Ce
texte vise à faire un retour critique sur notre texte publié l’an passé
«Contribution à un état des lieux de la Gauche Communiste ».[1] Bien des
choses se sont passées depuis sa parution, en particulier des débats et des
appels faits par des groupes du milieu politique prolétarien. Nous tenons donc
absolument à revenir sur ce texte puisqu’aujourd’hui nous voyons bien ses
faiblesses politiques importantes qu’il nous faut absolument rectifier.
Deux textes publiés par des organisations de la Gauche
Communiste nous ont forcés à réexaminer les positions que nous avons
développées dans notre « Contribution… ». Tout d’abord, le texte
« Réponse au texte des Communistes Internationalistes – Klasbatalo sur
leur Contribution à un état de la Gauche Communiste »[2] de la
Fraction de la Gauche Communiste Internationale (FGCI) qui critique certains
aspect de notre texte, en particulier son caractère centriste par rapport au
conseillisme. Deuxièmement, l’éditorial de la revue Revolutionnary Perspectives
#59[3] de la
Communist Worker Organisation qui est venu démentir, en tout cas pour une
majorité de sections territoriales de la Tendance Communiste Internationaliste
(TCI) seulement, les critiques que nous avons adressé à celle-ci dans notre
texte en ce qui concerne son refus en tant qu’organisation internationale de
prendre ses responsabilité de pôle de regroupement. Ces deux textes ainsi que
des débats intenses dans notre groupe comme entre notre groupe et la FGCI
pendant plusieurs mois, ont fait en sorte que nous sommes capables aujourd’hui
de faire ce retour critique nécessaire.
Mise en contexte
De prime abord, remettons dans son contexte la rédaction
de ce texte. Le milieu politique prolétarien était, et est toujours, accablé
par le sectarisme et l’opportunisme alors que l’on voit éclore une crise
économique sans égal depuis 1929, ce qui implique des attaques féroces de la
bourgeoisie contre la classe ouvrière, mais aussi des riposte de celle-ci
contre la classe dominante. Notre proposition de site Web de la Gauche
Communiste[4] faite depuis
quelques années visant justement à rompre avec le sectarisme ambiant et
permettre un espace de débat et d’intervention politique de la Gauche
Communiste n’a eu aucun écho hormis l’appui cordial de la FGCI. Le Courant
Communiste International (CCI) amplifiait de plus en plus son ouverture vers
l’anarchisme[5],
aggravant ainsi son tournant opportuniste entamé depuis déjà quelques années.
La Fraction Interne du Courant Communiste International (FICCI) quant à elle
scissionna à propos de sa fonction
politique et de ses tâches futures. Cela donna naissance à la FGCI qui
resta trop peu bavarde sur les enjeux politiques de la scission, s’en tenant à
publier le strict minimum. La FICCI n’assuma tout simplement pas ses
responsabilités de groupe prolétarien en intégrant Controverses sans annoncer
publiquement ses raisons et en fermant son site internet. Et finalement, nous
apprenions aussi l’existence d’une scission dans Battaglia Communista (section
italienne de la TCI).[6] Il va
sans dire que tous ses événements politiques laissèrent un esprit très
démoralisateur et pessimiste dans notre groupe face au camp prolétarien. Bref,
c’est avec ces éléments en tête qu’il faut comprendre notre « Contribution… »
ses forces et surtout ses faiblesses. Mais nous avons aussi fait fi de toute la portée politique des critiques de la
FGCI envers Controverses dans son texte « Le camp prolétarien a-t-il fait définitivement
faillite ? ».[7]
À notre sens, la « Contribution… » souffre de
deux faiblesses principales. La première étant une illusion politique quant au
groupe Controverses et son programme, ceci expliquant les glissements
conseillistes de notre texte. La deuxième étant notre critique de la TCI ainsi
que de la position de la FGCI qui reconnait en la TCI un pôle de regroupement
des forces communistes. Ce dernier aspect nous a amené à voir la TCI d’un point
de vue statique, c’est-à-dire ne voir que ces faiblesses actuelles et passer
outre son potentiel de pôle de regroupement. Dans l’élaboration de la critique
de ses deux faiblesses principales, nous rejoignons aujourd’hui les positions
politiques générales de la FGCI.
