"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 10 avril 2023

LA PROTESTATION SUR LES RETRAITES ELLE AUSSI PARTIE EN VRILLE

spectacle pour manifestants gnangnans

Où on verra la réapparition de cette notion si bien mise en évidence pourtant en 1968 ; La récupération (ou détournement), désormais populiste, écologique et féministe.

« Savoir terminer une grève », disait Thorez, à la suite des accords Matignon, qui entre autres accordent les congés payés. Le membre de phrase repris naguère autant par Sarkozy que par Hollande1, a longtemps servi à toutes les chapelles gauchistes ou ultra à dénoncer une CGT briseuse de grève et un PCF complice. Or du point de vue de l'ordre social et de l'impossibilité d'une autre révolution à l'époque Thorez n'avait pas tort. Dans le milieu révolutionnaire lorsqu'une grève part en vrille, on a toujours pour habitude, sauf quelques excités jusqu'au-boutistes qui imaginent la révolution à chaque coin de rue, de dire stop à la fois pour ne pas vider complètement les poches des ouvriers grévistes mais surtout pour tirer les leçons de l'échec inévitable, momentané, mais bien tombé en quenouille.

Avec les douzième ou treizième défilés pantouflards « pacifiques », si glorifiés comme tels par le gouvernement, les journalistes et le CCI2, on a envie de déclarer: « il faut savoir terminer des défilés sans fin et inutiles », « Il faut savoir terminer un mouvement dès lors que « on n'a rien lâché » mais rien obtenu non plus. Il faut même savoir consentir à analyser les vraies raisons et responsables de cette plongée en vrille, même si les organisateurs syndicaux ont maintenu ce langage si radical, si jusqu'au-boutiste et creux, et que l'on croyait que l’on obtiendrait sans aucun doute la victoire » avec le retrait de la réforme honnie par un « Macron affaibli ». Leur langage « révolutionnaire » contrastait d'ailleurs avec ces défilés moutonniers gentils, souriants, et on peut même dire que le langage « radical », le plus agressif possible des aboyeurs en chef sert à éviter à la masse d'user d'autre chose que de cette violence verbale. Danton disait ; « soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être ».

Une classe ouvrière pacifiste et ficelée (au sens propre) par des garde-chiourmes, avec bandeau syndical « sécurité », qui tenaient les cordes, n'a jamais inquiété l'Etat bourgeois, ni en 68 ni aujourd'hui3. Ce ficelage imbécile est une invention paranoïaque de la syndicratie pour empêcher toute analyse critique au sein des manifestations.

POSONS LA QUESTION QUI FACHE : EST-CE QU'ON SE SOUVIENT EN GENERAL DES CAUSES DE L'ECHEC DE TELLE GREVE OU MOUVEMENT DE LUTTE ?

Il faut répondre NON. L'esprit humain, face à la foule des données puis des événements politiques et de sa vie quotidienne, oublie ou déforme, ou ne conserve que le goût de l'échec. Comme on le sait la révolution n'est que le résultat d'une longue suite d'échecs, parfois ponctués de courtes victoires. Encore faut-il rester prudent avec la nature ou le sens des ces courtes victoires ; or comme je l'ai remarqué dans l'article précédent, aller chercher comme exemplaire le retrait du CPE comme le CCI l'exhibe c'est se ficher du monde. Ce retrait n'a d'une part nullement facilité l'emploi des jeunes les plus mal lotis en diplômes ou en origine raciale, mais, malgré des AG ou regroupement autonomes, et d'autre part abouti au triomphalisme de l'opposition de gauche bourgeoise. Ce mouvement en plus est si ancien qu'une secte peut bien croire frappant de le ressortir de l'oubli alors que, sur le moment comme aujourd'hui il apparaît indubitable qu'aucune leçon sérieuse n'en a été tirée par la classe ouvrière sauf à se laisser encadre et mener en bateau par les généraux syndicaux « unis ».

