LE PARTI INVARIANT QUI VOUS FAIT CROIRE AU
Père Noël
Père Noël
Le jour de Noël se passait très bien
jusqu'à ce que le père noël découvre qu'il n'avait plus sa méthode marxiste.
Le père Noël était déboussolé, il ne savait quoi penser jusqu'à que son lutin
Bordiga lui dise quoi faire. Le père fit ce que Bordiga lui avait dit. Il alla
donc voir si elle était rangée à l’institut Bordiga, mais elle n'y était
pas.
Il regarda partout sauf dans son
bibliothèque. Il fît une petite pause le temps de réfléchir. Il prépara ses
articles pour le bimestriel Le Prolétaire. Son Vercesi au nez rouge lui demanda
ce que le père noël avait.
Le père noël répondit :
- Je ne trouve plus le Manifeste communiste.
- Que dois-je faire ?
- As-tu regardé dans les archives
maximalistes sur ton ordi ?
- Non, dit le père Noël.
- Attends je vais t'aider, dit le Vercesi.
- Merci, dit le père Noël.
Tous les deux sont alors allés voir où
était encore édité le texte invariant du père Noël mais ne sachant pas naviguer
sur l’ordi, en vieux habitués de l’Underwood et du duplicateur Gestetner, ils
n'avaient rien trouvé jusqu'à ce que le père Noël se rappelle où il l'avait
mis.
- Mais que je suis bête je l'ai mis dans
une cache derrière le local du PCF de Trifouillis-les-oies …. Merde… qui a été
incendié la semaine dernière par le père Noël usurpateur du FN!
- Quel malheur ! gémit le père Noël
communiste.
- Du calme père Noël… Je possède une clef USB,
dit un Vercesi rassurant… qui a appartenu à Lénine et dedans se trouve ta
méthode.
Le Vercesi était très fier d'avoir retrouvé
la méthode du père Noël mais l'histoire finit mal avec un fichier marxiste-léniniste
illisible.
C’est ensuite un cauchemar de Noël.
Le journal Le Prolétaire qui clôt l’an
2013 assure sur huit pages que les prolétaires « ne peuvent compter que
sur leur lutte » généralité que d’aucuns pourraient partager sans
objection si le contenu n’était pas aussi hétéroclite et marqué au coin de l’idéalisme
petit bourgeois. Si l’article de tête s’intéresse aux prolétaires exploités par
un gouvernement « pire que celui de Sarkozy » qui balade les gens
avec ses affidés syndicaux pour des simulacres de manifs sur la retraite et
contre le racisme c’est pour déplorer le principal scandale de ces soutiers de
la gauche bourgeoise au pouvoir : il n’est pas question pour ces gens-là
de dénoncer les expulsions de sans-papiers et de Roms ! Pourtant si
gauchistes et syndicalistes crient plus fort sur ces sujets que la poignée de
derniers pélerins bordiguiens. Mais passons pour l’instant. Il est question là
de fustiger les réformistes du FDG, NPA et LO et contre tout interclassisme les
prolétaires : « …n’ont pas d’autre solution que la lutte ouverte,
indépendante, sans se soucier de l’ « intérêt général », de la bonne
santé de l’économie, régionale ou nationale, ou de l’entreprise : tous ces
intérêts sont des intérêts « bourgeois » qu’il leur faut au contraire
« combattre » sans hésiter ».
Entre fou-rire et consternation il faut
ensuite analyser comment est mal bâti ce paragraphe du point de vue de l’entendement
social le plus rationnel possible. On croirait tout d’abord à un langage d’un
autre âge, par exemple celui du gauchisme « radical » des 70 récité
encore par les Poutou-Besancenot au niveau électoral mais un peu moins à l’échelle
syndicale. Personne ne peut nier, du point de vue marxiste orthodoxe, que sont « bourgeois » :
l’intérêt général, la santé de l’économie, la nation et l’entreprise. Quant à
combattre de front chacun de ces concepts nous voudrions voir les quelques
bordiguistes au pied du mur. D’abord dans les grèves, sur toutes ces questions
la piétaille syndicale fait barrage et puise dans ces concepts l’essentiel de
son argumentation : la corporation se bat « pour tous les travailleurs »
(cf. l’intérêt général qui passe par la sauvegarde de l’entreprise), la lutte
contre la destruction des emplois devrait relancer l’économie française, et il
faut acheter français, etc. Lorsque les prolétaires entrent en grève ils ne se
soucient d’aucun de ces critères « bourgeois-syndicaux », mais ils
ne se précipitent pas pour crier : « rien à foutre de l’intérêt
général » ni « rien à foutre de l’entreprise » ! Si
certains s’inscrivaient dès le début de leur lutte avec le discours bordiguien
ils iraient fissa au casse-pipe. Sans compter qu’il y a ce que dictent les
conditions objectives (campagnes idéologiques nationales du moment, conflit
impérailiste, etc.) et la grève moderne en général n’est plus la prémisse du
grand soir. Il y a une bonne dose de fantasme anarchiste gériatrique dans cette
vision radoteuse que « de la lutte de défense immédiate et partielle jusqu’au
niveau le plus élevé de la lutte révolutionnaire »… « le prolétariat
pourra se libérer de l’étreinte paralysante du collaborationnisme politique et
syndical » !
