Comment Poutinet, Netanvoyou et leurs commensaux se servent du répulsif hitlérien
THE TIMES THEY ARE a CHANGIN' (Bob Dylan)
« Inquiétudes face à la montée des tensions et des amalgames dans une société travaillée à bas bruit depuis des années par la répétition des attentats ; et celle d’une mise à mal du «cadre» justement, celui de l’Etat de droit et des libertés fondamentales, du glissement vers une société répressive, «préfasciste». Le bréviaire à gauchistes Libération
"Alors fut inventée cette légende des pétroleuses qui, propagée par la presse, coûta la vie à des centaines de malheureuses. Le bruit court que des furies jettent du pétrole enflammé dans les caves. Toute femme mal vêtue ou qui porte une boîte à lait, une fiole, une bouteille vide peut être dite pétroleuse. Traînée en lambeaux contre le mur le plus proche, on l’y tue à coups de revolver" . Lissagaray
« ...ce ne sont pas les piqûres de moustique de quelques éléments désespérés issus de la décomposition des couches petites bourgeoises qui sont visées par les campagnes officielles actuelles mais bien la classe ouvrière dont la révolte nécessairement violente va constituer, lors de son réveil, la seule menace sérieuse pour le capitalisme ». Marc Chiric (terreur, terrorisme et violence de classe, 1979)
En mémoire de la pétroleuse Eulalie Papavoine, défendue par Victor Hugo
"Terroriste", sobriquet infâmant, répulsif sorti de la bouche de Hitler comme de celle de l'assassin de Gaza Nethanyahou. Et en écho dans le lamentable microcosme français un projet inattendu et déchirant. Une proposition courtelinesque de supprimer le délit d’apologie du terrorisme, qui peut prendre pourtant des formes masquées et invisibles, a provoqué » l'émoi de la majorité de la « classe politique » française. Le texte déposé par un vague député provincial de LFI a émis le projet de supprimer ce délit créé par une loi de 2014, estimant que ce dernier accentue «l’instrumentalisation de la lutte antiterroriste» contre la «liberté d’expression»
Nous on n'en a rien à foutre de leurs bisbilles et colères réciproques, et de toute façon on n'est jamais convié à leurs commérages ou conciliabules. La clique de Mélenchon s'inquiète misérablement dans le bouillon du système «quelle démocratie peut encore conserver son nom, lorsque les méthodes de l’antiterrorisme sont utilisées pour réprimer des militants politiques, des militants associatifs, des journalistes ou encore des syndicalistes».
La provocation des gens de LFI, qui suscite ce tollé de la plupart des autres factions bourgeoises n'est pourtant pas complètement idiote, même si elle est avant tout électoraliste musulmaniaque, et reste hors sujet quant aux deux utilisations outrancières du terme terrorisme à destination de la classe ouvrière et comme facteur de guerre. Mais en restant totalement sur le terrain bourgeois d'une démocratie clean, se fichant de la classe ouvrière et choisissant un camp militaire contre un autre. Les gauchistes choisissent toujours un camp militaire, les guévaristes hier, les islamistes aujourd'hui au nom de la « libération des peuples opprimés » notion fumeuse qui légitime encore toutes les bourgeoisies autochtones tiers-mondistes dans la fable qui se nommait « libérations nationales ». Ces présumées libérations ont consisté en la continuité de l'exploitation capitaliste, souvent pire, puis ont été incapables d'industrialiser et donc sont responsables de l'explosion de l'immigration. LFI ne représente qu'une énieme secte trotskienne, mais parvenue, avec conservation des mêmes bases idéologiques réactionnaires (donc wokes) : du soutien aux luttes nationalistes de libération nationale où on est passé depuis, au soutien à la libération du voile islamique pour punir le colonialisme d'antan. D'antan en emporte le vent. La fin (partielle) des colonialismes n'a favorisé qu'un capitalisme étriqué, sous-développé et tremplin d'une misère disparue en Europe.