Il faut déjà constater que le mouvement des gilets, tout petit-bourgeois que fut son contenu, eût plus de panache « révolutionnaire » que cette dizaine de défilés traînes savates : on monta à l'assaut de l'Elysée, on plongea les beaux quartiers dans la terreur par l'encerclement violent de l'arc de triomphe (alors qu'en 68 on n'avait fait que pisser sur la flamme du soldat inconnu, j'y étais).

Mouvement autrement prometteur d'un réel conflit avec l'Etat, hors de ce suspense longuet à la retraite plus ou moins juste où on nous a fait défiler de façon couplée avec les décisions des assemblées politiques de l'Etat bourgeois, tout en laissant croire qu'elles pouvaient tenir compte de « la rue », où ce n'était pas la classe ouvrière qui manifestait mais « la population ». « La rue » en soi ne veut rien dire, reste une qualification vague ou anarchiste.

Le mouvement des « gilets jaunes » était né à la suite d’une hausse des prix de l’essence liée au lancement de la taxe écologique (attaque frontale de l'industrialisme écologiste soutenue par les bobos des fractions petites bourgeoises), qui coïncidait avec une flambée du prix du carburant à l’échelle mondiale. En octobre 2018, ces non-citoyens avaient appelé à manifester partout et pas dans ce parcage antédiluvien Bastille-République-Nation, marcage soigneusement délimité et institutionnel des « partenaires » gouvernementaux et syndicaux, sorte de bac à sable d'une lutte classe infantilisée.

Ces anars sans foi républicaine ni loi écologiste prennent comme symbolique le fameux gilet jaune, associé non seulement à la route mais aussi aux dépenses jugées inutiles mais rendues obligatoires par l’Etat, sans gilet jaune dans sa voiture, l’automobiliste est mis à l’amende.

C’était le mouvement des « inaudibles » plutôt provinciaux (entendez : ploucs et électeurs du RN). Un mouvement de contestation avant tout économique et social des classes populaires moyennes inférieures, bien avant d’être un mouvement interrogeant journaleux et socio-pleureurs en tant que « crise de la représentation ». C’était l’émergence de la société civile non organisée, avec toute une partie de la population qui ne passait pas par les corps intermédiaires classiques comme les mafias syndicales.

Pas d'interruption séquencée et aux ordres pour les premiers gilets jaunes, ACTIONS SANS DISCONTINUER ! PAS D'ATTENTE EN SOIREE DES DECISIONS DES ETATS-MAJORS SYNDICAUX SUR « LA SUITE A DONNER AU MOUVEMENT ». Aucune demande d'autorisation de manifester ni discontinuité par des officiels des compromis secrets !

Leur contestation était passée des réseaux sociaux à la rue le samedi 17 novembre 2018. Avec elle, les premières occupations de ronds-points et des manifestations dans les centres-villes qui réunissent dès le premier « acte » 287.710 personnes, selon la police alors que des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre feront plus de 400 blessés.

Rendez-vous est pris tous les samedis pour des manifestations, tandis que certaines occupations de ronds-points se font sept jours sur sept. Après trois autres samedis de manifestations à plus de 100.000 participants, 166.000 lors de l’acte 2, et 136.000 pendant l’acte 3 et 4, toujours selon les chiffres des flics, quand même indicatifs.

Mouvement minoritaire donc comparé aux balades syndicales de 2023, mais quel impact et quelle résonance et interrogations. La lutte contre la réforme, elle, est devenue une butée stupide : rien contre rien. « On lâchera rien » contre « On ne cédera pas ». Le nombre comme les sondages en défaveur sont là, majoritaires Et puis après ?

Comment s'est effiloché le mouvement des gilets jaunes ?

J'ai considéré dans mes articles précédents qu'on assistait à une « giletjaunisation » de la révolte syndicalisée contre la réforme des retraites, et on va voir des ressemblances indéniables via les provocations du gouvernement – je rappelle que pour le marxisme, le gouvernement n'est qu'une partie de l'Etat avec tous les autres organismes du parle-ment aux syndicats, etc. Même fin stupide à l'appel d'une démocratie imaginaire: RIP  et RIC et  rac!

