« La
misère d'être exploité par les capitalistes n'est rien comparée à
la misère de ne pas être exploité du tout ». Joan Robinson
(la Camille Claudel de Keynes)
« J'ai
le chien, la résidence secondaire et je suis seul ». Pierre
Palmade
« Les
jeunes additionnent l'islam et Macron ». Christophe Guilluy
Nous
le savons tous, le capitalisme « mondialisé » actuel vit
en permanence depuis sa terreur de 2008 sous la menace d'un
effondrement d'un système qui repose sur une dette impossible à
rembourser (sauf à en passer par un moratoire général au seuil de
la société communiste) ; plus excitant, un homme brillant, tel
Thierry Breton PDG du fameux Atos, qui professe un génial avenir
technologique sophistiqué au capitalisme, ne sait pas quand cet
effondrement va avoir lieu, mais il est quasi certain1.
Le
« révolutionnaire » Macron a bien embobiné son monde au
cours de sa première conférence de presse. Il a été aussi bon
dans le cynisme que dans les reniements multiples, et des reniements
justifiés du point de vue de l'ordre social dont la presse servile a
fait mine de se moquer : « tout ça pour ça ! ».
Dans la guerre sociale un général bourgeois qui s'obstine chute
lourdement, dixit Juppé en 1995. Macron est plus subtil et montre
une capacité à s'adapter aux exigences du pouvoir qui est par
nature opportuniste et caméléon (mais fondamentalement terroriste). Certes les critiques les plus
superficiels ont dénigré des mesurettes : repasser à 90 km/h
au cas par cas, offrir un petit déjeuner aux écoliers, avancer les
pensions aux femmes divorcées, supprimer une école d'élite. Mais
il a fait bien plus que cela avec la baisse des impôts où il donne
satisfaction non seulement à la couche moyenne qui soutient le
pouvoir depuis un siècle mais aussi à une partie de la classe
ouvrière du haut du tableau sans que l'autre partie – les dits
« assistés » - ne paye d'impôts comme de coutume, sauf
les indirects. Macron n'avait ni pour souci de répondre au foutoir
inconsistant du « grand débat gériatrique national »,
sinon il n'aurait pas eu comme souci de poser une limitation de
l'immigration (thème non abordé dans ce débat ad hoc), ni de
répondre au merdier gilet jaune. Les mesures symboliques sont bien
plus efficaces qu'on ne le croit généralement pour « l'opinion ».
Augmenter la fiscalité des entreprises pour financer la baisse des
impôts des particuliers est une riche idée même si elle aura une
pauvre réalité, l'Etat bourgeois, macronien ou pas, répondant
toujours à la dette par de nouvelles dettes. Cette fable de « s'en
prendre aux riches » se joint merveilleusement en plus à la
campagne mondiale de la rebellocratie contre les retraites chapeaux
et à l'inculpation théâtralisée du patron de Renault/Nissan.
Comme l'écrit Christophe Guilluy : « La contestation de
la nouvelle bourgeoisie fait désormais partie d'un barnum
participatif contrôlé et inoffensif pour la classe dominante (…)
Dénoncer les riches ou le processus de captation des revenus par le
capital au détriment des revenus du travail est aussi déstabilisant
pour le système que de prendre position pour la paix contre la
guerre ou d'être pour la fraternité contre le racisme »2.
La
décomposition d'une révolte bâtarde
En
général, historiquement, la haute bourgeoisie méprise les
revendications politiques de la petite bourgeoisie, et elle fait
bien. Le petit bourgeois individualiste voudrait décider de tout à
tout moment, selon ses aises, ce qui suppose un système antédiluvien
où chacun ferait ce qu'il veut à tout moment, comme le rêvait le
petit bourgeois Marx3.
