l'état de la bourgeoisie française |
« Quand la gauche est arrivée au pouvoir, j’aurais pu être Lénine,. La situation était révolutionnaire, vous savez ». Mitterrand Histoire intime de la Vème république, tomeI I)
« Il suffit pas que ceux d'en bas ne veuillent plus, il faut aussi que ceux d'en haut ne puisse plus ». Lénine (OC)
La situation en France suppose d'abord une comparaison avec l'année 1968 mais autrement plus gravissime. Excusez du peu : faillite de plusieurs grandes entreprise de la distribution, explosion du chômage, endettement faramineux de l'Etat, endettement dû en partie aux dépenses militaires, situation sociale minée par l'insécurité de la population et la prégnance de l'idéologie wokiste et islamiste. Et surtout déliquescence de toutes les cliques politiques de la droite caviar à la gauche néo-stalinienne de la secte à Mélenchon.
La marque indélébile de 68, quelles qu'en restent les diverses interprétations, reste d'avoir posé la question de la révolution avec un grand R. Question posée par la perte de contrôle évidente de ceux d'en haut. Cependant sans crise économique majeure, sans endettement important, l'Etat avait pu se ressaisir. Et refermer l'incident pour finalement développer une politique économique où la France pouvait rester dans le quarteron de tête des pays plus développés que les autres sous le court règne de Pompidou. Mais à la fin des années 1970 ce qui se passe sous le règne de Giscard devient catastrophe et fait étrangement penser à notre période actuelle : requête auprès des français pour s'associer à une « rigueur budgétaire » accompagnée de dramatisation et culpabilisation.
Quand il devient président, la France prend le premier choc pétrolier de 1973 de plein fouet, puis, le second en 1979. Après 30 années de richesse, et de forte croissance, la France s'enfonce dans la crise. La balance commerciale se dégrade. C'est la spirale inflationniste.
À partir de 1976, avec Raymond Barre, qui deviendra son Premier ministre, Valéry Giscard d'Estaing mène alors une politique de rigueur budgétaire : gel temporaire des prix et des hausses de salaires, augmentation des impôts. On serre la vis, on s’endette. Raymond Barre aura d’ailleurs cette formule restée d’actualité : "La France vit au-dessus de ses moyens". À l’époque, la dette est autour de 20% du PIB (produit intérieur brut), ça fait rêver. Mais la pilule est amère pour les Français.
Giscard restructure la sidérurgie, avec à la clef la suppression de plusieurs dizaines de milliers d’emplois. Le cap du million de chômeurs est franchi. Il met fin à l’immigration économique. C’est aussi cette politique d’austérité, souvent qualifiée de libérale, qui pourrait expliquer sur le fond sa défaite en 1981, face à Mitterrand qui promettait des lendemains meilleurs (au moins jusqu'en 1983...)
J'ai défendu en 1981 la même position que mes petits camardes de RI. Je n'en démord pas, et nous avions dû faire front face à une poignée d'imbéciles dont Robert Camoin qui, par vengeance personnelle, hurlaient à l'erreur historique du CCI, le vouant au bûcher de la contre révolution. Notre théorie de base, classique du mouvement révolutionnaire lucide a toujours été (et vérifiée) qu'en temps de crise il vaut mieux la fraction de droite au gouvernement et celle de gauche dans l'opposition, configuration élémentaire pour maintenir l'ordre social même avec des grèves des manifestations méchantes contre président, premier ministre et députés. Pas besoin de développer plus ici, les plus intelligents comprendront. Que s'est-il passé vraiment pour cette victoire (courte victoire inattendue) ? On peut lister trois types d'explication. La première signalée plus haut, assez simpliste, la paupérisation chez les basses classes ; ce qui est pourtant faux politiquement au niveau des urnes il n'y a jamais de détermination de toutes les classes et surtout de la classe ouvrière pour imaginer que quoi que ce soit va être modifié par un bulletin anonyme. Le deuxième type d'explication, pas totalement fantaisiste, est que ce sont les cinq cent mille voix de Chirac (en pleine haine de Giscard) qui auraient fait la différence. La troisième c'est bien l'accident inattendu. La victoire de Giscard coulait trop de source, c'était aussi un roitelet méprisant comme Macron et indifférent aux réalités sociales. Mitterrand lui-même a reconnu avoir été dans un premier temps aussi catastrophé que ses financiers. L'heure était grave car il fallait continuer la rigueur budgétaire barriste, tout en sachant que l'explosion de mai 68 n'était pas encore un lointain souvenir. C'est pourquoi cela m'a rempli d'aise de découvrir que 50 ans après Mitterrand pensait la même chose que nous ! Et dieu sait si on nous a reproché, même dans nos rangs de parler sans arrêt de la nécessité de la révolution.