La plupart des grèves en France en tout
cas sont restées ficelées jusqu’à présent dans la défense et les sacrifices
pour la « sauvegarde de l’entreprise ». La lutte immédiate est
devenue irrémédiable et produit et produit chaque fois plus de girouettes
comme l’âne Martin que des tremplins pour l’insurrection de classe.
Mais Le Prolétaire n’est pas une vulgaire « Mouette
enragée » qui en resterait au niveau syndical local et convivial, il pose au
journal politique qui traite largement dans ses colonnes de l’actu
internationale et des événements de la lutte des classes dans tous les autres
pays. En bons léninistes toujours attachés à la conscience trade-unioniste bornée
du prolétaire moyen, les quelques mohicans bordiguiens savent bien qu’il existe
une importante clientèle intellectuelle qui sait s’élever aux choses du parti.
Or, dans la hotte du parti bordiguiste se trouve un vieux jouet, déjà offert
lors des fêtes champêtres des foyers Sonacotra à Garges-les-Gonesses en 1979.
La préférence immigrée fût une mode initiée par les groupuscules maoïstes mode
avec laquelle le petit PCI crut pouvoir rivaliser. Mais l’idéologie du « pauvre
ouvrier immigré » clé de voûte de la chute de l’impérialisme mondial est
restée incrustée au cœur de la démonstration bordiguienne. Elle affleure dans à
peu près tous les articles. Les ouvriers nationaux sont « amorphes »,
« endormis », toujours dans « l’étreinte paralysante du
collaborationnisme syndical », etc. Heureusement le parti, encore dans les
limbes ou plutôt à l’état de squelette, vient chevroter aux inconscients la
bonne parole : « la question de l’immigration » est en réalité « entièrement
prolétarienne », de classe, parce que ce sont les sans-réserve, les
prolétaires quelle que soit leur origine, qui sont obligés de fuir le pays où
ils sont nés pour chercher ailleurs de quoi vivre » (Article : A
Lampedusa, une tragédie dont le capitalisme est responsable). On ne dédaignera
pas pourtant la première partie de l’article qui décrit très bien l’horreur
capitaliste et ce drame pourtant ancien : « Fuir la misère, la faim,
l’oppression, la répression, et les guerres pour essayer de trouver ailleurs
une vie moins horrible a toujours été le sort de millions de migrants ».
Ni cette complainte : « Pour que l’homme vive, le capitalisme doit mourir.
Pour que naisse la société du genre humain, en totale harmonie avec elle-même,
il faut que disparaisse cette société qui se nourrit de chair humaine ;
pour que l’homme puisse arriver à un rapport harmonieux avec le nature, il faut
révolutionner de fond en comble l’organisation sociale qui détruit l’homme et
la nature ».[1]
Mais, sans la complainte ci-dessus saluée,
la description de la tragédie des réfugiés est, mot pour mot, quotidiennement
le discours (impuissant) de tous les médias bourgeois lequel nous rend
impuissants également. Qu’y faire ? Les bordiguiens ont trouvé LA solution :
ouais l’indignation c’est bien mais la « solidarité de classe » c’est
mieux ! Comment s’y prendre ?
« …la solution se trouve… dans la
solidarité entre prolétaires… Solidarité qui doit venir des prolétaires des
pays les plus riches, des prolétaires d’Italie, d’Espagne, de France, d’Allemagne
et d’ailleurs et qui ne peut s’exercer que sur le terrain de la lutte de classe… ».
