Bobos identitaires blancs ridiculisant des bobos identitaires noirs |
«
La petite bourgeoisie ne peut garder une position révolutionnaire
face à la bourgeoisie que quand le prolétariat est derrière
elle ». Marx
«
I have a dream » Martin Luther King
Puisqu'il
est entendu par le personnel macronien et jusqu'à l'infantile NPA
que nous allons à coup sûr vers une explosion sociale massive (le
ministre Le Maire gonflant même le chiffre à 800.000 chômeurs),
faisons comme si cette hypothèse était crédible et la bourgeoisie
démunie de toute capacité d'anticipation ; réfléchissons
ensemble à ce qu'est une insurrection que Trotsky nous a décrit
comme un art mais qui passe encore généralement pour un vulgaire
coup d'Etat de telle ou telle camarilla politique ou de robustes
généraux factieux : et fait de nombreux et inutiles morts.
Pourtant tout ce que je vais vous raconter, je l'ai vécu dans un
rêve, c'est à dire en quelque sorte inconsciemment et par devers
moi. C'est au cours de cette disposition nocturne de l'esprit où
l'on se retrouve, plus souvent qu'admis par les sachants, dans la
vraie réalité, où il n'y a ni errance ni chimères ; un
psychologue oublié n'a-t-il pas dit que nos rêves sont le reflet de
la réalité ?
Je
vais tout vous dire, même brutalement, même avec cet aspect cocasse
qui présidait à ce rêve : j'avais demandé rendez-vous au
principal leader du CCI – de par ma connaissance fort ancienne de
leur hiérarchie sans présumer qu'il y en ait un autre ou d'autres -
pour lui expliquer la gravité de la situation et les erreurs
politiques dans lesquelles son organisation était en train de se
fourvoyer. Nulle prétention de ma part, ni haine ni ressentiment
contre mon ancienne organisation, puisque je l'avais convoqué à
titre individuel dans un café non confiné. Lui-même m'avait
répondu favorablement avec bienveillance avec son côté grand
dadais faussement spontané et sans dents.
L'objet
de ma gêne résidait bien sûr dans la publication tardive de leur
prise de position sur le raout mondial du meurtre sélectif des noirs
par les polices américaine et française1.
Je me fiche royalement du veuvage politisé de la famille Traoré, et
je déplore bien plus les centaines de milliers de morts du covid. La
pipolisation de la délinquance n'a aucun sens de la
proportionnalité. Comme la police n'a eu aucune honte d'exiger à ce qu'on continue à leur
enseigner à étrangler et à tuer par plaquage ventral2.
Si le
groupe rival (la Tendance Communiste Internationale, journal
Battaglia Comunista) avait assumé en publiant une prise de position
correcte du point de vue révolutionnaire3,
il avait fallu attendre le 12 juin pour savoir l'analyse qu'en
produisait la minorité maximaliste communiste qui se considère la
plus pure et la plus éduquée au monde. Enfin au total vingt jours
après l'assassinat de George Floyd. J'avais posé la question, en
pleine journée et encore éveillé sur la colonne de droite de ce
blog : « pourquoi ce long silence du CCI sur un événement
qui émeut la terre entière ? ». J'y voyais, tout en
hésitant dubitativement sur les causes réelles de ce long silence,
l'expression de l'attentisme, cette maladie classique de
l'opportunisme. Je me souvenais que Marc Chirik, dans son dernier
texte - que j'avais soigneusement compilé à la fin des autres dans
le tome deux que j'ai consacré à cet homme - avait subsumé la
décadence du CCI : « … nous pouvons constater l'énorme
retard que le CCI prend par rapport aux événements, et cela à tous
les niveaux »4.
Lorsque
le 12 juin je pris connaissance enfin de la prise de position, je fus
stupéfait de sa platitude et de son simplisme. Le même genre
d'article lisse sans affect du bureaucrate qui récite sa leçon avec
le souci de la respectabilité bourgeoise (comme l'a si bien dit
notre ami Jonathan). J'y vis immédiatement confirmation de
l'attentisme coupable du CCI. Avec ce qui s'appelle communément
l'opportunisme le plus plat, l'article démarre sur le protestation
antiraciste universaliste alors que la première question c' était
la violence policière et contre qui et le fait que la police comme
institution ne peut pas être raciste mais... bourgeoise ; c'est
pourquoi, par contre, mon premier article affirma : ce n'est pas
un crime raciste mais un crime d'Etat.
