"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

mercredi 4 février 2015

LES INTELLOS VAGABONDS TAISEUX ET PETEUX


Au mitan des années 1970, lors d'une discussion avec un camarade de R.I. dans la cour de l'Eglise de la Porte de Choisy où se tinrent tant de réunions politiques des groupes maximalistes, je me souviens de cette réflexion: "Quand la lutte de classe refait surface ou au moment d'un grand événement, on n'entend jamais les modernistes petits bourgeois". Sage réflexion historique par exemple lors des tristes attentats autour de Charlie Hebdo. Les modernistes et divers négateurs ou fossoyeurs du prolétariat, comme les chauve-souris, ne volent que la nuit. Vous avez eu la prise de position rapide et franche des bordiguistes, de l'ex-fraction du CCI, de Robin Goodfellow, du CCI, etc., des divers lutteurs du prolétariat pour, malgré les divergences, l'affirmation d'une politique de classe et la nécessité du parti internationaliste, et surtout une démarcation politique communiste franche d'avec la commisérable union nationale. Nous sommes là dans le domaine de la politique du domaine du mouvement ouvrier, qu'on l'approuve ou la déprouve, qu'on l'aime ou pas. Dès le jour des attentats le GIGC (ex fraction du CCI) avait pris position brièvement contre le terrorisme mais comme simple produit des rivalités impérialistes. Le PCI dénonçait à son tour la guerre sous-jacente et les guerres de religion. Le CCI faisait référence à la décomposition capitaliste comme explication centrale mais en pointant la pointe émergée d'une étrange mouvance en banlieue et pour dénoncer une odieuse récupération démocratique. La prise de position la plus intéressante, la plus fouillée était celle de Robin Goodfellow qui se haussait à la taille d'une responsabilité de parti: regret de l'absence d'une prise de positions communes des minorités marxistes ou approchant, refus de l'identification simpliste du djihadisme au fascisme, dénonciation de ce courant religieux qui divise le prolétariat, dénonciation de cette "contre-culture islamiste" et son "folklore guerrier", dénonciation d'une religion qui a vocation à soumettre le prolétariat, refus d'identifier prolétaires arabes à croyance musulmane, dénonciation de la fausse démocratie, de ses forces sécuritaires qui pourront servir pareil demain mais contre le prolétariat, fustigation de l'hypocrite unité nationale de circonstance.

Par contre, silence radio, silence gêné, silence bizarre de toute la ribambelle des donneurs de leçon de
morale antiraciste et antifasciste, dont les boutiques s'affichent sur mondialisme.org: Cercle social/Echanges et mouvement/Ni patrie ni frontières/Temps critiques/Vagabondages (sic). Ce cartel de conseillistes chenus et d'ex-mao-trotsko-anars, transfuges ergoteurs de la morale multiculturaliste bcbg, rangés d'un terrorisme romantique carbonisé et cramés pour la politique ne prend pas position sur le drame du 7 janvier, pas plus que les provinciaux Vosstanie et La Mouette Enragée. Ils sont avant tout spectateurs nanarchistes. Un spectateur n'a pas d'avis à donner et on ne le lui demande pas non plus. De plus tous ces floués d'un militantisme doctrinaire, déclassés d'une croyance religieuse en une "multitude" prolétarienne qui s'est moquée de leurs "conseils", croient encore pouvoir jouer une fonction similaire à celle de l'instituteur de la IVème République: donner des cours de morale mais ne jamais se découvrir politiquement pour ce qu'ils sont: des porte-paroles complexés de l'idéologie dominante. Les spectateurs courageusement éloignés discutaillent de l'événement mais APRES-COUP.

Coleman, le plus pontifiant du cartel, lorsqu'il était petit regardait la télévision raciste – elle était en effet en noir et blanc – et se disait: "quand je serai grand, je serai Malcom X ou Malcom Z". Il est devenu Malcom zéro au service du barnum démocratique amerloque. Ses débuts en militantisme en 1970 consistèrent à dénigrer la RATP tous les dimanches matin à L'Hay les Roses comme démarcheur de la secte de Mlle Laguiller en faisant croire aux locataires qu'ils méritaient des transports gratuits. Il fût ensuite payé par la CIA pour introduire le ver dans LO: "la Russie est un capitalisme d'Etat"; cette perfidie rhétorique de l'impérialisme US, relayée par l'ultra-gauche négationniste, fût heureusement expulsée par les vaillants défenseurs de l'Etat ouvrier dégénéré. Coleman, dépité de ne pas être coopté au CC de la secte peu soucieuse du partage d'opinions, essaya de reconstruire un LO bis, bombardé Combat communiste qui ne dura que ce que durent les coquelicots. L'arriviste était dégoûté par la politique. Après une traversée du désert où il se fît barman et apprit à mener des conversations de bistrot, il décide, avec l'appui de maman, de monter sa petite affaire, une revue "sans patrie ni frontières" de classe. Il est l'homme qui va réconcilier marxisme et anarchisme. Mais sous le hautain concepteur de la synthèse perce l'anamnèse: mieux que son admiration pour la liberté de circuler des femmes voilées en pays anglo-saxon est sa propension à épauler l'Oncle Samuel dans son combat contre le mal "dictatorial" baasiste!