Où vous verrez que l'intérêt de tenir un blog c'est comme un journal de bord où la mémoire ne peut être prise en défaut4.

symbole de la lutte contre les riches

1.L'incendie du Fouquet's 16 MARS 2019 et la « récupération »

(la noyade organisée par les écolos-bobos et les syndicats)

 ...La scène a un goût de réchauffé. Et je ne suis pas le seul à être interloqué par la mise en scène bâclée que d'aucuns nomment stratégie de la tension . Le gouvernement rêvait de rééditer l'effroi citoyen espéré lors de l'assaut de l'Arc de triomphe le 1er décembre 2018 – quand ce pauvre Macron fit piteuse mine chassé des beaux quartiers où il espérait incarner le retour à l'ordre parfait - aussi toute la journée d'hier ne fût que consignes de laisser-faire aux policiers, aucune fouille générale comme lors des précédentes manifestations parisiennes, pas d'arrestations massives, pas d'usage du LBT. Le mot d'ordre était simple : cassez ! Cassez ! Il en restera toujours quelque chose de bon, voire de tout bon : la victimisation de l'Etat bourgeois. Et « gloire aux black blocks « qui font parler de nous » pour les plus stupides des GJ. 

L'Etat a fait mine d'être surpris par une nouvelle scène de guérilla inattendue, toujours « inédite », sachant pourtant, comme nous tous, qu'on allait nous refaire le coup du tag "les gilets jaunes triompheront" et des méchants encapuchonnés venus aussi d'Europe. Les sites des groupes du marais des autonomes anars appelaient pourtant depuis des semaines à faire de cette journée un « ultimatum » en manifestant « autrement que par les mots » ou les tweets navrants de Drouet ou de casquette à l'envers ; des meneurs gilets jaunes se démarquaient eux-mêmes piteusement de la violence vengeresse qui s'annonçait sans fard.

 Dès potron minet des groupes, avec ou sans gilets jaunes, remontaient tranquillement l'avenue des Champs-Elysées. Puis les pavés volent, les flics se contentent de lancer des lacrymos ; on pille tranquillement sans qu'un pandore ne moufte, comme lors du pillage place de la République lors de l'acte je sais plus lequel. Des gilets jaunes font des selfies, contents d'assister au spectacle en direct. Des voitures flambent complaisamment filmées par les médias.

Certains participants nous émeuvent un instant ; un handicapé vêtu de jaune est mêlé aux casseurs avec ses deux cannes, il progresse en sautillant comme simple manifestant avec ses moyens ; plus loin un gilet jaune sur chaise roulante, poussé par un gilet jaune valide, agite ses bras, voire a lancé un pavé. Tout le monde peut participer, même les vieux et les handicapés. Inédit ! La prochaine fois j'emmènerai un de mes aveugles.

 Mais ce n'est que la partie « récréative » où les badauds sont devenus admirateurs des black blocks sans cervelle. L'essentiel se joue ailleurs et les agités de l'émeute exhibitionniste ne s'en rendent même pas compte. Même le retour faussement précipité du Macron au ski (une "omniabsence" manière de signifier qu'il s'en fichait du présumé ultimatum) ne permet pas de dramatiser outre mesure les incendies des quartiers huppés; on a fini par en avoir l'habitude, l'opinion aussi. Même s'il y avait eu mort d'homme, et dieu sait si Castaner en rêvait, l'opinion aurait jugé fifty fifty répression policière et casse des cagoulés. On ne « retourne » pas l'opinion aussi facilement que dans les sixties surtout après une aussi longue contestation de la politique de pillage fiscal de l'Etat. Enfin, le stop and go policier n'abuse plus personne.

L'essentiel de la noyade politique du mouvement « contestataire » gilets jaunes incapable en définitive de mettre en cause le capitalisme et de se rallier à la seule classe dangereuse, la classe ouvrière, était déjà orchestré depuis plusieurs jours sous couvert de la catégorie « jeunes » avec leur embrigadement derrière la protestation écologique soft et infantile. On les avait fait défiler par milliers la veille avec un slogan emprunté aux gilets jaunes « fin du monde et fin de mois difficiles ». La presse se félicitait, tout en exhibant prioritairement les poignées d'individus dispersés sur les Champs et en train de casser, en commentant sans cesse le fait « indéniable » que les « plus pacifiques des gilets jaunes » se soient rendus à la « Marche pour le climat ».

