"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 29 juin 2020

LE GRAND BLUFF DE L’HARMONIE ECOLOGIQUE




« Les partis petits‑bourgeois, ou les flancs petits­-bourgeois des grands partis capitalistes sont voués à disparaître avec le parlementarisme qui constitue pour eux l'étape nécessaire. Toute la question est de savoir qui conduira les masses petites‑bourgeoises opprimées et déçues, le prolétariat sous une direction révolutionnaire ou l'agence fasciste du capital financier ». Trotsky (1934)

« Les conceptions des hommes sont inspirées par leurs préjugés, mais elles demeurent subordonnées à leurs relations ». Robert de Jouvenel (« La République des camarades », 1914)



     Pour une échéance électorale municipale sans bla-bla public ni serrage de mains à profusion -mais force distribution de masques dans les boites à lettres - c’est tout de même pas mal qu’une minorité d’électeurs se soit déplacée. Loin d’être cette « insurrection froide » et « inquiétante » selon le contestataire professionnel Mélenchon, l’étape était nécessaire pour stabiliser un système politique de base, relais de l’Etat indispensable en période de crise et face à celle qui vient surtout. Que plus de 60% des électeurs se soient abstenus en raison du covid ou du dégoût de l’ensemble des partis politiques n’affaiblit pas Macron pour autant. Abstention + présentation « personnalisée » des candidats confortent le « ni droite ni gauche » qui a intronisé son ère gouvernementale convulsive.

Le principal quotidien à bobos, Libé a beau désigner comme truqueur principal Louis Aliot vainqueur à la ville frontière Perpignan, sous prétexte qu’il se serait présenté comme « sans parti » donc avec un faux-nez, c’est un : prendre encore les électeurs pour des cons (mal informés ; qui ne sait qu’il est l’ex de la mère Le Pen ?) et deux : faire avaler que les partis du conglomérat vert-rose-rouge n’auraient pas arboré eux par contre aussi le même genre de faux-nez. Or les cliques vertes se sont toutes avancées derrière un individu présenté comme in-dé-pen-dant, tenant de cet universalisme vert qui veut sauver la planète mais pas le prolétariat, et aucune faction de ces petits bourgeois, élevés et nourris au biberon gauchiste, n’était intégralement verte, sauf à considérer qu’une salade avec des roses et des lardons offre une couleur principalement verte ; dans plusieurs situations, c’est l’ossature du vieux PS qui est resté derrière et nombre des élus « vierges » sont eux-mêmes anciens caciques de ce parti bourgeois. La vague verte n’est en réalité qu’une vaguelette, opportunément liée à l’abstention de l’électorat majoritaire, les vieux (morts ou craintifs) et du coup à la prégnance de l’électorat bobo des grandes villes en faveur d’un résultat final peu glorieux, étriqué et révélateur de la supercherie démocratique[1]. Ce n’est pas non plus un mouvement de fond motivé par une profonde mise en cause du macronisme, puisqu’une partie de ces électeurs avait initialement voté Macron sans jamais songer à renverser la baraque.

La clownerie de la grande bourgeoisie ne nous a pas échappé non plus avec cet argument, exsudé des rangs du parti gouvernemental filasse et de la droite ringardisée : les extrêmes ne sont pas compétents pour gouverner. Ce qui est profondément vrai et classique du point de vue de la haute bourgeoisie. Franchement depuis au moins 40 ans personne n’a pu sponsoriser plus haut que ministre tel édile écolo, et surtout pas ces « fachos » qui n’ont pas été assez longtemps à l’école. Mais c’est très vrai, personne n’a jamais imaginé gouverner les Krivine, Laguiller, Mélenchon, Besancenot le mioche ni le gentil Poutou qui devient petit conseiller municipal à Bordeaux[2].