Le
pire était à venir, un simplisme lamentable. Je vais le détailler.
Car il y avait plus drôle. Le CCI ne fait jamais cas de mon site,
sauf une fois (l'organe organisatoire ne cause pas à l'individu
indubitablement anarchiste), il y a longtemps et pour se gausser des
termes « prolétariat universel », par pure ignorance de
la phrase de Marx que je laisse en permanence en exergue. Mais ils me
lisent tous comme on suit le veilleur de nuit, les groupies
sympathisantes comme les militants dubitatifs et pas encore exclus.
Peut-être serais-je qualifié un jour de Médiapart du maximalisme5.
Le plus drôle accompagne donc cette prise de position lavasse :
la date truquée et anticipée de l'article. L'article est anti-daté
au 11 mai à côté de la signature de l'auteur Amos. Or Floyd n'a
été tué que le 25 mai . Avec ces sites amerloques aucun trafic
n'est possible sur la date réelle de mise en ligne le 12 juin à
21H45 précise ! Même en admettant que l'auteur ait eu la
prescience d'un nouveau meurtre de noir par les flics US (il s'en
produit chaque jour...) l'évocation du slogan bête « Defund
the police », et qui est justement critiqué dans le texte, n'a
été mis en avant que début juin, vers le 7. Simple preuve
supplémentaire que l'aricle n'a pas pu être écrit le 11 mai.
Erreur du pigiste prétendront les fidèles,6 ? involontaire culpabilité face à mon accusation d'attentisme, tricherie à la stalinienne? Tout cela est secondaire par rapport à la sénilité théorique qui
suit. Mais avant de l'analyser, faisons un détour par deux vieux
spécialistes du caviardage : Kautsky et Bernstein. Un détour
dont vous ne verrez pas tout le suite le lien avec la démonstration
par après.
COMMENT
AFFAIBLIR LA THEORIE DE LA VIOLENCE REVOLUTIONNAIRE ?
Je me
rappelle comment, vers la fin des années 1970, la principale tête
pensante de la Communist Workers Organisation, enquiquinait notre
bienpensance concernant le regroupement des révolutionnaires avec
notre pape Chirik. Je résume, Mitchell disait : « vous
pouvez regrouper ce que vous voulez, de toute manière toutes les
organisations trahissent au moment de la révolution »7.
L'introduction
d'Engels à la republication du texte daté « Les luttes de
classes en France » du 6 mars 1895, est un bilan fondamental de
la lutte révolutionnaire à la fin du XIX ème siècle. Et des plus
controversés. Le site « marxist/org » prétends que les
passages caviardés ont été rayés par Engels lui-même8,
or c'est faux. Je ne sais si c'est un site stalinien ou trotskien,
mais si c'est leur cas, ce sont des merdes. Car ce sont bien les deux
papes de la social-démocratie allemande, Kautsky et Bernstein qui
ont opéré aux coupures mise entre crochets, et pour une raison
simple : avaliser la politique pacifiste parlementariste.
Le
texte d'Engels est un coup de tonnerre pour la lourde
social-démocratie et un socialisme international plutôt ronflant et
gagné à l'attentisme et au pacifisme. Le dernier géant du marxisme
n'hésite pas à faire tomber les tabous. La Commune de Paris s'est
épuisée en querelles stériles. Le temps des coups de main et des
barricades, c'est terminé :
«
Le temps des coups de main, des révolutions exécutées par de
petites minorités conscientes à la tête des masses inconscientes,
est passé. Là où il s'agit d'une transformation complète de
l'organisation de la société, il faut que les masses elles-mêmes y
coopèrent, qu'elles aient déjà compris elles-mêmes de quoi il
s'agit, pour quoi elles interviennent (avec leur corps et avec leur
vie). Voilà ce que nous a appris l'histoire des cinquante dernières
années. Mais pour que les masses comprennent ce qu'il y a
à faire, un travail long, persévérant est nécessaire ; c'est
précisément ce travail que nous faisons maintenant, et cela avec un
succès qui met au désespoir nos adversaires ».
