« Le
credo idéologique d'ICO était le communisme de Conseils, qui ne
correspond plus aujourd'hui aux structures présentes de la
production capitaliste ».
Henri
Simon (interview in Echanges n°169)
« Ne
crains pas, petit troupeau, parce qu'il a plu à votre Père, de vous
donner le royaume »
Sentence
32 de l'Evangile selon Saint Luc.
Henri
Simon a 98 ans, je dis bien 98, et il tient toujours la plume avec
dynamisme en tête de son bulletin Echanges et mouvement. Comment ne
pas être admiratif. L'activité politique conserve longtemps comme
je l'ai remarqué dernièrement pour Michel Lequenne décédé
pratiquement centenaire. Notre Henri Simon survit donc à son
contemporain le journaliste bourgeois Jean Daniel, de la même
cuvée1.
Le
CONSEILLISME aspiré et dissous par l'idéologie dominante
Son
édito du n°169 m'a séduit au début par son culot...
catastrophiste et qui met le doigt sur un constat tout simple, dont
je ne cesse de me plaindre depuis au moins deux années, et qui n'est
apparu ni chez les gilets jaunes (sauf ces derniers temps par une
poignée de trotskiens déguisés en GJ) ni dans les cohortes badgées
des nombreux fonctionnaires syndicaux hostiles à l'abolition de la
retraite (texte d'un ami d'Echanges qui suit l'édito, probablement
influencé par la lecture de PU) : « une mise en cause du
mode de production capitaliste ».
Henri
Simon et ses amis ont enfourché depuis longtemps le cheval de
bataille écologique, et il tient même à ce qu'on le considère en
la matière comme un précurseur. Il va jusqu'à considérer que le
phénomène du « réchauffement climatique » est « venu
se superposer à l'emprise du capitalisme » ; et surtout
que ce phénomène s'impose au capitalisme « incapable
simplement de l'endiguer ».
Simon
n'est-il donc que le nouveau Charon nous emportant sur sa barque sur
les marais de l'Achéron, traversant le Styx, cet abominable fleuve
conseilliste et féministe, qui débouche en définitive dans les
enfers capitalistes. Ou bien est-il le dieu Hadès, l'invisible roi
des ténèbres qui aimait être craint ?2
Nous
vivons en effet une période où les pronostics sont innombrables et
généralement farfelus, et lorsque le numéro d'Echanges a paru, on
n'était pas encore en pleine psychose du coronavirus. Henri Simon
a-t-il tort de considérer que les luttes de classe « ne
peuvent apporter une réponse quelconque à ce qui touche l'humanité
tout entière », donc au truisme de la « catastrophe
annoncée ». Après lui le déluge ?
Il
y a de toute façon une lutte des classes très opaque et une
« complexité d'affrontements de toute nature ». Et :
« Jusqu'à récemment, la lutte sociale concernait uniquement
la domination du capital dans l'exploitation de la force de
travail ». « Mais le grand rêve du XIX e siècle d'une
Internationale unissant dans une même action les prolétaires du
monde entier et conduisant à la fin du mode de production
capitaliste, a vécu ». Le truisme n'est pas entièrement
faux : « Pour partie, cela est dû au fait que
l'organisation présente de la production à l'échelle mondiale rend
difficile et inefficace toute action collective globale, même à
l'échelle d'un Etat ». Henri Simon aurait pu à cet endroit
moquer les tentatives de substitution par les gauchistes et le CCI,
ou de remplacement d'une classe ouvrière aphone ou inaudible, par
des protestations diverses des couches moyennes (Nuit debout,
indignados, Occupy, voire le peuple en vestes jaunes, etc.). Il
s'attache plutôt à noter la ringardise d'une gauche syndicale qui
se dandine au nom d'un passé qui aurait comporté « plus de
justice sociale », pour des « valeurs » mises en
cause par la mondialisation, tout ce qui est en réalité balayé par
une uniformisation des modes de vie. Toutes ces protestations
diverses n'ont aucun dénominateur commun. Et il est rare d'y
entendre mis en cause le mode de production capitaliste.
Tout
cela était bel et bien constaté, mais pour déboucher non pas sur
une analyse de la manière
dont opère le dessaisissement généralisé
de toute initiative prolétarienne ou pour examiner comment doivent
s'organiser anciens et nouveaux exploités, mais pour décrier comme
principale misère du monde, à l'instar du gauchiste moyen, le sort
réservé aux migrants (= « mouvement tourné vers le
futur ») !? Les barrières (capitalistes) médiévales,
brisées par les migrations, « se voient assiégées par une
vague sociale prenant différentes formes », et : « cette
guerre sociale rémanente est la véritable menace contre le mode de
production capitaliste ». Les migrants comme principaux
vecteurs de la « guerre sociale », il fallait
l'inventer !
