"« C’est
une décision impopulaire et j’entends les mécontentements mais il
faut relativiser : en région, les automobilistes
parcourent en moyenne 40 kilomètres par jour. Par une règle de
trois, on voit que l’abaissement de la vitesse à 80km/h ça
représente deux minutes de plus par jour. Ça ne mérite pas les
coups de sang qu’on a vus ».
(mai
2018)
"J'assume
parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle
de l'essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation
du travail" (5 novembre 2018)
« Si
je ne baisse pas culotte, on va me couper les jambes » (la
semaine dernière)
"Quand il y a de la haine, c'est qu'il y a aussi une
demande d'amour"
(le
grand délirant de l'Elysée, d'après le JDD, 9 décembre 2018)
« Je
pense que les français ça n'existe plus ».
Daniel
Cohn Bendit (France 2, 9 décembre 2028)
« L'écologie
n'est qu'un prétexte pour trouver de l'argent »
Un
prolétaire manifestant.
UNE RAFLE MATINALE DES MANIFESTANTS DE PROVINCE
Pour
cet acte IV la stratégie de dramatisation par l'Élysée visant à
séparer les casseurs des Gilets jaunes "raisonnables", a
porté ses fruits en faisant emprisonner d'abord des manifestants qui
n'étaient pas des casseurs. L'arrestation massive de centaines de
simples manifestants avant qu'ils n'aient mis le pied sur le sol
parisien, totalement arbitraire, a servi toute la journée à
justifier ce gros mensonge : « D'ampleur inédite, les
interpellations et fouilles préventives ainsi que la présence
massive des forces de l'ordre ont permis d'éviter un nouveau
déchaînement insurrectionnel à Paris ». La plupart de
celles et ceux qui ont été arrêtés, et curieusement en majorité
le soir avec un simple « rappel à loi » n'étaient pas
venus pour « déchaïner une insurrection », ni ce brave
Coupat qui voit sa GAV prolongée comme si sa seule présence avait
eu un quelconque intérêt pour les gilets jaunes. L'Etat a
l'habitude de fabriquer des complots pour abuser l'opinion publique,
je peux vous en rappeler plusieurs et sous tous les présidents. A
coup sûr,nous dit-on curieusement dès potron minet, les dégâts
« seront plus étendus » que le samedi précédent. C'est
bon pour l'audience. Et les sondages.
La
police si zélée depuis le matin pour arrêter « préventivement »
les manifestants venus de province1
a laissé le soir les casseurs détruire place de la République
pendant de longues minutes alors que les télévisions d'Etat
filmaient tranquillement ces abrutis qui s'acharnaient à détruire
des vitrines... indestructibles. Les forces d'annihilation de toute
protestation sociale s'étaient livrées tôt le matin à de
véritables rafles de manifestants pas du tout casseurs mais pour
abonder sur leur nombre supposé pour alimenter la chronique de leurs
amis journalistes et ainsi prouver l'efficacité policière. Les
forces de maintien de l'ordre social ont bien fait « leur
boulot », et le spectacle de désolation des vitrines défoncées
et des véhicules incendiés une nouvelle fois de façon arbitraire
et un peu partout dans Paris et surtout d'une ampleur notable et
inédite en province, devrait suffire à inverser la tendance de
l'opinion mais pas assez pour que le roi des cons puissent caracoler
et oser se montrer dans son arrogance psychopathe sans baisser un peu
plus culotte.
Ce
constat que nous pouvons tous partager d'une victoire aux points lors
de ce quatrième épisode du nouveau piège de l'Etat, en tant que
prolétaires indifférenciés, ne doit pas cacher que cette
« dramatisation », qui m'a aussi impressionné - a servi
à masquer le vent de panique qui a soufflé dans les allées du
pouvoir ; les centaines de godillots parlementaires du roi ont
désormais peur, physiquement peur ; il est vrai qu'on a
rarement vu de tels élus faire autant acte de servilité pour
soutenir au prix de n'importe quel argument d'épicier voleur les
attaques meurtrières d'un gouvernement capitaliste contre les
couches d'ouvriers les plus pauvres et des artisans au bord de la
faillite. Jamais autant que ce coup-ci le mot « réformes »
n'avait signifié ATTAQUES ECONOMIQUES fardées de peinture
écologique!
Ce
maintien d'une quatrième manifestation à Paris était une erreur,
j'étais contre par peur des violences policières disprpportionnées,
ce ne fut pas le cas. J'étais contre surtout parce que je pensais
qu'il fallait temporiser et que le pouvoir ne cessait de rééditer
le même type de pièges et qu'à force il allait y réussir. J'étais
opposé à ce nouveau voyage de la province à Paris parce que nous
avons besoin de réflexion sur les lieux de mobilisations, de nous
demander comment faire avancer le mouvement, comment réagir aux
dernières offres de l'Etat. Tout cela se reposera mais hélas dans
des conditions de désorganisation et une expectative sur l'intérêt
de continuer, de plus face au retournement de l'opinion si bien
préparé. Enfin aussi, que le mouvement perdure, s'étiole ou
disparaisse, il faudra qu'il soit capable, tôt ou tard, d'affirmer
sa véritable identité2.
On
s'intéressera dans cet article au déroulé des événements de
cette quatrième journée d'affrontements de rue en ce qu'il révèle
la complicité des journalistes. On analysera cette obstination à
vouloir s'attaquer directement aux principales institutions centrales
de l'Etat tout en étant très humains sur le terrain des
affrontements. On examinera le type d'organisation des manifestations
de rue comme autrement concerté qu'en mai 68. On ne peut se passer
d'admirer enfin cette détermination de classe souterraine et
intraitable . Tous constats qui ramènent, convenez-en, la
réputation de mai 68 à un chahut d'étudiants romantiques. Sans
vouloir revenir dans une antique polémique qui agitait un vieux
mouvement révolutionnaire maximaliste - qui a agonisé par
incapacité théorique en restant en marge de cette révolte sociale
inédite - on se moque désormais de cette thèse qui imagina mai 68
comme « sortie de la contre révolution » et envisageait
la vraie révolution pour la fin des années 1980 ; ce qui
n'était pas forcément faux mais fût détourné par la bourgeoisie
par l'effondrement du mur du faux communisme. N'est-ce pas plutôt
maintenant la « sortie de la contre-révolution » où
certes, de nombreux petits bourgeois floués des promesses de
croissance macronienne sont fondus ou aux côtés de milliers
d'ouvriers, tout ce qu'il y a de plus ouvriers et non pas à
dominante estudiantine comme dans les moments les plus spectaculaires
de 68 ?
UN
MONDE A L'ENVERS
La
plupart des commentateurs n'y comprennent rien et ce pauvre Edgar
Morin avec. L'histoire a de ces subtilités ! Elle paraît
parfois revenir en arrière, singer le passé comme l'a si bien dit
Marx, comme si elle ne l'avait pas digéré. Pas besoin de rajouter
du mépris au mépris bourgeois en renvoyant des « révoltés
primaires » à l'étude de l'histoire du mouvement ouvrier
comme telle secte ultra gauche de salon le pédagogise.
On
aurait singé le passé de l'Occident médiéval3
parce que cela ne rentrait pas dans le schéma syndicaliste
révolutionnaire : mécontentement-grève générale-insurrection
des prolétaires rouges. Vision imaginaire et jamais réalisée dans
l'histoire. Si l'histoire vous semble bégayer c'est pour mieux
avancer. On a voulu nous faire croire qu'on était « en marge »
pour plus de soumission avec cette dédaigneuse compassion charitable
pour la misère des « petits blancs racistes » et autres
« fachos sans ressources ». On a toujours criminalisé
les « classes dangereuses ». En face, dans le camp de nos
ennemis, le choix du sigle « en marche » des pires
racailles financières du macronisme était bien l'équivalent du
miltaire : « en avant marche », mais les
petits soldats de la classe ouvrière ont déserté en masse, bien
que leurs frères du public se soient fait enculer par les syndicats
sans jamais se révolter. Le mot « révolution » qui
ornait les piles de livres invendus du Jupiter en carton-pâte à
l'entrée des supermarchés à la veille de l'intronisation de
l'incapable de l'Elysée, faisait plus écho à la « révolution
hitlérienne » qu'à notre belle révolution prolétarienne
historique. Les diverses sortes de despotes promettent toujours de
faire mieux que leurs prédécesseurs mais ils ne font que continuer
le vieux monde des oppresseurs. On devait attendre « la
croissance » pour « en partager les fruits ». Mais
de croissance il n'y a plus pour le vieux capitalisme « gaulois »,
même avec un despote qui s'est pris pour un empereur romain.