S'imaginant gourou fondateur d'une nouvelle secte, il va arpenter les manifs pour répercuter une bonne parole qui n'a pourtant pas besoin de lui. Au début des années 2000 il diffuse un tract intitulé "Saddam, tortionnaire du peuple irakien", soufflant comme tant d'autres trotskiens bâtards dans les cornes de brume de l'armada ricaine. De gabarit moyen (1M83) il est pris à partie par des grands frères de banlieue (on dit "sauvageons" à l'époque) et insulté de façon grossière par ces lumpen de banlieue secondés par des dames patronnesses de la gauche caviar et verte. Encore terrorisé, après coup sans coups, il geint: "cela m'a rappelé les manifs entre les deux tours de l'élection présidentielle pour la "démocratie chiraquienne". Echaudé et déçu notre gourou raté conclut: "il y a encore du pain sur la planche si l'on veut ranimer la flamme de l'internationalisme prolétarien". ( Il pleurniche pour cette "vieillerie", bientôt jetée aux orties, dans "A propos d'un petit bain de foule et de haine chauvine")

Quand l'impérialisme US révolutionne la liberté d'expression avec internet: chacun peut désormais tenir son propre journal et dire merde à la terre entière. Depuis les hauteurs de "mondialisme.org", il se prend pour le Napoléon de l'antiracisme et distribue bons et mauvais points en décomptant chaque jour le taux de connections. C'est d'ailleurs l'aspect pitoyable des blogs, pour celui qui s'abuse sur leur répercussion, on peut se croire le centre du monde alors qu'on ne reste que poussière (et caution) de l'illusion démocratique.

Le petit-bourgeois investi d'une mission se sent immédiatement supérieur. Sûr de sa valeur, il est hautain et grave les interdits. Puisqu'il a saisi le ridicule du terme islamophobie il en invente un autre plus ridicule encore: la paranoïa anti6musulmane actuelle. On apprécie l'adjectif "actuelle" car elle s'inscrit dans la durée actuelle. Certes les médias usent et abusent de la religion islam, mais il y a de très réelles guerres, de très réels massacres, l'égorgement est très à la mode bientôt relayé par l'immolation. La terreur est distillée à l'écran quand la confusion invraisemblable sert de credo à l'Etat bourgeois. Les dix sept personnes assassinées étaient toutes françaises, bien qu'avec des caractéristiques sociologiques représentatives de la société française: dessinateurs, flics, arabes, juifs, clients, passants... Le gouvernement d'union nationale ne trouve pas mieux que de commencer par de grandes déclarations pour dénoncer les agressions contre la population musulmane! C'est du Orwell et du Kafka à la fois! Alors que trois petits voyous bien français, indépendamment de leur origine raciale, ont assassiné "sans discrimination" un échantillon de civils, au nom de la nébuleuse guerre islamique! Que le pouvoir, comme avec les radars automobile, prétende évacuer l'amalgame avec le croyant lambda de l'islamie est une chose louable, mais pas tant que cela puisqu'elle se heurte à une "compréhension" du massacre assez islamique et assez répandue, pas seulement chez les potaches inconscients. La prétendue identité de remplacement islamique détruit toute "solidarité nationale", ce qui nous importe peu en soi, mais surtout toute solidarité de classe et toute répulsion de classe face au terrorisme cruel, et des concessions extravagantes à la soit disant innocuité de l'islam. Le silence ou l'approbation silencieuse d'une partie de la population prolétaire sous la coupe idéologique de l'islam manifeste un état d'arriération et de soumission qui n'a plus rien à voir avec le colonialisme et certainement avec la ghettoïsation, vieux constat à perception aléatoire depuis près de trente années. Constat peu rassurant et qui ne tient pas de la paranoïa mais de l'interrogation anxieuse. A une époque où la conception momentanée d'un Marx de la religion comme consolation a pris un coup de vieux (surtout depuis que les bourgeois ont fait leur cette conception pacifique et consensuelle) et qu'il faudrait plutôt convenir avec Voltaire de l'utilité de la religion "pour restreindre les mauvais penchants des classes inférieures"!1

Mais pourquoi un tel silence assourdissant des intellos vagabonds face aux attentats de janvier?