La « Controverses » sur la faillite de la
Gauche Communiste
Notre texte
« Contribution...» était entre autres choses une réponse au texte de
Controverses « Il est minuit dans la Gauche Communiste ».[8] Notre
erreur a été de reprendre certaines thèses de Controverses tout en tentant de
critiquer son texte. À la base de cette erreur, figurent des illusions de notre
groupe face à Controverses. En effet, le fait que quelques années à peine après
avoir publié notre proposition de site web de la Gauche Communiste un groupe
fonde un « Forum de la Gauche Communiste Internationaliste » avait
fait forte impression. Nous nous rendions bien compte qu’au forum de Controverses
manquait les critères politiques clairs (dictature du prolétariat, parti
international, intervention dans la classe) que nous avions établi dans notre propre
proposition de site web. Plus grave encore, nous ne voyions pas à l’époque que
nos deux forums visaient des buts bien différents. Le forum de Controverses
n’est qu’un lien de rencontre informel pour permettre à des intellectuels
académiques (avec de fortes tendances conseillistes) de discuter pour discuter,
sans réels enjeux politiques derrière, alors que notre forum visait un
regroupement des forces communistes dans le but d’intervenir activement et
efficacement dans les luttes de notre classe ravivées par la crise économique
en tant qu’avant-garde révolutionnaire organisée. Ainsi, nous avons été incapables
de discerner les tares opportunistes de Controverses, tares que la FGCI avait
déjà très justement souligné : « Ils renoncent à la lutte pour le regroupement de
la Gauche communiste, c'est-à-dire qu'ils refusent et même renoncent à la
confrontation des positions politiques réelles qui sont exprimées et défendues
par les groupes les plus anciens et importants, en particulier dans leur presse
et intervention. Ces gens-là préfèrent bavarder dans des réseaux ou pire dans
des "structures" informelles où l'on entre et l'on sort quand on veut
et où chacun, comme dans les "auberges espagnoles", propose ou
reprend, selon son humeur, sa pauvre "production".»[9]
Ses illusions ont fait en sorte que nous avons cédé à une
conception centriste par rapport au conseillisme de l’organisation. En effet,
nous donnions en partie raison aux camarades de Controverses lorsqu’ils affirment
que « Comme
le surgissement et la disparition des organisations révolutionnaires dépendent
très étroitement de l’évolution du rapport de force entre les classes, et que
l’exacerbation des conditions objectives et subjectives à la base des
mobilisations ouvrières se déploie sur un laps de temps relativement court,
Marx et Engels concevaient que l’existence de ces organisations était temporaire,
intrinsèquement liée aux flux et reflux des luttes. »[10]
Et on s’est trompé. On a là de la part des camarades de Controverses une
conception nettement conseilliste de l’organisation qui est assez proche de la
théorie « groupes d’opinions » chez les conseillistes des années ’30
(GIK hollandais et International Council Correspondance, par exemple). Ces
derniers, comme Controverses aujourd’hui, enlevait toute importance aux
minorités organisées et formées politiquement, c’est-à-dire à l’activité de
parti, pour affirmé que les organisations prolétariennes de lutte de masse
comme les conseils ouvriers se suffisent à eux-mêmes pour jouer leur rôle
révolutionnaire. Les « individus révolutionnaires » n’auraient qu’à
aller donner leur opinion aux conseils ouvriers qui, quant à eux, surgiraient
et disparaîtraient au gré des fluctuations de la lutte de classe.
Bien qu’il soit vrai qu’un court
ascendant ou descendant des luttes de classe ait une certaine influence sur les
organisations prolétariennes, un cours descendant des luttes peut être une des
diverses raisons de la dégénérescence d’une organisation prolétarienne[11]
tout autant qu’un cours favorable des luttes peut être une des diverses raisons
du passage de la forme fraction à la forme parti, l’organisation prolétarienne,
parti ou fraction, doit exister en permanence. Le caractère permanent de
l’organisation a une explication très simple :
partie-prenante stable de la lutte de classe en tant qu’avant-garde révolutionnaire
pour la forme parti et défenseur de l’intégrité du programme contre les
attaques de l’opportunisme ainsi que passeur d’expériences politiques pour les
prochaines générations de révolutionnaires dans la forme fraction.
