Le pouvoir d’Etat, depuis dix ans qu’on supporte le fou Sarkozy, procède par provocations répétées, dans tous les domaines. Que ce soit face à la classe ouvrière (voir encart ci-contre), sur la négation de l’Histoire comme catégorie indépendante des larbins gouvernementaux affligeants ; le but de ce pouvoir malade est de dissoudre toute approche rationnelle du politique et d’une critique réelle de la politique de domination impavide d’une minorité de profiteurs. Sur la question juive, toujours remise sur le tapis, mais enjolivée sous la religion d’Etat dite « shoah », fabriquée, entre autres, par le pervers Lanzmann, ce pouvoir fait très fort pour redévelopper un antisémitisme généralement latent, avec une brochette de « juifs de cour » dont chacun connaît les noms (et le soutien à Israël), et accessoirement avec la nomination du fils Klarsfeld comme conseiller à l’Elysée. Conseiller de quoi, on ne le saura jamais alors que les électeurs du 12ème n’avaient pas voulu de cet avocaillon. Par ailleurs, la prestation de Sarkozy – et du bébé présidentiel Hollande - à la cantine annuelle du Crif n’a pas plus d’intérêt que les déplacements de ses prédécesseurs pour notre propos ici, où il faut s’efforcer de relativiser ces agapes communautaristes, limitées et aussi courtoises que bourgeoises.
A cet affichage national des « juifs de gouvernement », il faut adjoindre l’intense campagne sur le web ou hors champ médiatique contre la « banque juive » Goldman Sachs, où j’ai dû batailler aussi dur que lors de l’attentat de la rue Copernic face à un antisémitisme politique virulent toujours prêt à renaître même en milieu ouvrier[1] ; et j’ai dû me bagarrer à peu près contre les mêmes conneries qu’au moment de l’attentat Copernic, mais en milieu intellectuel.
Cet antisémitisme n’est nullement bridé par la comédie du pouvoir et ses génuflexions face à la shoah business, même si des intellectuels droitiers sont punis juridiquement pour leurs interprétations simplistes. Cependant, à la fois la menace juridique contre tout quidam des plateaux officiels médiatiques qui se hasarderait à souligner nombre de bizarreries (népotisme, favoritisme, etc.) des divers lobbies et l’impossibilité de débattre réellement de quoi que ce soit face à la morgue étatique, laissent dans l’ombre une véritable misère politique, un antisémitisme interprétatif qui se donne libre cours (et pas seulement dans les jupes du FN), qui se fiche de toutes sanctions « morales », qui demeure une sorte de besace du pauvre et du solitaire. Je ne vais cependant pas me joindre au chœur des moralisateurs hypocrites mais simplement relativiser dans cette première partie, et ensuite simplement joindre un vieil article du Monde, de Marc Roche, qui relativisait lui aussi concernant ladite « banque juive » ; mais ne pouvait pas souligner que (en 2012), comme d’ordinaire, dans les campagnes électorales capitalistes, toute discussion politique réelle est bannie ; sur la crise, ou sur les compétitions de personne, on se contente encore et toujours des boucs émissaires.
Le CRIF gouverne-t-il la France ?
Chaque année, début février, le conseil pas du tout représentatif des juifs en général ni des français en particulier, donne lieu à des agapes où tout le beau monde des politiciens se précipite, en se couvrant au besoin de la kippa (ou vulgaire calotte, bout d’étoffe inventé par les vieux curés au Moyen âge pour masquer leur début de calvitie) ; pour bien assurer qu’elle n’est pas neutre, cette secte n’invite aucun particule de gauche ou gauchiste qui soutiennent la cause nationale palestinienne . Cela sent la réunion d’obligés, des hypocrites de tout bord. Et le secrétaire général de cette étrange institution se permet de distribuer des bons ou mauvais points concernant la politique de l’Etat français. Cela n’a pas plus d’importance qu’un colloque de sociologues. Ce n’est pas l’endroit où le gros des votants puise son inspiration. Cette toute petite officine n’est qu’un des multiples lobbies juifs en France, basé sur un nationalisme israélien sans failles, avec cette perpétuelle arrogance à prétendre parler au nom de tous les citoyens juifs croyants ou pas[2]. On notera seulement en passant, que le blaireau de l’Elysée a voulu fayoter un peu plus cette année en venant parader avec le soldat Shalit et tenir ce discours va-t-en-guerre qui plaît tant à la bourgeoisie US. Il n’y avait pas de quoi être fier. Qu’est-ce qu’on se fout du soldat Shalit ! Pouvait pas rester en Israël celui-là ? Il est allé y faire « son armée » pour combattre surtout les palestiniens. Maintenant c’est la mode, vous pouvez avoir la double nationalité, donc soldat Shalit devrait faire aussi du rab dans l’armée française. On souhaite que le président en faillite, s’il est encore là prochainement, aille parader au sein de l’officine musulmanne, secte du même acabit que le Crif, par exemple avec un ancien soldat musulman libéré des geôles de Guantanamo. Pour faire juste mesure clientéliste communautaire.