Ce constat de l’incapacité à gouverner des verts et du RN, tant ressassé, n’est pas fait pour nous étonner. Ces particules, y inclus le résidu du PCF, sont destinés à demeurer des partis de « contestation » de la petite bourgeoisie, une petite bourgeoisie qui n’est plus constituée pour l’essentiel de paysans et de petits commerçants, et qu’ignore le CCI en noir et blanc[3]. Après avoir lu la « Philosophie de la misère »[4]de Proudhon, Marx peut décrire la nature et les contradictions de cette sous-classe, caméléon et réactionnaire à la fois, dans sa diversité ; son attitude pendant la révolution de 1848 aura montré son instabilité et son action en yo yo :

« Dans une société avancée et forcée par sa situation, le petit-bourgeois devient, d'une part, socialiste, de l'autre, économiste, c'est-à-dire qu'il est ébloui par la splendeur de la grande bourgeoisie et qu'il a de la commisération pour les souffrances du peuple. Il est bourgeois et peuple à la fois. [...] Un tel petit-bourgeois déifie la contradiction parce que la contradiction est le noyau de son essence. Il n'est rien d'autre que la contradiction sociale en action. Il doit justifier en théorie ce qu'il représente en pratique et M. Proudhon a le mérite d'être l'interprète scientifique de la petite bourgeoisie française, ce qui est un mérite réel, étant donné que la petite bourgeoisie sera partie intégrante de toutes les révolutions sociales qui se préparent ! »

La contradiction petite bourgeoise aboutit à l'idée abstraite d'harmonie sociale, de paix sociale avec un juste partage et une morale écologique, qui permettrait l'intégration des intérêts de la bourgeoisie et du prolétariat. Au 19 ème siècle, à la charnière de la victoire bourgeoise sur l’aristocratie, Marx aperçoit déjà la nullité de la classe petite bourgeoise et qu’elle n’est pas la classe « montante » :

« Ce n'est plus la lutte bourgeoisie-aristocratie ; ce n'est pas encore la lutte bourgeoisie-prolétariat. C'est une espèce de lutte des classes triangulaires avec deux bourgeoisies (la grande et la petite) et le peuple. Mais la classe montante n'est pas la bourgeoisie. C'est déjà le prolétariat».

Marx expliqua à plusieurs reprises comment la conscience de la petite bourgeoisie reste étroite, rêve d’une fusion des classes, du fait de sa situation sociale intermédiaire, plus ou moins privilégiée selon ses couches, avec ses caractéristiques modernes où les fonctionnaires en particulier, depuis la « République des professeurs », ont pris le devant de la scène pour discourir ou faire la morale politique, quoique la majorité du personnel politique petit bourgeois professoral soit recrutée par les sectes d’extrême gauche et les partis néo-staliniens.

Toute l’histoire du XX ème siècle le démontre jamais la petite bourgeoisie ni une fraction n’accède à l’essentiel du pouvoir d’Etat. La grande bourgeoisie tient le manche politiquement et financièrement, c’est valable sous Hitler comme sous De Gaulle ou Franco. L’exception stalinienne et chinoise n’infirme pas la domination mondiale bourgeoise, même si des factions petites bourgeoises ont conquis le pouvoir dans des zones secondaires et si le Moloch stalinien a prétendu ne pas être de nature bourgeoise (le capitalisme d’Etat n’a pas été une victoire de la petite bourgeoisie).

Même choyées les couches diverses de la petite bourgeoisie restent vouées à péricliter. Qu’on leur donne un susucre (le bonus pour acheter des bagnoles à trente mille euros), qu’on les flatte pour leur écologisme, elles restent méprisées et inaptes à constituer une force homogène et à proposer une réelle sortie du capitalisme. C’est ce que nous ont démontré ses révoltes hétéroclites successives – vestes jaunes, aristocratie syndicale et sa retraite, racialistes et antifas, etc.

Macon n’a pas besoin des écolos pour continuer à gouverner deux ans encore, ils risqueraient de foutre le feu à la baraque plus vite encore avec leur programme punitif et le développement des pistes à bobos et des rues en impasse pour adeptes du restau tous les soirs[5]. Il pourra bien sûr emplir son discours de « réinvention » de moult trémolos écolos, mais, comme le lui a soufflé Hollande, c’est sur le plan social qu’il lui faut réinventer une solution crédible pour ralentir ou atténuer la faillite du système. Bon courage à lui. Je lui conseille de rouvrir des Ateliers nationaux, avec label "écolo" et nous commémorerons à notre tour de nouvelles journées de juin 1848 ![6]



POLEMIQUE ENTRE GRAND BOURGEOIS ET PETIT BOBO



Les accrochages, billevesées et cancans sur les réseaux sociaux sont probablement parmi les principales désertions du peuple des débats électoralistes, tout comme les prestations sur les médias pas BCBG comme la chaîne TV russe, CNews avec son émission sur mesure pour l’avocat des flics Zemmour. Prenons simplement la confrontation Bernard Henri Levy et Eric Zemmour à la veille de la triste élection municipale round 2. 400 000 spectateurs, plus que les dernières soirées électorales ou les conférences funèbres de l’idiot Salomon !

