"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 6 septembre 2024

UN GOUVERNEMENT POPULISTE PEUT EN CACHER UN AUTRE



"Les factions les plus « responsables » de la classe dirigeante s’inquiètent de la montée du populisme parce que leurs comportements et leurs politiques sont en contradiction directe avec ce qu’il reste du consensus traditionnel de la politique bourgeoise".
 
RI 15/07/2024 La gauche du capital ne peut pas sauver ce système à l’agonie

« Il faut écouter les gens d'en bas » Michel Barnier (nouveau PM)


Ces deux réflexions, la première d'un petit groupe marxiste et la seconde d'un grand bourgeois (par la taille) sont éloquentes et pour tout dire complémentaires dans leur lucidité. Comme l'analyse ce groupe (le CCI) la gauche bourgeoise a peu à peu perdu toute légitimité ou plutôt propension mensongère à représenter la classe ouvrière ; et ce n'est pas finalement d'un écroulement temporaire et cyclique électoral mais historique et quasi irréversible. Le marais hétéroclite qui espère prendre la suite, avec une idéologie lamentable, socio-sexuelle éclectique et prétendant aussi représenter les « gens d'en bas » représente encore moins le prolétariat et « ceux d'en bas ». Pire, malgré ses prétentions ce marais à bobos n'est pas grand chose au niveau électoral. Les ouvriers qu'il désigne comme racistes les méprisent, sans compter le niveau d'abstention record contre ces fous furieux.

Le nouveau Premier ministre ment lui aussi en reprenant cette formule populiste, mais celle-ci s'impose après l'émiettement électoral entre les diverses cliques , elle confirme non la décomposition en soi du système mais la fin du bipartisme où les deux factions principales de la bourgeoisie pouvaient « alterner » avec le souci commun de faire durer le plus possible la gauche contestataire et outrancière dans l'opposition, où ses promesses de défendre le peuple voire les ouvriers estimés comme des cons, ont été depuis 40 ans à chaque fois démenties piteusement.

Le bouleversement actuel est plus grave que l'accident de 1981 où la fraction Mitterrand était plus responsable que les clowns de LFI ; et où la crise mondiale était autrement moins grave.

Lorsque l'attrait électoral et contestataire pour Bardella a commencé à inquiéter milieux financiers d'abord puis le cartel des puissants politiques dans l'ombre qui contrôlent l'Etat bourgeois, on sonna la cloche de l'antifascisme pour que LFI et ses composantes bobos-écolos-wokistes votent ou se désistent pour n'importe quel candidat de la droite homard et de la gauche caviar1. Magouille qui permit d'éviter au RN d'accéder aux commandes, ce qu'il savait impossible, voire ne le souhaitait pas vu son incompétence (surtout sociale) et le risque de la débandade économique (comme avec le cas LFI). L'Etat en place permanente, pas les gouvernements passagers, ne craint pas les émeutes des petits bourgeois gauchistes et syndicaux, il existe en toute continuité structurelle avec les mêmes fonctionnaires quelle que soit la couleur politique qui sert de façade au pouvoir. Eviter des émeutes de qui?des rackets politiques et syndicaux, ce que pronostiquait le CCI en cas de victoire de la clique à la mère Le Pen (qui ressemble de plus en plus à la poissonnière Mathilde Panot)2 ? C'est de la foutaise. Sauf en période de guerre ou de révolution, toutes les factions bourgeoises restent en contact dans les coulisses.