C’est ainsi toute l’expérience des
mouvements révolutionnaires passés, expérience extrêmement précieuse transmise
justement par les noyaux communistes ayant su résister à la contre-révolution
comme le CCI ou la TCI, qui serait mise aux poubelles par la logique
pernicieuse du programme de Controverses. Parce que ces groupes (CCI et TCI)
auraient selon Controverses fait faillite, ces camarades viennent proposer
explicitement de s’éloigner de ce qu’ils appellent des chamailleries politiques
pour se concentrer sur un travail théorique de bilan[12]
de cette supposé faillite de la Gauche Communiste. Pour Controverses, il faut « savoir
se détacher des organisations formelles qui n’ont pas su s’adapter aux besoins
de l’évolution du rapport de force entre les classes en se retirant des
chamailleries stériles et en se consacrant à des tâches meilleures. »[13]
Pire, les camarades affirment implicitement que pour mettre en œuvre leurs
propositions il faudrait dissoudre les organisations existantes de la Gauche,
pour « faire autre chose » ! Ce que Controverses appellent des
chamailleries politiques n’est en fait que le processus certes rempli
d’obstacles (entre autres, le sectarisme) mais nécessaire du regroupement des
forces communistes. De plus, la volonté d’effectuer d’abord et avant tout un
travail théorique, puisque selon Controverses la Gauche Communiste n’aurait
rien produit au niveau théorique depuis trente ans, n’est qu’une rengaine
d’intellectuel moderniste pour qui tout a failli, sauf évidemment son propre
petit cénacle. Mais le plus grand danger, c’est que Controverses rejette la
Gauche Communiste sous prétexte qu’elle aurait fait faillite alors que la crise
économique s’aggrave, aggravant aussi la crise sociale : la lutte de
classe. À quoi rime de rejeter les expressions politiques les plus avancées du
prolétariat à l’aube de conflits sociaux d’ampleur historique ? Ça rime au
conseillisme !
Or, la Gauche Communiste n’a pas
fait faillite. Un courant politique fait faillite lorsqu’il passe à l’ennemi,
c’est-à-dire lorsqu’il défend théoriquement et pratiquement les politiques au
sens large du terme de la bourgeoisie. La social-démocratie a fait faillite. Le
trotskysme a fait faillite. Mais aucun groupe de la Gauche n’entre dans ces
critères, elle n’est nullement en faillite. Cela ne veut pas pour autant dire
qu’elle n’a jamais fait d’erreurs politiques ou de mauvaises analyses
conjoncturelles.
Les camarades de Controverses se
mettent le doigt dans l’œil en essayant de justifier leurs positions politiques
avec l’histoire de l’activité de Marx dans la Ligue des Communistes et dans
la 1ere Internationale. En effet, ils font de la faiblesse une vertu. La
Ligue ainsi que la 1ere Internationale ont été dissoute par leurs dirigeants
parce qu’en tant que mouvement révolutionnaire ouvrier jeune et embryonnaire
elles avaient tout simplement déjà cessé d’exister sous le regard impuissant de
leurs militants. Controverses se sert de l’état d’impuissance dans lequel
trempait le très jeune et inexpérimenté mouvement communiste du 19e
siècle pour tenter de nous vendre que le mouvement communiste actuel, fort de
plus de 150 ans de luttes et toujours bien vivant contre vents et marée,
devrait se dissoudre, ou en tout cas, « faire autre chose » !
La TCI et son rôle de pôle de regroupement
Dans notre « Contribution… », nous sommes
restés perplexes et avons critiqué la position de la FGCI qui voit dans la TCI
un pôle de regroupement des groupes communistes au niveau international. À
la base de cette perplexité politique face à la TCI, il y deux aspects
importants. Premièrement, la majorité de nos membres ont déjà été sympathisants
du Groupe Internationaliste Ouvrier (GIO), section nord-américaine de la TCI.