L’introduction du capitalisme dans ces régions d’obédience islamique s’étant réalisée tardivement et incomplètement, sans avoir accompli au préalable une quelconque révolution bourgeoise, ni développé les forces productives, n’est-il pas surprenant de relever la survivance et la prégnance des vestiges archaïques au sein de ces sociétés dominées par la religion musulmane, corollaire du reliquat du mode de production féodale réactionnaire ? De ce constat classique d'un marxisme conséquent nos faux radicaux, ou radicaux en peau de lapin, ne veulent rien savoir et toute leur logoorhée passe par la culpabilisation du capitalisme des riches comme généralité suffisante pour s'éviter de critiquer ou de remettre en place une des religions des plus violentes et envahissante.
Mais la confusion totale ou l'orchestration voulue par la clique LFI pour faire scandale et jouer au « radical démocrate » pour se différencier des autres factions bourgeoise revient en effet à valider le terrorisme ou plutôt les « actions militaires » du Hamas et de l'Iran pour un minable recrutement électoral franco-arabe. Leur seul mérite est de mettre l'Etat hébreu au rang des Etats voyous .
« Peut-on souhaiter un monde où seuls les États voyous prolifèrent ? Questionne un obscur diplomate. S'il n'était pas souhaitable, ce monde là est bien là, avec les pires bobards pour justifier les exactions de chaque camp. Un exemple. En 1994, la nouvelle Ukraine mise en place par l'ogre américain avait accepté de renoncer à ses armes nucléaires en échange de la protection des pays signataires du mémorandum de Budapest", déplorent cyniquement le camp occidental. Il faut rappeler que l'Ukraine n'avait ni les moyens technologiques, ni les moyens financiers d'entretenir ses missiles de longue portée (qui n'auraient donc pas gêné les Russes), qui arrivaient en bout de course et dont elle ne possédait de toutes les manières pas les codes. Cette histoire répétée ad nauseam est une fable.
Jusqu’alors, cette lutte se caractérisait par sa judiciarisation et le refus de toute forme d’approche militaire. Mais en 2015, l’ampleur du bilan, les images du carnage, les armes utilisées, le type de blessures occasionnées, tout concourt à justifier cette représentation. Politiquement aussi, l’usage du mot guerre prend tout son sens.
Pourquoi l’expression « guerre au terrorisme » pose-t-elle problème ?
«Nous sommes en guerre à la fois contre un ennemi extérieur et intérieur.» L'expression est lâchée par le ministre de l'Intérieur. En guerre «culturelle» contre un ennemi idéologique, l'islamiste, qui pénètre la société et manœuvre les consciences ; et en guerre tout court contre des ennemis immédiats, les terroristes. La rhétorique belliqueuse répond aux multiples appels lancés ces derniers jours à se donner «enfin» les moyens de lutter, quitte à «sortir du cadre», à «s'exonérer des lois de la paix», à adopter une «législation de guerre» et à «en finir avec l'Etat de droit». Ce serait le prix à payer pour juguler les menaces et apaiser les anxiétés « démocratiques »
. Il y a eu un glissement lié à l’utilisation du vocable «guerre contre le terrorisme». On le critiquait quand George W. Bush l’utilisait mais on se l’est rapidement approprié, alors qu’il est inadapté et superfétatoire. Les militaires le dénoncent régulièrement, ils rappellent que le terrorisme n’est pas une entité, mais un moyen. On ne fait pas la guerre à une méthode, on fait la guerre à un adversaire. Dire qu’on est en guerre contre le terrorisme, c’est un non-sens digne du discours hitlérien. Cette expression perverse peut faire croire que la France, ou tout autre Etat européen, est en guerre sur son sol. Alors que lorsque les forces armées interviennent sur le territoire national, cela n'a rien à voir avec l'entité terroriste même si c'est terrorisant.
Le vocable relève essentiellement de la communication politique. Les discours utilisent tantôt «intervention», tantôt «guerre». La guerre ne fait pas l'objet d'une définition consensuelle, elle est floue, relève du lexique politico-médiatique, le droit bourgeois préfère parler de «conflit armé» lorsque le terme a servi de justificatif à la guerre « démocratique ».