Certes,
le capitalisme n'avait-t-il pas eu de beaux jours encore au cours des
décennies qui ont suivi 68 ? Quand il n'en n'a plus et « ne
peut plus négocier » sérieusemnt désormais » !
Novembre-décembre 2018 est un écho bien sûr à 1968 comme le
salut du frère aîné à son jeune benjamin (celui de 68) :
- tu as fait des barricades pour « changer la vie », bravo, mais nous on pousse plus loin que ta romantique luxure, et pas spécialement avec des barricades, mais plus fort que ta courte grève généralisée pour bloquer toute l'économie bourgeoise et mettre à bas l'Etat !
Je
suis peut-être superstitieux mais je crois aux dates cycliques
couplées avec de graves crises économiques comme au XIX ème
siècle, si souvent égrénées par les révolutionnaires de l'époque
(1830-1848-1871), même avec un large spectre ; par exemple :
1918 – 1958 – 1968 – 2018 . 1918 est la fin de la guerre
provoquée non seulement par la glorieuse révolution d'Octobre mais
par la tentative révolutionnaire des soldats et prolétaires
allemands, qui, hélas, par son échec scella déjà le début de la
fin de la révolution mondiale. Etrange anniversaire faussement
patriotique par le délirant féodalo-mondialiste de l'Elysée en
cette année 2018, mais immédiatement ridiculisé par les
prolétaires en gilets jaunes, non syndiqués, qui ont respecté le
symbole de la flamme honorant les millions assassinés pour le
capital mais souillé le mausolée du facho Napoléon.
La
référence et la révérence à cette insurrection du prolétariat
allemand demeure au fond de notre cœur. C'est l'assassinat de Rosa
Luxemburg qui a signifié le début de la victoire à venir du
nazisme (cf. l'historien Husson). 1958 en France, la classe ouvrière
est ficelée par le stalinisme, la bourgeoisie sauve les meubles
grâce au coup d'Etat de De Gaulle pour éviter un autre coup d'Etat
de type fasciste dans la crise causée par la fin de la colonisation
honteuse ; une date qui vous paraît donc incongrue parmi les
autres, mais sans doute plus comparable avec la crise de 2018 où un
incapable type IV ème République a semé le chaos, et où Mme Le
Pen ne peut se la jouer Général Salan. 1968 parce que 1968. Et
enfin cette hénaurme fin d'année 2018, qui, outre un salut inverse
aux morts de 14-18 révèle d'étonnantes capaciétés du « mouvement
social », d'énormes potentialités et leçons pour le compte
du prolétariat, plus remises à jour – pourriture des syndicats et
partis politiques – que vraiment nouvelles4.
Les
leçons cumulées de toutes les expériences révolutionnaires du
long XXème siècle se retrouvent en filigrane dans ce mouvement si
modeste et si méprisé à ses débuts. On verra pourquoi il n'a pu
prendre que la forme d'une jacquerie en son début et se faire
ratatiner par des forces ennemies bien plus puissantes. On montrera
aussi pourquoi si Mai 68 avait comme toile de fond 1917 en Russie,
2018 ne pouvait que recourir à la toile de fond de 17895.
Un
scénario bien ficelé pour une nouvelle mise en scène moins ratée
Le
vendredi le ton « union nationale » avait été donné
par toutes les « chaînes », tout le personnel d'Etat
bourgeois, ministres et syndicalistes, et leurs supplétifs
journalistes et saltimbanques avaient été conviés à venir appeler
« au calme ». En vedette de l'appel au calme, la bonne
grosse petite commerciale Jacline Mouraud (la contradition du prénom
est sans doute pour faire plus chic) et un type en costard cravate,
le nommé Cauchy, genre VRP, eurent l'honneur et la gloire d'être
reçus par le premier commis quand d'autres envoyés des gilets
jaunes ont été refoulés dès l'entrée. Il y a des fois où on
comprend qu'il y ait des menaces de mort. On dénicha même des
personnages secondaires tel que le cancéreux Tapie (la voix d'un
grave malade a toujours plus de poids) et le comique troupier
Hollande pour relayer ce souci d'un ordre pacifiste qui ne se gêne
pas pourtant pour vanter le courage des brutes épaisses en
scaphandrier qui tabassent jeunes sans défense et manifestants âgés.
Pas de morts certes, mais combien d'estropiés grâce à ce
gouvermenent pacifiste et écologique et ces journalistes si
stigmatisateurs du désir de violence qu'ils ne comprennent pas
pourquoi ils prennent autant de coups de pied au cul.
Il ne
faut pas oublier non plus nos nouveaux psychologues-flics, les
« experts en mouvements sociaux » qui ont remplacé
partout le matin des représentants plus ou moins louches des gilets.
Dès six heures, alors que le décor est planté sur toutes les infos
– caméras déjà braquées sur le théâtre de la place de
l'Etoile – un spé.mouv.sociaux explique sur France info que sur
les réseaux on peut dire n'importe quoi, ce qui est affreux... quand
on voit les godillots du gouvernement radoter que « l'exécutif
est ouvert au dialogue ». En effet l'exécutif était « à
l'écoute » depuis trois semaines en promettant d'écouter
quand il en aurait envie, maintenant il dialogue... avec lui-même.
Le spé.mouv.soc émet donc le vœu d'une réforme permettant de
« canaliser » les réseaux comme les syndicats canalisent
en défilés charentaises les manifs depuis 50 ans ; et l'on
sait toute la subversivité et la dangerosité d'une manif CGT. Autre
gugusse appelé à prêcher un calme « citoyen », l'époux
de la mère Le Pen, il manquait donc hier soir au panel des
pacifistes soutiens au gouvernement ce RN, c'est qu'on suppose qu'il
a main-mise sur le mouvement ou plutôt qu'on souhaite qu'il se
montre tel qu'il est... comme eux contre cette fable romantique d'un
éventuelle « inutile » insurrection contre « nos
institutions ».
Ignorer
les « colistiers politiques » du FN serait une erreur à
l'heure qu'il est ; on laisse de côté les « insoumis »
car il faudra bien qu'un parti bourgeois de gauche se prête à
représenter, même son gré, un mouvement qui échappe à tous. Le
RN est donc entré à son tour dans l'union nationale contre les
casseurs.
Les
gilets collabos dits « gilets libres » -car tous les
philosophes comme le traître permanent Cohn Bendit et Luc Ferry ont
décrété que les gilets jaunes étaient totalitaires - ont déjà
bien appris la leçon pacifiste à infuser aux gilets. La veille la
bonne grosse Jacline avait pris le ton outré de la maîtresse de
maternelle : « ça suffit comme ça, allez donc
discuter avec vos maires (sic) et vos députés qui n'attendent que
de dialoguer avec vous ».
En
effet ne faut-il pas constater que ces milliers de manifestants sans
tête ignoraient volontairement que le gouvernement des très riches
était à leur écoute et que les élus politiciens divers avaient
toujours leurs permanences béantes pour noter le fouillis des
doléances « protéiformes ». BFM, principal média
d'infos gouvernementales, reprenait le même appel au peuple dès
potron minet samedi matin, annonçant cette nouvelle stupéfiante :
les mairies jusqu'aux plus petites villes sont ouvertes ce samedi
matin – qui ira jusqu'à répéter que les fonctionnaires sont des
fainéants, hein ? - « les maires doivent se faire le
relais de la souffrance ». Mieux encore les élus locaux vont
aller au devant des manifestants, sans peur de se faire casser la
gueule comme leur guide Macron ?
