des ronds-points... Juliette
invoque le grand parti divin supranational qui apparaîtra un jour
sur terre issu du « processus » (lequel ? Où ?
Quand ? Comment?). La confusion des classes, le fait qu'elles
soient mêlées et un phénomène qui existe en temps de révolte
comme en temps normal, c'est ce à quoi elle aurait dû réfléchir
sur ce dit « interclassisme ». Elle comme moi ne sommes
que des individus poussières, notre contribution reste très modeste
voire nulle comparée à celle des groupes aussi réduits
soient-ils ; les GL les plus actifs étaient organisés en clans
(nommés 'familles'). J'avais plus de raison de m'indigner de
l'inaction de nos sectes « maximalistes » qui prétendent
pourtant être les embryons du parti-guide ; c'est mon souci au
tout début le 25 novembre, pas de chamailler entre individus :
« En
résumé, malgré une désinformation permanente, à chaque minute de
tous les médias, malgré les tonnes de haine et d'insultes qui
déferlent sur les réseaux sociaux contre cette "pute de
Macron", malgré ou plutôt grâce à ce refus (momentané)
d'organiser et de coordonner, par peur de la récupération, le
mouvement s'il devait lanterner dans le même type d'actions
circulaires se dissoudrait peu à peu. Ne l'enterrons pas
trop vite. Je dois avouer qu'il a à chaque fois dépassé mes
propres présomptions ou prédictions ; je pensais qu'il allait
se dissoudre dans une visite à Paris dispersée, mais au contraire,
confonté aux pires dénigrements il avance d'un même mouvement,
pacifique et violent, réfractaire à toute interprétation abusive,
rétif aux explications marxistes traditionnelles ; traité
d'anarchiste par le pouvoir il n'a eu pourtant aucun soutien des
anars ni des gauchistes qui sont restés chez eux, ni de nos
intraitables marxistes maximalistes pour qui la grève est le nec
plus ultra de la révolution ce qu'elle n'a jamais été et ne sera
jamais par elle-même. La principale faiblesse du mouvement
est à mon avis l'incapacité des résidus de minorités
révolutionnaires, congelés ? Gagas ? Hors
réalité comme Macron ? ET pourtant il faut et il faudra des
organismes politiques, des gens qui réfléchissent pour contribuer,
pas diriger, aider au développement de la conscience
« laborieuse » de classe, faute de quoi il
restera mou puis se dissoudra ».
Je dois corriger aujourd'hui que
même si ces « minorités » maximalistes, possédant la
perspective révolutionnaire communiste intacte, s'étaient
impliquées dans le mouvement autant que notre chère Juliette, cela
n'aurait pas changé grand chose au devenir - « sans
perpective » tangible ni sérieuse - du mouvement EN TANT QUE
TEL. Face à la révolte confuse des gilets jaunes, l'abstentionnisme
des révolutionnaires maximalistes manifestait leur incapacité à
comprendre les besoins immédiats d'une masse d'ouvriers provinciaux
et même de catégories « moyennes », ces fameux petits
bourgeois (que tout marxiste stalininen rêve d'enfermer dans des
goulags) :
« Le
problème est que ce mouvement ne comprend pas l'utilité de débattre
parce qu'il craint le retour des discoureurs comme lors des nuits
debout et patin et couffin. Surtout parce qu'il n'est pas question de
débattre abstraitement en l'air ou sur une meilleure société
envisageable, ou de se mettre à genoux devant les grands prêtres
sauveurs de la planète polluée, par rapport à l'urgence, l'urgence
par rapport à des besoins vitaux. Les intellos bien nourris de Paris
et des soit disants groupes révolutionnaires muets (honte à eux
aussi!) ne savent pas ce que c'est boucler difficilement la fin du
mois, aller faire la queue aux restos du cœur, rendre des produits à
la queue du supermarché parce qu'il n'y avait pas le compte dans le
porte-monnaie, donner un paquet de Chips le midi au gosse parce qu'on
peut pas lui payer la cantine, vivre dans l'angoisse du flic qui va
verbaliser la voiture avec un contrôle technique périmé, courber
l'échine en CDD face à un patron persécuteur, subir les avances du
patron ». (cf. Honte à Macron et aux lâches GJ le 25
novembre 2018).
Preuve
de plus selon moi que les petites organisations à prétention
révolutionnaire, ou sectes spectatrices, fonctionnent à peu près
comme les organismes bourgeois et qu'on n'a pas encore retrouvé la
science infuse du véritable parti immémorial qui va guider « les
masses » (prolétariennes) vers leur « destinée »
(plutôt communiste). Il s'avéra qu'elles n'étaient pas non plus
complètement coupées de la réalité, comme l'ombre du parti
bordiguiste va s'y résoudre. La plupart ont en effet craché en
choeur sur le mouvement au début avec les clowns de l'antifacsisme
mais avec des critiques politiques de fond qui étaient justes :
« Il
est idiot d'ailleurs qu'on ait dit que les syndicats et les petits
partis gauchistes se soient tenus à l'écart du mouvement parce que
le mouvement les rejetait. S'ils n'avaient pas craché sur le
mouvement au tout début, bien sûr qu'ils eussent été accueillis.
Ils ont craché sur le mouvement bien évidemment parce qu'ils ne
pouvaient pas l'encadrer, mais leur absence avec l'aval donné aux
sirènes du gouvernement d'un mouvement présumé manigancé par les
« fachos » a fortement contribué à le diaboliser.
Quoique que ce complot n'eût aucun effet dans la durée puisque la
« compréhension » de la majorité de la population
atteignit des sommets indétrônables pendant de longues semaines.