Le chimé..RIC caractérise assez bien l'inanité et l'impuissance de
la revendication petite bourgeoise, utopique, illusoire et surtout
irréaliste. Il pourra rester éternel comme est éternelle la
complainte du boutiquier pour une présumée « justice
fiscale » dont se foutent royalement les prolétaires
paupérisés. La politique, la gestion des affaires de la société,
suppose des représentants. Le chamboulement ou le perfectionnement
de la représentation ne réside pas dans sa suppression ou sa
négation permanente. La Commune de Paris ne supprime pas la
représentation mais l'encadre et en définit les limites. Au
demeurant le mouvement des gilets jaunes a été incapable de se
donner une réelle représentation sauf à exhiber un cocktail
d'individus hétéroclites et tous plus ou moins inconscients. Les
tentatives d'assemblées ou même, dernièrement, de coordinations,
n'assemblaient que la confusion et ne tentaient de coordonner qu'une
révolte bâtarde, sans référence à la principale classe sociale
prolétaire, et de plus en plus cornaquées par des gauchistes
revêtus de l'uniforme jaune. Pire, l'affirmation répétitive, sans
discussion, comme science infuse de ce Ric, au lieu de symboliser une
réelle lutte contre l'Etat et ses injustices, est devenu un gimmick
totalitaire équivalent à « C'est Pétain qu'il nous faut »,
« la terre elle ne ment pas » ou « Staline a
raison ».
Les
queues de gilets jaunes c'est « ridicule en toutes matières ».
Il est vrai que le 24 ème samedi a été particulièrement effrité
et lamentable en projets avortés et en démonstration. Le nombre de
participants chute par centaines comme à la fin de toute grève
lambda qui s'éternise quoique le nombre de contrôlés par la police
soit étrangement toujours du double ; ainsi si on vous annonce
3500 manifestants à Paris on ajoute que 7000 ont été contrôlés ;
les médias et les sondeurs policiers ne se rendent pas toujours
compte quand ils sont vraiment débiles.
On
vit donc un panneau géant « Ric en toutes matières : RIC
POUR NOTRE OR (!?), NOS AUTOROUTES (!?), NOTRE PATRIMOINE (NDD?) ».
Nul doute que ce sont des sbires de la CGT et du misérable FDG qui
s'étaient déguisés en jaune pour afficher des âneries pareilles.
Mais
la panade de ce 24 ème enterrement fût sans conteste la débandade
autour du projet de fusion ou prétendues retrouvailles entre résidus
gilets jaunes et l'appareil classique et ringard d'encadrement, pas
seulement de la gauche de la bourgeoisie, mais de la bourgeoisie
elle-même. Se servant comme femme-sandwich de l'opportuniste
Priscillia Ludovsky (de ces tristes figures peu éclairées qui se
révulsent à l'idée de retourner dans l'ombre), on avait voulu nous
refaire le coup du Front popu à la sauce multiculturelle de la
bobologie parisienne, trotskienne et mélenchonienne :
« Nous
proposons de former un Front Populaire et Citoyen, qui se
matérialisera par une manifestation nationale à Paris le 27 avril
2019 à 13h, regroupant tous les acteurs de la société que nous
sommes : salariés du privé, chômeurs, retraités,
fonctionnaires, étudiants, organisations syndicales, associations,
collectifs, partis politiques (sic), Gilets roses, Gilets jaunes,
Chauffeurs VTC, Blouses Blanches, Robes Noires, journalistes,
agriculteurs, forains, personnes à mobilité réduite ou
handicapée... Tous unis, formons un bloc pour la justice fiscale,
sociale et climatique.
Vous
pourrez trouver l'Appel unitaire pour un Front populaire ici :
https://lafranceinsoumise.fr/ »
Tudieu! Il n'y manquait que les collectionneurs de timbres ! Les images de la place d'Italie très clairsemée et les
quelques bagarres à Strasbourg ont suffi à démontrer le fiasco de
la récup gauche bobo. Au moins il se confirme que ce mouvement
bâtard n'est même pas récupérable ni transcendable (ou
sublimable?) politiquement par les fractions bourgeoises qui battent
de l'aile et mendient des strapontins européens en conchiant l'Europe. Les médias eux-mêmes qui ont tant mis en scène les
gilets jaunes et qui continuent à nous faire subir les mêmes têtes
de cons spécialistes, font mousser la dangerosité d'un 1er mai
« sous tension », or le 1er mai est lui aussi gentrifié
depuis belle Paulette, il n'y a rien à en attendre pas plus une
énorme casse des blak déblocs qu'une renaissance des gilets jaunes.
TOUT VA CONTINUER COMME AVANT...
En entretenant finalement l'éternisation du spectacle
gilets jaunes/black déblocs/flics, le gouvernement favorise une
sorte de culture de l'opposition stérile peu susceptible de
mobiliser les masses quelles qu'elles soient et surtout pas
ouvrières, ni concernées par les lamentations fiscales des épiciers
ni intéressées à servir de claque électorale à des élections
répétées. Derrière le spectacle on peut laisser de côté un
temps le délitement de la société, sa fragmentation « voulue »
à l'américaine comme le constate depuis longtemps fort justement
Guilluy.
Le problème premier a été, on s'en souviendra
longtemps, la bagnole, comment on l'alimente si son carburant devient
hors de prix pour les « petits blancs périphériques ».
Tranquillisez-vous un mouvement dix fois plus grave que celui des
gilets jaunes va voir le jour grâce aux élus gauche caviar et
écolos bobos parisiens, avec leurs projets de suppression du
périphérique parisien. L'insurrection qui viendra ne devrait pas
être provoquée par le viol du pouvoir d'achat ou par une impossible
et utopique grève générale. Basée philosophiquement sur la
supercherie de la taxe carbone (non réévaluée à cause des GJ),
cette messe écologique présumé bain de jouvence d'un capitalisme
très fiscal, inégalitaire et cynique les autorise tous à décréter
« ôter cette odeur que je ne saurais supporter dans ma
résidence parisienne ! ». Les ardeurs écologiques du
début du gouvernement Macron ont bien favorisé l'explosion du
mouvement en gilets jaunes ; il est normal que les derniers
gilets jaunes soient noyés à leur tour dans le charabia écologique
des Jadot, Glucksmann, Besancenot et Brossat. L'écologie capitaliste
avec la décroissance et le revenu minimum font partie de l'idéologie
de la privation forcée que les prolétaires ne seraient pas capables
de comprendre. L'écologie est devenu un des principaux vecteurs de
l'imposition étatique « dans l'intérêt des humains ».
L'idéologie de la décroissance a toujours existé et signifié
privation pour les prolétaires ; en période de guerre il
fallait savoir se priver, même de sa vie pour la nation, après
guerre il fallait se serrer la ceinture pour aider à reconstruire ;
désormais comme le capitalisme pu et pollue il faudrait rouler à
vélo et fumer des joints. Le revenu minimum de ce pauvre Hamon s'il
apparaît comme une solution temporaire d'un traitement radical de la
pauvreté et d'un chômage éternel n'est que la relégation sociale
définitive des basses couches de la classe ouvrière exclues du
travail massivement4.
La leçon magistrale donnée dès le départ par le
mouvement gilets jaunes n'a pas suffi. Si Macron semble l'avoir
compris, c'est pas le cas du tout de la bobologie parisienne
socialo-libérale-antiraciste-antifa. Les périphériques des grandes
métropoles débordent on le subit depuis longtemps. Il fût question
de doubler, puis de couvrir, puis de supprimer carrément (Gaspard
Gangster) le périph parisien, logique du point de vue de l'afflux
croissant de véhicules individuels en leasing généralisé et en
l'absence de transports publics transversaux et adéquats à une
énorme population de travailleurs rejetés toujours plus loin par la
spéculation immobilière. Voilà que les opposants bobos à Macron
font pire que lui : ils ont pour projet de supprimer cet
abominable périph en y faisant pousser des fleurs et des habitations
avec ce putain d'argument de petit bourgeois blanc et antiraciste :
« Le
périphérique, cet anneau de bitume de 35 kilomètres,
inauguré en 1973, est une
« source
de pollutions multiples »,
une « véritable
barrière urbaine et un fossé culturel »,
explique le rapport de la mairie dans sa version actuelle ».
