HOU LA MENTEUSE !
Ce n’est pas seulement la ministre Nadine Morano qui est une menteuse, c’est toute sa classe d’appartenance : la bourgeoisie. La profession politique des gouvernants est une profession qui exige avant tout une grande capacité à mentir.
Ce qui frappe pour ces élections européennes en général c’est un énorme taux d’abstention, dont 60% en France face à toute cette réclame publicitaire envers le bloc militaire virtuel européen. D’où la faible légitimité des « élus » et des « gagnants ». L’abstention n’est pas en elle-même une victoire quelconque des classes paupérisées, ni un avertissement révolutionnaire, mais la manifestation du fait que le processus électoraliste échappe complètement aux prolétaires, qu’ils n’ont pas leur mot à dire dans ce barnum ridicule. Ce sont les couches moyennes qui votent en général. On n’y verra donc aucune différence avec le vote minoritaire des possédants de la noblesse d’antan, ni un progrès. Après le traficotage élitaire du traité de Lisbonne, la bourgeoisie n’est nullement gênée par cette abstention. Au contraire, elle roule des mécaniques ; « Le Monde » avait donné le ton la veille : « Qui ne vote pas ne peut traiter le parlement européen de technocratique ». En gros, vous pouvez la fermer !
La bourgeoisie qui ment comme elle respire par ses vertueuses déclamations écologiques en vue de « sauver l’humanité » aurait tort de pavoiser. Le combat des classes ne se déroule plus du tout sur le terrain des urnes. La question de la crise systémique a été totalement absente de la foire d’empoigne, la plupart du temps inaudible, des charlots en compétition.
Le prolétariat n’a pas été dupe ni du minable « front de gauche » ni du parlementarisme trotskien. Il a bien saisi qu’on se foutait de sa gueule en lui aboyant que la montée des eaux de un centimètre sur la planète remisait au musée marxiste la conscience de son exploitation.
LA CAMPAGNE A-T-ELLE PERMIS UN RECHAUFFEMENT POLITIQUE DES MENSONGES BOURGEOIS ?
Première leçon : le clivage gauche/droite n’a plus de sens. Sarkozy je te vois ! Le système présidentiel inauguré par le blaireau porte ses fruits. Le PS n’est pas simplement marginalisé, il s’effondre, talonné par les Verts insipides de Cohn-Bendit et Bové. Le PCF avec sa béquille Mélenchon rame à 6%, juste devant le NPA de Besancenot à 5%. La classe ouvrière a donc été faiblement embrigadée par ces résidus de la gauche caviar.
Deuxième leçon : la petite bourgeoisie a délaissé massivement les PS. Elle ne s’est pas tournée vers l’extrême-droite, excepté en Hollande. Bousculée par la crise elle s’est réfugiée dans un vote protestataire, assez apolitique en effet, en faveur du marais écologique, lequel n’a pas affiché un langage différent du parti au pouvoir en France ; il suffisait d’entendre ce pauvre Bové parler comme n’importe quel politicien de droite pour mesurer la platitude et la nullité de l’alternative bobo-écolo. Cohn-Bendit a été le principal clown animateur des soirées télévisées, servant par ses réparties fine mouche et sa faconde libertaire, à intéresser un peu au brouhaha pipole invraisemblable. Mai 68 et Sarkozy était réconcilié le temps d’un plateau télé.
Troisième leçon : l’idéologie européenne est apparue comme une arme contre la lutte du prolétariat sur deux graves questions : le chômage et la guerre. Par la bouche du défenseur moustachu du camembert gaulois, nous avons appris que le problème de l’emploi n’est pas national ! C'est-à-dire seulement européen, pas un problème du capitalisme. La sainte Alliance européenne a révélé ses meilleurs défenseurs : on aura désormais des JA européennes, des journées villes mortes européennes, des voyages syndicaux organisés en car de pays à pays, etc.
Lors de l’émission pipole de fin de campagne, plus inquiétante que l’altercation entre Bayrou et Cohn-Bendit, a été l’image de Tien-A n-Men projetée derrière le dos de Cohn-Bendit, et approuvée par lui, indiquant où est le totalitarisme désigné (« le quart de l’humanité ») : la Chine et derrière, la Russie. Cette défense de la démocratie européenne apparaît ainsi comme une machine de préparation à une autre guerre mondiale. La moralisation de l’économie prônée par le confrère de Cohn-Bendit, Fillon, devient ainsi une désignation indirecte des « fauteurs » de la crise, non pas le capitalisme mais des pays « émergés » ou « totalitaires ».
La petite bourgeoisie croit encore au miracle économique et à la paix éternelle dans les pays riches derrière les lobbies écologiques dont tous les partis en lice se réclament, il lui faudra d’autres coups de semonces plus cruels de l’intraitable crise systémique pour qu’elle se rallie au combat du prolétariat. Hors des urnes.
Les divers pantins de l’ex-gauche caviar, à l’unisson des charlots écologistes, ont tous proclamé qu’un article de leur programme de redressement bidon reste la « défense des libertés syndicales en Europe », autant dire la défense de l’armada de protection juridico-sociale des Etats. Le prolétariat n’en aura pas fini pour autant avec un type d’attaque politique électoraliste ponctuel des menteurs qui nous gouvernent, il devra passer par-dessus le corps des technocraties syndicales qui restent la dernière planche de salut du système en crise et de ses porte-voix médiatiques.
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