L'échappée
belle est partie de province, parce que la province est toujours
moins contrôlable que Paris devenue une cité à bobos. Au point de
vue industriel, les grandes agglomérations sont très surveillées
par les appareils syndicaux qui y baladent depuis des décennies une
aristocratie ouvrière7
du public, si soucieuse de ses avantages qu'elle en a oublié les
devoirs minimum d'extension et de solidarité avec les délaissés du
privé. Nos commentateurs de salon du CCI se sont, comme
syndicalistes et gauchistes, servi de la prétendue image repoussoir
du RN pour justifier que la classe ouvrière (au nom de laquelle on
présume qu'ils sont autorisés à parler) ne soit pas venue
massivement en ces lieux ridicules qu'étaient les ronds points :
« la classe ouvrière a surtout été distante, circonspecte,
dès le début, devant la focalisation contre les taxes et les
méthodes utilisées (l’occupation de ronds-points), alertée et
dégoûtée par le soutien immédiat de toute la droite et de
l’extrême-droite ».
Où
ces révolutionnaires de salon ont-ils vu une circonspection de
millions d'ouvriers obligés d'aller bosser en voiture « devant
une focalisation contre les taxes » ? Et de quelle classe
ouvrière osent-ils parler ? Des électeurs de la gauche bobo
parisienne, des fonctionnaires repus des grandes villes ? Le 24
décembre il leur faut continuer à enterrer le mouvement
« interclassiste » :
« La
classe ouvrière est empêtrée dans de grandes difficultés. Elle
n’est même pas consciente de son existence en tant que classe
antagonique à la classe bourgeoise et distincte des couches sociales
intermédiaires (notamment la petite bourgeoisie). Elle a perdu
la mémoire de son propre passé, et ne peut se référer à son
immense expérience historique, dont elle a même honte puisque sans
cesse la bourgeoisie assimile le mot “ouvrier” à une espèce
“disparue” et le mot “communisme” à la barbarie du
stalinisme. Dans cette situation, le mouvement des “gilets
jaunes” ne pouvait en aucune façon être une sorte de tremplin ou
d’étincelle pour une authentique lutte de la classe ouvrière.
Au contraire, les prolétaires embarqués derrière les mots d’ordre
et les méthodes de la petite-bourgeoisie, noyés dans l’idéologie
interclassiste de la citoyenneté, dilués dans toutes les autres
couches sociales, ne pouvaient que subir de façon négative la
pression du “démocratisme” bourgeois et du nationalisme ».
ET
SI NOS SECTES MAXIMALISTES AVAIENT EU RAISON DEPUIS LE DEBUT ?
C'est
vrai que depuis des mois on n'a jamais vu sur les ronds points et
dans les assemblées à Paris un seul de ces révolutionnaires en
charentaises et que quand ils se sont réveillés ils n'ont eu de
cesse de prédire l'enterrement du mouvement. Le plus honteux et
moraliste répugnant aura été le CCI comme le souligne Robin
Goodfellow, et de plus en choeur avec tous les sycophantes antifas,
quelle décadence et lâcheté ! Pourtant, dans les ronds points
et manifs j'ai maintes fois entendu les termes de classe ouvrière.
« Alors même si je n'ai pas un institut de sondage sous la
main, je peux dire que ce CCI me fait vraiment pitié et ignore ce
qu'est et comment vit la classe ouvrière, qu'il est aussi méprisant
que le Macron en lançant que c'est une classe sans mémoire, qu'il
n'a toujours rien compris aux prolétaires gilets jaunes qui,
justement par leur action « n'ont plus honte d'être pauvre »,
qui n'ils ont toujours fait part, ceux que j'ai rencontré jusqu'à
aujourd'hui (même les gauchistes le confirment), qu'ils souhaitaient
être le tremplin à une paralysie générale de l'économie,
peut-être pas pour une « authentique lutte de classe
ouvrière » mais pour fiche en l'air l'Etat ou surtout son
principal porte parole haï ! ». J'avais oublié la
fameuse cittaion de Lénine que Robin cite en introduction à son
beau texte.
Je
dois corriger que j'abusais de la dureté facile en polémique.
J'avais entendu certes les termes de classe ouvrière mais le
mouvement des gilets jaunes ce n'était pas la classe ouvrière, mais
un entre deux, confus, et sans vraie alternative politique que des
petits trucs contre les taxes et le chimé..RIC venu des idéologues
de l'extrême droite bâtarde nourrie au biberon conseilliste de
l'ultra-gauche ringarde. Le CCI était confus lui aussi avec ses
histoires de perte de mémoire de la classe ouvrière alors que le
mouvement GJ était dominé par une couche moyenne et des petits cons
en effet sans mémoire.
Le
6 décembre 2018 . Le résidu du grand parti bordiguiste, lui,
commence à tourner casque en montrant au moins du respect pour
l'engagement violent du mouvement, mais avec une fixation désuète
sur le drapeau rouge qu'on peut laisser au stalinisme : « Les
Gilets Jaunes ont démontré que la lutte ouverte paye ! Face
à un mouvement de contestation relativement massif mais surtout
résolu, qui n’hésite pas à violer la légalité bourgeoise
(bloquer des routes est selon la loi passible de prisons, de même
que manifester sans déclaration préalable à la préfecture est
interdit) ». L'apologie de la violence en soi comme critère
révolutionnaire fait partie des tares d'un certain bordiguisme.
