LE PROLETAIRE
n°507
L’article de
front arbore le titre à rallonge le plus long de toute l’histoire du
maximalisme bordiguiste. Il est un article à lui seul ! L’article
proprement dit dessous qui s’adresse « aux travailleurs de toutes les races et de
toutes les nationalités, est très bien construit et répond à une série de
pourquoi : pourquoi seule la lutte de classe peut résister, pourquoi les
générations actuelles ont perdu tout lien avec les traditions, pourquoi les
prolétaires sont en concurrence permanente. Hélas la conclusion, bricolage
amateur et généraliste de mots d’ordre poussifs et abstraits, flanque tout par
terre :
-
Lutte contre la concurrence entre les
prolétaires ! (pourquoi pas lutte contre la mauvaise ambiance au boulot ?)
-
Lutte contre le chômage et le travail au noir !
(tout le monde lutte contre le chômage indistinct, même gouvernement et
patronat, et faut-il remplacer les flics dans la « lutte contre le travail
au noir ? », moralisme d’instituteur ?
-
Union des chômeurs, intérimaires, saisonniers et
travailleurs plein temps entre autochtones et immigrés ! (faut-il vous l’envelopper
dans du papier journal madame ou le verser dans votre panier ?)
-
Vive le premier mai de lutte, vive le premier
mai classiste ! (ébé oui vive le premier mai du barnum syndical et des
confettis des aristocrates bien nourris !)
-
Pour la reprise de la lutte de classe dans tous
les pays ! (c’est à souhaiter car c’(c’est à souhaiter car c’est global et
çà ne coûte pas cher de l’énoncer)
-
Pour la reconstitution des organismes classistes
de défense prolétarienne ! (quel charabia pour redonner verdeur au
syndicalisme rampant !)
-
Pour la reconstitution du parti communiste fort
et compact, organe indispensable pour la révolution prolétarienne ! (le
parti n’est pas un DVD !)
La critique
des avortons du gauchisme comme la Tendance (pas) Claire du NPA qui s’est
couché dans le FdG de Mélenchon, tape juste. Ces cuistres, en s’emberlificotant
sur le désir de rupture avec l’Europe, la répudiation de la dette, etc. ne
rompent pas avec l’idéologie de la gauche bourgeoise et ne peuvent être ni
devenir révolutionnaires.
Qu’est-ce qui
a motivé l’article le plus long de toute l’histoire du maximalisme dans un
journal à huit pages sur une « boite » (il est présent sur 4 des 8
pages !) : « RENAULT-CLEON : Les métallos entre le marteau
patronal et l’enclume syndicale ». Les bordiguistes croient-ils encore à
la théorie du bastion usinier qui va mettre le feu à la plaine comme l’usine
Poutilov en 1917 ?
On commence
par souligner l’attaque sur les emplois comme à PSA. On perd beaucoup de temps
à citer en long et en large les déclarations des bonzes syndicaux, alors qu’on
pouvait raccourcir efficacement en passant tout de suite à la dénonciation et
identification des factions gauchistes et néo-staliniennes qui cornaquent la
CGT de l’usine : NPA et Action Communiste, scission locale du PCF. On nous
décrit avec précision le bestiaire de la galaxie des débris staliniens (Rouges
Vifs, PRCF, etc.) tous « nationaux-réformistes », non pour leur
propagande en faveur des nationalisations mais parce qu’ils passeraient du
chauvinisme au racisme : « … A.C. franchit allègrement, comme un
vulgaire groupe d’extrême droite, il s’élève contre « la démagogie
sans-papiériste qui apporte de l’eau au moulin de l’exploitation capitaliste »
(Ascenseur pour les fachos » 17 novembre 2011). Reconnaissez que A.C. sur
ce plan a de l’humour et frappe juste quand nos bordiguistes, courroucés,
restent alignés sur une préférence immigrée exaucée par le parti gouvernemental
et toutes les pleureuses du gauchisme convivial et ouvert à toute la misère du
monde pourvu que d’autres s’en occupent.
Autrement il
est juste de constater que la politique du NPA sous l’affiche anticapitaliste n’est
que : « le bon vieux réformisme qui rêve de revenir à l’époque de l’Etat-providence ».
Vient le tour
de LO, décidément à Cléon c’est la cohue gauchiste, et son avorton L’Etincelle,
intégrée au NPA : « Au final, l’Etincelle avance une explication
réformiste de la crise couplée avec des « mesures d’urgence » d’aménagement
du système capitaliste et des fumisteries comme le « partage du travail »
et « l’interdiction des licenciements » par l’Etat bourgeois ! ».
Or nos bordiguistes défendent des fumisteries revendicatives du même ordre
comme vous l’avez lu plus haut.
