(En épilogue : les aventures de
Pyrrhus Sarkozy)
de notre envoyé spécial: Lou Soliterre
On avait la formule de l'union
nationale funèbre il y a à peine trois semaines, mais les corps des
massacrés à Paris à peine refroidis et les médias indifférents
au sort de près de 400 blessés, voilà qu'on nous serine, explique,
assomme avec « l'horreur », le terrible séisme :
la possible conquête de deux ou trois régions par le « F'Haine » ! Sauf que, loin des funérailles, nos deux veuves du terrorisme arabo-persique veulent bien porter le voile mais séparément et tirer chacune leur épingle du chignon électoral.
Comble de l'horreur : 6 millions de français ont voté au 1er tour de ces « jeunes » élections régionales, dont la plupart des gens se savent pas à quoi servent ces machins plutôt provincieux qui font office de co-gestionnaires locaux de l'Etat décentralisé mais encore mieux bureaucratisé. Le FN a-t-il mitraillé de mensonges ces lamentables électeurs de pacotille? Ou ces féroces soldats, sont-ils venus égorger jusque dans nos campagnes (électorales) nos louables institutions et tant de fables des lois?
Aux urnes citoyens! Votons, Votons, qu'un gang impur abreuve nos émissions!
Comble de l'horreur : 6 millions de français ont voté au 1er tour de ces « jeunes » élections régionales, dont la plupart des gens se savent pas à quoi servent ces machins plutôt provincieux qui font office de co-gestionnaires locaux de l'Etat décentralisé mais encore mieux bureaucratisé. Le FN a-t-il mitraillé de mensonges ces lamentables électeurs de pacotille? Ou ces féroces soldats, sont-ils venus égorger jusque dans nos campagnes (électorales) nos louables institutions et tant de fables des lois?
Aux urnes citoyens! Votons, Votons, qu'un gang impur abreuve nos émissions!
Ce type d'élection inventée en 1986
se caractérise par une refonte plus élargie depuis 2014 sous la
correction du gouvernement Hollande :l'addition de régions
voisines avec l'objectif de créer des zones à potentiel industriel
au niveau du fédéralisme européen1.
A quoi servent les conseils régionaux ? Ce ne sont pas
spécialement des organismes de décision politique, mais des
succursales des partis oligarques dominants. Ils s'occupent de
cogestion au niveau européen, des transports ferroviaires, des cars
scolaires (avec le projet arriéré de Macron il faudra gérer aussi
les nombreux accidents) de la formation professionnelle des ouvriers
de base, de la reproduction des inégalités sociales dans les
lycées, de l'idéologie écologique, de l'hydre aménagement du
territoire, de la culture au rabais, du domaine sportif abrutissant.
En somme guère plus de compétences que la gestion d'une ville
moyenne, et encore sous contrôle étroit de l'Etat bourgeois. La
rétribution du personnel anonyme qui compose ces conseils régionaux
est une ressource financière très importante pour les diverses
cliques des partis en compétition. Ce qui explique la mine allongée
des divers bureaucrates de gauche et de droite au soir du premier
tour de cirque face à la probabilité de perdre les bonnes places.
Mais horreur dans l'horreur : si 6
millions de salauds ont voté Le Pen, 20 millions d'autres salauds ne
se sont même pas déplacés aux urnes citoyennes, sans compter 500 000 bulletins blancs et des milliers de votes "nuls" ( c à d déchirés ou insultants, généralement non comptabilisés) ! Sur Radio
France propagandastafel, les commentaires aigris seront plus durs
contre les salauds d'abstentionnistes que contre les salauds
d'électeurs (inconscients et bêtes des blondasses du FN), car
ceux-là ils votent, même par bêtise, mais au moins ils vont
glisser un bulletin dans l'urne. Les autres salauds, non seulement ne
participent pas à la défense de la démocratie contre le terrorisme
– car le bulletin de vote est une « arme » qui défrise
les assassins du Bataclan – mais de fait cautionnent l'extrême
droite... en la laissant s'exprimer... Et de déplorer que partis
honorables de droite et de gauche ne parviennent toujours pas à
endiguer ce « cancer » de la démocratie... pour un peu
l'abstentionniste va finir par se faire qualifier de terroriste. Mais
l'argutie n'est pas étayée, on préfère délayer sur le crétinisme
de l'électeur lambda : de toute façon « ils » n'y
comprennent rien, les régions « ils » s'en foutent,
« ils »
exhalent un désamour de la
politique...