Il
n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Les derniers
mohicans bordiguistes ont montré des hésitations mais quant à
cette « authentique lutte de la classe ouvrière » dont
rêvent Juliette et le CCI, il faudra repasser et probablement
l'attendre jusqu'à la Saint Glinglin. De ce point de vue les
trotskistes girouettes du NPA sont plus marxistes que notre
Juliette : ils se sont mis à prier en faveur de la grève
générale. En effet, que les causes soient interclassistes ou pas
(guerre de 14, répression inouïe de tel gouvernement) un vrai parti
révolutionnaire peut, s'il le faut et si cela est crédible, appeler
à ce que le prolétariat paralyse la société, ce qui n'est pas
forcément une grève générale car il y a bien d'autres moyens de
blocages, et je ne reprocherai jamais aux GJ d'avoir généralisé le
blocage des ronds-points (devenu vite obsolète). Nombre de
commentateurs et correspondants de Juliette ont espéré que le
mouvement sortitait de son ornière réformiste niveau zéro et
boutiquière, voire voyaient venir LA Révolution (R.Paris/V.Serge),
je ne leur jette pas la pierre. Je préfère un révolutionnaire qui
accepte de se tromper à un révolutionnaire qui croit toujours avoir
raison.
DU
FRIGO VIDE A LA NAISSANCE DU PARTI DE CLASSE
Juliette
qui veut nous donner une leçon de matérialisme avec l'image
démagogique du frigo vide des prolétaires (que j'ai utilisée
moi-même mais à bon escient), oublie que ce n'est pas en premier
lieu la hausse du prix de l'énergie fossile qui a provoqué la
révolte mais que ce qui a pris le dessus dans l'indignation fût ce
mépris arrogant affiché par le pouvoir « droit dans ses
bottes » (de jésuites)8 ;
ceci est un facteur politique, pas psychologique ni lié en soi au
vulgaire « pouvoir d'achat ». Il y a une forme de mépris
également à imaginer que prolétaires et même prolétaires
déguisés en auto-entrepreneurs ne réagiraient qu'au niveau du
porte-monnaie ou du fric ! C'est d'ailleurs traditionnellement
le raisonnement des « femmes de parti » (je sais qu'on
dit plutôt « hommes d'appareil ») et d'une ancienne
militante du CCI qui se réfugie dans l'isolement dans le concept du
parti bordiguiste immanent, non pas transcendant du prolétariat,
mais qui ne sera jamais...imminent. Vu que « le prolétariat a
abandonné depuis 90 ans son programme maximaliste » - qu'il ne
s'est rien passé depuis la révolution russe (sic) – il faut tout
reprendre à zéro et accompagner les masses même dans leur
interclassisme, si je m'efforce de suivre le raisonnement de
Juliette. A la différence du CCI, Juliette s'est impliquée dans le
mouvement mais avec une foule d'illusions sur ses potentialités
(mais en excluant au grand jamais une impensable révolution), au
même niveau que les R.Paris/V.Serge : elle les croit unis (les
prolos GJ, sic!), puis mouvement bon exemple capable de
s'internationaliser, enfin principale victime de la répression
policière :
-
unité des derniers mohicans GJ ? « deux
revendications autour desquelles les GJ se focalisent et maintiennent
aujourd'hui leur unité (une unité interclassiste en effet, faute de
mieux, sauf à retomber dans les rets de la CGT comme en 68, ce que
les prolos GJ ne veulent pas) » ; l'interprétation de
Juliette complaisante envers cette (fausse) unité est spécieuse :
l'unité supposée autour des deux revendications creuses des
épiciers du mouvement – justice fiscale et démocratie directe
(« qui ne seraient pas réacs ») est une invension de son
cru. La « justice fiscale » n'a plus rien à voir avec la
revendication initiale de baisser le prix du gazole à la pompe, mais
reste l'éternelle resucée du petit commerçant qui se fiche de
savoir qui va payer les fonctionnaires et les enseignants de ses
gosses ; la démocratie directe... en régime truqué
capitaliste et sous forme de référendum à qui mieux mieux...9
Bravo la camarade du parti fictif et immémorial ! L'unité du
pitre girouette Lalanne, de la psy Jacline, de Priscilla recyclée en
combattante féministe écolo10,
Ingrid Levavasseur11,les
diverses « familles » en quête de respectabilité et de
durée éternelle...
Ingrid
Levavasseur a admis son incapacité à fédérer les innombrables
chapelles qui composent aujourd’hui le mouvement des "gilets
jaunes".Entre le RIC, le MAC (le Mouvement Alternatif citoyen),
le Rassemblement des Gilets Jaunes Citoyens, en passant par la liste
"Union Jaune", et la dernière en date, "Evolution
Citoyenne", il
y a déjà 5 listes.Le
mouvement manque d’incarnation et d’orientation politique claire.
Et d'après notre sondage Harris, la liste "gilets jaunes",
s’il y en avait une, récolterait à peine 3% des suffrages en mai
prochain lors des élections européennes.
-
si le mouvement des gilets jaunes a retenu l'attention
internationale, on ne voit pas en quoi il serait exemplaire ou modèle
à suivre suivant les spécificités de chaque pays ; dans le
cas de l'Algérie, il s'agit d'une révolte contre le népotisme du
clan présidentiel où la domination de l'Etat bourgeois est
autrement plus primaire et violente qu'en France, et où domine en
général un combat politique entre fractions bourgeoises (clans de
l'armée, mafias islamistes, démocrates bourgeois) dont le peuple
algérien ne pourra être qu'une masse de manœuvre ; le
mouvement en Algérie a surgi plutôt en parallèle et à peu près
au même moment comme on le verra dans l'article suivant mais au lieu
d'être un simple prolongement, risque de poser les vrais problèmes
politiques que les gilets jaunes ont esquivé.
-
la répression policière qui a été féroce très tôt dès le
début du mouvement n'a pas cessé, de plus le gouvernement en
profite pour faire passer de nouvelles lois scélérates renforçant
le contrôle des manifestants et les criminalisant, mais cette
répression, si elle discrédite le cinéma du débat national
« citoyen » est savamment dosée pour ne pas allumer un
nouvel incendie. ; c'est malheureusement cet aspect victimaire
qui surnage en fin de course et qui va amenuiser le mouvement comme
« ancien combattant ».