Non
content de hausser une conséquence déplorable de la gabegie
capitaliste au rang de « révolte sociale », Simon nous
brandit le sceptre de « l'irrépressible dérèglement
climatique », qui est la chanson principale des dominants pour
requérir un urgent « tous ensemble national ». En
conclusion, notre nouveau Charon veut nous embarquer vers la secte
bourgeoise Extinction Révolution : « les seuls
balbutiements d'une internationalisation de résistance au système
viennent de ces luttes contre le réchauffement climatique ».
Inutile de dire que c'est signé : HS.
Le
conseillisme, les divers mouvement pour les conseils ouvriers et
leurs clones modernistes, sont hors d'usage, comme le résume fort
bien leur dernier dieu Hadès3.
Il est fort probable que les conseils ouvriers ne se reproduiront pas
comme il y a un siècle en Russie et en Allemagne, mais il est encore
plus improbable de remplacer la classe ouvrière par les divers
migrants, de la même manière que les gauchistes l'ont remplacée
par les musulmans « opprimés ». Des observateurs subtils
de l'ubérisation du prolétariat sont bien plus clairs que nos
pithécanthropes du conseillisme avachi ; il reste la nécessité
de l'organisation unitaire d'assemblées réunissant prolétaires et
exploités dans des lieux publics où devra continuer à s'affirmer
la centralité du prolétariat dans le processus de décision sans se
laisser délayer dans le peuple indistinct et : « A
condition cependant de ne pas tomber dans le piège de la
délibération « citoyenne », qui risquerait seulement
d'entériner les représentations préalablement vissées dans nos
crânes »4.
Dans
l'attente où le PARTI ne sera plus aspirant au pouvoir
Le
monde étroit des militants du parti du futur n'est guère mieux
fourni en réflexions innovatrices, je le déplore souvent ici. On
sait l'incapacité historique de tous les groupes et partis à
comprendre les situations nouvelles et sortir des sempiternels
radotages ou leçons de morale5,
dont Rosa Luxembourg s'est si bien moqué. Ce dit milieu – entité
serait plus objectif, vu la dispersion en unités isolées – n'est
pas dans une dynamique ni de regroupement ni d'expansion,
contrairement aux auto-fabulations de Juan. Il n'a pas cessé de se
rétrécir. On devrait plutôt éviter l'exposition par grand vent
pour éviter que leur petite flamme ne s'éteigne. Car, contrairement
aux intellos hétéroclites de la mouvance conseilliste, ils ont des
textes de base à nous transmettre et des principes qui n'existent
pas et n'ont jamais existé chez les anarcho-conseillistes.
J'ai
pesté pendant les semaines de la gréviculture syndicale insensée
sur le fait qu'aucun débat ne s'élève au-dessus de la dérisoire
question des retraites, quand en définitive les bonzes ont non
seulement baladé tout le monde mais vont s'appuyer sur les mesures
de paralysie sanitaire contre le coronavirus pour éviter des retours
de flamme dans la rue avec le passage en force du 49-3 gouvernemental
et... démocratique (c'est dans la constitution... démocratique).
Et que le CCI, seul groupe à avoir effectué une réflexion sur la
transition depuis 50 ans, et même depuis le classique de Lénine
« L'Etat et la Révolution », via la GCF de 1946 bien
sûr, ne soit pas sorti du lancinant et ridicule gimmick syndical
« tous ensemble » pour reposer la nécessaire alternative
de société.
Il
semble que j'ai été entendu, jusqu'en Angleterre (je rigole).
Puisqu'ils ont demandé au grand théoricien Ward de travailler à un
résumé des travaux effectués par toutes les sections du Courant il
y a au moins quarante années. La vieille taupe avait été empaillée
au grenier des espoirs déçus d'une révolution à moyen terme...
Ne boudons pas notre plaisir6.
Le travail effectué est excellent7.
Ward a écrit depuis trente ans la plupart des articles sur le sujet
dans leur revue internationale. C'est un brillant universitaire, et
on a besoin de ce genre de personne, même s'il ne comprend rien au
type de fonctionnement du mode parti.