Mais Engels ne se livrait-il pas à une apologie de la lenteur...
réformiste ?
« Même si cette puissante armée du prolétariat n'a
toujours pas atteint le but, si, bien loin de remporter la victoire
d'un seul grand coup, il faut qu'elle progresse lentement de position
en position dans un combat dur, obstiné, la preuve est faite une
fois pour toutes qu'il était impossible en 1848 de conquérir la
transformation sociale par un simple coup de main ».
La possibilité d'une révolution violente n'était-elle pas
caduque ?
« Et on put voir une fois de plus combien à ce moment-là, ce
pouvoir de la classe ouvrière était encore impossible vingt ans
après l'époque que nous décrivons ici. D'une part, la France fit
faux bond à Paris, le regardant perdre son sang sous les balles de
Mac-Mahon, d'autre part, la Commune se consuma dans la querelle
stérile des deux partis qui la divisaient, les blanquistes
(majorité) et les proudhoniens (minorité), tous deux ne sachant ce
qu'il y avait à faire. Le cadeau de la victoire en 1871 ne porta pas
plus de fruits que le coup de main en 1848.Car, là aussi, les
conditions de la lutte s'étaient sérieusement transformées. La
rébellion d'ancien style, le combat sur les barricades, qui, jusqu'à
1848, avait partout été décisif, était considérablement
dépassé ».
La révolution n'était-elle pas devenue quasi impossible du fait du
renforcement de l'armement des forces de répression ?
«... depuis lors, beaucoup de choses se sont encore modifiées,
et toutes en faveur des soldats. Si les grandes villes ont pris une
extension considérable, les armées ont grandi davantage encore.
Depuis 1848, Paris et Berlin n'ont pas quadruplé, or, leurs
garnisons se sont accrues au delà. Ces garnisons peuvent être plus
que doublées en vingt-quatre heures grâce aux chemins de fer, et
grossir, jusqu'à devenir des armées gigantesques en quarante-huit
heures. L'armement de ces troupes énormément renforcées est
incomparablement plus efficace. En 1848, c'était le simple fusil à
percussion, aujourd'hui c'est le fusil à magasin de petit calibre
qui tire quatre fois aussi loin, dix fois plus juste et dix fois plus
vite que le premier ».
Le vieux compagnon de Marx et « général » spécialiste
de toutes les guerres révolutionnaires du XIX ème siècle
reniait-il tout son glorieux passé ?
« Du côté des insurgés, par contre, toutes les conditions
sont devenues pires. Une insurrection qui a la sympathie de toutes
les couches du peuple se reproduira difficilement ; dans la lutte de
classes toutes les couches moyennes ne se grouperont sans doute
jamais d'une façon assez exclusive autour du prolétariat pour que,
en contre partie, le parti réactionnaire rassemblé autour de la
bourgeoisie disparaisse à peu près complètement. Le « peuple »
apparaîtra donc toujours divisé, et, partant, c'est un levier
puissant, d'une si haute efficacité en 1848, qui manquera. Si du
côté des insurgés viennent un plus grand nombre de combattants
ayant fait leur service, leur armement n'en sera que plus
difficile ».
La social-démocratie vieillissante
pouvait croire lire un apaisement pacifiste chez le septuagénaire,
mais pas assez. C'est pourquoi Kautsky et Bernstein s'efforcèrent de
corriger le texte, et qu'il n'y eût pas autocensure de la part
d'Engels. Examinons comment il est possible de dévitaliser un texte
de bilan révolutionnaire par quatre coupures :
Les
deux premiers caviardages servent à faire croire que l'option
parlementaire est devenue la seule forme de lutte, alors que Engels
maintient l'option violente :
« Dans
les pays romans aussi on comprend de plus en plus qu'il faut réviser
l'ancienne tactique. Partout, [le déclenchement sans préparation de
l'attaque passe au second plan, partout] on a imité l'exemple
allemand de l'utilisation du droit de vote, de la conquête de tous
les postes qui nous sont accessibles, [sauf si les gouvernements nous
provoquent ouvertement à la lutte].