Le
feuilleton est déjà scénarisé. Une caméra dans un car venant de
province. Filmage des premiers gilets sur les Champs fouillés
systématiquement au corps (ce qui est humiliant mais fait plaisir
aux bourgeois journalistes) ; zoom sur les dépouillés de toute
protection qui remontent l'avenue ; Castaner avait déclaré son
souci de protéger les manifestants … contre eux-mêmes sans doute
et pour leur faire inhaler des gaz lacrymogènes certifiés
écologiques et énergisants. On ne comprend pas encore que les
mesures « préventives » sont une rafle arbitraire. La
stratégie des flics est dite « défensive », de la même
manière que naguère le ministère de la guerre fût renommé
ministère de la Défense. C'est typique de la novlangue bourgeoise
depuis longtemps, il faut comprendre le contraire de ce qu'ils
affirment. Les flics en réalité entrent toujours au contact et ne
se gênent pas pour alpaguer et tabasserqui ils veulent de préférence
hors de ces portables-caméras qui pullulent désormais avec on peut
tout voir sauf les manipulations du dit « Exécutif ».
Outre les vraies armes létales qui les accompagnent toujours, ils
disposent d'un successeur au flash-ball aux effets terribles, le
lanceur de balles de défense de 40 mm.
« On
va essayer d'intervenir sur les différents théâtres
d'affrontements, d'interpeller le plus rapidement possible les
meneurs et les casseurs pour faire en sorte d'étouffer ce type de
rassemblement", détaillait Denis Jacob du syndicat Alternative
Police ». « L'exécutif craint une alliance entre
ultradroite, ultragauche, "gilets jaunes" les plus remontés
et jeunes de banlieue, dont certains se sont livrés à des pillages
samedi dernier dans la capitale ».
Pas
de problème, la diffusion sur toutes les chaînes des images des
pillages sans gêne par les racailles de la région parisienne sera
le meilleur argument pour baisser les faveurs de l'opinion pour les
gilets jaunes, certainement pas pour la plupart des ouvriers et des
artisans, souvent majoritairement retraités qui, sur les lieux de
blocage, sont déterminés à «continuer le combat » plus
séreusement qu'en 68.
L'EXECUTIF
OUVERT AU DIALOGUE A COUP DE MATRAQUES
Dès
six heures du matin, toutes les caméras étaient déjà braquées
sur le périmètre de l'Arc de Triomphe. On était déjà nombreux
sur les réseaux à dire : « n'y allez pas c'est encore un
piège, faites demi-tour ». Dans le domaine visuel officiel, on
nous resservait à l'écran les vrais « jaunes » (=
traîtres et cocus) la mère Jacline Mouraud et le costard cravate
Cauchy comme petit déjeuner pour rester chacun chez soi et éviter
le drame, pas terrible ! Depuis plusieurs jours on nous faisait
tous trembler à la perspective de « plusieurs morts »,
redoutable ! L'argument avait deux usages : restreindre les
voyages à Paris en car Macron et justifier la mise en application
réelle de l'état d'urgence, sans le qualifier ainsi. On se serait
cru au front à Verdun. Des équipes renforcées auraient été mises
en place préventivement dans les hôpitaux, dispositif mis en place
par la direction générale de la sécurité. Nouvelle Croix rouge
post 1914 ? Quand la bourgeoisie a peur, elle aime tant
communiquer cette frayeur à l'ensemble de la population.
Le
reporter de BFM dans un car de « gilets jaunes »
provinciaux sondait ponctuellement un gilet jaune du genre sage qui
avait même intégré des prévenances depuis les réseaux :
« on ne va plus aller sur les Champs Elysées » ; il
ajoutait aussi une remarque touchante : « à la descente
du bus on va faire un vote à main levée pour savoir où aller ».
Sur le plateau, l'éditorialiste Barbier, l'écharpe rouge à Carla
autour du cou, remarqua que Macron est tellement décrédibilisé
qu'il ne peut pour l'instant pas reprendre la main et qu'il n'est pas
maître du calendrier. Un vieux gilet jaune était ensuite interviewé
à Marseille : « Je vis avec 650 euros par mois donc on
s'en fout de ce que va dire Macron et même de nouvelles élections ».
C'est un prolétaire qui vient de parler, ou même peut-être d'un
petit entrepreneur à la retraite et on s'en fout de sa situation
sociologique. Et ce qu'il a dit nous touche profondément.
Dès
9H30 le flic de plateau de BFM exulte. Il y a déjà eu trois cent
arrestations « préventives ». La Préfecture de police
pousse même la gentillesse jusqu'à nous exhiber le contenu de
certains coffres : boules de pétanque, marteaux, boites de
peinture. Le coup de l'ultra droite étant un peu usé concernant les
3 actes (séditieux) précédents, la bande à Castaner en a donc
inventé un autre : la présence d'activistes étrangers venus
de Belgique, de Hollande ou d'Espagne, voire d'Italie. Une constante
des premiers manifestants qu'on voit traîner, ils sont tout le temps
en train de se filmer. Nouvelle forme de militantisme personnalisé ?
Un
peu plus tard, au bas des Champs Elysées, le pigiste de terrain
tombe sur un héros de l'Arc de triomphe, qui était intervenu pour
sauver des coups un CRS à terre. Il proteste qu'on l'ait dépouillé
de son masque et de son citron : « on n'a plus rien pour
se protéger, mais on n'a rien à perdre ». En partant il
glisse : « j'espère que le CRS va bien ».
Sur
LCI on annonce que le périh est bloqué par une cinquantaine de
manifestants. Un journaliste zélé assure que cela ne va point durer
car : « les forces de l'ordre ont envie que la circulation
soit rapidement rétablie sur l'autoroute » ce souci du soudard
moyen le blanchit de toutes les brutalités auxquelles il se
livrera ; on espère que les automobilistes de ce samedi matin
leur en seront reconnaissant en faisant baisser l'indice de
satisfaction largement en dessous des 70% en faveur de ces terribles
gilets.
Sur
toutes les chaînes commence le laïus de la journée : il y a
deux catégories de manifestants. On a bien compris qu'il y avait les
casseurs et les cassés, les offensés et les humiliés ; ceux
qu'on protège en les privant de toute protection contre les gaz (car
le gouvernement a bien compris que tous les gilets jaunes sont
complices de casseurs mais ne veuelent pas l'avouer … par refus du
dialogie). Les affrontements sont encore localisés mais « de
petits groupes cherchent à entraîner les vrais manifestants ».
Qu'est-ce qu'un faux manifestant ? Apparemment un casseur
professionnel.
BFM
pense à donner la parole aux petits commerçants. On n'en trouve
aucun pour criminaliser le mouvement et demander à la police de bien
finir le travail. Ils répondent à côté : « va falloir
que j'aille faire mes courses sans métro ». Une autre
interview en province montre la solidarité d'un gilet jaune :
« On bloque les grandes surfaces pour pouvoir laisser
travailler les petits commerçants ». BFM veut nous confirmer
lourdement que c'est un mouvement « populiste ». On
minimise la présence des prolétaires. Le gouvernement tient à ce
que le mouvement garde une tonalité populiste. On a fait venir sur
France Inter le président des CPME : « les TPME craignent
de mourir, c'est pourquoi elles sont à 83% pour les gilets jaunes,
ec qui explique leur participation au mouvement ». Le
spectateur ultra-gauche de salon va forcément penser que 83% des
gilets jaunes sont composés de petits commerçants.
Flash
info directe de la police (du tout cuit), la véritable info en
direct qui élimine les fake news comme les enzymes gloutons. Photo :
un coffre de voiture avec casques de cycliste, gilets jaunes, boules
de pétanques et bombes aérosol, le matériel subversif saisi à
l'arrière de voitures immatriculées en province, qui est celui de
tout citoyen lambda en prévoyance de ses weekends sans soucis. Je
rappelle que le gilet jaune est obligatoire dans les voitures mais
pas les bombes aérosols jaunes.