Parce que ces attentats ont fait sauter en même temps tout le pacifisme antiraciste et l'oecuménisme professoral de ces messieurs. Ce n'est tout de même pas le beauf français qui a tué (ces "prolétaires « franco-français » qui votent pour le Front national ou ont des sympathies encore plus clairement fascistes") , ni le fasciste ultra-gauche rompu à l'analyse sémantique ("ravages exercés par les théories du post-colonialisme et de l’antiracisme purement compassionnel (débarrassé de toute problématique de classe)" (op cit) ni "des fascistes européens tuent des travailleurs arabes, kabyles, africains ou pakistanais".
Après-coup, Coleman liste les textes lénifiants où il a répandu ses analyses sociologiques, mais au lieu de se situer sur le terrain politique et de revenir à la réalité – où en sommes-nous aujourd'hui, quel type de guerre subissons-nous? Quel rapport de force entre les classes? - il prétend faire la part des choses en défendant l'ancien terrorisme gauchiste et antifasciste comme "marxisant et à peu près rationnel" contre les glorificateurs de la mort et de la destruction (il ne les nomme pas djihadistes ni musulmaniaques) mais ne rate jamais de dénoncer la "paranoïa anti-musulmane actuelle" en invoquant les exactions terroristes passées des "européens" eux-mêmes. C'est ce qui s'appelle amenuiser la saloperie des terroristes actuels, voire cacher une secrète et complaisante complicité revancharde contre la "société blanche", comme ses amis de Temps critiques, ex-fans de la bande à Baader2. Mais Coleman, comme tout collabo argue immédiatement de sa soumission aux pires banalités en vogue contre le fameux et unique "islam radical"3.


C'est seulement début février que les amis de Coleman, la paire de profs retraités de Temps critiques exprime son "intervention" avec un titre d'une nunucherie extrême autant que le contenu est confondant de platitudes: "L'être humain est la véritable communauté des hommes, sous-titre: "Pourquoi notre intervention?". Nulle intervention pourtant que celle de la frappe sur le clavier d'ordi d'un texte navrant qui se garde de prendre position sur tous les sujets qu'il évoque. Le pic vert Coleman le juge pourtant intéressant et s'en sert de bouclier pour son attentisme dégonflé comme Sarkozy sommé de choisir entre FN et PS et qui foire au final. On pouvait s'attendre au pire de la part de ces deux fervents négateurs de la classe ouvrière, et c'est en effet le pire qui surgit dès l'entrée. Pleurant face à l'horreur de l'événement il leur faut marquer leur "absolue séparation d'avec la majorité des tracts ou textes de type gauchiste qui font porter l'essentiel de leurs attaques ... contre l'Etat français sans tenir compte des transformations récentes de cet Etat". Badaboum! En d'autres temps et si ces deux individus avaient été des représentants du mouvement ouvrier, on eût gerbé sur un simple ralliement à l'Union nationale. Mais tant d'intellos méprisant du prolétariat se couchent devant l'Etat de nos jours qu'on ne s'étonne plus guère. On ne traitera de ces deux pauvres zèbres ici que pour infos de qui entoure le juge antiraciste YC fier scrutateur d'une paranoïa anti-musulmane pourtant largement dominée par la paranoïa anti-raciste officielle!
Le texte est ensuite une ode à la "respiration collective" du "moment Charlie"4, glorifiant un slogan "exprimé par des millions d'individus en France et même dans le monde". Il contient cependant des scories propres à heurter islamo-gauchistes et un islamo-démocrate comme compère Coleman, en décrivant la place envahissante de l'islam dans une analyse limite anti-gouvernementale : "... l'islam tend à devenir l'opérateur de contrôle social et mental qui, pour les pouvoirs politiques, serait le plus approprié à l'encadrement des milieux "sensibles" et des populations en déshérence"5. L'archaïsme idéologique de Charlie est bien vu, les nouveaux beaufs sont en effet les bobos.
On nage encore et encore dans l'idyllisme de la "tension des individus vers la communauté humaine, ces millions "d'individus-démocratiques" - cf. cette bande d'idiots qui défilaient moutons parmi les moutons derrière des chefs d'Etat criminels de guerre - ... une délivrance... une thérapeuthique... débarrassée de "la référence de classe" qui "n'est plus centrale". Le bonheur de l'union nationale dans la rue définie poétiquement par les bouffons de Temps critiques!
Le final est très jospinien: "le pouvoir ne peut pas tout. Il n'y a pas de "plan du capital". Certes le pouvoir bourgeois ne peut pas parer à tous les attentats, mais inévitablement le crime profite toujours à quelqu'un, ou aux deux. Et tout le blabla de deux petits profs ne peut masquer tout l'intense travail politique auquel s'est livré l'Etat pour valider, corroborer ses deux guerres, interne et externe face au prolétariat, démuni, terrorisé et dans l'expectative6. Aucun des boutiquiers de "mondialisme.org" n'a vu le remplacement du stalinisme par l'islam7.