Juliette
elle, nous sermonnait avec le frigo vide de la classe laborieuse
quoique en situation « interclassiste » mais son
explication retombe dans l'ornière bordiguiste archi classique :
pas de révolution tant que le parti n'est pas là ; donc c'est
péché d'y penser à la révolution sans prolétariat pur au devant
de la scène. C'est le parti qui fait tout et suppose tout. J'ai
toujours dit que c'était le fond de pensée des anars retournés,
des militants marxistes défroqués, un refuge dans la contrition à
la pensée du parti-dieu qui pardonne toutes les faillites politiques
et sociales. Le parti devrait apporter la « conscience de
classe » certifiée. Comme chez Claude Bitot c'est une
perpsective abstraite de parti sans classe ouvrière. Bitot nous a
fait pourtant quelques réflexions intéressantes plus près des
réalités...sociologiques que le disque rayé de nos maximalistes
bègues mais pas aussi profondes que celles de Robin Goodfellow.
JAMAIS
AUCUNE DES TROGNES PRESUMEES LEADERS N'A DENONCE LE CAPITALISME
Je
le leur ai dit plus d'une fois sur ce blog : « ... vous
vous arrogez de déterminer trois seules revendications finales en
quelque sorte à cette jacquerie moderne qui a dérangé autant le
pouvoir bourgeois que les marxistes de salon, comme terminales du
mouvement : la baisse des taxes, le RIC « en toutes
matières » et la baisse prioritaire des revenus des hauts
fonctionnaires. Vous êtes de quel côté ? Des puissants ou des
pauvres ? Vous imaginez que nous les pauvres on croit pouvoir
obtenir SOUS LA FERULE DE CE POUVOIR, le beurre, la crémière et le
salaire de la crémière ? ». Bitot considère cette
révolte comme « postmarxiste » comme si les couches
moyennes avaient été absentes de l'histoire passée de l'inédit
révolutionnaire :
«
car
elle prend en compte qu’avec un tel capitalisme le conflit qui a
surgi en dehors des partis et des syndicats n’est plus mené par
une classe. C’est ça sa nouveauté. Reste à voir le devenir
de
ce mouvement. Un
autre facteur fera que ce nouveau mouvement social ne sera pas
en mesure de le menacer sérieusement : comme le montre bien
celui des « gilets jaunes », son peu de lucidité
concernant le capitalisme qu’il ne remet nullement en cause. Avec
sa revendication d’un « référendum d’initiative
citoyenne » il montre qu’il continue de se bercer
d’illusions à propos de la « démocratie » qu’il
voudrait rendre plus « directe » afin qu’elle tienne
ses promesses électorales. Ce qui fait que lorsqu’il se veut
politique c’est, drapeau national déployé et chantant la
Marseillaise, l’imaginaire bourgeois de la Révolution française
qu’il a en tête.
Ils
sont les enfants de la télé-réalité, d’Internet avec facebook,
des jeux vidéo sur leurs smartphones avec qui on fait des selfies,
c’est-à-dire de ces machines à décerveler que le capitalisme
dans sa grande modernité a mis au point ; ils sont les produits
sociaux de ce capitalisme devenu un fait
social
total,
qui s’est introduit partout dans la vie des hommes, dans leur
travail bien sûr, mais aussi dans leurs loisirs, leur environnement,
leur vie quotidienne, et se faisant ainsi totalitaire,
a éradiqué tout idée de contestation de celui-ci, réussi à se
faire passer pour l’horizon indépassable de l’humanité, fait
croire que le communisme a échoué alors qu’il n’a existé nulle
part et que donc face à lui il n’y a pas d’alternative – et il
n’y a pas que les « gilets jaunes » qui pensent çà,
les intellectuels également, eux qui autrefois se voulaient bien
souvent critiques du capitalisme devenus ses adeptes
Cette
non-classe que sont actuellement les « gilets jaunes »
deviendra l’immense majorité, à la différence de ces derniers
qui sont dans une situation de pauvreté relative, celle-ci se verra
précipitée dans la misère, et alors qu’est ce qui se passera ?
La révolution ? Si n’existe pas un parti révolutionnaire
pour éclairer et guider ces masses modernes ayant été complètement
accaparées, assujetties par ce capitalisme totalitaire, il se
produira un immense chaos, il y aura des révoltes, de la violence
sans queue ni tête (style casseurs blacks books, mais cette
fois avec morts d’hommes), peut-être même un quelconque
« fascisme » pointera son nez, mais à la
différence de ses ainés qui sera impuissant son heure historique
étant passée, mais point de révolution ».
Bitot
est tombé de son ancien piédestal bordiguien pour rejoindre les
bobos modernistes, leur négation du prolétariat et la révolution
« des gens ».
Comme Juliette Bitot
possède la solution toute trouvée à une classe ouvrière
disparue :
« En
fait, la « forme parti » sera pour elles (les masses en
révolte) la seule manière de s’organiser en tant que force
autonome. Du temps du prolétariat c’était différent. Son
organisation en parti se posait, mais lui dans la production, dans de
grandes usines, pouvait s’organiser dans des syndicats, des
coopératives, des bourses du travail, des conseils d’usine. Cela
n’était pas suffisant mais c’était déjà là des
manifestations de sa constitution en tant que classe plus ou moins
autonome vis-à-vis de la bourgeoisie. Mais aujourd’hui ? En
raison du processus de désindustrialisation qui accompagne cette
phase terminale du capitalisme (plus rien dans le charbonnage, la
sidérurgie, presque plus rien dans la métallurgie, les chantiers
navals, un peu dans l’aéronautique, dans l’automobile, quand on
n’a pas délocalisé) ce qui fait qu’on a une classe
ouvrière réduite à la portion congrue (12% de la population active
aux Etats-Unis et ailleurs ce n’est guère plus brillant), dont il
ne restera plus grand-chose lorsque le capitalisme ce sera écroulé,
pour le nouveau « prolétariat » (que nous mettons
entre guillemets car n’étant pas dans la production il n’aura
plus les caractéristiques d’une classe au sens marxiste du terme,
ayant été dans ce vaste fourre-tout qu’est le « tertiaire »
- lui actuellement 60% de la population active !), le parti sera
la seule possibilité pratique sérieuse pour lui de s’organiser
autrement que ne le font actuellement les « gilets jaunes »
sur des ronds-points. Evidemment pour l’heure on n’en est pas là,
mais ce qu’il faut souhaiter c’est que ce parti n’attende pas
l’écroulement du capitalisme pour commencer à se constituer ».