Sans s’éterniser sur la petite histoire, nous avons eu à combattre une tendance
dans Klasbatalo à voir la TCI à travers l’expérience plutôt difficile et
négative de certains de nos membres en tant que sympathisants d’un groupe, le
GIO, dont les membres au Canada ne sont jamais bien étranger au sectarisme et à
l’opportunisme. Mais là n’est pas le point principal.
Notre erreur la plus importante a été de ne pas prendre
en compte la portée politique de la position de la FGCI qui voit en la TCI un
pôle de regroupement de la Gauche Communiste. Nous disions à l’époque : « Le fait est que
pour les CI-K actuellement, non seulement la TCI n’a pas la volonté d’accomplir
ce rôle (et c’est elle-même qui ne cesse de l’affirmer) mais nous pensons que,
pire encore, elle n’est pas en mesure de le faire. Cette organisation, tout en
gardant le cap sur les positions de classe, nous semble floue; on ne sait
jamais trop ce qu’est le bureau, qu’est-ce qu’il fait, quelle est son
intervention dans la classe. »[14] Nous n’avions pas absolument
tord en affirmant cela. Mais, la question n’est pas là. En effet, on ne peut
pas rester les bras croisés devant les hésitations de la TCI à prendre son rôle
politique historique, il faut aussi essayer de la convaincre à travers la
discussion. Nous croyons justement que c’est ce que fait la FGCI avec la TCI.
Enfin, la manière dont nous comprenons aujourd’hui la position de la FGCI n’est
plus « d’octroyer le contrat du pôle
de regroupement à la plus base soumissionnaire en erreurs
programmatiques »[15] comme nous
l’avions affirmé avec un grain d’humour dans notre « Contribution… »,
mais bien lutter pour que la TCI, seule organisation de la Gauche actuelle qui
a le potentiel politique de jouer un rôle de pôle de regroupement, devienne ce
pôle de regroupement dont les petits groupes communistes comme le nôtre ont
évidemment besoin.
Mais voilà
qu’entretemps la CWO publie dans sa revue un éditorial dont les positions politiques
sur le camp prolétarien ont, et auront d’autant plus prochainement, une
influence positive sur le camp et sur le processus de regroupement. Nous avons
fortement appuyé cet éditorial dont voici un extrait d’une importance
historique : « Sans attendre,
les authentiques révolutionnaires ont une vraie bataille à mener pour que le
prolétariat rejette non seulement les illusions des “anti-capitalistes” mais aussi les manipulations de la gauche
traditionnelle. Nous avons besoin de créer un mouvement qui unifie tous ceux
qui peuvent comprendre les problèmes dont nous parlons ici. Ce mouvement (ou
parti) doit être guidé par une vision claire de la société que nous voulons.
Nous l'appellerons “le programme communiste”.
Il doit se baser sur les luttes autonomes de la classe ouvrière qui se libère,
de manière croissante, des chaînes qu'un siècle de réaction nous a imposées.