LES TROTSKIENS AU SECOURS DE L'ISLAM

Le courant trotskien, bien plus formé et connaisseur de l'histoire du mouvement ouvrier et de ses interprétations que les ignorantins anars et maos, reste le plus révisionniste et le plus destructeur de la méthode du marxisme, avili de multiples façons, soit aux sauces électorales, parcellaires et sexuelles, soit à la soupe syndicale, mais c'est encore au niveau des réinterprétations historiques que ces chameaux sont les plus liquidateurs. J'ai évoqué dans mon livre "L'immigré fataliste et sa religion policière" et décrit l'incompatibilité du bolchevisme et de l'islam, et l'opportunisme auquel le parti de Lénine a été conduit par les étroites conditions de l'époque (p.173 et suiv.). On va voir ici brièvement comment les trotskiens falsifient l'histoire pour justifier leur alignement sur le multicultiralisme et l'antiracisme des beaufs dominant...
Relisons d'abord Lénine qui dit de bonnes choses mais aussi quelques bêtises:
"Pourquoi la religion se maintient elle dans les couches arriérées du prolétariat des villes, dans les vastes couches du semi-prolétariat, ainsi que dans la masse des paysans ? Par suite de l'ignorance du peuple, répond le progressiste bourgeois, le radical ou le matérialiste bourgeois. Et donc, à bas la religion, vive l'athéisme, la diffusion des idées athées est notre tâche principale. Les marxistes disent : c'est faux. Ce point de vue traduit l'idée superficielle, étroitement bourgeoise d'une action de la culture par elle-même. Un tel point de vue n'explique pas assez complètement, n'explique pas dans un sens matérialiste, mais dans un sens idéaliste, les racines de la religion. Dans les pays capitalistes actuels, ces racines sont surtout sociales. La situation sociale défavorisée des masses travailleuses, leur apparente impuissance totale devant les forces aveugles du capitalisme, qui causent, chaque jour et à toute heure, mille fois plus de souffrances horribles, de plus sauvages tourments aux humbles travailleurs, que les événements exceptionnels tels que guerres, tremblements de terre, etc., c'est là qu'il faut rechercher aujourd'hui les racines les plus profondes de la religion. « La peur a créé les dieux. » La peur devant la force aveugle du capital, aveugle parce que ne pouvant être prévue des masses populaires, qui, à chaque instant de la vie du prolétaire et du petit patron, menace de lui apporter et lui apporte la ruine « subite », « inattendue », « accidentelle », qui cause sa perte, qui en fait un mendiant, un déclassé, une prostituée, le réduit à mourir de faim, voilà les racines de la religion moderne que le matérialiste doit avoir en vue, avant tout et par dessus tout, s'il ne veut pas demeurer un matérialiste primaire. Aucun livre de vulgarisation n'expurgera la religion des masses abruties par le bagne capitaliste, assujetties aux forces destructrices aveugles du capitalisme, aussi longtemps que ces masses n'auront pas appris à lutter de façon cohérente, organisée, systématique et consciente contre ces racines de la religion, contre le règne du capital sous toutes ses formes". (De l'attitude du parti ouvrier envers la religion, 1909)

(...) "Le marxiste doit savoir tenir compte de l'ensemble de la situation concrète ; il doit savoir toujours trouver le point d'équilibre entre l'anarchisme et l'opportunisme (cet équilibre est relatif, souple, variable, mais il existe), ne tomber ni dans le « révolutionnarisme » abstrait, verbal et pratiquement vide de l'anarchiste, ni dans le philistinisme et l'opportunisme du petit bourgeois ou de l'intellectuel libéral, qui redoute la lutte contre la religion, oublie la mission qui lui incombe dans ce domaine, s'accommode de la foi en Dieu, s'inspire non pas des intérêts de la lutte de classe, mais d'un mesquin et misérable petit calcul : ne pas heurter, ne pas repousser, ne pas effaroucher, d'une maxime sage entre toutes : « Vivre et laisser vivre les autres », etc."