Evidemment
que je ne peux partager une telle vision idéaliste mais qui continue
à plaquer abstraitement la solution parti selon le critère éculé
léniniste première manière (qui apporte la conscience de
classe...sans classe ouvrière). Je ne crois pas du tout à cette
présumée disparition de la classe ouvrière ni à la négation de
sa place décisive dans toute révolution à venir, d'autant plus que
j'ai toujours émis des doutes et souligné les limites de la révolte
en gilets jaunes. J'ai choqué en disant « Débuté
réac finit réac ». Et j'ai aussi des doutes sur la nature de
son « internationaliation exemplaire » malgré ce que
laisse accroire ce qui se passe en Algérie. Le combat « fiscal »
des meneurs gilets jaunes fait pouffer les ouvriers algériens. Une
lutte réellement révolutionnaire, capable de transcroître
nécessite un contexte international mouvementé, des luttes de
classe importantes. Mais... 68 n'éclatat-il pas dans un contexte
mondial de révoltes de toutes sortes, pas spécialement
prolétariennes ? C'est la Première guerre mondiale qui avait
allumé presque partout des étincelles révolutionnaires. On ne peut
pas dire qu'il existe beaucoup d'exemples d'internationalisation au
XX ème siècle ni au suivant ; comment peut se produire la
contagion révolutionnaire à partir de la remise en cause des taxes
dans tel pays et d'une réforme référendaire en carton pâte ?
A une époque où le repli national est général, où partout
flottent les drapeaux chauvins ? Le mouvement est cuit selon moi
depuis le début février de cette année, quels que soient ses
rebondissements, non du fait de ses limites petites bourgeoises mais
parce qu'il n'est plus qu'une illustration de la crise de la
bourgeoisie française12 ;
cette dernière en est réduite à promettre des miettes aux
retraités dernière couche de la société à envisager d'aller
encore voter13.
La présence notable des gauchistes et des syndicalistes CGT sans
badge signe aussi la fin du mouvement, et ce n'est ps un hasard si le
petit rigolo Drouet appelle à envisager les méthodes CGT très
contrôlées et futilement utilisées : le blocage des ports et
des raffineries.
Le
petit NPA
refait le coup à chaque fois : « À
l’heure où nous écrivons, le 5 février (et ses suites !)
sera déterminant pour renforcer l’implication du mouvement
syndical dans la construction d’un mouvement d’ensemble contre la
Macronie. Tout comme il sera déterminant pour offrir une issue
positive et progressiste aux centaines de milliers de Gilets jaunes
qui ont durablement modifié les conditions de la lutte dans le pays
(!?) ».
Idem pour les 16 et 19 mars et après il radotera que les
traîtres professionnels ont encore trahi et il pourra y ajouter les
pitres Drouet et consorts. L’appel
à faire « converger
toutes les mobilisations »
dans les rues de la capitale samedi 9 mars a abouti à trois fois
rien14.
DES
MENEURS excités ET POUSSE-AU-CRIME
A
une semaine d'une date présumée cruciale, les « agités
jaunes » espérent retrouver l’impact des débuts du
mouvement, lorsqu’ils avaient rassemblé 282 000 personnes
sur les ronds-points et dans la rue le 17 novembre 2018. A
ces sans mémoire rappelons que lorsqu'un mouvement reflue –
mouvements de petits bourgeois comme les Nuit debout ou Poujade,
grèves longues isolées des ouvriers, c'est la défaite irrésistible
qui est au bout même avec les pires chantages et surtout avec les
pires chantages genre « retenez-moi ou je fais un malheur ».
C'est le raisonnement de ces pauvres Drouet et Nicolle.
« C'est
l'acte charnière pour les Gilets
jaunes.
Après 17 semaines de mobilisation, les partisans du mouvement
veulent rassembler samedi 16 mars "la France entière à
Paris" pour lancer un "ultimatum" au gouvernement.
L'acte 17 le week-end dernier a été marqué par un nouvel
essoufflement de la mobilisation. Selon le ministère de
l'Intérieur, seulement 28.600 personnes (-10.000 personnes par
rapport à l'acte 16) ont manifesté en France, dont 3.000 à Paris.
Le groupe Facebook Le Nombre jaune a lui compté 90.000 manifestants
(-6.000 personnes par rapport à l'acte 16) dont 18.000 à Paris.
Pour éviter d'être mis de côté dans l'agenda médiatique, les
Gilets jaunes veulent donc frapper un gros coup à Paris à
l'occasion de la fin officielle du grand débat, le 15 mars ».