Sur les plateaux TV les soirées
électorales sont écourtée comparées à naguère, « ils »
lâchent prise si rapidement qu'il faut leur refiler leur feuilleton
américain préféré sinon « ils » vont refuser de
régler la taxe télé. Au soir du cataclysme pour la république
démocratique, j'ai zappé comme tout le monde et cela m'a suffi.
France 2 s'est arrangé pour laisser le crachoir le plus longtemps
possible aux pleureuses de la gauche gouvernementale, laissant un
strapontin au zigoto du FN parisien, qui refusa de servir d'idiot du
village et s'éclipsa du plateau des pitres autorisés. Lorsque
vinrent les déclarations hilares de la fille Le Pen et son très
accrocheur mignon en Alsace-Lorraine, cela apportait tant de dérision
et parfois de bon sens, que le discours fût châtré avant la fin de
la prestation du petit Philippot (ex-chevènementiste). Sur FR3, un
aéropage d'édiles bourgeois du 62 diabolique faisait très province
endormie, seul un chauve du FN à mine patibulaire, placé pour le
cirque juste à côté d'une fofolle de l'écologie gauchiste, donna
crédibilité à la sinistrose que suscite ce parti de merde en se
comportant de façon menaçante, avec sa patte velue, vis à vis de
cette jeune fille pourtant très obligée envers la corruption des
partis officiels.
J'ai évidemment préféré continuer à
regarder « Le trou normand » de ce génial acteur
qu'était Bourvil ; au moins lui était-il drôle et profond à
la fois d'humanité et de respect des autres. J'évitai d'allumer
télé et radio toute la journée du lendemain. J'en avais ma claque.
Le lundi soir pourtant, mes oreilles se firent musicales lorsque
j'entendis à l'émission « les informés » de la radio
d'Etat des tentatives d'explication plus fines au « cancer de
l'abstention ». Une voix disait : longtemps on a dit que
l'abstention faisait monter le FN, ce n'est plus vrai, il n'y a plus
de lien entre l'abstention et le FN, il est suivi par les mêmes
électeurs. Un autre, ou le même ajoutait : pour que les gens
votent, il faut leur donner envie. Un autre encore : y a que des
vieux clous en politique, les mêmes depuis 50 ans, et ils ne savent
même plus parler aux gens. Marine Le Pen, elle, elle parle aux
mémères parce qu'elle s'affiche mémère. On a fait du consumérisme
politique, et les politiques ne sont plus que des marques de lessive,
comme la nièce en PACA Marion Maréchal-Le Pen, c'est un nouveau
produit « jeune », c'est la plus jeune dans un parterre
de vieillards (ces astucieux commentateurs oublient que longtemps
Besancenot a été le seul jeune des plateaux télé).
Enfin un de ces anonymes de radio que
mes oreilles ne pouvaient pas identifier, cracha la vérité :
« les partis politiques ne sont devenus que des écuries
présidentielles » ; j'y reviens par après pour décrypter
le sensationnalisme qui obère les manœuvres sous-jacentes.
Le clou du spectacle, depuis la veille
était surtout la répartition des rôles, pas vraiment un scénario
inédit (cf. le vote de 2002 pour Chirac afin de barrer la route au
« fascisme ») : une gauche maso au profit d'une
droite maso. Un Sarko arrogant et « intransigeant » qui
nous « explique », à l'unisson de ses divers lieutenants
déconfis que la fusion serait la confusion, que « la seule
force contre le FN, c'est nous » et cette extraordinaire
explication de texte : « je ne veux pas d'arrangement dans
le dos des électeurs » ! Sublime ! L'arrangement il
n'a même pas besoin de le demander, le PS le lui offre sur un
plateau !2
Pressés par la journalistes de répondre nommément pour le candidat
de droite auquel ils appelaient à voter, toute la journée les
sous-fifres de la gauche caviar avaient marmonné rageusement qu'ils
voteraient pour éliminer Le Pen... Ouf en fin de soirée, robot
Valls vint afficher carrément la couleur, savonnant la planche de la
droite caviar comme jamais il n'avait osé même au moment des
attentats, sans se rendre compte qu'il faisait dans le jeu de mot et
qu'il entend des voix: « quand la république est en cause, on
vote républicains... j'entends la peur des français3 ».
Il continue, il est désormais le
centre du monde : « … c'est un moment historique, avec
la COP21... il nous faut assumer l'avenir de l'humanité (du Rosa L
dans le texte!). Deux conceptions de la France s'affrontent :
celle de la république (la bonne, la pure) et celle d'une vision
étrangère (sic) de l'extrême droite, du désastre économique »
(les patrons comme les gauchistes font de l'urticaire à l'idée que
le FN occupe des strapontins régionaux).