Lénine fait des suppositions hasardeuses, le meilleur moyen de lutter contre la religion c'est la grève, puis si un prêtre veut devenir membre du parti c'est possible! On ne l'a jamais vu! (cf. Le combat contre "le socialisme constructeur de dieu" des Lounatcharski). Une phrase totalement ubique: "Le parti du prolétariat exige que l'Etat proclame la religion affaire privée, sans pour cela le moins du monde considérer comme une « affaire privée » la lutte contre l'opium du peuple, la lutte contre les superstitions religieuses, etc. Les opportunistes déforment les choses de façon à faire croire que le parti social démocrate tenait la religion pour une affaire privée ! "
Lénine ensuite dégage en touche: "En premier lieu, la lutte contre la religion est la tâche historique de la bourgeoisie révolutionnaire ; et, en Occident, la démocratie bourgeoise, à l'époque de ses révolutions ou de ses attaques contre le féodalisme et les pratiques moyenâgeuses, a pour une bonne part rempli (ou tente de remplir) cette tâche. En France comme en Allemagne il y a une tradition de guerre bourgeoise contre la religion, engagée bien avant le socialisme (encyclopédistes, Feuerbach). En Russie, conformément aux conditions de notre révolution démocratique bourgeoise, cette tâche échoit presque entièrement elle aussi à la classe ouvrière." !!!! La classe ouvrière est la bonne à tout faire sauf qu'elle a fainéantisé une fois l'oxymore Etat prolétarien au pouvoir qui a dûment assuré la chasse aux curés, en flinguant quelques uns, chose peu conforme à l'ancienne tolérance marxiste.

Quelle priorité à la lutte? : "L'anticléricalisme bourgeois, comme moyen de détourner l'attention des masses ouvrières du socialisme, voilà ce qui, en Occident, a précédé la diffusion, parmi les social démocrates, de leur actuelle « indifférence » envers la lutte contre la religion. Là encore cela se conçoit et c'est légitime, car à l'anticléricalisme bourgeois et bismarckien, les social démocrates devaient opposer précisément la subordination de la lutte contre la religion à la lutte pour le socialisme." Lénine continue à renvoyer la patate chaude vers la classe, la lutte contre les religions arriérées incombe tout de même au premier chef, au prolétariat:
"En Russie, les conditions sont tout autres. Le prolétariat est le chef de notre révolution démocratique bourgeoise. Son parti doit être le chef idéologique de la lutte contre toutes les pratiques moyenâgeuses, y compris la vieille religion officielle et toutes les tentatives de la rénover ou de lui donner une assise nouvelle, différente, etc ". Mais en réalité c'est le parti qui est devenu le chef et qui a zigouillé les curés et plus ou moins laissé rêver les imams tant qu'ils ne s'alliaient pas avec leurs alliés naturels, les armées blanches.

La religion est-elle une affaire privée? Sur son site Matière et Révolution, R.Paris n'éclaire pas plus sur les subtilités de la religion affaire privée. On lira avec profit l'article: Le radicalisme se couvrant de l'islam; en particulier le paragraphe "débat au sein de l'extrême gauche" où R.Paris décrypte très bien la collusion des diverses ailes du trotskysme avec un islamisme "populaire", toujours la tactique de l'entrisme... même chez le diable et sa grand-mère.