Son but doit être l'abolition de l'exploitation du travail salarié, de celle de
l'argent tout comme celle de l'État, des armées permanentes et des frontières
nationales. Nous devons réaffirmer la vision développée par Marx, selon
laquelle nous nous battons pour une société de “libres producteurs associés”, société dans laquelle le principe est “de chacun selon ses capacités et
à chacun selon ses besoins”. Aujourd'hui,
il y a beaucoup de groupes et d'individus dans le monde qui, comme nous,
défendent cela; mais, nous sommes soit trop dispersés soit trop divisés pour
prendre l'initiative de former un tel mouvement unifié. Certains sont opposés,
par principe, à la formation d'un tel mouvement, car ils pensent que le
mouvement spontané se suffit à lui même. Nous aimerions partager leur
confiance. Nous pensons que les révolutionnaires responsables devraient
réexaminer leurs divergences et se demander si, à la lumière de cette période
de la lutte de classe qui s'ouvre aujourd'hui, les divisions qu'ils pensaient
avoir jusque là persistent. Nous devrions nous baser sur nos nombreux accords
et non pas sur le peu de désaccords qui existent entre nous. Nous devrions
chercher à travailler ensemble dans les luttes, non pour simplement recruter
tel ou tel individu pour notre propre organisation, mais pour chercher à
élargir la conscience de ce que signifie réellement lutte de la classe
ouvrière. Face aux obstacles que nous avons soulignés plus haut, il serait
suicidaire de ne pas le faire. »[16]
Que dire de plus? Tout y est : la nécessité pour
parvenir à l’objectif du renversement révolutionnaire de la société bourgeoise
d’un parti avec des positions claires (le programme communiste) et la nécessité
du regroupement des forces vives communistes pour constituer ce parti par le
débat et la confrontation politique. La CWO, avec cet éditorial, a fait un
grand pas vers la direction assumée du rôle de pôle de regroupement puisque
tous les groupes communistes de par le monde peuvent se référer à cet
« appel » de la CWO et ainsi commencer un processus de regroupement. D’ailleurs, la conclusion du tract du 1er mai 2012 renforcit même cette position pour
l’ensemble de la TCI : La Tendance
communiste internationaliste n’est ni « le parti », ni même le seul noyau d’une
telle organisation. Cela dit, nous nous sommes donnés comme but de lutter aux
cotés des militants et des militantes de la classe ouvrière et d’autres
révolutionnaires pour progresser dans la construction de la nouvelle
organisation révolutionnaire internationale. Nous invitons toutes les personnes
qui s’identifient à cette perspective, de nous contacter et d’en discuter avec
nous. Bref, dans le contexte actuel d’une montée des luttes et d’une volonté plus
grande de regroupement des forces révolutionnaires internationalistes, le besoin d’une revue
internationale et centralisée se fait sentir pour la TCI. Pour notre part, nous pouvons dire que nous sommes prêts à y participer
par la diffusion, un soutien financier et de la traduction dans la mesure de
nos faibles moyens.
Finalement, nous devons rectifier une erreur de notre
texte par rapport à la TCI et concernant l’Institut Onorato Damen (IOD). Nous
avons écris : « Passons aussi sur le
silence incroyable dont il (Battaglia) a fait preuve concernant l’IOD et sa
récente réponse dont le caractère politique cherche encore à émaner. »[17] Or, la TCI n’a pas garder silence longtemps[18] sur la sortie de l’Institut de Battaglia Communista et sa réponse à
l’Institut était correcte du point de vue du programme communiste et des
principes prolétariens. L’Institut Onorato Damen, quant à lui a pris un
chemin opposé : celui de l’opportunisme et du modernisme intellectuel.[19]
Conclusion
Nous sommes aujourd’hui
plongés dans un processus de montée des luttes de notre classe dans un contexte
de crise économique inégalée depuis 1929. De par le monde, la classe ouvrière
commence à lutter ou reprend la lutte contre l’austérité économique que la bourgeoisie
internationale lui impose de force. Que ce soit par exemple en Grèce ou encore
en Égypte, le prolétariat se met à défier les organismes d’encadrement
bourgeois que sont les syndicats et les partis de la gauche du capital. Il est
impossible de dire aujourd’hui si se jouent en ce moment des « années de
vérités », mais les luttes de plus en plus massive de notre classe nous
donnent la responsabilité, en tant que communiste de gauche, d’intervenir selon
nos forces afin de transformer les luttes de désespoir sans lendemain en luttes
victorieuses de la révolution communiste internationale. L’heure du
regroupement de la Gauche Communiste approche. Un parti communiste
international et internationaliste manque actuellement dans nos luttes.
Dans cet ordre d’idée laissons le dernier mot aux
camarades de la FGCI concernant ceux qui, dans le camp prolétarien, s’oppose au
regroupement et au parti et ceux qui ont la capacité d’en accélérer et d’en
faciliter la constitution :
« S'appuyant sur le constat immédiat, mais non
moins réel, de division et de sectarisme qui frappent les groupes se
revendiquant de la Gauche communiste, ces éléments en rupture d'organisation et
en quête de "liberté individuelle" affichent ainsi leur rupture - non
déclarée, non ouvertement revendiquée - avec les orientations politiques qu'ils
avaient pourtant défendues durant parfois des décennies au sein de leur
organisation, en l'occurrence pour ces derniers dans le CCI. »[20]
« Enfin, dans cette
situation du camp prolétarien dans laquelle ces deux premiers courants
("Bordiguisme" et CCI) ne sont plus en capacité de faire face à leurs
responsabilités historiques comme pôle de référence et de regroupement, la
Tendance Communiste Internationaliste (ex-BIPR), seule organisation qui serait
en capacité réelle d'occuper et d'assumer cette responsabilité, tend à n'en pas
saisir toute l'importance et toute la signification historique, préférant en
rester à ces certitudes immédiates. Certes, cette organisation réussit par
moment et en certaines occasions à s'imposer comme ce pôle, au point de
regrouper directement autour d'elle - ce que nous saluons et appuyons -, mais
elle ne réussit pas à appréhender toute la dimension d'une politique déterminée
de "regroupement" autour d'elle, se limitant justement à n'en voir la
finalité que comme une adhésion immédiate. Du coup, elle tend à sous-estimer,
voire à ignorer, les autres courants du camp prolétarien et l'indispensable
lutte politique contre les dérives opportunistes qui s'y développent, n'y
voyant, à son tour, elle-aussi, que des polémiques stériles. Pourtant combien
d'éléments révolutionnaires en recherche de clarification et de cohérence
politique - ils seront encore plus nombreux demain avec la crise et les luttes
ouvrières inévitables qui se développent - pourraient ainsi se référer et
s'orienter parmi les positions et groupes si la TCI assumait toutes les
dimensions du rôle que l'histoire lui offre aujourd'hui. Quel pas en avant pour
le regroupement ! »[21]
[5]Voir l’édifiante serie de texte « Gauche Communiste et
anarchisme : ce que nous avons en commun » où CCI se tortille
théoriquement pour faire passer les anarchistes
« internationalistes » (sic) pour d’authentiques révolutionnaires. Le
CCI, au lieu de tenter de créer des liens politiques avec les autres groupes
communistes, en particulier la TCI, crée en falsifiant l’histoire un nouveau
courant de faux révolutionnaires : les anarchistes internationalistes. On
peut parler ici de la théorisation d’une tactique de front avec des
organisations petite-bourgeoises. http://fr.internationalism.org/ri414/gauche_communiste_et_anarchisme_internationaliste_ce_que_nous_avons_en_commun.html
[11] Il existe un lien certain, qu’il faudrait certes approfondir, entre
le fait que le CCI appelait les années 1980 les années de vérités (ce qui était
à l’époque tout à fait légitime, par exemple avec la grève de masse en Pologne
en 1980) alors que cette décennie s’est terminé par un nette recul des luttes
politiques qui s’est encore aggravé dans les années 1990, années où le CCI
innovait avec la théorie révisionniste et opportuniste de la décomposition du
capitalisme.
[12] L’idée de faire un bilan de la Gauche Communiste, ou plus particulièrement
du CCI vu qu’il est l’organisation la plus touché par l’opportunisme, n’est pas
une mauvaise idée en soi. En effet, il y a de nombreuses leçons politiques
importantes à tirer des raisons pour lesquelles une organisation prend un cours
opportuniste. La FICCI (et maintenant la FGCI) a fait un travail très valable
de bilan du CCI, mais qui sous certains aspects politiques est encore pour nous
insuffisant. De son côté, Controverses ne fait pas de bilan de la Gauche, mais
rejette plutôt le programme communiste et les organisations qui le porte pour
adhérer à la logique révisionniste et moderniste du « tout nouveau, tout
beau ».
[15] Idem
[19] Voir leur texte en réponse à Controverses : http://www.leftcommunism.org/spip.php?article279
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