C'est le Figaro, plus macronien qu'on ne croit qui qualifia cette césure comme UN NAUFRAGE POLITIQUE, avec la paraphrase terroriste que « les 1500 casseurs présents dans la capitale se sont une nouvelle fois servis des «gilets jaunes» comme de «boucliers humains» pour piller les commerces, incendier des bâtiments et harceler des policiers et gendarmes pourtant prévenus et déployés en nombre. La capitale a renoué avec ce mauvais parfum de décembre ». Ce que confia benoitement le petit Griveaux(employé ministériel) : «  Je vais vous dire mon sentiment : la France n’en peut plus ! Nous faisons face à une minorité d’enragés. J’ai aussi vu samedi dans les rues des gens qui ont manifesté calmement pour le climat, notamment des jeunes ».

  « Paris, 15 h 20 — Il y a tellement de monde à la marche du siècle que la manifestation peine à quitter la place de l’Opéra vers le boulevard des Italiens. Tout est plein, plein, plein, y compris les trottoirs. Il y a un mélange de Gilets jaunes, de pancartes sur le climat, et des drapeaux des Coquelicots, Sud-Solidaires, Attac, la CGT, la France insoumise, EELV. Agir pour l’environnement distribue des pancartes aux manifestants, Oxfam maquille les gens qui le veulent, les paysans de la Confédération paysanne sont là. On ne peut dire encore combien de monde est là, mais certainement plus que prévu. C’est impressionnant[5].

« Aujourd’hui, les différents mouvements à Paris nous permettent d’instaurer un vrai rapport de force, estime Samir Baaloudj, militant issu des quartiers populaires. Depuis 40 ans, on subit des violences policières, on parle de précarité, de pouvoir d’achat, de chômage. C’est ce qu’on vit, et c’est aussi ce que l’on partage avec les Gilets jaunes. »

 Nous avons décidé de marquer symboliquement et de façon très forte la convergence de nos revendications. Nous demandons à reprendre en main notre destin commun. Nous ne ferons pas l’impérieuse transition écologique si nous n’arrivons pas à rétablir la justice fiscale et sociale », a

François Boulo. « J’ai appelé dès le 8 décembre à la convergence entre les mouvements climatique et Gilets jaunes car la cause est dans ce système économique qui laisse de côté à la fois la nature et les gens », a approuvé Cyril Dion, qui rencontrait pour la première fois François Boulo.

« Ce qui se passe cette semaine est déterminant. Il doit y avoir un avant et un après, un basculement. Nous ne pouvons plus avoir des actes du gouvernement allant à l’opposé des discours sur la question sociale et climatique », a confirmé Jean-François Julliard, de Greenpeace ».

 Avec fiston Glücksmann, essayiste au Nouvel Obs mais parfait inconnu sur la planète jaune et prolétaire, le PS moribond croit pouvoir surfer sur une nouvelle génération d'électeurs écolo-compatibles avec le même vieux bla-bla confusionniste qui chie sur la classe ouvrière :

« Les “gilets jaunes” ne luttent pas seulement pour le pouvoir d’achat mais contre les injustices sociales et la prédation des multinationales qui épuisent les ressources de la planète », assure cette fonctionnaire. Un « même combat » qui a rassemblé plus de 100 000 personnes à Paris, dans un cortège surnommé la « marche du siècle », et plus de 350 000 dans 220 villes de l’Hexagone, selon les organisateurs. Les préfectures de police, elles, évoquent 36 000 manifestants dans la capitale, 8 000 à Montpellier, 2 500 à Marseille, 2 000 à Rennes. Quels que soient les chiffres, la mobilisation reste forte au lendemain de la grève scolaire pour le climat, qui a rassemblé 168 000 jeunes dans le pays, et plus d’un million dans le monde.