Guère de chance qu’en caressant le nationalo-communautarisme juif dans le sens du poil, le blaireau de l’Elysée ne remonte dans ces satanés sondages. Le même jour, un autre curieux apatride s’est illustré en agitant le danger de la « fuite des capitaux ». Tous les chiens de garde de l’Elysée aboient en effet au même moment, sinistrement, au ras de la ceinture comme il est inévitable en pareilles circonstances. Mme Morano s’en est pris au physique d’Eva Joly, rivalisant de bêtise avec F.Copé qui ferait presque regretter le bouledogue Lefebvre. Les noms d’oiseaux fleurissent à l’Assemblée, entraînant de ridicules cris d’Orfraie (le terme nazi faisant curieusement toujours plus d’effet que pute). Chaque toutou rivalise dans l’exagération bruyante pour complaire au maître. Comme on comprend tous ceux qui ont décidé d’éteindre leur télévision pour ne plus entendre ni voir les salamecs invraisemblables de cette minable campagne électorale.
Le vieux sénateur UMP Serge Bloch-Dassault a assuré donc une chose et son contraire mercredi, lors d'une réunion publique au siège de l'UMP (à ne pas confondre avec le crif), que les industriels qui n'avaient pas encore quitté la France malgré la «catastrophe économique» de l'Impôt sur la fortune (ISF) allaient le faire «à cause de Hollande». «L'ISF est une catastrophe économique qui a fait partir des milliers d'industriels (de France (où est le décompte ?). Ils vont essayer de partir maintenant qu'ils ont peur des socialistes» (ils sont partis ou pas ?), a ajouté M. Dassault, lui-même chef d'entreprise d’engins de mort, «Ceux qui restent vont partir à cause de Hollande», a-t-il ajouté, se plaçant ainsi dans la perspective d'une victoire du challenger de son maître à la présidentielle. Ce genre de déclaration dans les années 1930, provoquait la réaction populiste bien sentie : « les industriels juifs n’ont pas de patrie » ; et je me suis fait l’écho modernisé (avec ironie) de cette saillie en ajoutant « sauf Israël et les Etats Unis »[3]. C’est un fait qui est patent, même si l’extrême droite en fait ses gorges chaudes, que le langage de certains lobbyistes juifs ne change pas, reste ambigu, et relève d’un sionisme dépassé qui ne se nomme pas toujours. Sous la défense éhontée des milliardaires en place, on juge tout au prisme d’un nationalisme israélien arriéré qui prétend être le suc de la démocratie représentative, cette religion universelle frauduleuse (Israël a été longtemps glorifié comme la « seule démocratie de la région » !). Plus que le patron de l’armement qui s’est enrichi sur le dos de l’Etat, et qui reste un vassal de l’ordre américain, c’est bien le mépris bourgeois le plus puant qui se lâche : «Qui va faire la croissance ? Qui va faire les emplois ? C'est pas les pauvres... Alors les riches, c'est bien, faut les garder !», a conclu l'élu (parachuté) de l'Essonne. Gaga ou simpliste ? Ou simple aboyeur de son maître qui crache sur les chômeurs dès le lendemain.
Il n’a pas été précisé dans quel ordre protocolaire Dassault avait été invité à la cantine du Crif. Peut-être à côté d’Enrico Macias ? Dans cette confrérie on se fiche des millions d’exploités, et c’est bien le discours de guerre qui tint la vedette. Comme à chacun des discours qu'il a prononcés à la tribune du Crif depuis 2007, ou presque, Sarkozy (loyal valet d’Obama et Merkel) a de nouveau plaidé en faveur d'un durcissement des sanctions envers l'Iran dont les dirigeants proclament vouloir détruire Israël. «L'acquisition de l'arme atomique par l'Iran est inacceptable», a-t-il assuré tout en faisant mine de sermonner Israël contre une possible attaque préventive contre Téhéran. Répondant à Richard Prasquier qui avait parlé dans son discours introductif d'un «antisémitisme incrusté» en France, le président de la République a répondu que «chaque fois qu'un Juif est injurié, ce n'est pas l'affaire des Juifs mais de 65 millions de Français. Ce n'est pas une affaire communautaire, mais une affaire nationale». Après cette phrase sonore, il est allé s’asseoir pour écouter Prasquier. Le président du Crif s'est «inquiété» lui de la crise en Europe, estimant que «les crises ne se limitent pas à l'économie» mais favorisent les «nationalismes» et «réactivent la xénophobie». «Voici revenus les nationalismes autarciques que l'on croyait hors d'âge», s'est exclamé Prasquier. «Ils proposent des explications simplistes et réactivent la xénophobie, a-t-il dénoncé. Le rempart européen ne doit pas se fissurer». Le mur de la honte israélien non plus.
