"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

dimanche 10 décembre 2023

DANS LA GUERRE, LES DEUX PRINCIPAUX DANGERS : LA MASTURBATION ET LA PEDERASTIE DES SOLDATS ALLEMANDS



Livre du médecin militaire américain Charles Henri Fischer : La vie érotique pendant la Guerre (1935, répertorié par JJ Pauvert, et dont il n'existe que deux exemplaires en France, dont le mien)

LES ONANISTES SONT DE MAUVAIS GUERRIERS

… Il convient de faire une place importante à l'onanisme, qui, sans pouvoir être placé dans les perversions sexuelles proprement dites ne sauraient être considéré comme une satisfaction sexuelle normale.

Si nous ne taxons pas l'onanisme de perversité, c'est que jusqu'à un certain âge il est du domaine courant. Toutefois lorsqu'il remplace chez les adultes la vie sexuelle saine, il aboutit à un état morbide à conséquence quelques fois assez graves. Il ne manquait pas dans les hôpitaux militaires de ces soldats aux visages émacié, aux yeux hagards et à la nervosité à fleur de peau. On remarquait qu'il leur suffisait souvent d'une permission de quelques semaines pour les rendre à l'état normal. Aux répercussions physiques s'ajoutaient encore des répercussions morales, car cette perversion est peut-être celle qui abaisse le plus l'homme à ses propres yeux. La neurasthénie des masturbateurs est un phénomène reconnu, et su quelqu'un a encore des doutes sur cette question, il n'a qu'à consulter les annales des observations militaires.

On pourrait répondre que la neurasthénie ne se manifeste que chez un onaniste invétéré et non chez un « pécheur » accidentel. Toutefois cette limite est souvent imperceptible et la pratique plus ou moins


fréquente de l'onanisme se mue facilement en un vice dont il est difficile de se défaire par la suite. Comme les occasions d'excitations sexuelles sont créées en abondance au front, celui qui a eu une fois la faiblesse de demander à un procédé artificiel d'achever la sensation ébauchée devra faire preuve d'une très grande volonté pour ne plus succomber à la même tentation à des reprises de plus en plus fréquentes. Les onanistes d'occasion deviennent souvent sans s'en apercevoir, des onanistes incorrigibles. « Autrefois, disait un officier allemand, ma femme était mon bras droit, aujourd'hui, ma main droite est ma femme ». Faut-il s'étonner dès lors si les gouvernements ont préféré la prostitution avec tous les risques qu'elle comporte à l'éventualité de voir des régiments gagnés par les pratiques onanistes. C'était un danger par trop évident. « Des études innombrables ont révélé les maux prodigieux de ce qu'un auteur nomme « l'abus de soi-même avec les mains ». Folie, épilepsie, maux de tête, crétinisme, ramollissement du cerveau et de la moelle épinière, épistaxis, hallucinations, voilà quelques-uns des maux engendrés par cette irrésistible passion qui devient frénétique et tyrannique. Le résultat de plus fréquent, c'est la neurasthénie, avec son cortège de douleur et de désespérance.

De même une conséquence inéluctable, c'est l'aversion pour les plaisirs amoureux et l'impuissance à procréer par épuisement solitaire et improductif. L'impulsion sexuelle normale est anéantie peu à peu, étant dérivée vers une vois étrangère ». Ajoutons à ces observations le tableau que trace de l'onanisme le docteur Kapffs et nous comprendrons qu'il était urgent d'employer à tout prix les progrès de l'onanisme dans les armées.

« L'onaniste est comme une espèce de limaçon à l'épiderme froid et tacheté, rougissant sans motif, et sans que cette rougeur du visage soit un signe de modestie et de pudicité, l'éclair d'un regard lourd de pensée. Le masturbateur redoute les femmes, il les déteste ou les idéalise, selon l'usage qu'il s'en forme dans les rêves de sa fantaisie maladive. Il est paresseux et irritable, il fuit le monde, il semble méditatif, timide,

D'apparence mélancolique, il en réalité en désaccord avec lui-même et avec tout le monde. In capable d'une volonté ferme, il renonce à l'énergie nécessaire à l'assaut, à la joie et à l'initiative, il s'abandonne à sa fantaisie, il rêvasse sans conviction ferme et sans desseins définis.