Or, et c'est tout l'intérêt rétroactif de « l'accident » : la gauche au pouvoir a calmé les ardeurs révolutionnaires d'une classe ouvrière pas encore submergée par une noria de cadres. Mais comme un bonheur illusoire n'arrive jamais sans un malheur dilatoire, avec deux ou trois mesures de l'imbitable « programme commun » (que la plupart des militants bobos n'avaient même pas lu) l'invasion des bons postes, et surtout la retraite à 60 ans, le capital français allait le payer hors de prix et ce...jusqu'aujourd'hui. Un retour à la retraite à 60 piges est franchement ridicule dans ce pays de vieux et une promesse en l'air de la gauche hystérique qui a enflammé en vain des milliers de moutons syndicaux. Les promesses de la gauche bourgeoise n'engagent que les millions de cocus.
L'accident enfin a eu pour excellent résultat « historique » de décrédibiliser les fractions de gauche qui promettent la lune avant d'accéder au pouvoir mais une fois qu'elles s'en sont emparé promettent l'enfer surtout à la lutte de classe.
Au surplus, et il faut s'en réjouir, il y a cette différence très appréciable avec les années 70 (où d'ailleurs en bons soixante-huitards nous n'avions pas vu monter le parti par excellence des couches moyennes, le PS) et maintenant -ici et maintenant (sic) – où prévaut un marais de gauche bourgeoise insoumise à toute responsabilité (bourgeoise bien sûr mais nihiliste et anti-prolétariat), dont le résidu PS est le premier irresponsable. Je dis d'ailleurs bravo au passage au vrai pouvoir de l'ombre (financière) pour tout faire pour empêcher ces crétins irresponsables d'accéder au pouvoir, bien que n'étant ni de leur bord ni à leurs ordres. Après c'est au prolétariat de s'occuper de changer la société mais surtout pas à la queue de petits putschistes de merde.
Non seulement ces cliques contestataires sont éparpillées et minoritaires dans la tricherie électorale, non seulement irresponsables du point de vue de la gestion du capital mais franchement irrationnelles et ridicules par leurs comportements outranciers dans le bordel qu'est devenu le parlement. La fraction pas du tout indépendante de la bourgeoisie – la magistrature – qui ne comprend rien à la politique, a commis un autre « accident » dangereux : juger hors de proportion la mère Le Pen pur convenir à des commanditaires obscurs qui croient qu'il est possible d'empêcher ainsi le RN "anti-républicain" d'emporter la prochaine présidentielle (possiblement pas très éloignée) mais qui déjà désavouée par leurs politiciens lucides qui craignent soit l'abstention massive soit que cela favorise son élection triomphale ; après tout Reagan et Trump n'ont jamais été supposés gagner le tremplin final...)
La bourgeoisie française ne veut plus d'accidents mais il y en a désormais à répétition, à commencer par la dissolution imbécile du roitelet Macron qui devient de plus en plus nouvel inaugurateur de chrysanthèmes comme au temps de la IV ème. avec la monstrueuse parade ridicule à Notre Dame, tout en espérant être le nouveau Clémenceau sans la moustache.1
La crise est profonde et vaut la comparaison avec 19582 décrit Nicolas Baverez, dont il faut lire intégralement l'article lumineux, qui souligne en particulier que la situation française va bouleverser toue l'Europe ; c'est la même chienlit politicienne en Allemagne et en Espagne (quoique Baverez néglige l'impacte économique mais aussi au moyen terme subversif de la guerre)!