LCI
nous annonce que le périph est à nouveau bloqué porte Maillot.
Derrière
l'image d'un quarteron de CRS faisant face à une petite foule qui
chante la Marseillaise sur LCI à 10H50, on entend un journaliste
policier de plateau prévenir qu'il y aura de nombreuses
interpellations6.
BFM botte en province pour en souligner le calme. On aperçoit les
premières interpellations ciblées par des flics en civil avec
brassard ; c'est la bac. La police la plus haïe par les jeunes
a été totalement réquisitionnée pour ramper derrière un mur de
CRS et s'emparer des plus agités. Les CRS frappent en généralement
honteusement des femmes et des hommes à terre et humilient les
lycéens, la gentille injonction du préfet de police de Paris en 68
n'a jamais été un quelconque code d'honneur pour le métier de
cogneur « professionnel »7.
Le
nombre des arrestations à l'hameçon bac va croître toute la
journée jusqu'à dépasser les mille pour toute la France, entre 600
et 700 à Paris. Une rafle « préventive » jamais vue en
tant de manifs parisienne. Une dizaine de commissariats pouvant en
accueillir jusqu'à 600 ont été réquisitionnés et vidés de leurs
clodos et dealers. Pour un nombre avoisinant les 2000, un camp
d'internement a été préparé au nord de Paris. Quatorze points
sensibles face à des insurgés à Paris ont été placés sous
protection policière.
Les
interviews des pigistes des diverses chaïnes tombent à chaque fois
sur un os lorsqu'ils espèrent entendre désavouer les violences.
Celui-là trouve honteux le sort fait à nos vieux. Cette dame d'un
certain âge s'affirme pacifiste, elle n'a pas envie « d'accabler
les fauteurs de trouble ». Le pigiste de Cnews ne manque pas
d'air, en se retournant vers son caméraman : « Comme vous
le voyez les gens sont assez désolés de ce qui arrive ».
BFM,
comme les autre schaînes, a reçu des consignes gouvernementales de
traiter avec attention la diffusion des images afin qu'elles ne
servent pas à étendre la popularité du mouvement. Ainsi on
assistera à de fréquentes coupures, ne permettant pas de voir le
déroulement entier d'une action ou à des interviews tronquées. Le
baratin des spés en émeutes ou communiquants politiques en ultra
droite comme cette ordure de Boulouque pertubent franchement la
réception des images traitées de la sorte avec le mépris du
commentateur éloigné8.
Je coupe le son par moment lorsque les commentaires deviennent
franchement insupportables, policiers et avec ce pacifisme de brutes
épaisses qui observent à la jumelle.
A 11
heures, trois employés des pompes funèbres se pointent, il s'agit
du premier comique et de ses deux adjoins flics. Il nous faire rire à
gorge déployée en remerciant syndicats et associations qui ont
relayé son appel au calme. Il est aussi impressionnant qu'une
doublure de Clint Eastwood. Il lance le gimmick de la journée qui
doit réconcilier les français avec leurs institutions, et qui sera
le credo de tous les journaleux : « Que ceux qui
revendiquent ne soient pas mélangés avec les casseurs ».
Autrement dit : « le seigneur soit avec nous ».
Joffrin trouve que cette intrusion du premier ministre est un peu
précipitée. Nous on pense aux centaines qui s'entassent dans les
commissariats dans la saleté et l'odeur de pisse.
Cnews
fait cesser le ronron des commentateurs spécialisés et des flics de
plateau pour privilégier le sensationnel... dès qu'il y a une
vitrine pétée quelque part ou une charge des flics sur les
manifestants. On annonce déjà qu'il y a eu 494 personnes qui
croupissent dans les sinistres commissariats. L'optimisme règne sur
BFM, le flic de plateau trouve que les manifestants pacifistes ne
savent pas quoi faire depuis qu'on a alpagué la plupart des
(supposés) black blocs. Souriant il pronostique : « ça
va bien se passer ».
On
annonce que le périph est à nouvau bloqué porte Maillot.
Vers
14H20 les caméras sont rivées sur la rue Houssaye. On interroge un
manifestant qui répond : « C'est pas les CRS qu'on veut
voir, c'est Macron ». On assiste à un début de sit-in en haut
des Champs mais il ne prend pas. Il faut meubler les temps morts
comme aurait dit Guy Debord. Un BFM trouve : « … une
forme d'immaturité politique qui les empêche d'avoir des
représentants. Ils ne savent pas comment manifester ». Ce
journaleux à un côté pédagogue macronien. Une certaine Flore
Sondermachin, professeur émérite, « spécialiste des
mouvements sociaux » les méprisent sans le dire aussi
crument : « Aucun ne veut se mettre en avant. Ils se
refusent à endosser toute responsabilité. Cela ne peut donc devenir
qu'un feu de paille ». Personne ne lui objecte :
Madame un feu de paille qui dure quatre semaines, c'est un incendie
dramatique. Un autre se hasarde à prédire que Philippe sera le
fusible de Macron.
COMMENT
LES FLICS DEMANDENT AUX MANIFESTANTS DE SE LAISSER GAZER ?
Interview
extraodinaire d'un pompier en uniforme jaune avec la désormais
rituelle question piège des pigistes de terrain : vous êtes
désolé de ce qui se passe ?
« ...???
Nos droits sont bafoués. C'est comme une guerre. On a deux camps en
présence qui se tapent dessus et un gouvernement qui manipule. On
s'est fait gazer dès notre arrivée. On nous a retiré toutes nos
protections individuelles. Pourquoi ? On n'est pas des casseurs.
On nous a raketté toutes nos protections individuelles qui sont
normales pour tout manifestant pacifique puisqu'ils gazent
systématiquement les manifestations sans différencier casseurs et
manifestants. Il y en a qui refusent de venir manifester s'ils ne
peuvent garder sur eux des protections individuelles. Ils croient
aussi qu'on pourrait venir manifester à poil ? Les CRS
obéissent mais moi je ne cautionne pas leurs ordres. J'ai pitié
parce qu'ils font tout pour qu'on ne nous laisse pas nous protéger.
Cette attitude ne fait que monter la haine. Qu'ils retirent donc
leurs casques ! Ils nous ont parqué comme des animaux la
semaine dernière. On veut monter à l'Elysée et on s'est fait gazer
comme des chiens. Ils passent leur temps à étaler leur prétexte
écologique, nous ça va devenir un raz-de-marée ».
Le
journaliste de CNews remercie et face à la caméra lance la
conclusion de son ordre de mission, sans honte : « Vous
voyez ils se désolidarisent des casseurs ».
Pourtant
cette étrange notion de fraternisation comme véritable arme de
combat subversive va réapparaître sous ce comportement véhément
de nombreux manifestants (dont on évite de nous faire entendre la
teneur) ; tête nue, chauves pour certains (on imagine le coup
de matraque sur un crâne dégarni) vindicatifs nez à nez avec les
flics robocop. De leur part, il ne s'agit pas des vulgaires insultes
ou crachats des neuneus gauchistes anti-flics primaires. Je
m'attendais à plus de haine lors de cet acte IV étant donné
l'ampleur des arrestations au cours de l'émeute désordonnée du
samedi précédent, mais ce n'est pas l'élément dynamisant du
mouvement sauf la fixation sur le petit Macron. Choqués par la
honteuse fouille dont ils ont été l'objet, les prolétaires (ou
artisans et puis on s'en fout) d'abord exigent des comptes puis
demandent aux uniformes cagoulés de carrément ôter à leur tour
leurs casques style « guerre des étoiles ». Une petite
dame, qui vient pour la deuxième fois comme la plupart - preuve de
plus qu'il ne s'agit pas d'une jacquerie sans lendemain et que le
mouvement n'est pas peuplé d'étudiants ni de bobos inconstants - se
lance dans une explication étonnante. Un argument de type
fraternisation qu'on trouve généralement dans le mouvement ouvrier
et pas chez les bobos insurrectionnalistes9.
