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MAXIMALISTES DU PHENOMENE STALINIEN
La
période dite de « bolchévisation » du PCF, à travers la lecture de
son organe théorique – Les Cahiers du Bolchévisme – révèle les tensions entre
les critiques de l’expérience russe et les bolchévisateurs dévoués dont l’auteur
de cet article fait partie. Pas très sûrs d’eux encore les opportunistes
bolchévisateurs comme le révèle la série de recettes propagandistes du nommé
A.Juin ; recettes toujours en vigueur dans la secte néo-stalinienne LO. On
a longtemps attribué cet « éducationnisme » politique nunuche au legs
de la IIe Internationale. Il faut différencier de l’époque fin du XIXe où beaucoup d’ouvriers
ne savaient pas lire et l’encadrement idéologique stalinien professoral des années 1926-1936. En
effet les anciens « hussards noirs de la République rad-soc » s’étaient
reconvertis nombreux dans le parti stalinien naissant considérant les ouvriers
comme des « élèves » à former dans une tradition toute léniniste (l’éducation
apportée de l’extérieur…). Une éducation politique volontariste qui méprise la
conscience de classe naturelle et introduit la hiérarchie des intellectuels
éducateurs des masses. Pour la petite histoire, ce texte prétentieux, sous
couvert d’une prise de distance avec le cas russe, a été publié après le Ve congrès
du PCF, car tout servile qu’il était envers la bolchévisation (= organisation
du parti en cellules d’usines contrôlées par la noria de militants instites et profs) il
était mal vu par la « direction » déjà stalinisée et gagnée à l’électoralisme
bourgeois en posant la question incongrue désormais, et has been de l’insurrection.
En France du moins. La direction avait "retardé" sa publication de plusieurs mois ce dont l'auteur veule ne se plaint point.
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… Quand on
examine les causes qui ont provoqué les difficultés de la construction du
socialisme en Russie et par voie de conséquence, toutes les oppositions et les
opinions différentes, elles apparaissent nettement comme étant les suivantes :
a)
L’immense
majorité de la population paysanne ;
b)
Les
différentes formes de production du pays ;
c)
L’état
arriéré de la technique, de l’outillage, des méthodes de travail de l’industrie
d’Etat (le textile en particulier) ;
d)
Le
manque d’éducation générale des larges couches ouvrières et paysannes ;
e)
L’absence
d’une éducation professionnelle rationnelle du prolétariat industriel ;
f)
Le
manque de préparation préventive sérieuse des larges masses ouvrières et
paysannes, en vue de la prise du pouvoir et de l’organisation de la production.
De ce fait le pouvoir échoue à une classe mal préparée pour le recevoir ;
g)
Le
bureaucratisme exagéré, conséquence de l’impréparation signalée
particulièrement au point f).
Et pour tous
ceux qui voient dans la discussion russe autre chose que des basses questions
de personnalités, il apparaît bien que ce sont là les causes essentielles des
désaccords.
Les théoriciens
de la IIe Internationale d’Otto Bauer à Kautsky, peuvent triompher en
proclamant leurs prévisions infaillibles, que la Révolution russe était
prématurée, que sa tentative de construire le socialisme était vouée à l’échec,
etc… Ils pourront même nous citer habilement des textes de Max pour confirmer
ce qu’ils nous présentent comme vérité alors que ce n’est qu’erreur et mensonge
tout ceci ne peut nous émouvoir et nous embarrasser. Les réalisations de la
Révolution russe sont actuellement capables de démontrer largement leurs
erreurs aux opportunistes bernsteiniens, et nous sommes plus que jamais
convaincus de la nécessité de renverser la bourgeoisie dès que les
circonstances s’y prêteront et même si tous les facteurs théoriquement
nécessaires n’étaient pas absolument au point.
Et c’est
justement parce que nous nous préparons activement à la prise du pouvoir, que
nous nous efforçons d’utiliser tout ce que la vie quotidienne nous apporte en
expérience précieuse et de rejeter impitoyablement tous les colporteurs de
critiques négatives et d’impuissance.