La réunion annuelle du Crif, autant d’importance qu’un thé dansant.
Goldman Sachs, la banque "ennemi public numéro un"
Analyse | | 30.03.10 |
Olusegun Aganga est nommé tsar économique dans le nouveau gouvernement du Nigeria. Des parlementaires italiens se mobilisent pour soutenir la candidature du président de la banque centrale d'Italie, Mario Draghi, à la tête de la Banque centrale européenne. La zone euro s'accorde sur l'aide au malade grec. A première vue, ces trois événements de l'actualité récente ne sont pas liés. Pourtant, il existe un point commun : Goldman Sachs. Les deux premiers intéressés ont appartenu à la hiérarchie de la filiale internationale, basée à Londres, de la banque d'affaires américaine. Et cette dernière a aidé la Grèce à maquiller ses comptes, précipitant la crise de l'euro.
Aux yeux des médias et des hommes politiques européens, Goldman Sachs, à la fois système d'influence et machine de spéculation financière, est plus que jamais l'ennemi public numéro un. Le mea culpa de son chef, Lloyd Blankfein, les millions de dollars offerts pour aider les PME américaines ou la limitation des bonus : rien ne parvient à atténuer cette détestation à l'encontre de l'"affreuse". L'image de la firme est au plus bas au point qu'elle a été obligée d'inclure dans son rapport 2009, publié le 26 février dernier, que la presse constitue désormais "un nouveau facteur de risque" pour ses affaires.
Pourquoi cette haine ? Tout d'abord, avec ce brin de provocation, de distance et d'arrogance qui fait grincer des dents, ce fief singulier de l'argent est sorti plus fort que jamais de la crise financière en dégageant des bénéfices plantureux. On imagine l'effet produit par cette réussite sur le salarié d'en bas victime de récession. Tel un intermittent de la morale en affaires, elle a su tirer profit de la faillite de Lehman Brothers comme du sauvetage de l'assureur AIG. Aussi, son PDG n'a jamais pu trouver les mots pour remercier l'Etat et les contribuables d'outre-Atlantique de l'avoir secourue.
Ensuite, pour ses détracteurs, l'enseigne new-yorkaise est la "face inacceptable du capitalisme". La célèbre définition, naguère appliquée par le conservateur Edward Heath, premier ministre britannique entre 1970 et 1974, au requin des OPA, Tiny Rowlands, lui irait comme un gant. En effet, l'activité historique de conseil aux entreprises cache une vaste machine à spéculer sur tout et n'importe quoi, pour son compte propre comme pour celui de ses clients. Les conflits d'intérêts sont inhérents à ce supermarché de la finance offrant toute la palette des services. Sur de nombreux marchés, la banque est à la fois juge et partie.
Troisième critique, ce pouvoir est basé sur un système d'influence politique sans pareil, aux Etats-Unis comme en Europe. Ce cénacle d'anciens dirigeants - à l'instar d'Olusegun Aganga ou de Mario Draghi - constitue un maillage serré, à la fois souterrain et public, qui n'a cessé de défrayer la chronique depuis la tourmente de l'automne 2008.
Quatrième point noir, Goldman Sachs n'a pas joué le jeu après son introduction en Bourse en 1999. Elle a refusé les impératifs qui en découlent de transparence et de communication aux actionnaires, analystes et médias. L'institution a continué d'agir comme si de rien n'était, dans le plus grand secret comme le partenariat privé d'autrefois. De surcroît, ce symbole de la banque d'investissement pur sucre ne dispose ni d'enseigne ni de guichets avec lesquels le public puisse s'identifier, ce qui renforce les préjugés.
Enfin, cet établissement fondé en 1869 par un instituteur juif bavarois est un brouet qui fleure bon aux nez antisémites. Jusqu'en 1945, il existait une division religieuse à Wall Street entre banques juives et protestantes. De nos jours, Goldman Sachs n'est plus une banque juive au même titre que JPMorgan n'a plus rien de protestant. N'empêche, les blogs anti-Goldman servent un discours fortement teinté d'antijudaïsme.