« Dans
chaque région, des appels ont été lancés sur Facebook pour
préparer le déplacement vers la capitale. L’événement Facebook
national rassemble lui 5.700 participants et 16.000 personnes se
disent intéressées; des chiffres bien supérieurs à ceux des
dernières semaines. Contrairement aux dernières mobilisations
parisiennes qui se sont déroulées sans incident grave, ce
rassemblement a de fortes chances de dégénérer. L’événement
Facebook partagé par Eric Drouet appelle ainsi clairement à des
actions radicales : "Qu'on se le dise, le 16 mars restera dans
l'histoire du mouvement des Gilets Jaunes. Cet acte 18 se prépare
depuis plusieurs semaines et des Gilets Jaunes de toute la France
s'apprêtent à venir manifester à Paris. Et pas pour une manif
déclarée au cortège totalement nassé (encerclé par les forces
de l'ordre, NDLR). Il
s’agit de poser les bases d’une montée en puissance du
mouvement de révolte et l’inscrire dans la durée autant que dans
la radicalité."
De son côté, Maxime Nicole, une des figures des Gilets jaunes, a
perversement laissé entendre que le rassemblement pourrait basculer
dans la violence : "Cela fait 17 semaines que je prône le
pacifisme, que je dis à tout le monde que je ne suis pas pour la
violence. J'ai fait des appels au calme", a-t-il rappelé dans
un Facebook live diffusé dans la nuit de dimanche à lundi. Avant
d'ajouter, menaçant : "Le 16, il va se passer ce qu'il va
se passer. J'en ai plus rien à foutre. [Je ne dirais plus] aux gens
: 'Restez calme'. [...] On
a essayé d'être cool avec vous
[le gouvernement et les médias, NDLR], de discuter. Pendant 17
semaines, on
a essayé de vous faire comprendre des choses.
Cela n'a rien donné." Maxime Nicolle assure ensuite qu'il ne
lance pas un "appel à la violence" et que le gouvernement
sera responsable des violences éventuelles. Pour lui, les Gilets
jaunes seront en "légitime défense" face à la violence
"psychologique, financière, et maintenant physique" des
40 dernières années. Même la plus modérée Priscillia Ludosky se
dit maintenant prête à étudier l'idée "de solutions
non-violentes, mais radicales, précises, ciblées pour avoir la
pleine attention attendue". C'est ce qu'on appelle chez moi des
rigolos plein de plumes.
"L'acte
18 doit marquer la fin des manifestations et le début des vrais
samedis jaune!! (Blocage endroits stratégiques)!!", proclame
Drouet. "Le samedi 16, je resterai le temps qu'il faudra
sur les Champs-Elysées et l'Arc de Triomphe. Après faudra penser à
autre chose", a-t-il affirmé dans un Live sur Youtube. Quel
cran !. ""Il faut quelque chose d'impactant. Rien n'a
encore marché", s'est-il plaint-il. Pour lui, la solution
passe par un blocage des ports et des raffineries. Pour Maxime
Nicolle, le 16 mars ne pourrait être qu'un prélude à des actions
encore plus radicales : "S’ils font encore toujours les
sourds, on mettra une dernière date qui là par contre s’ils
n’écoutent pas, bah tant pis pour eux", a-t-il lâché dans
une vidéo diffusée la semaine dernière. Le buzzeur Drouet
qui s'est tant gonflé les chevilles depuis sa médiatisation
outrancière (le mouvement refusait l'intronisation de nouveaux
leaders mais les médias ont quand même fabriqué le
« vedettariat » dans lequel ils ont tous plongés, se
jalousant mutuellement à l'aune du nombre de connexions sur leurs
sites respectifs. Comble du ridicule, Drouet appelle donc au blocage
des ports et des raffineries. Il se prend pour qui ? Pour un
nouveau bonze syndical !
Le gilet jaune pas obligatoire en Algérie |
L'ALGERIE
RIT JAUNE
QUELLE
INTERNATIONALISATION ?
« Si
des mouvements de même forme se répandent internationalement »...
Juliette ne semblait pas si bien dire, mais c'est vrai et c'est en
train de se passer en Algérie. Eric Drouet apportera-t-il son
soutien aux gilets jaunes algériens ? Macron va-t-il fournir en
LBT le gouvernement fantoche de la momie Bouteflika ?
Le
mouvement de protestation contre le régime d'Etat capitaliste en
Algérie n'a pas attendu ni dépendu de l'aventure du mouvement des
gilets jaunes en France. Il apparaît presque simultanément
d'ailleurs début décembre 2018 :
« A
Béjaïa, ce lundi 10 décembre, ces manifestants habillés en
« gilets jaunes » ne sont pas passés inaperçus. Des
dizaines de ces « gilets jaunes » ont rejoint ce
lundi la grande marche des libertés organisée dans les rues de
Béjaïa. La
mode des « gilets jaunes » a-t-elle été introduite en
Algérie, se demandent nos confrères d’Algérie Part ? Le
phénomène risque bel et bien de s’étendre jusqu’à notre pays
qui connaît en ce moment une ébullition sociale et politique. La
récente vague de répression qui a touché de plein fouet les
journalistes et artistes a suscité un mouvement de colère
populaire. Les incertitudes liées à l’élection présidentielle
de 2019 aggravent encore davantage le climat social en Algérie. Un
climat social délétère en raison de la chute drastique du pouvoir
d’achat des Algériens et de l’excessive cherté de vie ».
(cf. Mondafrique)
Des
libertés publiques réprimées, des manifestations pacifiques
interdites, des conditions de vie de plus en plus déplorables pires
qu'en France, les tensions sociales et politiques qui règnent en
Algérie peuvent fournir les conditions idoines pour l’avènement
non d’un nouveau mouvement de « gilets jaunes ».
L’Algérie est-elle à l’abri d’une éventuelle et probable
contagion ? Telle était le souci affiché de la presse d'Afrique du
nord. Les journalistes professionnels, au sud comme au nord, sont
toujours un peu limités politiquement et il ne faut pas trop
accorder d'importance à leurs questionnements souvent faussés.