Hystérique, capricieux ou hypocondriaque , il digère mal et est constipé. Rassasié de la vie jusqu'à l'écoeurement, il n'a cependant pas le courage de mettre fin à sa vie. Il se laisse prendre à la remorque par les hommes qu'il ne peut pas vaincre et par les choses qu'il ne peut pas diriger. Il est vieux avant d'arriver à l'âge adulte, il est mignard, rognon et fait étalage de scepticisme afin de se donner l'apparence d'un penseur ». Décidément un onaniste n'a rien de ce qu'il faut pour faire un guerrier idéal et les médecins avaient encore d'autres raisons que purement médicales pour redouter les manifestations morbides de ce vice.

L'Allemagne détient le record d'homosexualité

On a beaucoup vanté la camaraderie des tranchées et personne ne songera à contester les beaux élans que les heures de danger passées en commun ont fait naître parmi les hommes des classes les plus différentes, unis dans une sorte de communion. Cette constatation pousse même certains à accepter toutes les horreurs de la guerre, convaincus qu'elle seule peut faire éclore des sentiments aussi beaux et désintéressés que ceux qu'on a pu constater pendant les hostilités.

L'homme le plus insociable de nature a un besoin inné de tendresse, il a besoin d'en recevoir et d'en offrir. Les lettres à la famille ne peuvent pas suffire : la mère ou la femme lointaine compatissent, sans doute, au sort du combattant, mais ne le comprennent pas aussi bien qu'un frère de tranchée qui partage toutes ses transes. En outre, la tendresse réclame un objet plus immédiat, et cet objet devient naturellement le camarade qui se trouve constamment à vos côtés.

Un régiment comporte ses vétérans et ses bleus parmi lesquels de jeunes adolescents dont le visage imberbe et le teint frais ont quelque chose de féminin. Il se forme alors naturellement des catégories de protecteurs et de protégés dont les rapports rappellent étrangement ceux d'individus de sexe différent. Imperceptiblement on assiste, dans presque tous les régiments à l'éclosion de sentiments homosexuels qui, quelques fois, ne se contentent pas de manifestations purement platoniques.

On sait que l'Allemagne a été de tous les temps un foyer d'homosexualité particulièrement intense. Les clubs de pédérastes y prospéraient et un comité avait même été créé se proposant de mener une campagne pour l'abolition du fameux paragraphes 175 dirigé contre les invertis. Pendant la guerre cette campagne redoubla d'énergie. Les champions de l'inversion sexuelle trouvèrent alors un argument suprême ; l'homosexualité au service de la patrie.

Cette nouvelle destination de l'homosexualité n'est pas d'ailleurs, tant s'en faut, d'origine germanique. André Gide, dans Coydon, décrit d'après Plutarque les méthodes guerrières des Thébains qui savaient déjà mettre à profit les amours entre hommes pour la cause patriotique.

« Il faut ranger l'amant près de l'aimé, car un bataillon formé d'hommes amoureux les uns des autres, il serait impossible de le dissiper et de le rompre, parce que ceux qui le composent affronteraient tous les dangers, les uns par attachement pour les objets de leur amour, les autres par crainte de se déshonorer aux yeux de leurs amants ».

Il est d'ailleurs incontestable qu'au cours de la Grande Guerre l'affection que se vouaient les hommes entre eux jouât un certain rôle dans la conduite héroïque des combattants. Nous avons eu l'occasion au cours de cet ouvrage de signaler que la pensée de la femme était souvent un stimulant pour le guerrier qui espérait, non sans raison, qu'une conduite valeureuse lui vaudrait une reconnaissance d'amour. Combien ce facteur est plus puissant lorsqu'il s'agit d'un témoin oculaire de prouesses martiales ! La perspective d'inspirer de l'admiration à l'aimé poussait bien souvent le soldat à accomplir des actes de bravoure dont il ne se serait pas senti le courage en d'autres circonstances.

Les engagés volontaires qui recherchent le danger de la ligne de feu pour rejoindre un partenaire dont la guerre les avait séparés étaient plus nombreux en Allemagne qu'on ne le pense. L'enthousiasme de pédérastes à s'enrôler ne put échapper à l'attention des autorités.

Le mérite patriotique des homosexuels apparaît d'autant plus considérable qu'il s'agit en général d'individus au système nerveux moins résistant que celui des hommes sexuellement normaux. Un inverti devait fournir un effort inouï pour supporter les rigueurs de la vie militaire auxquelles il devait se trouver particulièrement sensible. Les homosexuels sont très souvent des névropathes, des hommes d'une volonté émoussée, et pour juger à sa juste valeur leur rendement, il est équitable de tenir compte de ce handicap.