Et ainsi de suite, pour une suite sans fin. Face à une telle hostilité, les défenseurs de Goldman Sachs ne peuvent que prêcher dans le désert.
Or, au moins trois évidences s'imposent. Primo, pendant la crise, elle a continué à assurer la liquidité des marchés financiers afin d'empêcher leur implosion. Secundo, la Grèce a orchestré ses trucages comptables, pas la banque, même si le 23 février, Gerald Corrigan, président de Goldman Sachs USA, a reconnu que "les normes de transparence auraient dû être meilleures". Enfin, le culte de la méritocratie, la formidable capacité de travail des équipes et la culture collective contrôlant les ego surdimensionnés demeurent des atouts face à la nouvelle donne financière. Goldman Sachs apparaît aujourd'hui enfermée dans un statut d'entreprise bouc émissaire tout-terrain. Comme l'a expliqué l'anthropologue de la violence, René Girard, ce mécanisme victimaire - tous contre un ! - amène la communauté tout entière à se rassembler contre un individu. Dans toute dramaturgie hollywoodienne, il faut qu'un comédien se dévoue pour le rôle du petit génie du mal. Goldman Sachs, à son corps défendant, fait un assez joli Darth Vader, le méchant de La Guerre des étoiles. Si Goldman Sachs n'existait pas, on se le serait inventé. »
[1] Le premier ministre, Raymond Barre, avait choqué le 3 octobre 1980 en balançant une bien lourde bourde sur TF1 : « Cet attentat odieux voulait frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic », lapsus que ses propos du 8 octobre à l'Assemblée nationale, assurant ses « compatriotes juifs » de la « sympathie de l'ensemble de la nation », n'ont pas effacé des mémoires. Peu avant sa mort en août 2007, Raymond Barre a imputé cette campagne de protestations au « lobby juif ». De mauvaises langues ont assurées depuis que si Giscard avait été battu en 1981 c’était parce qu’il avait payé la bourde de Barre ou pas assez visité la cantine du Crif ; ce qui est donner bien plus d’importance à ce machin qu’il n’en a. De Gaulle, Giscard et Mitterrand n’ont jamais caché leur hostilité à certains lobbies qui empiétaient sur leur pré carré (tout en ayant leurs propres « juifs de cour »), mais cela reste off en général pour laisser croire à une « unité morale » des fractions bourgeoises. A l’époque, en milieu ouvrier, je me souviens de confrontations assez pénibles où il fallait supporter les antiennes navrantes : « les juifs mènent le monde », « ils tiennent les banques », « Pompidou était fondé de pouvoir de Rothschild », etc. Sans qu’il soit possible d’en recourir à des arguments… argumentés !
[2] Ou même à se mêler de ce qui ne la regarde pas, comme la polémique comique sur l’éviction de quelques députés juifs dans les marchandages PS-Verts, cf. Libé : « Le Comité représentatif des institutions juives de France (Crif) s'invite de façon inattendue dans la négociation entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts pour la 10ème circonscription de Paris. Dans un éditorial intitulé «Les évincés» et publié sur le site du Crif, son président Richard Prasquier fait une lecture très personnelle de l'identité des élus socialistes amenés à céder leur siège, de plus ou moins bon gré, au profit de leurs alliés écologistes. «L'effet d'affichage des noms des évincés est désastreux», juge-t-il. Et Prasquier d'énumérer que l'accord a «abouti à l'éviction» de Serge Blisko, Tony Dreyfus, Danièle Hoffman-Rispal et Daniel Goldberg. Autant de personnalités «garantes», selon lui, «dans leur histoire assumée personnelle et familiale d'une mémoire des persécutions» (dont les juifs ont été victimes, ndlr). Il poursuit: «Il est tentant de parler d’antisémitisme, certains l’ont déjà fait et je me garderai de les suivre. Je pense que nous n’en sommes pas là.». Le « il est tentant », vaut affirmation, tout en dénégation…
[3] Ce qui m’a valu menaces et insultes de nunuches élevés au biberon de la Shoah, qui, en aboyant eux aussi, défendaient carrément l’appel à la fuite de capitaux par leur héros (ou du moins in memoriam Marcel le père, ex-déporté qui a eu l’immense mérite de développer pendant 50 ans les meilleurs engins de guerre, et ainsi « de donner du travail aux ouvriers » (op.cit.). Sur l’antisémitisme, je renvoie à mes articles contre Thierry Meyssan (concernant l’accession au pouvoir de Sarko), et au vieil article ci-dessus de Marc Roche sur la « banque juive cause de la crise : Lehman Brothers », pardon "Goldman Sachs" qui a fait beaucoup jaser un peu partout, et qui reste d’actualité.
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