Sur
le site Oumma (et aussi le site TSA mais, plus lucide, qui montrait
que la révolte couvait en Algérie début déc 2018 en
parallèle
avec la révolte en France), une certaine internationalisation était
en vogue : « Devenus un symbole de contestation, les
Gilets jaunes s’exportent désormais hors de France,
notamment en Algérie où certains manifestants ont défilé vêtus
d’un gilet jaune, au cours de “La marche des libertés”
qui a eu lieu à Bejaïa, le 9 décembre, pour demander la libération
du blogueur Merzoug Touati et de tous les détenus d’opinion15.
On
peut faire des parallèles cependant :
- même rejet des partis politiques et des syndicats : les islamistes sont éjectés des premières manifs mais aussi la députée trotskiste Louisa Hanoune, fervente admiratrice de Bouteflika ; en Algérie, trotskistes et islamistes ont un point commun : ils ont été cooptés tous les deux par le système néo-stalinien pour donner une apparence de pluralité à la scène politique (grabataire) algérienne.
- Même volonté de la petite bourgeoisie de prendre la tête de la révolte (cf le 16 janvier de cette année, à Alger la mobilisation d'une centaine de commerçants)
- Même pouvoir d'Etat arrogant et même passivité de la classe ouvrière encadrée : « A ce titre, ce que le phénomène des « Gilets jaunes » dit à l’Algérie est inquiétant, tant le pays cumule les handicaps qui entravent la démarche. Eux plus de ceux qui ont jalonné la route de Macron, l’Algérie cumule des défaillances supplémentaires, faisant de la réforme une aventure périlleuse.En Algérie, les structures politiques sont coupées de la société, avec un engineering nul et une efficacité économique proche de zéro. On peut ajouter à cela : un pouvoir dépourvu de légitimité, une société en rébellion constante avec des émeutes au quotidien, des institutions d’intermédiation dépourvues de toute crédibilité, un niveau de gouvernance particulièrement faible, une corruption endémique, une administration inefficace et un manque évident de crédibilité de certains acteurs clés de l’activité économique »16.
- même désert politique de l'opposition et refus du leader providentiel : de toute façon, l’élection présidentielle ressemble de plus en plus à un non-événement. Coté opposition, on est loin de pouvoir fournir une alternative crédible et unificatrice pour suppléer le long séjour au pouvoir de Bouteflika, entre candidats quasi-anonymes et ex du régime ayant bien du mal à incarner un changement tant souhaité.
C'est
un journaliste bien informé de 20 minutes qui nous guide le mieux
sur ce qui est en train de se dérouler :
« Cette
absence de crédibilité chez les adversaires politiques de
Bouteflika n’étonne guère Khadija Mohsen-Finan : « Le
régime a pris soin de décapiter chaque tête d’opposition qui
émergeait un peu trop. C’est pour cela que Bouteflika règne sur
un champ de ruine politique, où il n’a pas d’opposants
crédibles. » Jusqu’à ce que l’opposition vienne de la
rue, et non de candidats fantômes.
De
toute façon, qu’importe que l’opposition politique à Bouteflika
se rapproche plus du désert que du leader, ce n’est plus ce
que les Algériens recherchent selon la chercheuse : « Ils
ne sont pas en attente d’un homme politique providentiel.
C’est pour ça qu’il ne faut pas regarder la situation avec
nos grilles de lecture politique occidentales et quelque peu
vétustes. Qu’importe le manque d’autres candidats. Ce n’est
pas la question ni l’enjeu des manifestations actuelles.
Aujourd’hui, la dissidence prend de nouvelles formes, loin de la
politique politicienne. » A savoir les réseaux sociaux, la
volonté d’un pouvoir d’en bas, et les manifestations géantes
pour faire vaciller un pouvoir autrement que par des élections.
Pour
synthétiser, en allant dans la rue, le peuple a renoncé aux urnes
et souhaite désormais une solution plus concrète et plus
autonome : « 2011
et ses désillusions politiques
sont passés par là, résume la chercheuse. La rue ne veut pas
confier son destin à un pouvoir comme elle l’a trop fait par
le passé. Elle se méfie des urnes facilement manipulables. Le
peuple est éduqué et cultivé, il estime pouvoir se gérer d’en
bas et ne demande pas une nouvelle figure en haut. Ce qu’il veut,
c’est qu’on le laisse opérer. »
Bon, on
aura compris, les
manifestants algériens
ne veulent pas d’un homme providentiel allant sauver seul la
Nation. Mais du coup, que veut-il ? « Le peuple veut
une réponse sociale avant d’être politique. C’est pour cela que
le slogan “Nous ou le chaos” du pouvoir, qui a tant fonctionné
par le passé, ne marche plus du tout désormais, car le problème
n’est pas le dirigeant mais le système. Cela fait depuis 1963
avec l’Indépendance, et encore plus depuis 1965, que l’Algérie
est à la main d’une caste militaire, et où le peuple se sent
infantilisé, où on essaie d’acheter son adhésion et son silence
grâce aux rentes pétrolières. » Le simple décalage de la
présidentielle ne risque donc pas d’apaiser les tensions. « On
aura de toute façon la réponse avec les manifestations dans les
prochains jours. Mais c’est une non-réponse, surtout que les
manifestants n’en peuvent plus d’attendre, ils veulent des
actions et des solutions dès aujourd’hui. Le changement,
c’est maintenant. »
Le
développement de la « lutte des classes » en Algérie
pourrait bien être la réponse à laquelle les gilets jaunes sont
incapables de répondre en France. Ce qui va se
dérouler en Algérie confirmera qu'il ne sert à rien de lutter pour
la démocratie sous la domination du capitalisme, lequel restera
impitoyable avec des révoltes incapables de s'assumer comme classe
alternative au règne de l'argent et de la corruption
« démocratique ».
