Députés ou VOYOUS ?
"Je dis que quelques voyous de la police qui seraient à l'origine de cette tragédie doivent être sanctionnés extrêmement lourdement". Christian Estrosi (député LR)
La politique bourgeoise semble prendre
un tour irrationnel, être dominée par les scandales, inverser la
perception du vulgum pecus en France comme à l'international1.
On dirait que la campagne présidentielle américaine a donné le la.
La compétition doit être sordide. Courage à ceux qui restent
scotchés à la radio ou à BFM, avec leur plateau repas solitaire...
Tous les jours, sans souffler, l'ensemble de la presse et du
médiatique électronique tape à bras raccourcis sur Fillon, comme
on l'avait vu contre Trump il y a quelques mois ; pas un jour
sans nouvelle révélation incrustée dans la défense (décrétée
malheureuse) de l'impétrant ; cela avait été le cas avec DSK.
Trump, méchant parvenu au pouvoir est lui aussi persécuté tous les
jours par les « vrais » représentants de la liberté et
de la démocratie : juges, journalistes « indépendants »,
banquiers « honnêtes », féministes et anarchistes. Le
pouvoir a changé de camp, c'est VOUS le peuple qui le détenait !
A bas les politiques corrompus! Ne vous laissez pas faire! Agissez, manifestez le dimanche! mais n'oubliez pas d'aller travailler
et de voter pour de sains démocrates !
Pas une semaine sans que le journal des
policiers mécontents, le Canard Enchaîné, ne distille son fiel
comique (?) contre Fillon, mais pas du tout contre les actuels
locataires du pouvoir...finissant. On apprend que Macron serait
« pédé » mais un gourou très apprécié des banques.
Mais en même temps les traditionnels « extrémistes »
sont bichonnés : si Bayrou n'est plus qu'un « irrationnel »
(à 5%), Mélenchon a eu droit à une couverture médiatique très
confortable pour son spectaculaire » hologramme virtuel comme
ses valises électorales, le simili gauchiste Hamon avec son
révolutionnaire salaire universel peut se répandre en long et en
large. Comme Hamon et Mélenchon sont à la traîne dans les sondages
depuis plusieurs jours derrière Le Pen et Fillon, la fabrique à
sondage les fait remonter subitement aujourd'hui...
La subtilité du bourrage de crâne
électoral est plus insidieuse qu'il n'y paraît, car on alterne si
bien jet d'ordures et casseroles sur les candidats et une critique de
leurs « programmes »... De même que la justice (de
classe) et les journalistes (indépendants) sont sensés dénoncer
dérives du pouvoir, népotisme et autres racismes, on veut désormais
faire mentir ce vieux cliché d'électeurs qui ne voteraient que pour
la tête du client (ce qui reste vrai majoritairement), mais la
discussion sur les programmes bute toujours sur la finance :
« qui les financera ? », et à ce titre, Hamon,
Mélenchon et Le Penon sont baisés, sans s'en rendre compte.
Avant-hier, Hamon a déclaré qu'il se fichait de la dette, bel effet
de manche pour incrédible. Sans crainte du ridicule, La Penon, à la
peine, a rétorqué à la sémillante et fine Najat-Belkacem qu'il
n'y avait pas que l'argent... son autorité suffira donc à
restaurer... la confiance de la finance.
Pub inouïe pour la nouvelle
« L’Émission politique » diffusée jeudi soir sur France
2, Le Pen a donc été longuement questionnée sur son programme et
a battu des records d'audience. Elle a été servie sur un plateau
avec des invités qui lui ont permis de se mettre en valeur,
notamment son pote Patrick Buisson2,
et une Najat-Belkacem qui, bien que brillante face à la grosse buse
n'a pas été en mesure de faire avaler que le collège unique
supprime les inégalités sociales, quand l'autre prône ouvertement
le passage fissa des largués au travail manuel. Mère Le
Pen est venue contribuer à l'ambiance « tous pourris »
par la finance en faisant mine d'y être étrangère : « Que
ce soit pour M. Fillon ou que ce soit pour M. Macron »,
a-t-elle attaqué, « il
y a derrière tout ça une sale odeur de trafic d’influence
peut-être, de conflit d’intérêts à tout le moins. » (elle se
remplit les poches au parlement européen, tout en crachant dans la
soupe)
Elle
a frappé juste parfois, contre le seul programme crédible pour les
banquiers avec celui de Macron : « Quand je vois que M.
Fillon a été payé par Axa, je demande si, dans son programme, la
suppression de la Sécurité sociale qui va évidemment bénéficier
aux compagnies d’assurances, ça n’est pas aussi la contrepartie
des sommes qui lui ont été versées ». Paf pour le persécuté
number one ! Mais la fabrique du quadrillage électoral, sous
cette bienveillante couverture médiatique (provisoire, il sera
toujours temps au second tour de ressortir les bonnes vieilles
ficelles de l'antifascisme et compter sur le bruit de la base
gauchiste et anarchiste) maîtrise tout à fait les limites du FN, si
bien domestiqué dans le cirque médiatique et étrangement soustrait
au « scandale » des autres candidats pourtant
« antifascistes », comme semble le déplorer Le Figaro :
« Sans alliance électorale, il
lui reste encore à démontrer la crédibilité de son projet
économique et de ses équipes pour gouverner. Elle doit également
convaincre plusieurs segments électoraux qui lui résistent.