Suivent les cadeaux de la hotte bordiguiste dont les masses des pays les plus riches
vont s’emparer :
-
Aucun prolétaire n’est étranger, tous sont des frères de classe !
-
Non à la détention et à l’expulsion des migrants !
-
A travail égal salaire égal pour tous les travailleurs, italiens ou
immigrés [2]
-
Salaire intégral à tous les chômeurs, quelle que soit leur nationalité !
Sans oublier la génuflexion pour la
résurrection « du parti communiste révolutionnaire dans le monde entier ».
Les bordiguistes isolés représentent le
défaut le plus récurrent du maximalisme : un idéalisme grossier. Non pas
qu’ils prennent leur désir pour la réalité, car ni le désir ni la réalité ne
sont conformes, mais parce qu’ils s’imaginent qu’ils sont plus conscients que
nous la masse des prolétaires spectateurs impuissants du martyre des plus mal
lotis d’entre nous, et que par conséquent, en suivant leur raisonnement « égalitaire »,
mettant tous les « désirs » ou « besoins » au même niveau,
il suffirait d’invoquer et de concrétiser la « solidarité de classe ».
Or la question de l’immigration n’est pas
si simple qu'un conte de Noël. Tous les migrants ne sont pas d’honnêtes travailleurs et la solution
aux migrations massives ne peut accepter l’appel petit bourgeois à héberger
dans tel ou tel pays toute la misère du monde. Le problème de « l’immigration
désespérée » qui a explosé ces dernières années n’est pas un problème de
classe, ni dans la classe ni a fortiori d’un manque de solidarité de classe ou
des prolétaires mieux lotis face aux démunis, c’est le problème du capitalisme
décadent qui est incapable de solutionner une misère massive. L’immigration est
un problème similaire à la guerre on ne peut en poser la résolution ou l’annihilation
par de belles paroles philanthropiques collées sur le dos des ouvriers. C’est
un problème politique qui, comme la guerre ou l’injustice, suscite
interrogations et indignation. Un problème qui pose non sa solution - par
disons une lutte imaginaire pour embaucher à tout va et des portes ouvertes à
tire larigo dans CE système – mais est devenu un enjeu de plus pour viser au
renversement du capitalisme, lequel renversement nécessitera une REORGANISATION
DE LA SOCIETE DANS TOUS LES PAYS et pas cette espèce d’Arche de Noé que prônent nos doux rêveurs bordiguiens.
Les bordiguiens révèlent souvent une
vision idéaliste de la classe ouvrière et de ses motivations quotidiennes –
imaginant qu’elle se bat pour des idéaux que le parti serait seul autorisé à
lui enseigner – ainsi dans l’article sur la grève des nettoyeurs de Madrid, il
est « enseigné » que pour la lutte (« la grève est un art »
sic) un des objectifs serait « la lutte contre la concurrence entre
prolétaires », notion qui est une hérésie en marxisme ! Marx
expliquait que hors des périodes de luttes les prolétaires se font concurrence
donc que cette dernière ne disparaît que du fait… de la lutte commune !
Cette précipitation à vouloir articuler un désir d’avenir de classe à la lutte
prosaïque correspond en fait à l’aveuglement des léninisto-bordiguiens sur le
déroulement réel de la lutte in vivo qui n’a nul besoin de conseils
philanthropiques.
LE PERE NOEL EST DESCENDU SUR TERRE ET IL
EST BORDIGUISTE
La vision idéaliste des bordiguiens n’est
jamais aussi patente que lorsqu’ils sortent de leur hotte à sottises les jouets
pour immigrés, du même plastique que les jouets idéologiques gauchistes :
régularisation immédiate et sans condition de tous les sans-papiers, arrête des
expulsions, retour de Léonarda, fermetures de tous les centres de rétentions
etc. Mieux la répression, ou plutôt le filtrage et la gestion chaotique des
immigrants serait une politique « ouvertement xénophobe et « ouvertement
antiouvrière » du gouvernement actuel, et une véritable politique de
division des prolétaires. C’est le même langage que le gauchisme irresponsable
et les millions d’ouvriers français ou immigrés régularisés sont autrement
conscients que nos bordiguiens passéistes qu’il n’y a plus assez de boulot pour
tout le monde dans le capitalisme [3]; ils ne voient pas
pourquoi Roms de passage, chômeurs étrangers, et toute l’Afrique percevraient
la même pension de retraite ou le même revenu que ceux qui ont cotisés toute
leur vie sur ce territoire. Le bon sens des masses de prolétaires regarde avec
pitié les bricolages politiques de secte !