Plus
étonnant, et j'assume être responsable de la chose, on consent
enfin à mettre à la lumière du jour le travail imposant de Marc
Chirik, tout en nuançant hypocritement qu'il s'agit d'un travail
collectif. Ce qui m'a toujours fait marrer. L'individu compte aussi
dans l'histoire. Marc lorsqu'il rédigeait sur une question n''avait
pas fait circuler un sondage ni consulté chacun, il était capable
d'un travail intense de remémoration et de se pencher des soirées
entières sur les classiques du marxisme. Le travail collectif déifié
ici est du pipeau pour militant fainéant. Les « nous »
et « notre » souvent usités au cours du résumé font
ésotériques, abolissant espace et temps, mais certainement
transcendant le militant lambda à travers les âges, une sorte de
parade égotiste des grands du marxisme en rang d'oignons, « nous »
c'est à dire Marx, Engels, Lénine, Chirik et moi....
Basta !
Vous avez donc sous les yeux les deux grandes révélations du
maximalisme chirikien : le parti ne prend plus le pouvoir et
l'Etat est bourgeois. Ce sont les deux cases qui manquent à
l'échiquier bordiguiste et à l'ensemble de la production marxisante
mondiale et bègue.
Disons
pour être tout net, que ce sont les dernières avancées théoriques,
voire ultimes raisons pour croire qu'on peut encore faire progresser
le programme communiste (pas vulgaire programme électoral ni recette
de cuisine) au moins jusqu'à la prochaine fois où les masses s'en
saisiront de leurs mains plus ou moins calleuses, voire chétives. En
tout cas plus ces poings « robustes » de prolétaires qui
symbolisaient la puissance de classe pour Rosa. Allons directement
aux déductions conclusives, intéressantes, courageuses jusqu'à
l'utopie8 :
« La
forme de l'État de transition
- "nous pouvons retenir pour principes la structure suivante de la société de la période de transition
1) Toute la population non exploiteuse est organisée sur la base des soviets-Communes territoriaux, se centralisant de la base au sommet, donnant naissance à cet organe qu'est l'État-Commune.
2) Les ouvriers participent à cette organisation soviétique, individuellement comme tous les autres membres de la société, et collectivement par leur organisation de classe autonome, à tous les échelons de cette organisation soviétique.
3) Le prolétariat s'assure une prépondérance dans la représentation, à tous les échelons, mais surtout dans les échelons supérieurs.
4) Le prolétariat garde sa pleine et entière liberté par rapport à l'État. Sous aucun prétexte, le prolétariat ne saurait reconnaître la primauté de décision des organes de l'État sur celle de son organisation de classe : les conseils ouvriers, et devrait imposer le contraire.
5) En particulier, il ne saurait tolérer l'immixtion et la pression d'aucune sorte de l'État dans la vie et l'activité de la classe organisée excluant tout droit et possibilité de répression de l'État à l'égard de la classe ouvrière.
6) Le prolétariat conserve son armement en dehors de tout contrôle de l'État".
Je
ne vais pas analyser chaque point, je l'ai déjà fait dans mon livre
(Dans quel Etat est la révolution?). Des décennies après, je
trouve nunuches et inconvenants les termes de « soviets »
qui fait très stalino-trotsko-mégalo, ainsi que celui
d'Etat-Commune car celle de 1871 est tout sauf exemplaire pour
l'avenir sauf pour les anars ignorants et les émeutiers bobos. En
plus nous vivons une époque ingrate où le mot peuple a la vie dure
et le terme prolétariat sent le moisi. Imaginez l'effet que cela
fait au jeune citoyen lambda « le prolétariat qui conserve son
armement » et un « Etat désarmé ?
Contre-indication ou oxymore ? Des explications seront très
nécessaires, et en sortant des imageries du pinard, le pouvoir « au
bout du fusil » et qui et comment contrôle les armes, comme on
s'en empare... bououou dur dur...
QUELS
CONSEILS OUVRIERS DANS LE FUTUR ?