La petite dame explique ceci : les CRS ils vont toucher une
prime, et alors ? Comment ils vont faire ? On la leur
reprendra par les impôts comme à nous.
Cette
réflexion sera mise sur le compte de la naïveté intrinsèque des
gilets10
mais en réalité décoiffe tous nos insurrectionnalistes de papier
qui se rejouent la Commune de Paris à chaque manif sauf à ne pas
être parmi les fusillés en masse11.
Ce genre d'attitude qui, à mon avis, était assez général chez les
manifestants, plutôt adultes et plutôt âgés, ouvre une réflexion
sur une possible révolution qui limite les dégâts. On ne peut pas
ne pas être frappé par cette distorsion entre une armée de 8000
flics rien que pour Paris, harnachés, cagoulés comme il est
interdit à tout manifestant de l'être12
et cette masse de manifestants, prolétaires sans réserve pour la
plupart et armés de leurs seules mains. Le dépouillage de tout
objet de protection aux ordres des généraux de Castaner avait pour
but de rendre l'image de la terreur d'Etat de façon aussi crue :
des hommes et des femmes têtes nues face à des flics harnachés et
protégés comme des chevaliers du Moyen âge. On vit d'ailleurs un
escadron à cheval et des flics avec des chiens13.
Il ne manquait plus que Etienne Marcel se réincarne.
UN
DISPOSITIF POLICIER RIDICULE et disporportionné
On
compta souvent sur les gros plans dix policiers, dix photographes et
deux manifestants agenouillés. Si on estima en fin de journée à
dix mille le nombre de manifestants sur Paris, tout au long de la
journée c'était donc 8000 flics contre 8000 manifestants. Un flic
pour un manifestant. Inédit. C'est le journaliste Laurent Joffrin
qui fît la remarque le premier. La dramatisation au cours des jours
précédents, la possibilité de morts, qui nous inquiétait tant,
était contrebalancée par l'aspect ridicule de l'ensemble du
dispositif policier face à un nombre de manifestants modeste. Quel
décalage entre les intentions pacifiques et cette démarche
étonnante de fraternisation de la foule parquée dans l'avenue et
ces chiens mais aussi ces trois ou quatre engins blindés de guerre
repeints aux couleurs de la gendarmerie, d'un autre âge, et qui,
supposés impressionner la foule, la fît rire. Le conducteur qui
pilote l'engin ne voit rien à moins de 10 mètres, il lui faut un
collègue à pied pour le diriger afin qu'il ne commette pas un
massacre de piétons. On nous exhiba ces vieux machins rouillés ne
servant qu'à rouler sur des poubelles enflammées ! Castaner
s'était donné bien du mal pour aller étrenner ces engins avec
fixation médiatique dans l'urgence, à Villacoublay. L'Etat montre
des muscles... rouillés.
Ce
qui frappe lorsque l'on a coupé le son pour ne plus entendre les
commentaires débilitants des salauds comme le spé Boulouque, c'est
une absence de peur générale chez les manifestants. Fini les petits
rigolos bobos qui viennent s'amuser pour le fun de la castagne. Des
manifestants, certes minoritaires et majoritairement venus de
province, ouvriers et artisans, routiers et chômeurs, sont venus
demander des comptes à l'Etat. Ils ne sont pas venu pour palabrer en
cachette dans d'obscurs cabinets ministériels ou, d'habitude, les
intermédiaires corrompus les vendent à l'encan, non ils sont venus
demander des comptes au grand chef de toute cette smala
d'intermédiaires syndicaux et politiques. On leur avait déconseillé
de venir car « çà craignait, des lycéens seraient peut-être
tués avec des pères de famille de province » (moi-même
j'incitais à ne pas venir certain que ce serait « hénaurme »,
hanté par la Commune de 1871 comme si elle devait se répéter).
Déjouant
tous les pronostics, qui étaient en même temps la même forme de
menace de tirer dans le tas, si la foule avait été énorme, si les
débordements avaient pu approcher et saccager des centres du
pouvoir, ils sont venus tout de même par milliers ; au soir la
Préfecture voudra bien gonfler le chiffre jusqu'à dix mille.
Lorsque le prolétariat est dans le besoin vital il se fiche de toute
menace. J'ai lu sur les réseaux la veille de telles phrases chez les
plus obstinés à « y aller malgré l'interdiction de tous les
partis politiques » : « Mourir aujourd'hui ou
Mourrir de faim »14.
Le
mouvement déjoue encore la stratégie policière. L'armée mexicaine
des gilets jaunes n'est pas aussi stupide qu'on le croit en haut lieu
militaire. Elle remise au musée les territoires d'affrontements de
la phase III. Pour cette phase IV, elle ignore et ignorera la place
de l'Etoile où pourtant toutes les caméras ont été réinstallées
pour faire spectable et où une simple rangée de camions de
gendarmerie doit servir d'appât pour qu'ils reviennent souiller « le
sol sacré de la patrie » (quoique rangée déjà au musée des
horreurs impérialistes).
Les
stratèges policiers l'ont bien compris, quand on emprisonne les
hommes comme des rats, ils ont tendance à se répandre dans tous les
coins. Heureusement que les manifestants descendus ce coup-ci étaient
d'un nombre ridicule comparé aux manifs charentaises du 1er mai ou
de n'importe quel défilé gréviste moutonnier de la CGT avec ses
gros bras qui donnent aux flics les anars ploum-ploum ou si vous
voulez tel black bloc égaré, mais sont prêts comme Cohn-Bendit à
dénoncer tous les gilets jaunes comme complices de la police face
aux migrants.
Les
prolétaires sans service d'ordre, et qui n'ont pas beoin de service
d'ordre ni d'être encadrés comme des adhérents syndicaux, ne
donnent pas aux flics les « casseurs » (ni des migrants
cachés), par contre on les vit quelques fois interpeller ou arrêter
le bras d'un lanceur de pierre.
Toute
la matinée on entendit les journalistes se féliciter d'une manif
épurée des casseurs disons habituels (plutôt que professionnels)
mais, comme ils ne réfléchissent que pour le système qui les
rétribue, ils mentaient aussi en ne remarquant pas que cela
n'empêchait nullement les flics de gazer les manifestants
prolétaires pacifiques qui protestaient qu'on les parque,
indépendemmant du jet de pierre d'un casseur. Les journalistes
complétaient leur mensonge par des analyses méprisantes :
« voyez, les manifestants s'ennuient, ils ne savent pas
manifester...15
Mais ne ruent-ils pas dans les brancards pourtant qu'on leur a
imposés en bloquant à nouveau les rues le long des Champs ?
LCI remarque qu'ils refusent de rester statiques. Joffrin fait pas
mal de remarques plus intelligentes que ses confrères : « c'est
une toute petite manif si vous comparez à 95, mais le nombre ne
signifie rien dans la rue, là le mouvement est approuvé par la
majorité de la population ».
Les
quatre chaînes d'infos d'Etat rivalisent de fixation sur ce qui se
passe à Paris, dans l'attente de ces images flamboyantes plutôt à
la nuit tombée de boutiques saccagées et de véhicules carbonisés,
qui finiront pas émouvoir les braves gens scotchés par millions
devant leur écran plasma, afin de donner matière à indignation au
« restaurateur de l'unité française » qui attend,
tremblotant, dans son bureau laqué de l'Elysée et est senés
peaufiner un discours plein d'empathie et de regrets éternels... ou
pas du tout.
Le
mouvement se joue de toute diabolisation en termes d'image jusqu'au
début de l'après-midi. Les journalistes en plaidant encore pour
deux types de manifestants - les gentils et les voyous. Les gentils
servent à maintenir la popularité du mouvement mais en même temps
les exactions des voyous servent-elles plus le mouvement que le
gouvernement ? On le saura par après, ce soir ou demain.