La référence de la plupart des trotskiens à l'international est un article d'un "arrangeur" certain Dave Crouch,
Les bolcheviks, l’Islam et la liberté religieuse paru dans le numéro de décembre 2003 de la Socialist Review, mensuel du Socialist Workers Party britannique, traduit comme par hasard par un autre faussaire, Y.Coleman8.
La description, tout en rappelant le plantage opportuniste des envoyés de Moscou, est tellement irénique et fausse qu'on ne va pas épiloguer dessus: "Les révolutionnaires peuvent tirer des leçons de la politique des bolcheviks vis-à-vis des citoyens musulmans de l’ex-empire russe. La révolution russe de 1917 a éclaté dans un empire qui abritait seize millions de musulmans — soit dix pour cent de la population. La chute du tsarisme radicalisa les musulmans qui exigeaient la liberté religieuse et les droits nationaux que leur refusaient les tsars.
Le 1er mai 1917, le premier Congrès panrusse des musulmans se tint à Moscou. Après des débats très vifs cette assemblée vota en faveur de la reconnaissance des droits des femmes, faisant des musulmans russes les premiers au monde à libérer les femmes (sic!) des restrictions qui caractérisaient les sociétés islamiques de l’époque. En même temps, les dirigeants conservateurs musulmans étaient hostiles à tout changement révolutionnaire. (...) Lors du premier Congrès des peuples de l’Orient, qui se tint à Bakou en septembre 1920, les dirigeants bolcheviks russes lancèrent un appel à la « guerre sainte » contre l’impérialisme occidental. Deux années plus tard, le quatrième congrès de l’Internationale communiste approuva la politique d’alliances avec les panislamistes contre l’impérialisme".
En réalité l'Etat "prolétarien" comptait rouler dans la farine les peuples musulmans comme chair à canon:
"Moscou employa délibérément des troupes non russes pour combattre en Asie centrale — ils envoyèrent des détachements de Tatars, de Bashkirs, de Kazakhs, d’Ouzbeks et de Turkmènes se battre contre les envahisseurs antibolcheviks. Les soldats tatars constituaient plus de 50 % des troupes sur le front de l’Est et dans le Turkestan pendant la guerre civile.
La politique des bolcheviks dans l’Armée Rouge ne constituait qu’un des aspects d’une politique globale : ils voulaient en effet s’assurer que les peuples non russes contrôlent eux-mêmes les nouvelles républiques autonomes dans les anciennes colonies de l’empire tsariste. Cela impliquait le départ des colons russes et cosaques — dans le Caucase et en Asie centrale les colons furent encouragés à revenir en Russie et dans certains cas chassés de force. La langue russe cessa d’être la langue dominante et les langues autochtones furent employées dans les écoles, les administrations, les journaux et l’édition.
On créa un programme massif de « discrimination positive » (comme on l’appellerait aujourd’hui) (sic). Les représentants des nationalités allogènes furent promus à des positions dirigeantes dans l’État et dans les partis communistes et on leur donna la préférence en matière d’emploi sur les Russes. On créa des universités pour former une nouvelle génération de dirigeants nationaux non russes. Cependant les efforts pour garantir la liberté religieuse et les droits nationaux étaient constamment minés par la faiblesse de l’économie. L’isolement de la révolution russe signifiait qu’une pauvreté terrifiante faisait peser une menace mortelle sur le régime soviétique. Déjà en 1922, les subventions de Moscou à l’Asie centrale durent être diminuées et de nombreuses écoles publiques fermées. Les professeurs abandonnaient leurs postes faute de toucher un salaire. Cela signifiait que les écoles musulmanes en vinrent à représenter la seule solution pour la population. « Quand vous ne pouvez fournir du pain, vous n’osez enlever aux gens son substitut », déclara Lounatcharsky, commissaire du peuple  à l’Éducation.
On supprima les subventions aux tribunaux islamiques entre la fin de 1923 et le début de 1924 (ouf). Mais des facteurs économiques empêchaient déjà les musulmans de porter plainte au tribunal. Si, par exemple, une jeune femme refusait d’accepter un mariage arrangé par sa famille ou de se marier à un mari déjà polygame, elle avait peu de chances de survivre parce qu’elle ne pouvait trouver ni travail ni logement indépendant".
Toujours désireux d'apparaître anti-staliniens démocrates, les trotskiens nouveaux n'hésitent pas à charger le vilain Staline, qui, sur le plan de l'attaque contre l'islam avait plutôt tout bon à mon sens:
"Enfin, la bureaucratie stalinienne accrut sa mainmise sur la révolution. De plus en plus elle s’attaqua à ce qu’elle appelait les  « déviations nationalistes » dans les Républiques non russes et encouragea la renaissance du chauvinisme grand-russe. A partir de la seconde moitié des  années 20, les staliniens commencèrent à planifier une attaque frontale contre l’Islam au nom du droit des femmes. Le slogan principal de leur campagne était « khudzhum », c’est-à-dire attaque, agression, offensive".
Avant Besancenot, les bolchéviks auraient fait voiler leurs femmes pour les envoyer dans les mosquées prêcher le léninisme absolu:
"Le khudzhum entra en action massivement le 8 mars 1927, à l’occasion de la journée internationale des femmes. Au cours de meetings de masse on appela les femmes à enlever leur voile. De petits groupes de musulmanes autochtones montèrent sur des podiums et se dévoilèrent en public, après quoi on brûla leurs voiles. Cette opération grotesque renversait complètement les priorités du marxisme. Nous étions bien loin de l’époque où les militantes bolcheviques se voilaient pour mener un travail politique dans les mosquées. Cette politique était à des années-lumière des instructions de Lénine qui déclarait : « Nous sommes absolument opposés à toute offense contre les convictions religieuses ». Tu parles Charles du Lénine en opposition, au pouvoir les églises servirent d'auge à cochons!
Aucune référence ni source pour ce qui suit, mais il aurait fallu respecter l'islam trotskyste:
"Inévitablement le « khudzhum » provoqua une réaction en retour. Des milliers d’enfants musulmans, spécialement des filles, furent retirés des écoles soviétiques  par leur famille et démissionnèrent des jeunesses communistes. Des femmes non voilées furent agressées dans les rues, parfois violées et des milliers d’entre elles furent tuées".
La contre-révolution ce n'est pas l'Etat "prolétarien" qui militarise la société après avoir fusillé en masse à Kronstadt, c'est la fin de la "liberté religieuse":
"L’offensive contre l’Islam marqua le commencement d’une rupture brutale avec la politique révolutionnaire inaugurée en octobre 1917.  Tandis que l’Union soviétique lançait un programme d’industrialisation forcée, les dirigeants nationaux et religieux musulmans furent physiquement éliminés et l’Islam plongea dans la clandestinité. Le rêve de la liberté religieuse fut enterré lors de la Grande Terreur des années trente".
Crouch en fait des tonnes, qu'il nous suffise de répercuter la critique de ses frères en trotskysme, le parti socialiste de lutte (secte trotskienne belge), avec laquelle je suis évidemment OK:

"Cela ne signifie aucunement qu’il n’y a pas de leçons à tirer du travail de pionniers des bolcheviks. Mais l’article de Crouch ne dévoile que la moitié de l’histoire. Il se concentre presque exclusivement sur des points tels que l’union entre les dirigeants musulmans et les bolcheviks sans expliquer les divergences politiques, les conflits et les complications qui ont existé ou encore comment les bolcheviks ont essayé de gagner les masses musulmanes au programme marxiste. Sans toutefois le dire explicitement, l’article donne aussi l’impression complètement incorrecte selon laquelle l’islam était intrinsèquement plus progressiste que les autres religions parce que c’était la religion des peuples opprimés et colonisés et encore que les bolcheviks avaient traité les populations musulmanes d’une façon fondamentalement différente des autres religions.
En fait, Vladimir Lénine et Léon Trotsky ont correctement traité les droits religieux de toutes les minorités opprimées avec une attention et une sensibilité extrême, consécutive de leur approche sur la question nationale. Leur objectif était de minimiser systématiquement les divisions et les différences entre les sections de la classe ouvrière. Ils avaient compris que, pour la réalisation de cet objectif, il était nécessaire de démontrer encore et encore que le pouvoir des Soviets était la seule voie vers la libération nationale pour les nationalités opprimées par ce qui avait été l’empire russe des Tsars (que Lénine appelait la «prison des peuples»). Mais jamais ils n’ont cependant baissé la bannière de l’unité internationale de la classe ouvrière. Quand des concessions étaient faites à des forces nationalistes, il était ouvertement et honnêtement expliqué pourquoi de telles concessions étaient nécessaires, et en même temps les bolcheviks continuaient à argumenter clairement en faveur d’un programme marxiste parmi les masses des territoires opprimés."


Une perle du Le Monde: "rien de bien méchant" (à propos du type qui a blessé trois militaires à coup de couteau)

"Moussa Coulibaly est connu depuis plus de dix ans des services de police pour des faits de petite délinquance : vol, usage de stupéfiants, outrage à agents… Rien de bien méchant. Il a été condamné à six reprises entre 2003 et 2012 à des peines d'amende ou de prison avec sursis, la plupart du temps à Mulhouse, où il a vécu quelques années, selon une source judiciaire".