C'est
là que le texte de Ward devient le plus intéressant et ouvre une
réflexion qui sort de la sclérose du sujet (conservé pieusement
par les momies conseillistes, mais sous le tabernacle par les
léninistes inconsolables), je le cite intégralement pour vous
obliger à y réfléchir :
« Nous
ne pouvons pas être sûrs de la manière dont ce problème sera
abordé dans un futur mouvement de masse, qui pourrait bien voir le
prolétariat s'organiser par une combinaison d'assemblées de masse
sur le lieu de travail et dans la rue. Il se peut également que
l'autonomie de la classe ouvrière doive prendre un caractère plus
directement politique à l'avenir : en d'autres termes, que les
organes de classe de la prochaine révolution se définissent
beaucoup plus que par le passé sur la base de leur capacité à
prendre et à défendre des positions politiques prolétariennes
(telles que l'opposition au parlement et aux syndicats, le démasquage
de la gauche capitaliste, etc. ). Cela ne signifie nullement que les
lieux de travail, et les conseils qui en émanent, cesseront d'être
un centre crucial pour le rassemblement de la classe ouvrière en
tant que classe. Ce sera certainement le cas dans des pays comme la
Chine, dont l'industrialisation frénétique a été le contrepoint
de la désindustrialisation de certaines parties du capitalisme en
Occident. Mais, même dans ces derniers, il existe encore des
concentrations considérables de travailleurs dans des secteurs tels
que la santé, les transports, les communications, l'administration
et l'éducation (et dans le secteur manufacturier également...). Et
nous avons vu quelques exemples de la manière dont les travailleurs
peuvent surmonter les inconvénients de la dispersion dans de petites
entreprises, par exemple dans la lutte des travailleurs de l'acier à
Vigo en Espagne en 2006, où des assemblées de grévistes dans le
centre-ville ont regroupé les travailleurs de plusieurs petites
usines sidérurgiques. Nous reviendrons sur ces questions dans un
prochain article. Mais ce qui est certain, c'est que dans tout futur
bouleversement révolutionnaire, l'autonomie de classe du prolétariat
impliquera une réelle assimilation de l'expérience des révolutions
précédentes, et surtout de l'expérience de l'État
postrévolutionnaire. Nous pouvons dire avec une certaine confiance
que la critique de l'État élaborée par une lignée de
révolutionnaires qui va de Marx, Engels et Lénine à Bilan
et
Marc Chirik tant dans la GCF
que
dans le CCI,
sera indispensable à la réappropriation, par la classe ouvrière,
de sa propre histoire, et donc à la mise en œuvre de son avenir
communiste ».
Intéressant
mais pas génial, car notre honorable membre du parti bonux oublie
une chose, et Rosa lui tire l'oreille, le mouvement de la classe est
créateur et se montre historiquement capable de dépasser les
vieilleries ou les schémas figés ou tout prêt dans les bureaux des
chefs politiques. Son espoir que la Chine produirait, à partir de la
base classiquement industrielle (qui n'existe pas dans de vieux pays
comme la France) est une consolation néo-slave et une concession à
la croyance à un éclatement possible de la révolution
internationale dans un seul pays (encore industrialisé avec avec des
prolétaires majoritairement en bleu de chauffe). C'est une lubie de
plus considérant l'absence de tradition révolutionnaire du peuple
chinois et des décennies d'abrutissement maoïste.
Le
CCI s'est laissé leurrer par toute une série mondiale de
protestations de la petite bourgeoisie (craignant lui aussi à une
disparition du prolétariat?), comme il a été incapable de
comprendre le contenu social des gilets jaunes à leur début, qui
étaient au plus près d'une lutte économique de classe que les
singeries syndicales de la fin 2019. Preuve qu'en général, les
partis ou petits groupes les plus proches réellement du prolétariat
peuvent se planter. Mais se planter ne veut pas dire faillir, on peut
toujours reconnaître ses erreurs.. quoique pour certains pas
toujours. Je le répète, avec ce cher Marc Chirik et prédécesseurs :
nous n'avons pas de recettes pour les marmites de l'avenir même si
les chamanes gauchistes nous tannent le cuir.
Nous
n'avons pas de leçons à recevoir des derniers retraités
conseillistes avec leur consentement à l'idéologie écologique
bourgeoise ; nous n'avons pas attendu la crise écologique ni le
coronavirus pour affirmer que le capitalisme pouvait détruire le
monde humain. Nous ne croyons pas non plus à la révolution
quotidienne des bobos à vélo. Mais voilà que j'ai eu la
présomption d'utiliser le nous. Je m'en excuse.
« Il
est largement temps d’en finir avec les immenses abus faits avec
les termes. Le capitalisme est trop intéressé à présenter tout
mouvement violent, toute action de force, et surtout toute lutte
armée, sous le terme de révolution, pour mieux dénaturer et
déformer l’idée de révolution sociale, afin de mieux la
confondre et aussi mystifier les idées et la conscience de classe du
prolétariat. Il est d’autant plus déplorable de voir ces abus de
langage et la confusion qui en résulte pénétrer jusqu’à
l’intérieur du mouvement révolutionnaire » . MARC CHIRIC
(Défense
du caractère prolétarien de la révolution d’Octobre, réponse à
un camarade, Venezuela, novembre 1965, in Tome II p.21 et suiv.).
NOTES
1Incidemment
j'ai appris la mort de Daniel Saint James le 8 mai 2019 (92 ans).