Plus
rien ne se passe dans le monde que la fixette sur les boulevards
parisiens en feu. Les bandes qui défilent au bas de nos écrans
restent subliminales et perverses comme toujours, mais on apprend
incidemment, mais sans aucun lien explicatif de la part des obligés
du pouvoir, que 70 arrestations de gilets jaunes ont eu lieu à
Bruxelles. Il s'agirait bien d'un événement pas seulement national.
La
police est toujours présente sur les plateaux (de TV) soit par un
représentant de syndicat policier soit par un communiquant spé des
questions ultra subversives. Les journalistes se muent parfois en
porte-voix des flics. Ainsi en gonflant tel ou tel moment ils savent
qu'ils peuvent « rediriger » les manifestants vers une
autre impasse. Ponctuellement le blocage de l'autoroute au niveau de
la Porte Maillot a été débloqué, donc des renforts ne vont pas
être tentés d'y aller. Lorsque la Porte Maillot est à nouveau
bloquée par « une cinquantaine de manifestants », on ne
va pas y aller non plus, on peut se consacrer à d'autres lieux ;
tant pis pour le pauvre Eric qui avait tout misé sur le périph et
une invasion de l'Elysée.
Lorsque
depuis son pupitre l'animateur principal annonce « un afflux
vers les Champs Elysées », les portables font circuler l'info
et une partie des manifestants va venir à nouveau vers l'Elysée
avec la belle volonté insoutenable de prendre l'Elysée. Tout le
long de la journée, les journalistes donnent en priorité la parole
aux flics de plateaux, un satisfecit complet : « Globalement
le dispositif de la Préfecture de police est très solide. On
constate moins d'utilisation des lacrymogènes » (c'est
faux).
Sur
Cnews, un manifestant s'indigne de la stratégie de gazage :
« Si samedi dernier on n'avait pas gazé dès 8H20 ça ne se
serait pas passé comme ça. J'attends que Macron parle ».
LE
LARBIN COHN-BENDIT TENTE LE COUP D'ESTOC
L'Etat
a incontestablement bien géré une répression tempérée, sans
morts. Les images de l'acte IV n'ont pas eu le même impact
dramatique et spectaculaire de l'acte III. Il n'est toujours pas
possible à l'improbable restaurateur de la nation
(internationaliste) de se servir de ce nouvel épisode pour
diaboliser les gilets jaunes. Ses nombreux affidés ont reçu pour
consigne de trier le bon grain de l'ivraie, de faire patte de velours
avec les gentils, les poujadistes qui étaient à la manœuvre depuis
le début. Pari risqué. Dans une rue un orchestre précède des
manifestants.
En
termes d'images les gilets jaunes auront perdu une manche avec l'acte
IV face au déploiement policier spectaculairement efficace, avec des
manifestants ridiculisés comme dans des cages à poule. Enfin les
tonnes d'images de casse déversées toute la journée du dimanche
suivant, si elles ne motivent pas du tout une nouvelle marche
gaulliste à l'Arc de Triomphe, servent le dessert aux commentaires
indignés des officiels et de Iago16
Cohn Bendit qui vont porter un rude coup aux très bons sondages
d'opinions favorables aux gilets jaunes.
Le
dimanche soir Laurent Delahousse, journaliste connue un des meilleurs
cire-pompes du pouvoir, avait invité à un face à face Annie
Duperey/Daniel Cohn-Bendit. Une actrice apolitique et un roublard
macronien. Cohn-Bendit a réalisé un reportage où il est allé au
devant des français de tout bord politiqueDCB est une icône des
boudoirs de l'élite bourgeoise17.
Delahousse :
"les français ça n'existe plus" |
- vous avez été à la rencontre de ces français...
- nooon, les français ça n'existe plus !
Questionné
sur les erreurs possibles de son chouchou président, Cohn-Bendit
modère la responsabilité de Macron. Par exemple sur la question
écologique il faut remonter à Chirac pour voir comment elle a été
négligée. Sur le fait que c'est des gens qu'on ne voyait pas,
Duhamel avait raison mais franchement cela ne touche que 20 % de la
population qui se sent hors du système !
Que
pensez-vous de ceux qui veulent sortir Macron parce qu'il y a eu des
dérapages ?
- c'est le syndrôme du premier de classe, bof il y a peut-être des choses qu'il n'aurait pas dû dire, on peut dire qu'il n'a pas été à la hauteur de sa campagne libérale et de la nécessité de nouvelles protections. Il faut qu'il fasse un geste social, qu'il lâche plusieurs milliards, et qu'il lance un nouveau contrat social comme a dit Le Drian.
Delahousse :
il a été mal élu ?
Cohn-Bendit :
c'est pas de sa faute !
Annie
Duperrey : il a été placé là par la finance
internationale...
Cohn-Bendit :
faut pas dire n'importe quoi, c'est les milieux français qui l'ont
choisi !
Voilà,
fermez le ban. Opposé à la fragile Annie Duperrey, au métier de
comédienne, sans culture politique, le vieux Cohn-Bendit peut alors
« descendre » les gilets jaunes qui ont dénoncé deux
migrants à la police lors d'un barrage. Car c'est certaiement à
tous les barrages que les gilets jaunes passaient leur temps à
dénoncer les migrants ! Membre de l'élite féodalo-capitaliste
des cites autonomes du nouveau monde sans patrie, Iago peut gommer
tous les français de la carte du monde, ils ne sont plus que des
« gens », exceptionnellement reconnus comme français
s'ils élisent un premier de classe français mais pas « gaulois »Il
est vraiment consternant de voir comment un Iago, simple valet de
Macron, peut venir débiter ses âneries sans risquer d'être
contredit par une gentille comédienne qui a dû se sentir humiliée
par le collaborationisme du vieux bourgeois.
EN
GUISE DE CONCLUSION PROVISOIRE
« ...un
système où la démocratie s'exerce actuellement sans le peuple ».
Jacques
Juliard
Sans
expérience politique le mouvement va en prendre plein la gueule s'il
continue sans s'organiser ni poser le problème de développer la
lutte contre le pouvoir autrement que par des blocages qui finissent
par énerver tout le monde. Il comprendra sans doute comment dans les
pires périodes de réaction, lors des défaites des grèves, la
bourgeoisie, même dénudée, peut dénigrer tout azimut, disposer de
ses milliers de journalistes, d'intellos de boudoir, de revues, de
magazines, de médias visuels et sonores pour salir, débiner jusqu'à
l'obscène tout mouvement de révolte contre l'injustice et le
désordre existant.
Ne
pleurons pas encore. Le temps de la réflexion est encore là. Il
faut se concerter pas pour organiser des queues de grève, des
actions individuelles clandestines, des vengeances contre les
personnes, mais pour rappeler les grandes convictions et bases du
mouvement : l'action hors des syndicats et partis pourris qui
vont venir se concerter et soutenir Macron, l'exigence de
transparence lors de toute discussion ou négociation avec les
pouvoirs. Enfin une capacité totalement inédite à paralyser
l'économie capitaliste au point que le Medef a dû intervenir pour
« recadrer » Macron18.
Savoir
se critiquer soi-même pour avoir été incapables de s'identifier.
Mouvement populaire mais incapable de se nommer autrement que comme
« classe moyenne » ou « mouvement citoyen »
quand ce sont les grands citoyens du monde, mais pas de la France
(qui n'existe plus), les Cohn-Bendit et tous les serviteurs lâches
de l'Etat, qui crachent sans vergogne sur nous.
Le
mouvement a pris la forme d'une jacquerie parce que le mouvement social ne peut plus lutter aux ordres de syndicats vendus au pouvoir et parce qu'il doit s'affronter à une forme de gouvernance verticale, féodalo-capitaliste dans le
cadre « internationaliste » européen qui abolit les
frontières seulement pour un ensemble de vieux pays capitalistes
riches et fait vœu d'ouvrir la porte à tous les anciens
colonisés qu'ils laissent dans la misère et dont ils exploitent les
richesses de leur sous-sol, en se foutant de s'occuper des classes
ouvrières locales. N'en déplaise au larbin Cohn-Bendit, les peurs
suscitées par la signature du pacte de Marrakech chez les
internautes ne sont pas la marque d'un racisme de « petits
blancs », mais la peur redoublée pour ceux qu'on a appelé les
« oubliés du système » de devoir rester encore plus
longtemps au chômage avec le grand remplacement salarial de ceux qui
prennent déjà leur place à moindre coût sur le marché du
travail.