« La France vit une situation sans précédent depuis 1958. Elle a perdu le contrôle de ses finances publiques, avec un déficit qui atteindra 6,2% du PIB en 2024 alors qu’il était prévu à 4,4% du PIB. La dette atteindra 3300 milliards d’euros à la fin de l’année, soit 113% du PIB. L’économie est désormais à l’arrêt, le chômage remonte et les investisseurs se détournent massivement de notre pays. Surtout, situation inédite depuis mai 1968, les institutions plongent dans le chaos et l’État affiche son incapacité à assurer ses missions essentielles. » (...)La crise de la dette française et l’incertitude politique impactent déjà lourdement le CAC 40 et les banques. Elle menace de contaminer l’ensemble de la zone euro, avec une montée des coûts de financement, une violente divergence entre les États-membres et une chute de la monnaie unique face au dollar. l’irresponsabilité de la classe politique française. Elle culmine avec Emmanuel Macron, premier responsable de la tempête politique, économique et financière, dont toute l’activité est consacrée à la mise en scène de sa personne à l’occasion de la réouverture de Notre-Dame. Un monde sépare cependant les bâtisseurs géniaux et anonymes des cathédrales de l’auteur de l’étrange défaite qui est en passe d’emporter notre République. »
Dure époque. Bah quand on ne peut plus s'appuyer sur le bon dieu il reste le diable, Barnier a négocié avec le maudit RN qui détient les clés de la dissolution et pas ce pauvre Mélenchon seul (qui du coup se compromet avec des amis « fachiste » si le RN l'épaule). Evident que MLP bluffe obtenir davantage de concessions de la part de Barnier c'est pour épater la galerie électorale. En tout cas pour épater le bon peuple, sachant qu'elle a plus probablement exigé qu'il calme ces crétins de juges). Elle a tout intérêt à jouer la carte de la responsabilité face aux délirants de LFI que personne ne prend plus au sérieux. Plonger la France dans le chaos, pourquoi pas ? Car Macron n'a aucune obligation de démissionner et qu'il faudra le supporter jusqu'à la fin. Un pouvoir, même partagé avec les cons de LFIet du revenant le rigolo Hollande ce serait 81 X 10 . La revue Marianne révélait la semaine dernière que dans les dîners des grands patrons le personnel parlementaire du RN st invité désormais régulièrement à trinquer et que les financiers lui font les yeux doux.
Dans l'un ou l'autre cas la crise politique demeurera, mais le maintien de Barnier (qui peut être immédiatement remis en place malgré une censure) serait dilatoire et non un nouvel accident. La censure oui.
PS : deux types considérés comme des bouseux de la politique voyaient très clair en privé, Mauroy et Chirac. (extraits de leurs confidences à FOG)
« Bon Mitterrand a des excuses. Il est entouré de lèche-cul, commissaires politiques, pseudo-marxistes d’école primaire, comme Attali, Fabius ou Bérégovoy qui ont pris le contrôle de son cerveau. Tous réclament une politique économique et sociale plus à gauche Je me battrai contre eux jusqu’au bout mais je sais bien que je vais finir en loques……Plus nos résultats seront mauvais plus ils auront envie de gauchir l’action gouvernementale…. Je me sens cerné par des fous, je le répète. Des bourgeois d’extrême gauche dont le modèle est, tiens-toi bien, Cuba, et qui parlent comme les manuels d’économie soviétiques. Nous sommes en train de creuser comme tu n’imagines pas les déficits du budget, du commerce extérieur, des comptes sociaux…Ce sont les importations chinoises qui vont bondir grâce à notre relance par la consommation populaire. S’il n’y a pas des gens pour mettre le hlà aux dérives, un risque d’entrer dans le cycle maudit des révolutions qui dévorent toujours les plus modérés… ».(…) le programme commun un monument de bêtises inapplicable.
Pierre Mauroy
« Il a inventé la monarchie socialiste avec sa com, ses princes , ses baronnets . A la cérémonie du Panthéon, il ne manquait plus que l’encens. J’attends maintenant le sacre du président à la cathédrale de Reims. (…) ce qu’il a toujours été au fond : un radsoc, plus radical que socialiste et beaucoup moins à gauche que moi, avec la même boue crottée que la mienne sur ses souliers (…) des mesures comme la retraite à 60 ans vont peser cher et longtemps sur l’économie française…Jacques Chirac
NOTES
1« Sans naturellement remettre en cause le fait que Moscou soit l’agresseur en Ukraine, j’ai par ailleurs été surpris, depuis, d’entendre le président de la République évoquer l’envoi de troupes françaises sur le sol ukrainien. »
Jean-Pierre Chevènement
2La crise de mai 1958 marque le retour au pouvoir en France du général de Gaulle, dans un contexte insurrectionnel lié à l'instabilité gouvernementale et à la guerre d'Algérie. Elle commence par le putsch d'Alger le 13 mai
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