Comment le débat s’est-il passé ? Le mieux est de reprendre ici les arguments du jeune auteur dans le titre suivant est mis en avant par l’hebdo du milliardaire pro-US Pinault « Le Point » : « Quand Bernard-Henri Lévy met Éric Zemmour knock-out » :

« (…) Préparons-nous au combat ! Eh bien, je dois dire que je n'étais pas prêt, non, foutrement pas prêt, pour ce spectacle. Je ne m'attendais pas au franchissement zemmourien de nouvelles lignes jaunes. Je me disais : « C'est comme au tennis, un bon joueur ne joue bien que lorsqu'il a un bon partenaire ; Zemmour avec Lévy sera donc meilleur que d'habitude. » Mais hélas… Erreur et fourvoiement. Combien de coups bas de la part de l'adversaire ? Qu'on se le dise, Éric Zemmour n'est pas un partenaire, il est un ennemi déclaré ».

Le jeune auteur aurait voulu être aux côtés de BHL pour le couvrir des yeux de son amour et le protéger de la « fachosphère ». Il est d’emblée choqué que le plus grand philosophe de notre temps soit accusé d’être un « dandy hédoniste ». S’attendant encore au pire, l’auteur déclare avoir ri car : « je connais assez bien l'œuvre de Bernard-Henri Lévy. Et parce que toute personne l'ayant lue, vraiment lue, ne peut sérieusement affirmer une telle chose. Quel culot ! Parce que ses livres, ses grands reportages, disent l'inverse. L'empathie. La compassion. Le risque. Un dandy ! Et puis quoi encore ? Un dandy, avec une plume dans chaque main et les pieds dans la merde ».

Le jeune auteur oublie de mentionner comment d’emblée BHL est ridiculisé sur la teneur principale de son nouveau livre m’as-tu-vu – « Ce virus qui rend fou »[7] - qui décrit les français comme des moutons face au confinement « totalitaire » ; la décision a été préjudiciable pour l'économie française et pour la "liberté" des concitoyens ! Zemmour démonte sans fard cette imbécilité : « vous oubliez toutes celles et tous ceux qui étaient au front pour vous soigner et qui avaient des raisons d’avoir peur et de soutenir le confinement ! ».

BHL essaie de s’en sortir par la porte du déconfinement, et c’est à mourir de rire. En résumé : quelle joie d’avoir pu me précipiter pour prendre l’avion et me rendre à Lesbos pour témoigner pour ces 20.000 enfants bloqués aux portes de l’Europe… Zemmour monte le ton et lui reproche de rouler pour nos envahisseurs. Redonnons la parole au fan de BHL :

« Et quel mot ! « Nos envahisseurs ». Cette idée que les hommes, femmes et enfants de l'île de Lesbos, seraient aux portes de l'Europe, attendant dans la crasse des chiottes de l'Occident, de venir fouler notre sol. Et puis quoi ? Allez ! Disons-le ! Parce que c'est bel et bien ce que cela veut dire : manger le pain des Français ! C'est ignoble. Faire croire aux téléspectateurs que ces quelques milliers de malheureux, nos frères et sœur en humanité, sont une plaie sans nom, sans lieu, mais au visage de malveillant voleur de drapeau bleu-blanc-rouge, est une faute morale. Une honte ! Éric Zemmour : chantre du Tout-pour-ma-gueule. Bernard-Henri Lévy : incarnation du Tout-pour-autrui. Si on respecte (je ne parle même pas d'aimer) un tant soit peu son voisin d'ici ou de là-bas, on ne peut que reconnaître une chose : dans ce débat, le premier écrase le second, dignement ». 

Où est la dignité de BHL qui, après avoir méprisé le personnel soignant et la peur de la pandémie, si bien à l’abri dans son cinq pièces à Neuilly, s’en va faire coucou aux migrants de Lesbos ?

Le défenseur de l’idole BHL évite au passage l’étrange rôle du philosophe en Libye naguère. Il ne revient pas de sa responsabilité avec Sarkozy mais "charge" Erdogan, Poutine, le retrait américain et l'Europe invisible. Zemmour lui rendre dedans avec raison : c'est lui, BHL, et Sarkozy qui ont créé un vide en Libye; BHL et son "idéologie à la noix droit-de-l'hommiste" est le responsable du chaos libyen, lui qui avec Sarkozy a amené la liquidation de Kadhafi.