Le
troisième caviardage suppose qu'on peut éliminer le combat de rue,
typique de l'esprit réformiste conciliant ; Engels maintient
cette possibilité mais ajoute qu'elle n'est pas suffisante, et,
merde aux black blocs, la barricade est une « tactique
passive » :
[Cela veut-il dire qu'à l'avenir le combat de rues ne jouera plus
aucun rôle? Pas du tout. Cela veut dire seulement que les conditions
depuis 1848 sont devenues beaucoup moins favorables pour les
combattants civils, et beaucoup plus favorables pour les troupes. Un
combat de rues ne peut donc à l'avenir être victorieux que si cette
infériorité de situation est compensée par d'autres facteurs.
Aussi, se produira-t-il plus rarement au début d'une grande
révolution qu'au cours du développement de celle-ci, et il faudra
l'entreprendre avec des forces plus grandes. Mais alors celles-ci,
comme dans toute la Révolution française, le 4 septembre et le 31
octobre 1870 à Paris, préféreront sans doute l'attaque ouverte à
la tactique passive de la barricade.]
Le
quatrième caviardage (entre crochets) vise à gommer tout esprit de
révolte de la social-démocratie, elle restera soumise à l'Empire
allemand et nullement menaçante pour l'ordre bismarckien:
« Mais
n'oubliez pas que l'Empire allemand, comme tous les petits États et
en général tous les États modernes, est le produit d'un pacte; du
pacte d'abord des princes entre eux, ensuite des princes avec le
peuple. Si une des parties brise le pacte, tout le pacte tombe et
alors l'autre partie n'est plus liée non plus. [Comme Bismarck nous
en a si bien donné l'exemple en 1866. Si donc vous brisez la
Constitution impériale, la social-démocratie est libre, libre de
faire ce qu'elle veut à votre égard. Mais ce qu'elle fera ensuite,
elle se gardera bien de vous le dire aujourd'hui.)]
En
coupant ces quatre passages, Kautsky et Bernstein accréditaient leur
propre thèse et ils essayèrent même, en faisant passer le texte
tronqué de l'introduction d'Engels pour une sorte de testament
politique gradualiste. Engels s'insurgea contre ce traitement qui
nuisit à sa réputation de révolutionnaire intransigeant. Ses
meilleurs défenseurs furent Rosa Luxemburg et Lénine qui
dénoncèrent le « renégat Kautsky » et le
« révisionniste Bernstein », le réformisme traître de
la seconde Internationale et le criminel attentisme au moment de la
guerre. Le texte intégral d'Engels a été restauré après la
révolution d'Octobre en Russie.
La
présentation par Engels du texte de Marx rédigé en 1850, après
l'avoir réactualisé, continuait d'en valider la méthode d'analyse,
et en particulier le rôle important de la petite bourgeoisie qui
sert de placard ou de façade si souvent à la classe dominante. Il
suffit de reprendre une seule phrase de Marx de ce texte lumineux des
années 1848-1850 pour y trouver une description quasi conforme de
l'antiracisme moderne et de la démagogie gauchiste et populiste à
la Mélenchon contre la seule finance :
« La
bourgeoisie industrielle voyait ses intérêts menacés, la petite
bourgeoisie était moralement indignée, l'imagination populaire
s'insurgeait, Paris était inondé de pamphlets : « La
dynastie Rothschild » « Les Juifs, rois de l'époque », etc.,
où l'on dénonçait, flétrissait avec plus ou moins
d'esprit, la domination de l'aristocratie financière ».
LE
SIMPLISME DU VIEUX CCI OPPORTUNISTE
« Nous devons veiller à éviter le simplisme
dans notre presse »*
Marc Chirik
Ce
qui est frappant en lisant leur prise de position tardive est encore
et toujours l'oubli de la petite bourgeoisie. Il n'est question que
de la bourgeoisie et du prolétariat (celui-ci fourre-tout incluant
étudiant et rebelles des couches moyennes). Pourtant la petite
bourgeoisie existe bel et bien, et joue un rôle immense depuis le XX
ème siècle en particulier, et Marc Chirik a écrit de nombreuses
pages fustigeant son rôle trouble, ses petites cravates, son cul sur
les bancs de l'université, etc. Le CCI lui ne connaît pas le
pluriel ; comme le leur a dit un jour Alain : « vous
ne conjuguez le terme classe qu'au singulier » !
« La
colère face à tout cela est tangible, et elle est partagée par les
Blancs comme par les Noirs, par les Latino-Americains, les Asiatiques
et par les jeunes en particulier. Mais nous vivons dans une société
qui est matériellement et idéologiquement dominée par une classe
dirigeante : la bourgeoisie, la classe capitaliste ».
Dans
ce schéma simpliste le lumpenprolétariat est fondu dans un
anticapitalisme antiraciste universel et nunuche. La petite
bourgeoisie n'en parlons pas, ou plutôt ne la qualifions pas dans
ses slogans les plus ridicules. Qui exalte les émeutes ? Qui en
appelle à la « justice » ?
On
dénonce les idées radicales en carton mais on ne dit pas d'où
elles proviennent. On ne dit rien de cette mode racialiste des divers
indigestes de la République et autres communautaristes brieusre de
statues, mais par de la mystification raciale, qui ont pignon sur les
réseaux sociaux. L'argument typique du méchant racisme diviseur,
simplisme usuel du gauchisme ne tient même plus la route, ou n'est
plus primordial, c'est la lutte des places dans un marché de
l'emploi mondial peau de chagrin ; le CCI va-t-il prétexter de
son internationalisme pur pour protester contre le renvoi de France
de centaines de travailleurs polonais utilisés à bas salaire par
Peugeot au détriment des ouvriers autochtones ? Le même
purisme qui l'a rendu aveugle et attentiste au début de la
protestation en gilets jaunes.
Le
covid 19 vu comme conséquence de la négligence écologique du
capitalisme est une bêtise de plus. C'est réducteur à la façon de
la bourgeoisie écologique à tous crins. C'est le capitalisme comme
mode de production et de relation qui devient propagateur des virus
mortels pour l'humanité pas les pauvres chauve-souris.
Ce
ne sont pas les coupes sombres dans les services de santé qui
expliquent les ravages du covid, mais l'impéritie gouvernementale
concernant les masques et le reste. Ce n'est pas depuis 2008 que le
capitalisme est imprévoyant et cynique.
La
crise économique à la suite de la période de confinement n'est pas
« comparable » à celle des années 1930, elle est bien
pire.
Quelles
solutions, disais-je dans mon rêve au manitou du CCI ?
...Vous
nous servez le même discours « social » que les cercles
gauchistes, où le populisme, auquel vous ne comprenez rien non plus,
est l'ennemi9.
Et pour finir la contestation du système vous la menez sur le mode
syndicaliste, trade-unioniste aurait dit Lénine.
« Cette
lutte (de classe au singulier simpliste, ndt) est à elle seule la
base pour surmonter toutes les divisions qui profitent à nos
exploiteurs et pour résister
aux attaques et aux pogroms racistes sous toutes leurs formes ».
La
lutte de classe a pour objet comme dans l'imaginaire gauchiste de
« combattre le racisme » avec l'ajout fréquent du terme
pogrom (pour faire vraiment antiraciste?), et après nous avoir
certifié que l'antiracisme est un mensonge ? Où avez-vous vu
cela ?
C'est
seulement en deuxième lieu qu'on nous explique ce dont est capable
la classe ouvrière :
« Lorsque
la classe ouvrière s’organise pour unir ses forces,
elle montre aussi qu’elle a la capacité d’organiser la société
sur de nouvelles bases. Les conseils d’ouvriers qui ont vu le jour
dans le monde entier à la suite de la révolution de 1917 en Russie,
les comités de grève inter-entreprises qui ont vu le jour lors de
la grève de masse en Pologne en 1980 :
voilà la preuve que la lutte de la classe ouvrière sur son propre
terrain offre la perspective de créer un nouveau pouvoir prolétarien
sur les ruines de l’État capitaliste, et de réorganiser la
production pour les besoins de l’humanité ».
Ils
ne pouvaient pas nous fournir pires exemples, pires radotages creux,
transformistes à la Kautsky et Bernstein ! Les conseils
ouvriers « qui ont vu le jour dans le monde entier » ?
Où çà ? à part en Russie et en Allemagne ! Et ces
drôles de soviets russes qui se sont fait chiper le pouvoir par le
parti... Un exemple les comités de grève syndicaux polonais qui
sont servi à faire de Walesa un bon président bourgeois ! Vous
n'aviez pas mieux à nous proposer comme réussite de « pouvoir
prolétarien » ?
Le
meilleur est gardé pour la fin :
« Mais
juste avant que la pandémie de Covid-19 ne s’étende au monde
entier,
les grèves dans le secteur public en France avaient commencé à
nous montrer que la classe ouvrière n’est pas morte et enterrée.
L’apparition de la pandémie et le confinement mondial ont entravé
le potentiel d’extension de ce mouvement ».
C'est
le clou du spectacle de la pensée syndicaliste transformiste du CCI.
Franchement nous exhiber comme exemple révolutionnaire cette putain
de grève ultra-corporative en faveur des avantages de l'aristocratie
ouvrière, c'est se ficher de l'ensemble du prolétariat, c'est
surtout révéler que vous êtes incapables de comprendre la primauté
des questions politiques de transformation de la période qui s'est
ouverte depuis avant le covid. Il n'y avait rien à attendre d'une
extension de la « lutte pour les retraites chacun pour soi »,
et elle était cuite dès avant le covid cette pitoyable procession
syndicale.
L'essentiel,
comme je vous l'ai expliqué dans plusieurs de mes articles et que
vous n'avez compris qu'en partie, c'est sous la forme de résistance
à l'exposition au virus et plus encore par le refus de céder au
déconfinement du temps de travail que ça va barder plus
sérieusement que la procession des aristos à la retraite. C'est la
principale trouille de Macron et le pourquoi de son vide sidéral
dimanche soir ; il ne sait pas comment s'y prendre.
Ce
n'est plus la grève qui est révolutionnaire ou alors vous êtes
aussi crétins que vos collègues bordiguistes qui rêvaient d'une
grève du personnel soignant en plein covid !
Dans
un monde où une majorité de la population va être de plus en plus
sans travail, la grève apparaîtra soit comme un luxe de riches,
soit comme un crime, car il faut continuer la distribution des vivres
et des médicaments, par exemple. Pourquoi avoir esquivé ce qui se
passe au Liban ?Le blocage révolutionnaire pourra se faire par
la rue et pas simplement par le lieu de production, éclaté ou
disparu. La réorganisation de la société avec prudence et
dictature sociale pourra même s'inspirer du confinement pour parer
aux besoins immédiats. Pour le reste, penser que la grève (de qui
et comment?) serait la solution enfin trouvée pour renverser l'Etat,
vous pouvez le laisser à ce brave Pouget.
La
conclusion révèle que vous êtes complètement à côté de la
plaque et hyper immédiatiste avec la mode antiraciste :
« La
question centrale pour l’avenir de l’humanité est celle-ci :
la
minorité capitaliste peut-elle continuer à diviser la majorité
exploitée selon des critères de race, religieux
ou nationaux, et ainsi l’entraîner dans sa marche vers l’abîme ? »
Dernière
remarque complètement anti-marxiste. La domination capitaliste
s'exerce d'abord par l'exploitation et la terreur. La division vient
après, et elle peut se retourner contre le mode de domination tout
en le servant. C'est la fonction politique de la petite bourgeoisie
qui sait si bien se servir de la radicalité prolétarienne pour
conserver le système en place. La petite bourgeoisie est la classe
caméléon. Les gilets jaunes, petite bourgeoisie intermédiaire,
revendiquaient pauvrement l'élection directe et la révocabilité.