La
féodalo-bourgeoisie « internationaliste » ne génère pas
seulement la misère mais ce mépris antiraciste, ce
multiculturalisme qui dissout tout le prolétariat dans le bonheur
d'un capitalisme non plus libéral – ou bien libéral seulement
pour les exploiteurs – mais féodal, totalitaire et générateur
d'une haine justifiée d'une élite pas simplement arrogante mais
coincée par la crise économique et mise à nue par le dégoût du
syndicalisme de collaboration de classes et l'ampleur prise par le
phénomène d'abstention dont le citoyennisme revendiqué par une
grande partie des gilets jaunes n'est que le radotage d'une partie du
programme démagogique de Mélenchon. La solution ne réside pas dans
une nouvelle forme de représentation truquée comme l'actuel système
parlementaire. Le référendum citoyen sur chaque question qui se
pose à l'Etat est une rêverie petite bourgeoise.
Le
mouvement se continue plutôt bien avec près de 140.000 participants
en Francelores du quatrième samedi - mobilisation désormais plus longue que celle de la jacquerie de 68 - mais comment oublier 2000 gardés à vue ?
Il faut savoir se replier momentanément. Le mouvement ne peut plus être catalogué « facho ». Ses multiples revendications sont plus proches du parti de Mélenchon que du RN, c'est à dire à dominante ouvrière avec des illusions citoyennistes. Les « insoumis » ne sont qu'un parti de bobos parisiens et la plupart des prolétaires en gilets jaunes ne sont pas prêts à les suivre, mais en tout cas on n'aperçoit pas de partis poujadistes à l'horizon pour récupérer.
Il faut savoir se replier momentanément. Le mouvement ne peut plus être catalogué « facho ». Ses multiples revendications sont plus proches du parti de Mélenchon que du RN, c'est à dire à dominante ouvrière avec des illusions citoyennistes. Les « insoumis » ne sont qu'un parti de bobos parisiens et la plupart des prolétaires en gilets jaunes ne sont pas prêts à les suivre, mais en tout cas on n'aperçoit pas de partis poujadistes à l'horizon pour récupérer.
Nous
n'avons rien à attendre des nouvelles promesses de Jupiter, qu'il
jette avec dédain une prime de plusieurs milliards ou pas, il est
obligé de par sa position dans le système de continuer ses
attaques. S'il enlève des taxes ce sera pour les réclamer ailleurs.
Il ne peut pas non plus être le père Noël sauf à braquer les
banques.
On
nous a annoncé qu'il ne négligeait plus les partenaires sociaux,
qu'il recevrait lundi tous les syndicats et les organes patronaux –
toutes ces crapules dont nous n'avons pas voulu qu'ils s'en mêlent
depuis trois semaines !
Voici
venue l'heure des négociations « entre eux ». En vérité,
ils n'ont jamais rompu les ponts. Nous n'avons que les réseaux
sociaux, instables, anonymes, eux ils sont toujours en contact par
téléphone, par délégation entre « partenaires »
d'Etat, sans un gilet jaune pour les filmer pour les potes des
réseaux. Nous avons tous été témoins de comment la CGT a
manoeuvré hier pour aider Macron à saboter la lutte à la SNCF et
aujourd'hui comment elle a joué double jeu avec ses dockers et ses
routiers, sans non plus un gilet jaune pour enregistrer les
tractations secrètes avec la ministre du travail ou celui de
l'Intérieur.
Ne
vous découragez surtout pas. Pas la peine de redoubler les blocages
en ce moment. Macron lâchera peut-être une prime mais il ne lâchera
pas sur le SMIC ni après demain sur les reversions de retraite. Sur
ce terrain c'est toute la classe ouvrière qui pourrait le faire
plier ou l'éjecter, pas les prolétaires gilets jaunes considérés
comme minorité, ou ploucs provinciaux, par l'élite... minoritaire.
Patience, dans leur crise capitaliste, ils vont automatiquement
recommencer à réformer c'est à dire à attaquer. Les plus grands
combats sont devant nous. Oui on en a marre de leurs gueules, oui il
faudra dissoudre cette assemblée de bourgeois cyniques et pourris de
fric ! Mais pas pour réélire une autre assemblée nationale
avec une majorité de RN et d'insoumis bobos,. Le problème d'élire
des assemblées du peuple réellement démocratiques et contrôlables
se posera certainement plus tard et au-delà des seules limites
nationales.
De
toute façon que Macron revalorise pas SMIC il saute, cela deviendra
chronique d'une destitution annoncée. On ne veut plus voir leurs
gueules ! Qu'on vienne plus nous dire que le mouvement ne
concerne pas la classe ouvrière !
NOTES
1Sous
prétexte de découverte de boules de pétanque dans les coffres de
voitures ou de cars, en réalité la plupart du temps il n'y avait
que des masques de protection ou des casques de vélos. Les
flics cherchent de plus en plus à afficher un nombre conséquent
d’interpellations. Pour faire du chiffre et pour pouvoir
«judiciariser» les débordements, des effectifs plus légers vont
au contact direct des manifestants. Cette mission est souvent
confiée aux brigades anticriminalité, des effectifs non formés au
maintien de l’ordre. La
police illégale s'est donc livrée à une rafle de manifestants
prolétaires mais nullement casseurs. Au soir, quelques uns furent
interviewés au sortir de leur garde à vue et dénoncèrent la
rafle. Une femme annonça qu'elle allait porter plainte avec son
mari pour arrestation arbitraire. Les flics avaient ordre de faire
du chiffre soit disant pour coincer les casseurs avant qu'ils ne
passent à l'acte, or le casseurs dormainet encore et ne se sont
pointés que dans l'après-midi !
2J'ai
dit dans un article antérieur que des franges de la petite
bourgeoisie tombent dans le prolétariat, j'ai été sensible à
l'objection de Xavier : elles ne tombent pas, elles se
paupérisent, elles viennent à côté du prolétariat sans
abandonner leurs orientations confuses et l'envie de reconnaisance
politique par le système.
3L'assimilation
est d'ailleurs plutôt flatteuse et a pu, à mon avis inspirer
Lénine dans la théorie du défaitisme révolutionnaire. Robert
Paris et Michel Olivier ont été parmi les rares à rappeler que
les jacqueries font partie du patrimoine internationaliste des
classes opprimées de l'histoire. D'ailleurs le triste héritier
d'Etienne Marcel, Macron s'est vu remise en cause de la même
manière après avoir voulu faire payer l 'écologie
capitaliste aux plus faibles. Extrait révélateur : « La
Grande Jacquerie survient peu après que les chevaliers français
aient été écrasés par les Anglais à Poitiers.
Le roi est prisonnier à Londres tandis que Paris est sous la coupe
d'Étienne
Marcel,
le prévôt des marchands. Les paysans ne supportent pas que les
nobles, qui ont lâchement fui devant les Anglais, fassent
maintenant pression sur eux pour leur extorquer de nouvelles taxes.
Ceux-ci n'en écrasent pas moins les Jacques
à Clermont-sur-Oise le 10 juin 1358. Les chefs des révoltés sont
impitoyablement torturés et exécutés. En dépit de ce drame, les
révoltes paysannes se renouvelleront les années suivantes,
notamment en Angleterre, en 1381, avec Wat
Tyler,
et en Hongrie ».
https://www.herodote.net/21_mai_1358-evenement-13580521.php.
On peut même dire que les jacqueries ont inspiré, dans la mémoire
collective, la révolution française du 18 ème siècle.