Les 20 000 personnes ont toutes été confinées également pendant la crise sanitaire du Covid-19.  BHL questionne Zemmour, mais celui-ci réplique : « Je m'en fous de votre camp » et il ajoute : « Ils n'ont qu'à rentrer chez eux ! ». Levant le menton, le bourgeois idéaliste exalté rétorque au froid et sec pilier de Cnews : « Ce sont mes frères humains ». Cette vieille fable de « humain trop humain » ne peut pas ébranler le côté marxiste provocateur de Zemmour, qui terminera quand même épuisé car il faut se le faire ce grand bourgeois arrogant, qui est tout de même le Alain Delon de la philo française[8].

« Le soldat allemand aussi était mon frère humain, et même le SS c'est mon frère humain ». BHL est accablé, les camps de la mort rodent sur son ample chevelure de rombière : « choking ! vous venez de raconter une énormité, comment pouvez-vous dire cela ? Les nazis et même les soldats de la Wehrmacht ont commis tant d’horreurs contre les juifs ! ». {Peut-on solutionner le problème en les traitant d’animaux ?] JLR).

Observons les dégâts chez le jeune fan de BHL :

« (…) Moi-même je ne tiens plus en place, chez moi, devant mon écran de télévision. Je me suis levé, ai dû faire au moins cent pas en quelques secondes, les yeux écarquillés, une main sur mon front qui perle d'énervement. Quoi ? Le soldat allemand de la Wehrmacht était mon frère ? Et celui de la Schutzstaffel ? Même idée noire. Même culture de la haine. Le point Godwin est atteint. Stop ! Pas ça ! Sur le fond, je ne sais que dire. Je suis atterré. Je n'ai plus les moyens de penser. Didactique, dialectique et argumentation s'effacent. C'est dans mon corps que ça se passe. Je ne négocie plus avec mon esprit. Et à cet instant précis, Bernard-Henri Lévy répond, s'insurge, et il a raison. Je voudrais qu'il continue, ne s'arrête jamais tant que son adversaire n'aura pas changé d'avis. Je voudrais qu'il le fasse plier. Mais le front de l'ignominie est dur, c'est un front de bœuf qui ne cède pas et s'enfonce dans une bêtise immense et inaudible, insupportable ». « Et je sais gré à Bernard-Henri Lévy de vous avoir rappelé fermement ce principe fondamental de l'antiracisme auquel je souscris des deux mains : la race ne compte pas ! Elle ne doit pas être un sujet. Je vais même plus loin : pour moi, la race, ça n'existe pas. Des hommes et des femmes. Point. J'ajoute à cela que l'usage, par Zemmour, ce vendredi soir, de l'adverbe pourtant était immonde. On me reprochera d'ajouter, à la parole du publiciste, des sous-titres ? Tant pis. Va pour les sous-titres. Trois hommes blancs, explique Zemmour, sont tués il y a quelques jours. Silence de l'opinion. « Pourtant, ils étaient homosexuels ! » Mais avant d'être homosexuels, ils étaient des hommes, eux aussi. Et l'on a bien senti, me semble-t-il, à ce moment-là, la jouissance zemmourienne de l'essentialisation. Je hais ce culte des identités fermées. Merci, donc, à Bernard-Henri Lévy de porter à bout de bras, cette idée d'universelle fraternité ».

Après cet « épisode dégueulasse de fascisme décomplexé » dont a su si bien triompher le grand philosophe BHL, l’auteur signe :

 Félix Le Roy, 22 ans, étudiant à la Sorbonne-Paris-4 et prépare un mémoire de master 1 en littérature française sur « Le rôle des intellectuels français pendant la guerre de Bosnie » (sic !)

(pour ceux qui n'auraient pas compris mon sic, BHL est le principal chroniqueur du Le Point et reste très influent en milieu universitaire)


Ce genre de débat illustre assez bien les rapports entre la grande et la petite bourgeoisie, et comment BHL est, implicitement, le directeur de conscience des bobos parisiens et du gauchisme version NPA.




PHILOSOPHIE DE LA CHARITE ET CHARITE DE LA PHILOSOPHIE

CET AUTRE BLUFF DE LA CHARITE INTERNATIONALISTE BOURGEOISE


« C’est que précisément je n’aime pas que les riches aient pitié des pauvres ».