La veille, l'essayiste avait annoncé sur France Inter sa décision de mener, avec la militante écologiste Claire Nouvian, une liste aux élections européennes du 26 mai. Il précisait son souhait de lancer une troisième offre cohérente à côté de "l'offre des nationalistes et des populistes" et de "l'offre libérale qui gouverne aujourd'hui la France et la Commission européenne". Il défendait notamment "une offre écologique et sociale. Un dépassement de la social-démocratie, une régénération de la social-démocratie à travers l'écologie." 

Tant pis pour les Jadot et Hamon, mais cette « convergence électorale » liste de bric et de broc de politicien parisiens bien trop mise en honneur au cours de ce nouveau samedi émeutier a peu de chance de faire oublier que la gauche bourgeoise a intronisé Macron et son hyper libéralisme, pour nous « sauver du fascisme » ; ni de faire vraiment de l'ombre à Macron.

Complet accord avec cet internaute anonyme : « la convergence des luttes" est une antienne de l'extrême gauche urbaine qui essaie de récupérer le mouvement des gilets jaunes né en novembre et décembre avec lequel elle n'a rien à voir. Les gilets jaunes ont disparu, remplacés par les habituels gauchistes qui se sont déguisés... et ont dévitalisé le mouvement qu'ils avaient d'abord raillé ». L'écologie est la nouvelle morale number one du capitalisme qui, au nom de l'œcuménisme de monsieur tout le monde et de madame personne nous convie à prier pour un monde propre nettoyé surtout des soucis "de classes" et qui a pour but de faire passer à la trappe que c'est le capitalisme qui est la première pollution de l'humanité.

Le 10 décembre 2018 j'écrivais :

« Pour cet acte IV la stratégie de dramatisation par l'Élysée visant à séparer les casseurs des Gilets jaunes "raisonnables", a porté ses fruits en faisant emprisonner d'abord des manifestants qui n'étaient pas des casseurs. L'arrestation massive de centaines de simples manifestants avant qu'ils n'aient mis le pied sur le sol parisien, totalement arbitraire, a servi toute la journée à justifier ce gros mensonge : « D'ampleur inédite, les interpellations et fouilles préventives ainsi que la présence massive des forces de l'ordre ont permis d'éviter un nouveau déchaînement insurrectionnel à Paris ». La plupart de celles et ceux qui ont été arrêtés, et curieusement en majorité le soir avec un simple « rappel à loi » n'étaient pas venus pour « déchaîner une insurrection », ni ce brave Coupat qui voit sa GAV prolongée comme si sa seule présence avait eu un quelconque intérêt pour les gilets jaunes. L'Etat a l'habitude de fabriquer des complots pour abuser l'opinion publique, je peux vous en rappeler plusieurs et sous tous les présidents. A coup sûr,nous dit-on curieusement dès potron minet, les dégâts « seront plus étendus » que le samedi précédent. C'est bon pour l'audience. Et les sondages ».

« La police si zélée depuis le matin pour arrêter « préventivement » les manifestants venus de province a laissé le soir les casseurs détruire place de la République pendant de longues minutes alors que les télévisions d'Etat filmaient tranquillement ces abrutis qui s'acharnaient à détruire des vitrines... indestructibles. Les forces d'annihilation de toute protestation sociale s'étaient livrées tôt le matin à de véritables rafles de manifestants pas du tout casseurs mais pour abonder sur leur nombre supposé pour alimenter la chronique de leurs amis journalistes et ainsi prouver l'efficacité policière. Les forces de maintien de l'ordre social ont bien fait « leur boulot », et le spectacle de désolation des vitrines défoncées et des véhicules incendiés une nouvelle fois de façon arbitraire et un peu partout dans Paris et surtout d'une ampleur notable et inédite en province, devrait suffire à inverser la tendance de l'opinion mais pas assez pour que le roi des cons puissent caracoler et oser se montrer dans son arrogance psychopathe sans baisser un peu plus culotte ».