Et persistant dans la connerie idéaliste
et prétentieuse, voilà-t-il pas qu’ils sermonnent ces masses des « pays
les plus riches » (entendez les prolétaires les plus riches) : « Les
prolétaires français ou étrangers « en règle » doivent comprendre
(sic) que le sort des sans-papiers les concerne au premier chef et que le
soutien à leurs luttes et leurs revendications est une nécessité : laisser
une partie d’entre eux complètement à la merci des capitalistes et de leur Etat,
affaiblit tous les prolétaires ».
Encore une fois nos conseillers
bordiguiens mélangent tout, outre que la dite lutte se passe la plupart du
temps sur le sale terrain juridique et individuel, sans compter les bagarres
entre sans-papiers eux-mêmes, réduits en quelque sorte au rang de prisonniers
de la guerre économique capitaliste permanente. On n’a jamais vu des
prisonniers dans la guerre mondiale par exemple (aussi des prolétaires) pouvoir
lutter avec ou être soutenus par des grévistes !
Outre que tous les prolétaires en temps
calme sont otages du capitalisme et qu’il ne se trouve pas un bordiguiste au
coin de la rue pour les défendre, les bordiguiens en viennent, par leur vision
petite bourgeoise incrustée depuis 30 ans dans leur cervelle de la classe (l’ouvrier
pauvre et immigré), comme hier ils défendirent aux côtés des gauchistes les
fausses libérations nationales, à soutenir les grimaces de folklore musulman,
néo-prolétariennes… Dans l’article furax contre la « Charte des valeurs
québécoises », où certes la bourgeoisie canadienne joue de l’harmonie
catho, ils prennent partie pour les bigotes d’Allah: « La Charte est
dans les faits dirigée contre les travailleurs immigrés et plus
particulièrement les femmes qui portent des signes de la religion musulmane ».
Dénoncer l’unanimisme nationaliste canadien ne suppose pourtant pas la moindre
concession à l’aliénation de la femme musulmane même si nos conseillers
tiers-mondistes obstinés nous appellent en conclusion nous les masses « de
la diversité » à lutter « contre le capitalisme et ses laquais,
laïques ou religieux ».
Cette année le père Noël n'était plus rouge et blanc mais tout noir, il avait glissé dans la cheminée. Il gisait sur son cul aveuglé par la suie et tous les jouets de la hotte étaient cassés.
Et, dites, vous... oui vous belle Miley Cyrus, entre nous, vous y croyez encore au Père Noël?
NOYEUX JOEL, BONNE BOURRE ET BONNE ANNEE A VOUS TOUS MES CHERS LECTEURS INTERNATIONALISTES (enfin pas tous)
Et, dites, vous... oui vous belle Miley Cyrus, entre nous, vous y croyez encore au Père Noël?
NOYEUX JOEL, BONNE BOURRE ET BONNE ANNEE A VOUS TOUS MES CHERS LECTEURS INTERNATIONALISTES (enfin pas tous)
[1] Cette
démonstration doit plus à Charles Fourier qu’à Marx, ainsi sans le savoir les
bordiguistes dont plus « harmonieux » que marxistes derrière l’appel
rude à une « révolution anticapitaliste, communiste ». Comme il n’existera
jamais d’égalité entre les hommes, n’en déplaise aux anarchistes primaires à la
Hazan (je traiterai plus tard de ses comiques « Premières mesures
révolutionnaires »), le concept d’harmonie, en notre époque moderne,
semble plus indiqué que le terme communisme, mais n’allez pas m’appeler « harmoniste »
pour autant tant que le prolétariat n’aura pas mis fin à la cacophonie
capitaliste !
[2] L’article
on l’a compris est la traduction de la version italienne bordiguienne vous
pouvez donc remplacer italien par français, etc.
[3] Dans
leur cloisonnement mental tous les neurones ne sont pourtant pas bloqués,
puisqu’ils reconnaissent des limitations pour leur société communiste d’avenir.
Dans l’article sur l’idiot gauchiste Joshua ils affirment que les besoins sont « naturellement
limités » ! Bonjour l’avenir dans leur société communiste frugale, un
peu comme l’éditeur nanarchiste Hazan qui nous promet une seule sorte de yaourt
sans marque ! Au secours je veux rester dans cette société parce qu’elle
au moins m’offre PLUSIEURS CHOIX !
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