Anatole France



Conformément aux besoins du patronat français, le commercial de haut niveau BHL a toujours nié une quelconque crise de l’immigration mondiale. Michel Onfray, que je n’apprécie pas, lui avait justement répondu : "Les cons ça ose tout". La charité de BHL n’est même pas simple charité mais, comme en Bosnie, participation à la guerre impérialiste sous couvert humanitaire, au profit de la bourgeoisie française.

La conception de la charité est en soi un héritage culpabilisateur de la religion, à l’origine un geste qui fait le lien entre l’homme et son prochain au travers de dieu. L’ensemble des croyances religieuses sur ce thème ne sont, dans l’analyse matérialiste, qu’une tentative d’échappatoire hors des questions sociales : « l’opium du peuple ». Le don permettrait d’effacer toutes les injustices. Foutaises. Les charités religieuses en général ne sont  donc, ni plus ni moins, qu’une forme de perpétuation éternelle de l’ordre social existant.

La fable de la porte grande ouverte à la misère du monde entier, de BHL aux trois couleurs verte-rose-rouge vaut bien les galas de charité qui sont une pratique sociale extrêmement répandue dans la grande bourgeoisie où l’on se vante de la « philanthropie » pour n’importe quel multimilliardaire faisant un don de quelques milliards. BHL lui fait don de son navet à je ne sais plus quelle assoc.


« Elle [ndlr : la bourgeoisie] a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste » (Le manifeste du Parti Communiste, 1847, K Marx et F. Engels).