Que signifierait «gagner une guerre contre le terrorisme» ?
Non seulement l’expression est incohérente, mais elle pose en effet un problème de victoire. Gagner la guerre contre le terrorisme ne peut pas signifier supprimer la menace terroriste, en dépit de la tentation politique de recourir à un vocabulaire très dur comme «annihiler», «exterminer», «éliminer» - un discours qui peut se comprendre, puisqu’après un attentat il faut motiver les troupes et la population, montrer une détermination. Il est impossible d’éliminer complètement la menace terroriste. «Gagner la guerre contre le terrorisme», si tant est que l’expression ait du sens, ne peut que vouloir dire : maintenir le risque d’attentat en-deçà d’un seuil politiquement acceptable. Ce seuil n’est pas le même pour toutes les sociétés, la vie quotidienne à Gaza n’est pas la même qu’en Suisse.
La Russie, la Chine, la Turquie, mais aussi les pays dits démocratiques etc. utilisent le mot terrorisme (à la manière d'Hitler pour désigner la résistance en France), les premiers pour désigner leurs opposants, les seconds pour justifier leurs projets belliqueux. Le "politiquement correct" de l'après 7 octobre 2023, justifie le génocide par l'Etat juif des populations civiles de Gaza jusqu 'au Liban. L'Etat juif artificiel feint d'oublier ses propres fonds baptismaux terroristes et taxe d'antisémitisme toute dénonciation de ses massacres de la population civile à Gaza. L'idéologie se répète. Après les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis, le mot "terroriste" avait été abondamment utilisé pour qualifier la nébuleuse des cliques armées au Moyen Orient.
DU BON USAGE DU TERRORISME GLOBAL AU PLAN IRREDENTISTE
Les puissances impérialistes dominantes ne se gênent pas pour qualifier de "terroristes" les « Etats voyous» du bloc rival. Tout comme ils désignent au besoin ainsi les parties de leur population, plutôt prolétaires en rébellion larvée ou ouverte contre le pouvoir central.
Poutine qualifiait dans son ensemble le peuple tchétchène de "terroriste" ce qui lui a permis un massacre gigantesque de ce peuple.. Les attentats du 11 septembre 2001 ont été pain béni pour le Président russe. Il est maintenant très confortable pour Poutine de désigner le peuple ukrainien comme fasciste voire encore comme des "terroristes". A l'époque du 11 septembre 2001, la bourgeoisie russe se servit aussi de l'attentat à New York comme justificatif d'une vague menace teroriste globale. La trouble et dubitative prise d'otages d 7 octobre 2013 permet surtout à Netanyahou de massacre sans vergogne des populations civiles. En Chine les attentats du 11 septembre 2001 permettent maintenant de "justifier" la répression pratiquée depuis longtemps au Tibet, contre les Tibétains et au Xinjiang contre les Ouïgours. La Chine pratique une politique de " subversion ethnique " dans ces régions. En Turquie les attentats du 11 septembre 2001 ont justifié et justifient encore la répression contre les Kurdes du PKK. . Cette répression a été menée sous la bannière de la lutte contre le "terrorisme". Le pouvoir turc a toujours employé le mot de "terroriste" pour désigner ses opposants et la lutte de la classe ouvrière turque. La répression contre les Kurdes en Irak ou en Iran s'est faite sous le même prétexte. Sans oublier le colonialisme raciste d'Israël expulsant des masses d'habitants arabes pour le plaisir de ses colons fascistes.
