"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

mardi 25 septembre 2018

HISTOIRES ...DE LA FALSIFICATION ANTIFASCISTE ET ANTIRACISTE




Avec « Histoires d'une nation », la propagande d'Etat de « France 2 » a mis les bouchées doubles pour célébrer l'idéologie « multiculturaliste » dominante dont les gauchistes et autres altermondialistes sont les prudes justiciers. Au même moment, Arte commet la même ignominie d'effacement des véritables menaces politiques pour l'ordre mondial bourgeois avec la série "documentaire" les "rêves brisés de 1918-1939". La présentation « programmatique », comme dirait un ami bordiguiste est très clairement une dépossession de l'internationalisme du prolétariat à la sauce superficielle pipole :

« Aujourd’hui, un quart de la population française a des racines à l’extérieur du territoire. Cette série documentaire évoque le parcours de ces générations venues faire leur vie dans un nouveau pays. Elles racontent 150 ans de l'histoire de France. Dans cette première partie, enfants et petits-enfants d'Italiens, de Polonais, d'Arméniens, de Russes, d'Algériens, de Marocains, de Cambodgiens ou de Chinois racontent, au présent, leurs histoires familiales. Parmi les plus célèbres : Pascal Légitimus, Patrick Fiori, Emanuel Ungaro, et des images d'archives avec Cavanna, Mouloudji ».
La « rédaction » du « programme »... télé porte une appréciation indubitable et inoubliable :
« Cette série documentaire raconte parfaitement notre histoire et montre combien l'immigration a été une formidable richesse. Dans cette première partie, les témoignages d'anonymes ou de célébrités sont inoubliables. Les images d'archives exposent bien comment les Italiens expérimentent, dès 1880, les discours de xénophobie qu'entendront toutes les immigrations suivantes.
Après la diffusion des deux premiers épisodes de la série documentaire «Histoires d'une nation», Julian Bugier anime un débat. Il reçoit des grands témoins qui ont participé à ce projet : artistes, présentateurs, sportifs. Ensemble, ils prolongent la réflexion et la discussion sur le sujet. A l'heure où l'immigration devient, comme partout un Europe, un sujet de crispation, il est utile de se replonger dans l'histoire de la tradition d'accueil française. Qu'ont apporté les vagues d'immigration successives au cours de l'histoire du pays ? Comment les nouveau-venus ont-ils été accueillis ? Que retiennent les descendants d'immigrés de leur héritage ? ».

Pas de panique, on assista à la série habituelle et « mémorielle » des poncifs les plus éculés sur la « gauche » maquillée en général et dotée d'une sacré capacité d'oubli de ses forfaits en particulier, mais via le gimmick de l'antiracisme bien de gauche et éternellement de gauche... bourgeoise et/ou stalinienne. L'histoire de France n'est plus à cette aune que l'histoire du racisme et de l'antiracisme, de même qu'aujourd'hui pour les chroniqueurs du Monde et de Libération il n'y a plus que des europhiles et des nationalistes. Comme hier il n'y avait évidemment que des antifascistes et des fascistes ou des anticommunistes et des communistes. Dans la dépossession il y a substitution, tour de passe-passe binaire où ce n'est plus une confrontation entre bourgeoisie et prolétariat mais, dans le magma indifférencié des couches sociales, il n'y a plus que des racistes face à des antiracistes et des europhiles face à des « populistes ».
Depuis Adam Smith le capitalisme a toujours eu faim de migrants taillables et corvéables, mais est-ce à dire que la classe ouvrière autochtone eût dû accueillir toujours élégamment des compétiteurs sur le marché du travail... sauf à prendre les prolétaires pour des cons... racistes ! Avec ce traitement antiraciste de l'histoire, très idéaliste et confusionniste, on ne sait plus de quelle époque on parle, de ce qui prévalait dans telle époque et pas dans telle autre. La fixation sur l'étrangeté de l'arrivant et sa plus ou moins bonne réception est épatante pour observer par le petit bout de la lorgnette, voire par le gros bout. Les choses n'ont jamais été simples ni n'ont relevé du racisme ou du rejet de l'étranger. Mais la morale bourgeoise antiraciste de l'élite et de ses corbeaux journalistes et trotskiens ne fait pas dans la dentelle. 