Ce n'est bien sûr que le début d'une
intense semaine de racolage électoral face à la sidération
bourgeoise, il y aura d'autres épisodes, d'autres déclarations
méprisantes ou hautaines contre cette masse énorme
d'abstentionnistes qui fait honte aux cliques oligarchiques
auto-proclamées, et qui leur pisse au cul de vouloir « expliquer »,
« condescendre », « conscientiser » face à
l'horreur qui risque de faire basculer « l'avenir de
l'humanité » et surtout les postes des petits potes de parti,
ces « élus » organisationnels dont le nombril éclaire
nos quartiers multiculturalistes et ne se coupe pas avec les migrants
du monde entier.
En vérité, les appareils se fichent
que le FN s'empare de deux ou trois régions. A ce niveau, il ne
s'empare de rien du tout. C'est au même niveau que la gestion des
quelques municipalités qu'il a raflé. Cela ne change rien au sort
des prolétaires, des chômeurs. Cela peut criminaliser un peu plus
les migrants, calmer un peu des racailles, de souche arabe ou pas,
française ou pas. L'agitation du grand danger de la venue au pouvoir
du parti populiste d'extrême droite n'est encore une fois que du
domaine de la politique d'ajustement entre grands truands des partis
officiels.
La gonflette du FN, tout le monde ne
s'en rend pas compte, est liée directement aux attentats criminels
si récents. Il n'aurait pas autant engrangé d'électeurs sans
cela ; personne n'est revenu sur les responsables et les causes
des attentats, laissant le FN fructifier avec le fantasme de
« l'immigration terroriste », comme généralité et les
arabes comme particularité. Dans le département de la « honte »,
le Pas de Calais, près de 60% des ouvriers font pourtant partie des
abstentionnistes4,
et nombre de ceux, ouvriers aussi, qui font partie des 40% obtenus
par Le Pen sont souvent plus des paumés, des cloches, que
l'avant-garde de la classe ouvrière, mais très minoritaires ;
les grandes cités comme Lille et Amiens ont méprisé les candidats
FN. Le butin électoral dont se repaissent les diverses cliques
bourgeoises ripoublicaines est au demeurant fort étriqué ; si
vous enlevez le chiffre du FN il leur reste trois à quatre millions
d'électeurs à se partager et le barnum de Sarkozy est aussi
composite que les factions de gauche qui vont s'additionner –
sociologie-stalinologie-bobologie – les Mariton-Morin-Juppé,
autant de paniers de crabes pour l'examen présidentiel à venir. Et
c'est cette minorité qui pose au donneur de leçon... antifasciste
surannée !
En vérité, finalement, on est bien en
plein dans les écuries présidentielles et pas dans une horrifiante
« résistible » ascension du fascisme, hormis la blondeur
aryenne des deux candidates.
Disons-le sans fard, Hollande s'est
place dans les pas de Mitterrand. Tonton avait su très bien mettre
en scène son pote Le Pen pour laisser la droite au fond de
l'impasse.
D'abord le découpage des régions,
cornaqué par l'Elysée, laissait prédire que la réunion du
Pas-de-Calais et de la Picardie allait ouvrir une autoroute
(électorale) au FN, et ridiculiser Sarko et sa bande. Mieux encore,
et aussi prévisible, la victimologie du PS – tout parti au pouvoir
dérouille électoralement deux ou trois ans après sa prise de
fonction gouvernementale – consistant à cautionner son principal
adversaire sans contrepartie... vous trouvez pas ça louche ?
Quitte à ce qu'une poignée de seconds
couteaux trouvent un peu fort le café... Que le parti au pouvoir
laisse plastronner le chef de l'opposition dans un apparent suprême
dédain d'un front unique antifasciste d'opérette, vous ne trouvez
pas cela drôle ?
C'est pourtant simple : c'était
le meilleur moyen de piéger le compétiteur Sarkozy-Poulidor. En
fonçant bêtement dans la négation arrogante de « toute
compromission », croyant que les braves électeurs de gauche
(antifascistes génétiques et veautants de première) donneraient
blanc-seing à ses lieutenants Bertrand X. et Estrosi et Cie, la
stratégie de Sarkozy apparaîtra comme ayant favorisé la conquête
de quelques régions par le « dangereux FN », une
victoire à la Pyrrhus ! Et la voie romaine sera ouverte à
l'actuel pensionnaire de l'Elysée. Ou à Juppé.