L'usage du qualificatif terroriste dans la lutte des classes
On ne l'avait pas encore inventé en 1871 mis les historiens au service de l'ordre dominant ne sont pas gênés pour dénoncer le terrorisme des communards pour mieux couvrir l'effroyable massacre du nain Thiers.. Les communards des terroristes ? Il faut lire la contribution nuancée de Kautsky pour comprendre qu'une révolution n'est jamais pure et que les internationalistes y restent les plus clairvoyants :
« Le 18 mars, Rigault eût d’office l’occasion de jouer le Préfet de Paris. Son premier acte, dans la nuit du 18 au 19 mars, fut de s’établir dans la préfecture. Ses pratiques policières furent vivement combattues de tous côtés et surtout par les internationalistes. Elles avaient peu de commun avec les principes de 1793, bien qu’il eût travaillé à une histoire de la Première Commune. D’autre part, comme nous l’avons déjà remarqué plus haut, on ne peut mettre sur le compte de la Commune l’exécution des généraux Thomas et Clément. Ceux-ci furent exécutés avant même que la Commune fût formée et malgré le Comité Central. Une seule mesure de la Commune peut être considérée comme terroriste, appelée à effrayer l’adversaire en faisant violence à des gens sans défense : l’emprisonnement des otages ».
Les ouvriers des faubourgs parisiens dénoncés, au XIXe siècle, comme une "vile populace". Sans parler des jeunes prolétaires présentés tour à tour comme des apaches, des sauvageons, des blousons noirs ou des racailles. Les femmes du peuple eurent droit, elles aussi, à ce genre d'avanies, comme le montre l'exemple des communardes, qui furent surnommées les "pétroleuses". ut le cas aussi pour les ouvriers des faubourgs parisiens dénoncés, au XIXe siècle, comme une "vile populace". Sans parler des jeunes prolétaires présentés tour à tour comme des apaches, des sauvageons, des blousons noirs ou des racailles. Les femmes du peuple eurent droit, elles aussi, à ce genre d'avanies, comme le montre l'exemple des communardes, qui furent surnommées les "pétroleuses".
Le terrorisme majeur à notre époque, qui a succédé longtemps après à celui des années « de plomb » (années 1970-1980), qu'on qualifie généralement de terrorisme islamique, n'a plus rien à voir avec la névrose dite « action exemplaire de l'attentat individuel » des couches petites bourgeoises post-68. Ni surtout avec un mouvement ouvrier...mécréant et blasphémateur.
QUAND LE TERRORISME FINIT PAR S'ALLIER AVEC LA TERREUR
Les guerres actuelles sont devenues essentiellement des guerres contre les populations civiles, plus que jamais comparé aux guerres du passé du capitalisme. Des mers de sang depuis 40 ans ont prouvé que ces fleuves rouges de sang humain ont fusionné terreur et terrorisme. Seule nouveauté les attentats terroristes ne peuvent plus provoquer une nouvelle guerre mondiale contrairement aux deux précédentes. La nature majoritairement islamiste du terrorisme aujourd'hui est de nature à terroriser le prolétariat mais pas de le convaincre au sacrifice pour la patrie, sacrifice réservé à Allah.
Le terrorisme est devenu un instrument de guerre des fractions bourgeoises1 On peut même dire que terrorisme et terreur se confondent désormais Ce sont toujours des éléments décadents provenant des couches petites bourgeoises qui sont les soldats (de plomb) du terrorisme islamique. Les différences que Marc Chiric établissait entre terreur et terrorisme, qui étaient valables à l'époque des trois glorieuses ne le sont plus aujourd'hui, pourquoi ?
D'abord parce que du fait que le prolétariat est endormi depuis au moins trois décennies, et que la désespérance en un autre monde a fait exploser le retour du religieux, maigre consolation mais dont Marx dit qu'il faudra que la société de l'avenir s'en débarrasse, ce que ne se risquent pas à susurrer nos radicaux du terrorisme à voile et à vapeur2.
Qui aurait pu supposer un tel retour du fait religieux d'une telle intensité en Europe il y a trente ans ? Anticiper autant de mouvements réactionnaires aussi bien identitaires que religieux. En tout cas la bourgeoisie se sert de tous ces remuggles irrationnels d'un passé croupissant avec les mêmes doses de nihilisme et de décomposition.
Minoritaires jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les mouvements islamistes ont connu une prodigieuse expansion, sous-estimé durant la Guerre froide autant que pendant les « libérations nationales ». Tous les mouvements islamistes contemporains tirent leurs fondements calotins de l’organisation des Frères musulmans fondée en Egypte en 1928. Secte contemporaine du nazisme... il a souvent été démontré les accointances idéologiques réactionnaires et anti-ouvrières communes à ces deux idéologies. Elles se fondent toutes deux sur la pureté des origines, le culte des ancêtres, la glorification d’un prétendu passé mythifié, auréolé de toutes les vertus, non pas morales mais guerrières. Mais aussi, corrélativement, sur le rejet de la «modernité», assimilée à la décadence. Au reste, le mouvement islamiste, à l’instar du nazisme, dénonce, verbalement, avec virulence, «l’idolâtrie socialiste et capitaliste».
Un entre deux typiquement bobo. Ces deux forces réactionnaires prêchent une troisième voie : axée, pour le nazisme sur la Race érigée en programme exclusif politique du nouveau Reich et, pour l’islamisme, sur la Charia (les lois d’Allah) hissée en principes uniques de gouvernance de la nouvelle Oumma (une tentative illusoire de perpétuer les anciens rapports de production féodaux précapitalistes, variété moisie et cramoisie historiquement en désintégration avérée, tout comme le mode de production capitaliste contemporain est voué à se dissoudre. Autre similitude avec les mouvements fascistes : les Frères musulmans prônent la violence terroriste pour accéder au pouvoir, pour combattre leurs «adversaires» politiques. Or, à la différence des années de plomb (quoique pas dans tous les cas : par ex la bande à Baader était financée par la RDA), une chose est sûre : les mouvements islamistes ne doivent leur éclosion et leur existence qu’au soutien financier et logistique fourni par les multiples Etats qui les ont toujours manipulés. La diversité sociale de ces oligarchies nationalistes explique l’hétérogénéité des tendances islamistes réactionnaires. Toutes les organisations islamistes ont été patronnées par les puissances impérialistes et leurs affidés politiques locaux. Il en est ainsi du Hamas (Mouvement de la résistance islamique), fondé par Israël pour affaiblir l’OLP. De même, le GIA (Groupe islamiste armé) a été financé par les Etats-Unis pour évincer la France de sa chasse gardée algérienne néocoloniale. Pareillement, pour le Hezbollah, les Talibans, Al Qaïda, Daesch, etc. Cependant, chacun de ces mouvements a eu son parcours singulier, résultant de ses origines sociales et de ses soutiens internationaux, mais séides ou fidèles moutons, à dominante petite bourgeoise, ne seront jamais « prolétarisables». Ou alors Marc aurait essayé de nous démontrer que les SA petits bourgeois de Hitler auraient pu se prolétariser un jour. Soulignons en passant que ce poids de l'islamisme réactionnaire aurait tout lui de nous inquiéter en le comparant au nazisme, car ce type d'idéologie totalitaire n'apparaît qu'en période de contre révolution.... .
Heureusement nous n'avons pas connu récemment de révolution...
L'article de Marc Chiric reste probablement le meilleur pur le mouvement révolutionnaire moderne pour comprendre les nuances et les doses de terreur et de terrorisme chez la bourgeoisie comme parmi les couches petites bourgeoises flouées. Même si on n'a plus affaire aux terroristes style « brigades rouges » mais plutôt brigades islamistes, aucune mutation de la petite bourgeoisie, religieuse ou pas, ne vient infirmer l'analyse profonde de Marc. On peut cependant y ajouter quelques remarques négatives pour certains de ses développements.
« Ce qui les caractérise (les bobos) fondamentalement c'est: l'individualisme, l'impatience, le scepticisme, la démoralisation et leurs actions qui relèvent plus de suicide spectaculaire que d'un but à atteindre. Ayant perdu "leur passé", n'ayant aucun avenir devant eux, ils vivent un présent de misère et la révolte exaspérée contre la misère de ce présent ressenti dans l'immédiat et comme un immédiat. Même si en contact avec la classe ouvrière et son devenir historique ils parviennent à s'inspirer d'une façon généralement déformée de ses idéaux, cela dépasse rarement le niveau de la fantaisie et du rêve. Leur véritable vision de la réalité reste le champ réduit et borné de la contingence. L'expression politique de ce courant prend des formes extrêmement variées qui va de la stricte actuation individuelle aux différentes formations de sectes fermées, de conspiration, de complot, de préparation de "coup d'Etat" minoritaire, d'actions exemplaires et, à l'extrême, le terrorisme. Ce qui constitue leur unité dans cette diversité c'est leur méconnaissance du déterminisme objectif et historique du mouvement de la lutte des classes, leur méconnaissance du sujet historique de la société moderne, seul capable d'assurer la transformation sociale: le prolétariat. La persistance des manifestations de ce courant est donnée par la permanence du processus de prolétarisation de ces couches tout le long de l'histoire du capitalisme ».
Or nos terroristes islamistes actuels n'ont pas « perdu leur passé", leurs idéologues barbus et en robe ne cessent de leur coller celui de leur tradition religieuse et ils sont prêts à mourir pour cette tradition. Nos terroristes des années de plomb voulaient bien mourir mais en combattant le capitalisme. Entre parenthèses Marc commet une erreur en disant que les gauchistes dénonçaient Baader et les italiens, ce qui est faux car ils les saluaient plutôt en héros, et Marc lui-même indique que du point de vue marxiste on ne pouvait pas les considérer comme des chiens de bourgeois. Quant à la prolétarisation des milliers de fanatiques islamisés... peau de balle cher Marc !
La réflexion suivante pour autant qu'elle soit perspicace en voulant à tout prix différencier terrorisme petit bourgeois et terreur de l'Etat capitaliste, est erronée pour notre monde actuel : « le terrorisme une réaction de classe opprimée », si Marc revenait je lui dirais : « tu es sur la même position que Mélenchon » !
« Le courant représentant les couches en voie d'une difficile prolétarisation ne saurait désormais être la moindre contribution à un mouvement de classe déjà développé. Non seulement ce courant doit revendiquer le type d'organisation de sectes et de méthodes de conspiration, mais, arrivant avec un retard toujours plus accentué sur le mouvement réel, il est amené dans son exacerbation à pousser cette revendication à outrance, à en faire une caricature, trouvant son expression extrême en préconisant l'action terroriste. Le terrorisme n'est pas simplement l'action de terreur. C'est là se placer sur un terrain terminologique. Ce que nous voulons faire ressortir et mettre en relief c'est le sens social et la différence que ces termes recouvrent. La terreur est un système de domination, structuré, permanent, émanant des classes exploiteuses. Le terrorisme par contre est une réaction de classe opprimée, mais sans devenir, contre la terreur de la classe opprinante? Ce sont des réactions momentanées, sans continuité, des réactions de vengeance et sans lendemain ».
Et va donc dégager les fanatiques de l'impasse musulmaniaque ceux qu'on a ferré dedans :
« Il est absolument certain que la classe ouvrière manifeste généralement une attitude de solidarité et de sympathie, non pas à l'égard du terrorisme qu'elle condamne en tant qu'idéologie, organisation et méthodes, mais à l'égard des éléments qui s'y livrent. Cela pour des raisons évidentes: 1) parce qu'ils sont en révolte contre l'ordre de terreur existant que le prolétariat se propose de détruire de fond en comble; 2) parce que comme la classe ouvrière, ils sont également des victimes de la cruelle exploitation et oppression de la part de l'ennemie mortelle du prolétariat: la classe capitaliste et son Etat. Le prolétariat ne peut pas ne pas manifester sa solidarité à ces victimes en essayant de les sauver des mains des bourreaux, de la terreur d'Etat existante et en s'efforçant de les dégager de l'impasse mortellement dangereuse: le terrorisme, dans lequel ils se sont fourvoyés ».