Guilluy, encore lui, a démasqué cet altruisme, où en
réalité on privilégie la construction de logements sociaux par
exemple à Arcueil et Bagneux (avec un métro bientôt) réservés
plutôt aux populations récemment immigrées (Afrique subsaharienne
et Maghreb) pour que la partie de la classe ouvrière des
« services » soit plus proche au service de la
bourgeoisie parisienne mais « de l'autre côté, avec ou sans
périph : « L'altruisme des classes dominantes en
direction des minorités ou des banlieues masque une volonté de
contrôler socialement des populations utiles à l'économie
locale ». Il ne s'agit pas d'encourager un retour des classes
ouvrières à Paris mais des « key-workers » : « Ces
'travailleurs-clé' pour la ville que sont les personnels de santé,
instituteurs policiers, professions intermédiaires, n'ont plus accès
au parc de logements privés et doivent souvent s'exiler. Si la
disparition des classes populaires traditionnelles ne préoccupe pas
les municipalités, en revanche la disparition de ces petites mains
qui assurent la continuité des services publics commence à
inquiéter. Les immigrés dans le parc très social de banlieues, les
key-workers dans le parc social intermédiaire de la ville-centre :
la bourgeoisie libérale des métropoles sait se faire étatiste
quand ses intérêts sont en jeu »5.
Cet épiphénomène de l'oligarchie parisienne confirme
la volonté de reproduction sociale entre-soi, la cooptation sociale
traditionnelle de la bourgeoisie de droite, de gauche, verte et
moisie. Résumé de Guilluy : « Une stratégie qui permet
d'évacuer le conflit de classes et de renforcer discrètement une
production et une reproduction sociales » (p.50).
Le
plus consternant n'est pas tant qu'on veuille résoudre ou supprimer
un objet de nuisances. On comprendrait que des édiles de la
République multiculturelle et antifasciste se soient demandé
d'abord comment plutôt développer des transports en commun
transversaux et ne pas laisser proliférer vélos et trottinettes
anarchiques, afin de faciliter la vie aux millions qui circulent et
vont travailler par obligation loin de chez eux. Non c'est la gêne
occasionnée aux chétives oreilles et au fin odorat des bobos
parisiens qui guide leur souci initial :
« La
mission penche pour un scénario en trois temps. La première étape
vise à diminuer au plus vite le bruit et les émissions de
particules fines, les deux principales pollutions engendrées par le
périphérique »6.
L'automobiliste
lambda pourra continuer à aller s'embouteiller sur l'A86 en
rallongeant son temps de parcours. Tout doit être fait pour tuer la
voiture à Paris même si vos chaînes de TV vous incitent tous les
quart d'heure à acquérir une SUV en leasing. Les travaux
pharaoniques de la reine Hidalgo écrasent des carrefours entiers
(Alésia, Bastille)de chantiers invraisemblables7
pour rétrécir les voies provoquant quotidiennement des
embouteillages monstres quand aucun flic n'est jamais présent pour
réguler (trop épuisés les flics par les GJ). L'autre argument de
la bourgeoisie écolo-dorée parisienne vaut son pesant de
cacahuètes : prenez les transports en commun « tels
qu'ils sont » ou bourrez vous dans une autre voiture8.
LA
REACTION CONFUSE D'UN PROLETARIAT PRIVE D'EXPRESSION ?
Mêmes
tordues les revendications des gilets jaunes ont tendu à exprimer un
réalité approximative. Cette invention sortie d'on ne sait où du
Ric n'est-elle pas, à sa façon maladroite, irréaliste et confuse,
une manière de crier contre l'hypocrisie démocratique bourgeoise ?