Les syndicats de retraités favorisés proclamaient le fumeux « tous
ensemble ». Les noirs indignés crient justice « pour
nous ». Et dieu pleure pour nous tous.
Voilà
ce que j'ai dit dans mon rêve, aux allures de cauchemar, au grand
manitou du CCI. Je ne sais pas s'il a écouté tout ce que je lui ai
conseillé. Il me semble, dans les hrumes de mon réveil qu'il se
bouchait les oreilles et criait « assez ! Assez ! Tu
es un allié subjectif du capital ! ».
« La
petite bourgeoisie représentait une autre force sociale d'une
importance capitale, mais hésitante, terrorisée par le spectre
rouge, influencée par les clameurs élevées contre les «
anarchistes ». Rêveuse dans ses aspirations et éprise de
rhétorique « socialiste », se qualifiant volontiers de «
démocratie socialiste » (jusqu'à ce terme qui est repris
textuellement aujourd'hui par les socialistes révolutionnaires
conjointement avec les mencheviks !) la petite bourgeoisie craignit
de faire confiance à la direction du prolétariat révolutionnaire,
sans comprendre que cette crainte la condamnait à faire
confiance à la bourgeoisie. Car il ne peut pas y avoir de ligne «
moyenne » dans une société au sein de laquelle la bourgeoisie et
le prolétariat se livrent une lutte de classe acharnée,
surtout quand cette lutte est inéluctablement aggravée par la
révolution. Or, le propre de l'attitude de classe et des aspirations
de la petite bourgeoisie, c'est de vouloir l'impossible, de
rechercher l'impossible, bref cette ligne « moyenne ».
Lénine
« De quelle classe viennent et viendront les Cavaignac? »
(juillet 1917)
NOTES
1« La réponse au racisme n’est pas l’antiracisme bourgeois, mais la lutte de classe internationale » Soumis par Révolution Inte... le 12 juin, 2020 – 21:45 https://fr.internationalism.org/content/10163/reponse-au-racisme-nest-pas-lantiracisme-bourgeois-lutte-classe-internationale
2https://www.huffingtonpost.fr/entry/ces-armes-de-la-police-qui-generent-une-escalade-des-violences-policieres_fr_5ee38b6dc5b6e3d454ca500e?utm_hp_ref=fr-homepage
quoique en se fourrant le doigt dans l'oeil en
espérant la transformation de la rébellion urbaine en révolution
internationale, ce que l'autre groupe, déjà nommé « Révolution
internationale », attendait peut-être aussi...
4Marc
Laverne et le CCI, p.402, Paris le 9 novembre 1990.
5Ce
serait regrettable car je méprise et Médiapart et le Canard
Enchaîné qui ne vivent que des balances de la police et des
cancans qui servent aux puissants à régler leurs comptes entre
eux.
6Le
stalinisme a surtout performé en effaçant sur les photos. Sur les
dates il est quasi impossible de maquiller leur moment réel, mais
on peut aussi s'en servir, ainsi Staline reprocha à Trotsky de ne
pas avoir été au début du clan de Lénine. Je n'ai trouvé pour
tout maquillage anticipé que le 18 juin gaulliste de 1940, qui a
été efficient le 22 juin !
7Le
vilain canard avait bien raison de rappeler ce fait. Au début les
petites minorités maximalistes contiennent toujours de fortes
personnalités, clivantes mais aussi facétieuses et anti-suivistes,
ce fût le cas de Robert Camoin. L'animation de Mauro Stefanini Jr
manque cruellement à la Tendance Communiste Internationale, cette
personnalité trop tôt disparu je l'admirais pour son courage, sa
vaillance et son humour d'italien et de vrai fils de nos héros de
la valeureuse « gauche communiste italienne ». Je n'ai
pas non plus oublié le brillant Gian Luca parmi nous, si éclatant
dans les congrès.
8https://www.marxists.org/francais/engels/works/1895/03/fe18950306.htm
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