[1] A Paris, Hidalgo est réélue avec les voix de 17,5 % des inscrits de la capitale. Les écologistes Grégory Doucet à Lyon et Pierre Hurmic à Bordeaux ne gagnent qu’avec respectivement 19,1 % et 17,5 % des suffrages. A Nice, Christian Estrosi, l’ami du guru Raoult est réélu avec les voix de 15,8 % des inscrits ; à Lille, Martine Aubry n’aura rassemblé que 12,4 % des électeurs pour lancer son quatrième mandat.
 [2] Espérons que cela lui compensera un peu son chômage. On peut sourire en lisant la prise de position du parti juvénile NPA : « on assiste à une poussée de l’écologie libérale qui polarise aujourd’hui la gauche institutionnelle », et de reprocher à EELV  de : « se contenter d’un saupoudrage vert capitalo-compatible ». Quand, en particulier à Poitiers le NPA à appelé à voter pour le cartel vert-rose-rouge. Le fameux caméléonisme trotskien que je dénonce depuis 50 ans !
[3] Trotsky dès 1934 a bien vu le changement de composition de la petite bourgeoisie moderne : « Mais, comme dit Molière, il y a fagots et fagots. Un marchand ambulant ou un petit paysan sont des petits-bourgeois, mais un professeur, un fonctionnaire officiel portant un insigne distinctif, un mécanicien moyen, sont aussi des petits-bourgeois. Il nous faut choisir entre eux. Le parlementarisme capitaliste ‑ et il n'en existe pas d'autre ‑ conduit à MM. les Juristes, les Fonctionnaires, les Journalistes, apparaissant comme les représentants patentés des artisans, des marchands ambulants, des petits employés et des paysans semi‑prolétarisés qui souffrent tous de la faim. Et le capital financier mène par le bout du nez ou se contente de corrompre les parlementaires de ce milieu des juristes, des fonctionnaires et des journalistes petits‑bourgeois ». Ne me demandez pas non plus la profession et la place sociale de tous ces élus petits-bourgeois…
 [4] Je vous parle plus loin de la « philosophie de la charité » de BHL face à Zemmour.
[5] La bourgeoisie a chassé globalement les prolétaires des grandes villes (où ont triomphé les élus verts et roses), ce qui fait, par exemple, que dans les cuisines de la plupart des restaurants parisiens il n’y a plus que des noirs pakistanais ou autres. Non pas que les cuisiniers blancs ne veuillent plus de ce travail, mais exilés en banlieue éloignée il devenait de plus en plus compliqué de rejoindre le lieu de travail parisien. En conséquence on comprend mieux l’antiracisme fougueux de la grande bourgeoisie et de leurs amis bobos : les immigrés ou sans papiers se démerdent eux pour dormir sous les ponts, dans les plus minables soupentes ou pour s’entasser dans des hôtels crasseux.
[6] Le 27 février 1848, quelques jours après la fuite du roi Louis-Philipe, le gouvernement provisoire de la IIe République décide d'ouvrir des Ateliers nationaux pour donner du travail aux chômeurs, à Paris et en province. Très controversé, le projet est avant tout destiné à contenir les revendications du socialiste Louis Blanc, qui a le soutien des ouvriers. Il est confié au ministre des Travaux Publics, Alexandre Marie de Saint-Georges.
 [7] Que le sage grand bourgeois présente ainsi sur ses multiples plateformes publicitaires : « J’ai voulu ce petit livre comme un barrage modeste et fragile face à une terreur qui rôde et dont je crois qu’elle peut, armée de ses bréviaires et évangéliaires hygiénistes, dévaster le monde davantage que le Covid. Je l’ai écrit pour essayer, non de répondre, mais de comprendre. Mystère d’un Occident qui, la seconde d’avant, était encore ivre de lui-même et de l’hypersanté jaillissant, comme les grandes eaux versaillaises, de ses bassins d’intelligence artificielle : le voilà qui se recroquevillait dans ses terreurs, ses hontes et ses chaussons. Mais mystère, plus grand encore, de mes amis darfouris, de mes compagnons kurdes bunkerisés dans leurs tranchées, mystère de ces damnés que j’avais quittés à Lagos, Mogadiscio ou Lesbos : ils souffraient de toutes les calamités possibles ; ils mouraient de maladies très anciennes, à commencer par la plus atroce des malnutritions et des famines ; mais voilà qu’ils se drapaient dans la même prophylaxie ! voilà qu’ils se rangeaient dans la batterie du confinement ! Pourquoi ? ».
 [8] J’aurais pu traiter d’un autre moment de la discussion – l’antiracisme moraliste de BHL - où Zemmour dit des choses vraies mais à sa manière, plus en référence au nationalisme cocardier et comme accusation simpliste que basé sur une analyse marxiste : «Ce mouvement, vous en êtes le père car vous avez été le fondateur de SOS Racisme. Vous avez mis la race dans la bataille politique. On ne s’en remettra jamais. Vous avez réveillé les racistes. Vous avez tué la France et même la République. Vous avez accouché d’un mouvement multiculturaliste, et pourtant les militants noirs vous détestent aujourd’hui». BHL, les chefaillons gauchistes et Mitterrand se sont bien entendu servit à dessein de l’idéologie antiraciste dissolvante des classes. Lire mon article sur ce blog « LE REFORMISME RADICAL ET SON CHEVAL DE BATAILLE L’IMMIGRATION DE GUERRE :  «... grâce au succès du racisme révélé par la percée durable du Front National confirmée par les élections européennes de 1984 et par des faits divers racistes spectaculaires, une nouvelle approche de l’antiracisme est apparue. Il fallait prendre part au débat de plus en plus passionné sur l’identité française menacée par l’immigration. L’émergence brutale de SOS racisme en était la matérialisation la plus spectaculaire». «Selon Julien Dray, il fallait «jouer à fond la carte cathodique» avec les parrains Bernard-Henri Lévy et Marek Halter. Fin de toute lutte de classes, place à «la solidarité interculturelle et à la fraternité sans rivages» avec concerts musicaux. Exit l’extrême gauche et la gauche: «l’une, nettement affaiblie, ne jouissait plus d’une audience suffisante et l’autre, investie dans les sphères du pouvoir, avait une marge d’action limitée». Au moment de l’effondrement du bloc de l’Est - que ne prend pas en compte Y.Gastaut - la comédie de SOS racisme s’émousse, pas seulement à cause des révélations sur la tambouille peu odorante des Harlem Désir et Julien Dray (cf. les révélations du livre de Serge Malik, Histoire secrète de SOS racisme) mais par le repli communautaro-religieux qui naît des nouveaux clivages impérialistes: «L’hostilité des associations de jeunes issus de l’immigration s’estimant délaissées (sic comme lors de la première vague antiraciste...), les contradictions fâcheuses dans les prises de position à l’occasion de l’affaire du foulard en 1989 ou la guerre du Golfe en 1991 (...) l’incapacité à définir les contours du projet de société étaient autant de causes de fléchissement».«Le projet de diaboliser le Front national et de faire reculer l’intolérance n’avait réussi qu’imparfaitement (...) L’antiracisme, faute d’idées neuves, se contenta de développer un combat contre le Front national avec des associations telles que le Manifeste contre le Front national, Celsius ou Ras-le-Front».
L’auteur s’appuie en conclusion sur la dénonciation de René Gallissot dès 1985 (il ne lisait pas la presse maximaliste de l’époque qui se moquait mieux encore de l’antiracisme du point de vue de classe), cf. son essai: «Misère de l’antiracisme», en 1992 Le Nouvel Obs: «L’antiracisme a-t-il échoué?» 5 mai 2015. Sur le rôle impérialiste de BHL en Bosnie il doit  avoir des articles et aussi sur le site du CCI.