C'est la disparition d'un personnage qui a diablement compté dans
le mouvement maximaliste, dit naguère ultra-gauche, j'ai parlé de
lui dans mon histoire du maximalisme. La notice wiki de ce
professeur de physique (reconverti dans l'enseignement informatique,
selon mon ami S. qui l'a cotoyé à Jussieu) indique qu'on peut le
classer parmi les principales personnalités politiques qui ont
compté dans le débat disparu et ringard entre « communistes
de Conseils » et « léninistes » : « Daniel
Saint-James a été en particulier proche de l'écrivain et militant
marxiste Serge
Bricianer.
Bricianer et Saint-James ont été liés pendant un temps avec un
certain nombre d'auteurs marxistes, comme, entre autres, Marc
Chirik,
Jean
Malaquais,
Pierre
Bessaignet,
Maximilien
Rubel,
Benjamin
Péret
puis
avec Henri
Simon,
Paul
Mattick
et
René
Lefeuvre ».
Ils auraient pu ajouter aussi Guy Sabatier. Il aurait co-rédigé
avec Bricianer « La grève généralisée en France, mai
1968 ». Les poussiéreux Cahiers Spartacus republient sa
traduction de l'ouvrage « Trotsky, Staline manqué », ce
qui n'est pas lui rendre un grand hommage ni très malin en
abaissant au niveau du dictateur criminel le rôle historique
indéniablement révolutionnaire de Trotsky. Un peu de respect
messieurs pour le grand Trotsky, comme pour Robespierre, qu'il est
de mode depuis deux cent ans de traîner dans la boue ; j'en
profite pour conseiller la lecture du livre de l'historien
Jean-Clément Martin – Les échos de la terreur – qui démontre
que ce sont les contre-révolutionnaires comme Tallien qui ont
inventé le mythe d'un Robespierre principal théoricien de la
terreur et de son exercice. Robespierre, comme Trotsky, n'était que
le membre d'un collectif.
2Ne
vous offusquez point de mes références à la mythologie grecque,
j'ai subi pire hier soir, une conférence sur le chamanisme au forum
des Halles, où, au milieu d'une foule compacte et bruissante de
groupies, j'ai pu constater la mode languissante des bobos parisiens
pour ce charlatanisme dans une version féministe et club Med. Alors
qu'ils devraient au moins se passionner pour leurs Municipales si
sexy.
3Les
mouettes anarchistes de Boulogne sur mer, comme les deux zozos de
Temps critiques (ils le sont), le petit rigolo Vaneigem, les
intellos « autonomes » et vaseux de Etcétera qui
pensent que « la révolution se fait chaque jour »etc.)
4Boulots
de merde, du cireur au trader, de Julien Brygo et Olivier Cyran (ed
La découverte, 2016).
5Je
nuance cependant milieu maximaliste et divers gauchismes. Même si
le premier milieu, révolutionnaire et hors de la gauche bourgeoise
ne se gêne pas pour anathémiser, il évite la personnalisation ou
les insultes gratuites. Le milieu bourgeois gauchiste par contre
procède de la mentalité bourgeoise, hypocrite et moraliste. Le
« Forum des marxistes révolutionnaires » en est une
variété stalinienne. Je suis tombé par hasard sur un forum où
ils s'écharpaient à coups de citations, pas les meilleures ni les
plus claires de mon blog à écriture rapide, pour me qualifier
d'ami des fachos et d'antisémite. Car j'utilise sans honte la
notion de « juif de cour », j'irai donc me plaindre à
Stéphane Bern. Les nullards gauchistes éternellement voués à
rester les balayeurs de la gauche caviar compensent leur névrose en
jouant les petits Vichinsky, et en pensant être aussi capables que
la police de veiller au grain sur le web.
6En
bons héritiers de l'exclusivisme « collectif »
néo-stalinien, qui considère l'individu comme de la merde, ils ne
reconnaîtront jamais l'énorme travail de compilation, je préfère
parler de sauvegarde de l'oeuvre de Chirik, que j'ai accompli,
travail sans lequel plus personne ne parlerait de Chirik et croirait
que le CCI a travaillé sur la question comme un simple labo
pharmaceutique... idem pour Lénine, ce n'est pas un cercle d'étude
bolchevique qui a écrit ce magnifique ouvrage, si actuel, L'Etat et
la Révolution.
7https://fr.internationalism.org/content/10073/communisme-a-lordre-du-jour-lhistoire-marc-chirik-et-letat-periode-transition
8Je
t'encourage vivement cher lecteur à te bouger le cul et à aller
lire cet article de Ward. Mais surtout sur le "fétichisme" des Conseils, les écrits de jeunesse de Trotsky, nota "leçons d'Octobre".
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