Mais que oui et dans un monde kafkaïen et plutôt celui d'Orwell où
comme le décrit si bien Guilluy, fustigeant la gentrification de la
manifestation : « Produits des métropoles embourgeoisées
les « mouvements sociaux d'en haut » sont une parabole
d'un monde fermé et vide (…) la rebellocratie n'est plus
depuis longtemps le porte-voix des plus modestes (…) la
mobilisation pour des causes sociétales montre que le mouvement
social ne s'adresse plus à la majorité des classes populaires »9.
Si
les commentateurs ont noté le grand nombre de femmes (prolétaires
considérées discrètement comme assistées et divorcées
inconséquentes10)
ils sont restés discrets sur la participation quasi nulle des
populations immigrées ; ce n'est pas pour rien que le grand
patronat a choisi l'immigration (p.117) et a tout intérêt au
« brouillage des classes » C'est l'imposition du concept
fourre-tout de « classe moyenne majoritaire » qui sert à
revaloriser les notions creuses « des gens » ou du
« peuple », comme je le note depuis plusieurs articles :
« Cette représentation permet de réduire la question sociale
à une question ethno-culturelle : une classe moyenne forcément
« blanche » et intégrée d'un côté ; de l'autre,
des classes populaires forcément issues de minorités ethniques »
(p.131)11.
Guilluy
voit une sorte de préservations des « solidarités en milieu
populaire », c'est à dire qu'il ne voit pas le négatif des
communautarismes comme étant forcément un péché, c'est un
séparatisme qui est à l'oeuvre, dit-il : « Ce que la
classe dominante appelle le repli est en fait une réponse à une
société libérale qui détruit toute notion de solidarité ».
Mais solidarité sélective dans le grégarisme musulman et une
compassion de vieille France disparue. Autre déception, mais
relative, les prolétaires français musulmans ne votent plus
majoritairement pour la gauche et s'abstiennent en général comme la
majorité des ouvriers autochtones. Les ouvriers issus de
l'immigration européenne (Espagne, Portugal, Italie) sont souvent
nombreux à voter Le Pen.(p.222)
Guilluy
rejoint mon idée que l'immigration ne peut plus être
révolutionnaire du point de vue du prolétariat. La jeunesse de
banlieue n'est pas attirée par des luttes sociales dévoyées par la
« quincaillerie révolutionnaire » de la petite
bourgeoisie (p.194 et suiv) : « On voit ainsi émerger une
génération de jeunes entrepreneurs issus des quartiers de
l'immigration. Libéraux, ils restent toutefois attachés aux valeurs
traditionnelles qui leur permettent de préserver un précieux
capital social et culturel. Loin très loin de la doxa traditionnelle
de la gauche, les jeunes additionnent ainsi Macron et l'islam ».
Les quartiers immigrés « produisent de la classe moyenne »
plus que du prolétariat conscient et libéré des chaînes de
l'idéologie religieuse. L'islam n'est-il pas devenu le meilleur
remède anti-marxiste au point de ringardiser tous les
anti-communistes radoteurs professionnels mais qui adaptent leur
piqûre de rappel hâbleuse12?
Je
suis assez d'accord avec la conclusion, qui motive mon injonction au
milieu révolutionnaire maximaliste de se renouveler face aux
nouveaux aspects de la réalité des luttes de classes :
« Le
crépuscule du monde d'en haut a démarré, il s'inscrit dans cette
nouvelle lutte de classes entre une nouvelle bourgeoisie et un
nouveau prolétariat qui n'a pas encore conscience de représenter
une classe sociale potentiellement majoritaire ».
C'est
pourquoi Macron a eu raison de reculer sur la question sociale. Les
prolétaires sont plus sensible à une hausse du pouvoir d'achat du
fric qu'à un ric de merde.
