UNE VICTOIRE DU BLAIREAU ?
Tout le monde pourrait en convenir, la situation est déplorable, les élections européennes qui magnifient un triomphe de la droite conservatrice (conservatroce…) ont confirmé que le degré zéro de la politique bourgeoise avait été atteint. La belle Europe écolo-rousseauiste d’une oligarchie ultra-minoritaire – plus encore que les bolcheviks ne l’ont jamais été – qui joue de plus en plus au complément impérialiste du brave prédicateur Obama, où règne la barbarie des accidents du travail déniés comme au Moyen Age (*), se gargarise de son union sacrée verte et fleurie. Le pantin Cohn-Bendit fait la Une des médias pour son aide bouffonesque à Sarkozy & Co (cf. la Une du baveux hebdo « Le point » financé par la bourgeoisie US). Le Monde immonde titre sans honte sur la « Victoire de Sarkozy » ! Belle victoire adoubée par un quart des « citoyens ». Renouvelant une formule saint-simonienne, Cohn-Bendit a accouplé les « autorités électorales », les voteurs petits bourgeois absorbés par leur tâche de féconde de producteurs de démocratie et les « abeilles laborieuses » silencieuses. Mais Saint-Simon disait le contraire, les « politiciens professionnels » se servent toujours des « frelons qui se nourrissent de leur travail ». Il fallait défendre les abeilles contre une « fiscalité inquisitoriale » et en venir à la vraie fiscalité, celle des impôts indirects qui frappe les biens de consommation, donc la masse.
Les milieux politiques bourgeois, de l’UMP au Front de gauche, sont aberrants. Tel le gros taon qui frappe à la vitre dans l’espoir de retrouver l’air qui lui manque, les politiciens s’acharnent à des combinaisons sans issue pratique. . Car il faut ménager l’égoïsme des gros bourgeois, la susceptibilité rousseauiste des classes moyennes et trouver de l’argent dans une conjoncture lamentable, où domine l’incompétence économique et le sentiment que « la confiance » en la démocratie bourgeoise suffirait à remettre l’économie décadente sur pied. Que valent les revendications de salaires et la protestation contre les licenciements sans autre perspective que le fait de subsister, en face des besoins immenses de la technocratie étatique et de l’ignorance où sont cloisonnées les couches salariées et expulsées de la production. La démocratie sarkozienne se perd dans une admiration béate d’une Europe virtuellement pro-américaine, ne voyant pas qu’elle n’est que le masque pris par les Etats-Unis pour mieux tromper le prolétariat. L’Europe se noie dans une politique de margoulins. Le Modem, héritier bâtard d’un centrisme giscardien évaporé, trahi par le vieux caciques et le grand patronat, est l’objet des OPA pour tous les colistiers du sado-maso Bayrou par l’ancien parti gaulliste caméléonisé par Sarkozy-Frankestein. Il ne s’agit plus de droite ni de centre ni de gauche mais d’une politique d’union nationale européenne qui doit échapper à toute contingence partisane. Ne pas se soumettre à cette politique signifie ne pas régler les enjeux planétaires impérialistes et se vouer à l’effondrement du capitalisme.
Le problème se pose ainsi : il ne s’agit pas de revaloriser la politique classique droite/gauche, ni de garantir une politique keynésienne de relance au profit d’un plein emploi des travailleurs. Il faut empêcher que par le truchement des journées mortes syndicales, la classe ouvrière retrouve son identité face à la bourgeoisie traditionnelle et qu’elle soit émasculée par l’utopie réformiste des derniers caciques staliniens et trotskiens. Ces derniers, NPA en tête, sont d’ailleurs roulés dans la farine des Mélanchon et Sabir qui, forts de leur un pour cent supplémentaire, leur enjoignent de venir à Canossa sous l’aile du parti stalinien décrépi.
Ces péripéties cachent mal le jeu du nouveau pouvoir qui dresse, face à la crise systémique, l’écologie à deux visages, si l’on peut dire. Pour la gauche ringarde, une conjuration sarkozyste milite contre le virtuel « front de gauche », pour le pouvoir triomphant sans partage – le gouvernement actuel de l’Etat pour lequel la notion de droite est passéiste – il n’y a aucune alternative en face. Les dérapages moraux de la mère Royal et du calife en carton pâte Bayrou ont fait table rase de toute opposition crédible. La primauté accordée au bien commun écologique sur les intérêts corporatifs ouvriers, encouragée par l’incapacité des concurrents « socialistes » à désigner un seul calife, permet au verbe de suppléer à l’action.
L’opinion publique déçue, réduite à cette masse d’abstentionnistes indifférents, est narguée comme jamais. La presse veule du Monde à Rue 89 et à quelque bord qu’elle appartienne, vitupère les mercantis et les affairistes anonymes qui plument l’ouvrier et le petit bourgeois. Rien de nouveau mais une défense sans fissure de la démocratie oligarchique. Comme les littérateurs de gouvernement Sollers et BHL, la presse est très critique sur les malheurs du monde. Les prolétaires d’Europe sont frappés de vertige comme ceux des autres continents. Sous le masque des experts et des donneurs de morale écologique, la bourgeoisie pose la quadrature du cercle : équilibrer les budgets nationaux, autoriser les exportations de capitaux, garnir le carnet de commande de l’industrie aéronautique et militaire. Incontestablement les abstentionnistes nationaux n’ont pas joué le jeu. Ils ont manqué de sang froid et heureusement qu’on décide pour eux.
La majorité de la France, bourgeois en tête, se groupe derrière le monarque Sarkozy. Seuls sont réticents les chômeurs et les licenciés. L’électeur bobo retrouve ce patriotisme européen qui fît les bonnes heures du nazisme et qui depuis avait été érodé par de vieilles réminiscences nationales. Dans cette conjoncture, la collusion des grandes banques européennes et nord-américaines n’a qu’un but : déborder l’Europe centrale et planifier de nouveaux secteurs d’activité au détriment des autres concurrents, la Chine en premier lieu.
A suivre…
(*) Peu après minuit, le 28 mai, Franns Rilles Melgar, un Bolivien de 33 ans, prend son poste à la machine à pétrir le pain d'une boulangerie industrielle près de Valence, à l'Est de l'Espagne. Il devait y rester entre 11 et 12 heures, comme tous les jours, et gagner ainsi 23 euros. Mais la machine a soudainement happé son bras gauche, l'arrachant avant qu'il n'ait le temps d'arrêter lui-même les rouages avec sa main droite. Selon le syndicat Commissions Ouvrières (CC.OO), ses employeurs « ont forcé l'accidenté à nier qu'il s'agissait d'un accident du travail lorsqu'ils le transportaient dans leur camionnette de livraison, avant de l'obliger à descendre à 100 mètres de l'hôpital ». En une seule semaine du mois de mai, six ouvriers de la construction ont perdu la vie, soit 62 victimes depuis le début de l'année. Dans le secteur agroalimentaire, le deuxième le plus touché après le bâtiment, on dénombre deux accidents mortels par semaine en moyenne.
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