Qui est responsable en premier lieu de la période de colonisation et du mépris des colonisés ? Qui réalise des expositions « universelles » où les colonisés sont exhibés dans des zoos et font rire le bon peuple « français » ? Reprocher leur « racisme » aux ouvriers français au début du XXE siècle en pleine floraison de l'enrichissement bourgeois dans les colonies vaut autant que leur reprocher leur illettrisme ou leur brutalité dans les plus anciennes émeutes. 
Le traitement odieux des travailleurs étrangers (polonais, espagnols) renvoyés chez eux de 1931 à 1939 n'est aucunement à relier à la montée de la contre-révolution nazie mais au cynisme du patronat et de l'Etat "démocratique" français qui expulse à tour de bras, surtout d'abord les ouvriers grévistes, car de plus en plus incapable de réguler son économie dans la grande crise capitaliste qui atteint tout de même aussi la France contrairement à ce qui est dit. Le Front popu aurait mis un coup d'arrêt aux expulsions, ce qui est faux, et surtout on ne nous dit pas que le Front popu fait tirer sur les ouvriers et brise leurs grèves. La nouvelle accélération des expulsions après l'expérience "malheureuse" de la gauche saboteuse au pouvoir est en continuité avec le cynisme patronal et se double d'une hystérique chasse aux étrangers tout à fait indiquer pour conditionner à la guerre nationale… pourtant dite antifasciste et on oublie opportunément de nous dire que ce sont France et Angleterre qui déclarent la guerre à Hitler. On se complait à nous exhiber, par le petit bout de la lorgnette, des ouvriers polonais expulsés et des ouvriers français qui viennent récupérer leurs meubles. Le parallèle grossier et subliminal avec la vague migratoire déniée par les bobos militants "humanitaires", en selle sur tous les plateaux TV, va de soi. L'Aquarius flotte dans la baignoire des ouvriers "populistes" et "racistes".

Mais les documenteurs de propagande de « France 2 » vont très vite en besogne pour radoter et seriner le vieux refrain de la « bête immonde », qui est l'axe du mal des livres d'histoire officielle et pas les avanies du capitalisme décadent. Après avoir insisté lourdement sur l'hystérie anti-étrangers des factions féodalo-nationalistes des années 1920, on saute dans les années 1930 avec le surgissement inopiné d'Hitler, sans réfléchir au comment et au pourquoi de cette « bête immonde ». Pourquoi les juifs sont-ils choisis pour cible facile ? Et pas les coiffeurs ? Et plus cette classe « dangereuse » la classe ouvrière ? La dépossession fasciste, étrangeté maléfique ou fable bourgeoise ? Et par extension l'étranger en général désigné comme « ennemi intérieur » ? Ah oui mais n'était-ce pas la faute aux "juifs bolcheviques"? Comme aujourd'hui les mêmes médias soulignent (sans commentaires odieux) l'enrichissement du juif Drucker ou notent que ce sont des banques "juives" qui ont causé la crise de 2008. Mêmes méthodes de négation du prolétariat et de voilage des responsabilités de la classe bourgeoise que dans les années 1930, n'est-ce pas? (cf. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01145632/document). 

Les documenteurs ne se rendent même pas compte combien leurs gimmicks sont ridicules et n'explicitent rien, quoique leur but (carrément révisionniste) est de plaquer ce raisonnement « antiraciste » à la célébration actuelle par bobos et capitalos de la chance d'avoir sans cesse de nouvelles flottilles de migrants. La guerre d'Espagne, qui avait impliqué (n'est-ce pas?) une intense vague migratoire - via les Pyrénées - n'est qu'une défense de la démocratie par des « républicains espagnols » face à l'image d'un Franco main tendue, et on oublie de nous rappeler que le Front popu s'en lave les mains et interne dans des camps sans hygiène . Pauvres républicains quoique surtout des ouvriers espagnols qui fuient en masse en France ; oui en masse (comme les syriens...) et qu'on parque dans les sinistres camps d'Occitanie, avant les juifs et les révolutionnaires professionnels. Rien n'est dit sur le sabotage criminel du parti stalinien en Espagne; la fable des héroïques brigades internationales de l'impérialiste Staline tient encore du voyage initiatique à l'antifascisme éculé ; il n'est question que du mauvais accueil par "les français" des réfugiés de la retirada. Le chanteur gauchiste Cali, agrégé d'histoire pipole1, confirme. Hérétique serait d'affirmer que la guerre d'Espagne n'est qu'une préparation à la deuxième boucherie mondiale, où – dépossession oblige – la lutte générale n'opposera plus bourgeoisie et prolétariat mais fascistes et antifascistes « de tous les pays » ! 