J'imagine le CCI expliquer à Marc se réincarnant malgré son corps donné à la science : « camarade le monde a changé depuis ta disparition, il n'y a plus de Baader ou de Prima linea mais partout des brigades musulmanes qui égorgent, violent et veulent tuer toujours plus. Tu te rends compte ? Non, alors on va t'expliquer. D'abord c'est la faute à la décomposition, un concept que tu as oublié et que pourtant tu nous avais enseigné jadis...
Enfin pour le fun, qui n'existe plus dans le CCI dont je suis le bouffon de cour selon un haut responsable belge rangé des voitures et universitaire distingué, je rappelle qu'aucune question n'était bannie ni moquée. On n'allait pas aux réunions comme à la messe des certitudes religieuses.
Dans les années 1970-1980-1990 le CCI était le seul à défendre la notion de « cours historique » conçu initialement comme cours à la révolution puis « cours aux affrontements de classe » (espérant encore la révolution). Cette notion procédait plutôt d’un choix basé sur l’espoir suscité par les innombrables luttes ouvrières de ces 20 années et surtout un mai 68 mythifié. D’autres groupes marxistes pensaient plutôt que l’on allait vers la guerre mondiale de toute façon avant toute révolution. De nos jours personne ne sait trop où on en est, tout le monde observe et attend !
HEIN ! ET SI LE COURS HISTORIQUE SE RENVERSAIT…
Réponse à Maxime, décembre 1983
Dans l’article ci-dessus, le camarade Max se pose et nous pose la question de savoir quelle serait la position et l’activité du CCI si le cours historique se renversait et au lieu d’aller vers la reprise et le développement de la lutte de classe, c’est le cours de la guerre qui s’imposait. Il lui semble que dans les discussions et polémiques avec d’autres groupes nous éprouvons quelque gêne à répondre clairement à cette question. Peut-être même se demande-t-il, nous nous réfugierions dans l’affirmation de l’existence d’un cours de luttes et dans la vision apocalyptique d’une 3ème guerre pour ne pas avoir à répondre à la question – pour esquiver la réponse. Et même si nous ne le faisons pas consciemment, il reste encore à savoir si la conviction que nous avons du caractère catastrophique d’une 3ème guerre nucléaire, laissant peu d’espoir à la possibilité d’une révolution, n’entraînerait-elle pas – cette conviction – à immobiliser, à paralyser notre volonté d’activité révolutionnaire ?
Sans rentrer dans de longs développements, essayons de donner des réponses aussi précises que possible à ces questionnements qui peuvent tracasser certains camarades. 1) Le cours des luttes peut se retourner. Nous l’avons toujours affirmé. Pas plus que tous les marxistes – Marx y compris – nous ne sommes « des croyants » en une prédestination. Il n’y a pas d’absolu dans l’histoire. Il n’y a pas de fatalité. Nous fondons nos convictions sur des analyses, des études de l’évolution du capitalisme, du rapport de force entre les classes en présence d’où découlent des probabilités, mais non des croyances. Nous connaissons même les conditions dans lesquelles le cours peut se renverser et nous les avons toujours explicitées : « défaite physique et politique du prolétariat ». C’est pourquoi nous formulons toujours la perspective non en termes de certitude à l’instar de Bordiga, mais en terme d’alternative : socialisme ou barbarie, révolution prolétarienne ou guerre impérialiste avec tout ce que celle-ci implique. 2) En cas de renversement du cours, allant à la guerre, les révolutionnaires ont pour tâche de poursuivre leur activité révolutionnaire, même si les chances de la révolution s’amenuisent. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas de certitude à 100% qu’un tel cataclysme ne soit à son tour irréversible, fatal. La question de 95% et 5% de possibilités de réussite ne se pose pas aux révolutionnaires. C’est là une question de spéculation intellectuelle. Les révolutionnaires n’ont pas le choix. Tant qu’existe la classe, existe la lutte. Et les révolutionnaires font partie intégrante de cette lutte sans exiger au préalable des garanties d’une issue favorable que personne ne peut leur donner. Une classe opprimée, même si elle doit succomber, n’a pas d’autre remède que de lutter. Il en est des révolutionnaires comme il en est des médecins ; tant qu’il subsiste un souffle de vie, ils ne peuvent qu’assister le malade et ne jamais lever les bras au ciel avant que le patient ne soit mort. Cela n’enlève en rien l’importance et l’intérêt de poursuivre l’examen et de se rendre conscient de probabilités et des possibilités. 