UNE IDEOLOGIE TYPIQUE DE LA PETITE BOURGEOSIE qui a mué du rose bobo-socialo au vert anar-libéral mais gris pour l'avenir
(ajout du 30 juin)


Les Verts sont régulièrement moqués par Zemmour, et en général il le fait bien. Nous avons bien affaire à une nouvelle bande d'apparatchiks mais qui ont conservé le sectarisme de leur formation de jeunesse trotskiste ou staliniste. Si on laisse de côté ses obsessions identitaires et ses non solutions franchouillardes, le constat est criant de vérité. La longue notice de Wikipédia décrit assez bien l'historique et les mutations de l'idéologie écologique qui, sur le fond, est typiquement une idéologie petite bourgeoise qui oscille entre retour à la terre et mise au rebut de toutes les avancées industrielles du capitalisme. Je reprends ici une des phrases les plus significatives de cette description de l'idéologie bobo, qui confirme leur mépris de la classe ouvrière :
« Ils dénoncent régulièrement le fait que les plus pauvres sont les toutes premières victimes de la dégradation de l'environnement alors même qu'ils en sont souvent les derniers responsables ».
Zemmour nous rappelle justement la forfanterie de Terra Nova. Quant au représentant de la haute, Macron, il a compris qu'il ne peut pas intégrer la plus scandaleuse proposition des 150 bobos réunis, celle qui contraindrait les bobos à se limiter à 110 km/H, leurs 4X4 crossover des Yvelines et du 93 ne le supporteraient pas.

« Ce sont les électeurs des métropoles. Quel est l’électorat de la gauche dans les métropoles ? C’est ce qu’on appelle les bobos » dit Éric Zemmour qui est lui-même un bobo de droite: « C’est-à-dire les gens qui sont plus jeunes, diplômés, qui ont un salaire correct, qui ont un certain mode de vie, qui pensent que l’existence c’est manger bio et rouler à vélo, qui pensent que l’immigration c’est les livreurs Deliveroo et […] qui ne savent pas vraiment ce qu’est l’histoire ».
Conséquences de ce vote minoritaire: « Quand on regarde ce qui se passe à Grenoble, à Paris, les Verts au pouvoir ça veut dire : beaucoup de logements sociaux, pour les familles immigrées, beaucoup de subventions aux associations féministes, LGBT et pro-immigration et un laxisme pour les trafics notamment de drogue qui fait ressembler, par exemple, la ville de Grenoble à Chicago »

Cette nouvelle bureaucratie écologiste est une resucée du conclave bourgeois Terra nova, une nouvelle incarnation de la gauche bourgeoise mais Zemmour oublie de mentionner la disparition de son ancienne définition rose bonbon et stalino-étatique. « Il y a quelques années, Terra Nova, qui était le cercle de réflexion proche du PS, avait recommandé au PS d’abandonner l’électorat ouvrier et populaire blanc pour le remplacer par une alliance composite de féministes, de jeunes femmes diplômées des grandes métropoles, d’enfants de l’immigration et de bobos» ; « C’est exactement l’électorat des Verts. Les Verts sont des multiculturalistes assumés, des immigrationnistes assumés, des sans-frontièristes assumés, ils ont souci de la nation française comme de leur dernière éolienne. Il y a une alliance composite entre tous ces gens qui est derrière le vote vert»

Derrière le derrière vert, il y a surtout la bourgeoisie qui ne veut pas entendre parler de fin du capitalisme ni de révolution prolétarienne, et qui fait son marché parmi tous ces carriéristes. Il faudrait étudié aussi précisément l'écologie nazie pour voir ses étranges ressemblance avec l'écologie démocratique, comme nou y invite Herbert Marcuse.

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