4Qu'on
me permette un modeste indice. Dans mes stats j'ai constaté un bond
des consultations de mon blog de deux éléments : l'article de
Colletivo 58 ohm qui n'est que l'article d'un individu (fort bien
écrit), et la maquette de mon livre de 2008 : « Dans
quel « Etat » est la révolution ?, même pas
l'article de présentation que j'avais publié sans doute à la même
époque ; la maquette qui indique : « La révolution
russe était la toile de fond de mai 68... La révolution des
besoins radicaux est possible, elle est indispensable ».
5Les
gauchistes et l'ultra-gauche de salon se sont laissé avoir par leur
prurit anti-drapeau singulièrement surexposé par les médias,
mais, comme d'ailleurs en 68, la référence à 1789 n'est pas
forcément dominante. Ainsi cette notice du Figaro:
« Bien
qu'inédit en France,
le mouvement emprunte beaucoup aux symboles historiques. Mai
68
est l'une des références fréquemment évoquée par les «gilets
jaunes». On la retrouve dans les slogans, dont certains citent
explicitement cette date, quand d'autres reprennent le style qui lui
est associé, comme dans l'exemple d'une pancarte visible ci-dessous
et qui reprend le
slogan
«je participe, ils profitent» associé à Mai 68 ».
6Tout
n'est pas faux dans les commentaires des « spécialistes des
mouvements sociaux », qui ont tous dû faire un stage dans la
police du renseignement. On voit clairement les tactiques des sectes
dites d'ultra-droite et d'ultra-gauche. (On aperçoit un instant
Dieudonné tout sourire entouré de ses gardes du
corps)L'ultra-droite se focalise sur le haut des Champs Elysées et
fait porter le drapeau tricolore par ses militants, mais ce fanion,
comme je l'ai déjà dit, n'a pas une signification délétère en
soi, il n'est pas un signe fasciste ; il se retourne même
contre ses utilisateurs ultra-droites lorsqu'il symbolise une
réaction nationale – et pas nationaliste - à la mondialisation
féodale macronesque, au mépris des habitants « gaulois »
de ce pays face au multiculturalisme « internationaliste »
qui est la mystification à la mode de Macron et du NPA, du pouvoir
et de ses bobos politiques. L'extrême gauche vient en général
plus tard et on la retrouve sur les grands boulevards. Besancenot a
dit qu'il y serait présent mais sans gilet jaune pout éviter de
faire récupération politique. Question caméléonisme ils sont les
meilleurs les trotskiens.
7«Nous
gagnerons peut-être la bataille dans la rue, mais nous perdrons
quelque chose de beaucoup plus précieux et à quoi vous tenez comme
moi : notre réputation. […] Frapper un homme à terre, c’est se
frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la
fonction policière ».
Maurice
Grimaud (Préfet de police de Paris, 1968).
8C'est
le cuistre le plus haineux qui ne cessa de cracher sur le mouvement
en l'expliquant comme une seule magouille de l'extrême droite, en
le qualifiant de « très faible mouvement social ». Un
banal macronien infiltré.
9Etait-ce
une léniniste infiltrée ou une simple retraitée de plain-pied
dans « l'horreur économique » ? On apprend par la
bande annonce qui défile en permanence, pour faire croire à la
permanence... de la désinformation, que le bobo Coupat a été
arrêté en possession d'un gilet jaune, cette nouvelle insipide,
qui n'est qu'un petit plus au milieu de la campagne anxiogène du
pouvoir, ne sert que d'allusion à la mouvance des inconsistants
anarchistes ; dans ce cas ce n'est plus lui seulement Coupat
qui est ridicule (et à la remorque des poujadistes), mais les flics
de l'ombre.
10Encore
un masculin de la lutte sociale, les féministes du NPA en se
penchant doctement sur ce mouvement « primaire », vont
féminiser le mot, quoique Gilette fasse rasoir ?
11Après
tout les CRS que d'aucuns nomment tout de même « fonctionnaires »,
à un peu plus de 2000 euros par mois, sont tout de même des
salariés sous l'uniforme. Jamais une révolution ni un changement
de régime politque important n'a vu une police « entière »
s'opposer ou se livrer à un massacre, en 1871 comme en 1919 en
Europe ce sont des armées de soudards qui sont nécessaires lorsque
les mouvements déstabilisent vraiment l'Etat. La police en
générale est une petite armée pour la paix civile pas assez
équipée ni coupée de la population en temps de « guerre
civile ». A la Libération en 1945, la majorité des flics
parisiens ont l'ordre de devenir résistants de la dernière heure.
Loin de l'idéologie totalitaire des gauchistes anti-flics primaires
on n'imgine pas possible une Saint Barthélémy des flics au moment
d'une éventuelle révolution prolétarienne ! La
fraternisation est une méthode applicable face à toute armée.
Dans la panoplie de la dramatisation les conseils d'appel à l'armée
ont faire les plus réfléchis. L'armée actuelle est impropre pour
une guerre civile, elle n'a ni l'expérience des méthodes de
contrôle évoluées des CRS français (un modèle que le monde nous
envie paraît-il) et même engagés la plupart de nos soldats de
métier ne sont pas sûrs en cas de guerre civile, ils restent des
enfants de prolétaires sous l'uniforme et ils ne vont pas tirer sur
leur père ou leur famille. Le fusil volé à un camion de
gendarmerie a servi à l'Etat et à ses offices journalistique à
accréditer un risque de guerre civile par des « factieux ».
Il est certain que s'il y avait eu des morts vu le nombre de
chasseurs en province et les deux millions de fusils à pompe
disparus dans la nature lors de la loi d'interdiction à la vente
d'armes dans les supermarchés, des représailles eussent été à
craindre contre les lieux d'habitation bien connus des flics et des
gendarmes (une député macronienne de Dordogne a eu sa voiture
brûlée ainsi que celle de son mari). Même si on a un psychopathe
à l'Elysée, les généraux des flics ne sont pas fous et savent
tout cela et bien d'autres choses que je préfère ne pas savoir.
12Cagoulés
surtout au moment de l'action. Parce qu'ils ont aussi une vie
privée, vivent aussi dans des quartiers éloignés de ceux des
riches, comme l'a déclaré un de leurs syndicalistes, ajoutant
qu'ils subissaient aussi la hausse du coût de l'essence ! Et
qu'ils peuvent par après, s'ils estropient ou tuent, recevoir des
visites à domicile comme les godillots d'En Marche.
13Dans
ma petite tête d'observateur j'ai un flash, je revois les cops US
lançant leurs bergers « allemands » contre les
prolétaires noirs en révolte dans les sixties.
14Quand
je cite je laisse intentionellement les fautes de l'auteur, qui
prouvent en même temps son authenticité et sa hargne.
15Le
pilier du magazine facho « Valeurs actuelles », François
d'Orcival, habitué des plateaux, et qui ne dit pas que des bêtises,
ne comprend rien à la situation faite dans une souricière :
« ça n'a aucun sens, ils vont en haut des Champs et en bas
des Champs ».
16Dans
la pièce de Shakespeare « Othello », Iago est un
personnage très machiavélique et puant.
17Il
fait partie de cette élite de classe bourgeoise qui occulte toute
place au prolétariat depuis ses débuts célèbres en 1968. Avec sa
posture morale de défenseur de l'internationalisme financier
macronien il n'abuse plus personne dans les « basses
classes », il est en train de devenir le petit bouffon d'Etat
le plus insulté sur le réseaux. Delahousse continue à l'inviter,
de toute façon on éteint la télé. Restez entre vous.
18Près
de 700 entreprises ont recours au chômage partiel. Le manque à
gagner pour les commerçants est déjà évalué à 400 millions
d'euros. Les
conséquences du mouvement
des «gilets jaunes»
sur l'économie française pourraient être très sérieuses. Cette
crise vient fragiliser la modeste croissance hexagonale - qui est
attendue en 2018 et 2019 par les économistes autour de 1,6 % -
en plusieurs points sensibles: activité des commerçants et des
hôtels-restaurants, confiance des ménages, attractivité et image
de la France pour les investisseurs internationaux, et à plus long
terme capacité du gouvernement à réformer le pays.
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