NOTES
3Ce
que Robin Goodfellow a parfaitement compris même à retardement :
« les réseaux sociaux ont permis de s’affranchir des
représentations de « corps intermédiaires », comme les
syndicats, et mis l’ensemble des partis à distance. Ce faisant,
après l’occupation spontanée et locale des ronds-points et les
premières manifestations du 17 novembre, s’est très rapidement
ajouté l’appel récurrent à manifester chaque week-end, au cœur
des grandes villes et surtout à proximité directe des lieux de
pouvoir et des quartiers huppés. Cela aussi a un caractère inédit,
qui contraste avec les journées d'action syndicales et leurs
défilés normalisés, convoqués en semaine sur des parcours
balisés et loin des lieux « sensibles », promenades depuis
longtemps désertées pour leur totale impuissance. Au contraire,
les manifestations du samedi ont peu à peu mobilisé de nouvelles
vagues de prolétaires (avec ou sans le gilet), notamment issus des
banlieues des grandes villes. Tous ces facteurs ont contribué à
donner cette forme à un mouvement qui se confronte directement à
la répression de l’Etat et qui touche toute la France et fait des
émules dans le Monde ».
5J'ai
déjà bien des fois répondu aux arguments puristes de type
sectaires véhiculés par Juliette, cf. mon article : La
commune et ses petits branleurs (juin 2016) .
En 1878, une partie des Communards déportés en Nouvelle Calédonie
participe à la répression des révoltes kanaks, aux côtés des
troupes coloniales.A partir de 1886, plusieurs d’entre eux sont
les animateurs du boulangisme, et en font un populisme de gauche,
insurrectionnel et xénophobe. Par la suite, ils élaborent un
socialisme national. Au moment de l’affaire Dreyfus, on les
retrouve dans les rangs des antidreyfusards. Pourtant entre un début
patriotard et une fin (pour une partie d'entre eux) hyper-réac,
Juliette et moi considérons l'expérience de la Commune (pendant)
comme historiquement révolutionnaire !
6Je
ne sais pas où Juliette a vu tout cela mais moi pas, et comme tel
ce n'est que le magma inconsistant des activistes du NPA.
8La
même chose que la hogra en Algérie dont on va voir les
conséquences maintenant et qui feront passer au second plan le plan
hexagonal étroit des GJ obstinés intempérants.
9J'ai
répondu ceci à Juliette sur ce référendum idiot, qu'elle suppose
chargé de volonté de représentation directe (à la communarde) :
« cette
nunucherie de référendum à chier (ducon peut lancer son idée et
la faire voter = politique à l'encan… je vote ce que je veux,
quand je veux = politique d'épicier). Cette farce de politique en
permanence dans ces têtes de piafs boutiquiers m'emmerde, le
communisme vise à l'abolition de la politique pas à sa permanence
en plus dans le cadre capitaliste actuel.
11Elle semble lucide mais pas guérie du vedettariat et du buzz : « "On passe pour des gus. Ce sont eux qui ont détruit le mouvement", estime aujourd’hui Ingrid Levavasseur. Eux, ce sont les leaders, ivres de leur popularité soudaine sur les réseaux sociaux, et dont elle reconnait qu’elle avait sans doute sous-estimé l’ego. Les manifestations des "gilets jaunes", c'est donc de l'histoire ancienne pour Ingrid Levavasseur... mais pas les revendications ! Ses anciens camarades considèrent qu’elle est "vendue". Elle jure qu’elle est restée fidèle à ses idées. Elle a d’ailleurs encore manifesté samedi 9 mars. Et elle est aujourd’hui en train de créer un nouveau mouvement, une association. Celle-ci serait baptisée "Plus que jamais". C’est encore embryonnaire, et assez secret, mais en tapant son nom sur internet, on peut se rendre compte qu’elle venait de lancer une cagnotte Leetchi, pour financer cette nouvelle aventure. Autour d’elle, un peu plus d’un millier de personnes. Beaucoup de "gilets jaunes" déçus par la tournure qu’a pris le mouvement. L’idée, c’est désormais de proposer une réponse au grand débat d’Emmanuel Macron. "Nous attendons les conclusions du Président… et vous allez entendre parler de nous", a-t-elle dit ».
12Cf.
Mon article du 11 février : Impasse des gilets jaunes et
crise de la bourgeoisie française.
14Le
bordel de « toutes les mobilisations » est aussi une
énième recette pour éloigner toujours la classe ouvrière d'une
prise en main de la lutte contre l'Etat, et c'est encore ce qui ets
programmé pour le 16 mars : « Au lendemain de la Journée
internationale des droits des femmes, un cortège emmené par des
assistantes maternelles, vêtues de gilets roses, de femmes
mobilisées contre les violences sexistes, arborant du violet, et de
syndicats, a fait plusieurs kilomètres dans Paris sur un parcours
autorisé, avant de se disperser vers 16 heures sans
incident.Pendant ce temps, plusieurs centaines de « gilets
jaunes » ont préféré rester massés en haut des
Champs-Elysées. Un rassemblement sans incident majeur, mais qui a
provoqué des tensions en fin de journée. Après
presque quatre mois de manifestations hebdomadaires, le mouvement
des « gilets jaunes » se prépare désormais pour sa
grande journée nationale du 16 mars.« Samedi
prochain, ça va être gros »,
promet Christian, 67 ans, près des Champs-Elysées. L’acte
XVIII du mouvement aura lieu le lendemain de la fin officielle du
grand débat, mis en place par l’exécutif pour apporter des
solutions politiques à cette vaste contestation sociale. Les
« gilets jaunes » espèrent rassembler ce jour-là « la
France entière à Paris »
pour lancer un « ultimatum »
au gouvernement.
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