1A mon sens ces "mauvais penchants" des classes inférieures peuvent être doubles: le penchant à l'insurrection pour le renversement de l'Etat pour un prolétariat toutes races confondues évidemment le nec plus ultra...gauche, mais malheureusement aussi le penchant à la décomposition, reflet de la corruption bourgeoise, la jalousie sans foi ni loi qui mène à la barbarie terroriste, toujours sponsorisée par tel ou tel Etat contrairement à la théorie des naïfs anti-complotistes. Sans tomber dans les généralités navrantes du géo-complotiste Hillard, sommité du FN hilare.
2On trouve une confraternité étrange avec les pires sous-marins de l'Etat comme Filiu, franc-mac et membre de l'assoc louche des amis de la Syrie avec Hollande, que j'avais publiquement dénoncé lors de sa conférence à l'université d'Arcueil: "Dans une récente tribune parue dans « Le Monde » Olivier Roy compare les révoltés d’extrême gauche qui pratiquaient la lutte armée dans les années 70 aux djihadistes-internationalistes européens au XXIe siècle. Si cette comparaison a un objectif purement pédagogique (J.P. Filiu les a, lui, comparés aux combattants antifascistes des Brigades internationales lors d’une émission de radio), pourquoi pas... mais à condition de souligner immédiatement les limites de cette comparaison". Tu parles Charles!
3"Les différences importantes entre ces idéologies réactionnaires et totalitaires ne doivent pas nous aveugler sur leur parenté. Les partisans de l’islam politique, du moins dans sa version djihadiste-internationaliste ou nationale-tiers-mondiste, qui prennent les Juifs pour cibles sont clairement les zélés continuateurs des fascismes européens. Ils ne sont pas des « victimes du capitalisme et de la République », ou alors ils le sont autant que n’importe quel prolétaire fasciste d’Aube Dorée, de Casa Pound ou du Front national quand il met ses idées en pratique et tue des travailleurs immigrés ou des militants de gauche". (op cit Y.C.) L'équivalence entre extrêmement fascistes, post massacre Charlie Hebdo, vise à justifier son plein soutien à l'équivalence d'Etat! Or les djihadistes ne sont pas des fascistes mais des mercenaires tueurs d'une guerre de l'ombre intercapitaliste qui couve une guerre mondiale.

4Le "sens de la communauté humaine" qui bavait des manifs suivistes et creuses a heureusement empêché de chanter l'Internationale, nous dit-on, quoique la Marseillaise c'était pas le top, mais enfin "la perspective n'est plus le mouvement socialiste:communiste", et "la force de l'événement" avait "une dimension universaliste de la politique", plus mieux: "une réaction à titre humain". Ces idiots apolitiques passent évidemment à côté de la question de la guerre, et du bourrage de crâne contre toutes les fractions du prolétariat. Le prolétariat était bien présent mais en tant que victime du chantage terroriste et du chantage sécuritaire de l'Etat bourgeois. Entre ces deux mâchoires, nos petits profs défilaient jooyeusement "à titre humain"!
5Bien ciblé aussi sur les islamo-gauchistes "s'indignant davantage pour des tags sur des mosquées ... que des assassinats de juifs parce que juifs dans l'hypercasher" et contre leur fable de l'islam "religion des pauvres". Plusieurs remarques de nos sociologues d'édition tiers-mondiste ne sont pas fausses: "l'islam radical ne fabrique pas des révoltés mais des soldats". Preuve qu'ils lisent aussi PU. Guigou est le plus sympathique.
6Je ne résiste pas à raviver les souvenirs de la politique girouette de la gauche caviar face à l'islam, un rappel de Robert Paris: "Le socialiste Mauroy, au début des années 1980, avait prétendu que les grèves dont les participants étaient majoritairement des immigrés, à Chausson, Citroën ou Renault, étaient manipulées par les Ayatollahs. C’est sous la présidence de Mitterrand que l’Etat français, alors gouverné par Chirac, soutint activement la politique de répression violente menée à partir de 1992 par l’Etat algérien contre la population algérienne au nom de « l’éradication du terrorisme islamisque".(site Matière et révolution)
7Robert Paris l'avait vu avant moi: ""Tout est fait aujourd’hui pour faire croire que l’Islam menacerait le « monde libre », comme autrefois on prétendait que le stalinisme le menaçait alors que le stalinisme était d’abord un sous-produit d’un monde capitaliste (dont les nations impérialistes dominantes s’intitulent elles-mêmes monde libre), comme l’est l’Islam politique actuel, qu’il soit radical ou pas". Seule erreur de R. Paris, il assimile l'intégrisme djihadiste au fascisme...

8Qui se déchaînait haineusement le 14 juin 2013 contre Bourrinet, cible actuelle du CCI, C.Bitot et moi-même in : A propos d’un ultragauche xénophobe, de ses écrits et de ses charmants amis (cf. Mondialisme.org). Il s'essaie à l'humour lycéen là: « Les 10 commandements du petit xénophobe "radical" » http://www.mondialisme.org/spip.php?article1935


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