Dans tous les cas des manifs étaient prévues chez tous les rigolos des »extrêmes » et pas sûres d'être soutenues par cette classe ouvrière qu'ils méprisent. La manif de samedi avec pour prétention de « dégager Macron » peut occasionner des casses d'abribus par les abrutis ultra-gauches, mais elle n'est pas vraiment soutenue par les vieux partis de la gauche bourgeoise ; de plus les principaux syndicats ont décliné l'invite du trotskien Mélenchon, estimant que la plaisanterie a assez duré. Pour une fois je dis bravo à ces syndicats, sachant tout de même qu'ils ne voulaient pas se ridiculiser face au prolétariat. Une cinquantaine d'assocs de charlots divers du NPA ou des syndicats de diverses corporations, non représentatives de tout l'appareil, vont suivre la clique à Mélenchon. Ils pourront vociférer et se gratter, même en criant que Macron est désormais l'otage du « fachisme », ce ne sera qu'une promenade folklorique de plus ; de plus généralisée, pour faire internationaliste, devant tous nos consulats à l'étranger3 ! Une trouvaille typique de la philosophie lambertiste du Lider démago maximo. Je persiste à noter que, malgré leurs hurlements, les charlots de LFI ne voulaient pas encore du pouvoir, non seulement parce qu'ils savent eux aussi que leur programme est inapplicable et que leur fonction actuelle n'est surtout pas d'entrer dans un gouvernement...forcément capitaliste. On n'a jamais vu une révolution derrière des charlots pareils et sans prendre les armes !

Le haut commandement des bonzes syndicaux, en dépit de leur base suiviste du cartel LFI, ont plaidé pour le slogan démagogique qui veut que « le syndicat n'a pas vocation politique », ce qui ne les empêche guère d'appeler en faveur, en d'autres circonstances pour la gauche bourgeoise (cf. lors du dernier cirque électoral). Mais en l'occurrence l'imbécillité politique des cliques de LFI passe la mesure, elle n'est ni révolutionnaire ni crédible, et pas seulement pour les patrons.

Macron a dissous parce qu'il craignait un blocage institutionnel et pour le vote du budget 2025. Il a été plus coincé qu'irresponsable et mal conseillé, comme ce fut crié sur tous les toits. La nouvelle manœuvre, visant à crédibiliser un nouveau gouvernement et à rendre moins impérial Macron apparaît comme une possibilité crédible, comme en Italie où ladite extrême droite, de nature « collaboratisionniste» historiquement peut jouer le jeu. Voire en plus à permettre à LFI de radicaliser son antifascisme pour faire plus radical, au nom du « vol de l'élection » et de l'écartement de la bourgeoise huppée Lucie Casse-tête4. C'est la bourgeoisie tout entière qui paye l'usure de son pouvoir de mystification. Et c'est la fraction la plus imbécile qui personnalise cet échec, ne pouvant voiler que leur prétention alternative est ahurissante, pas seulement je le répète pour les gestionnaires capitalistes, mais surtout pour le prolétariat qui ne croit pas aux salaires décents ni à une retraite heureuse en régime capitaliste.

LA DENONCIATION DU POPULISME CASSE-T-ELLE DES BRIQUES ?

Le CCI nous donne sa définition, oubliant au passage la dépendance de LFI au « vote musulman » et leur soutien au nationalisme palestinien, autre clin d'oeil électoral aux électeurs arabes de plus en plus nombreux en banlieue :

« Plus généralement, le populisme est le fruit d’une désillusion croissante à l’égard de la « classe politique ». Il se nourrit du mécontentement suscité par la vénalité et la corruption des politiciens en place, de leur litanie de promesses non tenues et de leur rôle dans la dégradation du niveau de vie de la majorité de la population. Ainsi, les populistes prétendent être les porte-parole d’une véritable rébellion du « peuple » contre les « élites » et réclament de manière démagogique l’amélioration du niveau de vie de la population « de souche » en désignant des boucs émissaires et en excluant les immigrés. »

Une telle définition peut être rédigée idem par n'importe quelle particule gauchiste ou même les charlots de LFI, confirmant que le CCI ne veut rien savoir concernant les problèmes posés par l'immigration de masse ; laquelle immigration ne pose pas seulement problème au prolétariat européen mais aussi turc, à Mayotte, en Afrique, etc.

On apprend avec consternation qu'après avoir salué les « factions responsables » de la bourgeoisie », le CCI loue, en France comme en Angleterre, leur « réponse intelligente à la montée du populisme et au danger Le Pen » ; c'est à dire à la fameuse magouille électorale où les « irresponsables » de LFI ont fait voter pour les « intelligents » des politiciens classiques des deux bords ! D'une part, le principal danger n'était pas le RN, comme on le voit à présent il va contribuer à oeuvrer à une voie de sortie à la pagaille sans ranimer l'antifascisme de Neuilly. L'Angleterre ne dispose pas plus de barrage efficient contre le populisme comme l'ont montré leurs dernières émeutes où des centaines d'ouvriers, présumés racistes et enrôlés par des fachos, ont été jetés en prison, insultés et traités pire que des criminels, après l'assassinat de trois petites filles. Le CCI se cache aussi derrière une dénonciation aveugle de ce que tout le monde enferme et banni sous le vocable populisme. Or le populisme ou ce que l'on réduit à un vocable méprisant contient des questions qui ne sont ni racistes ni « fachistes ». Les gens du CCI vivent dans les beaux quartiers pas là où se concentre la misère et la violence, les viols et les assassinats. Comme les gauchistes il est adepte du « pas de vague ».Je me suis livré à un listage des crimes et viols commis les deux mois derniers, dans les principales capitales Paris-Lyon-Marseille. En majorité ils sont commis par des étrangers et surtout des OQTF. Qu'on le nie, le déplore ou le conteste c'est une réalité. Vécue et subie par « ceux d'en bas » tous racistes et fachos ! On a besoin des étrangers, le travail est une denrée internationale et de l'or pour les capitalistes, mais comment gommer les rivalités de logement, d'assistance réservée aux familles nombreuses immigrées dont les enfants, en échec scolaire, dealent ? Comment rester aveugle à la progression et au chantage de l'islamisme dans les écoles et les quartiers, en se contentant comme n'importe quel rigolo gauchiste de proclamer que l'immigration doit être totale car elle serait un renforcement de la classe ouvrière ? Partout c'est faux désormais, car c'est la bourgeoisie qui a récupéré l'ancien discours internationaliste pour le retourner contre la classe ouvrière autochtone, avec des octrois sociaux très pervers qui servent encore plus à diviser le prolétariat, avec enfin la crucifixion d'un « prolétariat blanc » !

Enfin, fin des fins, pour éviter de répondre aux vraies questions qui se posent, non en termes d'exclusion de tous les étrangers ni en renforcement de la masse policière, le CCI masque sa vacuité avec la sauce à tout va : la décomposition : « le populisme est avant tout un pur produit de la profonde décomposition de la société capitaliste ».

Le Rassemblement national, de paria à faiseur de rois (libération)

La formule du nouveau Premier commis d'Etat est au fond fort maligne. Elle fait du populisme sans en être vraiment, tout en le ridiculisant. C'est pourquoi, principal utilisateur de la formule le clan Mélenchon hurle au vol du droit d'auteur. Bien joué Macron ! La démarche du nouveau promu marche dans le sens de retourner la masse des électeurs, conscients d'être floués par tous les partis, contre les cliques populistes elles-mêmes, et en premier lieu le cartel LFI le plus dangereux en terme de continuité de gestion, plus dangereux que le RN qui n'est pas devenu un « faiseur de roi », contrairement à l'affirmation des petits idéologues hâbleurs de Libération, mais un complice respectueux de l'ordre bourgeois.Le RN par tradition reste un parti de collaboration d'Etat, de la même manière que Mitterrand a eu besoin de Le Pen ...et il fait bien en un sens car le marais de la gauche bourgeoise signifiait une faillite pas du tout révolutionnaire mais le chaos de petits marquis gauchistes sans tête ni conscience de classe. Avec une série de promesses intenables. Le RN est voué à rester un second couteau, particulièrement inadapté pour conduire habilement les « réformes » contre la classe ouvrière, comme le remarque là justement l'article du CCI.

Le virage stratégique en cours nous permet de constater une sorte de revanche opportuniste anti-populiste remisant au placard l'antifascisme de bazar où les cliques minoritaires de la gauche bourgeoises croyaient en avoir fini avec les questions rapportées par le RN. Par de simples desiderata du pouvoir d'Etat , par un arrangement entre partis des méchants de la droite, avec cette nouvelle magouille électorale entre cliques comparses, le RN revient sur la scène pour, paradoxalement, acculer les fractions irresponsables du marais de la gauche bourgeoise à la simple protestation de rue. Rien de plus normal. Même Lucie Casse-couilles avait copié Barnier : «  « La semaine dernière encore, elle a ainsi «proposé» de repartir à «l'écoute de la population (…) afin de discuter, d'entendre, de reconstruire du lien».

Dans cette nouvelle configuration et figuration, le système a compris qu'il fallait mettre les pieds sur le terrain du populisme, non pour en démystifier les mensonges, mais pour les prolonger par de savants montages. Tant pis pour les marginaux de l'idéologie bourgeoise de la gauche en crise ; ils sont remis à leur place: clowns d'opposition plus sûrs d'eux sur des questions sociétales accessoires que capables de tenir leurs promesses de raser gratis le prolétariat et de lisser la barbe des imams.

Le populisme « d'en bas » peut avoir tous les défauts qui choquent la morale bourgeoise hypocrite et le CCI – bouc-émissaires immigrés, repli identitaire – mais il n'est pas totalement réactionnaire. Il est un cache-misère réel. Une absence de réflexion contre l'organisation idéologique perverse de la misère, qu'elle soit matérielle ou spirituelle. Mais dans cette misère il n'y a pas que la misère mais surtout ce sentiment d'insécurité, dont ne se préoccupent jamais nos révolutionnaires en chambre ; question révolutionnaire pourtant car elle nous révèle que la police ne nous protège pas mais sert surtout à protéger l'Etat gangster. Les paris populistes soit s'en foutent comme les zéros de LFI, soit nous font croire qu'augmenter le nombre de policiers serait la solution (le RN)

Au fond, peur de l'immigration et constat de l'impunité des racailles comme des grands profiteurs bourgeois, confirment le véritable souci : « la peur du lendemain » (Babeuf). Cela le nouveau populiste Barnier n'y mettra pas fin même s'il freine un peu.



NOTES


1Ce que l'article du CCI a parfaitement mis en évidence : « Le fait même que les partis de gauche aient joué un rôle aussi crucial dans l’effort de blocage du RN est la preuve de la nature bourgeoise de la gauche. Le populisme est certes un ennemi de la classe ouvrière, mais il n’est pas le seul, et s’associer à d’autres partis pour stabiliser l’appareil politique existant est une action au service du capitalisme et de son État. De plus, comme cette action est menée au nom de la défense de la démocratie contre le fascisme, c’est un moyen de renforcer l’idéologie frauduleuse de la démocratie ».

2 « Les services de renseignement craignent non seulement des émeutes dans les banlieues et des débordements dans les manifestations « antifascistes », mais aussi les violences racistes de groupuscules d’ultradroite qui pourraient se sentir les ailes pousser avec l’arrivée de Bardella au pouvoir ».

3Les cliques et sectes qui appellent aux manifestations du 7 septembre contre le « coup de force de Macron » : Union Étudiante, Union Syndicale Lycénne, Jeunes insoumis·es, Jeunes Génération·s, Jeunes Écolos, NPA - Jeunesses Anticapitalistes, La France insoumise, Nouveau Parti Anticapitaliste - L’Anticapitaliste, Les Écologistes, Parti Communiste Français, Génération·s, Picardie Debout, Jeune Garde, le Planning familial, ATTAC, Nous Toutes, CGT 13, Sud Commerces et Services, CGT Services publics, CGT Finances publiques, CGT EDF R&D, CGT 18, CGT 29, FSU 29, CGT 44, FSU 44, Solidaires 44, CGT 80, CGT 94, GT 82, CGT 17, FSU 17, UL CGT Lille, Parti de Gauche, PEPS, POI, CGT Fédération des Sociétés d’étude, CGT APHP, CGT 73, CGT 14, CGT 26, CGT Mines-Énergie

4Qui risquait de coûter très cher aux particules du marais mélenchonien, elle réclamait 9000 euros par mois, après avoie été sous-fifre de l'autocrate des bobos Hidalgo.

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