Le système a tout à perdre à ce que des policiers/casseurs en civil soient identifiés (cf. le cas du 23 mars 1979), aussi est-ce rarement que l'on peut dénoncer des manips grossières ; l'Etat adope des manipulations plus subtiles, que je nomme « stop and go », comme on l'a vu lors des contestations précédentes : « Tout est mis en place pour que les manifestations dégénèrent. Côté renseignement, on constate depuis une dizaine d’années une double évolution, avec des manifestants beaucoup plus pacifiques qu’avant, mais des casseurs toujours plus violents, organisés de manière quasi paramilitaire. Certains de ces groupes sont identifiés avant qu’ils intègrent les manifestations. Mais aucune consigne n’est donnée pour les interpeller en amont. En fin de journée, nous savons qu’un groupe de casseurs dangereux vient d’arriver gare du Nord pour aller perturber Nuit debout, à République. Une compagnie de CRS se trouve sur leur passage, prête à intervenir. Mais l’ordre leur est donné par la préfecture de se pousser dans une rue adjacente ! Les collègues leur signalent l’imminence de l’arrivée du groupe de casseurs. Mais ordre est donné de les laisser passer.

(…) J’ai constaté la présence dans les manifestations de policiers (?) sans uniforme, habillés comme des Black blocks, et munis de marteaux sur l’usage desquels on pouvait légitimement s’interroger. Lorsque l’on sait que sous le régime d’Emmanuel Macron n’importe qui peut s’affubler d’un brassard et tabasser des manifestants, sans que la justice ne s’en émeuve beaucoup. J’ai lu force témoignages parlant de la passivité de la police au moment des déprédations et des pillages. J’ai vu que le profil des personnes arrêtées en masse et condamnées lourdement pour des infractions fantaisistes, démontrait qu’il ne s’agissait absolument pas des casseurs habituels qu’en général la police connaît. Alors, j’ai fini par me dire « tiens cela me rappelle quelque chose ».

https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/291010/linfiltration-policiere-des-manifestations-est-un-fait-mais-comment-linterpreter

Une fin sans rien... et RIC RAC

Patatras, l'absence d'une conscience de classe et de projet crédible au nom de cette farce de « révolution fiscale » reprise brièvement par le récupérateur démagogique et limité Mélenchon... tout ça pour rien, pratiquement. Parce qu'on est revenu au point de départn l'augmentation du prix de l'essence, de l'électricité, du gaz, du fioul pour une minable prime de 100 euros en octobre, indemnité non pour les gogos mais pour combattre...l'inflation !

La première cause de la faillite des gilets jaunes repose sur leur absence de référence de classe. Comme tout mouvement poujadiste il put être violent aussi par absence de programme crédible comme cette requête d'une vraie « démocratie référendaire », le RIC, tas de foutaises qui ne conduisaient à rien, un peu comme lorsque Coluche disait vive la lessive qui lave le linge plus blanc que blanc. Des leaders hétéroclites, élus par eux-mêmes ou placés sans aucune légitimité sur les plateaux des médias pour dire tout et n'importe quoi. Mais la vraie cause reste une répression furieuse avec des mutilés et trente personnes avec un œil crevé ; j'ai vécu cette peur au milieu des manifestants vers la fin de l'acte IV. Le mouvement montrait sur les graphiques une courbe nettement descendante. Par après le Macron caracoleur et vantard fit son tour de France du bla-bla, assez napoléonien. Le clap de fin avait été servi par les cliques de la gauche écolo-bobo, comme je l'ai rappelé plus haut.


  1. symbole de la lutte contre les riches (bis)