Attentifs à sa première grande prestation de campagne, nombre de
soutiens frontistes voyaient néanmoins une piste étroite s'ouvrir
pour leur candidate, entre le «mondialiste» Emmanuel Macron et la
candidature «cabossée» de François Fillon ». Elle n'a pas
grande chance d'être, elle, le nouveau Trump.
FLICS OU VOYOUS ?
Le même dédoublement idéologique
qu'on a examiné pour la compétition électorale, est effectif
concernant la lamentable agression du jeune Théo à Aulnay. La
confusion entretenue a été très bien décrite par des rédacteurs
de journaux de rappeurs lors de l'émission d'hier de Sud Radio. « On
veut nous coincer dans un faux dilemme : soit on soutient les
flics quoiqu'ils fassent, soit on est supposé être avec les voyous
des banlieues et refuser toute police dans les ghettos »; "on a été aussi indigné par la tentative de meurtre des policiers enfermés dans leur bagnole qu'on l'est pour ce qu'on a fait subir à Théo". Les
médias se sont retournés aussi, quoique fugacement, contre la
police en général. Ces invités, représentatifs (?) de la banlieue
face à un syndicaliste policier, se sont laissé un moment
entourlouper par « l'ouverture démocratique à la discussion »
du flic promu bureaucrate corporatif chargé de « faire
comprendre l'exaspération des policiers », puis ont commencé
à s'énerver face à la négation du viol, de la pénétration de
l'anus par la matraque du policier pervers et raciste, refusant
d'accepter le qualificatif d'émeutes, lui opposant une révolte
sociale légitime... ajoutant que si des jeunes avaient troué le cul
d'un policier de cette manière ils auraient été immédiatement
inculpés et mis en prison, alors que le policier sadique a été
relâché, et que de jeunes manifestants par après se sont pris
immédiatement 6 mois ferme ! A noter que pas un n'a dénoncé
la justice de classe, réclamant benoîtement « justice »... laquelle va traîner en longueur jusqu'à une température de l'opinion moins bouillante...
C'est une bavure inédite, faut être
vraiment taré pour avoir fait cela. Si on n'est pas anti-flic
primaire, on peut penser qu'elle n'est pas admissible pour un
policier ou une policière moyenne. Le flic taré a du coup fait
perdre tout le capital de sympathie que la police en général avait
obtenu malgré elle (cf. la répression au moment du 49.3) dans la
population régulièrement abreuvée d'actes (en effet) délictueux,
dans l'ambiance des attentats terroristes. Mais attention encore une
fois au double langage du pouvoir, il se dédouble en agissant à
deux niveaux: il ne peut se désolidariser de ses flics (donc la
"justice" de classe les couvre en tentant de minorer
l'enculage à la matraque qui n'est pas un viol en effet mais une
humiliation raciste) et de l'autre on envoie Hollande qui n'a plus
rien à perdre pour tenter, lui (au-dessus de la mêlée ?),
d'éviter l'expansion d'émeutes. Mais gaffe l'opinion est (serait?)
pour la défense indéfectible des flics ; hier cette radio au
passé louche, Sud Radio, avec son recensement (incontrôlable)
assurait qu'une majorité mettait en doute le jeune Théo! Puis vu
que le débat entre le flic syndicaliste et les rappeurs toulousains
tournait mal, silence soudain, puis musique sans paroles pendant les
deux heures qui restaient pour une "confrontation des points de
vue" étrangement disparue... Le standard avait-il sauté ou un
coup de fil de Cazeneuve ?
Une première en pleine farce
électorale présidentielle, tous les politiciens, y inclus la
« féroce » Le Pen et le persécuté Fillon, se sont
sentis quand même dans l'obligation d'avoir une pensée émue pour
le jeune Théo, même le premier ministre policier, s'arrogeant de
déplorer au nom de l'institution en uniforme et muette. Ouf, il n'y
avait eu que quelques voitures brûlées.
Cela sent encore le roussi, alors à
cette heure même, le pouvoir relance comme par hasard à grands sons de trompe la chasse au terrorisme à
Montpellier et ailleurs. Unissons-nous contre l'ennemi, cessons de
nous diviser, chut : on est en guerre !
1Où
la France, prenant le relais de l'invraisemblable cirque US, fait
les gorges chaudes chez d'autres pourris dominants :
http://www.liberation.fr/elections-presidentielle-legislatives-2017/2017/02/03/l-affaire-fillon-vue-de-l-etranger-pourquoi-la-france-est-elle-si-corrompue_1545900
2
L'analyse de Patrick Buisson, qui est loin d'être un crétin, est
simple et elle n'a guère varié depuis 2007: les électeurs du FN
sont pour l'essentiel d'anciens électeurs du RPR déçus par le
recentrage et l'évolution pro-européenne de Chirac, pour le reste
d'anciens staliniens nostalgiques du temps où le PCF était
conservateur. Mais c'est plus compliqué aujourd'hui, chaque parti bourgeois est plus ou moins acoquiné avec une puissance impérialiste. Le FN ne se cache pas d'être financé par des banques russes. La cyberguerre, bien qu'utilisée de façon exagérée pour expliquer la victoire de Trump, est aussi une réalité: http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/02/09/35003-20170209ARTFIG00282-l-elysee-inquiet-d-une-cyber-menace-etrangere-pesant-sur-la-presidentielle.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire