(UNE ELECTION PRESIDENTIELLE QUI VIRE AU VAUDEVILLE)
Le blaireau de l’Elysée se sera fait longtemps désirer comme si ce tempo pouvait lui redonner du tonus dans les sondages de cours d’écoles où il s’enfonce désespérément, irrésistiblement et de plus en plus comiquement. Rien n’y fait. Parodiant l’homme de théâtre Brecht – qui dit que si le peuple ne s’exprimait pas bien il suffisait de le dissoudre, les services de sa majesté déclinante Sarko Ier, avaient décidé dimanche dernier d’éliminer la mère Le Pen de l’équation ; ravis de leur trouvaille, les petites mains des bureaucrates zélés crurent que par leur prestidigitation poussive, leur maître pouvait caracoler fifty-fifty à 33% avec Hollande. Recette pourrie, aussitôt démentie par les sondages voisins, sans compter qu’éliminer le FN des élections affaiblirait plus encore la tricherie représentative. Certains vraiment affolés, espèrent que Bayrou ne les laissera pas tomber. Puis il y a toujours Guéant pour aboyer contre la gauche « arrogante » et « angélique » (pour le voile musulmaniaque, c’est bin vrai), puis mamie Merckel qu’est venue à Paris apporter son épaule ronde et son bras en pleine croissance à un Sarkozy en petite forme, qui faisait vraiment bambin à côté (il a dû avouer qu’il ne prenait pas complètement modèle sur sa mamie) ; et pouf pouf y a des grands à la récré qu’ont été lui dire cruellement : « t’es pas cap de te défendre tout seul, t’as eu besoin d’aller chercher ta tata ! ». Rôôôô la honteueueue… Que n’aura-t-il pas tenté pour conserver la place ? Monter une claque avec des ouvriers figurants ? Il ne fait pas rire cette classe sociale avec son nouveau slogan « travailler moins pour gagner moins » !
Les « ouvriers » que l’ont présente comme une simple couche électorale (sous couverts des termes « classes populaires »), qui étaient sensés être devenus simples électeurs « racistes » du FN, sont soudain doués de conscience sociale face à l’arrogant prince qui gouverne sans plus de perruque, si l’on en croit un sondage bc bg :
« Entre Nicolas Sarkozy et les «classes populaires», la rupture semble bel et bien consommée. Selon le sondage Viavoice pour Libération (fondé sur un échantillon de population disant avoir le sentiment d’appartenir aux classes populaires), le chef de l’Etat arrive en troisième position des souhaits de victoire à la présidentielle pour cette catégorie sociale. Loin derrière François Hollande et François Bayrou (respectivement 47% et 31%). Ils ne sont que 23% parmi les plus modestes à souhaiter le succès de Sarkozy. Un résultat nettement plus faible que pour l’ensemble des Français, qui sont 30% à espérer la victoire du «président sortant». «Il y a un décrochage très net de Nicolas Sarkozy parmi ces classes populaires, commente François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice. Il apparaît comme le président des riches, et il a désormais un grand déficit de crédibilité.» Reste qu’au-delà de cette rupture l’enquête Viavoice montre qu’il est inexact de croire que les catégories modestes soutiennent massivement l’extrême droite. Marine Le Pen recueille 19% de souhaits de victoire (contre 15% pour l’ensemble des Français) devant Jean-Luc Mélenchon à 17% (contre 15% pour l’ensemble). De la même façon, il apparaît que les thèmes de la «sécurité» et de «l’immigration», généralement présentés comme des préoccupations prioritaires des couches populaires, sont loin d’être leurs principaux centres d’intérêt. Leur souci essentiel reste le chômage (71%) devant le pouvoir d’achat (48%) et la santé (28%). L’insécurité vient ensuite, avec 22%, à égalité des préoccupations concernant les déficits publics et la protection sociale ».
Et ces « classes populaires », aussi évoluées ne voteront-elles pas par conséquent pour la gauche … hollandaise (pardon aux maximalistes qui me liront) ? Maintenant que l’élite rose jasmin flatte un ouvrier français moins raciste qu’inquiet, il pourrait en effet délaisser l’affreuse fille Le Pen et le paltoquet de l’Elysée pour permettre à une autre fournée élitaire, mais de l’alternance, pour s’en mettre plein les poches et jeter quelques pièces à la bande à Mélanchon et au cartel écolo-bobo. On effleure les enjeux de changement de portefeuilles étatiques et personnels, nullement question ici de programme de société ou d’inquiéter les riches bourgeois et les marchés gangstéristes.
La personnalisation domine toujours la psychologie politique qui fait florès dans les têtes, mais le sourire pour gazette, les aboiements quotidiens des chiens de garde, rien n’accroche plus, tout s’effondre un peu plus chaque jour. Même ses principaux larbins du Figaro en viennent à rejoindre les rieurs concernant la déclaration si peu attendue de l’impétrant :
Le choix de la date de déclaration de candidature n'est toutefois pas aussi aisé qu'il y paraît : « Le calendrier des prochaines semaines est plein de chausse-trappes pour un candidat à la présidentielle, qui sait que chaque détail de sa déclaration sera scruté, pesé, analysé, commenté. Or, dans les prochains jours, ce sont les saints du calendrier qui pourraient compliquer la donne. La semaine du 20 février est, en la matière, un champ de mines. Sarkozy peut difficilement se déclarer le 21 février, jour de Mardi-gras, traditionnellement dévolu au carnaval: ce serait la porte ouverte à tous les sarcasmes. Le lendemain, 22 février, est le mercredi des Cendres, jour d'entrée dans le temps du Carême: une déclaration de candidature à la présidentielle ce jour-là serait jugée trop «bling bling» par les catholiques (électorat naturel de l'UMP), qui lui en voudraient. Le jeudi 23? La Saint-Lazare, le ressuscité le plus célèbre de l'Évangile. Touché par le Christ, Lazare se leva du tombeau. Même si Nicolas Sarkozy est devancé par François Hollande dans les sondages, l'image serait douteuse. Le lendemain, le 24 février, c'est la Saint Modeste: pour Sarkozy, qui veut trancher avec le slogan hollandais de «président normal», ce n'est pas idéal non plus. Quant au premier jour de la semaine, le 20 février, c'est le jour de Saint-Aimée: un choix qui pourrait être perçu comme le signe d'un excès de confiance. «Nous avons évidemment regardé tout cela de très près», admet un conseiller. «Dans une déclaration de candidature, tout compte», ajoute un autre. La semaine prochaine offre plus de possibilités, même si deux jours apparaissent proscrits: le 14, jour de la Saint-Valentin: trop mièvre. Et le 15, jour de la Saint Claude. Après la sortie polémique du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, sur les civilisations qui ne se «valent pas» et les critiques de la gauche, qui reproche au chef de l'État de s'appuyer sur le premier flic de France pour séduire une partie du FN, une entrée en campagne le jour de la Saint Claude susciterait, là encore, les sarcasmes de l'opposition. Reste trois jours neutres: le lundi 13 (Sainte Béatrice), le vendredi 17 (Saint Alexis) et le jeudi 16, jour de la Sainte Julienne. Pour mémoire, Julienne, en italien, se dit Giuliana, de la même famille que... Giulia. Sarkozy choisira-t-il de dédier son entrée en campagne à sa fille de quatre mois? ».
Laissons-nous aller, plutôt que d’en rester à la moquerie superstitieuse du journaliste du Figaro, à une analogie avec l’admirable pièce politique de Beaumarchais.
La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro ? comédie en cinq actes de Beaumarchais, fût écrite en 1778. Sa première représentation officielle eut lieu le 27 avril 1784 au théâtre de l'Odéon, après plusieurs années de censure. Chef-d’œuvre du théâtre français et international, la pièce a toujours été considérée, par sa dénonciation des privilèges archaïques de la noblesse, comme l’un des signes avant-coureurs de la Révolution française.
Figaro (Fillon), entré au service du comte Almaviva (Sarkozy), doit être fiancé à Suzanne (Angela Merkel), première camériste de la comtesse. Mais le comte, qui commence à s’ennuyer avec son épouse, est à la recherche d’aventures galantes. Attiré par Suzanne (Angela), il envisage de restaurer le droit de cuissage du seigneur (le droit du seigneur), qui lui permet de goûter aux charmes de toute jeune mariée avant que le mari ait pu en profiter. Aidé par le peu scrupuleux Bazile (Guéant), le comte fait à Suzanne des avances de plus en plus claires, qui entraînent celle-ci à tout révéler à Figaro (Fillon) et à la Comtesse (Carla Bruni). Le comte doit alors faire face à une coalition qui finira par triompher de lui. Ridiculisé lors d’un rendez-vous galant qui était en fait un piège, il se jette à genoux devant son épouse et lui demande pardon devant tout le village rassemblé, tandis que Figaro (Fillon est remplacé au dernier moment dans le casting par Hollande) se marie enfin avec Suzanne. L’intrigue est enrichie par l’intervention de plusieurs autres personnages, notamment Chérubin (Alain Minc), jeune page follement amoureux de la Comtesse, qui vole le ruban de la Comtesse et fait partie d'un entretien entre Suzanne et le Comte, mais aussi de Suzanne et de Fanchette (BHL). Pour continuer les permutations amoureuses, Marceline (Geneviève de Fontenay) aime Figaro et vient exiger auprès du comte qu'il se marie avec elle (ce qui deviendra impossible lorsqu’on apprendra, à l’acte III, qu’elle est la mère naturelle de Figaro !).
L’un des moments forts de la pièce est le monologue de Figaro (acte V, scène 3), d'ailleurs le plus long de l'Histoire du Théâtre français, dont un passage qui résume à merveille les griefs accumulés contre la noblesse (actualisez SVP), incarnée par le comte Almaviva, quelques années avant la Révolution :
« Parce que vous êtes un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie !...
Noblesse, fortune, un rang, des places : tout cela rend si fier !
Qu’avez-vous fait pour tant de biens ?
Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus... ».
Et aussi :
- « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur »
- « L’usage est souvent un abus »
- « Médiocre et rampant l’on arrive à tout »
- « En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez.
- « Prouver que j’ai raison serait accorder que je puis avoir tort »
- « Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en trois mots. »
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