UNE CONFUSION
DE GROUPES
Notre trimensuel
bordiguiste commet l’erreur de confondre Matière et Révolution (VDT, Voix des
Travailleurs) aéropage de militants sortis de LO et venus rejoindre Robert
Paris sur son site et leurs frères ennemis la Fraction L’Etincelle
(voiture-balai des vieux fondateurs exclus de LO) qui s’oppose aux précédents
sur la nature de LO : cet organisme ne serait pas bourgeois selon eux. La
confusion gêne donc l’appréciation du rôle de ces groupes dans le « bastion »
Cléon. A ma connaissance, c’est Matière et Révolution qui est le plus dur
contre les syndicats. Les deux groupes qui vivent dans un rapport d’amour-haine
restent des avortons de LO avec les mêmes limites politiques et intellectuelles
qui les conduisent aux mêmes « vieilles élucubrations réformistes » ;
on nous ressert le bulletin de Matière et Révolution du 11 janvier 2013 au
raisonnement cacahuète idem que LO : « les capitalistes désinvestissent
pour spéculer ». Le prolétaire tape encore : « Comme LO dont
elle est un avorton, M&;R offre ses bons conseils à la bourgeoisie pour
gérer au mieux ses entreprises ! ».
La fin de l’article
est impeccable sur l’effacement consenti et complice des débris du trotskysme
sous parapluie aristo syndical : « … ne pas laisser le mouvement
entre les mains des appareils syndicaux même dirigés par des « révolutionnaires »
qui n’ont pas un mot dans leurs journaux, tracts ou communiqués, pour mettre en
garde les travailleurs contre l’orientation des syndicats, de chercher la
solidarité et non pas des « clients » (…) La trahison des trotskystes
consiste en ce qu’ils ne permettent pas aux prolétaires d’éviter les pièges de
l’adversaire, mais qu’ils contribuent à les enfermer dans un collaborationnisme
« combatif » qui lie leurs intérêts à ceux de l’entreprise et qui les
place non pas sur le terrain de l’affrontement ouvert de classe, mais dans le
cadre légaliste de la « négociation ».
LA PREFERENCE
ISLAMISTE : un paternalisme politique hypocrite
Après sa
longue préférence immigrée, ce qu’il reste du PCI croit pouvoir faire la leçon
de comportement aux étroits « laïcistes » sous l’égide du vieux texte
de Bordiga de 1949 (Anticléricalisme et socialisme), alors que le contexte a
radicalement changé, que la crise entraine des déplacements massifs de
populations fuyant la misère, mais inintégrables aussi souplement que par le
passé. En somme, à l’unisson de la campagne bourgeoise contre ladite
islamophobie, nos bordiguistes prennent la défense d’une des religions les plus
arriérées, à l’instar du NPA qui, par démocratie et bêtise, avait tenté d’introduire
le voile dans les urnes. L’article commence mal, tarabustant gauche et extrême
gauche pour leur agressivité contre l’enseignement catho par le leur contre la « loi
Debré ». Nos bordiguistes bigots défendent l’école réac catho pour mieux
défendre le droit à l’intégrisme vestimentaire musulman ! Evidemment
gauche et gauchistes vivent dans le péché en défendant au même rythme la
République bourgeoise. Mais c’est avec l’affaire Baby Loup que le paternalisme hypocrite
du PCI s’étale. LO a raison de déclarer que l’autorisation du voile dans les
crèches « donne des armes aux obscurantistes » et à ce « symbole
d’asservissement des femmes », même Bordiga serait d’accord avec LO sur ce
point aujourd’hui. Il est faux de dire que c’est une manip du premier flic de France qui se sert des "licencieurs" gauchistes d'une pauvre provocatrice bigote.
Le PS a toujours louvoyé et louvoie encore sur la permissivité pour le folklore musulman (dont les travailleurs coranisés sont très nécessaires au Capital français) puisque rien n’est tranché et que
les magistrats ont redonné raison à la voilée dernièrement.
Avec leur
vision strictement économiste et trade-unioniste de la lutte de classe, les
bordiguistes auraient proclamé que Dreyfus devait attendre sa libération « de
la lutte contre l’exploitation et l’oppression bourgeoise ». C’est bien
joli de se démarquer des « croisades laïques » mais encore ne
faudrait-il pas cautionner les « croisades intégristes », qui se développent
elles y compris sur les lieux de travail où la chanson « combattre
uniquement sur le terrain de classe » se brise sur les divisions
confessionnelles et les salles de prière. Stratégie anti-laïque et antiraciste
de l’auguste bourgeoisie américaine.Comme il se doit.
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