Pour
notre part, place à la réflexion, il faudra dépoussiérer,
réexaminer et laisser aux archives des fables disparues :
- la grève générale (caricaturale et impossible)
- la manifestation (gentrifiée)
- la grève tout court (hyper corporative et non génératrice de conscience de classe)
- la pérennité de l'aristocratie ouvrière (le grand mensonge de l'unité des travailleurs quand ils sont divisés et cloisonnés entre planqués, en effet, des services publics (jusqu'alors) et ceux du privés
- la croyance à une chute automatique de la petite bourgeoisie dans le prolétariat
- la croyance à un prolétariat « ouvrier » strictement révolutionnaire et seul
- la fin de l'immigré automatiquement révolutionnaire
- les esquives et mensonges de l'antiracisme et de l'antifascisme de salon.
- Les conneries de Marx et Lénine, etc.
Pour
une nouvelle élaboration des frontières (hic des limites) de
classe ?
NOTES
1Déclaration
au journaliste économique François Lenglet sur une chaîne d'info.
2J'aurai
l'occasion de revenir sur la contribution de Guilluy, fondamentale
mais avec des défauts, des répétitions et un manque de
scrupules, ;ce qu'il croit découvrir, le rejet de la politique
et de la morale des élites, il le doit plus qu'aux autres
sociologues au mouvement maximaliste du XX ème siècle, que
certains nomment maladroitement « gauche communiste »,
le mouvement germano-italien qui a été le plus novateur sur
l'échec de 1917 sans être vraiment départagé. Des cinq ouvrages
qu'il a publié, tous passionnants, le meilleur reste selon moi
l'avant dernier – Le crépuscule de la France d'en haut – car
dans le denier (No society) il a cédé à la mode et a abandonné
le concept de classe ouvrière. Dans le crépuscule il se fait des
illusions sur la compétence des maires, mais Macron a mis dans le
mille en allant à leur rencontre.(p.149).
3Marx
reste un grand auteur et acteur politique mais au niveau des
préjugés et des goûts d'avenir il reste un petit bourgeois du XIX
ème. J'y reviendrai, mais par exemple, il est insensé lorsqu'il
repique le slogan des petits bourgeois utopistes (Saint Simon?) « de
chacun selon ses besoins, à chacun selon ses capacités »
pour tenter de définir l'état d'esprit communiste. Si la société
devait satisfaire mes besoins, qui sont nombreux et pas forcément
marchands, il faudrait qu'elle soit très généreuse et mes
capacités je ne sais point si quelqu'un est capable de les
identifier, ni moi-même. Quant à l'équivalence entre mes besoins
et mes capacités c'est un vaste sujet philosophique que je
n'entreprendrai pas ici.
4Voir
le développement lumineux de Guilluy p.116 « Le crépuscule
de la France d'en haut » : « Cette approche
libérale, en apparence bienveillante, apparaît au contraire comme
le moyen de conforter un modèle inégalitaire dans lequel les
classes populaires n'ont plus leur place ». Et la citation
fondamentale de Joan Robinson en exergue à ce texte.
5En
lisant la suite on voit bien où le discours anti-fiscal de la
couche petite bourgeoisie dominante des gilets jaunes trouvait sa
source, dans l'argumentaire répétitif anti-ouvrier : « Cela
n'empêche pas ces mêmes catégories d'expliquer à quel point les
classes populaires, des ouvriers aux paysans, bénéficient de la
solidarité nationale. Une solidarité qui ne serait pas possible
sans le « matraquage fiscal » des classes supérieures »
(cf. p.48).
6La
mission ne lésine pas sur les moyens pour le confort des bobos
parisiens, même ces constructions qui coûtent si chers, même si
elles n'ont rien à voir avec une amélioration de la circulation :
« Pour
diminuer la pollution, la mission propose par ailleurs d’« achever
l’installation de revêtements antibruit »
afin
de protéger immédiatement les riverains, et d’expérimenter des
solutions de filtrage de l’air ». (...)Il ne s’agit pas
seulement de diminuer le nombre de voies, et de remettre
éventuellement les voies abandonnées en pleine terre. La mission
propose aussi de planter des végétaux sur les parois, le
terre-plein central ainsi que sur les murs antibruit du
périphérique ».