De tous les
mouvements révolutionnaires qui ont apporté des expériences nouvelles à la
cause prolétarienne, la Révolution russe est sans conteste celui qui a accumulé
le plus et qui a tracé aux révolutions prolétariennes futures les chemins
précis vers la prise du pouvoir.
Sans doute
depuis longtemps, les marxistes ne se leurraient pas sur la difficulté de
construire un nouvel appareil d’Etat prolétarien en remplacement de la vieille
machine bourgeoise brisée. Sans doute les plus clairvoyants d’entre eux auguraient
la période succédant à la prise du pouvoir comme pleine de difficultés, de
risques et de dangers. Mais pour la grande masse des prolétaires
révolutionnaires même politiquement et économiquement organisés, la grandeur de
la tâche qu’ils doivent accomplir ne leur est jamais apparue sous son vrai
jour.
La Révolution
russe a jeté une lumière éclatante sur ce redoutable problème. Il nous
appartient d’en faire voir le contenu à tous les exploités qui, demain, devront
construire la société nouvelle.
L’expérience
russe a démontré que prendre le pouvoir n’est rien si on ne sait s’y maintenir.
Elle a précisé que se maintenir au pouvoir n’est pas encore suffisant si on ne
sait organiser la production, la consommation, la répartition des produits, au
mieux des intérêts des travailleurs.
Elle a établi
que la meilleure arme pour l’édification du socialisme au lendemain du
renversement de la bourgeoisie, est l’existence d’un prolétariat industriel et
agricole fort professionnellement, théoriquement et idéologiquement.
Elle a reconnu
que si le Parti bolchevik est l’arme essentielle dans les révolutions
prolétariennes, par contre, les organisations de masse (syndicats coopératives,
etc.) sont les instruments les plus complets pour asseoir le régime prolétarien
et lui assurer une vie toujours plus favorable et plus stable.
Elle a mis en
évidence l’indispensabilité de créer au cours des crises de la bourgeoisie, les
fondements du nouvel appareil prolétarien qui remplacera l’appareil bourgeois
que la révolution détruira (comités d’usines, de paysans, de soldats, etc.).
Elle a démontré
qu’une connaissance approfondie de l’organisation capitaliste tant au point de
vue administratif qu’industriel, était indispensable pour l’élite active du
prolétariat révolutionnaire et qu’un ouvrier communiste a le devoir de
connaître à fond le fonctionnement de l’entreprise où il est exploité, afin d’être
le guide et l’organisateur dont le Parti et la révolution ont besoin.
Elle a proclamé
que le Parti prolétarien qui ne prépare pas la classe ouvrière au renversement
de la bourgeoisie par une organisation méthodique, une éducation persévérante,
une connaissance claire et précise des difficultés de la tâche, est un parti
indigne de conduire les masses à l’assaut du pouvoir.
L’expérience
russe et les discussions qu’elle engendre, nous indiquent à nous, militants du
parti, conscients de notre rôle, tout notre devoir et toutes les tâches que
nous devons immédiatement entreprendre sous peine d’être traîtres à notre
classe et indigne d’en avoir la confiance. (…)
Suggestions et conclusions
(…) Nous
suggérons que dès maintenant, il faut examiner la réalisation pratique des
premières mesures pour l’établissement d’organismes de base pour l’instauration
du gouvernement ouvrier et paysan.
Examiner l’éducation
de notre parti et des masses dans l’esprit que nous avons indiqué.
Rétablir le
programme du Parti et en faire un véritable bilan de la situation nationale en
même temps que le plan de bataille pour le renversement de la bourgeoisie.
Créer un état d’esprit
favorable dans les syndicats par un travail éducatif de nos militants.
Pousser nos
adhérents et les membres actifs des syndicats à étudier le fonctionnement de
leur entreprise, de leur industrie, de l’appareil administratif privé et d’Etat.
Organiser des
cours techniques dans les syndicats pour ceux qui s’intéressent
particulièrement à ces tâches.