Le FN n'est pas ne train de
« s'implanter » comme le radotent les journalistes,
s'implanter où et avec quel programme alternatif à l'incurie
gestionnaire des différentes factions du capital ?
Ce qui me pose plus problème est que
la classe ouvrière - inerte naturellement au niveau électoral (ce
n'est pas une gloire de voter-cautionner les partis oligarchiques ce
n'en est pas une non plus de rester éternellement engoncé dans
l'abstentionnisme... d'autruche– ne trouve pas les moyens d'exister
politiquement. Et si elle s'avise de croire qu'on se soucie
réellement de sa participation dans la cadre de la tricherie
électoraliste, sa partie venant de l'immigration vote pour les
factions islamistes et l'autochtone pour les pires bourgeois « de
souche » qui la méprisent.
1Ce
qu'indique d'ailleurs le formulaire explicatif sur le site du
gouvernement : «Ce nouveau découpage a pour objectif de
constituer des régions plus fortes afin d’engager des
coopérations interrégionales en Europe et de réaliser des gains
d’efficience ».
http://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-discussion/projet-loi-relatif-delimitation-regions-aux-elections-regionales-departementales-modifiant-calendrier-electoral.html
2Nom
de dieu ! On n'en finira donc jamais avec la domination
capitaliste ! Les mêmes sornettes de sauvetage de la
démocratie nous sont resservies comme en 2002, où Chirac, il est
vrai, a empêché un nouvel Hitler de mettre le feu à l'Elysée,
quoique Hitler Le Pen pissait dans sa culotte à cette idée (comme
il l'a confié récemment lors d'une complaisante interview
télévisuelle, j'en ai rendu compte sur ce blog).
3Preuve
qu'il n'y a pas que Sarkozy à torturer la langue française, Marion
Le Pen et pas mal dans son genre (mais elle est jeune) ; Valls
nous sert des formules parfois assez dingues : « Nous
entendons leur malaise » (Valls, à la police, avant les
attentats ). Doit-on en conclure que les français poussent des
cris de frayeurs et les policiers des râles ?
4Les
interrogations des journalistes de radio aux piétons, en général
ouvriers, révèlent plus de bon sens et une capacité à aborder
les problèmes réels de la part de ces inconnus de la rue :
« ce n'est pas Le Pen qui va résoudre les problèmes posés
par les migrants », dit l'un. Et, en effet, ce domaine restera
celui de l'Etat, dont le représentant Cazeneuve, fait en ce moment
un boulot plus productif que ne l'a fait le démagogue Sarkozy,
parvenant à décongestionner Calais, en dispatchant les migrants
ailleurs en France en particulier en rouvrant des foyers Sonacotra.
Cela dit, je persiste à dire, avec John Kerry, que la solution à
la fuite migratoire passe avant tout par la fin de la guerre en
Syrie.
PS: quelques saines réactions sur Le Monde, et ce n'est qu'un début de décrédibilisation générale de la gauche caviar et bobo, la droite sarkozozo n'en parlons pas, et le FN = une bande de rigolos plein de plumes.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/video/2015/12/07/un-front-republicain-peut-il-encore-faire-barrage-au-fn_4826611_4640869.html#1FcvkyoCUV1LeC8V.99
PS: quelques saines réactions sur Le Monde, et ce n'est qu'un début de décrédibilisation générale de la gauche caviar et bobo, la droite sarkozozo n'en parlons pas, et le FN = une bande de rigolos plein de plumes.
Une électrice de gauche 07/12/2015 - 20h17
plus question de se faire avoir comme en 2002
le belge 07/12/2015 - 20h16
la démocratie a mauvaise figure depuis le 7 janvier. Dans le nord il y a
des élus socialistes qui cumulent 4 ou 5 mandats en comptant les
interco et les associations du genre éco musée de ceci ou cela. depuis
hier soir c est fini pour eux et bien fait: direction lundi 14 a la
région pour leur carton: dramatique pour l époque de Mauroy mais c est
comme ça va éloigner les notables qui cumuleront de toutes façons leur
retraite avec leurs feu mandats.
MAC 07/12/2015 - 19h47
Front républicain = UMPS = mariage de la carpe et du lapin = simulacre de démocratie = foutaises En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/video/2015/12/07/un-front-republicain-peut-il-encore-faire-barrage-au-fn_4826611_4640869.html#1FcvkyoCUV1LeC8V.99
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