QUAND LA GUERRE MULTIPLIE LES PEDERASTES

Le pourcentage des invertis dans l'armée varie sensiblement suivant les corps et les pays ; il est évidemment plus fort dans l'armée de mer que dans l'armée de terre, les marins étant réputés, même en temps de paix, pour leurs mœurs spéciales. Parmi les divers pays, c'est l'Allemagne qui détient, de loin, le record en fait d'homosexualité. Voici quelques chiffres fournis par le rapport du Comité s'intéressant à cette question :

« En ce qui concerne les progrès de l'homosexualité dans la garnison, je peux conclure d'après mes informations, que le chiffre de 2p. 100 est exagéré. Parmi mes 150 compagnons de garnison que je connais de plus près, un seul me semblait suspect à ce point de vue. Ces 150 soldats appartenaient dans la vie civile à toutes les professions. Toutefois, 150 observations ne constituent qu'une quantité négligeable par rapport à ces milliers de cas que le docteur Hirschfeld a pris en considération pour ses recherches. D'autre part, je me rends parfaitement compte de la difficulté qu'il y a à classer quelqu'un parmi les homosexuels lorsqu'on n'a pas eu de preuve concrète de ses pendants »

Le cas de certains ménages, officier-ordonnance ou autres, sont vraiment touchants. Voici, cité par Bernard Zimmer, la chanson mélancolique d'une ordonnance veuf :

« Mon lieutenant, je t'ai tant aimé,

Il était si jeune, si beau !

Dans la mort même, étendu

Sur les hauteurs sanglants d'Arras.

Il reçut la balle en plein cœur.

Je le pris dans mes bras.

Je le posait doucement sur l'herbe qui sentait bon.

C'était un matin de mai. Il faisait chaud... ».

Il convient de faire une distinction entre les homosexuels de longue date, pour ne pas dire de naissance, qui ont pu donner libre cours à leurs penchants à la faveur de la guerre et ceux qui, placés dans les conditions spéciales dont nous avons parlé, et assoiffés de tendresse, ont senti naître en eux une orientation que la vie civile ne leur aurait peut-être jamais permis de découvrir. Ce sont les homosexuels accidentels qu'il serait plus exact de qualifier d'hétérosexuels car chez ceux-là, la répugnance pour la femme n'apparaît pas, ou du moins, pas dans une mesure aussi marquée que chez les vrais pédérastes.

Bien qu'on nie en France l'existence d'une homosexualité invétérée dans l'armée, on convient qu'il devait se trouver sur le front français comme sur tous les autres fronts, pas mal d'homosexuels d'occasion. Si les Français n'admettaient pas l'existence de cette perversion dans des proportions notables parmi les troupes, c'est une réaction bien compréhensible contre les abus auxquels se livraient outre-Rhin les apôtres de l'amour entre hommes faisant flèche de tout bois pour défendre leur cause. C'est ainsi que Bernard Zimmer constate qu'une photographie apportée comme


preuve des mœurs spéciales des soldats français, et représentant trois soldats travestis, représente en réalité, trois hommes qui n'ont choisi ces vêtements que pour pouvoir mieux s'évader. Un autre « document » de ce genre n'est autre qu'une affiche représentant quatre artistes qui n'ont jamais appartenu au sexe masculin et dont la toilette féminine n'a par conséquent rien d'anormal.

Il faut dire que les autorités allemandes ont fait preuve d'une sévérité relative surtout vis à vis des officiers coupables de ces goûts particuliers. Le conseil de guerre finissait cependant par acquitter les accusés convaincus de pédérastie. Car l'armée allemande aurait risqué d'être fort clairsemée si la  loi s'était montré par trop rigoureuse sur ce chapitre. Encouragé sans doute par cette clémence, un jeune officier traduit en conseil de guerre, déclare avec candeur :

« Nous faisions l'amour, mais délicatement, esthétiquement, jamais sous une forme punissable ! Nous avons connu le bonheur deux mois, sans nuages... C'est votre affaire de prouver que je suis coupable et non la mienne que je suis innocent ».

A en croire le docteur Hirschfeld, c'est une opinion erronée que celle qui représente les invertis comme des sous-hommes débiles et efféminés. Selon l'expression de Bernard Zimmer « ils n'avaient rien de la « tante » ou du petit jeune homme cintré et fessu ».

« Voici un conducteur de camion, vêtement de cuir, grosses lunettes, fusil, etc... Voici le même en robe pimpante. Et le gaillard mesure 1 m. 80 ! J'ai fait mille remarques de cet ordre en campagne ».

Nous aurons l'occasion dans la suite de cet ouvrage d'étudier les moeurs curieuses des homosexuels pendant la guerre, mœurs qui ont trouvé pleinement à s'épanouir entre les cloisons de bois des baraquements des prisonniers de guerre.




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