Etudier le
lancement du mot d’ordre « Reconnaissance des délégués d’entreprises »
premier maillon de la chaîne qui conduit à la réalisation du gouvernement
ouvrier et paysan, comme nous l’avons déjà démontré.
Entraîner avec
persévérance l’élite des masses ouvrières dans un travail d’éducation
ingénieusement combiné (de causeries, cours, cercles d’exposition par région,
rayon, sous-rayon, grandes cellules, de documents photographiques,
illustrations, journaux muraux, etc.).
(…)
Si notre journal
sait capter la confiance de ses lecteurs s’il sait nous seconder pour leur insuffler
un minimum de foi et de conviction, notre Parti aura alors une ceinture de
protection si invulnérable que non seulement son travail de pénétration parmi
les masses sera cent fois décuplé, mais encore que tous les coups et toutes les
illégalités dont la bourgeoisie nous menace, au lieu d’entraver notre action,
auront pour effet de faire vibrer plus fort la cohorte de fer que constituera notre
Parti enfin bolchevisé.
Il faut attirer
les lecteurs de nos journaux à une collaboration plus étroite, en évitant de
renouveler les erreurs de la rubrique de triste mémoire « La vie des
usines ». Bien des avis excellents ont été déjà donnés par la voie des « Cahiers »
ou par correspondance directe à « l’Humanité ». Que l’on s’en
inspire.
Signalons l’extrême
urgence de l’organisation et l’éducation de bons correspondants ouvriers et
paysans, les vrais journalistes de demain. Indiquons comme bon moyen de lier
les lecteurs avec leur journal tout en les incitant à penser, s’éduquer et se
former, celui déjà utilisé et consistant à jeter dans le débat une question
bien choisie : « Comment vous représentez-vous le gouvernement
ouvrier et paysan » ou encore « Qu’est-ce que les Soviets ? Leur
application est-elle possible en France ? ». On indique que la
lecture de tel livre ou de telle brochure peut faciliter la solution du
problème posé et que les meilleures réponses seront publiées et récompensées
par le don d’un ou plusieurs livres dédicacés par le Parti. Cette dédicace
serait un appel à l’adhésion. Par ce procédé on obtient un triple résultat :
Vente de notre littérature, éducation des lecteurs, découverte de futurs
adhérents, voir même de futurs chefs du mouvement ouvrier.
Nous avons
indiqué que cette initiative avait été utilisée par L’Humanité en 1924, mais
malheureusement
d’une façon incomplète et que la promesse de récompense par
livres, ne fut jamais tenue, ce qu’il faut éviter à tout prix.
La même idée
peut être utilisée pour la diffusion d’ouvrages éducatifs. On recommandera dans
nos journaux, un volume par des appels dans le genre de ceux qu’a fait
J.Bouquin dans L’Humanité, mais mieux en évidence et plus soutenus. On choisira
des ouvrages dont le contenu peut se lier avec les préoccupations de l’heure
dans le pays ou dans la région, et on demandera aux lecteurs de donner leur
avis par écrit après lecture, avec les mêmes modalités qu’il a été expliqué.
L’exécution de
cet immense travail est parfaitement réalisable si une liaison souple et
permanente fonctionne de la base au sommet de notre parti, si l’initiative est
stimulée sans relâche et utilisée pour le
plus grand bien du Parti.
Si la direction
est intransigeante sur le respect des principes intangibles qui nous régissent.
Si elle brise
impitoyablement toutes les cloisons étanches et toutes les combinaisons
intéressées qui s’abritent derrière l’intéêt du Parti.
Si elle agit en
vraie direction bolchévique.
Alors elle aura
implanté en France le Parti bolchévik invulnérable, et conquis la confiance
entière de tous les adhérents confiance qui permit à Lénine de mener le Parti
bolchévik russe à la victoire;
Moscou le 28-8-26
A.Juin
In Cahiers du Bolchévisme
n°58 9 octobre 1926 (au sommaire de ce
numéro on trouve des articles de P.Semard, Staline, G.Péri, Marcel Ollivier
etc.)
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