C'est finalement un retour à la nature très fasciste dans
l'application municipale autoritaire comme dans le décor (Hitler
aimait d'ailleurs être couvert de fleurs). L'article est de Denis
Cosnard, désolé presque un euphémisme.
7Où
les ouvriers, surtout noirs et maghrébins travaillent dans des
conditions insupportables et forts risquées, deux morts la semaine
dernière avenue du Général Leclarc.
8« Aujourd’hui,
le taux d’occupation des véhicules sur le périphérique est très
faible, environ 1,1 passager par véhicule,
souligne
le rapport.
Il
faut donc inciter aux transports en commun et au covoiturage »
afin
de réduire le nombre de véhicules. Encore faut-il trouver un
voisin ou un pote qui veut bien rallonger son temps de trajet avec
cette contrainte aléatoire de covoiturage !
9Lire
les intéressants développements p.78 et suivantes. Guilluy a
complètement prévu la révolte des gilets jaunes et sa durabilité,
grâce à son analyse, parfois confuse, de la crise de la petite
bourgeoisie, des flux migratoires et de l'insécurité culturelle.
Il dénonce avec efficacité l'attaque idéologique de la
bourgeoisie contre ses réels opposants de classe via
« ostracisation et fascisation » de ses adversaires,
autant nous d'ailleurs que les souverainistes. Voir aussi la
falsification sur la crise du chômage p.92.
10L'idéologie
« bougiste » de la petite bourgeoisie théorisée nota
par le nomadisme d'Attali, prétend être la réponse au chômage et
méprise les sédentaires qui « par leur refus d'être
mobiles... s'enfoncent dans la précarité », ce n'est donc
pas la faute au capitalisme mais aux ouvriers eux-mêmes et qui
n'avaient pas à alourdir leur possibilité de « nomadiser »
en faisant des enfants ! Quoique le modèle bougiste soit
décrié par les bobos parisiens désormais car polluant, cher et
chronophage (p. 231).
11« Un
tour de passe-passe d'autant plus efficace que les catégories
modestes, les ouvriers, les employés, les paysans ont depuis
longtemps disparus des écrans radars des médias et de la classe
politique ».
12Un
certain Thierry Wolton avait récemment les honneurs du journal de
Neuilly, Le Figaro, pour son ouvrage rassis « le négationnisme
de gauche » où il nous ressort les vieilleries de Courtois et
Cie, et surtout l'équivalence, le marxisme n'aurait-il pas produit
l'islamisme ? Echantillon:
« Le
philosophe anglais Bertrand Russel remarquait déjà au début des
années 1920 une ressemblance entre communisme et islamisme,
notamment la même volonté de convertir le monde. N'oublions pas
que la propagande communiste, très présente au XXe siècle, a
développé des thèmes anti-occidentaux au nom de la lutte contre
l'abomination
capitaliste, et contre l'impérialisme. Cela a façonné des
esprits, y compris dans des pays musulmans influencés par l'URSS,
leur allié contre l'ennemi principal, Israël. La doxa communiste
contre la liberté d'être, de penser, de se mouvoir,
d'entreprendre, etc., se retrouve dans le discours des islamistes,
présentée comme des tentations de Satan. En tant qu'idéologie
totalitaire, le communisme cherchait à atomiser les individus en
les arrachant de leurs racines sociales, politiques, culturelles,
voire familiales, pour mieux les dominer, les contrôler.
L'islamisme, lui, propose des repères, des codes, à des individus
déjà déracinés sous la poussée d'une mondialisation dont les
effets ont tendance à déstructurer les sociétés traditionnelles.
La démarche est différente, mais le résultat est comparable ».
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