Et ce front popu franchement vraiment antiraciste ! On n'est plus polak, rital mais tous français et on a joué de l'accordéon dans les usines, ce rap de l'époque. Quelle joie que cet entracte qui aura permis la totale démobilisation des ouvriers français (et immigrés) de leur terrain de classe !
Et la Résistance hein ! Quelle belle saga antiraciste ! Les premiers résistants ne sont-ils pas juifs et arméniens, déterminés à mourir pour la « patrie » française, afin que leurs enfants obtiennent après guerre la « naturalisation ». Dans ce creuset des sacrifiés universels pour la patrie, il n'y a plus que... des races ou des ethnies en voie de naturalisation... patriotique, mais plus de classe ouvrière ni de bourgeoisie mais ce haut mal nommé « peste brune » ! 

Mais attention, pour faire objectif, et sermonner nos actuelles « opinions » populistes, il faut insister sur le racisme du régime pétainiste, en effet honteux et puant de lâcheté, et la continuité des fonctionnaires racisto-colonialistes à la « Libération ». C'est un ancien trotskiste (décolonisé) qui est à la tête du musée de l'immigration et qui a tenu à faire rappeler les massacres en Algérie et en Indochine peu après l'élimination du nazisme, mais sans ajouter en commentaire : mais pas d'élimination du capitalisme impérialiste ; l'ami sincère des présidents, Benjamin Stora est aussi sur le plateau de célébrités « immigrées » en compagnie des Mozart des émissions de variétés, Drucker et Cymes, et du capitalisme financier comme le petit Minc.

Dans l'ensemble les documenteurs et les bateleurs de foire invités ont eu pour consigne d'éviter d'évoquer les CAUSES DE LA GUERRE MONDIALE. Le blabla antiraciste sert à ça dans la durée comme relais de l'antifascisme évanescent. Désigner le fascisme comme un pire ennemi que le capitalisme c'est faire passer le fascisme pour un phénomène étranger au capitalisme et c'est aussi ridicule que ceux qui assimilent islamisme et fascisme ; l'islamisme n'étant qu'un fascisme sous-développé et destiné à le rester.

On se trouve dans la ferme des célébrités et dans la pure propagande qui mêle leçons de morale sur des faits historiques trafiqués sans vergogne, hors de toute réelle réflexion historique et politique. On ne saura donc pas apprécier une véritable analyse du phénomène du racisme (comme catégorie hors du capitalisme libéral et policé), de sa place croissante dans l'idéologie bourgeoise pour dissoudre tout critère de classe, de l'utilisation de ce sentiment trouble pendant toute la période de contre révolution, du remplacement de la perspective communiste par une société sans races (?) ou déterminée surtout à « combattre le racisme » mais pas les inégalités sociales, du remplacement du socialisme pour les sous-développés par l'invasion islamique.

On laissera le mot de la fin au chanteur toulousain d'origine maghrébine qui fît une réflexion gênante pour le jeune animateur ignorant et très orienté dans ses questions. Zebda, qui avait senti venir l'allusion au flux ininterrompu des migrants actuels d'un capitalisme à la dérive et incapable d'intégrer :
« comme me disait mon père, avant c'était pas pareil, on avait le plein emploi ».



1Le chanteur, admirateur et chevalier servant de Ségolène Royal, est fier d'exhiber le foulard que porta son grand-père italien en Espagne, il est rouge mais aux deux pointes il y a le drapeau italien et à l'autre le drapeau espagnol ! Ce n'est plus de l'internationalisme mais une compil nationaliste !

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