    2. L'INCENDIE DE LA ROTONDE jeudi 6 avril 2023 et le même genre de récup...

Hormis une violence désordonnée, assumée courageusement par nombre de gilets jaunes qui n'étaient pas des casseurs professionnels, policiers ou anarchistes, et un aspect incontrôlable, le déroulement final (finalisé!) de l'indignation contre la réforme du cynique représentant des financiers européens s'est fait noyer dans les mêmes idéologies que les gilets jaunes. D'abord, bien que plus majoritaire, la caractérisation du mouvement comme populaire, puis l'embrigadement d'une partie des « jeunes » étudiants (mais pas des jeunes ouvriers des banlieues). La répression enfin intervient après une série de manifs monotones, triomphalistes en diable. Elle reste sélective. C'est contre les marginaux éclectiques et gauchistes a Sainte Soline qu'elle a été la plus dure et la plus voyante. Le régime macronien ne tenait pas à ce qu'il y ait une dure répression contre les prolétaires ni mort d'hommes. Ce qu'il peut se permettre avec les mouvements marginaux, zadistes et autres clochards modernistes. Exemple de la collusion de la lassitude et d'une propagande accompagnatrice, entre chaque semaine ou 15 jours d'attente de la prochaine manif programmée par les Etats-majors, on parle d'autre chose, on ne prépare rien, d'autres s'occupent de tout... Tout cela pour rien... sans que les ouvriers soient même capable d'avoir autre chose...que la haine pour Macron. C'est pire qu'en 36. Au moins ils avaient obtenu les congés payés avant la Guerre Mondiale. A notre époque non seulement ils n'auront plus de retraite mais ils regarderont la troisième sous les bombes de la Russie et de la Chine. Et RIP et CRAC !

Autre clap de fin, dont il faut éviter de parler, le remplacement du chef CGT « macho » (comme la CGT pendant plus de cent ans) par (enfin) une femme, passée par l'école du PS bourgeois et spécialiste de l'encadrement des cadres. On espère aussi que le Berger de la CFDT connaîtra aussi cette révolution féminarde en élisant une Bergère !

Qu'on se le dise le capitalisme décadent est entré dans l'industrie écologique, qui ridiculise ici et maintenant tout prétention « communiste » à sauver la terre dans un temps lointain. Le nouveau Lénine de cette révolution terrestre sera une femme, partout. Le langage de cette révolution est résolument wokiste et féministe. Le vieux capitalisme de papa n'est plus en cause, mais le machisme oui. Sur France Inter, le 30 mars, une émission de l'élite se demandait : « Pourquoi le nucléaire s’impose comme un véritable symbole du patriarcat ? ». Pour y répondre, non pas des scientifiques… Mais Jade Lindgaard, journaliste au pôle écologie de Mediapart, et Pauline Boyer, activiste climat antinucléaire et chargée de campagne sur la transition énergétique pour Greenpeace. Une approche écolo-féministe et spirituelle que même les heureux retraités n'imaginent pas : pour un monde libéré du patriarcat, la femme à sa quenouille et les hommes à la lanterne !

Cependant le « détournement » féministe a tendance à devenir de plus en plus ridicule.

NOTES 


1"Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais que l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles revendications" (11 juin 1936)

2On croirait lire une déclaration pacifique et substitutionniste de Georges Séguy dans les années 1970 : « Mais notre force ne réside pas dans l’affrontement stérile avec les bataillons suréquipés et surentrainés des CRS, gendarmes mobiles et autres porte-flingues de « l’ordre » des exploiteurs.De même, notre lutte ne consiste pas à casser des vitrines et brûler des poubelles. Les violences minoritaires ne renforcent pas le mouvement. Au contraire elles l’affaiblissent ! Nous sommes la classe ouvrière ! Nous sommes une force collective, capables de rentrer en lutte massivement, de nous organiser, d’être solidaires, unis, de débattre et nous dresser ensemble face au pouvoir pour refuser la dégradation continue de nos conditions de vie et de travail, pour refuser ce système qui plonge l’humanité dans la misère et la guerre. Voilà ce qui inquiète vraiment la bourgeoisie  : quand nous luttons ainsi en tant que classe. Voilà pourquoi elle nous tend aujourd’hui le piège du pourrissement et du chaos par la violence. Elle veut briser la dynamique en cours et le processus qui se développe depuis des mois à l’échelle internationale ». C'est la même position rabatteuse que le NPA qui appelle ceux qui ne sont pas encore entrés en grève aux ordres des syndicats à y entrer à leur tour « contre la dégradation continue de nos conditions de vie ».

3Avec cet argument minable de la protéger de quelques dizaines de méchants blacks blocs, qui ne sont jamais hostiles aux manifestants, mais jouent à cache cache avec la police au milieu des troupes syndicales voyeuses ravies des grandes flammes au-dessus des tas de trottinettes incendiées, et finalement conférant une couleur « radicale » à leur promenade moutonnière et sans discussions de groupes.

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