3) Tant qu’une possibilité subsiste, même dans de pires conditions, le CCI (s’il est une organisation révolutionnaire) accomplira sa tâche révolutionnaire dans une guerre impérialiste mondiale, à l’instar des révolutionnaires dans la 1ère et la 2ème Guerre mondiale. Il ne peut y avoir de questionnements sur ce point. Le CCI ne sera jamais gêné pour l’affirmer sans aucune réserve. S’il n’y a pas de garanties absolues, si, comme nous l’enseigne l’histoire, bien des organisations autrefois révolutionnaires ont, au moment critique trahi et sont passées du côté de l’ennemi de classe dans la guerre, le CCI présente aujourd’hui – dans tout le milieu révolutionnaire – le maximum de garanties possibles de rester fidèle à la révolution en cas de guerre. Sur ce point, loin de se trouver gêné et dans le flou, comme le pense la camarade Max, le CCI n’a vraiment pas de leçon à recevoir ni de bordiguistes et de leurs épigones, ni des descendants des anarchistes et autres modernistes. Il suffit pour cela de se référer au comportement des organisations dont les uns et les autres se réclament ou cherchent à couvrir leur comportement politique durant la dernière guerre mondiale, et dans les guerres localisées depuis, connues sous le nom de guerres de libération nationale. Leur radicalisme verbal d’aujourd’hui en est d’autant moins rassurant. 4) La question de ce que sera l’activité du CCI en cas d’un renversement du cours débouchant dans une guerre classique (non nucléaire) n’a donc aucun sens et est ridicule par définition. Quant à la question sur l’activité du CCI en cas de guerre nucléaire, personne ne peut répondre, pour la simple raison que personne ne sait ce qu’il restera encore de l’humanité. D’après un récent colloque de physiciens qui a eu lieu à Londres, 1 milliard 200 millions d’êtres humains seront morts dans le premier quart d’heure, si seulement un tiers du potentiel nucléaire de Russie et des USA était utilisé ! Ce même colloque a examiné sérieusement l’éventualité d’une nouvelle ère 149 glaciaire entraînant la disparition pendant des siècles de toute vie sur terre. Dans de telles conditions, la question posée ne relève que de la pire spéculation, et rien de plus. 5) Ce qu’il y a à mettre en évidence, ce n’est pas « la gêne » dont souffrirait le CCI, mais l’incapacité de groupes, qui se disent révolutionnaires, de comprendre la gravité de l’enjeu que le prolétariat affronte aujourd’hui. Pour certains groupes comme Battaglia et le CWO, leur déclaration d’internationalisme de demain dans la guerre n’est faite que pour cacher leur pratique de flirt aujourd’hui avec des groupes plus ou moins staliniens et nationalistes. Si une question se pose à nous, ce n’est pas « notre flou », « notre gêne », mais l’extrême timidité avec laquelle nous dénonçons ce soi-disant « défaitisme » de demain, pour mieux couvrir les hésitations quant à l’activité révolutionnaire de bien des groupes. «
1Lire : Le terrorisme une arme de guerre du capitalisme : Le terrorisme, une arme de guerre du capitalisme | Courant Communiste International (internationalism.org) Et surtout l'article de Marc Chiric « Terreur, terrorisme et violence de classe , lisible sur le site du CCI et sur mon blog. Et bien sûr mon ouvrage "les avatars du terrorisme".
2La religion, a dit Marx, est erronée : « mais une réponse à l’oppression réelle (mais une réponse inappropriée) : «La détresse religieuses est, d’une part, l’expression de la détresse réelle et, d’autre part, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, le cœur d’un monde sans-cœur, de même qu’elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple ».
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